Discours sur l?enfer 4

Marcellin Champagnat

en St. Ma. ch.25.Retirez (vous) de moi, maudits, allez au feu Ă©ternel. .

Cette sentance de réprobation mêttra le comble au désespoir du malheureux pécheur. J.C., dune seule parole renversa les soldats qui venoient pour le saisir au jardin des olives. A si la majesté de lhomme Dieu fut si terrible dans un temps où il pa ressoit comme sauveur que sera ce, M. f. quand il paroitra et parlera en juge irrité et tout puissant et qui prononcera dune voix plus efrayante que les tonerres ces redoutables paroles: .? Retirez vous de moi, je ne vous conno is plus, ignum», retirez vous dans le feu, , retirez vous dans le feu éternel.

Quelle terrible situation, mes frères, de ce voir pour toujours séparé de Dieu pour être précipité dans un gouffre embrasé. Il faudroit connoitre Dieu comme nous le connoitrons après notre mort pour comprendre combien sera grand le supplice de la s éparation du pécheur davec son Dieu. Mais comme lespérance fut toujours la consolation du malheureux, si ce supplice nétoit pas éternel, le pécheur pourroit dire à la vérité: Je souffre de grands maux, mais ces maux finiront un jour.

Non, pécheur, il nen sera pas ainsi, cette consolation te sera anlevée, car, en même temps que tu éprouveras toute la violence des tourments, tu sauras que ces mêmes tourments doivent durer éternellement.

Enfin, pour ne pas vous retenir trop longtemps, je vais me borner Ă  vous dĂ©velopper, dans une simple expostition, cette sentence que Dieu prononcera au jour de ses vengeances: ; – retirez vous de moi, premier tourment que souffre le pĂ©cheur; ; – allez brĂ»ler dans un feu allumĂ© par les mĂ©chans, second tourment; ; – dans un feu qui brĂ»lera toute lĂ©ternitĂ©, troisième tourment.

Daignez, mhonorer de votre favorable attention.

Menacer le pĂ©cheur dĂŞtre sĂ©parĂ© de Dieu, cela paroit Ă©trange, car est-ce pour lui un supplice ? Ici bas il fait son possible pour sen Ă©loigner et tout ce qui peut len distraire est …

Regarder ce ciel et les plaisirs quy goûtent mes élus, écoutes les admirables concerts qui réjouissent la cour céleste. Cest ce que je taurois donné pour récompense de tes bonnes oeuvres; mais comme tu nas fait que des oeuvres de ténèbres, tu ser a privé de ce bien. Je devois être la récompense, mais puisque tu ne mas pas voulut obéir, je ne serai point ton Dieu: vester». Non, Dieu ne sera jamais pour toi quun ennemi irréconciliable et un vangeur tout puissant.

Tourment incompréhensible: lâme est sans cesse attirée par tout ce que Dieu a daimable et de parfait, et repoussée par tout ce que la haine et lindignation dun Dieu ont de plus épouventable.
. Non, comme nous lavons dit, en cette vie nous ne comprenons pas ce que cest que la perte de Dieu, mais le réprouvé comprends et ressent si cruellement la perte quil a faite, que si au milieux deces brasiers il pouvoit espérer de voir son Dieu et de le posséder une heure après chaque mille ans, il seroit content et souffriroit ses tourments avec consolation.

A quoi pensez vous lorsque vous perdez Dieu en perdant sa grâce par le péché mortel ? En qué pensáis cuando perdéis a Dios perdiendo la gracia por el pecado mortal? Pensez vous que cette nouvelle ingratitude sera peut-être cause que Dieu portera contre vous la terrible sentence de réprobation que vous avez peut-être déjà méritées tant de fois.

Et vous, âmes tièdes que faites vous lorsque par tant de fautes légères que vous traitez de bagatelles, vous vous exposez à tomber dans le péché mortel et à perdre Dieu ? Les damnés pleurent cette perte et vous y êtes insensibles. Les damnés voudroie nt retourner à Dieu, mais il nest plus temps, ils ne le peuvent plus. Vous en avez le temps et vous le pouvez, cependant vous ne le voulez pas, vous avez donc le coeur plus dur quun réprouvé. Cherchez Dieu dans le temps que vous pouvez le trouver; retournez à lui à présent quil vous en presse et quil menvoit pour vous en prier, dans leéternité vous ne le pourrez plus. Au rapport des St.Pères, la privation de Dieu est le plus grand supplice quéprouvent les réprouvés; néanmoins il ne est u n autre qui nest pas moins épouvantable, cest la peine du feu, sujet de mon second point.

En mille endroits les divines écritures font mention dun feu qui dévorera les malheureux réprouvés. Les Sts.Pères, les théologiens disent quelles parlent dun feu réel et miraculeux qui renferme tout supplice.

Nous ne connoissons point sur la terre dagent plus terrible que le feu et ce seroit le tourment le plus Ă©pouventable si on pouvoit le souffrir longtemps dans toute sa violence. Mais quelques instans de ce supplice suffisent pour faire expirer celui qui le souffre.

Supposons un criminel condamné à être brulé tout vif. Le voilà placé sur un bûcher entourré dun bois très sec et très combustible. A peine le feu est il allumé que la flamme sélève et lenveloppe de toute part.

Qui pourra se faire une idée de ce qua de violent cette première atteinte, mais elle ne peut durer. Le sentiment sémousse dabord et après quelque moment de douleur, le patient expirent. Supposons encore que Dieu fasse un miracle pour conserver l a vie à ce criminel au milieux du feu et quil souffre pendant un jour pour tout ce quil a éprouvé au premier abort.

