La crainte de Dieu dans léducation

F. D.

15/Feb/2010

N'est-ce pas, chers lecteurs, qu'une de vos plus amères tristesses est de voir un trop grand nombre des enfants que la Providence avait amenés dans vos classes et que vous vous étiez efforcés d'acheminer dans les voies droites du bien, s'en écarter malheureusement, à peine sortis de l'école, et s'égarer dans les voies tortueuses du mal en dépit des espérances souvent très belles qu'ils vous avaient fait concevoir ? A votre grande joie, la semence de piété et de vertu que vous aviez répandue avec amour dans leurs cœurs y avait germé d'abord avec une apparence de vigueur et de belle venue qui vous faisait croire pour l'avenir à une copieuse abondance de fruits ; puis bientôt, aux premiers souffles du vent des passions, vous avez la douleur de la voir s'étioler, se flétrir et disparaître sous la poussée envahissante de la semence de corruption qui sommeillait au fond de leur nature, ou que "l'homme ennemi’’, selon l'expression de l'Evangile, y a jetée à votre insu. Et anxieusement vous vous demandez s'il n'y aurait pas quelque remède à un mal qui vous afflige à si juste titre.

Humainement, ce remède ne paraît, hélas! guère possible à trouver, surtout aujourd'hui que la puissance, déjà terrible en elle- même, des mauvaises inclinations natives rencontre un si redoutable complice dans le milieu saturé de naturalisme et d'irréligion oh l'enfant en se voit comme fatalement plongé au sortir de vos mains; mais la religion vous l'offre très efficace, à vous et à tous ceux qui la prennent pour base de leur système d'éducation: c'est la sainte crainte de Dieu, qui, avec le secours de la grâce, a de tous temps fait croître, au sein des milieux les plus pervers, tout un peuple d'élus.

Aussi le Bulletin, à la suite d'une des dernières circulaires du Révérend Frère Supérieur, n'a-t-il cru pouvoir faire rien de plus utile que de venir aujourd'hui vous la recommander tout spécialement.

* *

Dans l'Ancien Testament, le Saint-Esprit, par l’organe des écrivains sacrés, fait de la crainte du Seigneur les plus Magnifiques éloges. Non seulement, dit-il, il n'est rien de meilleur, mais elle surpasse toutes choses. Il proclame bienheureux ceux qui l'ont reçue en partage, et il ne sait et qui les comparer. Il l'appelle successivement principe de la sagesse, couronne de la sagesse, essence de la sagesse, asile, trésor, source de vie et de joie, paradis de bénédiction, couronne d'allégresse, etc. Et dans les écrits des Pères de l'Eglise, on trouve souvent l'écho ou le commentaire de ces belles appellations. Elle est dans le cœur du juste, disent-ils, connue un bouclier au bras d’un soldat; c'est pour l'âme une grande lumière qui l'éclaire et la purifie, une ancre de salut qui l’affermit au milieu des tempêtes du cœur, et un lest qui empêche le juste d'être soulevé par le souffle de l'orgueil et des autres passions. Elle est la gardienne de toutes les vertus. Celui qui ne l'a pas, dévie facilement du sentier de la justice et se trouvé exposé à toute sorte de tentations et ã toutes les embûches de l’ennemi du salut. Quand, au contraire, elle est solidement établie dans l'âme, elle en chasse le péché, soit en y corrigeant les fautes passées, soit en lui faisant éviter les fautes présentes, soit en la préservant des fautes à venir.

C'est nous dire toute son importance dans la vie de l'homme et le soin avec quel soin il faut tâcher de la graver profondément dans le cœur des enfants, si on désire les établir d'une manière durable dans la pratique de la vertu. Elle est le fondement indispensable qu'il faut donner à toute œuvre éducatrice sous peine de la condamner presque fatalement à une durée éphémère et à une irrémédiable stérilité. En vain rendrions-nous nos élèves instruits, dociles, affectueux, rangés, désireux de bien faire, et même pieux de cette piété qui n'est fondée que sur le sentiment; si nous ne réussissons pas à imprimer profondément dans leur âme le sentiment vif, sincère et raisonné de la crainte de Dieu, il est à peu près sûr que nous aurons perdu à leur égard notre temps et nos peines. Ce seront des édifices de paille, dont la belle apparence pourra tromper les regards superficiels, mais qui ne sauraient résister au feu par lequel ils doivent nécessairement être éprouvés; des statues de neige qui peuvent faire bonne figure tant que dureront les froids de l'hiver, mais qui se réduiront sûrement en eau dès les premières chaleurs de l'été.

