Circulaires 60

François

1857-01-06

Réflexions sur la vie du Père Champagnat - 288  Etat de l'Institut (année 1856-57)

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51.01.01.1857.1

 1857/01/06

V. J. M. J.

Notre-Dame de l'Hermitage, 6 janvier 1857.

Fête de l'Epiphanie de Notre-Seigneur

que le P. Champagnat célébrait toujours

avec une dévotion particulière.

      Mes très chers Frères,

 J'ai appris avec une bien douce satisfaction les heureux effets que la lecture de la Vie de notre vénéré Fondateur a déjà produits parmi vous ; et je ne doute pas qu'elle ne continue d'opérer les fruits les plus abondants de grâce et de sainteté dans tous ceux qui la liront avec un grand esprit de foi et un ardent désir d'en profiter. On peut dire maintenant que le Père Champagnat revit au milieu de nous, que nous le voyons agir, que nous l'entendons parler, en lisant sa Vie. Je désire donc, dans cette Circulaire, vous le représenter, en quelque sorte, d'une manière sensible, de façon que ce soit lui qui vous parle, qui vous instruise, qui vous serve de modèle et de guide dans toutes vos actions, dans tous vos exercices et dans toutes les circonstances de votre vie. C'est pour cela que je me suis proposé de vous rappeler succinctement les exemples et les maximes de ce bon Père, et d'en former comme un tableau, un abrégé, que vous puissiez avoir continuellement devant les yeux, et qui vous serve comme de miroir pour y voir ce que vous devez faire, et comment vous devez le faire. Vous vous imaginerez alors que le Seigneur vous dit, comme autrefois à Moïse : Considérez bien tout cela, et faites selon le modèle qui vous est montré (Exod., 25); ou bien, vous vous représenterez notre bon Père, vous adressant ces touchantes paroles du Sauveur à ses disciples : Je vous ai donné l'exemple, afin que, voyant ce que J'ai fait, vous le fassiez aussi (Jean, 13), et ces autres de saint Paul aux Corinthiens : Quand vous auriez dix mille maînôtres en Jésus-Christ, vous n'auriez pas néanmoins plusieurs pères, puisque c'est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ. Soyez donc mes imitateurs, je vous en conjure comme je le suis moi-même de Jésus-Christ. (I.Cor., 4)

 Lorsque le prophète Jérémie présenta du vin aux Réchabites par l'ordre du Seigneur, qui voulait les éprouver et donner à son peuple un exemple de leur constante fidélité à observer les ordres et les règlements qu'ils avaient reçus de leur père, ils lui répondirent : Nous ne boirons point de vin, parce que notre père nous a fait ce commandement : Vous ne boirez jamais de vin, ni vous, ni vos enfants. Alors le Prophète s'écria : Voici ce que dit le Seigneur des armées, le Dieu d'Israël : Parce que vous avez obéi à votre père, que vous avez observé tout ce qu'il vous avait commandé, la postérité de Jonadab, fils de Réchab ne cessera point de produire des hommes qui se tiendront toujours en ma présence. (Jérémie, 35.) Faisons de même en toute occasion, N. T. C. F., évitons avec soin tout ce qui nous est défendu, et observons exactement tout ce qui nous est prescrit et recommandé par notre vénéré Père, afin de mériter par là que les paroles du Prophète puissent nous être justement appliquées, et que notre Institut devienne de plus en plus fécond en bons et fervents Religieux.

 Si donc nous voulons être les vrais disciples de notre pieux Fondateur, si nous voulons sincèrement continuer son œuvre sur la terre, et participer à ses mérites et à son bonheur dans le ciel, nous devons marcher sur ses traces, imiter ses vertus et conformer toujours notre conduite et nos sentiments aux règles et aux maximes qu'il nous a laissées. En un mot, nous devons nous comporter de telle manière en toutes choses, qu'aucune de nos paroles et de nos actions ne puisse être désavouée par lui, ni condamnée par ce qu'il a dit ou par ce qu'il a fait. Pendant tout le cours de sa vie, il s'est proposé à lui-même ces paroles de la sainte Ecriture qu'il nous répétait souvent dans ses instructions : Jésus a commencé par faire avant d'enseigner (Actes, 1), et il nous recommandait d'en agir de même par rapport à nos enfants. Mais aujourd'hui'hui, nous l'entendrons nous dire comme l'Apôtre : Mes frères, rendez-vous mes imitateurs, et proposez-vous l'exemple de ceux qui se conduisent selon le modèle que vous avez vu en nous. (Philipp., 3).Rendons-nous donc dociles aux salutaires avis de notre bon Père, et efforçons-nous de le faire revivre en chacun de nous, en ayant les mêmes sentiments, les mêmes vues, les mêmes désirs que lui ; et de le représenter extérieurement, en faisant tout comme il faisait, en l'imitant et le copiant aussi parfaitement qu'il nous sera possible. C'est ainsi que nous serons véritablement ses disciples, ses enfants, ses Religieux, et qu'on pourra dire de nous, en un sens, ce que dit Notre-Seigneur, en voyant venir à lui Nathanaël : Voilà, de vrais Israélites, de bons Petits Frères de Marie, de vrais enfants du Père Champagnat, qui ont l'humilité, la simplicité et la modestie de leur Fondateur, et qui, comme lui sont sans artifice ni déguisement. (Jean, 1.)

 Je me bornerai donc, cette fois, à vous mettre devant les yeux: 1° le tableau de nos exercices journaliers et la manière dont notre bien-aimé Père les faisait ou nous recommandait de les faire ; 2° les avis qu'il nous a donnés pour sanctifier nos divers rapports avec le prochain ; les moyens d'éviter les pièges que nous tendent sans cesse les ennemis de notre salut ; 4° la manière de pratiquer les vertus de notre état. J'aurai soin de marquer en même temps les endroits de la Vie du Père, où il en est parlé ; afin que vous puissiez les y trouver avec tous leurs développements, toutes les fois que vous le désirerez (Le chiffre romain désigne le Volume, et le chiffre arabe le chapitre). 

1. EXERCICES JOURNALIERS 

1° LEVER. – Le Père Champagnat se levait exactement, malgré ses indispositions et la peine qu'il éprouvait. « Il y a plus de vingt ans, disait-il à un Frère, que je me lève à quatre heures ; cependant je n'y suis pas habitué : tous les jours c'est pour moi un sacrifice et une peine. Vraiment, quand j'y pense, j'ai compassion de nos jeunes Frères à qui cela ne peut manquer de coûter beaucoup. » (11-11).

 2° PRIÈRE. MÉDITATION.- « Un Frère qui ne sait pas prier, ne sait ni pratiquer la vertu, ni faire le bien parmi les enfants. Il est impossible d'accomplir les obligations de la vie religieuse sans une vraie et solide piété. » (I.-10). – Rien ne m'a tant frappé ni tant édifié que la piété de M. Champagnat, disait un ecclésiastique ; en l'entendant prier, on est convaincu que c'est un saint. (II.-2). Dans ses instructions, il revenait sans cesse sur ce sujet, qu'il appelait le point capital. « Les Frères pieux sont les colonnes de l’Institut ; ils portent partout le bon esprit, et Dieu bénit tout ce qui leur est confié. Au contraire, un Frère sans piété est un homme de rien : nulle part il n'est à sa place, il est un embarras pour tout le monde. Le piège le plus funeste que le démon puisse tendre aux âmes pour les perdre, c'est de les détourner de la prière. – Si vous êtes fidèles à faire votre méditation, je réponds de votre salut : tôt ou tard vous deviendrez de bons Religieux. – Combattre les distractions, résister aux tentations, les supporter avec patience, c'est une prière, c'est une vertu ou plutôt l'exercice de plusieurs vertus » (4).

