Circulaires 63

François

1857-12-08

 063

51.01.01.1857.3

1857/12/08

 V. J. M. J.

Notre-Dame de l'Hermitage, le 8 décembre 1857. Fête de l'Immaculée -Conception.

      Mes Très Chers Frères,

 Dieu, en appelant Marie à l'honneur de la Maternité divine, l'a appelée, en même temps, à partager avec son divin Fils toutes les humiliations de la crèche à Bethléem, toutes les douleurs de l'exil en Egypte, toutes les privations et tous les travaux de la vie pauvre et cachée à  Nazareth ; enfin, tous les opprobres et tous les tourments de la Croix sur le Calvaire. Aussi, a-t-il voulu qu'elle donnât son consentement au grand mystère de l'Incarnation, avant que l'Esprit-Saint formât dans ses chastes entrailles le corps sacré du Verbe fait chair.

 De même, en nous appelant, dans la vie religieuse, selon le sentiment des Saints, à la triple couronne de la virginité, de l'apostolat et du martyre, il nous a. appelés à toutes les privations, à tous les travaux et à tous les sacrifices dont elle doit être le prix. Aussi, nous a-t-il été donné, comme à Marie, de mesurer nos sacrifices aux promesses qui nous étaient faites, et d'accepter librement la rigueur passagère de l'épreuve, pour nous assurer les richesses éternelles de la récompense.

 Aujourd'hui donc que notre choix est fait, et que nous avons promis de partager les afflictions des serviteurs de D eu, plutôt que de jouir des plaisirs passagers du péché, il nous est plus permis de balancer ni de regarder en arrière. Comme Marie, nous avons choisi la pauvreté et les opprobres de Jésus-Christ, préférablement aux richesses et à toutes les vanités du monde ; comme elle, il faut que nous ayons tout le courage, toute la générosité, toute la constance que suppose et que demande une si sainte détermination. Dégageons-nous, dit saint Paul, de tout ce qui nous appesantit, et des liens du péché qui nous serrent, et courons, par la patience, dans cette carrière qui nous est ouverte, jetant les yeux sur Jésus, l'auteur et le consommateur de notre loi, qui, au lieu de la vie tranquille et heureuse dont il pouvait jouir, a souffert la Croix, en méprisant la honte et l'ignominie. (Heb., XII, 1,2.)

 C'est pour vous soutenir, M. T. C. F., dans cette voie sainte où vous êtes entrés ; c'est pour exciter de plus en plus ce courage et cette générosité qui vous ont fait embrasser la perfection évangélique, que je Veux vous porter aujourd'hui à la sainte joie, à la confiance absolue que doivent nous inspirer et la bonté du Maître tout puissant que nous servons, et le souvenir des biens infinis, des secours surabondants que nous possédons en Jésus-Christ.

 I. Notre confiance en Dieu, vous le savez, M. T. C. est fondée sur son ineffable bonté, sur ses infaillibles promesses, sur sa toute-puissance et sur les mérites infinis de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Or, dit le Psalmiste, ceux qui se confient dans le Seigneur, sont fermes comme une montagne. (Ps. 124). Le Seigneur, ajoute l'Ecclésiaste, est la protection puissante de ceux qui le craignent, et l'affermissement de leur force ; il les soutient, afin qu'ils ne tombent pas ; il les assiste, s'ils sont tombés ; il élève leur âme et éclaire leurs yeux ; il leur donne la santé, la vie et la bénédiction. (Eccl., 34).Voilà la bonté paternelle de la Providence de Dieu sur ceux qui le servent. Ses yeux sont sur eux, ils n'auront point de peur, parce que Dieu même est leur espérance. On peut les comparer à un rocher placé au milieu de la mer, que toute la furie des vents et toute la fureur des eaux ne peuvent ni détacher de sa base, ni même ébranler. Plein de cette confiance, le Roi-Prophète s'écriait : Le Seigneur est mon soutien, je ne crains pas ce que pourra me faire un homme de chair. Le Seigneur est avec moi, le mépriserai mes ennemis. (Ps. 117.)Le Seigneur est ma lumière et mon salut : que pourrai-je craindre? Le Seigneur est la protection de ma vie, qui me fera trembler? (Ps. 26).Quand je marcherais au milieu des ombres de la mort, quand je verrais des armées entières fondre sur moi, je ne craindrais aucun mal, parce que vous êtes avec moi, ô mon Dieu: (Ps. 22.)Voilà jusqu'où s'élève cette espérance, cette ferme confiance, lorsqu'elle est fortement enracinée dans l'âme: les sentiments qu'elle lui inspire et les heureux effets qu'elle produit en elle. Basée sur ce fondement inébranlable, notre confiance ne saurait être portée trop loin. De même, dit Saint-Jure, que Dieu, a raison de sa véracité infinie, mérite une croyance en quelque sorte infinie; de même, à raison de sa puissance, de sa bonté et de la souveraine infaillibilité de ses promesses, il mérite une confiance infinie.

