Circulaire 351

Charles-Raphaël

1960-05-24

Ce qu'a voulu le Chapitre Général (suite): Une vie famille plus intime
I. La Congrégation doit être une famille pour nous: Pensée de l'Eglise sur tous les Instituts religieux . Volonté et exemples de notre Bienheureux Fondateur Tradition toujours maintenue chez nous
II. Les exigences fondamentales de notre vie de famille
A. La paternité de tous les Supérieurs
B. L'esprit filial de tous les inférieurs: obéissance, respect, affection pour les Supérieurs . .
C. Une délicate charité fraternelle entre tous
a) Le calme nécessaire
b) Comprendre les autres
c) Charité dans les paroles
d) Savoir écouter
e) Rendre toujours service
f) Entente cordiale entre anciens et jeunes
g) L'oubli résolu du passé
h) La joie dans la famille
III. L'esprit de collaboration dans la famille .
Conclusion: Les vrais ennemis de l'esprit de famille
Nos prochaines retraites
Notre nouvel Office marial et nos prières de chaque jour
Nos Constitutions: les indults obtenus
Nos Règles Communes
Documents: Union des Frères de Saint-François-Régis avec notre Congrégation .
Dédoublement de Province
Mission de Nouvelle-Calédonie
Elections
Statistique générale de l'Institut
Liste des décès

351

V. J. M. J.

 Saint-Genis-Laval, le 24 mai 1960.

Fête de Notre-Dame Auxiliatrice.

MES BIEN CHERS FRÉRES,

 La Circulaire du 24 mai 1959 indique les trois moyens proposés par le Chapitre de 1958 pour revivifier parmi nous l'esprit du Bienheureux Fondateur :

-une ferveur religieuse plus intense ;

-un zèle apostolique plus éclairé et plus efficace ;

-une vie de famille plus intime en dépit des tâches multiples qui nous accablent souvent.

Il nous reste aujourd'hui à faire quelques commentaires sur le troisième moyen proposé. 

1. – NOTRE VIE RELIGIEUSE

DOIT ÊTRE UNE VIE DE FAMILLE

 Dans un excellent livre sur la vie religieuse, le Père René Carpentier note : « Basée sur l'unité du Corps mystique, qui nous fait membres les uns des autres, l'ambition de la vie religieuse est d'établir, dans la foi et la charité, une fraternité complète :

«  1° D'abord dans les dispositions intérieures : par la bienveillance mutuelle, la participation aux joies et aux peines, la volonté de collaboration à l'œuvre commune, la renonciation au moi individualiste, à tous les sentiments de revendication.

« 2° Ensuite, dans la fidélité à l'ordre extérieur adopté pour l'ensemble, aux mêmes règles et coutumes qui ne sont rien d'autre que l'incarnation visible de la parfaite fraternité…

« 3° Par-dessus tout, dans l'union avec les supérieurs… » (Témoins de la Cité de Dieu, p. 66).

Si tout Ordre ou Congrégation constitue une famille, dans le plus noble sens du mot, on peut dire que dans les Congrégations de Frères enseignants, où la vie commune est particulièrement intense, les liens qui unissent les différents membres doivent être plus intimes encore. Et, pour les Congrégations plus spécialement mariales, le Père E. Neubert observe : « Une dévotion spéciale à Marie donnera à cet esprit de famille une nuance spéciale aussi de tendresse, de force et de sainteté » (Marie et la vie religieuse, p. 172).

On comprend donc facilement que notre Bienheureux Père ait voulu, dès les premiers jours de son Institut, un grand esprit de famille parmi ses disciples. Il y est revenu très souvent dans ses allocutions, dans ses directives aux Frères, dans ses lettres. Il a surtout prêché d'exemple.

Qu'on relise seulement quelques-unes de ses lettres, publiées dans le premier volume de nos Circulaires. «Notre cœur aime à se rappeler chaque jour votre souvenir, et au saint Autel à vous présenter tous au Seigneur, mais aujourd'hui nous ne pouvons résister à la douce satisfaction de vous exprimer nos sentiments affectueux et de vous témoigner notre tendresse paternelle » (Lettre-circulaire du 19 janvier 1836).

L'année suivante, il n'hésite pas à écrire à ses Frères d'une manière étonnamment affectueuse : « Carissimi,

« Mes bien-aimés, mes bien chers Frères, aimons-nous les uns les autres. Je ne pourrais, au commencement de cette année, tenir un langage plus conforme à mes goûts et à mes affections ; que j'interroge mon cœur, mes sentiments, la peine que me cause la moindre de vos disgrâces, vos ennuis qui sont les miens ; vos revers, mes sujets d'affliction, vingt années de sollicitude, tout cela répond que je puis hardiment et sans crainte vous adresser les paroles que le Disciple bien-aimé met à la tête de ses épîtres : Mes Bien-Aimés, aimons-nous les uns les autres, parce que la charité vient de Dieu » (Du 10 janvier 1837).

Aussi, peu de temps après la mort du Bienheureux Fondateur, le vénéré Frère François pouvait-il écrire à bon droit : « La pensée la plus chère au cœur de notre bon Père dans les derniers moments de sa vie, a été de voir toujours les Frères de Marie réunis dans les sentiments d'un même cœur et d'un, même esprit, ne formant tous qu'une famille et retraçant parmi eux la sainte charité des premiers chrétiens » (Lettre-circulaire du 8 septembre 1840).

Cet esprit de famille, si cher à notre Bienheureux Père, qu'il a si ardemment désiré pour tous les siens, qu'il a enseigné sans se lasser, qu'il a manifesté lui-même dans toutes ses relations avec ses Frères, a été fidèlement maintenu par ses successeurs. On peut dire qu'il s'est conservé intact dans nos Provinces, dans tous les pays, sous toutes les latitudes. Il y a une dizaine d'années, une de nos revues de Province écrivait à ce sujet : « Nous vivons en famille, dans cette famille de choix que Dieu nous constitue pour notre bonheur : la communauté ! Près de nous, avec nous, sont des Frères liés à nous par la communauté de but, d'idéal, de labeur, de règle, par les mêmes prédilections, les mêmes exercices de piété et de vertu, par toute l'orientation de notre activité. Ces Frères nous ressemblent ; ils ont pris la même route où nous devons marcher du même pas ! Et nous les aimons, sans doute parce que Dieu et le devoir nous demandent de les aimer, mais aussi parce qu'ils sont bons et que nous devons trouver en eux toutes les qualités et les valeurs qui les font apprécier, estimer et préférer à tous » (Entre-Nous, de Belgique, octobre 1950).

Ces quelques lignes rendent fort bien les sentiments de tous les vrais Petits Frères de Marie, de ceux d'aujourd'hui comme de ceux d'hier. Il y a eu des imperfections ; il y en aura encore. Sur terre, rien ne peut être parfait. Mais toutes ces ombres ne ternissent pas l'idéal familial de la Congrégation.

Le dernier Chapitre, comme tous les précédents, s'il n'a pas souvent parlé expressément de cet esprit de famille, l'a toujours eu devant les yeux comme l'idéal même de la vie commune des Frères. D'ailleurs, un bon nombre de suggestions ou de remarques envoyées au Chapitre envisageaient directement de favoriser notre vie de famille. Comme le signale le rapport de la 7ième Commission du Chapitre : « Les notes reçues… manifestent beaucoup de sollicitude concernant la santé des Frères et les soins à donner aux vieillards, malades et infirmes. Elles démontrent un grand esprit de famille et continuent ainsi l'exemple de notre Bienheureux Fondateur et les traditions de l'Institut ».

De plus, que de notes envoyées par les Frères de toutes les Provinces, tendaient au fond à faciliter la vie de famille, alors qu'elles semblaient se borner à des remarques sur l'alimentation, les moments de détente, l'horaire de la journée ou de certains jours de fête, l'usage de la radio, de la télévision ou du cinéma, la vie commune en général ! Les longues discussions des capitulants sur les suffrages dus à nos défunts partaient égale-ment de ce souci de la famille mariste tout entière, que la mort même n'arrive pas à désunir.

La 3ième Commission insiste particulièrement sur la charité fraternelle : « La Commission croit devoir rappeler avec insistance, à tous les Frères, la grande règle de la charité. La vie de communauté et le travail de l'enseignement exposent à de nombreux manquements : critiques de l'autorité et des confrères, égoïsme, mauvaise humeur, sévérités, partialités, indiscrétions, etc. De graves fautes, lourdes de conséquences, peuvent ainsi se glisser dans des vies apparemment régulières.

« Mais la vie de communauté et l'enseignement fournissent aussi l'occasion, par la pratique de la charité, de faire rayonner la charité du Christ, de montrer le vrai visage du Christianisme et de la vie religieuse, et ainsi de faire aimer notre vocation.

«La Commission souhaite donc, que dans toutes nos communautés, une authentique charité vivifie la régularité » (Circ. du Chapitre, p. 257).

La 5ième Commission, à son tour, veut que nous y préparions les jeunes : « Au juvénat, au noviciat et au scolasticat, on cultivera de toutes les manières possibles, le véritable esprit de famille, afin d'attacher les jeunes à la Congrégation » (Circ. du Chapitre, p. 270).

Pour éviter le plus possible les répétitions d'idées et de remarques, nous étudierons brièvement les exigences fondamentales de notre vie de famille, en nous appuyant la plupart du temps sur les échanges de vues entre les capitulants. Tout ce qui a été dit pendant le Chapitre n'a pas été mis par écrit. Et quand une brève notation d'un rapport fait allusion à notre vie de famille, elle rend souvent fort incomplètement toute la richesse des considérations qui l'ont motivée. 

II. – LES EXIGENCES FONDAMENTALES

DE NOTRE VIE DE FAMILLE

 Pour que notre vie de famille réponde à la pensée de l'Eglise et de notre Bienheureux Fondateur, comme aux aspirations des âmes qui entrent chez nous, il faut :

1° Des sentiments vraiment paternels chez tous les Supérieurs, à quelque degré qu'ils se trouvent ;

2° Chez tous les sujets, un esprit filial qui se soutienne à travers les difficultés de la vie ;

3° Une sincère et constante cordialité entre tous les Frères, sans aucune exception. 

A. La paternité du Supérieur.

 a) Quand on parle de la paternité du Supérieur, il est principalement question du Supérieur local, du Directeur comme nous disons habituellement. Mais tout Supérieur, à quelque degré que ce soit, doit toujours se comporter en père dans ses relations avec ceux qui lui sont confiés. C'est la mission propre, irremplaçable, d'un Supérieur d'être le père des « siens », tout spécialement du Supérieur de cette famille religieuse plus réduite que nous appelons la communauté. Dans celle-ci on se connaît mutuellement ; on se coudoie à longueur de journée ; on partage les joies, les peines, les préoccupations de ses confrères ; on se heurte parfois ; il peut y avoir des malentendus, des froissements plus ou moins sérieux. Sans la présence du père de la famille, l'entente serait difficile ; les plus belles énergies risqueraient de se gaspiller.

