2013-04-17

Bienheureux les artisans de paix

Laurent Potvin, fms

ANNÉE DE LA FOI

Préambule

src=http://spilloflash.files.wordpress.com/2012/10/logo-anno-della-fede2.gifEn cette Année de la foi, il importe de nous attarder tout d’abord sur le climat nécessaire pour que la paix règne entre les humains.

Ce climat de paix exigera donc  que l’amour mutuel s’établisse  autour de nous  afin que nous  sachions contrer  la haine qui pourrait pousser éventuellement à la  vengeance. 

Pour que ces conditions pré-requises  soient respectées, nous jugeons à propos de partir ici du grand commandement  d’amour à la lumière de l’Histoire pour favoriser les meilleurs moyens de nous assurer que la paix règne en nous et autour de nous. Alors, cette Année de la foi pourra  laisser entrevoir  à notre monde qu’une  vie dans la paix, l’harmonie  et la bonne entente est possible selon certaines conditions. Lesquelles?

Laurent Potvin, fms – 15 avril 2013

 

ANNÉE DE LA FOI
11 octobre 2012-24 novembre  2013

« HEUREUX LES ARTISANS DE PAIX CAR ILS SERONT APPELÉS FILS DE DIEU. » (Matthieu, 5, 9)
  « En opposant la haine à la haine on ne fait que la répandre, en surface comme en profondeur. » Gandhi.

Invitation à l’unité
Commençons par rappeler ce court passage des écrits du bienheureux Jean-Paul II : « Dans sa prière sacerdotale, Jésus a demandé au Père de garder les disciples du mauvais (cf. Jean 17, 15). Ainsi, la prière  sacerdotale qui exalte la beauté de l’unité devient en même temps une fervente supplique destinée à vaincre tout ce qui s’oppose à l’unité. » (1) Cette recherche de l’unité exige que  les chrétiens vivent selon les exigences de la foi.  L’unité dans la foi et unité dans la paix sont deux  des buts que nous sommes invités à poursuivre en cette année de la foi, année déjà à moitié écoulée.
Le soir de son élection, le Pape  François invitait les fidèles aux écoutes de par le monde et nombreux sur la Place Saint-Pierre à « prendre avec lui le chemin de la fraternité, de l’amour et de l’évangélisation. » Prenons la route courageusement avec celui qui a accepté d’être notre Pasteur! 

Notre monde est divisé
Comment  ne pourrions-nous pas être sensibles à ce que ressentait dans son cœur le Mahatma Gandhi, ce  pacifiste,  quand, dans une de ses harangues, il s’exclamait : « Le monde est fatigué de la haine! » Aujourd’hui, nous pourrions ajouter : « Les  Palestiniens sont fatigués de la haine!  Les Israéliens sont fatigués de la haine! Les Syriens sont fatigués de la haine. Et toute  la planète est fatiguée de la haine! »

Se montrer ennemi de la haine c’est, par la même occasion, se déclarer ami de la paix. C’est se placer du côté de ceux qui aiment la paix, « les artisans de paix » dont Jésus a parlé dans son discours évangélique. (2)

Ouvrons d’abord l’Histoire
Un simple survol de l’Histoire humaine nous permet facilement de nous rendre compte que, parmi tous les  sentiments qui peuplent le cœur de l’homme, deux sentiments antagonistes peuvent l’habiter: l’amour, la haine. L’amour qui assure la paix; la haine qui fomente la vengeance.

Il peut arriver aux humains, en effet,  de passer de l’amour à la haine et de vaincre la haine pour revenir à l’amour. Une sorte de va-et-vient s’opère que tout cœur humain  peut connaître au cours de la vie. Inconstance du cœur humain; mais, aussi et surtout,  conversion possible du cœur humain.

Il nous faudrait à tout prix  découvrir des  méthodes efficaces à choisir et à employer pour que la haine ne s’installe pas en nous pour aboutir  à ses fins ultimes.

