Valbenoîte, le 12 janvier 1839.
Notre très-cher et très-révérend Père,
Notre devoir et la nécessité nous obligent de vous faire connaître plusieurs abus provenant du Frère Directeur.
1º Il ny a point de règle pour le lever et le coucher: tantôt cest à une heure, tantôt cest à une autre. Et quen résulte t-il de toutes ces variations? Quon perd beaucoup de temps, quon ne fait point dexercices de piété, ou quon les fait mal.
2º On ne peut avoir les choses les plus nécessaires surtout pour le linge; heureux si à force de les demander on parvient à les obtenir après un longtemps.
3º Quant à la nourriture il ny a pas le nécessaire; et cest à regret que nous sommes obligés de prendre sur les enfants. Jusquaujourdhui dans les repas nous navons pas pu avoir un peu de vin mêlé avec deau toutes les fois que nous en avions besoin. Lors des repas il ne faut pas parler de rougir tant soit peu leau quon veut boire, quoiquelle soit très mauvaise et peut-être malsaine.
Vos très humbles et très-respectueux enfants en Jésus et Marie,
Saturnin, Abbon, Marie Ausonne, Theodose, Antollien, Angilbert.

fonte: AFM 121.11