 3° OFFICE. – Le Père adressait de vifs reproches aux Frères qui ne faisaient pas bien le signe de la croix, qui laissaient facilement leur Office. (II-2, 4). – Dans sa dernière maladie, il fallut une défense formelle pour lui faire cesser la récitation du saint Office. (I-22). « L'Office est une consolation pour les Frères. Il est vrai qu'ils ne comprennent pas le latin ; mais Dieu le comprend, et leur prière ne lui en est pas moins agréable, si l'esprit intérieur et l'intention du cœur l'accompagnent (II.-4). Souvenez-vous que c'est la parole de Dieu que vous prononcez, et que c'est le Saint-Esprit qui nous a donné ces formules pour prier. » (7).

 4° MESSE. COMMUNION. – « Pour un Frère qui a I'esprit de foi, c'est un sacrifice immense de ne pouvoir entendre la sainte Messe tous les jours. Celui qui la manque par sa faute, témoigne qu'il n'a point de zèle pour sa perfection et qu'il n'aime pas Jésus-Christ. » (II-4). – Le Père ne manquait jamais de dire chaque jour la sainte Messe ; et on l'a vu, dans ses voyages, faire quelquefois cinq à six lieues et plus, et rester toute la matinée à jeun, pour se procurer cette consolation. (6). – « La perte que vous faites, en manquant la Messe ou la communion, est une perte irréparable, infinie, dont vous ne pourriez vous consoler, si vous compreniez les biens immenses que renferme l'Eucharistie. -Manquer la communion, sous prétexte qu'on ne se sent pas assez disposé ou qu'on a fait quelques fautes légères, c'est une illusion; c'est réparer une faute par une plus grande. – Le moyen le plus court pour triompher des tentations et pour les faire cesser, c'est de vous approcher souvent de Jésus-Christ. » (6).

 5° ETUDE, OCCUPATION.- Le Père ne s'est Jamais laissé abattre ni décourager par les difficultés qu'il a éprouvées au commencement de ses études. (I-2) 11-3). Le travail ne fut jamais pour lui une peine, et dès son enfance, il s'y livra avec goût (II.-14). – « Un Frère doit se rendre capable de remplir tous les offices, tous les emplois de l'Institut ; pour cela, il est nécessaire qu'il aime le travail, qu'il aime l'étude, et s'y applique avec assiduité. – Le travail est nécessaire à l'homme pour son perfectionnement physique, moral, nécessaire même à son bonheur. – Le Frère qui n'aime pas le travail, et à qui les livres sont à charge, est plus imparfait au moral et an physique, après dix, vingt et trente ans de religion, que LR PREMIER jour qu'il y est venu. – L'oisiveté rend l'homme malheureux et inutile. » (14).

 6° CLASSE.- Le Père faisait lui-même la classe à ses premiers Frères. (I.-6.-II.-22). Il cherchait à exciter le zèle des Frères et l'émulation des élèves par toutes sortes de moyens. – Quoiqu'il aimât tendrement tous les enfants, il avait une tendresse de prédilection pour les plus jeunes, qu'il appelait de petits anges. Il ne tarissait pas, quand il parlait de la petite classe, qu'il disait être la plus importante. Il entrait dans les plus petits détails, lorsqu'il traitait des soins que l'on doit donner a ces enfants. « Le vase de terre garde longtemps le goût et l'odeur de la première liqueur qu'il a contenue ; si les enfants prennent dans la petite classe de bonnes habitudes, de bons sentiments, ils les conserveront toute leur vie. » (22). – La grammaire, l'histoire, le dessin et toutes les autres connaissances de ce genre, doivent être entre vos mains comme des appâts pour attirer et retenir les enfants dans vos écoles, afin de les instruire des vérités de la religion. – Ayez soin que la religion ressorte de toutes les parties de votre enseignement, et que toutes les connaissances auxquelles vous initiez vos enfants, servent à nourrir leur foi, leur piété, leur fassent aimer la vertu et les portent à Dieu. – Vous avez entre vos mains le prix du sang de Jésus-Christ : vos nombreux enfants vous seront, après Dieu, redevables de leur salut. Lors même que vous rie feriez que les garder et les sortir des rues, vous feriez un bien infini. (11. 20). Un Frère qui sait discipliner une classe, bien qu'il ne sache guère faire autre chose est préférable à un Frère très instruit, mais qui ne comprend pas l'importance de la discipline ou qui ne sait pas l'établir. – Quand l'ordre règne dans une classe, l'enfant s'occupe de ses leçons, de ses devoirs, il s'attache à l'école, il aime l'étude, et n'a pas même le temps de penser au mal. – Un Frère doit être l'ange gardien des enfants. Dieu lui demandera compte de leur conduite dans l'école, et leurs fautes lui seront imputées comme les siennes propres. – Le temps de la classe n'est ni à vous ni aux personnes qui viennent vous parler ; il est à vos enfants. (22). Les enfants sont contents et se trouvent à l'aise dans une classe disciplinée; au lieu qu'ils souffrent et se dégoûtent de l'étude dans une classe indisciplinée. » (23).

 7° CATÉCHISME – A  Lavalla, le Père prit un soin particulier des petits enfants, et s'attacha à les instruire solidement des mystères et (les vérités de la religion, à les former à la vertu et à leur donner l'habitude des pratiques de la piété chrétienne. – Sa manière d'expliquer le catéchisme était simple et familière. On l'écoutait toujours avec plaisir. (1.4). «Un Frère rie doit rien tant désirer que d'être un bon catéchiste : car c'est là sa fonction principale et le but de sa vocation. (10). – Un des moyens les plus propres pour attirer les enfants à l'école et les former à la vertu, c'est de bien préparer le catéchisme et de rendre les instructions agréables. (11.-23).Vous faites ce que Jésus-Christ a fait sur la terre ; vous enseignez les mêmes mystères, les mêmes vérités. Vous faites ce qu'ont fait les Apôtres, les Docteurs de l'Eglise et les plus grands Saints » (20).

 8° NOURRITURE.- Le Père avait un attrait prononcé pour la pénitence et la mortification ; il était très sobre dans le boire et le manger, et se refusait tout ce qui n'était propre qu'à satisfaire le goût et la sensualité. – Jamais il ne prenait rien entre les repas, pas même un fruit, pas même un verre d'eau. – Ayant un jour pris une cerise en passant sous un cerisier, il la cracha à moitié mâchée, en s'écriant – « Quoi ! je serais esclave de ma sensualité! Non, il n'en sera pas ainsi. (I -3). – Quand il arrivait de ses pénibles courses, il se mettait incontinent au travail, sans vouloir prendre aucun rafraîchissement. (5). « Le corps s'habitue à tout, et c'est en refusant de le satisfaire qu'il devient moins exigeant. – Qui veut être fort et ne pas faillir dans les grands combats, doit être fidèle à se mortifier et à se vaincre dans les petites choses. – J'ai toujours remarqué que ceux qui s'occupent beaucoup de leur corps pensent peu à leur âme. De plus, l'expérience m'a appris que ceux qui se plaignent de la nourriture sont des gens qui n'avaient pas le nécessaire dans le monde, et qu'ils ne se sont faits Religieux que pour avoir une existence assurée et commode. – Monsieur le Curé de Neuville ayant surpris un Frère à manger un fruit entre les repas, lui dit : « Votre immortification vous fera perdre votre vocation, et votre paresse sera cause qu'un jour vous mendierez votre pain », ce qui se vérifia. (I.-15).