La haine, c’est quoi?
Voilà la  question préalable à nous poser dont la réponse se trouve dans le Petit Larousse  clairement établie :
« 1.  Vive hostilité qui porte à souhaiter ou à faire du mal à quelqu’un. Une haine mortelle.
2. Vive répugnance, aversion pour quelque chose.  Avoir de la haine pour la violence.
3. Éprouver un sentiment très vif de déception ou de ressentiment. Avoir la haine. » (3)

L’Histoire primitive de la haine
Ouvrons les premières pages de la Bible, à  Genèse, chapitre 4, pour y lire l’histoire de Caïn et d’Abel, une relation fraternelle bien connue mais qui a mal tourné. C’est une histoire  moderne car elle se vit encore de nos jours ici et là, sous nos yeux parfois, sur la planète. Caïn et Abel, deux vrais frères ayant même père et même mère! On lit dans leur histoire,  Gen. 4, 4-5: « Or Yahvé  agréa Abel et son offrande. Mais il n’agréa pas Caïn et son offrande. » Résultat : forte réaction  chez  Caïn qui en fut très irrité.

L’offrande d’Abel avait été aimée par Dieu. Celle de Caïn, non. Caïn le prit très mal. Nous venons d’assister ici à une cause qui peut donner naissance à la colère chez les humains et produire  son fruit empoisonné : la haine.

De la haine comme sentiment, plusieurs réactions peuvent naître. Caïn, au  lieu d’améliorer sa conduite, devint jaloux de son frère Abel. Il lui proposa  une promenade à deux, invitation agréable qu’Abel accepta. « Comme ils étaient en pleine campagne, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua. » (4) Première irritation, naissance de la haine; première planification  de vengeance, premier meurtre fraternel. Et nous le savons trop bien : tout homme est mon frère…

Aimer, haïr? Se venger, pardonner?
Voilà une série de quatre verbes qui peuvent régner encore à tour de rôle  dans le cœur humain. Série de verbes qui commence bien : aimer. Compte tenu des relations humaines  changeantes, deux verbes peuvent  germer : haïr, puis, après réflexion cordiale,  pardonner. Mais, il faut savoir aussi qu’après réflexion orgueilleuse : haïr peut encore évoluer pour en arriver même à la vengeance :  des choix qui se présentent à nous bien  souvent durant une vie. Quel verbe, quelle réaction l’emportera?  Quelle issue finalement en sortira? Vengeance ou pardon?

Quelle sera la vraie solution à appliquer devant cette situation pratique? Un verbe humain s’impose : aimer. Et aimer… quand même.  Aimer toujours. Aimer malgré tout, c’est-à-dire pardonner. Mais, y a-t-il des leçons de pardon ou des cures – des cours? – vers le pardon qui sont offertes?  Où se donnent de tels cours?  Et qui voudrait chercher à le savoir ? La réponse repose dans le cœur de chacun. Nous devons avoir bon cœur et garder toujours bon cœur.

Mais il y a aussi la possibilité de choisir  la mauvaise réponse. Caïn, dans la Genèse, a choisi la vengeance : suppression de celui dont les offrandes plaisaient plus que les siennes. Je vous le demande : la vengeance ne nous serait-elle pas plus facile que le pardon? 

Caïn a effectué le mauvais choix et il doit vivre avec.  Maintenant,  devenu seul à présenter à Dieu ses offrandes, il estime qu’il n’y aura jamais plus de comparaison possible entre lui et de son frère de la part de Dieu : le rival est mort!

Ouvrons le « Journal Mondial » de ce soir. Il aura publié lui aussi que la vengeance est plus facile à l’amour-propre, à l’orgueil personnel que le pardon. Cherchez attentivement  dans ce même « Journal Mondial » une nouvelle qui met en lumière l’histoire d’un pardon accordé par quelqu’un  sur notre planète! Cherchez bien…

Demeurons toujours dans l’Histoire humaine. Passons maintenant de la Genèse à l’Évangile.

C’est la haine qui a tué Jésus
L’histoire de la mort de Jésus peut  se résumer en peu de mots : Jésus est une victime de la haine. Ici encore, 2000 ans plus tard, les Caïn ont tué Abel.

Ceux que Jésus a dénoncés, scribes et pharisiens, ont gagné sur lui. Malgré la qualité de son enseignement, malgré les miracles qu’il a opérés au grand jour au profit des petits et des humbles. On a dû fait appel à des faux témoins,  la plèbe, pour appuyer de leurs cris la condamnation à mort souhaitée; on a fait aussi appel à la faiblesse de Pilate en lui rappelant que s’il voulait agir en ami de César il devait prendre la bonne, la seule décision : le condamner à la mort.

