PARTAGE. LA VOCATION MARISTE LAÏQUE

Marie, brise du matin

F. Javier Espinosa

En écrivant ce mot, un matin du mois de mai, je me souviens d’une promenade matinale dans le jardin du Noviciat, chantant un cantique à Marie et en contemplant les fleurs d’amandiers et de cerisiers, de même que les blanches marguerites au milieu de la verdure de l’herbe. Je percevais, par tous mes sens, la rosée du matin, l’ouverture à la vie, le parfum du printemps, l’air de cette aube. Les débuts du mois de mai ont le goût de la brise et de la fraîcheur, des jours plus longs et ensoleillés, des promenades au milieu des arbres fruitiers. Mais le mois de mai, en tant que mois de Marie, m’inspirait et me remplissait de bonheur. Marie devenait cantique, nouveau jour, fleur des champs. Le mai en fleurs était, pour moi, le symbole de la tendresse de Marie, de sa douceur, de son regard lumineux, de ses yeux clairs.

Marie, comme une brise du matin, a inspiré et guidé Champagnat dans les débuts de l’Institut. C’est l’eau fraîche du Gier. L’étoile dans la nuit des « Souvenez-vous ». Le pain chaud de La Valla. Le silence et l’harmonie de la vallée de l’Hermitage. La bonté et l’affection de Champagnat. La candeur des enfants des premières écoles. Le rocher inébranlable sur lequel repose la nouvelle maison. Le doux réveil de la première communauté chantant le « Salve Regina ».

Le Forum international sur la vocation laïque mariste nous ouvre à l’espérance, nous invite à rêver ensemble, nous encourage à prendre soin de la vie et à générer une vie nouvelle. La démarche du Forum fait poindre une nouvelle aurore où Marie apparaît comme un point de rencontre, comme un rappel des premiers jours, comme une présence qui accompagne, comme une marque d’identité. Elle est Celle qui aime depuis toujours. Elle est celle qui réjouit et encourage. Elle est Marie, la Mère, celle qui rassemble et promeut la communion. Elle est Marie, la toujours nouvelle.

Le discernement que nous avons commencé s’appuie sur les certitudes les plus profondes de Marcellin qui devraient nous accompagner sur ce chemin qui recherche la vitalité du charisme. Nous les rappelons avec un cœur plein de reconnaissance.

Nous portons le nom de Marie

Le nom est un élément de la personnalité, la façon d’individualiser une personne au sein d’une communauté déterminée. Le nom est notre signe d’identité, celui nous identifie, et nous donne une identité. Marcellin, dans l’une de ses nombreuses visites à la Sainte Vierge, a eu l’inspiration de fonder une congrégation d’enseignants, et il leur a donné le nom de celle qui l’avait inspiré ce projet. Sentant une joie particulière à honorer Marie, et présumant que tous la sentiraient également, il a pensé que le seul nom de Marie serait suffisant pour attirer des candidats à la congrégation qu’il pensait fonder. Et il avait raison.

Pour Champagnat, vivre en cohérence avec notre nom, c’est compter sur elle pour tout. Tant d’expressions de notre Fondateur le confirment : «  Dieu nous a aimé de toute éternité; il nous a choisis. La Sainte Vierge nous a plantés dans son jardin. Elle s’assure que rien ne nous manque ».

« Ne craignons pas : nous avons Marie pour défense. » « Marie ne nous abandonne pas… Marie nous aide, et cela nous suffit. » Et l’expression qu’il emploie, dans la lettre au F. Antoine, le souligne : « Intéressez Marie en votre faveur, dites-lui qu’après avoir fait tout ce qui vous est possible, tant pis pour elle si les choses ne vont pas comme elles devraient. Remettez-lui souvent vos enfants ».

Elle fait tout pour nous

« Seule Marie est la cause de notre prospérité; sans Marie, nous ne sommes rien et avec Marie, nous avons tout, parce que Marie a toujours son adorable fils entre ses bras ou dans son cœur ». Ainsi s’exprimait Marcellin, si chaleureusement et si radicalement. Sa confiance en Marie était si grande que rien ne lui paraissait impossible avec son aide. On l’a souvent entendu répéter : « Même si toute la terre est contre nous, nous ne devons rien craindre si la Mère de Dieu est pour nous ».

