Lorganisation de lenseignement en Belgique

24/Oct/2010

Le Département de l'Instruction Publique, appelé jusqu'en 1933, Ministère des Sciences et des Arts, après avoir été pendant longtemps rattaché au Ministère de l'Intérieur, a fini par avoir son autonomie complète, à la suite de l'extension de l'enseignement de l'Etat, de la loi sur l'obligation scolaire et de la politique des subsides à l'enseignement primaire.

Depuis, il n'a cessé de s'étendre et actuellement il évolue et s'agrandit encore, surtout sous l'influence d'un régime à tendance totalitaire et étatiste, tel que le connaît la Belgique en ce moment.

Le Ministère de l'Instruction Publique comprend aujourd'hui cinq Directions Générales, chacune se subdivisant en Directions et Sections spéciales, nettement hiérarchisées et coordonnées.

1° Le Secrétariat Général, dirigé par un Directeur Général Adjoint ou Secrétaire Général et comprenant trois Directions spéciales.

a) La Direction des Services généraux ;

b) La Direction de la Comptabilité générale ;

c) La Direction de l'Administration des Services Techniques d'Etude et de Documentation.

2° La Direction Générale de l'Enseignement Moyen et de l'Enseignement Supérieur et leurs différentes Sections.

3° La Direction Générale de l'Enseignement Primaire et Normal :

a) La Direction de l'Enseignement Primaire ;

b) La Direction de l'Enseignement Normal ;

c) La Direction de l'Education populaire et des Bibliothèques.

4° La Direction Générale de l'Enseignement Technique.

5° La Direction Générale des Beaux-Arts.

 

A. Enseignement gardien ou écoles maternelles.

Le développement de la civilisation et de la connaissance de l'homme et de l'enfant entraîne inévitablement une extension de l'enseignement vers le bas et vers le haut : on prend les enfants de plus en plus jeunes et on les conduit de plus en plus loin.

C'est ainsi qu'ont été créées au XIX° siècle, pour les enfants de moins de six ans, les écoles gardiennes ou maternelles souvent appelées aussi jardins d'enfants.

On sait que le premier jardin d'enfants fut créé en Thuringe, Allemagne, par A. Frœbel, à Blankenburg, près de Rudolstadt.

En Belgique, c'est à Ixelles, faubourg de Bruxelles, que fut fondé en 1857, le premier jardin d'enfants. Depuis, ils se sont multipliés très rapidement. La loi du 1ier juillet 1879 donne à l'Etat le pouvoir d'obliger les communes à joindre une école gardienne à l'école primaire. Actuellement, toute commune et toute paroisse quelque peu importantes possèdent une école gardienne.

Le personnel enseignant des écoles gardiennes est formé dans les Ecoles Normales Gardiennes qui comportent un cycle d'études s'étendant sur trois années.

Les écoles gardiennes de Belgique sont au nombre de 4.500 environ. Elles sont fréquentées par près de 300.000 enfants de trois à six ans, et tenues par 8.000 institutrices gardiennes. L'Etat pose certaines conditions pour agréer ces écoles.

Le but premier de l'enseignement gardien est de préparer à l'école primaire. A l'aide de techniques de plus en plus précises, que les recherches psychopédagogiques perfectionnent chaque jour, les maîtresses éveillent lentement la personnalité des enfants en s'efforçant de développer les sens, l'esprit d'observation, l'imagination, le jugement. Le langage y est l'objet de soins attentifs. Enfin, la dextérité et l'habileté manuelle, aussi bien que le sens moral et social, s'acquièrent plus rapidement dans un milieu favorable.

 

B. L'enseignement primaire.

Sans remonter jusqu'à la préhistoire, on peut dire que c'est à l'occupation française sous la Révolution et l'Empire et au Gouvernement hollandais que la Belgique doit les progrès les plus marqués et la réorganisation complète de l'enseignement primaire. Au cours du XIX° siècle, par suite de la carence d'un grand nombre de communes, le nombre des établissements privés augmente rapidement. Des lois successives améliorèrent la situation et instituèrent les subsides. Enfin le 19 mai 1914, était voté le principe de l'instruction obligatoire, mais la nouvelle loi ne put être mise en application qu'en 1918. Elle créait l'obligation de la fréquentation scolaire pour les enfants de six à quatorze ans, ajoutait un quatrième degré, c'est-à-dire une septième et une huitième année, aux trois degrés primaires existants, généralisait la gratuité et imposait l'inspection médicale. Diverses lois ont complété les lois antérieures : elles ont été coordonnées et ne forment qu'une seule loi organique de l’enseignement primaire.