Plus vainement encore les partisans de l'éducation sans Dieu prétendent-ils donner à leur œuvre une efficacité durable en l'appuyant sur la raison et sur la conscience affranchies des données de la foi. Qui ne sait, en effet, que la raison aux prises avec les passions violentes est un faible roseau qui ne sait que plier ou se rompre? Quant à la conscience, sans la pensée de Dieu, c'est un rayon de lumière séparé du foyer d'où il émane, et qui s'évanouit dans les ténèbres. Comment se croire lié par la loi sans législateur qu’elle nous allègue, et dont la sanction apparaît comme illusoire ou du moins comme très incertaine? La seule conscience vraiment efficace, c'est celle qui nous présente le bien, le devoir, comme l'expression de la volonté infiniment juste et sage d'un Dieu aux regards duquel il n'y a rien de secret, et dont la rigueur incorruptible ne laissera impunie aucune des prévarications qui n'auraient pas été expiées par le repentir et les autres moyens qu'il a mis à notre disposition pour cela, pas plus que sa bonté ne laissera sans récompense la moindre bonne action accomplie pour lui.

Or c'est là précisément la conscience du bon chrétien, celle que nous devons- tous avoir, et, que nous devons chercher à former dans tous les enfants qui nous sont confiés, si nous avons à cœur de pouvoir compter moralement sur leur persévérance. Si nous sommes assez heureux pour y parvenir véritablement, nous leur aurons donné, en face de lit tentation, de quelque nature qu'elle soit, la plus sûre garantie de résistance et le meilleur gage du succès. Ils auront beau être seuls, sans témoins, assurés de l'impunité de la part des hommes; ils entendront distinctement au fond de leur âme une voix intime qui leur dira: "Sans doute tu peux échapper à la sévérité de la loi humaine, tu peux tromper le regard de ceux qui sont chargés de la vindicte publique et même de ceux à qui ton action pourrait faire concevoir une diminution d'estime à ton égard ; mais, alors même qu'aucune créature ne pourrait te voir ni même te soupçonner, l'œil du Seigneur est toujours ouvert sur toi; il découvre tes actes les plus cachés, tes pensées les plus secrètes, et il te jugera non point sur les dépositions des hommes, mais sur la vérité de ce qui se passe en toi, de tes désirs les plus intimes, de tes projets les plus, mystérieux, de tes actes accomplis dans le secret des ténèbres’’. En même temps leur imagination leur représentera l'inimitié de Dieu qu'ils vont encourir, les châtiments que sa justice réserve aux coupables; et le plus souvent ils diront, comme Joseph sollicité par la femme de Putiphar à une action criminelle: « Non, je ne ferai point le mal devant mon Dieu qui me voit ».

Mais si, parce qu'ils ont l'habitude de la mépriser, cette voix reste muette, ou si, au lieu de leur présenter le mal comme une offense à la souveraine majesté de Dieu qui les voit et qui doit un jour leur en demander rigoureusement compte, elle se contente de le leur montrer platoniquement comme une pure infraction aux convenances, comme une simple divergence avec la manière dont un homme raisonnable doit se conduire, il y a tout à craindre que le résultat ne soit inverse1, qu'au lieu de résister courageusement à la suggestion mauvaise, ils ne lui cèdent presque sans combat, et que cette première faute, en se réitérant, ne devienne le principe d'une vie désordonnée et peut-être criminelle.

