Lettres Ă  Marcellin

Père Jean-Claude Colin

1833-09-28

Mon bien cher confrère,
[1] Jai reçu votre lettre; elle ma fait le plus grand plaisir. Le bon témoignage de Mgr lévêque de Grenoble a été joint à nos autres pièces. Nous attendons maintenant le résultat de nos démarches à Rome, où notre affaire paraît prendre la meilleure tournure. Je vais commencé par vous faire une petite histoire de notre pieux pèlerinage.
[2] Nous arrivâmes à Marseille le 31 août à sept heures et demie du matin; la vapeur partait à huit h(eures) le même jour; nos passeports nétant pas visés, nous fûmes forcés dattendre jusquau quatre 7bre. Le quatre septembre, nous nous embarquâmes sur un bâtiment marchand; le 1er jour nous ne fîmes que cinq lieues, et nous fûmes obligés de relâcher à la Chiota depuis le quatre au soir jusquau neuf 7bre, attendant toujours le vent favorable. Enfin, le 9 nous fîmes voile et, après deux jours et deux nuits de navigation, le vent contraire nous contraignit de prendre terre dans un petit port de la Toscane; nous restâmes là 24 heures, après lesquelles nous regagnâmes la haute mer et de là Civita Vecchia et ensuite Rome, où nous arrivâmes le 15 7bre avant jour. Le premier jour de notre navigation, nous éprouvâmes, Mr Chanel et moi, assez fortement le mal de mer. Mr Bourdin a été le plus vigoureux. Il na été que légèrement indisposé. Enfin, nous avons ressenti dune manière sensible la protection de la Vierge pendant notre trajet et nous ne pouvons assez admirer le marche de la la Providence.
[3] Le lendemain de notre arrivée à Rome, nous nous présentâ-mes à Son Eminence Mgr le cardi(nal) Macchi; nous lui remîmes toutes nos pièces; Son Eminence nous accueillit avec bonté et, dès le 17 7bre, elle les présenta elle même à notre St Père le Pape. Sa Sainteté écrivit elle même sur le dos du manuscrit le renvoi des règles pour lexamen à Son Em(inence) le card(inal) Odescalchi, préfet de la Congrégation des Evêques et des Réguliers. Par malheur ce card(inal) se trouve absent, et toutes les Congrégations sont suspendues jusquà la Toussaint, parce que cest le temps des fériés. Mais je resterai à Rome probablement jusquà Noël; jaurai le temps de poursuivre notre affaire.
[4] Nous avons vu depuis le 17 7bre plusieurs fois le card(inal) Macchi, qui nous a toujours reçu avec la même bonté; nous avons vu aussi deux fois le card(inal) Lambruschini, qui paraît prendre intérêt à loeuvre et nous a promit sa protection, nous avons encore vu deux autres card(inaux) et., etc. Mais la plus grande faveur que nous ayons reçu, cest la bénédiction du S(ouverain) Pontife. Aujourdhui, nous avons eu le bonheur de recevoir audience de sa Sainteté; elle nous a reçu avec la plus grande bonté; elle a daigné, pour lexamen de nos règles, nous adresser à Mgr Caneli, archevêque et secrétaire de la Congréga-tion des Réguliers etc., etc., etc. Notre affaire jusquici est en bonne voie; le bon Dieu fera le reste et achèvera son ou-vrage. Priez beaucoup, et faites prier vos frères; des prières extraordinaires; tout vient de Dieu, et nous ne voulons tous que sa ste volonté.
[5] Je ne vous parle pas de la belle basilique de St Pierre, de St Jean de Latran, de St Marie Majeure et dun grand nombre dautres; on ne peut se faire une idée de la beauté, de la richesses de ces basiliques: ici, à chaque pas on trouve de quoi nourrir et exciter la piété; nous avons vénéré la table sur laquelle se fit la Cène; nous avons visité les catacombes de St Sébastien, où plusieurs milliers de Sts Martyrs reposent, la prison de St Pierre, etc., etc.
[6] Mes deux confrères partent pour la France lundi ou mardi, parce quil faut quils soient rendus à Belley pour la Tous-saint. Je reste donc seul à Rome. Jy resterai tout le temps nécessaire. Si je me trouve dans le besoin, jaurai recours à votre obligeance; mais je trouverai ici à empr[un]ter. Ces Mess(ieurs) passent par Lorette, où jespère aller aussi bientôt moi même.
[7] Veuillez faire passer ma lettre à Mr Seon è Valbenoite. Si vous mécrivez, adressez la lettre par Mr Rusand à Mr le Chevallier de Rossi, Agent de Sa Majesté très fidèle, à Rome, pour remettre à Mr Colin, prêtre français.
[8] Je vous écrit à mon ordinaire un peu à la hâte. Mais prions et toujours prions. Mes deux confrères vous embrassent ainsi que tous les autres frères en J(ésus) et M(arie). Je me joins à eux et suis pour toujours votre très humble et tout dévoué serv(iteur),
COLIN.
Rome, 28 7bre 1833.
Mille choses Ă  Mr. Terraillon.

fonte: Daprès lexpédition autographe, APM, 233.1

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