Circulaires 130

Louis-Marie

1878-11-02

Chemin de fer. - Obédiences. - Temporel de l'Institut.­ Arrêter toute dette nouvelle. - Appel  à tous. - Visites. Voyages. - Fournitures. - Vestiaire. Fuites en finances. - Deux remarques importantes. Novices.           - Juvénistes. - Mesures à prendre pour la conservation de nos Ecoles. - Observations sur la règle du silence et autres points. - Correspondance. - Défunts. - Note demandée par les Provinciaux.

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51.02.01.1878.4

1878/11/02

V. J. M. J.

Saint-Genis-Laval (Rhône), le Samedi, 2 novembre 1878,

Fête de la Grande Commémoration des Morts.

      MES TRÈS CHERS FRÈRES,

 En attendant que je vous donne l'instruction qui vous a été annoncée sur l'éternité, je réunis ici divers avis qu'il est urgent de vous faire connaître sans retard. 

1. CHEMINS DE FER. – OBÉDIENCES. 

Voici la lettre que nous venons de recevoir de M. le sous-directeur de l'Exploitation: 

COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DE PARIS A LYON ET À LA MEDITERRANEE 

DIRECTION DE L'EXPLOITATION 

Paris, le 9 octobre 1878.

Monsieur le Supérieur Général,

J'ai l'honneur de vous communiquer ci-joint, en vous priant de me les retourner, deux obédiences émanant de votre Communauté.

 L'une, qui a été présentée, le 31 juillet dernier, à la gare du Luc, et porte une signature évidemment fausse, ainsi qu'un N° d'ordre écrit à la main, contrairement aux imprimés dont vous faites habituellement usage.

   L'autre, délivrée à M. C …. Aumônier de votre Communauté, contrairement au principe qui vous a été indiqué dans le temps, et d'après lequel ces titres de voyages ne doivent servir, sous peine d'abus, à d'autres personnes que les Religieux mêmes de la Communauté.

 Je vous serai obligé de bien vouloir prendre les mesures nécessaires pour que pareils faits ne se reproduisent plus, sans quoi, nous nous verrions, à regret, dans la nécessité de retirer à votre Communauté la faveur de circuler à demi-tarif sur notre réseau.

Veuillez agréer, Monsieur le Supérieur Général, l'assurance de ma considération très distinguée.

Le sous-directeur de I'Fxploitation.

 Sur cette lettre :

1° Nous devons observer avec quelle minutieuse attention la Compagnie fait suivre et vérifier toutes nos Obédiences; et, conséquemment, quelles précautions nous avons à prendre pour qu'il ne s'y glisse aucune irrégularité.

2° Vous serez prévenus partout qu'il nous est absolument interdit de délivrer des Obédiences, soit à Messieurs les aumôniers, soit à toute autre personne quelconque, qui ne ferait pas partie de la Congrégation des Petits Frères de Marie.

3° Dorénavant, nous ne laisserons voyager en demi-place que les Frères revêtus du costume religieux, comme il a été réglé dès le principe. On ne pourra plus prétexter de la tolérance de quelques Chefs de gare particuliers qui ont accordé la demi-place à des Frères connus d'eux et voyageant en habits séculiers, avec notre permission. Nous craignons que cette licence, venant à la connaissance de la Direction Générale de l'Exploitation, ne fût encore sévèrement blâmée.

Evidemment, nous ne devons rien négliger pour conserver à l'Institut, dans toutes nos Provinces, l'immense avantage du demi-tarif. Il faut que tous les Membres de l'Administration générale de la Congrégation, aussi bien que nos Frères Directeurs et tous nos Frères en général, pèsent avec une extrême attention cette première menace de la grande Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée : « Que de pareils faits ne se reproduisent plus, sans quoi, nous  nous verrions, à regret, dans la nécessité de retirer à  votre Communauté la faveur de circuler à demi-tarif sur notre réseau » 

Il. TEMPOREL DE L'INSTITUT. – ARRÊTER TOUTE DETTE NOUVELLE. –

APPEL A TOUS.

 Les dispositions arrêtées par nos dernières Circulaires, conformément aux Constitutions de l'Institut, 1ièrePartie, Chapitre XI, de l'Administration du temporel, ont été parfaitement appliquées, à l'époque des Retraites, dans la revue et le règlement des comptes ; et nous avons constaté avec bonheur que, partout, on a été heureux de cette organisation, et qu'on en a conçu les meilleures espérances pour la bonne gestion des finances de l'Institut.