Dans la pensée du Fondateur, dit le F. Jean-Baptiste, tout, dans l’Institut, doit appartenir à Marie et tout doit être employé pour sa gloire. Aimer cette auguste Reine, la servir et propager son culte, selon l’esprit de l’Église, comme un excellent moyen d’aimer et de respecter plus facilement et plus parfaitement Jésus Christ : tel fut le but qu’il s’était proposé en fondant l’Institut. Marcellin se voyait lui-même comme quelqu’un qui appuyait les plans de Marie, et non comme un promoteur de son projet à lui; aussi écrivait-il ces mots : « Disons à Marie que c’est beaucoup plus son œuvre que la nôtre ». Quand, à la fin de 1821, l’Institut semblait sur le point de s’éteindre « comme une lampe qui n’a plus d’huile », il s’adressa à elle en disant : « Si tu ne viens pas à notre secours, nous périrons…, mais si cette œuvre périt, ce n’est pas la nôtre qui périt, c’est la tienne ».

« Marie est tout pour notre société! » affirma avec force Marcellin dans les débuts de l’Institut. Cette confiance fut l’inspiration de toute sa vie, confiant tous ses projets à Marie. Dans cet esprit, il a créé une atmosphère de famille faite d’authenticité, de simplicité, d’affection mutuelle, de tranquillité sereine, de bonheur, de modération. La démarche du Forum nous invite à un chemin de communion, où Marie, une brise du matin, est sourire, cœur, délicatesse. Elle nous indique le chemin de l’intériorité, la contemplation, la fécondité, la tendresse, la transparence. Un cœur limpide, à la manière de Marie, qui ne cesse jamais d’aimer. Aimer sans manipuler, aimer sans posséder, aimer en Jésus. Avec ce cœur limpide, il est possible de réaliser le chemin de communion que propose l’itinéraire du Forum.

Marie, une promesse

Un matin de mai : voilà ce qu’est Marie. Le matin, quelque chose naît, la vie se réveille, la lumière apparaît, un jour nouveau commence. Marie est une promesse, une invitation à l’espérance. Marie est désir et inspiration. Le témoignage de Marcellin nous dit qu’avec Marie, on peut créer, on peut rêver et imaginer. Avec Marie, il n’y a pas de place pour l’insécurité ou la peur, le pessimisme ou le manque d’espérance. Notre identité comporte cette attitude mariale qui éclaire les démarches de croissance dans la prise de conscience de notre identité mariste. Elle est celle qui est à l’écoute du Seigneur, celle qui se laisse interroger et qui interroge. Celle qui discerne. Femme de foi devant l’incertitude du moment présent. Vierge fidèle face à l’anxiété et à l’indécision. Mère heureuse et pleinement féconde. Sa foi a le goût du sourire et du miel, comme aussi les larmes et la croix; le foyer de Nazareth comme le chemin du Calvaire; la solitude comme le matin de la résurrection.

Les démarches de réflexion que nous entreprenons, nous pouvons les vivre en tenant la main de Marie. Avec Elle, nous avançons les pieds pleins de poussière. Comme Elle, certaine de la fidélité de Dieu, nous pourrons être ouverts à la nouveauté et à un futur que nous offre cette aventure évangélique de générer une nouvelle vie pour le charisme mariste dans cette démarche des quatre prochaines années.

« C’est beaucoup plus son œuvre que la nôtre » disait Champagnat dans les débuts de l’Institut. La proposition du Forum International aussi devient un cadeau de Marie pour l’Institut. Et ce cadeau nous apporte fraîcheur, sensibilité aux signes des temps, à des utopies, à un anticonformisme sain, à la générosité, à l’aventure. C’est la forte impulsion de l’Esprit qui fait naître continuellement la vie. La brise du matin qu’est Marie nous fait regarder l’avenir avec espérance, nous invite à rêver ensemble, à nous laisser porter par la force de l’évangile, à croire que l’on peut renaître, à expérimenter que le bonheur et la joie vont de pair avec la vocation mariste, à aller à la rencontre de Dieu qui continue à apparaître chaque jour et à diriger l’histoire. Ainsi, l’expérience du Forum peut devenir une merveilleuse aurore du mois de mai.

Les laïcs maristes : une vocation pour le XXI^e siècle

Manu Gómez Cid – Directeur-adjoint du Secrétariat des Laïcs

Dans ce deuxième numéro du nouveau Bulletin « Partage », nous commençons une section où l’on trouvera différentes réflexions de fond qui nous permettrons d’approfondir différentes thématiques pour croître, plus spécifiquement, dans notre vocation laïque mariste. Dans cette première réflexion, nous aborderons le thème qui apparaît dans le titre : « LAÏCS MARISTES : UNE VOCATION POUR LE XXI^E SIÈCLE ».