La haine y est allée de tout ce qu’elle sait si bien faire  pour détruire une réputation : faux témoins, sévices : flagellation, insultes, crachats, moqueries, couronne  royale en épines, vêtements écarlates pour en arriver à une exposition grandiose en employant des mots  prophétiques en exhibant au peuple une victime de la haine : « Ecce Homo. » Par cette mise en scène raffinée, Pilate pensait apitoyer cette foule de haineux, mais elle a exprimé le summum de sa haine en deux mots adressés à Pilate : « Crucifie-le. » Pilate – la justice romaine d’alors en Judée – a obéi à la meute hargneuse qui avait décidé d’obtenir la mort du juste.

Pour Jésus chargé de sa croix commençait la route vers le Calvaire dans les rues de Jérusalem, vers le supplice de la crucifixion, les moqueries des badauds, la soif, le sentiment d’être abandonné par son Père… Ses seuls soutiens se tenaient silencieux au pied de la croix : Marie, sa mère,  Madeleine et  Jean.

Ses dernières paroles prononcées au dernier bout de ses forces humaines : ses adieux au monde criés sur un ton  prophétique : « Père! Pardonnez-leur. Ils ne savent pas ce qu’ils font. » (5)

La haine a  triomphé de Jésus : elle l’a tué!

Après cette mort publique sur une croix, les disciples de Jésus se sont multipliés. L’Évangile a produit des fruits au grand étonnement du sanhédrin pour qui la mort honteuse de Jésus devait tout régler, et  pour toujours.

Mais non : des disciples nombreux ont surgi qui avaient compris et mis à leur propre programme celui de Jésus : vivre selon le grand commandement qui contient un verbe répété : « Aimez Dieu;  aimez-vous les uns les autres. »

Et se présentent ensuite à nous la cohorte sanglante des  Martyrs de Judée et des Martyrs de Rome : des apôtres, des chrétiennes, des chrétiens qui ont alors été traités comme leur Maître et Seigneur : haïs d’abord,  supprimés ensuite. La haine prétendait par ces moyens  effacer les pas, les paroles et l’action de Jésus  parmi les hommes!
Vivre quelque temps à Rome et visiter les Catacombes nous mettent en plein visage ces années héroïques qui prendront fin sous Constantin 1er (272-337) devenu empereur en 306.
 Voici ce que l’histoire  dit de Constantin : « En rupture avec le règne de Dioclétien,  il est le premier empereur romain  à se convertir au christianisme ; non seulement il marque la fin d'une ère de persécutions des chrétiens, mais il aide l'Église chrétienne à prendre son essor, en établissant la liberté de culte par le biais de l'édit de Milan (313). » (6)
Il aura donc fallu attendre 313 pour que les chrétiens puissent vivre au grand jour et jouir de la liberté de culte. La route vers 313 fut  une route sanglante que l’Église mentionne chaque année lors de la fête des courageux Martyrs de Rome.
Franchissons quelques siècles en saluant avec un profond respect  ces  chrétiennes et  ces chrétiens  qui ont servi le Seigneur avec générosité et souvent au péril, et souvent  même, au prix de leur vie dans des situations d’incompréhension totale. Il n’est pas question ici de dresser le procès de celui-ci ou de celui-là. Mais l’Histoire a tout noté : il n’est que de consulter ceux qui, dans l’Histoire écrite, ont tenu à  honorer la mémoire de ces personnes héroïques.

Faisons un pas de plus dans l’Histoire
L’Inquisition, pour sa part, nous permettra de faire mémoire des milliers de victimes dont la vie a été sacrifiée.

30 mai 1431, à Rouen, France.  Rendons  hommage à une jeune fille condamnée à mort dans sa  19e année. Elle a marché courageusement, fièrement même, vers le bucher de la haine qui allait la consumer devant une foule de spectateurs. Jeanne d’Arc a triomphé de cette violence;  réparation lui a été accordée par l’Église à la face du  monde entier en la proclamant sainte. Une erreur réparée qui lave  l’honneur de cette courageuse  jeune fille. 