Un Supérieur doit souvent méditer sur les obligations concrètes de cette paternité, telles qu'elles se présentent dans le poste où il se trouve actuellement. Lorsque les choses ne vont pas bien, il doit commencer par faire son examen de conscience, calmement, mais sérieusement et objectivement, sur la manière dont il assume sa mission de père.

Il est étonnant de constater combien vite et profondément peut s'améliorer le climat d'une communauté « où l'on ne se sentait pas heureux », une fois qu'un Supérieur a su rétablir la confiance mutuelle. Celui-ci ne pourra y arriver qu'en assumant pleinement les obligations et les droits de sa paternité. Dieu lui a donné des grâces d'état pour ce rôle. Il doit y croire. Il doit oser affronter résolument les difficultés pratiques qui se présentent à lui.

Bien entendu, tout Supérieur est aidé par les meilleurs Frères, spécialement par ses conseillers immédiats. Mais, dans son rôle de «père», il est lui-même irremplaçable. Un professeur crée en quelque sorte l'atmosphère morale de sa classe. A plus forte raison le Supérieur dans sa communauté, d'autant plus que nos Frères sont, en général, d'une grande bonne volonté, disposés franchement à reconnaître les droits de paternité de celui que la Providence leur a donné comme père.

Il est bon que tout Supérieur sache méditer souvent sur ce thème, qu'il mesure en quelque sorte l'étendue immense de son influence « possible », et qu'il ne doute pas de ses Frères, moins encore des grâces spéciales que lui vaut sans cesse sa paternité.

Inlassablement, il doit se travailler lui-même, s'efforcer d'acquérir les qualités et les vertus qui lui font défaut, vouloir obstinément se comporter comme le père des siens, quels que soient les sacrifices qu'il lui faudra consentir. Il doit être persuadé que ce n'est pas par ce qu'il sait, dit, écrit ou impose, qu'il exercera une action féconde dans sa famille, mais avant tout par ce qu'il est devant Dieu. Pareille conviction est de nature à le stimuler sans cesse sur la route montante de la perfection.

b) Un Supérieur qui entend se conduire en père, doit guider les siens, quelquefois les reprendre ou même les corriger, souvent les encourager.

Il doit guider les siens. Il faut donc qu'il les connaisse tous, sans exception. Cela suppose des relations fréquentes, affectueuses, des entretiens empreints du charme de la famille.

« Une règle d'or : Porte ouverte et bon accueil, à n'importe quel moment que ce soit et quelque occupé qu'il soit ! Les Religieux doivent passer avant n'importe quel séculier. Son temps leur appartient. Quand il en voit entrer un dans son bureau, qu'il n'ait jamais cet air de « qu'est-ce qui est encore arrivé » ? Leur visite ne le dérange pas, puisqu'il l'attend. Il écoute chacun comme s'il était seul au monde, sans paraître pressé, sans avoir l'air de chercher une arrière-pensée sous les paroles prononcées. Il essaie d'entrer dans les points de vue du visiteur et de comprendre les détails dont la trame de sa vie est tissée, quelque insignifiants qu'ils paraissent. » (P. Hoffer, Directoire des Directeurs, p. 53.)

Cela suppose, en particulier, le compte de conduite, cet entretien fraternel que nous appelons la « direction » dans le langage ordinaire. Plu-sieurs fois, les capitulants ont dû constater combien ce point était négligé, surtout en certains secteurs de l'Institut. Bien des notes envoyées au Chapitre signalaient cette carence de direction et les conséquences lamentables qui en résultaient. Nous en reparlerons plus loin, à un autre point de vue.

Guider ses Frères, c'est également ne pas se dérober aux questions fondamentales qui se posent à eux dans leur vie de communauté. Bien des fois, la seule intervention du Frère Directeur peut résoudre les problèmes du moment. Parfois, le Frère Provincial devra intervenir. On ne peut absolument pas se désintéresser des difficultés qui entravent l'activité des Frères ou qui les empêchent d'être calmes et heureux en communauté. Quelqu'un doit s'en occuper et s'en préoccuper, s'il le faut, et c'est le Supérieur comme père.

Guider, c'est aussi s'adapter. On ne traite pas deux âmes de façon identique. Tout éducateur doit savoir cette vérité pédagogique élémentaire. Un Supérieur doit tenir compte, en particulier et pratiquement, de l'âge de ses Frères, de leur culture, de leur état de santé, de leurs faiblesses même.

Il est un domaine où nos Frères, tout particulièrement les plus jeunes, ont actuellement besoin d'être guidés affectueusement et constamment par leurs Supérieurs, par le Frère Directeur ou par le Frère Provincial selon les cas, c'est celui du bon emploi du temps. Un religieux doit toujours être occupé. L'oisiveté, dangereuse pour tous, l'est peut-être plus particulièrement chez ceux qui veulent tendre vers la perfection. Notre Bienheureux Père a insisté, à temps et à contre-temps, pour que chacun de ses Frères soit vraiment « occupé ». Nos jeunes sont tout disposés à travailler. Il appartient au Supérieur responsable de les guider avec tact et fermeté pour que ce besoin d'activité soit bien orienté et qu'il n'y ait pas de gaspillage de forces.

Le Supérieur doit aussi veiller attentivement à éviter ou à supprimer le véritable surmenage parmi les siens, surtout parmi les jeunes de sa communauté, portés quelquefois à se charger inconsidérément, parce qu'ils ne connaissent pas les limites de leurs forces, ni les exigences de certaines tâches professionnelles. Au Chapitre, à maintes reprises, on a fait le procès du surmenage chez nous. On devra y revenir, et, au préalable, avoir bien étudié la question sous tous ses aspects, en tenant compte des particularités de temps et de lieu. Dans l'immédiat, on peut y remédier suffisamment, quand on est Supérieur responsable, en se penchant attentivement sur la situation concrète de chaque membre de la communauté et en donnant les conseils paternels que l'expérience et la grâce suggèrent. On a dit : « Peu de gens savent administrer sagement leurs biens, et encore moins de gens savent utiliser sagement leur temps ». Mais c'est souvent parce qu'on n'a pas su guider les jeunes Frères comme il l'aurait fallu.

Le Supérieur devra quelquefois reprendre ou même corriger. Ce devoir d'un vrai père peut être difficile à remplir. Aussi le néglige-t-on souvent, trop souvent. Les prétextes ne manquent pas.

Il faut être charitable, affirme-t-on, et donc ne pas tout voir, tout entendre ; il faut être très indulgent… Mais la charité fraternelle, la vraie, et surtout la charité d'un Supérieur totalement dévoué aux siens ne se manifeste pas seulement par des sourires, mais aussi en dirigeant fermement, et, s'il le faut, en reprochant clairement ce qui doit être reproché.

Apparemment, une remarque peut être dure ; en réalité, elle est, de la part d'un Supérieur dévoué, une grande marque d'affection sincère et profonde. Que de fois, dans les confidences faites par des Frères qui ont fini par abandonner leur idéal religieux, on entend cette réflexion mélancolique : « Ah ! si l'on m'avait guidé d'une main plus ferme ! »

En général, l'affection sincère se devine facilement, et la remarque la plus dure passe alors sans laisser d'amertume dans le cœur. Comme l'a dit S. S. Pie XII au deuxième Congrès des Etats de perfection (9 déc. 1957) : « La fermeté nécessaire s'accompagne toujours chez lui (le Supérieur) du respect profond et de la délicatesse d'un cœur paternel ».

Enfin le Supérieur, qui entend vraiment être le père des siens, doit surtout encourager. On ne dira jamais assez la puissance des mots encourageants surtout sur les jeunes.

En général, nous pouvons être très contents du climat de nos maisons de formation, des dispositions de générosité, de don de soi de nos jeunes Frères. La sélection est sagement faite. Ils sont bien initiés aux exigences de notre vie de Frère Mariste. Mais autre chose est d'entendre des exposés sur les difficultés de la vie apostolique et autre chose est d'y être pleinement engagé soi-même. Il en va de même de la vie de communauté, surtout quand les âges, les éducations, les caractères sont nettement différents. Le passage d'une maison de formation à la vie pleinement active sera toujours difficile, en dépit de toutes les mesures qu'on a déjà prises et qu'on continuera de prendre dans la suite. Dans ce domaine de la sage initiation des jeunes au « terrible quotidien » le Supérieur doit être particulièrement vigilant.

Comme le note le rapport du Chapitre (Circ. du Chapitre, p. 265) : « Que l'on rappelle avec opportunité ce fait que nos jeunes qui arrivent dans nos communautés ne sont pas parfaits ; ils doivent donc être jugés équitablement et trouver un appui dans la vie commune. A cause de l'inévitable opposition des générations, veillons à ne pas tuer leur personnalité et à leur laisser suffisamment d'initiative ».

C'est la mission spéciale du Frère Directeur et du Frère Provincial. Ils y parviendront surtout par les paroles d'encouragement. Dans toute communauté où se manifestent clairement l'union des cœurs et l'harmonie des volontés, on trouve un Supérieur qui sait vraiment encourager les siens.

Encore ici notre Bienheureux Père nous donne d'admirables leçons. Ecrivant une petite lettre au Frère Barthélemy Badard, le 3 janvier 1831, après lui avoir rapidement donné quelques bons conseils pour la formation de ses élèves, il conclut : « Que de bien vous pourrez faire, mon cher ami ! » Pousser délicatement à l'effort, inspirer confiance, dilater les cœurs des siens, veiller avec une sollicitude vraiment paternelle à éviter toute tentation de découragement, quel magnifique témoignage d'amour de la part d'un Supérieur !

Quand on réunit ainsi les devoirs que suppose la paternité d'un Supérieur, on serait facilement tenté de les qualifier de trop difficiles ou même d'impossibles. On pourrait répondre à l'objection en citant cette parole de Mgr Garrone : « Il n'a jamais été facile de faire un chrétien ». Et l'auteur concluait logiquement : « Le vrai éducateur doit donc accepter résolument le combat de l'éducation, et, par le fait même, la possibilité de certains échecs ». Transposons cette réflexion sur le terrain de notre vie religieuse. La remarque vaut surtout pour les formateurs de nos jeunes : il ne sera jamais facile de soutenir et d'entraîner tous les membres d'une communauté dans la pratique des vertus religieuses et apostoliques jusqu'au terme de la vie.

A la longue, tout Supérieur s'y userait, s'il ne bénéficiait pas lui-même, en premier lieu, du climat tonifiant de la famille. Quoi qu'en disent parfois des esprits pessimistes ou aigris, le Supérieur peut compter, chez nous, sur l'affection sincère et profonde de ses Frères en religion. Cette affection lui sera d'autant plus largement accordée qu'on le verra assumer lui-même plus généreusement toutes ses obligations de père de famille. Dès lors, l'effort et la peine ne coûtent guère. C'est par un effort loyal et total d'amour qu'il faut commencer. C'est par le véritable amour de la famille que cet effort sera récompensé. 

