Bien que le texte quon va lire se suive presque sans interruption, sauf après les mots ré-pendre en paroles (1.15), il nest pas homogène. Il ne sagit pas de résolutions prises en une fois, mais au moins en quatre fois différentes. On peut penser que la première a été après la retraite mensuelle de 1814 et que les autres correspondent à des retraites mensuelles qui suivirent. Deux raisons semblent soutenir cette hypothèse : tout dabord il est peu probable quil ait insisté plu-sieurs années de suite sur le seul point du silence ; ensuite le caractère primaire de M. Champa-gnat ne permet guère de penser quil restait longtemps sur la même formule. Ces ré-solutions laissent entrevoir en filigrane un esprit serein, sans inquiétudes et sans préoccupations particulières, mais peut-être trop sûr de soi. Cest donc à croire que ses études de théologie se font dans des conditions normales et que sa vie spirituelle sapprofondit, tendant plutôt vers la simplicité.
Quant au silence, on y tenait beaucoup dans les séminaires. M. Tronson prévint à plu-sieurs reprises (1686 et 1691) un supérieur de séminaire en ces termes : Je ne métonne pas que vous ayez de la peine à faire observer le silence à lentrée des chambres. Cependant vous ne de-vez pas vous rebuter pour la peine, ni rien négliger pour le faire garder, cas sans cela quelque effort que vous fassiez et quelque vigilance que vous ayez pour bien régler votre séminaire, vous nen viendrez jamais à bout. (Mgr. Icard, Traditions des Prêtres de Saint-Sulpice, p. 40). Lob-servation de la règle du silence est aussi ce que M. Olier ne cessait de recommander (Vie de M. Olier, tome 2, p. 302). Doù limportance que M. Champagnat semble lui accorder.

Résolutions que je mets sous la protection de la Sainte Vierge.
Première résolution. Je ne parlerai point du (tout) dans les coridors, ni dans les degrés, soit par signes ou autrement, sans nécessités. Je ne parlerai point non plus, soit avant, soit après le bré-vière, soit en classe ou pendant la lecture, en un mot, je garderai constament le silence dune ré-création à lautre, sans une grande nécessité. Après la classe ou la conférence, je ferai une visite au Saint-Sacrement. Je me promenerai pendant mes récréations indiferament avec tout le monde.
Pendant la classe conférence ou autre exercises qui demande de lattention, je ferai mon possible pour être attentif.
Je tâcherai aussi, pendant mes récréations, de moins me répendre en paroles.
Je promets encore de nouveau de remplir moy(en)nant la grâce de Dieu, toutes les résolutions ci-dessus énoncées. Ainsi soit-il
Je me garderai bien de médire de qui que se soit, sous quelque prétexte que se puisse être.
Mon Dieu, vous connoissez ma misère, ayez pitié de moi, je vous en conjure. Ste. Vierge, vous savez que je suis votre esclave, à la vérité je suis indigne dune si grande faveur, mais cest en cela même quéclatera votre bonté à mon égard. Ainsi soit-il.
Aujourdhui, veille de Lacension de Notre Seigneur, veille de lanniversaire de mon Batème, 3 may mil huit cens quinze. Je prends de nouveau la résol(ution) de remplir toutes celles que jai déjà prises et jen prends de nouvelles que je mets sous la protection de la très Ste. Vierge, de St. Martin, de St. Louis g. et de mon St. patron Marcellin.
1° Toutes les fois quaprès mon examen du soir je me reconnoitrai coupable de quelque médi-sance je me priverai de mon déjeuné.
2° Toutes les fois que je me serai reconnu coupable de quelque mensonge ou de quelque exagéra-tion, je dirai le miserere pour en demander pardon à Dieu.
3° Je prends la ferme résolution dêtre, moy(en)nant la grâce de Dieu, fidel à tout ceci.
Santa Maria ora pro me.

1e St. Louis de Gonzague et de la Ste. Vierge
1e en lhonneur de St. Martin si le Roi reviens
et deux Ste. Vierge 6 mois de Marie.
St. J.F.R. 1e mes

fonte: Daprès lautographe en AFM, 131.2