 9° RÉCRÉATIONS. – Le Père avait un caractère gai, ouvert, facile, prévenant et conciliant. Ses manières simples et affables, sa franchise et l'air de bonté qui étaient répandus sur sa figure lui gagnaient tous les cœurs. – « La joie et la gaieté doivent être la disposition habituelle des Religieux ; c'est cette disposition que je vous désire à tous, et vous ne devez rien tant craindre que la tristesse et la mauvaise humeur : car, après le péché, il n'y a rien de pire ni de plus dangereux. Pour les jeunes Frères, le jeu pendant les récréations est ce qu'il y a de mieux. » Le bon Père jouait lui-même quelquefois avec les Frères ; mais, dans le jeu, comme ailleurs, il était toujours noble, toujours digne, toujours retenu, quoique très gai et très aimable. (II.-1). « Si vous voulez être de bons Religieux, il faut vous récréer et vous conduire en tout comme des Religieux ». (I-6). 

Il. RAPPORTS DES FRÈRES 

1° AVEC LES SUPÉRIEURS. – En arrivant à Lavalla, l'abbé Champagnat s'ouvrit à son curé comme à un père, il le pria de ne pas lui épargner ses avis, ses conseils ; d'avoir la charité de lui faire remarquer ses défauts et de le reprendre de ses fautes. – Il eut toujours pour lui le plus profond respect, et le plus grand attachement, et il lui en donnait en toute occasion des témoignages devant le publie ; quoiqu'il eût quelquefois raison de se plaindre de lui, jamais il ne s'écarta de cette conduite. (I.-4). -Il faisait de même à l'égard de ses autres Supérieurs ecclésiastiques. « Monsieur le Vicaire général, disait-il à M. Courbon, vous savez quelles sont mes intentions et ce que j'ai fait jusqu’ici; veuillez me dire ce que vous pensez de cette œuvre ; je suis prêt à l'abandonner si vous me l'ordonnez : car je ne veux que la volonté de Dieu : et dès que cette volonté me sera manifestée par vous, je m'y soumettrai. » (11). – « Une Maison où tous les Frères se laissent conduire comme de petits enfants et suivent en tout la direction qui leur est donnée, ressemble à un paradis où il n'y a jamais de division. (II.-12). – Pour un Religieux, obéissance, bonheur et solide vertu, sont trois mots synonymes et inspireéparables. Tant qu'il reste dans la voie de l'obéissance, Dieu le comble de ses grâces et le couvre de sa protection ; il est béni dans tout ce qu'il fait. Mais s'il quitte cette voie pour marcher dans celle de sa propre volonté, il n'a plus droit aux secours de Dieu ; il est malheureux et rend malheureux tous ceux qui l'entourent. (8). – Ce n'est pas en cachant les fautes et les imprudences que l'on a faites, que l'on se forme et que l'on acquiert de l'expérience, mais en soumettant simplement sa conduite à celui qui a le droit et le devoir de la juger. (17). Un Frère que l'on est obligé de ménager et à qui l'on ne peut tout dire, ne sera qu'un Religieux imparfait, un sujet d'embarras pour les Supérieurs, et un membre malade qui fera souffrir tout le corps » (15).

 2° ENTRE  EUX. – La charité, l'union, la paix, étaient admirables dans la Maison de Noviciat de Lavalla. (I.-10).

 – Le Père recommandait la charité dans toutes ses Lettres circulaires. « Votre bonheur et votre contentement dureront tant que vous serez unis, tant que vous vous aimerez. C'est pourquoi je désire ardemment que vous vous aimiez les uns les autres, comme les enfants d'un même Père et d'une même Mère. – Elle m'est bien douce la consolation de vous voir réunis, n'ayant tous qu'un cœur et qu'une âme, ne faisant qu'une même famille, ne cherchant que la gloire de Dieu et l'intérêt de sa sainte religion. (Il.-15).- Aimez-vous les tins les autres comme Jésus-Christ vous a aimés. Qu'on puisse dire des Petits Frères de Marie comme des premiers chrétiens : voyez comme ils s'aiment ! (I.- 22). Ce qu'il y a à faire pour conserver la charité, c'est de supporter les défauts des autres comme nous désirons qu'ils supportent les nô­nôtres : car il n'y a pas d’homme sans défauts.  (Il.-15.)

 3° AVEC LES ENFANTS. – 1°Les attirer. Le Père savait se faire aimer et attirer les enfants à son catéchisme. – « Voyez la tendre affection que le Sauveur a pour les enfants : il reprend ouvertement les Apôtres qui les éloignaient de sa personne. (Matth., XIX.) Pour vous, vous ne les empêchez pas d'approcher de ce divin Sauveur : au contraire, vous faites tous vos efforts pour les lui conduire. Quelle gloire, quelle félicité vous prépare ce Maître si libéral, qui ne laisse pas un verre d'eau sans récompense, et qui s'est engagé à regarder et à payer comme fait à lui-même tout ce que vous faites à ces petits enfants ! (II.-20). « Mais pour édifier les enfants et les gagner à Dieu il ne suffit pas d'être pieux et vertueux, il faut encore avoir des manières qui plaisent et qui attirent ». (1). Ce fut aussi pour attirer les enfants que le Père introduisit le chant dans nos écoles. (22).

 2° Les respecter. – « Il n'y a rien de plus nécessaire dans l'éducation, et pour le maître et pour l'élève, que le respect mutuel qu'ils se doivent. – Le Frère qui se permet de basses familiarités avec les enfants, s'avilit autant que celui qui est brutal et qui les maltraite. (II.-1). Il est plus dangereux pour votre âme de vous permettre de semblables choses, qu'il ne le serait pour votre corps de jouer avec des serpents. (13). – L'esprit de foi qui nous montre, dans l'enfant pauvre, l'image de Jésus humilié et fait pauvre pour nous, doit inspirer à un Frère un grand respect et un grand amour pour l'enfant indigent. – Vos enfants sont plus qu'enfants de rois ; ils sont enfants de Dieu, frères et membres de Jésus-Christ. » (23).

 3° Prier pour eux. Le Père conseillait aux mères de famille d'offrir tous les jours à Dieu leurs enfants et de les consacrer à la Sainte Vierge. (I.-5). – « Vos instructions, vos bons avis, vos corrections même, sont une semence que vous jetez dans le cœur de vos enfants; mais pour porter du fruit, cette semence doit être arrosée par la prière. – Sans humidité, la terre ne produit rien ; sans prière, nous ne pouvons rien faire ni pour nous ni pour les autres. – Votre persévérance à prier pour vos enfants est le plus grand acte de charité que vous puissiez exercer à leur égard. » (II.-20).

