RĂ©solution 3

Marcellin Champagnat

Daprès Frère Jean-Baptiste, le texte qui va suivre et quil reproduit lui-même (Vie,1, pp.24-25), est le règlement pour les premières vacances du Grand Séminaire (id. p.26), donc celles de 1814. Or, en scrutant le texte, il semble plutôt quil sagit des vacances qui précèdent lentrée au Grand Séminaire, soit celles de 1813. En effet, M. Champagnat reçoit la tonsure, les ordres mineurs et le sous-diaconat des mains du cardinal Fesch, le 6 janvier 1814 (OM,1, doc.26, p.171). Donc à partir de cette date, il est obligé de dire le bréviaire. Or, il nen parle pas dans le règlement, ce quil fera dans le règlement suivant. De plus, il se propose de se lever, pas plus tard quà cinq heures et demie, comme de ne faire quun quart dheure doraison. Ces deux points sont nettement modifiés dans le second règlement qui précise le lever à cinq heures, ainsi quune demi-heure doraison, selon le règlement du Grand Séminaire. Donc il napplique pas lhoraire du Grand Séminaire dans le premier règlement, mais le fait dans le second, cest que le premier précède son entrée dans ce séminaire.
Mais cela ne résoud pas tous les problèmes, car le texte de ce premier règlement marque une rupture avec le passé, comme si quelque chose de nouveau fût survenu. Si cétait, par exem-ple, la première fois que le séminariste allait en vacances revêtu de la soutane, on comprendrait quil doive changer son attitude, vu le respect quinspirait alors cet habit. Mais rien ne dit que cétait cela, car en principe ce nest quavec la tonsure que lon revêtait la soutane. Etait-ce sim-plement le fait dêtre sur le point de franchir une étape supérieure et pratiquement définitive sur le chemin vers le sacerdoce qui lui dicte cette attitude distante? Il est difficile, sans autre indica-tion, de répondre. Il nempêche que lensemble de ce règlement ne correspond guère à limage que nous avons par ailleurs de son auteur et nous ne pouvons lattribuer quà sa ferveur encore un peu naïve de néophyte.

Règlement que je dois observer pendant mes vacances.
1° Je passerai mes vacances dans ma famille.
2° Je ferai très peu de voyages.
3° Je maccommoderai, autant quil me sera possible, à la manière de vivre de mes parent. Je les traiterai tous avec douceur et charité. Je tâcherai de les gagner tous à Jésus Christ par mes exem-ples et par mes discours. Je ne leur dirai aucune parole qui pût les facher ou leur faire de la peine.
4° Je ne me lèverai jamais plus tard que cinq heures ou cinq heures et demie (1)
5° Je ferai toujours au moins un quart dheure doraison.
6° Jassisterai tous les jours, autant quil me sera possible, au saint S(acrifice) de la messe, après laquelle je me rendrai (2) de suite pour étudier ma théologie au moins pendant une heure, après quoi je pourai moccuper à quelque autre chose.
7° A midi moins un quart, lexamen particulier. A midi je prendrai la nouriture quon maura pré-parée (3) après avoir prié Dieu de la bénir.
8° Je tâcherai de me lever toujours de table avec apetit pour éviter lintempérance et les autres vi-ces qui en sont la suite.
9°Je me ferai un oratoire hors de ma cha(mbre) que je dédierai à la Ste. Vierge et à St. Louis de Gonzague et là jirai faire mes prières et vaquer à mes autres pratiques de dévotion. Prosterné de-vant un crucifix, jadorerai en esprit le très Saint Sacrement de lautel.(4)
10° Je jeunerai tous les vendredis en lhonneur de la mort et passion de notre Rédempteur.
11° Pour mes confessions et communions, je suivrai le conseil de mon directeur.
12° Jinstruirai les ignorants riches ou pauvres sur ce qui regarde leur salut.
13° Je visiterai les malades autant que je pourrai.
14° Je tacherai de ne me trouver jamais seul avec les personnes du sex.
15° Pour létude du soir, de tacherai de prendre encore une heure pour la théologie.(5)
16° Je ferai la prière du soir en commun.(6) Je lirai en mon particulier le sujet de mon oraison.

Cest avec votre secours, ô Sainte Vierge que jespère suivre ce petit règlement. Faites que votre divin Fils lait pour agréable et quil me garde pendant mes vacances et pendant toute ma vie de ce qui pourroit lui déplaire. Amen L(oué soit) J(ésus) C(hrist).
—————
4- autant, u, supra linéam ; 15- autre, au,supra lineam ; 20- hors de ma chambre, supra lineam. 24- honneur, ur, su-pra lineam.
————–

Notes :
1 – Frère Jean-Baptiste transcrit avec plus de logique : Je me lèverai ordinairement Ă  cinq heu-res et jamais plus tard que cinq heures et demie (Vie, 1, p.24).
2 – Lire avec Frère Jean-Baptiste : après laquelle je rentrerai tout de suite (id. p.24-25).
3 – Frère Jean-Baptiste modifie ce 7° comme suit : A midi moins un quart mon examen particu-lier, comme au Grand SĂ©minaire ; puis le dĂ®ner prĂ©cĂ©dĂ© de la bĂ©nĂ©diction de la table(id. p.25). La prĂ©cision: comme au Grand SĂ©minaire est de trop dans lhypothèse proposĂ©e dans lintro-duction ; rien par ailleurs ne la justifie. La seconde variante :puis le dĂ®ner corrige un peu lim-pression, sans doute erronĂ©e, laissĂ©e par loriginal selon laquelle M. Champagnat se serait pro-posĂ© de manger Ă  part. Pourquoi sent-il le besoin dinsister sur la bĂ©nĂ©diction de la table? Rien ne permet de penser quon ne la disait pas dans sa famille. Peut-ĂŞtre a-t-il voulu dire quil devra lui-mĂŞme faire cette prière ou donner la bĂ©nĂ©diction.
4 – Frère Jean-Baptiste supprime lexpression surajoutĂ©e : hors de ma chambre et prĂ©cise que cest dans cet oratoire que M. Champagnat se propose dadorer, en esprit, le Saint Sacrement. Cette dernière variante prĂ©cise sans doute mieux la vĂ©ritable pensĂ©e de lauteur, en est-il de mĂŞme de lexpression supprimĂ©e, nous ne le savons pas?
5 – Pour ou pendant lĂ©tude du soir, selon Frère Jean-Baptiste, sont Ă©quivalents, laissant tou-jours sous-entendre quil est normal de faire une Ă©tude le soir puisquau sĂ©minaire il en est tou-jours ainsi.
6 – En commun devient chez Frère Jean-Baptiste: en famille et rend certainement plus expli-cite la pensĂ©e de M. Champagnat.

fonte: Daprès AFM, 131.3 : Vie,1, pp.24-25

RETOUR

Sermon sur la dévotion au rosaire...

SUIVANT

Cahier Champagnat 01...