Cela fait plus de dix ans que le document « Autour de la même table. La vocation des laïcs maristes de Champagnat » (AMT/EMM) a été publié. Dans bien des milieux du monde mariste, nous pouvons percevoir comment ce document a été une prise de conscience toujours plus claire de la signification de cette expression du charisme mariste : la vocation laïque mariste. Dans AMT/EMM furent posées les bases afin de donner à cette vocation « ses lettres de noblesse » et offrir des pistes pour l’avenir. Parmi celles-ci, le besoin de créer des étapes de formations et d’accompagnement qui permettraient un discernement vocationnel (AMT/EMM 146-169). À cette fin, le document de référence « Être laïc mariste », présenté au dernier Chapitre général de 2017, est le fruit du travail des commissions continentales du laïcat. Nous pouvons constater que différentes Provinces dans l’Institut ont déjà mis en marche ces itinéraires, avec des équipes de personnes qui en accompagnent d’autres dans leur cheminement vocationnel comme laïques et laïcs, dans le charisme mariste.

On entrevoit également le besoin d’exprimer les réponses personnelles à travers des gestes et des engagements publics au lien charismatique ou à la possibilité de créer des structures associatives de caractère laïc reconnues par la communauté ecclésiale (EMM 134, 140, 142, 143). Ces intuitions continuent de prendre corps, et nous pouvons identifier certaines expériences qui sont déjà en marche dans certaines Unités Administratives. Nous en partagerons dans les prochains numéros de ce Bulletin.

Le « FORUM INTERNATIONAL SUR LA VOCATION LAÏQUE MARISTE » démarche qui est déjà commencée et qui nous mènera jusqu’à 2024, sera une merveilleuse occasion d’approfondir ces intuitions et aidera à faire des avancées concrètes et visibles, spécialement en ce qui se rapporte au lien charismatique ou aux structures associatives.

Laïc par vocation

Le XXI^e siècle amène un grand changement dans l’Histoire du christianisme, et de l’Église catholique en particulier. Et ce temps impliquera, assurément, une nouvelle conscience du laïcat en tant que vocation.

L’an dernier, en 2020, alors que la pandémie de la COVID-19 commençait à se répandre dans le monde, on célébrait, en Espagne, une rencontre ecclésiale qui marquera un avant et un après pour la vie des laïcs dans l’Église espagnole. Pour la première fois, on a convoqué un « Congrès National des Laïcs » (https://www.pueblodediosensalida.com/), promu et encouragé par la Conférence des Évêques. Plus de 2000 représentants des diocèses espagnols, des paroisses, de mouvements ecclésiaux ou de congrégations religieuses ont participé à cet événement.

Je veux souligner une expression qui a fait bondir le public et entraîné une longue ovation. Un laïc du diocèse de Tolède, coordonnateur du Congrès, a lancé une phrase-choc dans son mot d’introduction : « Nous ne sommes pas laïcs par défaut. Nous sommes laïcs par VOCATION ».

Le Pape François lui-même, dans son discours aux membres du Conseil National d’Action Catholique Italienne, le 30 avril 2021, disait ainsi : « Dans l’Eglise, la voix des laïcs ne doit pas être écoutée «par concession», non. Parfois, la voix des prêtres ou des évêques doit être écoutée et, dans certains moments, «par concession»; elle doit toujours l’être «par droit». Mais celle des laïcs également «par droit», pas «par concession». Les deux » (https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2021/april/documents/papa-francesco_20210430_azione-cattolica.html)

Ces deux exemples nous situent clairement dans le contexte du temps que nous vivons par rapport au laïcat dans notre Église qui, depuis le Concile Vatican II, a cherché à le concrétiser par différentes expressions, expériences, démarches ou structures. Dans ces différentes réflexions, on fait référence à « l’heure des laïcs ».

 C’est donc dire qu’en ce XXI^e siècle, nous avons l’occasion d’une vraie reconnaissance de la vocation laïque dans l’Église, et non seulement dans des déclarations de bonnes intentions, mais à travers des signes concrets de coresponsabilité et de communion.

Être des maristes laïcs : un don que nous accueillons dans un cœur reconnaissant

Dans cette démarche de découverte de notre vocation laïque mariste, il y un premier temps de prise de conscience du don reçu. Nous expérimentons le sentiment d’être aimés comme filles et fils aimés de Dieu, appelés personnellement à collaborer avec Luis dans son projet de construire une humanité fraternelle.

Dans l’expérience de contempler le pas de Dieu dans nos vies, nous découvrons, dans un rappel plein de reconnaissance, l’histoire de tant de générations de maristes qui, depuis l’époque du Père Champagnat, ont été un témoignage vivant de l’engagement dans la mission de « faire connaître et faire aimer Jésus Christ » aux enfants et aux jeunes de chacun de nos pays.