 4°Faire leur éducation. Le Père reçut de sa mère et de sa tante une éducation bien religieuse. (I.-1).. — « La charité fraternelle envers les enfants, consiste à leur donner l'instruction et l'éducation chrétienne. (12). L'éducation est pour un enfant ce que la culture est pour la terre. – Un bon jardinier arrache, cultive, plante et arrose. Un Frère doit faire de même à l'égard de ses enfants, c'est-à-dire qu'il doit arracher ou corriger leurs défauts, cultiver leurs bonnes dispositions, semer dans leurs cœurs de bons principes, et les arroser par de ferventes prières. – Pour élever un enfant, il faut avoir des titres à son respect, à son obéissance. Ces titres sont la vertu, le bon exemple, la capacité, les sentiments paternels qu'on lui témoigne. – L'enfant s'instruit beaucoup plus par les yeux que par les oreilles. C'est en voyant faire le bien et en recevant de bons exemples qu'il apprend à pratiquer la vertu et à vivre chrétiennement. » (II.-23.). – Nous avons cent enfants dans nos classes, disait le Frère Louis au Frère Antoine ; eh bien, ce sont cent âmes dont l'innocence nous est confiée, et dont le salut dépend en grande partie de nous. Ces enfants seront toute leur vie tels que nous les élèverons. (I.-8).

 5°Les surveiller. « Votre premier devoir est de veiller, sur vos enfants, afin de prévenir le mal et de conserver leur innocence. (I.-7). Sous ce point de vue la vigilance est, la vertu la plus nécessaire à un Frère. – Le défaut de surveillance rend inutile tout le bien qu'il pourrait faire d'ailleurs, et sa classe, qui devrait être pour ses enfants une école de vertu et un moyen de sanctification, leur devient une cause de dépravation et une occasion de ruine et de réprobation. – Ni la vertu ni le bon exemple, ni encore moins de grands talents ne peuvent remplacer la vigilance ou la suppléer. – Le Maître, fut-il un saint, s'il néglige la surveillance, ses enfants se pervertiront, toutes ses instructions et toutes les œuvres de son zèle leur seront inutiles. -Au contraire, en surveillant exactement les enfants, et en les tenant toujours occupés, un Frère peut être sûr qu'il fait un bien certain, et qu'il se rend utile à tous les élèves de l'école. – -Mais pour bien remplir ce devoir, il faut du zèle, de l'assiduité, de l'exactitude, de la constance : vertus que l'on ne trouve que dans les Frères qui ont un grand esprit de mortification, de dévouement, et qui savent sacrifier leur repos, leurs goûts, pour procurer la gloire de Dieu et la sanctification des enfants. » (II-22).

 4° AVEC LES ÉTRANGERS. – 1° Le Père nous a donné l'exemple du détachement des parents. – Il disait que l'on peut juger de la vocation d'un sujet par la disposition où il se trouve à cet égard. -« Celui qui tient beaucoup à ses parents tient peu à sa vocation, et celui qui s'occupe beaucoup de ses parents s'occupe peu de sa perfection. – Beaucoup de Religieux se sont perdus par une fausse compassion pour leurs pères et mères. (II.-10).

 2° Etant à Paris, le Père ne faisait que les visites nécessaires. – Il ne connaissait ni les curiosités ni les monuments de cette grande ville. — Quand il n'était pas en course pour ses affaires, on le trouvait toujours dans sa chambre, occupé à lire ou à prier. (I.-20). – «Pendant mon séjour dans cette capitale, disait-il à un Frère, je, faisais mes affaires, et je me renfermais dans ma chambre. Tout Paris ignorait si j'étais dans Paris, et je ne m'en occupais pas plus que si j'en eusse été à cent lieues.» (Il.-5).

 3° Il tenait extraordinairement à l'observance des règles touchant les visites, et il a souvent déclaré aux Frères qu'ils ne peuvent les négliger sans s'exposer aux plus grands dangers, sans perdre l'esprit de leur état et même leur vocation. (19). – « J'aimerais mieux voir le loup que de vous voir ici seul », disait M. le Curé de Neuville à un Frère qui allait en promenade. (I.-15).

 4° Voici ce que le bon Père conseillait aux Frères qui avaient des ennemis ou des concurrents : «Lorsque vous avez une espèce de persécution ou une concurrence à soutenir, imitez les premiers chrétiens ; cachez-vous dans l'intérieur de vos maisons, n'ayant avec les gens du dehors que des rapports indispensables ; tenez-vous unis à Dieu ; mais ne faites pas de bruit, et évitez tout ce qui pourrait attirer sur vous l'attention du public. Attachez-vous plus que jamais à votre Règle, à votre méthode d'enseignement. Ne changez rien à votre manière de faire, et contentez-vous de redoubler de zèle et de dévouement pour former vos enfants à la piété et les faire avancer dans les parties essentielles de l'instruction primaire. C'est surtout dans ces occasions qu'il faut, se rappeler qu'on fait l’œuvre de Dieu, et que le succès s'obtient particulièrement par les moyens que fournit la Religion. » (II.-24). 

III.  TENTATIONS ORDINAIRES 

1° Contre LA VOCATION. – Le Père demeura ferme dans la résolution de suivre sa vocation, malgré tout ce qu'on lui dit pour l'en dissuader. (I.-1). – « Pour sortir d'une invocation sainte, même sous prétexte d'en embrasser une plus parfaites, il faut des marques extraordinaires, je dirais presque des prodiges, reconnus et attestés, non par le sujet qui s'y sent porté, mais par son Supérieur. Quiconque s'écarte de cette règle et suit son propre esprit devient le jouet du démon, tombe dans l'illusion et se perd. – Il n'est pas nécessaire d'être prêtre pour aimer Jésus-Christ et lui gagner des âmes (14). La vocation à la vie religieuse est une grande grâce ; c'est pour cela que le démon fait tant d'efforts pour en dégoûter les jeunes gens, pour leur faire perdre courage, et les rejeter dans le monde où il est si difficile de se sauver. (22). – Le démon, jaloux de votre bonheur et prévoyant le bien que vous pouvez faire, veut d'un seul coup ruiner ce bien et vous perdre vous-mêmes. (II.- 6.) – Si vous avez du zèle pour faire honorer Marie, vous triompherez des tentations, vous persévérerez dans votre belle vocation, et vous y serez heureux. (7). – Je suis persuadé que parmi ceux qui regardent en arrière et abandonnent leur saint état, il y en a plus des trois quarts qui sont véritablement appelés, et qui feraient de bons Religieux s'ils correspondaient à la grâce. Le remède à cette tentation, c'est l'ouverture du cœur et la soumission au Supérieur. Celui qui, en pareil cas, veut se conduire lui-même, marche à sa perte. Celui qui, au lieu de s'adresser à son Supérieur et de suivre ses avis, cherche ailleurs des conseils, se perdra également. – Lorsqu'on laisse la direction de celui que Dieu nous a donné pour conducteur et pour guide, on trouve, pour son malheur, par un juste châtiment de Dieu, une direction telle qu'on la désire. (18). – Malheur à ceux qui regrettent les oignons d'Egypte ! ils ne sont pas propres pour la terre promise de la Religion ! – -Marchander avec Dieu, faire des examens interminables pour se fixer à son service, ne se donner à lui qu'avec réserve, c'est se méfier de lui et lui faire injure; c'est se tendre un piège à soi-même et s'exposer à tomber tôt ou tard dans les filets du démon. » (24).