C'est en confirmation de ces dispositions et pour assurer, de plus en plus, tout notre temporel, que le Régime a arrêté et adopté les mesures ci-après :

1° Suspendre, dans toutes les Maisons appartenant à l'Institut, Noviciats, Pensionnats et autres, toute construction, toute acquisition d'immeuble ou de mobilier extraordinaire, toute grosse réparation quelconque.

Il n'y a d'exceptés que quelques travaux déterminés et en voie d'exécution, dans les Pensionnats de Breteuil, d'Haubourdin, d'Aubenas, de la Côte-Saint-André et de Saint-Joseph. Partout ailleurs, on doit s'en tenir aux dépenses courantes rigoureusement indispensables : dépenses alimentaires, de vestiaire, de mobilier ordinaire (avec l'assentiment des Visiteurs), et de menues réparations.

2° En aucun cas, on ne devra oublier que, la Procure Générale se chargeant de tout, on ne peut rien faire comme acquisitions, constructions, grosses réparations et mobilier extraordinaire, sous quelque prétexte que ce soit, sans une autorisation écrite, émanant de ladite Procure Générale, avec approbation préalable et conforme du Régime de l'Institut.

Ces deux mesures capitales nous sont rigoureusement imposées par l'état financier de la Congrégation, et par la nécessité absolue d'arrêter, immédiatement et complètement, toute nouvelle dette quelconque.

3° Sans préjudice, pour la Caisse provinciale, de la redevance annuelle de 150 francs par Frère, se payant par tiers, fin décembre, fin mars et aux Retraites, un appel général est fait au zèle et au dévouement de tous les Frères, dans toutes les Provinces, pour couvrir les frais de nos récentes et dernières constructions, les cinq Pensionnats désignés ci-dessus. C'est un effort extraordinaire qui est demandé à toute la Congrégation ; et nous espérons qu'il n'y aura pas lieu d'y revenir, rien ne devant être entrepris, nulle part, que l'Institut ne soit complètement sorti de ses embarras financiers. 

Ill. VISITES. – VOYAGES. – FOURNITURES. – VESTIAIRE.  – FUITES EN FINANCES. – DEUX REMARQUES  IMPORTANTES .                                                  

1° A l'égard des voyages de famille et des visites entre Etablissements, s'en tenir aux prescriptions de la Règle, Chapitre IX de la 3ièmePartie des Règles Communes, et à celles du dernier Chapitre Général, Circulaire du 23 octobre 1876.

2° Avoir de même une permission écrite pour venir à la Maison-Mère et aux Maisons Provinciales, soit au jour de l'an et à Pâques, soit pendant le reste de l'année scolaire, à moins que quelque motif grave et non prévu n'oblige subitement à faire le voyage.

Ces visites et voyages sont devenus si nombreux, surtout à certaines époques de l'année, que, pendant les vacances dernières, en moins d'un mois, on a ou à recevoir plus de 50 Frères voyageurs, dans un petit poste de trois Frères, assez écarté. Les Séculiers eux-mêmes se sont préoccupés de ces courses si répétées ; on nous a écrit pour réclamer contre cet abus qu'on appelle scandaleux. Et, de fait, cette année même, dans un seul jeudi de la fin d'octobre, nous avons eu à la Maison-Mère, dix ou douze Directeurs tant de Saint-Genis-Laval, que de l'Hermitage et du Bourbonnais.

Et à ces visites ou voyages, il faut ajouter ceux qui se font et se terminent aux villes voisines, comme Lille, Lyon, Marseille et autres, sous prétexte de provisions, de commissions, ou de règlement de comptes.

Il y a là, certainement : 1° une source de dépenses très considérables, si surtout, comme il arrive assez souvent, on va manger à l'hôtel ; 2° une occasion perpétuelle de dissipation ; 3° ce qui est très fâcheux, un abandon complet des Frères en second, qui sont ainsi laissés à eux-mêmes tout un jeudi, et dans l'intérieur de la Maison et pour la promenade ; 4° enfin, des manquements formels à la Règle, au Vœu de Pauvreté même, et aux recommandations capitulaires, plusieurs fois renouvelées, de se servir à la Maison Provinciale.