Chacun peut mettre des noms et rappeler des visages concrets de maristes, frères, laïques et laïcs, qui les ont interpelés par leur vie et les ont poussés à approfondir leur propre vocation personnelle. Des maristes qui ont vécu et qui ont semé leur expérience de Dieu, leur vécu dans la fraternité et leur passion pour la mission. Grâce à eux tous, nous pouvons dire, aujourd’hui, nous voulons vivre notre vocation laïque comme maristes. Nous faisons donc mémoire pour continuer à aimer et à vivre notre vocation de façon créatrice.

Laïcs maristes, mystiques de la rue

José Tolentino Mendoça nous raconte dans son livre La mystique du moment : ” Dans une sorte de testament spirituel, le théologien Karl Rahner a fait la déclaration suivante : “Les chrétiens du futur seront soit des mystiques, soit ils ne seront pas chrétiens” ! Selon lui, deux traits émergent dans le profil des croyants contemporains : d’une part, notre spiritualité doit être vécue continuellement à la première personne, appelant à un indispensable éveil de la conscience ; d’autre part, nous appelant à être courageux dans la décision de foi en l’Esprit, le Donneur de Vie et de Puissance. Nous faisons une expérience réelle et personnelle de Dieu et de son Esprit”. (Tolentino Mendoça, José. La mística del instante. El tiempo y la promesa. La mystique de l’instant. Le temps et la promesse. Verbo Divino – 2020).

Si nous croyons vraiment ce qui est dit ici, nous chercherons une relation personnelle avec le Dieu de Jésus, en cultivant le silence dans notre vie quotidienne, une attitude contemplative, une spiritualité terre à terre et un mysticisme aux yeux ouverts. C’est-à-dire que nous sommes appelés à vivre une véritable expérience de l’Esprit dans notre contexte quotidien et séculier.

Cela signifie vivre avec la conviction exprimée par la laïque française Madeleine Delbrêl, dans son texte bien connu Nous, les gens ordinaires de la rue (Pitaud Bernard. Prier avec Madeleine Delbrêl. PPC – 2018) :

” Il y a beaucoup de lieux où l’Esprit souffle, mais il y a un seul Esprit qui souffle en tous lieux. Il y a des gens que Dieu prend et met à part. Il y a d’autres qu’il laisse au milieu de la foule, des personnes qu’il ne ” retire pas du monde “. Ce sont les personnes qui ont un travail ordinaire, un ménage ordinaire, ou un célibat ordinaire. Des gens qui ont des maladies ordinaires, et des moments ordinaires de deuil. Des gens qui ont une maison ordinaire et des vêtements ordinaires. Ce sont les gens de la vie ordinaire. Ceux que nous pouvons rencontrer dans n’importe quelle rue. Ils aiment la porte qui s’ouvre sur la rue, tout comme leurs frères qui sont cachés du monde aiment la porte qui se ferme derrière eux pour toujours. Nous, les gens ordinaires de la rue, nous croyons de toutes nos forces que cette rue, ce monde, où Dieu nous a placés, est notre lieu de sainteté. Nous croyons qu’il ne nous manque rien ici dont nous ayons besoin. Si nous avions besoin d’autre chose, Dieu nous l’aurait déjà donné.”

“Les Maristes “Fratelli tutti

Personne ne peut affronter la vie de manière isolée. […] Nous avons besoin d’une communauté qui nous soutient, qui nous aide et dans laquelle nous nous aidons mutuellement à regarder de l’avant. Comme c’est important de rêver ensemble ! […] Les rêves se construisent ensemble ” (Fratelli Tutti, 8).

Nous sommes appelés à rêver et à recréer des expériences communautaires inspirées de nos racines chrétiennes. Prenons l’exemple de la communauté d’Antioche, ouverte à quelque chose de tout à fait nouveau : le monde des gentils ; c’est le début de l’Église universelle, globale.  Antioche, avec sa profonde signification symbolique aujourd’hui, due à sa situation en Syrie, a été le premier endroit où les disciples de Jésus ont été appelés “chrétiens” (Actes 11:26), avec la rupture conséquente que cela représentait par rapport à toute idée préétablie de type judaïque.

Être Fratelli Tutti Marists signifie se diriger vers une “Église tournée vers l’extérieur”, ouverte à de nouvelles réalités, cultures, groupes et langues pour diffuser la Bonne Nouvelle. Des communautés et des foyers qui, comme notre première communauté réunie autour de la table de La Valla, se sentent poussés à partir en mission comme leur raison d’être.

Laïcs maristes : Prophètes ‘3.0

L’avenir et la vitalité du charisme mariste, et donc du laïcat mariste, seront liés à la manière dont nous vivrons la dimension ” prophétique ” de notre baptême. Cela implique un engagement missionnaire clair, dans une perspective que nous pourrions appeler ‘3.0’, comme une manière de faire allusion à de nouvelles façons de réaliser la commission de Jésus : ” Sur votre chemin, proclamez ce message : Le royaume des cieux s’est approché.  Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.” (Mt 10, 7-8).

