Lettres Ă  Marcellin

Père Augustin Revol

1839-12-22

Bougé-Chambalud, le 22 décembre 1839.
Monsieur le Supérieur,
Nous sommes joyeux, on ne peut plus, de larrivée des bons Frères que vous avez eu la bonté de nous accorder. Ce qui nous a inquiété un moment cétait que lallocation que la Commune avait faite des 400, à donner pour le moment à titre de gratification et des 200 francs pour une portion du traitement des Frères, ne put espérer au gré du Conseil municipal. Mais lerreur reconnu, nous toucherons dans quelque lieu cette somme. Jai emprunté 400 francs pour remplir la promesse que je vous avais faite comptant les retrouver sur lallocation. Je les remets au Frère Visiteur comme vous me lexprimez dans votre lettre. Je désire que, pour quils me soient restitués par la Commune, vous men en-voyez le reçu, cest-à-dire, reçu 400 francs de mes mains, à compte sur les 800 francs votés par le Conseil municipal pour frais de fondation à la Maison-Mère de lInstitut.
Quoique le traitement annuel doit seffectuer à lavenir par les 16 000 francs donnés à cet effet, comme ce nest quau bout de lannée que nous retirerons les revenus de cette somme, nous allons nous trouver un peu dans la gêne pour faire face au 1000 francs de cette année. Nous avons donc 180 et quelques francs pour le moment, les 200 votés doffice. Mais je pense que par les dons en denrées des habitants les bons Frères pourront se suffire. Je ferai ce quil sera en mon pouvoir pour quils ne manquent de rien. Comme javais attendu jusquà lépoque de leur arrivée pour lachat du mobilier, il nous a été impossible de nous procurer ces huit jours de tout ce qui est requis dans le détail du mobilier, à cause de léloignement des villes, mais jy pourvoirai sous peu. En attendant, par des emprunts, je les pourvoie du nécessaire. Ils ont cependant à eux tout le linge, une partie des ustensiles de cuisine et autres objets. Dans quinze jours ils auront le tout, je lespère. Mais avec 1000 francs nous ne pourrons faire face à la dépense des livres. Car déjà je suis obligé dacheter de mon argent la poêle, une montre quils ont demandée, sans comprendre 200 francs qui se dépensent pour les bancs, siège et autres objets.
Le Conseil municipal sattend à ce que les pensionnaires que les Frères auraient serviraient, quant à la rétribution, à complémenter le mobilier et à lentretenir. Je le pense aussi, quen tenant compte aux Frères de la lumière et des autres dépenses que pourraient leur occasionner dix à quinze pensionnaires, cest-à-dire, demi pensionnaires, qui ne prendraient que la soupe et le logement, la Commune retirerait la rétribution mensuelle. Cétait les vues de la fondatrice et cette ressource nous serait nécessaire surtout la première année. Je pense, Monsieur le Supérieur, que vous consentirez à ces propositions. Comme les bons Frères ne sont que deux, nous ne voudrions point les surcharger; mais les enfants de la Commune fréquentant lécole ne devant être quau nombre de soixante environ, dix à quinze de plus ne pourraient, me semble-t-il, leur être nuisible. Par ce moyen nous pourrons un peu subvenir à nos besoins urgents. A lavenir, la fondation étant assurée, nous aurons moins à dépenser et moins de charges à demander.
Jaccompagnerai au mois de mars le Frère Directeur lorsquil se rendra à Grenoble et lui faciliterai, autant que possible, les voies pour obtenir son brevet. Jaurai lavantage de vous écrire quelquefois sur le succès de notre établissement, qui ne peut manquer de prospérer, surtout si vous acquiescez à nos de-mandes relativement aux pensionnaires. Par là nous pourrions plus tard être dans le cas de vous demander un troisième Frère. Ce qui échouerait si lon nadmettait dans le principe aucun étranger à lécole, et le bien se propagerait moins. Cependant, la testatrice, assurant la gratuité de lécole aux enfants de la Commune, voulait par là mettre son établissement dans le cas détendre ses bons résultats aux communes voisines.
Daignez, Monsieur le Supérieur, agréez lhommage respectueux, de celui qui est votre très dévoué serviteur,
REVOL, PrĂŞtre.

fonte: AFM 129.75

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