Disons ici que c'est par lettres que doivent se faire les demandes de classiques, de vestiaire et autres. Pour les faciliter, on veillera de très près, dans toutes les Procures Provinciales, à faire servir, très ponctuellement et très exactement, toutes les demandes, dès qu'elles arriveront.

3° Sur l'article du vestiaire, habillements et chaussures, observer avec soin tous les avis donnés plus tôt. Il est essentiel que tous le soignent de leur mieux, de manière que chaque partie du vestiaire fasse le temps prescrit.

C'est au Frère Procureur Provincial à juger de la nécessité des exceptions qui seraient demandées; il devra ne les accorder qu'avec une extrême réserve.

 Dans le Manuel Domestique, ilest parlé des fuites qui se produisent dans l'administration du temporel et qui, souvent, amènent des déficits considérables et deviennent la ruine des Maisons. C'est peut-être sur l'article du Vestiaire qu'on a le plus à s'observer, il faut que les Frères Directeurs y donnent partout une grande et constante attention.

 4° A ce point de vue, je vous recommande à tous la lecture très attentive de l'instruction préliminaire sur l'économie qui sert d'introduction à la nouvelle édition du Manuel Domestique, particulièrement le point de la VIGILANCE, pour prévenir ces fuites fâcheuses dont nous venons de dire un mot. Voir pages XXIV, XXV et XXVI.

Aux fuites nombreuses qui y sont énumérées : fuite dans le ménage, fuite dans les extra, aux invitations ; fuite dans la bourse, petites recettes et petites dépenses négligées; fuite dans le linge, fuite dans les meubles, faite dans les provisions : fruiterie, cave, jardin, produitsdivers; fuites, signalées plus haut, dans les voyages et courses inutiles, aussi bien que dans la chaussure et les vêtements, ajoutez celle des correspondances irrégulières, toujours inutiles, quelquefois nuisibles; celle des imprimés non autorisés, celle de l'abonnement à certaines feuilles ou revues : celles, plus considérables encore, des distributions : excès dans les prix, frais de théâtre, invitations, dîners, etc. ; enfin, toutes les autres fuites que chacun peut rechercher, et vous ne serez pas surpris des économies considérables qui pourraient être faites dans tout l'ensemble de la Congrégation, sans préjudice aucun pour la santé des Frères, avec avantage même pour le bien des Maisons, si l'on retranchait partout, et si l'on retranchait énergiquement tous ces abus, toutes ces causes de dépenses et de ruine.

D'après les rapports et calculs des Frères Visiteurs nous aurions au moins 40.000 francs de voyages et de courses diverses, dans les différentes Provinces de la Congrégation.

5° Je dois encore faire remarquer ici un écart très grave qui se répète assez souvent dans les Etablissements nouvellement fondés, c'est qu'on ne se contente pas de la somme affectée au mobilier personnel des Frères et à l'ameublement de la Maison. On veut avoir absolument, et dès la première année, tous les objets, même les livres, portés dans la liste, et l'on y applique les sommes allouées pour le traitement des Frères. De là, les déficits, très ordinaires en ces Maisons, dans la redevance annuelle qui est due tant à la caisse provinciale qu'à la Procure Générale. Il n'est pas rare même qu'on exagère tellement ces divers achats, que l’Etablissement se trouve en déficit pour plusieurs années; et l'excuse prétendue que donnent, ces Directeurs peu avisés, c'est que l’Etablissement est nouveau et qu'il a fallu le monter.

Or, un Directeur ou Administrateurhabilefait tout le contraire ; il dispose si bien ses fonds, et il sait si bien échelonner la confection de son mobilier et de l'ameublement de la maison,. que, dès la première année, il ne va que selon ses ressources actuelles ou assurées, de manière qu'il peut toujours faire honneur à ses affaires et solder tous ses comptes, à la Maison Provinciale comme ailleurs.

6° Cette remarque nous conduit à une autre qui n'est pas moins importante et qui servirait également dans toutes nos entreprises, à mieux équilibrer les dépenses avec les fonds de l'Institut. Je veux parler de l'envie démesurée qu'on a partout, et toujours, soit de compléter les constructions commencées, soit de les agencer de tous les meubles, et objets divers qu'on prétend nécessaires ; tandis que la prudence et l'esprit d'ordre demanderaient que tout ne se fît que peu à peu, au fur et à mesure des ressources et des besoins.

Heureusement, aujourd'hui, avec le recours obligé au Régime et à la Procure générale, cette exagération et cette précipitation auront moins de mauvais effets ; mais encore est-il besoin de les signaler, pour prévenir des instances trop vives et trop répétées.