 Il. Mais le grand, le suprême motif de notre confiance, celui qui renferme et qui domine tous les autres, c'est Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ ; c'est le Fils de Dieu lui-même auquel, par un amour infini du Père, nous sommes unis d'une manière aussi ineffable que mystérieuse. Ce Fils adorable, étant Dieu et homme, un avec le Père, réunissant en sa personne tous les attributs et toutes les perfections divines et humaines, et nous étant ainsi donné, il s'ensuit qu'en lui nous avons des richesses et des trésors inépuisables.

 C'est en Jésus-Christ, dit saint Bernard, que nous trouvons tout ce que nous pouvons et devons désirer : il nous est tout en toutes choses ; parce qu'il nous a été donné à tous pour être notre sagesse, notre justice, notre sanctification et notre rédemption. (1. Cor., 1.) Ainsi, nous trouverons toujours en cet aimable et adorable Sauveur, toutes les lumières, toutes les forces, tous les secours dont nous avons besoin, dans tous les états de la vie.

 C'est donc, en toute vérité, M. T. C. F., que le grand Apôtre a pu dire : Je puis tout en celui qui me fortifie. (Philip., 4.) Et ce qu'il dit, nous pouvons et nous devons le dire nous-mêmes ; c'est l'Esprit-Saint qui nous l'assure par ces paroles de l'Apôtre et en mille autres passages des Saintes Ecritures. Oui, nous pouvons tout, nous avons tout en celui qui nous fortifie, c'est-à-dire en Notre-Seigneur Jésus-Christ.

 III. Mais, afin de bien nous rendre compte de toute la confiance que nous sommes en droit de placer en Notre-Seigneur, et de mieux pénétrer le sens profond des paroles du saint Apôtre, faisons ici quelques réflexions propres à éclairer notre intelligence, et à vivifier notre foi sur cette consolante vérité.

 1°Par notre union à Notre-Seigneur Jésus-Christ, nous pouvons tout dans les choses essentielles au salut, c'est-à-dire que nous pouvons prier, et par là même, vaincre nos passions, les démons et le monde : car, comme Jésus-Christ a vaincu le monde, qu'il a triomphé de la mort et de l'enfer. il nous a mérité la grâce d'en triompher nous-mêmes avec lui. Quelles que soient donc la force des tentations qui nous assaillent, la puissance des exemples qui tendent à nous entraîner, et la rage des démons qui cherchent à nous séduire, il est de foi que nous pouvons toujours triompher de tous ces ennemis, par la grâce et la vertu de ce divin Sauveur.

 2° Nous pouvons tout pour la fin et le but de notre vocation, c'est-à-dire, que, malgré tous les obstacles, nous pouvons avancer dans la perfection et atteindre le degré de vertu auquel nous sommes appelés, observer nos Vœux, garder nos Règles, procurer la gloire de Dieu, instruire et édifier les enfants, gagner des âmes à Dieu.