La crainte de Dieu, non point cette crainte servile qui nous le ferait regarder comme un maître impitoyable et redouter comme un tyran, mais cette crainte révérencielle et filiale qui nous fait voir en lui un Père plein de bonté et de miséricorde, à qui 'seulement son infinie sainteté et son adorable justice ne permettent pas de laisser le mal impuni; tel est donc le seul fondement efficace de toute éducation morale, « Il n'y a qu'elle, dit le célèbre apologiste Lactance, qui conserve la société humaine, et qui soutienne, garantisse et régisse la vie n. " Où Telle est, ajoute avec non moins de raison saint Isidore de Séville, elle corrige les mauvais penchants, chasse le péché, réprime le vice et rend l’homme vertueux ; où elle n’est pas , il y a la perdition, la dissipation de la vie et presque toujours l’abondance des crimes

* *

" D'accord, répondra-t-on peut-être, mais comment parvenir à inspirer aux enfants cette crainte salutaire et surtout à la graver assez profondément dans leurs cœurs pour qu'elle soit capable de résister à l'assaut des passions et à l'influence corrosive du milieu dans lequel la plupart d'entre eux seront obligés de vivre? „ — C’est bien là, en effet, que se trouve le vrai nœud de la question. Avoir reconnu la nécessité et les effets si désirables de la crainte de Dieu, c'est bien quelque chose; mais le profit en serait minime, en somme, si on n'allait pas plus lin. Ce qui importe surtout, c'est d'aviser aux moyens pratiques de la faire naître et de la conserver, afin qu'elle produise ses fruits.

Là premier de ces moyens est de prier beaucoup pour nos élèves, car la crainte de Dieu, telle que nous venons de la définir, est avant tout un don du Saint-Esprit, et tous nos efforts seraient impuissants à la donner sans le secours de la grâce dont la prière nous ouvre tous les trésors. C'est ici surtout que trouve son application l'oracle divin : "Sans moi vous ne pouvez rien faire’’. N'oublions donc pas, selon la recommandation de notre Vénérable Fondateur, de penser souvent à nos enfants dans nos prières de chaque jour. Demandons à Dieu pour eux l'application à bien écouter les instructions que nous leur ferons à ce sujet., la docilité à y adhérer d'esprit et de cœur, et la fidélité persévérante à y conformer leur conduite ; demandons aussi pour nous, pour notre parole, en même temps que la clarté qui instruit, la chaleur qui persuade, et l'onction qui entraîne doucement l'adhésion de la volonté. Ce sera déjà un puissant facteur pour arriver à l'obtention du résultat désiré.

Joignons-y toujours le hou exemple. Comme toutes les autres vertus, la crainte de Dieu s'inspire encore plus qu'elle ne s'enseigne; et pour la faire pénétrer sûrement dans les esprits et dans les cœurs, rien ne vaut la vie sainte de celui qui la conseille. Selon le mot de saint Bernard, la plus éloquente des prédications sera toujours l'exemple des bonnes œuvres; car, s'il est vrai que tous les hommes en général préfèrent, comme plus commode et plus simple, de faire bonnement ce qu’ils voient faire aux autres, que de se conformer à une règle abstraite, combien ce doit être encore plus vrai des enfants! Le moyen le plus sûr de leur inspirer la crainte de Dieu est donc de l'avoir nous-mêmes à un haut degré, afin qu'elle transparaisse dans toute notre conduite. Prenons-y garde: la Providence a mis dans leur esprit une logique secrète mais rigoureuse qui les pousse à tirer presque à leur insu les conséquences pratiques de tout ce qu’ils voient et entendent. Par une sorte d'instinct invincible, par une insatiable curiosité, ils descendent hardiment jusqu’au fond même de la conscience de ceux qui les entourent pour y découvrir, avec une sagacité souvent étonnante, leurs vices et leurs vertus, qu'ils s'approprient ensuite sans distinction et sans choix. Que cette pénétration naturelle ne leur découvre jamais rien en nous que de saint, d'édifiant et de sincèrement religieux. Qu'ils voient à notre attitude pendant les prières, à notre manière de parler des choses de la religion et dans toute notre conduite combien vive est notre foi, combien grand et sincère est notre respect pour la présence de Dieu, pour son saint nom, pour ses commandements et pour tout ce qui se rapporte à lui; combien vraie et profonde notre douleur de le voir offenser, et, sans même qu'ils s'en rendent compte, cette même foi, ce même respect des choses saintes, cette même crainte d'offenser Dieu, cette même douleur de le voir offenser, ne se contenteront pas de naître spontanément dans leurs âmes, mais y pousseront des racines profondes que rien n'arrivera à détruire complètement.

