RĂ©solution 1

Marcellin Champagnat

1812/01/09

Marcellin Champagnat, séminariste à Verrières depuis le 1er novembre 1805, accède, à lâge de plus de 22 ans, le 1er novembre 1811, en classe de rhétorique, dans ce même séminaire. Il a grandi, pour ainsi dire, avec cette maison. Quand il en avait franchi pour la première fois la porte, elle navait quune année dexistence. Son état de vétusté navait guère changé depuis le début. Dautre part un esprit de laisser-aller continuait à régner parmi les élèves. M. labbé Pé-rier, son fondateur nétait pas organisateur et, malgré sa bonne volonté, il était privé de lautori-té nécessaire pour établir lordre et la discipline, indispensables à une maison de ce genre (Chausse, Vie de J.L. Duplay, 1, p.91). Comment sétonner, dans ces conditions que les élèves se répandaient parfois dans le village en bandes joyeuses et que Marcellin, boute-en-train comme il était, trouvait là lexutoire naturel pour les efforts que ses études lui demandaient! En 1807 cependant, M. labbé Linossier vient seconder le supérieur ; il établit la discipline et donne aux études une sérieuse impulsion. Deux années plus tard, 1809, M. Barou, succédant à M. Périer, continuera dans cette ligne et fera régner dans la maison lesprit religieux qui convient à sa fonc-tion. Marcellin Champagnat, touché par la grâce, a lui-même suivi simultanément pareille évolu-tion. Certes, il ne semble pas avoir jamais mis sa vocation sacerdotale en doute, mais une chose est de se laisser vivre au fil des jours, une autre est de soccuper sérieusement de son avenir pour le faire épanouir. Avec ses six années dancienneté dans la maison, la confiance quil sétait ac-quise de la part de ses supérieurs et lascendant naturel quil avait sur ses camarades, il pouvait bien être tenté de profiter de cette situation pour en prendre à son aise. Mais ses maîtres ne ces-sent de lui faire comprendre que pour devenir un bon prêtre, il ne suffit pas de savoir le latin, bien plus faut-il être un homme de Dieu, car le prêtre exerce sa fonction davantage par son exemple que par sa parole. Cest à lancrage de cette conviction dans son esprit que correspon-dent ces résolutions, prises peut-être après une retraite mensuelle.

Mon Seigneur et mon Dieu, je vous promets de ne plus vous offenser,
de faire des actes de fois, despérance et autres semblables toutes les fois que je penserai ; de ne jamais retourner au cabaret sans nécessité ; de fuir les mauvaises companies et, en un mot, de ne rien faire qui soit contre votre service ; mais , au contraire, de donner de bons exemples, de porter les autres à pratiquer la vertu autant quil sera en moi ; dinstruire les autres de vos divins précep-tes ; dapprandre le cathéchisme aux povres aussi bien quaux riches. Faites, mon divin Sauveur, que jaccomplisse fidellement toutes ces résolutions que je prends.

Javoue Seigneur que je ne me connoissois pas encore ; que jai encore bien grands défauts, mais jespère que mayant fait la grâce de les connoître, vous me ferez aussi celle de les vaincre en les combattant avec courage, cest ce que je vous demande du plus profond anéantissement de mon coeur. Divin Coeur de Jésus, cest principalement à vous que jadresse ma prière, vous qui, par votre profonde humilité avez combattu et vaincu lorgeuil humain, donnez-moi, je vous en conjure, cette vertu et renversez en moi le trône de lorgeuil, non seulement par ce quil est insu-portable aux hommes, mais par ce quil déplait à votre sainteté.
Ste. Vierge, St. Louis de Gonzague, cest à vous principalement que je madresse ; demandez pour moi, quoique je sois votre indigne serviteur, à cet adorable Coeur de Jésus, la grâce de me connoître et que, me connoissant, je combatte et vainque mon amour propre et mon orgeuil.

Je prends aujourhui, ce 9 janvier 1812, la résolution de le combattre et toute les fois quil aura lavantage sur moi, je ferai la pénitence que je mimpose. Je parlerai sans distinction à tous mes condisciples quelque répugnance que je puisse éprouver; puisque, dès ce moment, je reconnois que se nest que lorgeuil qui si oppose.
Pourquoi les méprisé-je? est-ce à cause de mes talents? je suis le dernier de ma classe ; est-ce à cause de mes vertus? je suis un orgeuilleux ; est-ce à cause de la beauté de mon corps? cest Dieu qui la fait, encore est-il assez mal construit, enfin je ne suis rien quun peu de poussière.

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8- riches, pr. pauvres ; 9-10- fidèlement… prends, pr. fidèlement toutes le… tous les engagements que je viens de faire. 13- vaincre, pr. combattre ; 14- du plus, pr. dans le plus ; 16- par votre, pr. pour rendre ; 23- la, pr. de ; 25- date ajoutĂ©e après coup par lauteur lui-mĂŞme.

fonte: Daprès lautographe en AFM, 131.1 ; Vie,1, pp.17; 20 ss. OM1, doc 17, p.155

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