 Quoi de plus consolant et de plus propre à nous encourager que cette pensée : Dieu qui m'appelle à suivre cette vocation, Dieu qui veut que j'y exerce tel emploi, que dans cet emploi j'obtienne tel succès, que, par suite, j'arrive à tel degré de perfection, réglée et déterminée par sa volonté sainte, Dieu, dis-je, qui veut que j'atteigne cette fin, met assurément à ma disposition tous les moyens, tous les secours qui me sont nécessaires pour remplir ses desseins : je n'ai qu'à y être fidèle, et je suis sûr du succès, selon qu'il entre dans ses vues adorables et toujours souverainement miséricordieuses.

 3° Enfin, par notre union avec Jésus-Christ, nous pouvons tout dans les peines, les revers, les afflictions, les souffrances et les persécutions qui nous sont ménagés par la Providence. Cette troisième signification des paroles de l'Apôtre, est encore très consolante, M. T. C. F. Nous y trouvons un puissant motif d'encouragement dans les peines et les traverses que nous avons à supporter en ce lieu d'exil. L'esprit de foi nous révèle que ceux qui sont soumis à de plus grandes épreuves et qui s'y plaisent en Notre-Seigneur, sont aussi appelés à une plus grande perfection et par suite à une plus grande gloire : car, selon la pensée de saint Augustin, l'amour des souffrances et des persécutions suppose un état parfait. C'est alors qu'on peut s'écrier avec saint Paul : Rien ne pourra jamais me séparer de l'amour de Jésus Christ ; ayant éprouvé de tout, je suis fait à tout : au bon traitement et à la faim, à l'abondance et à l'indigence, aux revers comme aux succès ; je sais supporter la vie pauvre et abjecte, la vie dure et pénible, sans tomber dans l'abattement et le découragement ; je sais user de l'abondance, de la paix et du succès, sans m'élever ni m'enorgueillir. Par le secours de Dieu, je sais pratiquer les vertus convenables à ces deux états différents, qui se partagent notre existence ici-bas, c'est-à-dire, la patience dans le mépris et l'adversité, la modération et la reconnaissance dans l'honneur et la prospérité.

 IV. Mais n'oubliez jamais, M. T. C. F., que c'est dans notre union à Notre-Seigneur que nous trouvons tous les biens et tous les avantages dont nous parlons.

    Par le grand mystère de l'Incarnation, le Verbe s'est fait chair (S. Jean, 1) et la chair a été faite Verbe ; Dieu est devenu homme, et l'homme est devenu Dieu. Tout ce qui se dit de Dieu, se dit aussi de l'humanité unie à la Divinité en Jésus-Christ ; et, quoique cette gloire sou­veraine ait été communiquée spécialement et propre­ ment à l'humanité particulière que le Verbe a unie à sa personne divine, elle rie laisse pas de s'étendre et de répandre son influence et ses divins rayons sur toutes les autres, c'est-à-dire sur tous les hommes, et sur chacun­ de nous. Dieu, dit saint Paul, avait résolu d'opérer celle merveille pour la gloire de tous. Notre-Seigneur, dans le Livre des Cantiques, appelle fréquemment l'âme sa sœur, et il permet à celle-ci de lui donner le doux nom de frère (Cant.,4, 8.) Dans son évangile, nous lisons qu'il dit à Magdeleine : Allez, et dites à mes frères. (Jean, 20.) Or, Notre-Seigneur, la vérité même, ne donne point un vain titre à ses apôtres et à l'âme fidèle ; il n'y eut jamais en lui de parole qui n'exprimât une vérité positive. Nous sommes donc vraiment les frères de Jésus-Christ, Oui, chacun de nous peut dire, avec amour et confiance je sois uni , Jésus-Christ, au point qu'il est mon frère. « Connaissez votre dignité, ô chrétiens, S'écriait à ce sujet le grand saint Léon, vous êtes participants de la nature divine, vous êtes un avec Notre-Seigneur, sachez donc vous en prévaloir et ne dégénérez pas d'une si haute noblesse. »

 Comment avec cela manquerions-nous de quelque chose? Comment ne jouirions-nous pas des richesses infinies de notre adorable Père, avec Jésus-Christ et par Jésus-Christ, son Fils bien-aimé, notre frère, en qui nous avons et nous pouvons tout !