 2° CONTRE LA SAINTE VERTU.Comme l'oisiveté, l'intempérance et l'orgueil sont des causes certaines du vice impur, le Père leur déclara une guerre sans relâche et il s'attacha d'une manière spé à la pratique des vertus contraires. – Il avait un don particulier pour inspirer l'amour de la pureté, pour consoler et pour encourager ceux qui éprouvaient de violentes tentations contre cette belle vertu. Il établit les règles les plus sages pour nous mettre à l'abri des pièges de l'ennemi du salut et pour nous faire éviter les moindres dangers. Il y tenait extrêmement. – « La fidélité aux règles qui concernent ce point important et la vigilance sur vous-mêmes peuvent seules vous donner la sécurité. Vous ne manquerez jamais à ces règles sans vous exposer plus ou moins. (II.-13). – Les petits manquements, qu'on prend pour des bagatelles, peuvent devenir la cause de fautes graves. (16). – Pour tout le monde, l'oisiveté est un grand danger; mais pour les jeunes gens, elle est une source certaine de tentation et de péché. Le démon perd son temps à tenter un homme occupé ; mais il réussit toujours à faire tomber dans le mal ceux qui se livrent à la paresse. Je suis convaincu que presque tous les jeunes Frères qui sont sortis de l'Institut, n'ont perdu leur vocation que parce qu'ils se sont laissés aller à la paresse ; non que ce vice soit la cause directe de leur sortie, mais parce qu'il les a conduits à des fautes graves et que ces fautes, après leur avoir fait perdre le goût et l'amour de leur état, les ont portés à l'abandonner. (14). – Le moyen le plus court pour triompher des tentations et pour les faire cesser, c'est de vous approcher souvent de Jésus-Christ. » (6). – Un Frère ayant fait connaître au Père les luttes terribles qu'il avait à soutenir, il lui prescrivit entre autres choses : 1° d'offrir et de consacrer son cœur à Notre-Seigneur tous les jours pendant la Sainte Messe, en récitant les litanies du Sacré-Cœur, et répétant à chaque invocation : Je me consacre à vous; 2° de renouveler cette offrande et cette consécration après chacune de ses communions; 3° d'aller deux fois le jour à la chapelle, dans les moments libres, pour demander à Jésus-Christ sa bénédiction. Ces pratiques eurent un plein succès. (16).

 3° TENTATION D'ORGUEIL. – Le Père se proposa de combattre particulièrement l'orgueil, et de faire son examen particulier sur ce sujet. – Il demandait instamment l'humilité dans ses prières. (I -2). -Il vivait et se conduisait au milieu de ses Frères comme le serviteur de tous. – Il nous a donné le nom de Petits Frères de Marie pour nous apprendre que l'humilité doit être notre marque, notre vertu de prédilection. – L'orgueil était le premier vice dont il poursuivait la destruction dans les Postulants et les jeunes Frères, et il le faisait encore avec plus de force dans les anciens. S'il apercevait que quelqu'un tirât vanité de ses talents, il l'humiliait publiquement, ou bien il le mettait à la cuisine, à une petite classe ou à quelque emploi manuel. – « Quand le démon vous met dans l'esprit des pensées de vanité, et qu'il vous représente vos bonnes qualités, tournez la médaille, regardez vos défauts et tout le mal que vous avez fait. – L'humilité est un aromate qui conserve les vertus : l'orgueil est un venin qui les corrompt et les gâte. – Le propre de l'orgueil est de vouloir paraître, et de faire le bien avec ostentation ; le propre de la modestie est de se cacher. – Les louanges peuvent faire le plus grand mal aux Frères.- Voilà bien de la fumée Oh ! que je crains qu'elle ne vous étourdisse et ne vous fasse perdre la tête ! – Rien n'est plus efficace pour combattre l'orgueil que la pratique constante de l'obéissance et de la charité : car tout acte de ces deux vertus est en même temps un acte d'humilité. » (II.-12.)

 4° TENTATION DE DÉCOURAGEMENT.-Malgré les contradictions les épreuves, les fatigues, les infirmités et les maladies qu'a éprouvées le Père, jamais on ne l'a vu triste ni découragé. Au contraire, il relevait le courage des Frères en toute occasion. – «Souvenons-nous que c'est pour Dieu que nous travaillons, et que les récompenses qu'il nous prépare sont éternelles. – Les gens du monde chantent en travaillant, parce qu'ils gagnent quelques pièces d'argent ; et nous qui gagnons le ciel, nous serions tristes, et nous nous laisserions décourager! (II.-1). Peut-on craindre de ne pas réussir quand on a le bon Dieu pour soi, et que l'on fait son œuvre ? – Tous les hommes ont leur croix ; mais celui qui porte la sienne pour Dieu et qui médite les vérités de la foi, la trouve toujours légère (2). Quand on a Dieu pour soi, quand on ne compte que sur lui, rien n'est impossible : car, comme dit l'Apôtre : Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? (Rom., 8). – Mettez votre confiance en Dieu, et il ne vous laissera manquer de rien. – Quelqu'un de vous peut-il se présenter, et dire que Dieu ait manqué de le secourir et de l'assister, depuis qu'il s'est donné à lui? – Laissons dire les hommes, et confions-nous en Dieu, qui ne nous abandonnera jamais, à moins que nous ne l'abandonnions les premiers (3).- Avec une once de bonne volonté, on peut faire un bon Religieux, on peut faire des merveilles. – Vous ne vous laissez aller à l'ennui et au découragement que parce que vous ne vous rappelez pas la présence de Dieu, et que vous ne vous proposez pas sa gloire dans ce que vous faites. (5). – Quand toute la terre serait contre nous, nous n'avons rien a craindre, si la Mère de Dieu nous protège, et rien ne nous est impossible avec son secours. – Rappelons-nous qu'elle est NOTRE RESSOURCE ORDINAIRE (7).- Vous soutenez les intérêts de Jésus en catéchisant les enfants, en les formant à la vertu .; il soutiendra les vôtres, et vous accordera lune pleine victoire sur vos ennemis. – Je connais plusieurs Frères qui ont obtenu d'être délivrés des plus terribles tentations, en faisant bien le catéchisme, en promettant à Jésus d'apprendre les prières aux enfants et de les préparer avec soin à la première communion. (23). – S'il fallait s'arrêter toutes les fois que les moyens humains manquent ou que toute autre difficulté vient barrer le chemin, on ne ferait jamais rien. – S'effrayer et se laisser décourager en pareil cas, c'est faire injure à Dieu, c'est méconnaître le caractère propre à ses œuvres, c'est trahir les intérêts de la religion, et abandonner lâchement la victoire au démon. (24). 

IV. PERFECTION RELIGIEUSE 

1° RÉGULARITÉ. – « La Règle est entre les mains de tous : chacun doit en faire son Manuel – Vous ne goûterez la paix dans votre saint état, qu'autant que vous serez très exacts à observer toute votre Règle ; et cette fidélité en vous obtenant la persévérance, vous assurera la couronne éternelle.

