Lettres Ă  Marcellin

Père Claude Page

1840-05-23

Digoin, le 23 mai 1840.
Monsieur le Supérieur,
Comme notre administration se charge de tous les frais de la maison décole jai cru devoir les exempter des dépenses nécessaires à linstallation de nos Frères. En conséquence jai fait une visite pastorale dans ma paroisse, et avec lagrément de M. notre Maire, jai présenté à mes paroissiens un registre de souscription. Jai été édifié de voir, en général, leur bonne volonté. Jai été jusque dans nos cafés et chez nos maîtres décole, qui ont souscrit. Deux maisons particulières ont souscrit pour chacune 500 fr. Je suis entré dans une autre, une brasserie, doù jen suis sorti avec une assurance de 400 fr., dautres 100, 50, 20, 10 chacune. Enfin la première année les enfants ne payeront rien et jespère quil en sera de même dans la suite.
Non seulement, Monsieur le Supérieur, vous pouvez sans crainte nous confier vos Frères pour la fin de cette année, mais je vous prie de nous les assurer le plus promptement possible; je dis même de suite. Autrement nous nous trouverons dans un embarras à ne pouvoir peut-être en sortir je ne sais pas en combien dannées, et tout mon monde serait déconcerté. En voici la raison: Il y a huit jours quun inspecteur de Macon est passé ici. Voyant linstruction arriérée à Digoin et sachant quon attendait des Frères cette année, il dit à M. notre Maire quil approuvait le projet des Frères de Digoin, mais que sils nétaient pas i ci au mois doctobre quon allait envoyer à la Commune un maître avec charge à la dite Commune de lui procurer un logement et de lui faire un traitement en sorte. M. lInspecteur a eu la bonté de me faire dire que jaie le plus promptement possi-ble à massurer des Frères si je ne voulais pas avoir la douleur de voir échouer notre heureux projet. Ainsi, Monsieur le Supérieur, je compte sur votre bonté à me donner promptement une certitude, sil vous plaît.
Pendant que le fer est chaud il faut frapper. Vous naurez pas à vous plaindre de moi, comme jespère navoir quà me louer de vous dans votre zèle à me seconder et à mencourager de plus en plus. Je désire que vous ayez la bonté de venir nous dire et nous faire voir ce quil faut pour le mobilier et comment il faut toute chose dans lattente de la réponse dont jespère vous voudrez bien mhonorer.
Jai lhonneur dêtre avec un profond respect, Monsieur le Supérieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
PAGE, Curé.
PS: Pardonnez moi la mauvaise rédaction de ma lettre qui sent le défaut du temps.

fonte: AFM 129.80

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