 « Avez-vous besoin de lumière, dit saint Ambroise, Jésus-Christ est la lumière éternelle. Je suis, dit-il, la lumière du monde, celui qui me suit ne marche point dans les ténèbres. (Jean, 8.) Est-ce la force qui vous manque? continue le même Saint, êtes-vous dénués de secours? Jésus-Christ est la force et la puissance mêmes. Si vous désirez la guérison de vos blessures, il est un tout-puissant médecin , si la fièvre des passions vous brûle, il est la fontaine d'eau vive ; si vous manquez de nourriture, il est le pain de vie,si vous voulez aller au ciel, il en est la voie.»

 Oh ! M. T. C. F., que nous aurions raison de nous adresser souvent les paroles que Notre-Seigneur lui-même adressa à la Samaritaine : Si vous connaissiez le don de Dieu ! (Jean 4). Oh! si nous le connaissions ce don suprême, ce don, le résumé de tous les dons ! Comme nous nous écrierions alors avec conviction : Oui, je puis tout en Celui qui me fortifie ; je ne crains rien, Jésus est avec moi. Je compte, et j'ai droit de compter sur son secours, sur l'appui (le mon Dieu, de mon Père, de mon tout. Uni à lui,je suis tout-puissant de sa toute-puissance même.

 C'est surtout dans la sainte communion, M. T. C. F., que cette union avec Notre-Seigneur, qui doit faire toute notre force et tout notre bonheur, se trouve merveilleusement consommée. Et comme nous avons l'immense avantage de nous approcher fréquemment de ce sacrement auguste, de nous nourrir de cette substance divine, il nous importe au plus haut point d'être bien instruits sur les heureux effets qui résultent de ces intimes communications avec notre Dieu. Là, en effet, se trouve, ce trésor caché que nous devons considérer comme le nôtre ; là sont les motifs les plus puissants à une confiance sans borne, à une confiance inébranlable,

 Ma chair, dit Jésus-Christ, est véritablement une viande et mon sang est un véritable breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et je demeure en lui. Comme je vis par mon Père, de même celui qui me mange vivra par moi. (Jean, 6.) Par ce mystère, un Dieu vient et demeure en nous ; dès lors, nous vivons par Dieu même : car c'est Dieu qui se donne à nous, qui se donne tout entier, et qui se donne comme nourriture. Il se donne d'une manière absolue et sans réserve, non pas seulement, comme dans le mystère de l'Incarnation, à la nature humaine en général ; mais à chacun de nous, d'une manière plus ineffable encore. Que pourrait donc refuser celui qui se donne pour nourriture, c'est-à-dire, précisément pour satisfaire à tous nos besoins ! (Rom., 8) car, de même que la nourriture matérielle fournit à toutes les nécessités de la vie corporelle, de même aussi cette nourriture céleste satisfait à tous les besoins de la vie spirituelle et surnaturelle de l'homme. Saint Basile et saint Ambroise disent que, comme la Divinité unie à l'Humanité de Jésus-Christ a rendu cette Humanité sainte et impeccable, puisqu'elle a fait que toutes ses pensées, toutes ses paroles, toutes ses actions, même les plus petites ont été souverainement parfaites et d'un prix infini; ainsi, la Divinité et l'Humanité de Notre-Seigneur s'unissant à celui qui a le bonheur de s'en nourrir, le sanctifient, l'ennoblissent, et lui procurent une source inépuisable de lumières, de forces et de grâces, qui lui donnent tout pouvoir de mener une vie innocente, sainte et toute divine.