 L'obéissance à la Règle vous fera aimer les devoirs de la vie religieuse et vous les rendra faciles (21). – Si vous vous rappeliez souvent la présence de Dieu, vous ne seriez pas si lâches, l'observance de la Règle ne vous coûterait pas tant, et vous ne seriez pas toujours à disputer avec le démon de la paresse (5). – Si l'on voulait s'écouter, la moitié du temps il faudrait des dispenses ; et, sous prétexte que l'on a quelques infirmités, l'on ne suivrait plus de Règle, c'est-à-dire, que l'on ne serait Religieux que de nom. – Celui qui vit selon la Règle fait une pénitence imperceptible aux yeux des hommes, mais très méritoire pour le ciel ; car, pour vivre ainsi, il faut faire une guerre continuelle à la chair, au monde et au démon ; il faut immoler à Dieu toutes les puissances de l'âme et tous les sens du corps. (11). – L'observance de la Règle procure de grandes grâces et éloigne de granits dangers. (16). – Le Frère Directeur qui n'est pas régulier, qui n'aime pas la Règle, ruine soit autorité et perd ses Frères. (17). – La persévérance est particulièrement le fruit de la prière et de la fidélité aux observances de la Règle. (18). – Les Religieux tièdes et qui plient la Règle à leurs caprices, mit une influence terrible ; et rien ne peut dire le mal qu'ils causent par leurs paroles et par leurs exemples. Mais les Frères pieux, réguliers et solidement vertueux sont les véritables amis et les soutiens de l'Institut. – Observer, exactement la Règle, c'est faire continuellement la volonté de Dieu Ouest marcher à grands pas dans la voie de la perfection c'est se procurer toutes les consolations de la Religion c'est assurer, autant que possible, son salut. – Oui, gardez votre Règle, observez-la fidèlement, et je vous assure le Paradis. » (19).

 2° UNION A DIEU. – L'exercice favori du Père était celui de la présence de Dieu. – Rien ne lui était plus familier dans ses instructions, dans ses méditations, et même dans ses entretiens familier, que ces paroles de l'Apôtre : C'est en Dieu que nous avons la vie, le mouvement et l'être. (Act., 17.) ou bien ces autres de Dieu à Abraham : Marchez en ma présence, et vous serez parfait. (Gen., 17). Cette pensée, cette vue de Dieu le tenait dans un profond recueillement au milieu des occupations les plus dissipantes, et lui rendait la prière très facile. Elle conservait assi son âme dans une paix et une tranquillité inaltérables. – Sa grande maxime était que l'on n'a rien à craindre quand on est avec Dieu. Il recommandait de s'exciter à la fuite du péché et à la pratique de la vertu par cette pensée : Dieu ME VOIT. (II.- 5). – Il voulait aussi que l'on se tînt uni à Dieu dans l'exercice de son emploi, et que l'on n'attendît le succès que de Dieu seul. -« Gardons-nous de compter sur nos talents : ils sont nuls pour le bien, si Dieu n'est avec nous. – Nous perdrions bien notre temps si nous attendions de nos efforts, de notre industrie ou des hommes le succès de nos œuvres : car il n'y a que Dieu seul qui puisse nous le donner. (2). – Le propre de l'homme, c'est la faiblesse, c'est la misère et le néant ; il n'a rien : il ne peut rien sans le secours de Dieu. Notre faiblesse, nos besoins continuels sont donc autant de motifs qui doivent nous porter à nous tenir unis à Dieu, et à mettre toute notre confiance en lui. (3). Si Dieu est au milieu de vous et de vos enfants par sa grâce et soit amour, vous pouvez être tranquilles rien ne pourra vous nuire. » (20).

 3° AMOUR POUR NOTRE-SEIGNEUR. – La vie du Sauveur faisait le sujet ordinaire des méditations de notre bon Père. Il avait une dévotion particulière aux mystères de l'enfance et de la passion de Jésus-Christ. Mais c'est surtout au Saint Sacrement qu'il aimait à lui témoigner soit amour. Il le visitait régulièrement tous les jours, et il se tenait toujours dans un profond recueillement et une modestie angélique en sa sainte présence. Sa piété dans la célébration de la Sainte Messe était admirable. (II.-2). – Jésus au Saint Sacrement était son refuge, quand il avait quelque affaire difficile à traiter, qu'il lui survenait quelques contradictions ou autre événement désagréable. C'est à ses pieds qu'il examinait ce qu'il avait à faire ; et jamais il ne prenait une décision tant soit peu importante sans la lui avoir recommandée. « C'est pour nous que Jésus-Christ réside jour et nuit depuis dix-huit siècles sur nos autels ; et rien n'afflige tant son divin Cœur que notre ingratitude pour un tel bienfait, et notre indifférence à le visiter et à lui demander ses grâces. – Le profond respect que nous devons à la personne sacrée de notre divin Sauveur demande que notre extérieur soit propre quand nous avons In bonheur de paraître en sa présence. -Le moyen le plus efficace pour obtenir ce qui nous manque, pour faire de grands progrès dans la vertu et acquérir la perfection que Dieu demande de nous, c'est l'assistance à la messe avec une grande piété, c'est la méditation des mystères et de la vie de Notre-Seigneur, c'est la fréquente communion. Car, ne l'oublions pas, nous avons tout en Jésus-Christ, et nous n'avons rien sans Jésus-Christ. – Faire connaître et aimer Jésus-Christ, voilà la fin de votre vocation et le but de l'Institut. Plus vous le ferez connaître, plus vous le ferez aimer, plus vous affaiblirez le règne (lu péché, plus vous établirez celui de la vertu. » (6).

 4° DÉVOTION A LA SAINTE VIERGE.- La devise du Père était : Tout à Jésus par Marie ; tout à Marie pour Jésus. Cette maxime fut la règle de sa conduite pendant toute sa vie. Regardant la Sainte Vierge, comme sa mère et comme la vole qui conduit à Jésus, il mit sous sa protection ses études, sa vocation et tous ses projets. Chaque jour il se consacrait à elle et lui offrait toutes ses actions, afin qu'elle daignât elle­ même les présenter à son divin Fils. – « J'ai la coinfiance­fiance que Marie ne laissera périr aucun de ceux qui persévère­ jusqu'à la mort clans leur vocation. – Le salut de tous les hommes est attaché à ce qu'on leur inspire­pire une solide dévotion à la Sainte Vierge et une confiance sans bornes à sa protection. Si vous avez le bonheur de faire pénétrer cette précieuse dévotion dans le coeur de vos enfants vous les avez sauvés. – Voulez­-vous que Dieu bénisse votre Maison, qu'il répande sur vous et sur vos Frères l'esprit de piété, inspirez à vos en­enfants la dévotion à la Sainte Vierge. – Si Marie est pleine de bonté pour tous les hommes, combien sera-t-elle plus miséricordieuse à l'égard de ceux qui, non contents de la servir, travaillent encore à la faire aimer et honorer par les autres. n e craignez rien,  Marie arrangera tout, elle saura écarter les difficultés, dominer les événements et les faire tourner à notre avantage. Notre Communauté est son œuvre ; c'est elle qui nous a tous conduits dans cette Maison : elle donnera à chacun de nous les vertus qu'elle veut que nous ayons, de même que les choses temporelles qui nous sont nécessaires. Elle est notre Mère, notre Patronne, notre Supérieure; ainsi elle est chargée de nous : nous comptons sur elle, elle ne peut nous aban-­donner. » (II.-7).