Le 23 mai 1498, à Florence, Italie : Girolamo Savonarola, Dominicain, est doublement condamné : être pendu en public,  d’abord, puis brûlé ensuite  avec deux de ses confrères Dominicains. Depuis le 23 mai 1498,  un grand silence les enveloppe! Mais l’Histoire écrite, elle, n’a pas oublié car elle a inscrit dans ses pages sombres  leur double sentence publique et tous les motifs pour lesquels ils ont  été doublement exécutés à  la face du peuple.
Le 30 janvier 1948,  plus près de nous,  un militant pacifiste, le Mahatma Gandhi, en chemin avec des amis vers une réunion de prières,  était abattu par balles à New Delhi. Sa nation le pleura. En apprenant cet homicide haineux, Nehru déclarait, la voix brisée d’émotion, à la radio nationale: « Amis et camarades, la lumière a quitté nos vies, l'obscurité est partout, et je ne sais pas trop quoi vous dire et comment vous le raconter. Notre dirigeant bien aimé, Bapu comme nous l'appelions, le père de la nation, n'est plus. Peut être ai-je tort de dire cela ; néanmoins, nous ne le verrons plus comme nous l'avons vu toutes ces années, nous ne pourrons plus lui demander conseil ou consolation, et c'est un coup terrible, pas seulement pour moi, mais pour des millions et des millions dans ce pays. » (7)
La vengeance venait, une fois de plus, de triompher d’un pacifiste profondément  admiré du  peuple de son pays et du monde entier.

Et les guerres maintenant
Il faudrait ouvrir ici un chapitre sanglant qui se poursuit encore. Je ne le ferai que brièvement car le fait d’entendre le simple mot guerre nous révulse. Plusieurs ne sont  pas capables de visionner un film de guerre, si court soit-il!

La guerre armée entre nations, c’est le choix que la vengeance fait pour régler un conflit suscité par la haine. Comment est-il possible de combattre la haine par la haine ?
Établir l’histoire des guerres c’est dresser l’histoire des fausses solutions adoptées devant les conflits entre nations.
En cette année 2013, l’histoire du monde  est assez connue, et assez écrite, pour savoir qu’il y a eu trop de guerres par le passé et qu’il y a encore des guerres déclarées entre nations et des guerres à l’intérieur de nations et de pays.  Guerre de 100 ans, guerre de 7 ans, guerre des 100 jours, guerres de  quelques jours…Et plus près de nous : Syrie, Lybie, Afghanistan, etc., etc.
Si « le monde est fatigué de la haine », comme disait Gandhi, il est aussi fatigué de compter les morts dans chaque camp pour pouvoir déclarer à la fin qui est le vainqueur !  Un tel décompte, je vous le demande, peut-il rendre justice à quelqu’un,  pourrait-il servir à garantir une paix durable ?

Quelques causes classiques des guerres
Désirer agrandir son territoire.

  • Réclamer un ancien territoire jadis passé à un pays voisin.
  • Venger un assassinat commis par un ressortissant d’un pays voisin ou non.
  • Venger une banale violation de frontière
  • Riposter à celui qui a tiré le premier.
  • Réclamer un territoire nouvellement modifiée par la nature.

Cent autres raisons peuvent causer des  conflits qui aboutissent à l’usage des armes… et de la mort…
Avant de songer aux armes, il faut penser aux négociations. C’est pour cela que l’ONU existe qui a été créée par les États dans le but de  mettre fin aux conflits armés : pertes de vies humaines de combattants causées aux deux États, pertes de vies humaines par d’innocentes victimes civiles collatérales,  dégâts matériels causés par les bombardements, dépenses monétaires exigées par les deux  États en guerre, etc., etc. Ce bilan monétaire est lourd !  Les États qui ont cherché à établir l’ONU après la SDN n’ont pas pour autant réussi à bannir la guerre. Il faut poursuivre l’éducation de l’homme et lui enseigner le respect de la vie.