 Méditons souvent, M. T. C. F., ces trésors infinis de richesses spirituelles que nous possédons en Notre-Seigneur, et nous ne nous effrayerons jamais ni de la grandeur des devoirs que nous avons à remplir, ni de la violence des tentations que nous avons à vaincre, ni de tous les sacrifices que la vie religieuse nous impose. Mais ayons soin de nous tenir constamment unis à lui par l'amour et par la confiance. Faisons la guerre au péché, seul obstacle à cette divine union ; au péché véniel qui la gêne, l'entrave et tend à la détruire ; au péché mortel qui la ruine totalement et nous expose à ne la renouer jamais. Rapprochons-nous chaque jour et le plus près possible de ce divin Sauveur, par la méditation et la participation de sa vie, de ses souffrances et de sa mort ; par la communion de ses divins mystères ; par la vertu et la force de son divin esprit; par l'imitation constante de sa pauvreté, de sa pureté, de son obéissance, de son zèle pour le salut des âmes et de toutes ses vertus. Ainsi, nous répondrons à la sainteté de notre vocation, et nous mériterons la triple couronne de la virginité, de l'apostolat et du martyre, promise, dit saint Liguori, à tout religieux, qui, en travaillant de toutes ses forces à sa propre sanctification, se dévoue au salut de ses frères en les instruisant des vérités de la Foi.

 L'Institut[1]a fondé vingt-six nouveaux Etablissements dans le courant de 1857 : Soucieu-en-Jarez (Rhône) ; Violay (Loire) ; Cluny, Blanzy, Saint-Vallier, Montceau-les-Mines, Sanvignes (Saône-et-Loire) ; Oyonnax (Ain) ; Laprugne (Allier); Moirans, Saint-Clair (Isère) ; Le Pontet, Châteauneuf-du-Pape, Sarrians (Vaucluse); Beausemblant (Drôme); Saint-Maximin (Var) ; Burzet, Saint-Etienne-de-Lugdarès, Saint-Martin-de-Valamas, Le Pouzin, Valvignère (Ardèche); Haspres, Wavrin (Nord) ; Villéréal  (Lot-et-Garonne); Fauquemberque (Pas-de-Calais).

 Deux Frères sont partis pour les Missions de l'Océanie, Frère Emeri et Frère Augule.

 Ces nouveaux Etablissements, avec l'augmentation du personnel de plusieurs Maisons et les vides qui se sont faits dans nos rangs par la mort ou autrement, nous ont pris près de deux cents Frères. C'est vous dire tout le désir et tout le besoin que nous avons de voir nos Maisons de Noviciat se recruter de plus en plus de bons sujets. Je vous engage de nouveau à mettre un zèle tout particulier à favoriser les vocations dans les Paroisses où vous êtes employés ; mais n'oubliez pas que le meilleur moyen de les faire naître et de les multiplier, c'est de faire aimer et estimer notre saint état par une vie exemplaire et vraiment religieuse.

 Nous sommes dans la nécessité de faire un nouvel appel à toutes les Maisons de l'Institut, pour couvrir nos dépenses de construction, sans recourir à de nouveaux emprunts. Comme les travaux s'achèvent, c'est le moment où tous les comptes doivent être réglés ; nous n'avons que jusqu'à la fin du mois de janvier prochain pour les solder.

 Je vous engage donc tous à faire un nouvel effort,pour nous venir en aide dans cette circonstance. Mon intention est que chaque Etablissement verse cinquante francs par Frère, dans ce mois, ou dans le suivant. En avançant cette somme à la Maison-Mère, les Frères Directeurs nous épargneront des frais considérables qui ne profitent à personne.

 Ce secours d'ailleurs, grâce à Dieu, ne sera pas une surcharge pour vous, cette année ; vous le retrouverez et au-delà, sur la diminution du prix du pain et des autres dentées. Je compte donc que vous vous empresserez tous de nous le faire parvenir. Si vous êtes trop gênés en ce moment, vous tâcherez de faire agréer quelque retard à vos fournisseurs particuliers ; vous pourrez même vous faire avancer quelques fonds pour deux ou trois mois.