B. L'esprit filial des inférieurs.

 Dans une famille unie, les enfants, quel que soit leur âge, obéissent à leurs parents, les respectent et les aiment. Il doit en être de même dans une communauté bien ordonnée. L'obéissance, le respect, l'affection sont trois devoirs que les religieux doivent pratiquer à l'égard de leurs Supérieurs.

a) Le vœu d'obéissance est le principal des trois vœux. En fait, c'est lui qui constitue la vie religieuse proprement dite. Le vœu prescrit à un religieux des devoirs précis. limités, que les Constitutions indiquent nettement. Mais le champ de la vertu d'obéissance est immense. Un religieux peut acquérir les mérites de l'obéissance tout le long de chacune de ses journées.

L'obéissance, ainsi entendue, détermine la marche de la communauté, de la grande comme de la petite. Quand elle est respectée par tous, tout marche très bien. Dès qu'il y a des négligences sur ce point fondamental, les choses vont mal.

On dit parfois : le Supérieur doit se faire obéir. Il convient d'ajouter : et l'inférieur doit avoir le courage d'obéir. Car si l'esprit de foi est à la base de l'obéissance, il n'en reste pas moins vrai que l'obéissance coûte presque toujours.

L'attitude filiale du religieux se révèle par l'effort qu'il s'impose, dans les cas difficiles, pour faciliter la tâche de son Supérieur. Si ses difficultés personnelles sont réelles, celles de ses Supérieurs peuvent l'être tout autant et même plus. Ce qui est en cause, essentiellement, ce n'est pas le bien individuel, mais le bien de toute la famille.

Nous n'avons nullement l'intention de signaler, en ce moment, les qualités de la véritable obéissance. Rappelons seulement l'épisode évangélique des deux fils : l'un promet d'obéir, et ne le fait pas ; l'autre semble tout d'abord se révolter, mais finit par exécuter fidèlement les ordres reçus. Nous connaissons le jugement du divin Maître sur chacun des deux.

Cette volonté d'obéir doit accepter résolument des mesures dont la portée nous échappe. C'est ainsi, comme le note le R. Père Carpentier, que « nous devons être satisfaits des exceptions que les Supérieurs accordent à d'autres. L'amour n'est pas niveleur : il veut pour les autres toutes les exceptions nécessaires. C'est au supérieur à juger de cette nécessité » (op. Cit., p. 67).

b) Le Supérieur, envisagé du point de vue sur-naturel comme représentant de Dieu, doit toujours être respecté. Rien ne choque les gens du monde comme le manque de respect, même occasionnel, d'un religieux pour tel ou tel de ses Supérieurs. Le scandale, en pareil cas, risque facilement de devenir grave. Grâce à Dieu, c'est plutôt rare chez nous.

Le manque de respect à l'intérieur même de la communauté est peut-être plus facile et plus commun. Nos rapports mutuels sont tellement fréquents, qu'il peut arriver facilement des heurts, des divergences d'opinions, des malentendus avec le Supérieur. Si l'on n'y prend garde, le respect pour lui tend à diminuer. Parfois la cause en est tout simplement cette familiarité de bon aloi qui préside normalement à nos relations fraternelles. On se rend aisément compte des petites faiblesses d'un Supérieur, de ses limites, de ses manies, voire de ses tics. Puis, il y a la différence d'âge, de mentalité, de culture…

Et l'on peut parfois assister à ce spectacle paradoxal de voir que des gens du dehors, des prêtres, des religieux d'autres Instituts, voire des laïcs haut placés, témoignent à un Supérieur de chez nous, plus de respect que ceux de la communauté. Notons, encore une fois, que nous ne parlons que du respect extérieur ; en pareil cas, le respect intérieur peut rester intact.

Quoi qu'il en soit, le comportement extérieur a son retentissement sur les dispositions intérieures ; il convient donc de maintenir partout cette marge minimum de respect qu'on doit à celui qui tient la place de Dieu. Dans certains cas, il faut que tous sachent être fermes à l'égard de quelqu'un qui aurait manqué ouvertement au respect dû aux supérieurs. Certaines formes de silence sont au fond des lâchetés. Il peut y avoir des raisons sérieuses de rappeler un Frère à l'ordre, même s'il en coûte de le faire. Quand le courage fait défaut, les meilleures résolutions restent inutiles.

c) L'affection. – Dans la famille mariste, il ne suffit pas que le Supérieur soit obéi et respecté ; il doit être aimé… Ordinairement, les Supérieurs, chez nous, ont une tâche ingrate à remplir. Ils ont, assez souvent, plus de travail que la plupart des autres Frères : leurs journées sont plus chargées ; leurs nuits moins calmes, moins reposantes leurs préoccupations plus nombreuses, quand elles ne forment pas, comme chez plus d'un Supérieur, une chaîne continue… Il faut en tenir compte.

Dans une famille bien unie, le père de famille, quand son travail est fini, rentre chez lui et se repose au milieu des siens… Tel de nos anciens élèves, dur travailleur, qui a finalement accédé à un emploi très honorable mais fort exigeant, disait à ses anciens maîtres qu'une soirée en famille le reposait bien plus que n'importe quel voyage de tourisme. Chez nous également, le Supérieur doit pouvoir se reposer, se détendre au milieu de ses Frères. Cela n'est possible que s'il se sent aimé comme on aime ceux de la famille.

Une lourde responsabilité pèse sur ceux qui dépeignent à leurs confrères, surtout aux plus jeunes, le Supérieur comme le maître seulement, le trouble-fête, « l'ennemi ». Il faut espérer qu'ils ne sont pas pleinement conscients du mal qu'ils font à leurs confrères d'abord, mais également au Supérieur lui-même, en plaçant celui-ci dans les pires conditions pour bien assumer toutes les obligations de sa mission providentielle.

Sans doute qu'il appartient tout d'abord au Supérieur de provoquer éventuellement un entre-tien fraternel avec l'un ou l'autre, quand il lui semble qu'une incompréhension s'est produite… Mais peut-il toujours s'en rendre compte ? D'autre part, lui aussi peut passer par un mauvais moment ou ne pas oser faire la démarche qui s'impose… Il faut donc que tous soient disposés à causer ensemble, très cordialement, des problèmes communs, de tout ce qui pourrait donner lieu à des malentendus, à des frictions.

Il n'est peut-être pas inutile de nous redire à nous-mêmes et parfois de rappeler à d'autres que la grande loi de l'amour fraternel dont nous allons parler, se rapporte aussi aux Supérieurs religieux. Nous avons la conviction que plusieurs de nos Frères seraient meilleurs Supérieurs, quelquefois même seraient mieux disposés à accepter la charge du supériorat devant laquelle ils reculent d'instinct, si certains Frères, spécialement les plus influents en communauté ou dans la Province, étaient plus attentifs à leur témoigner une réelle affection. Habituellement, nos Frères ne reculent pas devant l'effort et devant le sacrifice ; mais tous n'ont pas le courage de faire face à la froideur et à l'opposition des membres de la famille. 

C. La charité fraternelle de tous.

 Le plus grand malheur pour des enfants, est sans doute d'avoir des parents qui ne s'entendent pas. Pour nos Frères, spécialement pour les plus jeunes, c'est de se trouver dans une communauté où l'on ne vit pas d'accord. Si l'union s'impose pour la réalisation de notre but apostolique, elle est encore plus nécessaire pour que la vie de communauté soit vraiment heureuse. Une grande cordialité doit donc régner dans nos relations mutuelles. Aucune exception à cette loi ne saurait être tolérée par ceux qui ont le devoir d'intervenir. Chacun d'entre nous doit considérer tout acte opposé à l'union des cœurs comme une faute très regrettable.

La charité fraternelle doit se traduire en actes. Si la foi sans les œuvres est une foi morte, un amour fraternel qui se bornerait à une sorte de sentimentalisme, serait d'une lamentable insuffisance pour notre vie de communauté.

Comment se manifeste. en communauté, l'amour que nous avons pour nos Frères ?

1° Si étrange que puisse paraître pareille affirmation, nous commencerons par dire que le Frère qui entend être pleinement charitable, s'efforcera toujours de se maintenir dans le calme. On pourrait dresser une liste impressionnante de situations pénibles dues en premier lieu au manque de calme, de possession de soi. L'énervement, sous toutes ses formes, devient rapidement dangereux en communauté. Ce sont alors des jugements précipités, des gestes inconsidérés, des mots trop durs, des observations et des reproches blessants. Très vite, on les regrette ; mais ils ont été lancés, et la pointe a pénétré dans la chair, parfois profondément. On l'a dit : « Il y a des paroles si maladroites qu'elles posent une borne entre celui qui les prononce et celui qui les entend ». Le manque de calme multiplie ce genre de maladresses… Les tempéraments diffèrent ; ii n'est pas également facile à tous de se maintenir de sang-froid, mais l'effort pour y arriver s'impose à tous.

Aux curés et prédicateurs du Carême de Rome, S. S. Pie XII n'hésitait pas à donner ce conseil (le 18 février 1958, l'année même de sa mort) : « Essayons d'être calmes, chers fils ; nous ne devons pas exagérer les ombres ni sous-évaluer les lumières. Si nous voyons la réalité telle qu'elle s'offre à nous, nous aurons déjà fait le premier pas pour apporter remède aux inconvénients qui apparaîtront dans leur plus ou moins sérieuse gravité ». Chez nous, la réalité, c'est que nous constituons vraiment une famille, que nous vivons avec des Frères qui ont bien plus de qualités que de défauts, que nous risquons trop facilement de ne voir que ceux-ci et de nous tromper grossièrement, ce qui nous porte à être injustes… Restons calmes ; réagissons vigoureusement contre toute forme d'énervement, d'irritation, de colère.

2° Il nous sera alors possible de faire effort pour comprendre ceux avec qui nous vivons, pour les deviner, pour nous adapter éventuellement à leur type de réaction. Les bonnes relations mutuelles dépendent en grande partie de cet effort pour comprendre les autres, car tous les hommes ont leur secret. Albert Mahaut a écrit : « Si, en général, les conseils sont si rarement suivis, c'est parce qu'ils ne sont bons que pour ceux qui les donnent et non pour ceux à qui ils sont donnés. Pénétrer les âmes, entrer dans la vie des autres, c'est le secret des conducteurs d'hommes ». Et c'est également le secret de la véritable entente fraternelle en communauté. Si cet effort de compréhension manque, on risque tout au moins d'être sans influence réelle sur ceux à qui on est pourtant tout disposé à rendre service. Comme le note Marie Noël dans ses Notes intimes, en parlant des « proches » qui ne sont pas des intimes : « Ils ne sont d'aucune ressource dans les crises profondes, aux heures mystérieuses du mal vrai ».

Ce même effort de compréhension fait d'ailleurs que l'esprit devient de plus en plus large et, par le fait même, plus hospitalier : « Ce qu'il ignore, l'intéresse ; ce qu'on lui apprend, arrête son attention ; fort en sa partie, il s'avoue faible sur le reste ; il consulte chacun en son métier ; il ne contredit pas ceux qui parlent de leurs propres affaires, comme il souffre lorsqu'un ignorant le contredit dans les siennes » (Fr. Charmot, La teste bien faicte, p. 57).