Autres conflits entre humains
Ici aussi les causes  sont multiples qui peuvent susciter des haines qui finiront mal : par la violence qui utilise coups, blessures, homicides.  On vous a volé, calomnié, abandonné, insulté, blessé en réputation, trompé, blessé physiquement, dénié une entente pourtant mutuelle, etc., etc. Vous avez d’abord été choqué par ces situations. Les responsables soulèvent en vous une certaine rancune, voire même une certaine haine ; et vous exigez juste réparation.  Chacun de ces camps prétend avoir raison. Comment appeler  un décideur impartial à l’aide ?
La justice vit quotidiennement du règlement de ces conflits quand on fait appel à elle. Souvent,  de tels conflits trouvent une solution juste.  Mais il arrive, malheureusement, que plusieurs personnes, après avoir demandé en vain réparation, décident de se faire justice à elles-mêmes. Il arrive souvent que des sentiments croissants de frustration, de dépit, de hargne,  de haine même envers le ou les responsables se développent et poussent vers des solutions envisagées comme radicales : voies de fait, homicide, suicide. Le rival est supprimé!  Cela dispense de chercher des solutions civilisées, je veux dire humaines.

Le pardon dans la Bible
Dans la Bible, les mots pardon et pardonner reviennent  souvent. C’est que dans toute vie on se trouve  un jour ou l’autre devant des situations délicates, des conflits, des injustices : dois-je pardonner ? Dois-je demander  pardon ?  Le chrétien sait que Jésus, dans l’Évangile, a parlé des affronts qu’on peut recevoir au cours de la vie, des injustices qui peuvent survenir envers nous, et  du pardon à envisager dans de telles circonstances.
Voici quelques passages  à propos du pardon.
Il s’agit  de la parabole du débiteur impitoyable que Matthieu nous livre au chapitre 18,23-35. Dans  Luc, 15, 4, nous lisons la fin du Notre Père : « Et remets-nous nos péchés, car nous-mêmes remettons à quiconque nous doit. » Voilà une prière que nous récitons à chaque messe et même plusieurs fois par jour au chapelet…
 À propos du pardon, je citerai  Matthieu  18, 21-22 : « Alors, Pierre s’approcha et lui dit : « Seigneur,  quand mon frère commettra  une faute à mon égard, combien de  fois lui pardonnerai-je ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui dit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. »  Jésus a prononcé ces paroles au cours de sa vie. Mais, ce qui plus est,  il les a encore rappelées sur la croix à la fin de sa vie.  Ce fut là une de ses dernières paroles : « Père, pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc, 23, 34.)Le pardon de Jésus est  allé jusque là ! Nous sommes loin  des ressentiments, très loin des insultes à l’adresse des bourreaux. Le pardon que nous recevons nous rassure et nous apaise. Celui que nous donnerons aux autres nous  plaira… et leur plaira aussi.
Ainsi,  la paix règnera alors  en nous et autour de nous.

La paix soit avec vous !
Après sa résurrection, Jésus est apparu plusieurs  fois à ses disciples. Il les saluait chaque fois par ces mots choisis : « La paix soit avec vous ! » Évidemment, voir paraître subitement parmi eux celui que l’on savait avoir été crucifié il y a quelques jours, dont les  mains et pieds étaient percés et  qui avait reçu un coup de lance dans le cœur ne pouvait manquer d’étonner et même d’effrayer les disciples. Cette formule : « La paix soit avec vous, »  est demeurée une formule rassurante que chaque célébration eucharistique nous rappelle opportunément.

La paix comme style de vie
Les Actes des Apôtres  nous font connaître le style de vie des  premiers chrétiens. « Ils se montraient assidus à l’enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. » (Actes 2, 42.)  « La multitude des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme. Nul ne disait sien ce qui lui appartenant, mais entre eux tout était en commun. » (Actes 4, 32.)

