Circulaires 251

Stratonique

1915-04-12

Appel à la Prière, - à la pénitence. - Election de Provinciaux

251

Circ. Sup.15.2

 V. J. M. J.

                                 Grugliasco, le 12 avril 1915.

    Mes Très Chers Frères,

Vous n'ignorez pas que le terrible fléau de la guerre continue à sévir et à multiplier ses ravages.

C'est par millions et millions qu'il faut compter aujourd'hui les hommes tués, blessés ou prisonniers.

Notre Congrégation a déjà payé un notable tribut à la longue liste des victimes du fléau dévastateur.

Et les ruines matérielles qui, de jour en jour, vont s'accumulant de plus en plus, combien regrettables ne sont-elles pas  !

Quelles doivent être, M. T. C. F., nos pensées en présence de calamités si grandes et qui se prolongent si longtemps ?

Nous devons les considérer à la lumière des enseignements de la foi, comme le fait Sa Sainteté Benoît XV, comme le font tant d'illustres et saints prélats, comme le font tant d'hommes sages de toutes conditions dans les diverses parties du monde.

C'est une expiation qu'ont à subir les nations actuellement en guerre. Toutes ont été plus ou moins coupables et ont, par conséquent, plus ou moins à expier.

Quand le peuple hébreu devenait prévaricateur, Dieu permettait, pour son bien, qu'il fût châtié.

Ne pouvons-nous pas penser et dire qu'il en est de même aujourd'hui pour les peuples, qui s'étaient plus ou moins éloignés de Dieu, de la voie de ses saints enseignements et de ses divins préceptes ?

Puissent-ils profiter des terribles calamités qui sont venues fondre sur eux, en les considérant comme un avertissement et une invitation à se conduire en véritables disciples de Jésus-Christ, tant dans la vie privée, que dans la vie publique.

Et nous, Petits Frères de Marie, vivant dans toutes les parties du monde, là où règne heureusement la paix comme là où sévit la guerre, qu'avons-nous à faire ?

Dieu demande et attend sûrement de nous que nous prenions part à l’œuvre d'expiation et de renouvellement.

Et comment répondrons-nous pratiquement à cette demande et à cette attente du Seigneur ?

1° En redoublant de ferveur dans nos prières de règle et dans celles spéciales prescrites ou conseillées dans la circulaire du 22 août dernier.

N'oublions pas qu'une des conditions de la prière pour être exaucée, c'est la persévérance.

Voilà bientôt huit mois qu'à cause de la guerre qui venait d'éclater, j'ai prescrit de chanter ou de réciter le Salve Regina, à la suite de la prière du soir, dans toutes nos maisons. On s'est conformé partout à cette demande; j'ai été heureux de l'apprendre. Et cependant la guerre continue, peut-être plus violente et plus meurtrière que jamais ! Que faut-il en conclure ? Faut-il nous lasser de prier ? Loin de là. Nous devons, au contraire, faire plus que jamais une sainte violence au Ciel pour obtenir la prompte cessation de la guerre. A ce propos, laissez-moi appeler votre attention sur ce que dit un jour Notre-Seigneur à ses disciples : « Si quelqu'un de vous a un ami et qu'il aille le trouver au milieu de la nuit, pour lui dire : Mon ami prêtez-moi trois pains, parce qu'un de mes amis en voyage arrive chez moi et je n'ai rien à lui servir. Si cet homme lui répond de l'intérieur de sa Maison : – Ne m'importunez pas ; ma porte est déjà fermée et mes enfants sont couchés ainsi que moi ; je ne puis me lever pour vous en donner. S'il continue à frapper, je vous dis que quand il ne se lèverait pas pour lui en donner parce qu'il est son ami, il se lèvera à cause de son importunité et lui en donnera autant qu'il lui en faut. Je vous dis de même : Demandez et on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l'on vous ouvrira. »

En parlant ainsi à ses disciples, Notre Seigneur a voulu évidemment nous dire que nous ne devons jamais nous lasser de revenir à la charge pour obtenir les grâces que nous sollicitons.

Sur ce point, notre Vénérable Fondateur nous a laissé de bien beaux exemples de persévérance dans la prière. Soyons ses fidèles imitateurs.

2° A la prière fervente et persévérante, joignons la pénitence.

Et quelles pénitences pratiquerons-nous ? La réponse à cette question se trouve dans l'article 204 du Directoire Général.

