La reconnaissance

Marcellin Champagnat

Moise, après avoir passé la mer rouge, éleva un autel au Seigneur, et entonna un admirable cantique en action de grâces au Seigneur, pour nous apprendre, mes f., à ne recevoir aucun bienfait de Dieu, sans lui témoigner notre reconnaissance.

Est-ce ainsi, mes f., quon se comporte dans cette paroisse? Le contraire de ce que fit Moise narrive-t-il pas? car, dites-moi, sincèrement quel est le temps où le Seigneur est le plus offensé dans cette paroisse? Est-ce en temps dhiver, où tout le monde remplit ses devoirs de religion, ou assiste, pendant ce temps, beaucoup plus assidûment à la célébration des saints Mystères? Non seulement le dimanche, mais même la semaine, lEglise est à tous moments, fréquentée; et le dimanche elle ne dése mplit pas dune aube à lautre. Et cependant dans ce temps, il semble que le ciel est de bronze.

En hiver, qui est encore en temps, ce semble, crée pour châtier lhomme, on sempresse non seulement le dimanche, mais même la semaine, autour de nos confessionnaux, en hiver non seulement les femmes, mais encore les hommes. Le Seigneur veut-il faire des dons aux hommes, linstant même où ils reçoivent ces dons est le moment où il semble prendre à tâche de loffenser. Car, mes cher frères, est-ce quand on sème quon offense plus le Seigneur? Non, Mais le bon Dieu a-t-il fait parvenir à maturité la récolte, la-t-il conservée jusquau moment où il peut en jouir à leur aise; cest à-dire, à mesure quelle tombe entre ses bras.

Etrange et épouvantable ingratitude des hommes! Ils contemplent comment ils feront pour mieux offenser le Seigneur. Car, mes frères, nest pas vrai? Soyons de bon compte. Que le temps où vous achevez de retirer, de ranger les dons, que vous avez reçus gratuitement des mains du Seigneur, alors vous rassemblez vos amis, vos voisins, pour offenser, pour insulter celui qui vous a comblés de biens.

fonte: Après AFM. 134.32.00

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