Alors, qu’est-ce que cela signifie d’être des “prophètes 3.0” de nos jours ? Si le règne de Dieu est proche, nous pouvons supposer que toute la réalité est en cours de conversion : le monde du travail, de l’éducation, de l’économie, de la politique, de l’action sociale, de la famille, de la culture, des loisirs, de la technologie, des communications sociales… Et pour que cela se produise, les laïcs ont un rôle nécessaire et irremplaçable. En langage contemporain, ce que Jésus nous dit, c’est que nous devons nous élever contre la culture du “tout jetable”, prendre soin et guérir, ouvrir de nouvelles possibilités pour l’avenir, inclure et accueillir, libérer les esprits des idéologies “nous-eux”, créer des structures plus humaines…

C’est ce que signifie être “sel de la terre et lumière du monde” : proclamer la présence de Dieu mais aussi, en termes de marché, être des “dénonciateurs” ; surtout, parler le langage du témoignage par des actes de miséricorde et des styles de vie inspirés de l’Évangile.

Saint Marcellin Champagnat disait la même chose, nous invitant à être “de bons chrétiens et d’honnêtes citoyens”. Les chrétiens d’aujourd’hui sont d’honnêtes citoyens lorsqu’ils vivent dans l’état d’esprit d’une “Église tournée vers l’extérieur”, lorsqu’ils répondent de manière significative aux questions posées par saint Oscar Romero : “À quoi sert le sel si on ne l’ajoute pas aux haricots dans la marmite ? À quoi sert d'”être du sel” si nous ne sommes pas là où les problèmes des hommes bouillonnent ?”.

En résumé, comme nous y invite la devise du ” Forum international sur la vocation laïque mariste “, le XXIe siècle sera un temps de grâce pour accueillir, nourrir, vivre et partager notre vocation.

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Manu Gómez Cid – Directeur-adjoint du Secrétariat des Laïcs

Qu’est-ce que cela signifie d’être mariste ?
Nanette Hurst – Porto Rico

Rien que la question me fait sourire….

Pour moi, être un laïc mariste est une bénédiction, un but, une définition.

Une bénédiction parce que j’ai trouvé ma place, ma vocation, dans les enseignements et les valeurs de Saint Marcellin Champagnat. Une bénédiction de faire quelque chose qui me passionne et auquel je crois fermement.

Un but, un sens à ce que je fais. Lutter pour m’améliorer chaque jour, en tant que personne, en tant qu’éducateur, en tant que mariste. Vouloir aider, accompagner, être un exemple pour mes élèves, mes compagnons et mes frères. 

C’est s’approcher de Dieu à travers les personnes, à travers une mission, à travers la simplicité.

C’est être là où on a besoin de moi.

Une définition parce que je suis simplement. C’est vivre et transmettre un charisme auquel je m’identifie pleinement.

Trouver le bonheur dans une façon de vivre, dans les choses les plus simples.

Être un laïc mariste, c’est avoir une famille dans le monde entier avec laquelle on se sent complètement identifié et à l’aise.

C’est avoir un engagement envers les enfants et les plus démunis.

C’est se sentir heureux par le simple fait d’être ensemble dans n’importe quelle partie du monde.

Qu’est-ce que cela signifie d’être mariste ?
Azucena Rios – Canada

Je suis née au Salvador et j’ai émigré au Canada à l’âge de 20 ans. Ma foi a été cimentée dès mon enfance par l’amour de Jésus et de Marie. À Montréal, nous participons activement, en tant que laïcs, aux différentes activités pastorales de l’Église telles que la catéchèse et, depuis le début de la pandémie, avec l’équipe technologique pour apporter la Parole de Dieu dans les foyers par des transmissions sur Internet.

Être mariste, c’est être ouvert aux besoins des autres, partager et grandir ensemble. Être mariste, c’est dire comment je peux faire de mon mieux pour la communauté.

La vocation mariste est le service, et je suis catéchiste et je fais partie de la coordination de l’équipe ” Technologie et Évangélisation “. Ce désir d’engagement est né après une retraite-rencontre de la Région Arco Norte, au Mexique, en 2015, dans laquelle on nous a posé une question sur ce que nous allions faire en sortant de cette retraite. Ma réponse a été de participer à la catéchèse et, tout comme Saint Marcellin Champagnat a invité les maristes, à leurs débuts, à enseigner l’amour de Jésus et de la Bonne Mère aux autres, à travers la catéchèse et l’éducation, à donner du temps, du dévouement et de l’affection pour la construction du Royaume de Dieu, c’est ainsi que j’ai commencé à répondre à l’engagement que j’avais pris. Plus tard, deux pèlerinages à l’Hermitage ont approfondi ma vocation mariste.