L'enseignement primaire s'adresse aux enfants de six à quatorze ans. Il y en a actuellement 950.000 qui fréquentent les écoles du pays.

L'enseignement élémentaire vise quelques objectifs bien précis :

— Donner aux enfants les connaissances minima indispensables dans la vie ;

— Créer chez eux certains automatismes et leur faire acquérir des techniques courantes : lire, écrire, calculer ;

— Exercer l'esprit et façonner le caractère ;

— Enfin donner une formation sociale et civique.

Un programme minimum est fixé par l'Etat. D'autre part, l'Enseignement libre (catholique) a arrêté également un programme d'études dont l'esprit contrairement à celui de l'Etat, qui est neutre, est franchement chrétien.

Les deux réseaux d'enseignement primaire sont également bien développés et comportent un total d'environ 9.000 écoles Le nombre d'élèves fréquentant l'enseignement libre dépasse de loin celui de l'enseignement de l'Etat.

 Dans les écoles primaires l'enseignement est donné par des instituteurs et institutrices primaires ayant fait leur Ecole normale, ou par des professeurs agrégés de l'enseignement moyen, habilités également à donner l'enseignement primaire. La préparation des maîtres et maîtresses à leurs fonctions est assurée par les Ecoles normales libres ou officielles. On compte actuellement environ 40.000 instituteurs et institutrices en Belgique qui tous sont payés par l'Etat dès lors qu'ils ont un diplôme d'Ecole Normale.

Comme pour les écoles gardiennes, la création et l'ouverture des écoles primaires est soumise à certaines conditions déterminées par l'Etat. De plus les écoles gardiennes et les écoles primaires sont soumises à l'inspection régulière de l'Etat.

 

C. L'enseignement secondaire ou moyen.

L'enseignement secondaire ou moyen, comme on dit souvent en Belgique, tend à une formation « humaniste » ; il cherche à donner à l'élève une formation générale pour qu'il devienne une personnalité dans la société où il devra vivre ; il veut former son jugement, son cœur et son esprit, bref en faire un « homme ».

Deux voies conduisent les adolescents vers ce but : les humanités anciennes ou gréco-latines, basées sur l'esprit et la littérature ancienne, et les humanités modernes qui se fondent surtout sur la civilisation actuelle par l'étude des langues vivantes et les sciences. Ces deux orientations possibles n'excluent pas la compénétration des branches communes à l'une et à l'autre.

Sans conduire ordinairement à une profession, ces études préparent l'intelligence, soit en vue d'une adaptation rapide à un travail quelconque; soit en vue d'études supérieures.

L'enseignement secondaire ou moyen, qui s'adresse aux enfants de douze à dix-huit ans, compte actuellement environ 160.000 étudiants, presque également répartis entre les deux secteurs, officiel et libre. Il dure six ans et commence après le troisième degré de l'enseignement primaire ou sixième année.

Cs qu'on appelle enseignement moyen du degré inférieur s'adresse aux enfants de douze à quinze ans et chevauche partiellement sur le quatrième degré primaire ou septième et huitième années, de douze à quatorze ans. Ce dernier, créé pour permettre aux enfants de satisfaire à l'obligation scolaire, a d'ailleurs tendance à disparaître sous la poussée de nombreuses écoles moyennes du degré inférieur ouvertes ces dernières années dans les écoles primaires. Il est condamné à disparaître complètement le jour où la loi imposera la prolongation de la scolarité obligatoire jusqu'à quinze ans.

Les professeurs d'Ecoles moyennes du degré inférieur appelés encore Régents sont formés dans les Ecoles Normales moyennes.

 Quant à l'enseignement moyen du degré supérieur, c'est-à-dire les trois dernières années, il est réservé en principe aux diplômés de l'Université ou licenciés.