30 Habitués à voir vraiment des Frères en ceux qui nous coudoient en communauté, nous devenons d'une extrême vigilance pour ne pas manquer à la charité dans nos paroles. Dans son allocution à la deuxième session du Synode de Rome, le 26 janvier 1960, S. S. Jean XXIII n'a pas hésité à dire à son auditoire : « Ah ! frères et fils, ne vous effrayez pas de ce que Nous allons vous dire. Nous avons l'impression que, en ce qui concerne l'usage de la langue, nous péchons un peu tous, plus ou moins, et que savoir se taire et savoir parler à temps avec bienveillance est un signe de grande sagesse et de grande perfection sacerdotale ».

Est-ce que, dans nos entretiens de religieux et d'éducateurs, nous avons le souci constant de ne jamais faire du tort à la réputation d'autrui, spécialement à celle de nos Frères en religion ? Jamais ? Plus encore : sommes-nous vraiment préoccupés de sauvegarder et de défendre éventuellement leur réputation ?

4° Il faut aller plus loin. Il ne suffit pas de ne jamais mal parler de ses Frères ; il faut être disposé à les laisser parler, à les écouter avec attention et avec une sympathie marquée. Savoir écouter tous ses Frères, savoir découvrir quelque chose d'intéressant dans tous les entretiens avec ses Frères, quel beau témoignage d'estime, quelle magnifique démonstration de politesse et de respect pour le prochain. De plus, savoir écouter favorise étonnamment la compréhension mutuelle. Les malentendus proviennent souvent du fait que quelqu'un n'écoute pas ou écoute superficiellement. Il faut aussi savoir provoquer la parole des timides, des trop réservés, des tristes. En causant, ils se délivreront de leur mal. Il faut que, eux aussi, puissent parler, s'ouvrir, communiquer de la lumière aux autres.

Comme un homme parle volontiers de ses idées personnelles, même de ses sentiments intimes, quand il se rend compte qu'on l'écoute attentivement, avec respect, avec affection ! Il se sent visiblement honoré. Et quand il s'agit d'un jeune confrère, notre attention sincère nous mérite facilement sa confiance et son affection. Tout cela est à bien méditer par ceux qui ont charge d'âmes, qui doivent conseiller et guider les autres. Mais le principe vaut pour  tous.

5° Il faut avoir les yeux bien ouverts pour voir les services qu'on peut et qu'on doit même rendre à ses confrères, pour deviner la meilleure manière d'être utile à ceux qui nous entourent. Etre attentif, par exemple, à remarquer les joies, les petites comme les grandes, de ceux qui sont avec nous, sous le même toit. Beaucoup ne semblent pas soupçonner qu'ils peuvent par là doubler la joie des autres, réconforter des âmes plus ou moins abattues, se comporter en enfants de Dieu, conscients de leur fraternité dans le Christ. Quel stimulant peut être, dans certains cas, un éloge discret, une approbation sincère, tout simplement le véritable intérêt témoigné aux efforts et aux premières réussites d'un confrère, surtout d'un jeune qui fait ses premiers pas dans l'enseignement.

En particulier, il convient de ne jamais laisser un confrère dans l'isolement. Ce devoir incombe, en premier lieu au Frère Directeur. Dans les petites communautés, il peut facilement assumer cette vigilance affectueuse. Dans les communautés plus nombreuses, il faut absolument qu'il soit aidé dans cette tâche par d'autres confrères. « Malheur à celui qui va seul ! » Le découragement le guette à tout moment.

6° Dans toutes nos communautés un peu nombreuses, il y a la différence des « âges » : « jeune temps » et « vieux temps », comme on dit parfois plaisamment. Une certaine incompréhension risqua facilement de se produire entre les uns et le autres, du seul fait de cette différence. Dans notre famille mariste, cela ne devrait absolument pas arriver. De part et d'autre, il faut la volonté de compréhension. Elle est possible. Il suffit habituellement que les Supérieurs rappellent discrète ment ce point à l'attention de tous.

Grâce à Dieu, nos jeunes sont mieux formé intellectuellement que dans le passé. D'autre part leur formation morale et religieuse est certaine ment bien conduite. En quittant la dernière maison de formation, ils sont bien disposés. Mai ce bel élan initial ne se soutient pas toujours dans la suite. On s'en plaint quelquefois. Mais à qui la faute ? A eux, sans doute, dans une certain mesure : en dernière analyse tout homme est avec la grâce de Dieu, maître de sa destinée. Aux aînés souvent aussi ; car si nos jeunes sont bien préparés et bien disposés, ils manquent d'expérience. Or, notre vocation de religieux-éducateur exige, en quelque sorte, qu'on soit déjà expérimenté dès le point de départ… Il appartient aux aînés d'assumer, délicatement et obstinément, ce rôle de mentor. En tout cas, ce n'est pas par de observations désagréables et des reproches hautains qu'ils pourront être utiles à leurs jeune confrères, à la communauté, à l'apostolat…

Il est plus facile que certains anciens ne semblent le croire, de provoquer chez les jeunes, un magnifique effort de collaboration avec leurs aînés. La défiance et le doute systématique paralysent souvent les bonnes volontés. Cela nous ramène à l'absolue nécessité de l'entretien fraternel, de la « direction » pour guider les Frères dans leur comportement en communauté comme dans l'école. Trop souvent, au point de départ de situations tendues, il y a la négligence d'un Supérieur par rapport à la direction. En tout cas, l'entrevue reste le meilleur moyen de faire tomber toute prévention. « C'est un fait d'expérience que l'on abat plus de besogne en dix minutes d'un entretien confiant que par vingt discours des mieux charpentés » (Ledent).

7° Dans bien des cas, il faut l'oubli résolu du passé. Il y a des hommes qui semblent ne jamais oublier : ni un mot qui les a blessés, ni le geste qui leur a déplu, ni le petit échec dont ils imputent la responsabilité à d'autres. On n'ose pas parler de rancune proprement dite ; on ne conçoit pas bien un Frère s'approchant régulièrement de la sainte Table avec quelque rancune dans le cœur ; la parole de condamnation du divin Maître est trop claire et trop formelle. Mais on n'a pas « oublié », et on sait le faire sentir à tel ou tel confrère ou Supérieur… Soyons tous extrêmement vigilants et fermes pour bannir de notre mémoire tout ce qui pourrait diviser.

8° N'oublions jamais que le climat normal de toute bonne communauté doit être la joie. Ce n'est pas sans raison que le premier chapitre des « vertus de notre Bienheureux Fondateur », après nous avoir tracé son portrait physique et moral, insiste si fortement sur sa sainte joie et sur les efforts qu'il a faits pour la maintenir parmi les siens. On a parlé de « l'apostolat du sourire ». C'est tout d'abord en communauté qu'il faut le pratiquer. Comme n'hésitait pas à le dire S. S. Pie XII dans son radio-message aux moniales du monde entier : « La joie et la gaieté constante sont des traits typiques d'un don sincère de soi » (en 1958).

Cela n'ira pas sans peine. Nous connaissons tous la souffrance, et particulièrement la souffrance intérieure, la nôtre, qui échappe aux autres, et qui est si crucifiante parfois. Garder autant que possible le silence sur ses peines profondes, rester de bonne humeur pour encourager les autres, savoir sourire quand même aux autres, spéciale-ment aux éprouvés, voilà peut-être la plus belle preuve d'un amour fraternel à la fois profond et totalement désintéressé. 

III.  L'ESPRIT DE COLLABORATION DANS

NOTRE CONGRÉGATION OU L'UNION DES

CŒURS ET DES VOLONTÉS.

 Une étroite union entre nous tous est absolument nécessaire pour la réalisation de notre double but. Comme religieux, nous ne pouvons pas nous sanctifier seuls. Comme apôtres du Christ parmi les jeunes, il est trop évident que nous ne pouvons pas songer à être individualistes. Certains sommets ne s'escaladent qu'en cordée. Le sommet « mariste » exige toujours la cordée, jusqu'au terme de notre vie.

Un esprit de collaboration généreux et constant est donc une exigence fondamentale de notre vocation. Le premier effort à faire en tout temps, par tous, spécialement par ceux qui ont plus de responsabilité, est de contribuer à établir une parfaite union fraternelle. Il ne doit pas y avoir seulement cohabitation pacifique, juxtaposition des forces, mais union intime des cœurs et des volontés.

Les quelques considérations qui précèdent peuvent suffire, semble-t-il, à nous rappeler que notre bonheur à tous peut être merveilleusement favorisé par cette étroite union fraternelle. Les Règles d'une famille religieuse tendent en premier lieu à assurer la paix et le bonheur de tous les membres de la famille. Souvent on ne note que la sévérité ou l'intransigeance de l'une ou de l'autre. Ce que Mgr Besson dit des commandements de l'Eglise vaut encore bien plus pour nos Règles : « Les prescriptions de l'Eglise ne sont pas en travers de notre route pour couper notre élan, mais sur les bords du chemin pour nous mettre à l'abri des précipices. Leur but n'est pas de nous priver de bonheur, mais, au contraire, de nous assurer le vrai bonheur qui ne finira jamais » .

Qu'on veuille bien se rappeler, en ce moment, le grand nombre de règles qui, dans notre famille mariste, se rapportent à la vie en commun, aux moments de détente, aux récréations, aux congés, aux entretiens fraternels, et l'on se rendra aisément compte que leur but essentiel est de favoriser l'union des cœurs, la véritable vie de famille, le bonheur commun.

Nous avons actuellement de nombreuses revues de « Province », qu'on appelle parfois « revues de famille », et cette désignation nous plaît beaucoup. Puissent-elles toujours répondre pleinement à ce beau nom, écarter tout ce qui pourrait diviser, pour mettre constamment l'accent sur ce qui peut favoriser une meilleure compréhension, l'unité de vues, l'union cordiale de tous !

Mais c'est dans l'accomplissement de notre mission apostolique que l'union des cœurs et des volontés est devenue plus que jamais nécessaire. Sans cesse on propose aux catholiques d'aujourd'hui d'aider à construire ou à reconstruire un « monde meilleur ». Nous avons dans cet immense travail d'évangélisation, notre tâche professionnelle, notre secteur. Nous sommes des religieux-éducateurs, ayant reçu, de la part de l'Eglise, une mission splendide à remplir dans le monde d'aujourd'hui.

Nous pourrons remplir cette mission, si nous sommes vraiment unis. Notre communauté d'idéal peut être d'une admirable fécondité apostolique, mais elle doit être toujours effective, non seulement verbale. Eu d'autres termes, il faut en arriver à la volonté d'union, qui ne va jamais sans sacrifices. Ces sacrifices s'imposent rigoureusement, si nous voulons sincèrement répondre à l'appel de Dieu, à l'appel des âmes.

On parle assez souvent, de nos jours, de l'esprit d'équipe. Nos jeunes, plus habitués à la vie sportive que leurs aînés, entendent parfaitement cette expression qui leur plaît. Ils oublient parfois que l'union que suppose notre communauté d'idéal religieux et apostolique, va encore bien au-delà du meilleur esprit d'équipe. Pourtant, celui-ci peut déjà être fort exigeant à certains moments. Comme le notait le numéro d'avril 1959 de Foyer Notre-Dame, « il faut faire bien des concessions pour vivre en société ! Ceux qui veulent attendre, avant d'agir, que tous soient parfaits, renoncent pratiquement à agir… La meilleure équipe n'est pas celle qui réunit des membres parfaits, mais celle où chacun accepte les défauts des voisins et se fait pardonner les siens ».