Pour moi, être mariste c’est garder à l’esprit nos trois piliers de la vie mariste : la vie spirituelle, la vie familiale et surtout s’impliquer dans les besoins pastoraux de l’Église et de la société, en voyant où je peux être utile. Et depuis que la pandémie a limité nos réunions en face à face, nous avons été très actifs dans les réunions virtuelles et surtout avec des ressources très limitées pour apporter des diffusions de messes et d’événements pertinents pour les communautés afin qu’elles ne se sentent pas seules ou ne perdent pas le contact avec elles.  Grâce à la communauté mariste, nous avons eu un grand soutien en termes de technologie, de collaboration et de formation.

C’est une bénédiction de faire partie de cette belle fraternité et de la communauté mariste de Champagnat.

Qu’est-ce que cela signifie d’être mariste ?
María Bibiana Enríquez Rodríguez – Mexique

Être laïque mariste est une bénédiction, car cela m’a permis d’être moi-même, à partir de mon essence, de mes sentiments, de mon cœur. C’est un cœur qui bat très fort chaque fois que j’entends le rire d’un enfant ; chaque fois que je partage la nourriture avec des personnes que je ne connais pas mais qui, en établissant le contact, parlent le même langage, ce langage d’être mariste où nous pouvons partager tant d’expériences et en même temps tant de buts à accomplir, chacun de sa place mais qui finalement ont le même but : Faire connaître et aimer Jésus-Christ.

J’entends fortement cet appel à partager la lumière, à tout donner, à témoigner, à partager la joie et à accompagner les enfants et les jeunes et, pourquoi pas, les laïcs eux-mêmes, pour ne pas les laisser éteindre leur lumière, car je suis dans ce monde pour servir, pour offrir ma main ou, si possible, mon épaule pour ne pas les laisser tomber.

Je me réjouis tellement d’être laïque mariste parce qu’aujourd’hui je peux vibrer au même diapason avec tant de personnes connues et inconnues, vibrer dans le sens de l’AMOUR, comme cet amour de notre Bonne Mère pour tous ses enfants, avec la foi et la force que Saint Marcellin Champagnat avait, pour ne pas se laisser vaincre et suivre sa mission.

Mon style de vie, où Jésus m’accompagne, m’a permis de me reconnaître comme une personne toujours prête à partager, avec simplicité, honnêteté et amour. Je me sens membre de cette grande famille mariste, où nous chantons la même mélodie, dans un seul cœur, un seul esprit.

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Qu’est-ce que cela signifie d’être mariste ?
Olga Liliana Salinas Casallas – Colombie

Je suis Olga Liliana Salinas Casallas, laïque mariste liée au charisme depuis 2017, je vis dans la ville d’Armenia, je coordonne le groupe de laïcs JESMAR et je participe et guide le nouveau projet de la Province, les jeunes laïcs maristes. Mon histoire dans la vie mariste a commencé il y a 12 ans quand j’ai connu ce charisme parce que mon fils est entré à l’école Champagnat. Petit à petit, j’ai pris conscience de la philosophie sur laquelle reposait l’éducation que recevait mon fils. C’est ainsi qu’en 2012, je suis devenue enseignante au collège Saint-Joseph et c’est là que j’ai commencé mon parcours dans la vie laïque et que je suis tombée amoureuse et passionnée par ce que je savais du Fondateur de l’Institut et de ce beau charisme comme moyen de suivre Jésus.

Personnellement, ce qui m’émeut le plus, me motive, me fait vibrer et me soutient, d’une part, c’est d’avoir en Marie notre Bonne Mère le modèle d’une femme, d’une mère et, surtout, d’un disciple. Et, d’autre part, la solidarité : celle qui ne connaît pas de limites ni de frontières ; celle qui se base sur la reconnaissance de Jésus dans le visage de chaque être humain par la foi ; celle qui ne mesure pas et ne conditionne pas, qui donne sans rien attendre en retour, pour laquelle être est plus important qu’avoir ; celle qui nous permet d’être le visage de Jésus au milieu de l’incertitude et du découragement, et qui nous permet de construire des ponts pour abattre des murs et restaurer des vies.

Beaucoup me demandent : pourquoi être un laïc mariste ? Ma réponse : parce que c’est un mode de vie que j’aime, qui me passionne et qui me motive chaque jour. Être laïque mariste a été la manière dont le Seigneur m’a donné de le suivre en vivant ma vocation à travers le don de ce beau charisme. Tout ce que j’ai appris dans ma formation de laïc, d’animateur laïc, les expériences dans les rencontres nationales et internationales, et surtout, mes parcours de discernement vocationnel, m’ont aidé à grandir comme personne, comme mariste et comme protagoniste de notre Église et m’ont renforcé pour donner des réponses toujours plus fidèles et audacieuses.