Saint Marcellin Champagnat et la paix
Plus près de nous, Marcellin Champagnat a rencontré dans son rôle de fondateur d’un Institut religieux de nombreux problèmes de gestion des affaires. Il s’est montré  homme pacifique et de bonne entente. Il a su gérer habilement les quelques crises internes des débuts de son Institut.
Dans son Testament spirituel, il a voulu, en religieux-prêtre d’expérience qu’il était, laisser à ses Frères une consigne précise et précieuse. Il a profité des derniers moments de sa vie pour nous transmettre un message que jadis nous lisions  parfois aux récollections communautaires mensuelles.  Voici un passage très important  de ce testament spirituel que je voudrais rappeler ici. Ce sont là les dernières paroles d’un mourant :  
« Je vous prie aussi, mes bien chers Frères, de toute l’affection  de mon âme  et par toute celle que vous avez pour moi, de faire un sorte que la sainte charité se maintienne toujours parmi nous. Aimez-vous les uns les autres comme Jésus-Christ vous a aimés. (Jean 13, 34) Qu’il n’y ait parmi vous qu’un même cœur et un même esprit. (Actes 4, 32) Qu’on puisse dire des Petits Frères de Marie, comme des premiers chrétiens : Voyez comme ils s’aiment. » (8)  Dans notre Institut, une attention spéciale a toujours régné parmi les Frères pour assurer la bonne entente, la cohésion, la paix, dans  les communautés.  Les visiteurs canoniques portaient une attention spéciale à cet aspect qui assure et maintient l’harmonie dans la vie fraternelle et l’amour mutuel : ce qu’on appelle tout simplement la vie sociale…
Notre XVIe  chapitre général, celui qui a suivi le Concile Vatican II, a produit un document remarquable à ce sujet. Ce document est même l’un des plus importants de ce chapitre. Je donne ci-après la référence complète de ce texte. (9)

Conclusion
Unité, amour, paix, bonne entente : voilà des synonymes qui sont revenus souvent dans les pages dont vous  terminez la lecture. C’est que la vie en société amène les personnes à se côtoyer, à s’observer, à discuter, à diverger d’opinion parfois, avant de  parvenir à s’entendre  dans la réconciliation.
Revenons aux toutes  premières lignes de ce texte… Que faut-il penser, finalement,  de la haine ?  Spinoza, dans « Éthique »,  affirme que : « La haine ne peut jamais être bonne. Elle s’augmente par une haine réciproque et au contraire, elle peut être étouffée par l’amour, de telle sorte que la haine se change en amour. » Ce que le philosophe Baruch Spinoza, 1632-1677, affirmait devant les gens de son temps reste  vrai devant nous en ces débuts du troisième millénaire. La nature humaine n’a pas changé.
Nous en reviendrons finalement au grand commandement de Jésus dans l’Évangile, le commandement du double amour : « amour de Dieu, amour du prochain. »
En cette ANNÉE DE LA FOI, un tel rappel ne peut être que bénéfique auprès de ceux et celles qui cherchent la vérité et la paix du Christ dans notre société ; la paix qu’il nous apporta à sa naissance dans des circonstances grandioses. Ouvrons l’Évangile selon saint Luc  au chapitre 2 : « Et soudain se joignit à l’ange une troupe nombreuse de l’armée céleste qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes de bonne  volonté. » (Luc 2, 13-14)
L’Année de la foi pourrait fort opportunément mettre en lumière, en nous le rappelant, ce que  Matthieu, dans son Évangile, appelle « Le discours évangélique » et qui s’ouvre par les béatitudes. (Matth., 5, 1-12)
Établissons-nous parmi ces pacifistes : ces gens de bonne volonté. Que notre conduite affichée  surprenne, rayonne et interpelle comme nous le rappellent  ces paroles d’un prêtre-musicien-poète de chez nous,  Robert Lebel :
« Je voudrais qu’en nous voyant vivre,
Étonnés, les gens puissent dire : 
Voyez comme ils s’aiment, 
Voyez leur bonheur. »

RÉFÉRENCES

  • Jean-Paul II Messages d’amour. Pensées pour chaque jour. Iris diffusion inc. Montréal, Canada, 1986,  p. 279.
  • Matthieu, 5, 9.
  • Le petit Larousse illustré, 1994.
  • Genèse, 4, 8.
  • Luc, 23, 34.
  • Wikipedia, art. Constantin.
  • Sur le Net, article Ghandi
  • Frère Jean-Baptiste, Vie de Joseph-Benoît-Marcellin Champagnat, Édition du bicentenaire, Rome, 1989, pp. 241-244.
  • Institut des Frères Maristes, XVIe chapitre général. Documents capitulaires, volume I, 21 décembre 1968, La vie communautaire.

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Laurent Potvin, fms – Château-Richer 2013

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