 

D. L'enseignement supérieur

Avant la constitution des Pays-Bas, il n'y a jamais eu en Belgique qu'une Université : celle de Louvain, créée en 1425, par une Bulle du Pape Martin V sous le Duc Jean IV de Brabant. Elle fut supprimée en 1797, lors de la Révolution française. Sous le régime français, il n'y eut pas d'enseignement supérieur complètement organisé. A Bruxelles, il y avait trois Facultés : Lettres, Droit et Sciences.

En 1816, sous l'occupation hollandaise, trois Universités furent créées : une à Gand, une à Liège et une à Louvain. Depuis 1830, l'Université catholique ressuscite, d'abord à Malines, puis elle réoccupe ses locaux à Louvain. Il y a actuellement en Belgique quatre Universités : deux de l'Etat : Gand pour les étudiants de langue flamande et Liège pour ceux d'expression française ; et deux qui sont dites libres : celle de Louvain qui est catholique et celle de Bruxelles qui est libérale et matérialiste.

En outre, il existe bon nombre d'écoles supérieures pouvant délivrer des certificats, et même des licences : Anvers. Bruxelles. Namur, sans oublier un certain nombre d'Ecoles Supérieures de Pédagogie, où les instituteurs peuvent compléter très heureusement leur formation, quelque peu élémentaire, de l'Ecole Normale.

L'Université de Louvain mérite une mention spéciale. Plus de cinq fois centenaire elle est une des plus anciennes et des plus célèbres de l'Europe. Malgré les épreuves de deux guerres au cours desquelles sa bibliothèque et nombre de ses bâtiments ont été détruits ou endommagés, elle continue à rayonner en se tenant à la fine pointe du progrès. Elle attire la majorité des étudiants de Belgique comptant à elle seule plus d'étudiants que les trois autres Universités belges ensemble. Ses étudiants qui étaient 4.500 en 1938, dépassent maintenant les 10.000. Elle comprend sept Facultés : Théologie, Droit Canon, Droit, Médecine, Philosophie et Lettres, Sciences, Sciences Economiques et Sociales, ainsi qu'un grand nombre d'Ecoles spéciales et d'Instituts. Une des caractéristiques de l'Université, c'est que tous les cours sont donnés en deux langues, français et flamand ou néerlandais. Le corps académique comprend plus de cinq cents professeurs et maîtres de conférences.

L'Université de Louvain en perpétuelle création demeure le miroir du pays et des découvertes internationales. Ses Instituts de psychiatrie, du cancer, de recherches économiques, d'éducation physique, de physique nucléaire pour n'en citer que quelques-uns sont à l'image de notre temps. Dans une dizaine de chantiers en cours, elle édifie encore d'autres centres d'études.

 

E. Enseignement technique

L'enseignement technique proprement dit est de date relativement récente. Auparavant, n'existait que l'apprentissage direct de la profession. Cet enseignement naquit sous la pression de plus en plus forte des industries qui réclamaient des ouvriers et des techniciens qualifiés.

Actuellement, on trouve en Belgique toute une gamme très complexe d'Ecoles Techniques aussi bien du degré inférieur que des degrés moyen et supérieur.

 

F. Les Ecoles Normales.

Les Ecoles Normales, nous l'avons vu, forment les instituteurs de l'enseignement primaire et les professeurs de l'école moyenne, à tout le moins du degré inférieur.

On distingue donc les Ecoles Normales pour instituteurs dont les cours durent quatre ans. Peuvent y être admis, les jeunes gens qui ont complété les études du quatrième degré primaire, c'est-à-dire la huitième année, ou ceux qui ont achevé les trois années do l'enseignement moyen inférieur.

Les Ecoles Normales moyennes pour la formation des professeurs des écoles moyennes, reçoivent des candidats qui ont complété les six ans d'études secondaires ou qui sont porteurs d'un Diplôme d'instituteur. Les cours qui durent deux ans au minimum peuvent comporter différentes sections : littéraire, scientifique, langues germaniques, éducation physique, dessin et travaux manuels.

