Lettres Ă  Marcellin

Père Jean-Claude Colin

1828-05-22

Mon très cher ami,
[1] Quel plaisir nous a procuré votre lettre! Nous étions dans lattente, et déjà nous nous fâchions et vous accusions dinfidélité à votre promesse. Mais enfin vous nous donnez lassurance que nous vous verrons à Belley, que que nous pourrons vous embrasser avec le brave Mr Séon. Delors plus de rancune; la paix est faite; et nous vous attendons tous les deux les plutôt possible. Nous y sommes tous â lexception dun nouveau missionnaire qui est venu depuis peu augmenter notre nombre, et qui se trouve absent pour peu de temps; dailleurs, vous ne le connoissez pas. Si vous le pouvez, tâchez de venir avant la fête du St Sacrement, parce que nous ne pouvons prévoir ce que nous deviendrons après loctave. De plus, avant cette époque, vous trouverez Mgr notre évêque, et après il se trouvera, je crois, absent; et je serois bien aise que vous fissiez sa connoissance.
[2] Je ne vous dis rien de nos petites courses dans la campagne dernière: le bon Dieu a bien voulu nous continuer sa protection, couronner nos petits efforts de quelques succès pour le salut des âmes. Jy ai contract? une indisposition qui a presque duré deux mois, mais enfin me voilà tout prêt à repartir. Quand vous viendrez à Belley, vous verrez un nouveau bâtiment, qui sélève à bon Repos, et la novice que vous avez procurée à la communauté, et dont [on] est très content. Mr Declas se réjouit de vous voir, vous dit mille choses en attendant, ainsi que Mr Pichat et mon frère. Les autres nont pas lhonneur de vous connaître.
[3] Je vous écris un peu à la hâte car, ces jours ci, je me trouve professeur â la place dun de ces Mess(ieurs) malades, ou, pour mieux dire, un peu indisposé, et je nai guère du temps à moi.
[4] Parmi les succès rapides de votre établissement, je suis fort aise que la croix sy trouve de temps et temps; cest la meilleure preuve de lamour que Dieu porte à vos chers frères. Dites leur quils sont souvent présents à ma mémoire, que je les embrasse tous et que je me recommande à leurs prières.
[5] Jadmire Mr Terraillon: ses progrès sont rapides: de missionnaire pendant le jubilé, il devient grand vicaire de ville; de là il se trouve curé à la campagne, et puis tout à coup il est transporté sur le pinacle de St Chamond. Il oublie ses anciens amis de Belley, mais il aura beau faire, ils laimeront toujours. Si vous avez occasion de le voir, veuillez lui dire que je nadmire pas moins son silence que les pas rapides quil faits dans la carrière des honneurs, et que, bon malgré, lun de ces jours il payera le port dune lettre qui lui apprendra quà Belley on pense toujours à lui.
[6] Nous recevrons avec plaisir et grande reconnaissance les rétributions de messes que vous nous annoncez; car, dans nos pays de montagne, on en reçoit guère. Vous pourriez les apporter en venant, si cela ne vous embarrassoit pas. Jai trouvé dans mon bréviaire un memento de Mr Séon. Je le conserve précieusement. Je vous embrasse tous les deux 1000 fois in cordibus J(esu) et M(ariae).
[7] Jai lhonneur dêtre, avec estime et une affection toute particulière, votre très humb(le) et très obéiss(ant) serv(iteur),
COLIN cadet, miss(ionnaire).

fonte: Daprés lexpédition autographe, AFM, lettres Colin; éditée en CSG, 1, pp. 145-147

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