 5° ZELE ET DÉVOUEMENT. – Dieu avait donné au Père avec la vocation ecclésiastique, un grand zèle pour le salut des âmes et pour l'instruction des ignorants. Dans les séminaires, il ne laissait échapper aucune occasion d'exercer ce zèle à l'égard de ses condisciples sur l'esprit desquels il avait quelque influence. Pendant les vacances il faisait le catéchisme aux enfants et des instructions aux grandes personnes. (I.-3). Il renouvela la paroisse de Lavalla par ses catéchismes, ses sermons, ses avertissements et toutes les œuvres que son zèle infatigable h. suggérait. (5). – « Oh ! que les Frères qui sont dans l'enseignement ont du mérite ! que leur récompense sera grande, s'ils ont du zèle! (22). -Je ne puis voir un enfant sans éprouver l'envie de lui faire le catéchisme, sans désirer de lui faire connaître combien Jésus-Christ l'a aimé, et combien il doit, à son tour, aimer ce divin Sauveur. – Que votre emploi est élevé aux yeux de Dieu! Que vous êtes heureux d'avoir été choisis pour un fonction si noble! – Mais si nous voulons gagner les enfants à Dieu, si nous voulons coopérer à leur salut avec Jésus-Christ, il faut, à l'exemple de cet aimable Sauveur, sacrifier nos travaux, nos soins, nos forces, notre santé, et, s'il est nécessaire, notre vie même. – Le sa lut d'une âme ne s'achète pas à un moindre prix : cela se comprend, puisque cette âme a coûté le sang e la vie d'un Homme-Dieu. -Aussi le zèle vraiment généreux ne recule devant aucun sacrifice : il saisit toute les occasions d'être utile aux enfants ; il se fait tout à tous ; il prend tous les moyens, toutes les formes, pou procurer leur salut. J'entends quelquefois des Frère qui disent que la classe est trop pénible et qui désirent en être déchargés ; s'ils connaissaient le prix des âme et combien il est agréable à Dieu de contribuer au salut d'une seule, cinquante ans de classe ne leur coûteraient rien pour mettre un seul enfant dans la voie du salut. (II.-20). 

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Tels sont, M. T. C. F., les maximes et les exemple que nous a laissés notre vénéré Fondateur, et que nous trouvons à toutes les pages de sa Vie, comme vous avez pu le remarquer vous-mêmes en la lisant. Tâchez de le graver de plus en plus dans votre esprit, en repassant, dans l'occasion, les chapitres qui sont indiqués dans les divers articles de cette Circulaire. Elle pourra vous servir comme de répertoire ou de tableau synoptique, lorsque vous désirerez voir ce que notre bon Père a fait et enseigné sur le sujet que vous voudrez étudier et méditer plus particulièrement, selon l'état ou les dispositions où vous pourrez vous trouver dans les diverses époques et circonstances de votre vie ; afin de vous montrer en tout et,partout les fidèles imitateurs de celui dont Dieu s'est servi pour créer la Congrégation dont nous avons le bonheur d'être membres.

 L'Apôtre saint Paul engageait les premiers chrétiens à conserver soigneusement le souvenir des vertus et des instructions de ceux que Dieu leur avait donnés pour leur annoncer sa sainte parole et les diriger dans les voies du salut, ci) considérant leurs travaux, leur vie et leur heureuse fin et à s'efforcer d'imiter leur foi vive et leur constance inébranlable dans tout ce qu'ils ont fait et souffert pour la propagation du règne de Jésus-Christ et le salut des âmes. (Hébreux, 13.) Je vous adresse aujourd'hui les mêmes exhortations. Lisez et méditez attentivement la Vie et les maximes de notre pieux Fondateur ; gravez-les dans votre esprit et dans vos cœurs qu'elles soient toujours le modèle et la règle de votre conduite : et que le 1 Ivre qui les contient demeure comme attaché à vos mains, selon l'expression de la Sainte Ecriture. (Deuter. 11.) Faites-y de temps en temps votre méditation et votre lecture spirituelle. Vous y trouvez en abrégé la Règle, les Constitutions, le Guide, le Manuel de piété et tous les auteurs ascétiques dont la lecture vous est recommandée (Règles communes (P. C. 9.) Et en faisant tout cela, M. T. C. F., imaginons-nous que notre vénéré Père nous adresse du haut du Ciel, ces touchantes paroles du même Apôtre à son cher disciple Timothée : Proposez-vous pour modèles les saines instructions que vous avez entendues de moi, touchant la foi et la charité qui est en Jésus-Christ ; et gardez fidèlement, par le Saint-Esprit, qui habite en vous, le précieux dépôt qui vous a été confié. Vous savez maintenant quelle est ma doctrine, quelle est ma manière de vie, quelle est la fin que je me propose, quelle est ma foi, ma tolérance, ma charité et ma patience, quelles ont été les persécutions et les afflictions qui me sont arrivées, et comment le Seigneur m'a secouru et délivré de toutes. (11.Tim., 1. 3.)

 Oui, M. T. C. F., marchons constamment sur les traces de notre bien-aimé Père ; que toutes nos pensées, nos paroles et nos actions soient une image fidèle et comme une reproduction des siennes ; afin que tout le monde nous reconnaisse pour ses disciples et ses enfants. C'est ainsi que nous perpétuerons son œuvre, que nous accomplirons le bien qu'il s'est proposé, et que nous ferons la joie de son cœur, qui à ce sujet, comme en tant d'autres circonstances, éprouvera les sentiments que le Disciple bien-aimé exprimait à son cher Caïus, en ces termes : Je n'ai point de plus grande joie que d'apprendre que mes enfants marchent dans la vérité de I'Evangile et la sainteté de leur profession. (III. Jean, 4.) – Sa vie sera donc pour nous comme une lumière continuelle qui éclairera notre intelligence, et une vive flamme qui embrasera notre volonté, pour nous faire avancer dans la pratique des vertus et acquérir la perfection de notre état. – Et de son côté, ce bon Père s'intéressera d'autant plus en notre faveur auprès de Jésus et de Marie, qu'il nous verra plus appliqués à l'imiter, à prendre son esprit et à faire tout ce qu'il désire de nous. – Oh ! que d'heureux jours, que d'heureuses années, quels trésors de mérites et quelle belle couronne nous procurera une pareille conduite. C'est ce que je vous souhaite du fond de mon cœur, en retour des sentiments et des vœux que vous m'exprimez dans vos chères et affectueuses let­tres ;c'est aussi ce que je ne cesse de demander pour vous au Seigneur dans toutes mes prières (Ephés., I) ; afin que vous soyez parfaits et accomplis en toutes choses, et qu'il ne vous manque rien pour arriver à la gloire qui doit être votre récompense. (Jacq., 1.) 

