Dans les Annales de Saint-Chamond Frère Avit nous dit que « le Frère Benoît et un autre vinrent prendre soin des orphelins en 9bre 1839 ». (AFM, 213.45, p.4; cf. répertoire biographique). Il faut admettre que Frère Avit se trompe à la lois de date et de nom. Daprès la présente lettre, le 19 octobre 1839 les Frères dirigent Iorphelinat depuis un certain temps déjà, peut-être quelques mois, mais nous ne pouvons le préciser. Dans le premier Livre de Comptes il est noté, le 13 juillet 1839, que Frère Claude Marie a reçu de la caisse de IHermitage la somme de 30 fr. pour la Charité de St-Chamond (p. 131). Ce n?est donc pas non plus Frère Benoît qui se trouve à la tête de cet établissement, mais frère Claude-Marie comme le laisse entendre cette lettre. Mais peut-être Frère Avit a-t-il raison décrire un peu plus loin. « Nous savons seulement que les pauvres petits étaient traités parfois avec sévérité », justifiant ainsi la démarche de Mr Dugas, Président du Conseil dAdministration qui demanda probablement le changement du Frère Directeur. Le Père Champagnat le maintient tout de même provisoirement car il Iavait sans doute déjà destiné pour les missions. (cf. répertoire biographique)

Monsieur,

Ne pouvant, à cause du départ de nos frères, me transporter à St. Chamond pour me concerter avec vous relativement au personnel de votre établissement, je prends le parti de vous écrire pour vous exposer le motif qui m?a déterminé à n?y rien changer encore.

Le frère Augustin criant beaucoup d?être nommé frère Directeur. Il aime le frère Claude Marie et se plaît avec lui. C?est un grand point pour la prospérité d?une maison que l?union entre le frère Directeur et les frères en second. Je pense qu?en encourageant le bon frère Claude Marie, il se donnera tout de bon et tout entier à son affaire. Ce frère est obéissant, pieux; il sera sensible aux observations que je lui ferai et en profitera.

Du reste, Monsieur, je désire bien m?entendre avec vous pour le bon ordre de cet établissement auquel je porte le plus vif intérêt. Comme il n?est rien que je ne sois disposé à faire pour vous exprimer ma reconnaissance et mon dévouement, je me ferai toujours un devoir et un plaisir de prendre tous les moyens possibles pour faire réussir la bonne oeuvre dont la direction est confiée à vos soins généreux.

Je profite de cette circonstance pour vous renouveler l?assurance de la vive et profonde gratitude que vous conserve à jamais la société des frères de Marie au souvenir de toutes les bontés que vous avez eues pour elle. Vraiment la bonne ville de St. Chamond a été à notre égard une providence vivante et journalière. Mais que ne devons nous pas en particulier à votre pieuse et libérale charité! Veuillez, Monsieur, recevoir de nouveau mes sincères remerciements et croire que je ne négligerai aucune occasion de vous prouver qu?on ne peut être avec plus de respect et de dévouement, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur,

CHAMPAGNAT.

N(otre) D(ame) de l?Hermitage sur St.Chamond le 19 8bre 1839.

Édition: Lettres de Marcellin J. B. Champagnat (1789-1840) Fondateur de l?Institut des Frères Maristes, présentés par Frère Paul Sester. Rome, Casa Generalizia dei Fratelli Maristi, 1985.

fonte: D?après l?expédition qui se trouve chez Mr. Bernard de Boissieu, à Saint-Chamond