Lettres Ă  Marcellin

Père Jean-Claude Colin

1840-02-29

Lyon, le 29 février 1840.
Monsieur et bien cher Confrère,
[1] Dans mon voyage à Belley, Monseigneur ma exprimé le désir quil aurait que la terre quil a achetée à Saint Didier fût prise en déduction de la somme quil donne aux Frères. Je lui ai promis de vous en parler. Comme les Frères jouiront des fruits de la terre, je pense que ces fruits dédommageront bien aisément de la rente de largent déboursé pour la terre. Il ma aussi parlé du Noviciat, je lui ai dit que je vous en parlerai de nouveau. Mis que cela vous regardait seul. Monseigneur pense aussi que vous ne réussirez à faire approuver vos Frères quen pré-sentant les Statuts dune Congrégation de Frères déjà approuvée, et en demandant seulement une extension de lordonnance dapprobation.
[2] Jai reçu avec plaisir votre réponse et celle des Frères à mon écrit sur nos futurs arrangements. Comme je vous lai dit souvent, nous naurons jamais aucune difficulté entre nous deux, je ferai mes observations, jexposerai mes idées que je suis bien loin de croire infaillibles; si elle ne sont pas goûtées, je serai le premier à y renoncer.
[3] Javais cru pour lier la branche des Pères et celle des Frères devoir établir entre eux une espèce de dépendance mutuelle, en mettant les deux branches dans la nécessité de recourir dans le besoin lune à lautre. Je ne voyais aucune difficulté à ce que les Frères changeassent dhabit, en passant dune maison à lautre, dautant plus quil était de lintérêt des Pères que cette mutation neût lieu que dans le besoin réel, je trouvais que, puisque même à lHermitage les Frères changent dhabit pour les travaux, la chose pouvait avoir lieu pour le temps quils passeraient dans nos maisons. Je ne pensais pas non plus quil y eût difficulté à ce que les Frères enseignants reçus-sent quelques novices pour nos maisons, et cétait par là que je pen-sais attacher les deux branches lune à lautre en les mettant dans le cas de se rendre mutuellement service.
[4] Mais puisque ces articles paraissent vous présenter ainsi quaux Frères des difficultés, puisquon y sent de la répugnance, jy renonce volontiers. Ainsi il ne sera plus question de changement dhabit ni de recevoir dans vos maisons des Postulants pour nous, la Providence y pourvoira. Les habits des Frères Luc et Aurélien sont faits, ils attendent pour les prendre, que je leur en donne la permission. Je ne voulais la donner quaprès votre réponse. Mais je leur différerai cette permission et si vous le trouvez bon je chercherai à les remplacer le plus tôt possible, car je vois un grave inconvénient à avoir dans nos maisons deux espèces de Frères.
[5] En prenant des Frères à notre disposition, nous revenons aux idées primitives. Nous croyons cela conforme à la volonté de Dieu et même nécessaire à la branche des Pères. Du reste vous savez aussi bien que moi que plusieurs fois vous même nous lavez suggéré, et que la majorité des Confrères sest déclaré en faveur de cette mesure. A raison de ce changement dhabit, et de Frères, je vois, à mon grand regret, une difficulté dans les commencements à ce que les Frères enseignants aboutissent dans nos maisons de Pères. Vous le sentirez comme moi, mais plus tard, cette difficulté disparaîtra. Malgré tout, mon désir est de régler si bien les choses que plus tard tout marche en paix et selon lesprit de Dieu, je ne puis me dispenser de vous dire que, pendant votre vivant, je ne puis guère me mêler des Frères enseignants; en conséquence vous pourrez continuer à les gouverner selon lesprit de Dieu, comme par le passé, et si à raison de vos voeux vous sentiez avoir besoin de permissions quelconques, je vous les donne autant quil est en mon pouvoir.
[6] Agréez les sentiments daffection et de respect avec lesquels jai lhonneur dêtre, votre très humble et très obéissant serviteur,
COLIN, Supérieur. Mes amitiés aux Frères.

fonte: CSG 01, 316

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