Lettres Ă  Marcellin

Père Jean Baptiste Pompallier

1835-11-13

J.M.J.
Monsieur le Supérieur,
[1] Jeus bien du regret, durant et après la retraite de huit jours que je donnois aux Religieuses Ursulines de St Chamond, jeus bien du regret de ne pouvoir monter à lErmitage pour vous voir. Je regretois aussi que vos occupations ne vous permissent pas de descendre jusques à la communauté où jétois. Quant à moi, je suis arrivé là peu dheures avant louverture de ces exercices de retraite; une fois louvrage commencé, je navois dautre temps à moi que celui pour dire mon office; et le jour de la clôture, où jai eu la grande consolation de lier pour toujours à Dieu un bon sujet que javois dirigé en cette maison, il y a deux ans, et ce jour, dis-je, de clôture, je nai eu, après le discours de profession, que le temps dassister au dîner de cérémonie et daller prendre [les v]oitures du chemin de fer, à 3 h(eures) et 1/2 du soir, car il falloit que le lendemain [de bon] matin je présidasse à la cérémonie de louverture des classes de la Favorite, où se célèbre, en cette circonstance, une messe solennelle du St Esprit. Jai bien été content de la communauté des Ursulines de St Chamond. Quand jy donnois la retraite, Mr Cholleton y est venu faire sa salutaire visite et il ma appris des choses bien avantageuses de la Société à ValBenoite et à lErmitage; il paroissoit fort content. Jai bien partagé ses consolations et les vôtres.
[2] Vous trouvez ici une lettre qui vous concerne. Cest Mr Cholleton, que jai eu lhonneur de voir ce matin, qui ma recommandé de vous la faire passer de sa part. Veuillez prendre lecture du tout, et il vous sera facile de voir ce quon demande et ce quil a répondu; vous distinguerez aisément lécriture de Mr Cholleton, qui est au haut de la lettre envoyée.
[3] Voici quelques nouvelles qui doivent nous être bien chères; mais ne parlez, je vous prie, de la 1ère ci-après, quà Mr Servant et à Mr Terraillon.
[4] Le préfet de la Propagande a répondu à Monseigneur ladministrateur, le 27 7bre dernier, mais la lettre na été décachetée que ces jours passés. Dieu a permis quelle restât ignorée dans la multitude des papiers du secrétaire; enfin nous en avons connoissance et en voici substantiellement le contenu. Le préfet de la Propagande prend en grande considération la chose proposée, remercie beaucoup (maximas grates) Monseigneur davoir favorisé loffre douvriers pour la mission en question, dit quil ne tardera pas à proposer ces ouvriers à la Sacrée Congrégation, et finit en souhaitant beaucoup de bonheur au digne prélat et au diocèse de Lyon.
[5] Il est à remarquer que cette réponse est datée du 27 7bre, qui démontre avec quel empressement le préfet de la Propagande a accueilli loffre, car sa lettre est arrivé à Lyon 3 semaines après celle qui lui a été adressée. Seulement, il nest pas encore question en cette réponse de la Société de Marie, quoique Mr Pastre, qui a été le correspondant officiel, dun commun accord avec Monseigneur en ait fait mention expresse; car vous nignorez pas mon but en cette importante affaire, comme je lai fait bien comprendre à Mr Colin de Belley; la mission en elle-même est, si je puis parler ainsi, laccessoire en mon esprit; et lobtention dun bref dautorisation ou du moins de centralisation pour la Société récente de Marie, voilà le principal. Si cela a lieu, je partirai bien content à lextrémité du monde, dans ces Iles de locéan Pacifique, chez ces pauvres sauvages qui ne connoissent pas notre Seigneur, mais qui offrent, dit-on, de bonnes dispositions pour la foi. Prions, prions bien le bon Pasteur que tout se fasse selon sa sainte volonté! Il faut bien que ce soit mes supérieurs qui me proposent pour être un de ceux qui doivent partir, pour que je puisse me rassurer; car j[ai] bien de la peine à comprendre comment le Seigneur peut se décider à me faire une si grande grâce!.
[6] Je vais écrire à Mr Colin de Belley ces bonnes nouvelles. Il les a[tte]nd. Veuillez en donner connoissance à nos confrères de ValBenoite, car je suis bien pressé doccupations en ce moment; cependant je vais tâcher de leur faire une lettre.
[7] Toutes les affaires qui me sont confiĂ©es ici Ă  Lyon vont très bien, grâces Ă  Dieu. La Favorite a 48 Ă©lèves de reçus en ce moment. Lunion, la paix et la piĂ©tĂ© règnent dans tout lĂ©tablissement, quentourent en ces pays lestime et la confiance publiques. Cest une des maisons dĂ©ducation les plus considĂ©rĂ©es Ă  Lyon. Il faudroit bien que la SociĂ©tĂ© le conservât si je pars. Au reste, tout a(d) m(ajorem) D(ei) g(loriam); il en sera ce que le bon Dieu voudra. Ceux de la ville se fortifient admirablement bien. VoilĂ  le beau cĂ´tĂ© du tableau; je ne vous dis pas que tout cela ne va pas sans peine et sans difficultĂ©s, mais vous pouvez le comprendre facilement. Votre providence paraĂ®t bien aller aussi, je vois de temps-en-temps les frères. Ils mont dit que vous deviez prochainement venir Ă  Lyon; jespère bien avoir votre bonne visite. En attendant, je recommande bien Ă  vos Sts Sacrifices et aux prières de votre maison beaucoup de choses… avec celui qui est avec respect et dĂ©vouement, votre très humble et très obĂ©issant serviteur,
POMPALLIER, p(rĂŞ)tre.
Fourvières, rue du juge de paix, nº 2, à Lyon, le 13 9bre 1835.
[8] P.S. Mes respects à Mr Terraillon et à Mr Servant. Ayez donc la bonté de demander à Mr Terraillon pourquoi il ne me donne plus aucune nouvelles des deux sujets quil avoit bien voulu me proposer pour la Favorite (cétoit pour le professorat et pour la religion).

fonte: Daprès lexpédition autographe, AFM, lettres Pompallier; édition partielle en CSG 1, pp. 196-197

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