J'ai la confiance, M. T. C. F., que ces observations seront bien reçues et bien comprises de tous, sur tous les points, et qu'on s'y conformera très exactement, dans le plus grand intérêt de notre Œuvre. 

IV. NOVICES. – JUVÉNISTES.

    Dans le même esprit, tenant compte et de l'état pré­sent de nos finances et des difficultés des temps, le Régime de l'Institut a décidé que, jusqu'à nouvel ordre, on exigerait partout, la pension du Noviciat : entière, autant que possible, mais au moins par moitié, avec le trousseau.

Pour les Juvénistes, il a été réglé qu'ils paieraient tous, sans exception, annuellement, ou par eux-mêmes ou par I'Œuvre des Juvénats, une somme de 300 francs; et, de plus, qu'ils fourniront le trousseau demandé et qu'ils l'entretiendront.

Il faudra que les Frères Directeurs se prêtent de leur mieux à ces mesures, en traitant avec les parents. Les Frères composant la Retraite du Régime, Directeurs, Visiteurs et Procureurs Provinciaux, ont été du même avis. Les Frères Provinciaux ne pourront donc admettre les Sujets que dans les conditions données ci-dessus, à moins d'une permission des Supérieurs, renouvelée à chaque admission. 

V. MESURES À PRENDRE POUR LA CONSERVATION DE NOS ÉCOLES.

 1° N'user que de bons procédés à l'égard des Enfants, des Parents, et de toutes les Autorités préposées à la direction de l'Enseignement.

2° Parler et agir toujours avec une extrême modération, alors même qu'on nous manquerait.

3°S'abstenir avec soin de toute lettre ou écrit qui serait de nature à blesser, soit par des plaintes et des récriminations sur les mesures dont on serait frappé ou menacé, soit par des doutes élevés sur l'impartialité des Autorités et de certaines Commissions.

4° Soumettre d'avance aux premiers Supérieurs ces lettres ou écrits, et ne les adresser qu'après avoir reçu l'autorisation.

Déjà, la peine de suspension ou de révocation a été prononcée contre plusieurs de nos Titulaires : ici, pour avoir mis en doute l'impartialité d'une Commission d'examen ; là, pour quelques invectives ou paroles un peu dures adressées à une mère de famille présentant son enfant; ailleurs, pour quelques coups ou sévices; partout, avec une rigueur et une sévérité qu'on a peine à s'expliquer.

5° Plus que jamais, dans la situation présente, nous pénétrer de l'esprit de la Règle, qui veut que nous fassions le bien sans bruit, et en nous effaçant le plus possible.

6° Donc, ne pas chercher à soutenir avec éclat la concurrence ; nous contenter de la part qui nous est laissée ; et nous appliquer uniquement, dans notre intérieur, à bien soigner nos Enfants, sans agir trop au dehors pour les attirer. Surtout, éviter toute parole de blâme, tout acte répréhensible, à l'égard de ceux qui nous sont opposés.

7° Enfin, bannir de nos Ecoles, selon les prescriptions de la Règle, les pénitences afflictives, les pénitences ridicules ou désapprouvées. par le bon sens, les mots grossiers et offensants à l'adresse des Enfants, des Parents ou des Autorités.

« Qu'au moins vos Frères, nous disait dernièrement un Inspecteur très peu bienveillant, ne se permettent pas de faire étendre les Enfants par terre, pour faire leurs pénitences ou pensums. »

Si, quelque part, il y a des droits à soutenir, il faut en laisser le Soin aux premiers Supérieurs. 

VI. OBSERVATIONS SUR LA RÈGLE DU SILENCE, ET AUTRES POINTS.

 A la Retraite du Régime, le bon Père Capucin qui la donnait, nous a fait une très forte Conférence sur le point capital du Silence, point de Règle trop négligé, et comme nul dans un certain nombre de Maisons.

Or, d'après le bon Père Missionnaire, le Silence est l'aliment de la piété, la condition rigoureuse des bonnes études, le nerf de la discipline religieuse ; et, selon qu'il est bien ou mal gardé, le salut ou la ruine des Communautés.

A ce point de vue, a ajouté encore le bon Père, le manquement au Silence, qui serait à peine un péché dans les Inférieurs, pourrait devenir un péché grave dans les Supérieurs, à cause du grand préjudice qui en résulterait pour tout le corps, Si ces manquements se généralisant et se prolongeant, passaient en habitude dans la Congrégation.

