Le Cheylard (Ardèche), le 27 décembre 1839.
Monsieur,
La paroisse du Cheylard, dont je suis le Curé, et dune population de 3.000 à peu près, na pas décole primaire dans ce moment. Depuis longtemps la population, et même les autorités civiles, ont manifesté le désir davoir une école de Frères au lieu dun instituteur de lEcole normale.
Cependant en 1835 lautorité civile préféra accueillir un jeune instituteur de lécole de Privas; tout était beau à ses yeux de ce côté-là. Quatre ans ont été plus que suffisants pour détromper les personnes trop favorablement prévenues, et tout le monde en revient à vouloir de Frères. Le conseil municipal a même pris des arrangements à cet égard, au moins pour deux Frères, pour commencer. Il a, dans une délibération ad hoc, voté en quelque sorte les Frères, après que linstituteur a en donné la démission; a promis dun accord unanime et solidairement une somme de 1000 francs et, pour tout le temps que les Frères resteraient, le logement, lécole et son matériel, et tout le mobilier dusage pour les Frères. Dailleurs je pourrais y pourvoir dautre part, au besoin.
Nous avons dans le Diocèse de Viviers un établissement de Frères qui prospère assez bien; mais sa prospérité nest pas telle quil puisse fournir à toutes les demandes, comme vous savez, puisque vous avez parmi nous plusieurs maisons.
Je viens, donc, Monsieur, vous prier de me dire sous le plus bref délai possible, si vous pourriez nous donner deux de vos Frères, à quelles conditions, et à quelle époque? Après votre lettre nous entrerions dans de plus grands détails sur cette affaire que je désirerais vivement conduire à bonne fin.
Je suis avec un profond respect et en attendant lhonneur de votre lettre, Monsieur, votre très humble serviteur,
MANIOULOUX, Curé.

fonte: AFM 129.76