Il ne sera pas sans utilité de le transcrire ici dans son entier, en faisant remarquer qu'il est à la portée de tous les membres de l'Institut, quels que soient leur âge, leur emploi, leur état de santé, etc. La pénitence qui plaira le plus à Dieu, qui attirera le plus de grâces aux Frères, celle qui comprend pour ainsi dire toutes les autres, c'est l'exacte observance de leurs Constitutions et de leurs Règles. En effet, être fidèle à garder toujours le silence, à répondre en peu de mots, à tout quitter au premier coup de cloche, à laisser une occupation qui plaît pour faire toute autre chose, quelque opposée qu'elle soit aux inclinations de la nature, dès que l'obéissance le veut, à se respecter mutuellement; être fidèle, en un mot, à observer tous les points des Constitutions et des Règles dans le temps, dans le lieu et de la manière prescrite, c'est renoncer sans cesse à sa volonté pour faire celle de Dieu, c'est se faire violence et se mortifier continuellement. les frères s'appliqueront surtout a cet exercice de mortification et le préfèreront a tous les autres.

Je ne saurais trop insister pour demander à tous nos Frères d'avoir à cœur plus que jamais de conformer constamment leur conduite à ce qui est dit dans cet article, se persuadant bien qu'il est pour tous les Petits Frères de Marie l'expression de la volonté de Dieu.

 ELECTION DE PROVINCIAUX.

 Les CC. FF. Provinciaux de Saint-Paul-Trois-Châteaux, des Iles Britanniques, d'Espagne, d'Australie et de Varennes devant arriver le 10 avril courant, au terme de leur mandat, le Conseil Général avait à procéder, conformément aux Constitutions, à leur réélection ou à leur remplacement. C'est ce qu'il fit, le 2 de ce mois.

Après les prières d'usage, il procéda dans la forme ordinaire à cet acte important, et le résultat se résume comme il suit. Pour une période de trois ans :

1° Le C. Frère Marie-Charles fut réélu à la charge de Provincial de Saint-Paul-Trois-Châteaux.

2° Le C. Frère Benedict fut réélu à la  charge de Pro­vincial des Iles Britanniques. 

3° Le C. Frère Floribert fut réélu à la charge de Provincial d'Espagne.

4° Le C. Frère Clément, Directeur du Collège du Sacré-Cœur, à Auckland, fut élu Provincial d'Australie,

5° Le C. Frère Marie-Victoric, en vertu de l'article 157 (30) des Constitutions, fut prorogé pour quelque temps dans sa charge de Provincial de Varennes.

Il est une question de grande importance dont nous devons tous nous préoccuper, c'est celle du recrutement de nos juvénats et de nos noviciats. Vous le savez, M. T. C. F., par suite de la guerre, des vides très nombreux se sont produits dans les rangs des éducateurs religieux. Or, nous n'ignorons pas que l'éducation chrétienne de la jeunesse est une oeuvre d'une importance capitale. Il y a donc un intérêt de tout premier ordre à prendre de bons moyens pour assurer le recrutement des maîtres.

Les difficultés de l'heure présente ne doivent pas refroidir notre zèle pour le recrutement.

Il semble, au contraire, qu'il n'avait jamais été si nécessaire de se dévouer à cette oeuvre des oeuvres.

Le Vénérable Père Fondateur est, sur ce point, un modèle que nous ne saurions trop admirer et imiter. Les difficultés des temps, et notamment celles occasionnées par la tempête révolutionnaire de 1830, ne l'arrêtèrent pas dans l’œuvre du recrutement de l'Institut. Il continua à recevoir des sujets et à faire des vêtures au moment où bien d'autres se laissaient dominer par la crainte.

Je vous exhorte donc, M. T. C. F., à prier et à agir, à faire prier et faire agir pour que les bons sujets arrivent nombreux dans tous nos juvénats et nos noviciats.

Le mois de mai, dans lequel nous allons bientôt entrer, sera une circonstance très favorable pour recommander cette oeuvre à la Très Sainte Vierge Marie, notre Ressource ordinaire.

Nous avons eu récemment, par un intermédiaire, des nouvelles de notre cher Frère Diogène, Assistant Général. Il est en résidence à Beaucamps depuis le mois d'août dernier, en compagnie d'une vingtaine de nos Frères Anciens. Bien qu'ils aient ou des privations à supporter, ils vont relativement bien grâce à Dieu.

Ayons pour eux une intention particulière dans nos prières.

Je demande aussi qu'on veuille bien avoir une intention spéciale pour le cher Frère Paulin, Assistant Général, qui est malade à Saint-Genis-Laval, depuis sept à huit mois.

Recevez, M. T. C. F., la nouvelle assurance de mes meilleurs sentiments de religieuse affection.

             Frère Stratonique,

           Supérieur Général.

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