Cette pensée, mes f. ne vous remplir elle pas defrois? Cependant allons plus loin: portons nos regards dans ces fournaises où lon fait fondre le verre ou le fer. Si quelquun y étoit jeté, à peine auroit il le temps de pousser un cri quil seroit mort.

Ce nest pas sur un bucher quil faut placer notre criminel, cest dans une fournaise capable de fondre une masse énorme de fer, que la force épouvantable agisse toute sur lui et quil soit forcée dy vivre comme le poisson dans leau. Malgré lépo uvante qui nous saisit, aprofondissons cette pensée, et faisons, sil est possible, une juste idée de ce que souffre ce malheureux quand nous en serons venu là nous naurons encore rien compris de ce que souffre un damné.

Feu miraculeux, il ny a point de proportions entre le feu de lenfer et celui des fournaises dont nous venons de parler. Les feux dici bas ne sont quune ombre, celui de lenfer est la réalité et fait souffirr tous les tourments.
Il faut également souffrir lâme dans toutes ses puissances et le corps dans tous ses sens. Il ny a point de supplice quun réprouvé nendure: . Jamais les hommes, quelque cruels quil aient été, nont rien inventé de pareil; mais ici cest un Dieu qui punit en Dieu et qui, dans sa fureur, emploit toute sa puissance: furore meo». Deut. Lesprit humain ne peut rien imaginer de plus horrible que la situation dun réprouvé.

Représentez vous des corps embrasés, infects, couvert de lèpre, de pourriture, plongés dans un gouffre de feu et de souffre brûlant, des corps vivans, déchirés, écorchés, disloqués, entassés les uns sur les autres, dont lodorat, la bouche, les yeux , tous les membres, tous les sens souffrent en particulier le plus violent supplice sans adoucissement et sans relache: . ibid.

Les cris quarrache aux réprouvés la violence des tourmens quils endurent sont si perçants quils seroient capables de faire fendre les rochers, leurs douleurs si cuisantes et si vives quune heure de ces tourmens est plus insuportable que vingt ans en ce monde de maladie la plus aigue. La puanteur de ces corps est si horrible quun seul seroit capable dinfester luniver.

Tout ce qui se présente à lui le tourmente, il ne voit que du feu, il navale que du feu, il ne respire que du feu, il ne touche que des objets pénétré de feu. Tout le remplit dhorreur et defrois, il ne voit que des figures hydeuses, des monstres horribles, de démons sous des figures épouventables. Il nentend que lamentations, hurlements, cris de rages, grincement de dent: . Grand Dieu quelle horrible situation !
Voilà lécueil fatal où vont aboutir les délices de ce monde. Voilà, dis-je, où viennent échouer les funestes plaisirs du voluptueux et projets que lambition seule a formée.

Qui ne frémira à la vue de pareils supplices ? Cependant tout ce quon en peut dire nest rien, car de même que la gloire est au-dessus de nos pensées, de même lenfer est au-dessus de notre intelligence. La désolation de lEgypte entière nest, dit lécriture que le doigt de Dieu, mais sagit il de punir Lucifer et les réprouvés toute sa puissance et toute la force de son bras y est employé.

Enfin, mes frères, pour éviter tant de malheurs quencourt le pécheur obstiné, commençons dès aujourdhui à changer de vie, mettons ordre à ntre conscience et à lexemple du grand ap-tre des Gentils, déclarons la guerre à notre ennemi capital qui est notre corps, réduisons-le en servitude, car, disoit ce grand ap- tre: Je chatie mon corps pour ne pas devenir un réprouvé. Je me suis réduit comme un prisonnier dans un désert, disoit St.Jer-m; de peur de tomber dans lenfer et de me perdre avec les mondains. Quelque pénible que soit la privation de Dieu et quelque insupportable que soit le tourment du feu, tout cela nous semble peu de choses en comparoison de léternité,

Le rĂ©prouvĂ© est tourmentĂ© en toutes sortes de manières, cependant le plus dĂ©sespĂ©rant de ses tourmens est de voir que tout ce quil souffre, il le souffrira toute lĂ©ternitĂ©: ; – le ver qui les ronge ne meurt point et le feu qui les dĂ©vore ne sĂ©teind point. Lap- tre St.Jean dans lap.e: la fumĂ©e de leur tourmens sĂ©lèvera dans les siècles des siècles.

Oui, vous venez de lentendre, cent années de souffrance passeront, mille passeront et lenfer ne fera que commencer. Il se passera cent mille et mille million dannées, de siècles et lenfer sera à commencer de nouveau.

Si Dieu faisoit connoitre à un réprouvé quil veut le délivrer de lenfer quand il se sera écoulé autant de siècles quil y a de gouttes deau dans la mer, de grains de sable sur les rivages, cette nouvelle lui causeroit infiniment plus de joie que n e pourroit vous en causer la nouvelle la plus avantageuse, car ce damné pourroit dire à la vérité: je souffre de grands maux, mais au moins mes tourmens finiront un jour. Mais il nen sera pas ainsi, car réellement autant de siècles sécouleront et l éternité restera encore toute entière: .

Réflechissez là dessus, pécheurs, mais réfléchissez y mûrment, car si vous ne changez de vie, la mort, lenfer, après votre dernier soupir, sera votre partage. Mais non, mes chers frères, quil nen soit pas ainsi, écoutons plut-t ce que nous dit le nfer: dedit abyssus vocem suam (Habac) Mais quelles leçons veut-il nous donner?

fonte: Après AFM. 134.0500

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