L'un des principaux obstacles à cette sincère collaboration apostolique, sinon le principal, c'est un désir intense de faire œuvre vraiment personnelle, de réaliser « son » plan, de se sentir non contraint, parfaitement libre. Une liberté raisonnable est certainement une source de riches énergies, de fécondes initiatives. Mais dans la réalisation de notre immense œuvre apostolique, il faut en arriver nécessairement à réaliser la cohésion et la coordination des forces afin d'éviter tout gaspillage, et, même, tout simplement l'échec total.

Dans son livre, La teste bien faicte, le Père Charmot fait cette observation : « Nous ne saurions trop, entre éducateurs, nous communiquer nos lumières, pour nous élever à la hauteur de notre fonction sacrée ». Il est certain que le dernier Chapitre a insisté fortement sur cette communication des lumières, sur cette étroite collaboration fraternelle dans toutes les Provinces de l'Institut. 

Conclusion.

 Les mauvais catholiques, a-t-on dit, sont les pires ennemis de l'union des chrétiens. Par leur faute, que d'âmes de bonne volonté restent loin de l'Eglise, loin du Christ. On peut affirmer également que les mauvais Frères, ceux qui refuseraient de vivre selon l'idéal de charité qu'ils ont pourtant accepté le jour de leur profession, sont les pires ennemis de l'union des cœurs dans les communautés et, par là même, de l'efficacité de l'apostolat commun, du recrutement et de la persévérance.

Et comme nous sommes tous faibles sur quelque point de notre magnifique programme de charité, reconnaissons humblement nos torts et nos limites, et tâchons de nous réformer là où il le faut. Par là, nous ferons sûrement de notre vie un témoignage silencieux mais singulièrement attirant de la beauté et de la fécondité de notre vocation de Petit Frère de Marie.

Nous correspondrons ainsi pleinement à l'ultime vœu du Bienheureux Fondateur : « Qu'il n'y ait entre vous qu'un même cœur et un même esprit. Qu'on puisse dire des Petits Frères de Marie comme des premiers chrétiens : ''Voyez comme ils s'aiment'' ! » (Testament spirituel). 

Nos prochaines retraites

 Durant de longues années, les Supérieurs de l'Institut ont pu donner des directives pratiques pour les exercices de la retraite annuelle. Il y avait « la période des retraites », où les Frères de toutes les communautés étaient réunis dans les quelques grandes maisons d'alors. Avec l'extension actuelle de la Congrégation, nos retraites se suivent à peu près sans interruption…

Toutefois, la proximité des retraites pour l'hémisphère nord nous engage à rappeler brièvement quelques conseils pour ce temps de grâce.

En premier lieu, que les responsables veillent à ce que nos retraites soient toujours de véritables retraites. Leur organisation générale a été quelque peu assouplie par le dernier Chapitre. Il y a de plus grandes possibilités d'adaptation aux diverses circonstances de temps, de lieu, de groupement de Frères… Mais le programme essentiel de chaque retraite doit rester intact. La Circulaire du 24 mai 1958 le rappelle sous cette forme : réparer le passé, examiner le présent, préparer l'avenir.

Ensuite, il faut souhaiter que tous nos Frères puissent faire, chaque année, dans la mesure du possible, une retraite « mariste », c'est-à-dire mie retraite groupant uniquement des membres de la famille, présidée par le Frère Provincial ou, occasionnellement, par un Frère Délégué. Pareille retraite suppose un certain nombre de conférences bien adaptées aux besoins de l'auditoire et un entretien fraternel avec les Supérieurs présents. Elle offre à tous cette ambiance de famille qui édifie et réconforte.

Il peut y avoir des raisons sérieuses, pour tel ou tel Frère de la Province, de faire les exercices dans d'autres conditions. Une exception est toujours admissible ; elle peut même s'imposer dans certains cas ; mais l'exception ne doit jamais devenir comme une nouvelle règle pour l'un ou l'autre.

Enfin, que la retraite soit toujours un temps de prière. Tout religieux doit s'efforcer d'être un homme de prière. Et tout éducateur chrétien doit mener une vie de prière. Mais pendant l'année scolaire, nous sommes souvent harcelés par les multiples petites occupations de notre programme trop chargé. Le temps de la retraite doit nous permettre tout d'abord de mieux prier, en union avec tous nos Frères ; pour cela, qu'on veille à maintenir une atmosphère de calme, de profond silence et de recueillement. Il sera plus facile ensuite de prendre des résolutions vraiment pratiques pour que ce grand devoir de la prière ne soit pas omis ou négligé pendant le reste de l'année.

Ajoutons que c'est peut-être le meilleur moment pour nous rappeler les grandes intentions de nos prières. Tout d'abord, celles de l'Eglise tout entière ; cela va de soi. Nous les signalons, chaque matin, dans notre acte d'offrande, mais notre esprit est tellement préoccupé parfois que nous les perdons facilement de vue pendant la journée. Ensuite, celles de toute notre famille religieuse, comme le bon recrutement partout, spécialement là où il est nettement insuffisant ; la fidélité de tous nos Frères à leur vocation malgré les tentations, la lassitude et les épreuves ; la vie de famille dans toutes nos communautés ; nos causes de canonisation et de béatification ; nos Frères infirmes, malades, éprouvés, tout particulièrement nos Frères qui souffrent persécution, en réservant un souvenir très affectueux à ceux qui, depuis des années, vivent en Chine, loin de nos communautés.

Plaise à Dieu que toutes nos retraites de l'année soient des temps de grande ferveur ! 

Notre nouvel office marial

et nos prières de chaque jour

 L'Office marial. – Sur proposition de la Commission des prières, le Chapitre de 1958 a décidé d'adopter un nouvel Office marial, déjà approuvé en principe par la Sacrée Congrégation des Religieux, mais qui était alors seulement en préparation. La Circulaire du Chapitre ajoute : « La mise en application de ce changement entraînera d'autres modifications dans nos prières, modifications qui n'entreront en vigueur qu'après la parution du nouvel Office. Le Conseil Général fournira, en temps opportun, les explications sur le moment et la manière de mettre cette décision en application et sur les autres questions de détail qui sont connexes » (P. 247).

Pour répondre à ce vœu du Chapitre, le Conseil Général a tout d'abord sollicité de la Sacrée Congrégation des Religieux, l'autorisation d'adopter dans tout l'Institut, le nouvel Office marial préparé par les Pères Bénédictins de l'Abbaye d'En-Calcat. La Sacrée Congrégation, qui attendait d'avoir sous les yeux le texte officiel de cet Office, vient de répondre favorablement à notre demande.

Le texte latin de cet Office vient de paraître. Le texte latin-français est présentement à l'impression. On travaille activement aux textes des différentes éditions bilingues. Ils seront prêts à des dates plus ou moins rapprochées. Les Provinces pourront donc faire le changement d'Office au fur et à mesure que les textes requis par elles seront à leur disposition. En attendant, dans les secteurs qui ne disposeraient pas encore du nouveau texte, on conserverait celui du Petit Office traditionnel.

Prière du matin et du soir. – La Sacrée Congrégation des Religieux, sollicitée également d'autoriser le remplacement des prières du matin et du soir en usage chez nous, par les Heures du nouvel Office marial, veut que nous maintenions, pour ces prières, un minimum de formules traditionnelles.

Mise en application de ces changements. – L'entrée en vigueur des modifications signalées plus haut, ainsi que des autres qui peuvent les accompagner, se fera au jour fixé par le Frère Provincial, et son Conseil. Dans chaque Province, on voudra donc attendre les indications qui seront données en leur temps et ne rien modifier avant le jour fixé.

Le Conseil Général enverra les directives utiles à chaque Frère Provincial ; celui-ci s'entendra avec les membres de son Conseil pour les appliquer aux communautés de la Province, en tenant compte de leur situation particulière. Le coutumier, ainsi rédigé, sera présenté au Conseil Général pour approbation. Une fois approuvé par le Conseil Général, il deviendra obligatoire. 

Nos Constitutions.

 Conformément aux décisions du dernier Chapitre, les membres du Conseil Général ont demandé à la Sacrée Congrégation des Religieux, les indults requis par certains changements à nos Constitutions. Vous trouverez ci-après la liste des indults obtenus. Pour chaque indult, on donne le numéro de l'article des Constitutions qui est ainsi modifié. Il sera donc facile de faire la lecture traditionnelle de nos Constitutions, à la retraite annuelle ou en communauté, en remplaçant pour chaque article modifié, l'ancien texte par le nouveau.

Le texte de ces induits, imprimé en un fascicule, pourra être inséré dans chaque exemplaire des Constitutions. Une petite marque en face des articles modifiés renverra le lecteur au texte de l'Indult qui aura le même numéro que l'article.

La Sacrée Congrégation n'a pas accepté la pro-position de porter la durée de la profession temporaire de cinq à six ans avec faculté pour les Supérieurs d'y ajouter une septième année clans les cas particuliers. Rien n'est donc changé à ce sujet dans les prescriptions actuelles des Constitutions.

Dans la suite, nous tâcherons d'aboutir à une nouvelle édition de nos Constitutions, où les induits obtenus trouveront leur place normale. Mais ce travail, qui peut entraîner quelques autres retouches, suppose en premier lieu, l'accord de la Sacrée Congrégation des Religieux, sans laquelle aucun changement, si minime soit-il, ne peut être fait aux Constitutions. 

CONSTITUTIONS : ARTICLES MODIFIÉS

 conformément à l'Indult N. 899/59

de la S. C. des Religieux.

 ART. 1. – L'Institut des Frères Maristes des Ecoles (F.M.S.) ou Petits Frères de Marie, est une religion laïque, à vœux simples, de droit pontifical, placée d'une façon spéciale sous la protection de la Sainte Vierge.

ART. 2. – a) Le but général des Petits Frères de Marie est de travailler à la plus grande gloire de Dieu, à l'honneur de la Très Sainte Vierge Marie et à leur propre sanctification, par l'observance des trois vœux simples de pauvreté, de chasteté et d'obéissance et des Constitutions de leur Institut.

b) Leur but spécial est de procurer le salut des âmes par l'instruction et l'éducation chrétiennes de la jeunesse. Les élèves moins fortunés seront l'objet de leur prédilection.

 ………

ART. 13. – a) L'ordre de préséance dans l'Institut est le suivant :

1. Le Supérieur Général.

2. Les anciens Supérieurs Généraux.

3. Le Vicaire Général.

4. Les Assistants Généraux.

5. L'Econome Général.

6. Le Secrétaire Général.

7. Le Procureur Général près le Saint-Siège.

8. Les Provinciaux.

9. Les Visiteurs nommés par le Conseil Général.

10. Les Conseillers Provinciaux dans leur Province.

11. Les Economes Provinciaux dans leur Province.

12. Le Directeur de la Maison Généralice.

13. Les Directeurs des Maisons Provinciales.

14. Les Directeurs des Maisons de Noviciat.

15. Les Maîtres des Novices.

16. Les autres Directeurs.

17. Les Sous-Directeurs, Conseillers locaux et Economes' locaux dans leur propre maison.

b) Dans sa propre Province, le Provincial a le pas sur les Provinciaux des autres Provinces. Pareillement, dans sa propre maison, le Directeur a le pas sur les Directeurs des autres maisons et sur les Maîtres des Novices.