On compte en Belgique 31 Ecoles Normales pour garçons et 50 Ecoles Normales pour filles. De ce nombre, 17 sur 31 sont des Ecoles Normales libres ou catholiques avec un total de 2.000 étudiants sur 2.800 pour les garçons et 36 sur 50 sont des Ecoles Normales catholiques avec un total de 3.000 étudiantes sur 4.000. Ainsi malgré tous les avantages pécuniaires que les parents trouveraient à envoyer leurs enfants dans les Ecoles Normales de l'Etat, ils s'obstinent à les confier de préférence aux Ecoles Normales libres.

Des conditions et des exigences de programmes, d'inspection, d'examens, d'horaires, de pratiques de l'enseignement dans les écoles d'application sont imposées par l'Etat aussi bien dans les établissements officiels que dans les Ecoles Normales libres. Mais aussi le diplôme des uns et des autres a une valeur officielle et ses titulaires sont payés par l'Etat quand ils ont été acceptés dans l'enseignement, qu'ils soient religieux ou séculiers.

Notre Ecole Normale d'Arlon possède les deux sections : une Ecole Normale pour instituteurs que suivent les Frères aussi bien que les séculiers et une Ecole Normale moyenne aux multiples sections : littéraire, scientifique et langues germaniques, pour Frères et laïcs qui préparent leur Diplôme de Régent, lequel leur donnera droit d'enseigner dans les écoles moyennes. A la rentrée de 1956, on a inscrit 128 étudiants à l'Ecole Normale pour instituteurs et 62 à l'Ecole Normale moyenne.

 

G. L'œuvre éducative de nos Frères en Belgique.

Les statistiques pour la province donnaient au 1er janvier 1956 :147 Juvénistes, 14 postulants, 21 novices, 67 Profès temporaires, 194 Profès perpétuels, 112 Stables, soit 373 Profès et 182 sujets en formation. On indique encore 39 écoles dans lesquelles enseignent 265 Frères et 386 professeurs civils à 16.968 élèves dont 1.913 internes.

La plupart de ces établissements sont de simples écoles primaires avec quatrième degré. Cependant, sous la pression des circonstances, nos écoles moyennes du degré inférieur se multiplient.

La province dirige en outre deux écoles techniques : Saint-Hubert et Malmédy et donne un enseignement moyen complet, six années, à Saint-Gilles, Bruxelles, humanités modernes, et à Arlon : humanités anciennes et humanités modernes.

Elle possède quatre internats : Couvin, Saint-Hubert, Mont-Saint-Guibert et Arlon. Ce dernier établissement est de loin le plus important. Il comprend :

— une école primaire ;

— une section d'humanités anciennes ;

— une section d'humanités modernes ;

— une double école normale : primaire et moyenne ;

— enfin, une classe spéciale pour les élèves du Grand Duché de Luxembourg.

 

La lutte scolaire en Belgique

En ce moment, les partis socialiste et libéral, actuellement au pouvoir, croient le moment venu d'établir, par une série de mesures extrêmement vexatoires et une réduction très sensible des subsides accordés à l'enseignement libre, la prédominance de l'enseignement de l'Etat, de s'attaquer aux droits et à la mission traditionnelle des communes et des provinces, afin d'étouffer par étapes l'enseignement libre ou catholique.

En d'autres termes, elles visent au monopole de fait de l'école de l'Etat. A travers une évolution paisible du problème scolaire, on renoue ainsi avec la politique de Van Maanen sous la domination hollandaise (1815-1830) et de Van Humbeek (1878-1884). Mais tandis que Guillaume I voulait asseoir son pouvoir personnel et que le gouvernement Frère-Orban cherchait à promouvoir les progrès du parti libéral, M. Collard, notre ministre actuel de l'Instruction Publique, mêle à son laïcisme très franc-maçonnique le souci d'assurer au socialisme une majorité absolue. Dans ce but, il s'agit pour le socialisme de pénétrer en Flandre, d'y établir des bases d'expansion ainsi que dans les campagnes wallonnes restées chrétiennes. C'est pourquoi la fameuse loi Collard tend d'abord à consacrer en matière scolaire la primauté absolue de l'Etat et cherche ensuite à abaisser et à faire suspecter et mépriser l'enseignement libre.

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