Donc revenons partout, dans les Noviciats comme dans les Maisons d’Ecole, à la pratique du Silence, selon qu'il est dit au Chapitre vine de la Seconde Partie des Règles Communes.

J'ajoute même ici une décision dans ce sens du R. Père Gury, de la Compagnie de Jésus, sur tous les points de la Règle en général, même les plus petits.

 Le Père Gury, dans son Compendium de Théologie morale, demande, n° 146, 10° question : Le Supérieur négligeant de corriger les fautes légères de ses Inférieurs pèche-t-il gravement?

Il répond affirmativement, si les fautes sont nombreuses et sont telles qu'elles puissent relâcher notamment la discipline.

Aussi, ajoute-t-il que le Supérieur, non seulement, doit corriger les fautes des Inférieurs tournant au préjudice de toute la Communauté ; mais qu'il doit encore les rechercher, afin de les corriger, sans cependant qu'il soit tenu à faire cette recherche avec une inquiétude trop grande. Il est même expédient, quelquefois, qu'il dissimule, si les manquements n'apportent pas du scandale, ou s'il prévoit que quelque chose de pire doive résulter de la correction, ou qu'il soit utile d'attendre un temps plus favorable. C'est ce que conseille la prudence, dit saint Liguori, pour arriver à un plus grand bien ou éloigner un plus grand mal.

Les Frères Directeurs et tous ceux qui sont en charge comprendront, par cette décision, toute l'étendue de l'obligation qui pèse sur eux d'observer et de faire observer la Règle, de ne pas laisser introduire des abus, et de conserver tous leurs Frères dans l'esprit de leur état. Ils verront également avec quelle prudence et quelle charité ils doivent remplir ce grand devoir des Supérieurs. 

VII. CORRESPONDANCE.

 J'ai à rappeler ici, dans l'intérêt de la Correspondance et pour la rendre moins lourde aux chers Frères Assistants, dont plusieurs souffrent plus ou moins de la vue, des avis déjà donnés plusieurs fois, et qu'on oublie encore. Je les renouvelle donc, et j'en recommande plus que jamais la pratique constante et exacte, surtout aux Frères des Provinces de Saint-Paul-Trois-Châteaux et du Bourbonnais :

 1° Ne se servir que de bon papier, de papier bien collé ;

2° Ecrire très lisiblement, en caractères assez gros, et ne pas trop serrer ni les mots ni les lignes ;

3° Ne se servir que d'une encre noire et de très bonne qualité, c'est le point capital. On m'a rapporté ces jours-ci que des Obédiences de chemin de fer ont été refusées, dans quelques gares, parce que la signature était à l'encre bleue, si facilement délébile.

J'attends, par égard et je dirais par compassion pour les Frères Assistants, dont la tâche est si lourde, j'attends que cette observation sera parfaitement acceptée de tous et constamment suivie.

Sans être trop laconiques, ne soyez pas prolixes. 

VIII. DÉFUNTS.

 

Voici la liste des Frères décédés depuis la Circulaire du 21 juin dernier :

F. EINARD, Obéissant, décédé en la ville du Cap de Bonne-Espérance (Afrique), le 12 juin 1878 ;

F. ARMANDUS, Obéissant, décédé à Saint-Genis-Laval    (Rhône), le 3 juillet 1878;

F. AZIRIEN, Novice, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 6 juillet 1878 ;

F. SCHOLASTIQUE, Obéissant, décédé dans sa famille, à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 18 août 1878.

F. FIDELIS, Profès, décédé dans sa famille, à Anse  (Rhône), le 22 août 1878 ;

F. JOSEPH-ISIDORE, Novice, décédé dans sa famille, à Montluel (Ain), le 17 septembre 1878;

F. ADONIN, Obéissant, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 29 octobre 1878.

 

Heureusement, ces chers Défunts vont participer aujourd'hui, Fête de la Grande Commémoration des Morts, à toutes les prières et pieux suffrages que l'Eglise offre pour tous les Fidèles trépassés. Ne manquons pas, à cette occasion, de prier particulièrement pour tous nos Frères, Parents et Bienfaiteurs défunts, et de nous renouveler tous dans la dévotion aux Ames du Purgatoire.