ART. 14. – Pour ce qui est des autres Membres, ils suivront l'ordre de la première profession religieuse et, au cas où la profession a été faite le même jour, la préséance sera déterminée par l'âge.

ART. 30. – Les parties essentielles du costume des Frères sont, pour tous, la soutane d'étoffe noire fermant par devant avec des agrafes, jusqu'au milieu, puis cousue jusqu'au bas. Les profès temporaires auront, en outre, un cordon noir de laine, et les profès perpétuels porteront, en plus, sur la poitrine, une croix en cuivre incrustée d'ébène.

ART. 31. – Les Frères porteront la coiffure ecclésiastique en usage dans le pays où ils se trouveront ; il en sera de même pour le manteau et la chaussure ; toutefois, pour maintenir une raisonnable uniformité, il appartient aux Frères Provinciaux et à leur Conseil de régler ces détails du costume. Les Frères porteront le col romain ; le col pourra être remplacé par le rabat dans les pays où les Conseils Provinciaux le jugeront opportun.

ART. 32. – Les Frères qui sont chargés d'acheter et de faire confectionner le costume sont obligés de suivre exactement ce que les Constitutions prescrivent à ce sujet. Si le climat ou une autre raison sérieuse nécessitait une modification du costume, elle devrait être approuvée par le Frère Supérieur Général et son Conseil.

ART. 37. Cette profession se fera pour un an et, avec l'approbation du Conseil Provincial, elle sera renouvelée chaque année. L'année des vœux s'étend d'une retraite annuelle à l'autre ; cependant sa durée ne peut être ni inférieure à six mois, ni supérieure à dix-huit mois.

Après cinq ans de vœux temporaires, les Frères seront admis à la profession perpétuelle ou retourneront dans la vie séculière. Toutefois, pour de justes motifs, le Frère Supérieur Général pourra prolonger le temps des vœux temporaires, mais non au-delà d'une année, le religieux renouvelant alors une sixième fois sa profession temporaire. La profession perpétuelle sera précédée, autant que possible, des Grands Exercices de saint Ignace.

ART. 96. – A la mort du Frère Supérieur Général, on dira, à la Maison Généralice l'Office des Morts à un nocturne ; pendant trente jours, on récitera le De Profundis, et l'on fera célébrer trente messes, dont une chantée. De plus, au premier anniversaire de sa mort, on fera un service. Dans chaque maison de l'Institut, il y aura l'Office des Morts à un nocturne, on dira le De Profundis pendant quinze jours et on fera célébrer trois messes dont une chantée.

ART. 97. – Les mêmes suffrages seront accordés aux anciens Frères Supérieurs Généraux.

ART. 98. – 1° Pour un Membre ou ancien Membre de l'Administration Générale, on dira, à la Maison Généralice, l'Office des Morts à un nocturne ; pendant quinze jours, on récitera le De Profundis et l'on fera célébrer quinze messes. Dans chaque maison de l'Institut, il y aura l'Office des Morts à un nocturne, on récitera trois fois le De Profundis et on fera célébrer une messe.

2° A la mort d'un Frère Provincial ou d'un ancien Frère Provincial, à la Maison Provinciale, on dira l'Office des Morts à un nocturne ; on récitera le De Profundis pendant trente jours et l'on fera célébrer trente messes, dont une chantée. Dans les maisons de sa Province, il y aura l'Office des Morts à un nocturne, on récitera pendant quinze jours le De Profundis et on fera célébrer trois messes.

3° Un Frère Visiteur ou un ancien Visiteur de District autonome a droit aux mêmes suffrages dans le District.

ART. 99. – A la mort d'un Frère profès ou novice, dans la maison où il sera décédé, on récitera l'Office des Morts à un nocturne, le De Profundis pendant quinze jours, et l'on fera célébrer quinze messes. Dans les maisons de sa Province, il a droit à un Office des Morts à un nocturne, un De Profundis et une messe.

A la Maison Généralice, on dira un De Profundis et une messe sera célébrée.

ART. 100. – Si le Frère défunt a été en charge dans sa Province : Conseiller Provincial, Econome Provincial, Maître des Novices, Directeur, la Maison Provinciale fera célébrer pour son âme dix messes.

ART. 101. – 1° A la mort du Souverain Pontife, à la Maison Généralice, on récitera l'Office des Morts à un nocturne et le De Profundis, et l'on fera célébrer trois messes, dont une chantée. Dans les autres maisons de l'Institut, il y aura l'Office des Morts à un nocturne, la récitation d'un De Profundis et la célébration d'une messe.

2° A la mort du Cardinal Protecteur, dans chaque maison de l'Institut, on fera célébrer une messe, on récitera l'Office des Morts à un nocturne et un De Profundis.

3° Il en sera de même pour l'Ordinaire du lieu, dans les maisons situées dans le diocèse, et pour M. le Curé de la paroisse ou pour M. l'Aumônier de la communauté dans une maison particulière.

ART. 102. – Pour les parents ou grands-parents d'un Frère, la maison où se trouve ce Frère fera célébrer trois messes.

ART. 103. – Pour les bienfaiteurs insignes de l'Institut, d'une Province ou d'une maison parti-culière, on fera les mêmes suffrages, selon le cas, à la Maison Généralice, à la Maison Provinciale ou particulière.

ART. 104. – Le premier lundi du mois, dans chaque maison, une messe sera célébrée pour les Frères, parents des Frères et bienfaiteurs défunts, et l'on dira un De Profundis. Durant la retraite annuelle, on dira l'Office des Morts à un nocturne et l'on fera le service annuel d'anniversaire.

………….

ART. 112. – Le Chapitre Général se réunira régulièrement tous les neuf ans et, extraordinairement, après la mort du Frère Supérieur Général pour l'élection de son successeur, et toutes les fois que le Conseil Général en reconnaîtra le besoin. Toutefois, l'approbation du Saint-Siège sera nécessaire pour convoquer un Chapitre Général dans lequel il n'y a pas d'élections à faire.

ART. 113-127. – Le Frère Supérieur Général est élu pour neuf ans. A l'expiration des neuf années de sa charge, le Frère Supérieur Général pourra être réélu pour une égale période ; mais il faudra que sa réélection soit confirmée par le Saint-Siège.

ART. 129. – Les Frères Assistants Généraux sont élus pour neuf ans, comme le Frère Supérieur Général. Si celui-ci vient à mourir durant le temps de sa charge, les Frères Assistants Généraux eux-mêmes ne restent en charge que jusqu'au prochain Chapitre Général. C'est pourquoi ils seront nommés à chaque élection du Frère Supérieur Général. Ils peuvent être réélus.

ART. 130. – a) L'élection des Frères Assistants Généraux aura lieu après celle du Frère Supérieur Général et le jour que celui-ci indiquera.

b) Les Assistances sont des groupements de Provinces qui ont, en général, des éléments ou intérêts communs, mais sans personnalité juridique. Elles seront établies par le Chapitre Général et, en cas de besoin, modifiées par la suite, par le Frère Supérieur Général et son Conseil.

c) Chacun des Assistants Généraux sera élu pour une Assistance déterminée, étant choisi, autant que possible, parmi les Frères appartenant à l'Assistance dont il devra prendre soin. Pour les autres détails de l'élection, on procédera comme pour celle du Frère Supérieur Général.

ART. 131. – A la charge d'Assistants, ne peuvent être élus les Frères qui n'ont pas au moins 35 ans d'âge et qui n'ont pas fait les quatre vœux.

ART. 132. – Le Frère Econome Général et le Frère Secrétaire Général sont élus par le Chapitre Général, de la même manière, pour le même temps et avec les mêmes conditions que le Frère Supérieur Général, sauf pour l'âge requis qui doit être de 35 ans au moins.

ART. 133. Le Frère Supérieur Général aura un Vicaire élu par le Chapitre Général, parmi les Frères Assistants Généraux. Il aide le Frère Supérieur Général, le remplace pendant ses absences et quand il se trouve, en tout ou en partie, empêché de remplir sa charge.

ART. 134. – En cas de décès du Frère Supérieur Général, durant les six premières années de sa charge, le Frère Vicaire Général, aidé des autres Assistants Généraux, continue le gouvernement de l'Institut. Il convoque et réunit le Chapitre Général, pour l'élection du Supérieur Général, dans les six derniers mois de la sixième année écoulée depuis le dernier Chapitre Général.

ART. 135. – a) Dans le cas où le Frère Vicaire Général viendrait à mourir ou ne pourrait exercer sa charge, il serait remplacé par un autre Frère Assistant Général élu par les Membres du Conseil Général auxquels seraient adjoints le Frère Eco-nome Général, le Frère Secrétaire Général, le Frère Procureur Général et le plus ancien de profession des Provinciaux de chaque Assistance.

b) On procédera de même façon à l'élection du Frère Pro-Vicaire Général dans le cas où le Frère Vicaire Général devrait prendre le gouvernement de l'Institut. Le Vicaire Général serait alors remplacé par un nouvel Assistant Général pour l'Assistance dont il avait soin.

ART. 143. – Le Frère Supérieur Général devra visiter, soit par lui-même, soit par ses Assistants Généraux, ou par d'autres Frères, toutes les maisons de l'Institut trois fois dans les neuf ans de sa charge. Dans la visite, il prendra un Frère comme socius ; son délégué fera de même.

ART. 159-165. – A la Maison Généralice, à l'Economat Provincial et dans les maisons de quelque importance, il y aura un coffre-fort à plusieurs compartiments intérieurs, dont l'un fermant à clef. Le dépositaire de cette clef sera le Frère Supérieur Général à la Maison Généralice, le Frère Provincial à l'Economat Provincial, le Frère Directeur pour les maisons importantes. Dans tous les cas, la clef extérieure sera entre les mains du Frère Econome respectif.

ART. 160. – Dans le compartiment intérieur fermé à clef, sera conservé l'argent qui n'est pas nécessaire pour l'administration courante de chaque jour, comme aussi les titres de valeurs de quelque genre qu'ils soient.

ART. 161. – Chaque fois qu'on aura à ouvrir le-dit compartiment, les deux dépositaires des clefs devront être présents et ils ne peuvent se céder leur propre clef. Dans le cas où l'un d'entre eux ne pourrait être présent, il devrait se faire remplacer comme suit : à la Maison Généralice par un Frère Assistant Général ; à l'Economat Provincial, par un Frère Conseiller Provincial ou par un Frère du Vœu de Stabilité de la maison ; dans les autres maisons, par un Frère Conseiller local.