Nous pourrons compter sur cette consolation avec plus de raison encore si à la prière et au bon exemple nous ajoutons un zèle actif et persévérant pour donner à nos enfants une bonne et solide instruction religieuse. Pour craindre Dieu, la première condition est de croire en lui, et pour croire, il faut connaître; d'où il suit que l'ignorance ou la connaissance trop superficielle des vérités chrétiennes est actuellement un des plus dangereux écueils qu'aient à redouter la foi et les mœurs d'un jeune homme au sortir de l’école. Au milieu d’un monde incrédule, indépendant, scandaleux, défavorable à l'idée et aux pratiques religieuses comme l'est celui de nos jours, il lui est presque impossible, sans un miracle de la grâce, de se maintenir croyant et vertueux, s'il ne connaît pas sérieusement les raisons qui en font un devoir et les moyens qui en rendent capables. Tâchons donc, par toutes les voies possibles, de donner à ceux qui nous sont confiés, cette large et abondante mesure d'instruction religieuse dont ils vont avoir un si grand besoin au sortir de nos classes ; appliquons-nous à les pénétrer profondément de la connaissance de Dieu et de ses divines perfections, des œuvres de sa puissance, de sa bonté et de sa justice, du prix inestimable de sa grâce, du malheur infini de le perdre sans retour, de la malice du péché et des terribles châtiments qui lui sont réservés dans l'enfer; à les instruire solidement des mystères de la vie et de la mort de Jésus-Christ, de sa doctrine, de ses exemples et des exemples de ses serviteurs qui l'ont imité le plus parfaitement; à les nourrir des vrais principes de la morale chrétienne, des lois et de l’esprit de l’Eglise en ce qui touche la réception des sacrements et les pratiques d'une véritable piété, etc. C'est un des meilleurs gages de persévérance que nous puissions leur donner.

Ne nous en contentons pas cependant, mais efforçons-nous, tandis qu'ils sont sous notre conduite, de leur faire vivre véritablement leur foi, c'est-à-dire de les amener à l’observation fidèle des commandements de Dieu et de l'Église, de leur donner le goût et l'habitude de la prière, de la fréquentation des sacrements et de toutes les pratiques de religion en rapport avec leur âge. Si la prière bien faite est la clé des trésors de la grâce, les sacrements de Pénitence et d'Eucharistie sont, dans le combat pour la vertu, le vulnéraire qui guérit l'âme des blessures éventuelles qu'elle peut recevoir, et le cordial qui lui donne des forces pour continuer courageusement la lutte. Quiconque sait y recourir fréquemment et avec les dispositions nécessaires est assuré de sortir victorieux quels que soient les ennemis à combattre: celui qui les néglige au contraire demeure exposé sans défense à tous les traits du démon, du monde et des passions et ne peut guère manquer d’être misérablement vaincu.