Dans ce parcours, il m’a aussi été donné d’aider les autres à grandir. Être laïc mariste, c’est vouloir vivre la foi d’une manière particulière, main dans la main avec Marie, au service des autres.

Enfin, je rêve que ce legs hérité du Père Champagnat et des premiers frères, et qui nous est maintenant donné à nous, frères et laïcs maristes, reste dans l’histoire, transformant des vies, les remplissant de rêves, d’espoir et d’opportunités pour tous ceux qui sont oubliés et marginalisés dans la société. Que la Bonne Mère continue à être cette ressource ordinaire qui tient les mains et les cœurs de nous tous, Maristes de Champagnat.

Patricia Cecilia Ríos Gómez (1957 – 2021)

Le Bureau des Laïcs se souvient avec gratitude de notre chère amie Patricia Cecilia Ríos Gómez, une laïque mariste exceptionnelle.

Elle appartenait à la Province mariste de México Occidental et a servi l’Institut comme membre du Bureau élargi des laïcs pendant deux mandats, de 2011 à 2017, représentant la Région Arco Norte.

Paty, comme nous l’appelions affectueusement, est née le 22 novembre 1957, à Ciudad Juárez, Chihuahua. Mariée à José Carlos Sánchez et mère de 3 enfants : Diego, Rodrigo et Alejandra. Elle était éducatrice et directrice de l’école mariste de Tijuana, où elle vivait depuis 1980.

Elle a participé activement à la création de la Famille Mariste Tijuanense “Fatima” en 1998, une fraternité appartenant au Mouvement Champagnat de la Famille Mariste.

Elle se distingue par son service en tant que laïque mariste engagée :

• De 2010 à 2013, elle a été membre de la Commission mixte des frères et des laïcs de la Province mariste de México Occidental.
• En 2012, elle a commencé son travail comme membre de la Commission pour l’actualisation du Mouvement Champagnat de la Famille Mariste.
• À partir de 2013, elle a participé à la Commission continentale d’Amérique, comme membre du Bureau élargi des laïcs.
• Son service dans le Bureau élargi des laïcs (2011 – 2017) lui a permis de rencontrer des frères et des laïcs maristes de différentes cultures dans différents pays, une expérience qu’elle a reflétée dans son service.
• En 2020, elle est devenue membre de la Commission provinciale pour la rédaction du Manuel de développement des Nuclei (Nouvelle structure provinciale).
• En août 2020, elle a rejoint le travail du Conseil de la Mission Mariste et, en octobre, elle a pris en charge le Secteur Laïcs du Nucléus de Formation Charismatique, dans lequel elle a mis en marche un itinéraire de formation pour les laïcs maristes.

Nous avons apprécié la compagnie de Paty pendant 63 ans. Elle est l’exemple d’une laïque engagée envers Jésus et le charisme mariste. Elle a vécu dans tous les contextes son expérience de foi comme une rencontre transformatrice en tant que mère, épouse, éducatrice, animatrice et formatrice.

Le 6 avril 2021, elle est partie dans les bras du Bon Dieu pour rejoindre son mari José Carlos et d’autres laïcs et frères maristes qui nous ont précédés.

Nous sommes reconnaissants pour sa vie, que le Seigneur la bénisse et que Notre Bonne Mère et Marcellin l’accompagnent.

Arco Norte : Un nouveau présent pour un futur meilleur

« Nous sentons que Dieu est à la racine de cette espérance où l’on découvre partout des germes d’avenir pour notre démarche régionale. L’espérance nous rend créateurs d’un nouveau présent, comme le souligne notre thème qui anticipe le futur de Dieu, qui est un futur meilleur. Marie et Champagnat nous enseignent cette espérance » (Arco Norte : une nouveau présent pour un futur meilleur. Message final du Forum Régional, 26-27 octobre 2020).

Ces mots à la fin du message du Forum de l’Arco Norte, tenu en octobre de l’an dernier, expriment de manière significative et belle le moment que nous vivons dans la Région, qui comprend six Provinces de l’Institut Mariste (Canada, États-Unis, Mexique Central, Mexique Occidental, Amérique Centrale et Norandina) et 14 pays d’une mosaïque culturelle, linguistique, politique et sociale, mais aussi complémentaire qui nous invite à avancer ensemble et à construire des ponts pour la vie et la mission maristes.