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J'ai pensé, M. T. C. F., que vous verriez avec intérêt, à la suite de cette Circulaire, un état de l'Institut, c'est-à-dire le tableau de tous les Etablissements que nous avons actuellement, avec le nombre des Frères qui y sont employés et celui des enfants qui fréquentent nos écoles. Ce sera pour vous tous, je n'en doute pas, le sujet d'une douce consolation, d'une sainte joie et d'une grande confiance, de voir que vous êtes associés déjà à un si grand nombre de pieux et fervents Religieux qui suivent la même Règle, qui font les mêmes prières, les mêmes exercices, et aux mêmes heures. Vous prendrez aussi de là occasion d'être bien exacts et ponctuels en tout, pour ne pas manquer au rendez-vous général ; afin que la Sainte Vierge voie tous ses enfants en exercice, en même temps, selon la Règle, et qu'ainsi la place de chacun soit toujours marquée en son lieu. – La même considération vous servira encore pour exciter la ferveur et l'émulation parmi vos enfants, en leur rappelant de temps en temps combien est nombreuse la famille confiée à nos Frères. – En effet, quand au commencement d'un exercice, vous leur direz: Nous allons faire cette prière, réciter ce chapelet, en union avec tant d'enfants qui fréquentent nos Ecoles, et qui vont prier en même temps que nous ; certainement ils en seront touchés, et portés à prier avec une nouvelle ardeur. Ils feront alors de nouveaux efforts pour se tenir recueillis, et pour se mettre en état de participer abondamment aux grâces et aux faveurs que Notre-Seigneur prodigue à tous ceux qui se réunissent ainsi pour prier en son nom. (Matth.,18). Et quelle consolation de penser que dans ce nombre, il y a tant d'âmes saintes, pieuses, innocentes dont la prière est comme une flamme ardente, un encens d'agréable odeur en la présence de Dieu ! – Vous savez ce que Jésus-Christ répondit aux Princes des prêtres, au sujet des enfants qui chantaient dans le temple : Hosanna au Fils de David ! (Matth., 21). Vous vous estimerez donc heureux vous-mêmes d'unir alors vos prières à celles de tous ces enfants pour être plus facilement et plus promptement exaucés. 

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ÉTAT DE L'INSTITUT

      DES PETITS FRÈRES DE MARIE 

ANNÉE 1856-57. 

Maisons de Noviciat. 

   Frères et Postulants.

 

Notre-Dame de l'Hermitage sur St. Chamond.                                                200

Saint-Paul-trois-Châteaux.                                                                              100

La Bégude, près Aubenas.                                                                                70

Beaucamps, près Lille.                                                                                       50

Le Noviciat de Hautefort est encore peu développé.

 

 

 

Départements

  Ecoles

Frères enseignants

Enfants

Loire

53

200

9400

Rhône.

33

132

5000

Isère.

28

102

4600

Ain

6

29

1160

Allier

6

19

850

Nièvre

2

7

270

Saône et Loire

16

56

2700

Puy de Dôme

3

11

440

Haute Loire

2

10

360

Vaucluse

15

48

2600

Ardèche

43

139

6100

Drôme

21

57

2900

Gard

23

75

4100

Bouches du Rhône

10

30

1600

Var

11

41

2100

Hérault

3

10

360

Nord

13

44

2260

Pas de Calais

7

60

1400

Oise

4

19

650

Somme

1

3

120

Aisne

1

3

110

Seine

1

4

200

Dordogne

2

9

240

Gironde

1

4

130

Lot et Garonne

1

3

70

Belgique

1

4

80

Angleterre

1

4

200

Océanie

4

14

‘’’’

TOTAL

312

1.536

50.000

 

 

L'accroissement prodigieux et le développement extraordinaire de notre Société sont sans doute pour nous un grand sujet de joie et un puissant motif d'encouragement. Mais le nombre et l'importance des demandes qui nous viennent de toutes parts et que nous ne pouvons remplir, la désolation de MM. les curés qui se voient frustrés de leur espérance de fonder des Etablissements qui leur ont coûté tant de peines et de sacrifices, les populations qui nous appellent, les dangers que courent les enfants abandonnés, ou ce qui est pire encore, confiés à des instituteurs qui les scandalisent : tout cela est bien capable de nous affliger, d'exciter notre zèle pour favoriser les vocations et de nous porter à employer tous les moyens qui sont en notre pouvoir pour procurer de bons sujets à l'Institut. Je vous engage donc à continuer de faire ce qui dépend de vous pour cela, comme je vous l'ai déjà souvent recommandé, spécialement dans la Circulaire de l'an passé. – Il est vrai que votre zèle et vos soins n'ont pas été stériles, et que nous avons eu la satisfaction de voir arriver dans nos Maisons de Noviciat un bon nombre d'excellents sujets qui nous donnent les plus heureuses espérances ; mais c'est encore le cas de dire comme les apônôtres au sujet des cinq pains dans le désert (Jean, 6). : Qu'est-ce que cela pour soutenir tant d'établissements qui sont déjà fondés? Qu'est-ce que cela pour remplir tant de demandes qui nous sont faites? -Prions donc le Seigneur de multiplier de plus en plus les ouvriers pour sa moisson qui est si grande et toute prête à recueillir : nous aurons une part abondante aux travaux des sujets que nous lui aurons procurés. (Matth. 9.-Jean, 4).

 Je recommande spécialement à vos prières ceux d'entre  nos Frères qui sont décédés depuis notre Circulaire du 21 juin 1856, et dont voici les noms :

 F. Célien, Profès, décédé à Saint-Paul-trois-Châteaux, le 23 juin.

F. Maximilien, Profès, décédé à l'Hermitage, le 28 juin. F. Martien, V.-O., décédé à       Beaucamps, en juin.                 

F. Bénilde, Novice, décédé dans sa famille, le 12 juillet.

F. Auré, Profès, décédé à Saint-Paul-trois-Châteaux, le 18 juillet.

F. Renobert, Profès, décédé à La Bégude, le 27 août.

F. Illuminé, V.-O., décédé à Saint-Paul-trois-Châteaux, le, 6 septembre.

Jean-Pierre Martinand, Postulant, décédé à l’Hermitage, le 14 septembre.

F. Guislin, V.-O., décédé à Saint-Paul-trois-Châteaux, le 20 octobre.

F. Aphrodise, Profès, décédé à Breteuil-sur-Noye, le 21 octobre.

F. Marie-Attale, Novice, décédé dans sa famille, le 27 octobre.

F. Attale, V.-O., décédé à l'Hermitage, le 11 novembre.

F. Héliménas, V.-O., décédé à Saint- Didier-sur-Chalaronne, le 21 novembre.

F. Jude, V.-O., décédé à l'Hermitage, le 3 novembre.

F. Licard, V.-O., décédé à Beaucamps, le 15 décembre.

 

Vous voyez, M. T. C. F., que la mort fait chaque année des vides dans nos rangs ; et quoique nous ne doutions­ pas que nos chers défunts ne nous soient toujours très attachés, et ne s'intéressent d'une manière toute spé­ auprès du Seigneur pour la prospérité de l'Institut, néanmoins nous avons besoin de les remplacer sur la terre pour continuer l’œuvre à laquelle ils s'étaient dé­voués. Tâchons donc de faire de notre côté tout ce que nous savons qu'ils désirent et demandent de nous. Que le souvenir de leurs vertus, de leur sainte vie et de leur heureuse fin, nous anime à les imiter, afin qu'après avoir partagé leurs peines et leurs travaux en cette vie, nous ayons le bonheur de participer à leur félicité et à leur gloire dans le ciel.

 La présente Circulaire sera lue en Communauté à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

 Je vous renouvelle tous mes sentiments d'estime, d'affection et d'attachement et je vous embrasse tous en esprit dans les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie.

 Votre très humble et très dévoué Frère et serviteur,

      F. François.

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