Lettres Ă  Marcellin

Père Joseph Gauche

1839-11-27

Chavanay, le 27 novembre 1839.
Monsieur et cher confrère,
Je réponds à la lettre que le Frère François mécrivit il y a une dizaine de jours au sujet du Frère Laurent. Je vous dirai dabord que lorsque ce Frère partit pour lHermitage, à la fin de lannée scolaire qui vient de sécouler, on le prévint de vouloir bien se mettre en règle et se procurer le duplicata du brevet quil dit avoir perdu. Ce bon Frère nen a rien fait et se présente de nouveau sans cette pièce importante. Il se plaint que M. le Maire lui refusa sa signature pour le réclamer auprès de luniversité. M. le Maire ne refusa rien, mais il prétend que sa signature nest nullement nécessaire pour cela et le Frère Laurent demeura dans linaction. Il suit de là que lécole de Chavanay est censée vacante aux yeux de la préfecture et que notre précepteur ne pourra être autorisé à payer ni les Frères, ni le loyer de la maison quils occupent. Il suit encore de là quau premier jour M. le Préfet peut nous envoyer un instituteur de son choix, qui sans doute serait agréé parce que le Frère Laurent na pas du tout la réputation de capacité. Il est très possible que ce bon Frère ait laissé des regrets dans la Commune où il a passé. Je le regarde vraiment comme un saint garçon, mais il ne serait pas étonnant que les années eussent un peu affaibli sa capacité. Il convient lui même quil na plus de mémoire et que dun moment à lautre il oublie ce quil a dit et ce quil veut faire. Cependant on prendrait encore patience peut-être quelque temps; mais jappréhende trop que la préfecture ne nous envoie un laïc quil ne serait pas facile de déraciner ensuite et de voir anéanti un établissement qui ma coûté tant de fatigues.
Ne serait-il pas possible, pour couper court à tout, de le mettre dans une autre commune, dans celle par exemple où il est connu si avant si avantageusement et, en faisant un échange, nous envoyer à sa place un Frère qui eût toutes les pièces en règle? Dici à un mois les rôles du précepteur seront clos. Il serait donc de la dernière importance dy passer de suite et de vous en occuper activement. Je vous prie et vous conjure de ne pas laisser tomber une oeuvre qui a été une de vos premières, qui depuis plusieurs années nous donnait ainsi quà vous même la plus juste consolation. Vous voyez clairement que ce nest pas la Commune qui se refuse au traitement, mais que cest le Frère qui nest pas en règle pour la percevoir. Jattache la plus grande importance à ce que vous vouliez bien ne pas perdre de vue cette affaire et je vous en conserverai la plus vive reconnaissance.
Agréez, Monsieur et cher confrère, les sentiments affectueux de votre très humble et obéissant serviteur,
GAUCHE, Curé.

fonte: AFM 129.72

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