Si l’on désire en savoir davantage sur la vision, la mission, les données et les initiatives de l’Arco Norte, je vous invite à viser la page web : https://arconorte.org/arco-norte/

L’histoire de l’Arco Norte Mariste s’est bâtie et consolidée peu à peu, soutenue par l’Administration générale, dans un audacieux engagement pour vivre l’appel du XXII^e Chapitre général : Marchons ensemble comme une Famille Globale!

Cette démarche a été un cheminement de plusieurs années, et elle continue à générer l’espérance en créant un présent fécond pour la Région. Il est important de reconnaître, avec gratitude, l’appui et l’élan donnés par le Conseil régional, formé des Provinciaux de chacune des Provinces, et par le coordonnateur régional, le F. Gregorio Linacero (Amérique Centrale).

Les premières années furent marquées par des rencontres, des échanges, des recherches et un inventaire des besoins en vue d’aboutir à l’élaboration d’une vision et d’une mission communes, dans le but d’en arriver à une planification stratégique des diverses initiatives dans les domaines de la vie mariste, de l’éducation, de l’évangélisation, de l’économat, des communications et des compétences linguistiques. Ces domaines étaient animés par des équipes formées de personnes des différentes Provinces.

Les événements qui ont marqué de façon permanente et significative la démarche de la Région de l’Arco Norte ont été :

• La rencontre du Conseil général et des Conseils provinciaux des six Provinces de la Région de l’Arco Norte, réunis à Quito (Équateur), du 8 au 11 mars 2016. On pourrait dire que cette « Assemblée régionale » constitue le moment de fondation de l’Arco Norte comme Région, où toutes les Provinces ont pris l’engagement de cheminer ensemble.
• La II^e Assemblée régionale, formée des six Conseils provinciaux et de quelques leaders laïcs invités, Assemblée tenue au New Jersey (États-Unis), du 21 au 25 octobre 2019, où l’on a évalué le chemin parcouru et confirmer le besoin de renforcer les processus régionaux.
• Le Forum régional, tenue on-line, les 26 et 27 octobre 2020, avec la participation des Conseils provinciaux et des membres des diverses équipes de la Région. Ce fut un moment extraordinaire de fraternité, où s’est précisé l’horizon commun, confirmée la nouvelle organisation, renouvelé l’engagement d’aller résolument de l’avant dans les initiatives planifiées.
• Je vous invite à prendre connaissance et à approfondir le message de ce Forum régional

À l’heure actuelle, des mesures concrètes et fiables ont été prises dans l’organisation et le suivi de la planification stratégique, avec une nouvelle vision résultant de l’élaboration de l’analyse SWOT[1], basée sur l’expérience et l’impact de la pandémie ; dans une attitude d’écoute et de réponses aux nouvelles réalités émergentes et communes de la région, telles que la migration, l’augmentation de la pauvreté, la violence, les indices élevés de corruption, l’instabilité politique…

Le Conseil régional a nommé un Secrétaire exécutif, le F. Rodrigo Espinosa (Mexique Central) pour animer les huit Équipes Régionales actuelles (Frères Aujourd’hui : formation initiale et permanente – Laïcat mariste – Culture vocationnelle – Éducation et Évangélisation – Usage évangélique des biens – Communications et compétences linguistiques – Lien avec les Réseaux continentaux : Spiritualité – Patrimoine mariste – Solidarité.

Le Comité régional est un autre organisme important. Il est formé des coordonnateurs de chaque équipe, et son rôle consiste à suivre les initiatives de la Planification stratégique qui correspond à son champ d’animation.

Symbole de ce moment d’évolution que nous vivons actuellement, c’est le nouveau logo de la région qui nous unit, nous identifie et nous interpelle.

Malgré le moment complexe et difficile que nous vivons à cause de la pandémie, où différentes initiatives se sont vues affectées, il est important de souligner la responsabilité, la générosité et la créativité des équipes régionales dans leurs efforts pour apporter une réponse authentique et efficace dans la situation actuelle. La découverte et le renforcement des communications, de façon virtuelle, ont généré une nouvelle façon d’agir et de participer en créant une série d’initiatives nouvelles et un grand réseau d’appui et de liens.

En tant que Région, nous sommes à un moment favorable de consolidation et de stabilité des démarches et des équipes pour pouvoir aller de l’avant dans les projets, conscients aussi du moment de transition que nous vivons dans le Conseil régional, avec le changement de leadership dans la majorité des Provinces, mais toujours convaincus et engagés à « construire un nouveau présent pour un futur meilleur ».

Fraternellement,

F. Hipólito Pérez, Provincial d’Amérique Centrale

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[1] L’analyse SWOT permet de développer la stratégie marketing d’une entreprise et d’évaluer la réussite d’un projet, en étudiant conjointement différentes données, comme les atouts et les défauts de la société, mais également la concurrence ou les marchés potentiels.