 Les versements se feront dans la Maison-Mère et dans les maisons de Noviciat. Si vous vous servez de la voie de la poste, par billets de banque ou autrement, ayez soin de bien cacheter et de bien adresser vos lettres, et même de les faire charger au besoin par le Directeur de votre bureau respectif.

 Les Frères Directeurs Provinciaux nous adresseront immédiatement les sommes qui leur seront remises ; on leur tiendra compte, sur le vestiaire, du surplus de cinquante francs par Frère, qui pourra être versé par chaque Etablissement particulier de la Province. 

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Dorénavant, les Frères qui auront à faire quelque voyage dans leur famille, nous enverront leur demande sur une feuille à part, comme pour les commissions, ayant soin d'en bien exprimer le motif et les raisons, afin que le Conseil, à qui ces sortes de demandes seront désormais soumises, puisse se prononcer avec connaissance sur la nécessité et l'opportunité du voyage.

 En vous donnant, comme de coutume, la liste de nos Frères décédés depuis notre précédente Circulaire, je vous rappellerai, M. T. C. F. F., ces paroles de la Sainte Ecriture, que notre pieux Fondateur aimait à nous répéter : Souvenez-vous de vos fins dernières, dans toutes vos actions, et vous ne pécherez jamais. (Eccl., 5.) C'était aussi le sujet ordinaire des conférences de saint Antoine avec ses Religieux. En effet, rien n'est plus propre que la pensée de la mort et de l'éternité pour nous faire surmonter avec courage, tout ce qui s'oppose à la pratique de nos obligations, et souffrir tout, plutôt que d'offenser Dieu. Je donnerais mille vies pour gagner l'éternité bienheureuse, disait une personne qui, touchée par la grâce, abandonnait le monde. Et saint Grégoire de Nazianze adressant la parole à son peuple : Vous venez de Dieu, rues frères, lui disait-il, vous êtes à Dieu, vous êtes polir Dieu, pour en être aimés et pour l'aimer éternellement, : allez donc à Dieu ; avancez toujours, volez à la vie éternelle. L'art de mourir saintement est d'une telle importance que, pour y réussir, il faut l'apprendre toute sa vie. N'oublions pas ces saintes maximes, en priant pour nos chers Défunts, et pensons qu'un jour aussi, et peut-être bientôt, on fera pour nous ce que nous faisons pour eux.

 P. Gonzalès, V.-O., décédé à Anduze, en juillet.

F. Térentien, Novice, décédé à Anduze, en juillet.

F. Jules, Profès, décédé à La Bégude, le 9 août.

F. Jacques, V.-O., décédé à Notre-Dame de l'Hermitage, le 6 septembre.

F. Des Anges, Novice, décédé au Grand-Lemps, le 11 octobre.

F. Bercaire, Profès, décédé à Hautefort, le 20 octobre. F. Polixain, V.-O., décédé à La   Bégude, le 26 octobre. F. Hermogène, Profès, décédé à La Bégude, le 2 novembre.

F. Stratonique, Profès, décédé à Saint-Genis-Laval, en novembre.

F. Pérégrinus, V.-O., décédé à Nantua, en novembre.

F. Jucundus, V.-O., décédé à Lapalud, en novembre.

Lambert, Postulant., décédé à Saint-Paul-trois-Châteaux, le 30 août.

F. Dèce, Profès, décédé à Saint-Paul-trois-Châteaux, le 11 septembre.

F. Epiphanie, V.-O., décédé, à Saint-Paul-trois-Châteaux le 9 octobre,

 Que la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ, l'amour de Dieu et la communication du Saint-Esprit soient toujours­ avec nous, afin que nous méritions d'avoir part au sort et à l'héritage des Saints, après avoir, comme eux, bien combattu, et remporté la victoire par Celui qui nous a aimés de toute éternité et en l'amour duquel je suis avec une affection bien cordiale,

Mes Très Chers Frères,

Votre très humble et très dévoué serviteur,

     F. François.

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[1] :  Il semblerait qu’il manque ici une liaison. N.D.L.R..

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