ART. 162. – Les Frères Economes noteront exactement, dans un livre à cela destiné, ce qui sera mis et ce qui sera pris dans le compartiment à clef chaque fois qu'on aura à l'ouvrir.

ART. 169. – Les économies que les différentes administrations pourront faire annuellement seront toutes au bénéfice de l'Institut. Les Frères Directeurs ou Economes, après avoir liquidé les dettes de leurs maisons et réservé l'argent nécessaire pour aller de l'avant, verseront chaque année à la Caisse Générale, par l'intermédiaire de l'Economat Provincial, le pourcentage de l'excédent de leurs épargnes fixé par le Chapitre Général, le reste sera versé à la Caisse Provinciale.

…………

ART. 183. – Le Conseil Provincial se composera du Frère Provincial et de quatre Conseillers Provinciaux nommés par le Conseil Général pour trois ans, à chaque nomination du Frère Provincial. Un, Conseiller Provincial ou un Econome nommé en cours de mandat d'un Frère Provincial, reste en fonction jusqu'à l'expiration de ce mandat. Les Conseillers et Economes Provinciaux sont toujours rééligibles.

ART. 184. – Le Frère Provincial convoquera son Conseil une fois le mois, et même plus souvent s'il le croit nécessaire. Ce Conseil, présidé par lui, décidera de l'admission des postulants à la vêture, des novices aux vœux temporaires, des profès de vœux temporaires à la rénovation de ces mêmes vœux et à l'émission des vœux perpétuels. Il présente au Conseil Général les Frères qu'il croit dignes d'être élus à la charge de Directeurs ; il propose au même Conseil Général la fondation ou la suppression des maisons d'école, les contrats ou projets de dépenses supérieures à la somme fixée par le Chapitre Général ; enfin, il traite les questions courantes et délibère sur les affaires les plus importantes relatives aux maisons et aux Frères de la Province et qui ne sont pas réservées au Conseil Général. 

Nos Règles Communes.

 Nos Règles Communes, qui spécifient l'esprit de notre Congrégation et règlent dans le détail notre vie religieuse et apostolique, ont été adaptées, en certains points, par plusieurs décisions du dernier Chapitre. La Circulaire du Chapitre indique les grandes lignes de ces retouches, ainsi que le travail qui reste à faire et dont la responsabilité incombe au Conseil Général. Le vote final, au sujet de nos Règles, a été le suivant : « Le Chapitre Général donne au Conseil Général, aidé de ceux qu'il jugera opportun de consulter, la mission de travailler à une rédaction améliorée des Règles Communes » (Circ. du Chapitre, p. 246).

Il ne s'agit donc pas d'un bouleversement complet. Les capitulants n'ont jamais eu la pensée de transformer radicalement nos Règles, ce qui aurait constitué une infidélité et une trahison. On a eu en vue une mise en concordance avec les besoins des temps et des circonstances, tout en conservant filialement et même scrupuleusement l'esprit du Bienheureux Fondateur. Voilà pourquoi nous rappelions dans la même Circulaire, les directives d'un évêque à des religieuses : « La famille religieuse qui refuse de s'adapter devient infidèle à son fondateur, car elle ne pourra pas accomplir l'œuvre qui lui a été confiée… L'adaptation est une forme de fidélité ; l'immobilisme est une forme d'infidélité » (P. 218).

La révision sérieuse et méthodique de nos Règles est un travail de longue haleine. Les membres du Conseil Général font leur possible pour qu'une nouvelle édition des Règles Corn-munies puisse se faire à bref délai. C'est une des raisons qui retiennent les Supérieurs à la Maison Généralice. Il ne faut pas oublier cependant que les Frères Assistants ont l'obligation grave de faire les visites canoniques et conséquemment qu'il y en a toujours quelques-uns d'absents, ce qui ralentit le travail. Celui-ci est déjà bien avancé ; mais il faudra encore quelque temps pour une mise au point définitive. La précipitation en pareil domaine pourrait provoquer des négligences regrettables.

En attendant la nouvelle édition, la lecture traditionnelle de nos Règles Communes doit se faire comme par le passé. Il est facile pour un Frère Directeur de choisir, comme matière de sa lecture commentée, les chapitres qui conviennent le mieux, quitte à signaler, en passant, les quelques modifications introduites par le Chapitre, comme elles sont indiquées dans la Circulaire du 8 décembre 1958. 

Union des Frères de Saint-François-Régis

avec notre Congrégation

 INSTITUT DES FRÈRES

DE SAINT-FRANÇOIS-RÉGIS

 TRÈS SAINT-PÈRE

Les membres soussignés du Conseil Général de l'Institut des Frères de Saint-François-Régis, prosternés aux pieds de Votre Sainteté, exposent humblement la requête suivante :

Attendu que les membres de l'Institut de Saint-François-Régis, dans leur ensemble, sont favorables à une union extinctive de leur Congrégation avec celle des Frères Maristes,

Les membres soussignés du même Conseil Général demandent, au nom de leur Congrégation, que soit réalisée le plus tôt possible cette union extinctive.

Et que Dieu…

 Ce troisième jour d'octobre 1959.

Frère Alphonse CAYOUETTE,

Vicaire Général.

Frère Jules SOULIER

et Frère Joseph ROCHETTE.

Conseillers.

 V.J.M.J.

INSTITUT DES FRÈRES MARISTES

Saint-Genis-Laval, le 12 octobre 1959.

A Son Eminence Révérendissime

Cardinal Valerio VALERI, Préfet de la S. C. des Religieux,

Rome, Italie.

                      EMINENTISSIME SEIGNEUR,

 Le soussigné, Supérieur Général de l'Institut des Frères Maristes des Ecoles, expose humblement ce qui suit :

Le Conseil Général des Frères de Saint-François-Régis demande une union extinctive de leur Congrégation avec l'Institut des Frères Maristes des Ecoles.

Son Excellence Mgr l'Evêque de Chicoutimi, Ordinaire de la Maison Généralice des Frères de Saint-François-Régis, ayant donné son assentiment, le Conseil Général des Frères Maristes des Ecoles, après étude de la question, a émis un vote unanimement favorable.

Nous prions humblement Votre Eminence de donner autorisation et instructions, si Elle le juge à propos, en vue de la réalisation de l'union projetée.

Et que Dieu…

Frère CHARLES-RAPHAEL.

Supérieur Général.

                       SACRÉE CONGRÉGATION DES RELIGIEUX

 Prot. No. 1004/59

  DECRET

Attendu que les Frères de la Congrégation de Saint-François-Régis, déjà fondée depuis un siècle dans le diocèse du Puy-en-Velay et dont la Maison-Mère est présentement dans le diocèse de Chicoutimi, étant données les difficultés dans lesquelles se trouve leur Institut, ont demandé au Saint-Siège de bien vouloir unir, de façon extinctive, leur Congrégation à la Congrégation ou Institut des Petits Frères de Marie, la Sacrée Congrégation préposée aux affaires des communautés religieuses, un vote favorable des Ordinaires Révérendissimes concernés et des Supérieurs de l'Institut des Frères Maristes ayant été donné, toutes choses sérieusement examinées, a été d'avis de donner son approbation aux pressantes instances.

Voilà pourquoi, par la forme et la teneur du présent décret, cette même Sacrée Congrégation décrète que la dite Congrégation des Frères de Saint-François-Régis doit être unie l'Institut des Petits Frères de Marie et de fait le soit, par une union extinctive cependant.

Tous biens meubles et immeubles de la Congrégation de Saint-François-Régis deviennent la propriété de l'Institut des Petits Frères de Marie, toutes les prescriptions du Droit étant observées, relativement aux biens-fonds et aux legs dont il est question au Canon 533, par. nos 3 et 4, et étant toujours respectées les lois de la justice et la volonté des testateurs et des héritiers.

Que tous les Frères, pris individuellement, soient admis dans la même catégorie et avec les mêmes droits de profession dont ils jouissaient dans leur propre Institut, pourvu que, par un acte signé librement et conservé aux archives, ils déclarent s'adjoindre à l'Institut des Frères Maristes.

Ce Décret entrera en vigueur le jour que, après consultation avec l'Ordinaire Révérendissime de Chicoutimi., le Supérieur Général des Petits Frères de Marie avec son Conseil, aura déterminé.

Nonobstant toutes choses contraires. Donné à Rome, le 24 octobre A.D. 1959.

Valerio Cardinal VALERI,

Préfet.

P. A. LARRAONA,

Secrétaire.

                            V. J. M. J.

 CONSEIL GÉNÉRAL DE L'INSTITUT

DES FRERES MARISTES DES ÉCOLES

 Séance du 9 novembre 1959.

 INSTITUT DES FRÈRES

DE SAINT-FRANÇOIS-RÉGIS

 Conformément à l'Indult 1.004/59 de la S. C. des Religieux en réponse à la demande des Frères de Saint-François-Régis d'être intégrés dans l'Institut des Frères Maristes, le Conseil Général décide que la dite intégration prendra effet à partir du 21 novembre 1959, dans la Province de Lévis pour le Canada et la Province de Notre-Dame de l'Hermitage, pour la France.

Frère CHARLES-RAPHAEL,

Supérieur Général. 

Dédoublement de Province

 V.J.M.J.

Le 21 novembre 1960.

TRÈS SAINT-PÈRE,

 Le Supérieur Général de l'Institut des Frères Maristes des Ecoles, humblement prosterné aux pieds de Votre Sainteté, expose ce qui suit :

La Province du Mexique ayant pris un grand développement (plus de 400 Profès, plus de 50 postulants et novices, 270 juvénistes), la division en deux Provinces est souhaitée.

Sur proposition du C. F. Assistant Général, actuellement en Visite Canonique, et du Conseil Provincial, le Conseil Général, après étude de cette question, a émis un vote unanimement favorable pour la division de cette Province en Province du Mexique Central et Province du Mexique Occidental.

La Province du Mexique Central comprendrait les Etats suivants : Chiapas, District Fédéral, Estado de México, Guanajuato, Hidalgo, Michoacán, Morelos, Oaxaca, Puebla, Querétaro, San Luis Potosi, Tlaxcala et Veracruz.

La Province du Mexique Occidental comprendrait les Etats suivants : Aguascalientes, Baja California, Campeche, Coahuila, Chihuahua, Durango, Guerrero, Nayarit, Nuevo León, Jalisco, Quintana Roo, Sinaloa, Tabasco, Tamaulipas, Sonora, Yucatân, Zacatecas.

Cependant, pour l'équilibre du personnel et des questions économiques, seraient attribués à la Province du Mexique Occidental, les établissements suivants : Internat México (México, D. F.), Internat Valladolid (Morelia, Michoacàn) et Institut Valladolid (Morelia, Michoacàn).

L'Indult requis est respectueusement sollicité pour l'érection canonique des deux Provinces du Mexique Central et du Mexique Occidental, comme exposé ci-dessus.

Et que Dieu…

 Prot. N. 1 021/59.

Vigore facultatum a SS.mo Domino Nostro concessarum, Sacra Congregatio Negotiis Religiosorum Sodalium praeposita, audito voto Rev. mi Superioris Generalis, Eidetn benigne committi ut petitam gratiam juxta preces pro suo arbitrio et conscientia concedat, dummodo omnia habeantur quæ de jure requiruntur ad normam SS. Canonum et .Apostolicarum Constitutionum. Contrariis quibus libet non obstantibus.