Enfin, comme dernier et très important moyen de maintenir nos enfants dans la crainte de Dieu et de favoriser leur persévérance, tâchons de ne pas les abandonner à eux-mêmes à leur sortie de l'école. Quoi que nous ayons pu faire pour asseoir solidement leurs convictions religieuses, elles sont restées forcément bien fragiles, et leurs cœurs, encore dépourvus d’empire sur eux-mêmes, ont conservé toute leur mobilité et leur faiblesse natives. Ils sont d’ailleurs à la veille d’une crise physique et morale dont l'esprit du mal ne manque jamais de profiter pour leur offrir ses séductions les plus dangereuses et les fatiguer de ses obsessions les plus opiniâtres. Il arrive souvent alors que les choses se mettent à leur apparaître sous un jour tout différent de celui sous lequel ils les avaient vues jusque-là. La foi et la vertu, qui faisaient leur bonheur, perdent à leurs yeux tous leurs charmes et se transforment en un frein douloureux. Le vice et le péché, qui leur paraissaient répugnants, se présentent à eux comme légitimes et séduisants. Ajoutons à cela les mille scandales dont le monde est actuellement rempli, les occasions dangereuses qu'il offre à chaque pas, l'atmosphère de sensualisme et d'impiété qu'on y respire, l'action démoralisatrice des mauvais journaux et de l'atelier, les railleries dont les méchants poursuivent ceux qui ne font pas comme eux, et nous comprendrons combien ont besoin d’assistance, si nous voulons qu'ils puissent rester bons et fidèles à Dieu, les pauvres enfants qui nous quittent chaque année pour entrer dans la lutte pour la vie. Ne les abandonnons donc pas, mais continuons â nous intéresser à eux, à les aider de nos conseils; tâchons de les soustraire aux mauvaises compagnies, en les attirant encore de temps en temps à l'école et en les faisant enrôler, si possible, dans quelque œuvre de persévérance , où ils puissent trouver, avec une société édifiante et la direction de personnes sages et expérimentées, des passe-temps honnêtes, un utile emploi de leur activité, un aliment pour leurs juvéniles enthousiasmes et surtout le réconfort si précieux d'autres âmes éprises du même idéal, nourries des mêmes principes et saintement passionnées pour la cause du bien, dont on s’efforce en commun de procurer l'avancement et le triomphe.

A ce prix, il y a tout lieu d'espérer que le sentiment de la sainte crainte de Dieu se maintiendra vivant dans leurs cœurs, et qu'après leur avoir servi de frein contre l'entraînement des passions et de préservatif contre les défaillances d'une volonté encore peu sûre d’elle-même, il y fera pénétrer à sa suite le sentiment plus noble encore de la divine charité, qui doit être, en somme, le pivot principal et le principe inspirateur de toute vie vraiment chrétienne; car, selon la gracieuse comparaison de saint Augustin, « comme nous voyons ceux qui cousent, faire entrer d'abord l'aiguille, puis la faire sortir afin que le fil entre â son tour, ainsi quand la crainte de Dieu pénètre dans une âme, ce n'est pas elle qui reste: elle n'est entrée que pour introduire la charité ».

F. D.

______________________________

1 Ecoutons, à ce sujet, le témoignage personnel de Stanley, le grand explorateur de l'Afrique centrale: "Cette conviction qu'il y a un Dieu témoin de toutes nos actions, qui observe et se souvient est souvent intervenue entre moi et le mal. Plus d'une fois, dans des tentations douloureuses, il m'est venu soudain la force de dire: Non, je ne veux pas, ce serait mal; non pas criminel peut-être, mais coupable; Dieu me voit, C'est précisément de m'avoir donné cette force que je lui suis reconnaissant. La raison n'eût pas suffi d me faire résister victorieusement aux tentations; il fallait pour cela une conscience, et c’est ma conviction religieuse qui l’a créée. Ce guide intérieur m'a empêché de dire de vaines paroles, de tromper mon prochain par de fausses promesses, de porter sur lui des jugements trop hâtifs, d'écouter les calomnies et de m'y associer, de céder au ressentiment, etc. … Il a modéré une nature qui sans ces exhortations secrètes et pleines de douceur, aurait été, j'en suis convaincu, beaucoup plus mauvaise qu’elle ne l’est. Je ne prétends pas qu'il ait toujours triomphé, loin de là, mais je lui suis reconnaissant de ce qu'il a fait; et, tant que ce sentiment subsistera en moi, j'ai l'espoir qu'il continuera à être pour moi un frein, et à me rappeler à mon devoir

RETOUR

Nos défunts...

SUIVANT

Collège de Jounieh...