Datum Romæ, die 25 Novembris 1959.

 (Sceau.)                                                              B. VERDELLI, Subst.

 En vertu des pouvoirs à Elle accordés par Notre Très Saint-Père le Pape, la Sacrée Congrégation préposée aux Affaires des Religieux, attendu le désir du Révérend Frère Supérieur Général, a bénignement accordé à celui-ci la faculté de mettre à exécution, selon son jugement et conscience, la faveur demandée, pourvu que soient observées toutes les conditions requises par le Droit, selon les Saints Canons et les Constitutions Apostoliques.

Nonobstant: toutes choses contraires.

Donné à Rome, le 25 novembre 1959.

B. VERDELLI, Subst

RATTACHEMENT DE LA MISSION

DE NOUVELLE-CALÉDONIE

A LA PROVINCE DE BEAUCAMPS

  V.J.M.J.

Le 26 novembre 1959.

   TRES SAINT-PÈRE,

Le soussigné, Supérieur Général. de l'Institut des Frères Maristes des Ecoles, humblement prosterné aux pieds de Votre Sainteté, expose ce qui suit :

Le Frère Provincial de la Province de Beaucamps et son Conseil, traduisant le sentiment général de la Province, ont manifesté le vif désir de prendre en charge une Mission, de préférence celle de Nouvelle-Calédonie où déjà plusieurs Frères de la Province ont été envoyés, sur leur demande, comme missionnaires.

Après étude des besoins actuels de la Mission de Nouvelle-Calédonie, de ceux de la Province de Notre-Dame de l'Hermitage à laquelle est aujourd'hui rattachée cette Mission et les possibilités de la Province de Beaucamps, le Conseil Général a émis un vote favorable au rattachement de la Mission de Nouvelle-Calédonie à la Province de Beaucamps.

L'Indult requis est respectueusement sollicité. Et que Dieu…

  Prot. N. 1 027/59.

Vigore facultatum a SS.mo Domino Nostro concessarum, S. Congregatio Negotiis Religiosorum Sodalium præposita, attentis expositis benigne adnuit pro gratia iuxta preces, servatis ceteris servandis.

Contrariis quibuslibet non obstantibus.

Datum Romae, die 21 decembris 1959.

(Sceau.)                                                            B. VERDELLI, Subst.

 Prot. N. 1 027/59.

En vertu des pouvoirs concédés par Notre Très Saint-Père le Pape, la Sacrée Congrégation pré-posée aux Affaires des Religieux, vu les faits exposés, accorde bénignement la faveur selon la demande, étant observées toutes les prescriptions de droit.

Nonobstant toutes choses contraires.

Donné à Rome, le 21 décembre 1959.

B. VERDELLI, Subst.  

Élections

 Le Conseil Général a élu :

a) Dans la séance du 30 novembre 1959,

Pour un premier triennat :

C. F. JOSÉ HERMENEGILDO, Provincial du Mexique Occidental.

b) Dans la séance du 29 février 1960,

Pour un deuxième triennat :

C. F. EDWIN LEO, Provincial d'Afrique du Sud.

C. F. JAVIER RAFAEL, Provincial de Catalogne.

c) Dans la séance du 21 mars 1960,

Pour un deuxième triennat :

C. F. ANSELMO FELIX, Provincial de Colombie.

C. F. FILOGONIO, Provincial du Mexique Central.  

Statistique Générale de l'Institut

 Au 31 décembre 1959

     PROVINCES          

    DISTRICTS

  

Adm. Gén. et S.F.X    6           13         18         37         32         23         12         67         104       3

Afrique du Sud                       28         47         28         103       11         5           7           23         126 11  557       3.308.

Allemagne                  37         66         52         155       108       14         7           129       284       7           716       1.471

Argentine                                49         184       87         320       186       11         11         208       528       21         462             8.132

Beaucamps                42         74         56         112       117       3           4           124       296       20         1.307    4.507

Belgique                                 68         206       122       396       152       17         19         188       584       44         3.114              23.283

Bética                                     55         169       54         278       123       211       10         154       432       17         541             7.604

Brésil Méridional        105       200       62         367       347       18         20         385       752       26        1.144 14.095

Brésil Sept                 55         120       57         232       170       29         16         215       447       14         940       7.496

Castilla                                   48         132       28         208       135       12         11         158       366       11         718             4.672

Cataluna                                 43         157       43         243       79         13         8           100       343       17         439             6.393

Chili                            39         81         45         165       96         8           3           107       272       13         165       5.394

Chine                                      1           90         47         138       30         2           1           33         171       10                      7.292

Colombie                                57         95         107       259       156       18         9           183       442       23         265             9.269

Cuba-Amér. Centr      66         147       88         301       255       23         11         289       590       22         67         9.445

Esopus                                   69         145       43         257       135       28         24         187       444       19                      7.412

G.-Bret. et Irlande      81         107       41         229       122       20         7           149       378       30                     11.031

Iberville                                   91         210       101       402       312       25         19         356       758       36         935              15.992!

Italie                           39         76         61         176       129       11         15         155       331       9           173       2.585

Léon                                       46         128       40         214       121       10         11         142       356       13         445             5.065,

Levante                                  30         93         27         150       79         12         8           99         249       7           222             4.631

Lévis                                       94         223       91         408       377       11         6           394       802       38         1.338              12.224

Madrid                                    43         79         27         149       123       21         9           153       302       6           239             3.388

Melbourne                  54         77         37         168       55         11         9           75         243       26         1.270    8.141

Mexique                                  123       177       115       415       191       57         20         268       683       31         325              18.475

Norte                                      58         152       48         258       120       18         11         149       407       18         471             6.621

N-D. Hermitage                       34         104       57         195       89         9           4           102       297       24         1.276             4 487

Nouvelle Zélande       54         110       47         211       90         23         20         133       344       27         759       9 599

Pérou                                     26         51         41         118       88         7                       95         213       12         137             4.180

Poughkeepsie                        61         141       68         270       40         28         22         90         360       13         206             7.470

Rio                                          34         116       62         212       174       111       10         195       407       11         1.046             5.266

St-Genis-Laval                       59         183       101       343       140       241       22         186       529       43         1.759             5.677

Santa Catarina                       63         173       42         278       306       181       20         344       622       26         1.602             9.529

São Paulo                  39         136       39         214       179       121       17         208       422       11         531       6.591

Sud Est                                   15         75         61         151       79         3           5           87         238       15         658             2.878

Sud-Ouest                 22         53         25         100       26         2                       28         128       9           501       2.057

Sydney                                   90         191       56         337       73         35         16         124       461       36         1.620 12.816

Varennes                                32         60         73         165       72         7           4           83         248       14         613             2.710

 

Ceylan                                    14         14         13         41         20                     3           23         64         6           76             3.337

Liban-Syrie                5           24         28         57         32                     2           34         91         8           477       4.575

Madagascar               14         25         19         58         54         4           5          63         121       6           133       3.388

Portugal, etc. …                      18         39         18         75         71         3           8           82         157       12         466             1.698

Uruguay                                  16         22         23         61         45         6           1           52         113       7           84             1.83

Vénézuela                  20         31         16         67         60         9           6           75         142       3                       1.774

         Totaux              2.048 4.796 2.314 9.153 5.399 642 453 6.494 15.647 775 27.794 29S

 

 LISTE DES FRÈRES

dont nous avons appris le décès

depuis la circulaire du 8 décembre 1959

 

  Nom et âge des Défunts                            Lieu de décès                          Date du Décès

 

F. Ignace-Elie           40     Profès perp. Pékin (Chine)                                 oct. 1959

F. Joseph Pins         82     »                    Johannesburg (Afrique du Sud)     21 nov.             »

F. Athénodorus         81     Stable           Cocula (Mexique)                       26         »          »

F. Claudius-Alphonse72     »                    Furth (Allemagne)                       8 déc.  »

F. Joseph-Corsini    69     »                    Viamao (Brésil)                           23         »          »

F. Flavien-Etienne    83     »                    Varennes-sur-Allier (France)     11 jan. 1960

F. Henri-Damascène  72     »                    St-Paul-Trois-Châteaux (France)  13         »          »

F. Antonino               71     »                    Avellanas (Espagne)                  14         »          »

F. Pierre.-Gabriel     60     »                    Saint-Hubert (Belgique)             19         »          »

F. Frumentius           92     »                    Mendes (Brésil)                           27         »          »

F. Adelphe                81     »                    N.-D. de l'Hermitage (France)    2 fév.   »

F. Pierre-Eubert       78     »                    Saint-Genis-Laval (France)       6          »          »

F. Alexandre-Joseph 72    Profès perp.  Fürth (Allemagne)                       6          »          »

F. Marie-Chrysophore76    Stable           Mendes (Brésil)                           12         »          »

F. Pothin                    85      »                   Saint-Genis-Laval (France)       19         »          »

F. Joachim Arthur     79     »                    Sydney (Australie)                       25         »          »

F. Joseph-Andréa    91     »                    ND de l’Hermitage (France)      28         »          »

F. Léon-Alexandre   78     profès perp  Mont-Saint -Guibert (Belgique)  2 mars             »

F. Etienne Régis      75     Stable           New York (Etats-Unis)                 3          »          »

F. Jean-Paul             48     Profès perp. Léopoldville (Congo Belge)       7          »          »

F. Joseph-Bertin      80     Stable           Tialpan (Mexique)                       8          »          »

F. Jean-Michel          77     »                    Saint-Hyacinthe (Canada)         11         »          »

F. Frédien                 81     »                    Lujàn (Argentine)                        23         »          »

F. Virgilius                 81     Profès perp. Wellington (Nouvelle-Zélande)   25         »          »

F. Félix-Prosper       54     Stable           Segamat (Malaisie)                    28         »          »

F. Isaies                    56     »                    Jaén (Espagne)                          30         »          »

F. Crescenzio           60     »                    Roma (Italie)                                31         »          »

F. Joseph-Lucius     77     »                    Varennes-sur-Allier (France)     6 avril  »

F. Marie-Constantin 79     »                    Saint-Genis-Laval (France)       6          »          »

F. Louis-Victorien    80     Profès perp. Le Mayet-de-Montagne (France)   8          »          »

F. Anthony John        83     Stable           Dumfries (Ecosse)                      11         »          »

F. Aventino Maria     44     »                    Recife (Brésil)                             13         »          »

F. François de Paule66     »                    Bruxelles (Belgique)                   16         »          »

F. François Philogone82    Profès perp Saint-Genis-Laval (France)        17         »          »

F. Hervé                    55     »                    St-Paul-Trois-Châteaux (France)  28         »          »

 

 La présente circulaire sera lue en communauté à l'heure de la lecture spirituelle.

Recevez, mes bien chers Frères, l'assurance du religieux et affectueux attachement en J.M.J. de

Votre humble et tout dévoué serviteur,

Frère CHARLES-RAPHAEL, Supérieur Général.

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