C'est surtout en appliquant, par la foi et la piété, le Sang adorable de Jésus-Christ à ces saintes Ames, que nous pourrons le plus efficacement les soulager et hâter leur délivrance. Je vous rappelle à ce propos, la magnifique Instruction du Directoire de la Solide Piété, sur la dévotion aux âmes du Purgatoire, et ce qui a été dit dans la Circulaire du 23 octobre 1876, précisément sur l'application aux Défunts des neuf Sources de Sang que le Divin Rédempteur nous a ouvertes dans sa Passion. Je vous engage à faire une fois, dans chaque Etablissement, la méditation donnée sur ce sujet dans la même Circulaire, comme aussi sur l'Instruction du Directoire rappelée ci-dessus.

 En terminant, je vous invite de nouveau, M. T. C. F., à chercher votre salut, le salut de vos Enfants, le salut et la conservation de toutes nos Maisons, dans les mérites du Sang de Jésus-Christ et de ses divines Plaies. Je ne puis trop me réjouir de l'empressement avec lequel vous avez accueilli l'Exercice du Chemin de la Croix, et vous nous avez exprimé le désir de l'ériger canoniquement dans toutes vos Maisons. Vous savez que c'est le vœu que nous formons nous-mêmes, tout en vous recommandant de n'avoir que des tableaux d'un prix très modéré.

 Oui, redisons-le, le souvenir des souffrances et de la Passion de Jésus-Christ doit nous être toujours présent. Saint Liguori, sur le choix du sujet d'oraison, recommande de commencer par méditer les mystères et les vérités de la foi, où notre âme trouve plus d'aliment et de facilité. « Mais, ajoute-t-il, le sujet le plus propre à la méditation, pour des Religieux qui doivent tendreà la perfection, c'est la Passion de Jésus-Christ. Blosius, continue saint Liguori, dit que le Seigneur a révélé à plusieurs Saintes, entre autres à Sainte Gertrude, à Sainte Brigitte, à Sainte Mathilde et à Sainte Catherine de Sienne , qu'il aimait singulièrement à voir une âme méditer sur la Passion. Prenant la pensée de saint François de Sales, il ajoute que la Passion de Notre Sauveur doit être la méditation ordinaire de tous les Chrétiens, à combien plus forte raison des Religieux, les amis choisis du Divin Maître? Oh ! quel beau livre, s'écrie toujours le Saint Docteur, quel beau livre que la Passion de Jésus ! Là, bien  mieux que dans tous les autres, on apprend à connaître la malice du péché, la miséricorde et l'amour de Dieu pour les hommes. Si Jésus-Christ a souffert l'Agonie, la Flagellation, le Couronnement d'épines,  le Dépouillement des habits, le Crucifiement et toutes  les douleurs de sa Passion, nul doute qu'il n'ait ou en vue de nous offrir ces mystères douloureux pour  sujet ordinaire de nos méditations, afin que, les ayant sans cesse présents à l'esprit, nous y puisions des « sentiments d'amour et de reconnaissance pour le Seigneur, de haine et d'horreur pour le péché, d'ardeur et de couragepour suivre Jésus-Christ dans la voie douloureuse du Calvaire, et partager ses souffrances. »

 C'est dans cette vue que l'Exercice du Chemin de la Croix, distribué à tous, a été particulièrement suivi et compris dans la Retraite du Régime. Tous les jours, nous en avons fait la matière de la Conférence de 11 h. et quart; et, à la suite de nos réflexions, on a pu l'apprécier de plus en plus. Les Frères Assistants surtout ont exprimé leur satisfaction de le voir entre les mains de tous les Frères, et se sont promis de s'en servir de leur mieux pour le bien de ceux qui leur sont confiés, chacun dans sa Province respective.

 Donc, par les temps si difficiles que nous traversons, joignons-nous tout de nouveau à Marie, notre Mère et la Mère des douleurs, pour marcher avec elle à la suite de Jésus-Christ crucifié, et nous couvrir de son sang et de ses mérites contre tous les dangers spirituels et temporels qui nous menacent.

 C'est dans les Plaies adorables de Jésus que je vous renouvelle à tous les sentiments de sainte affection et de religieux attachement avec lesquels je suis, Mes Très Chers Frères,

Votre très humble et très dévoué serviteur,

                         F. LOUIS-MARIE.

 ————————————

Note demandée, après coup, par les Provinciaux.

 post-scriptum – Profiter de la première Correspondance pour donner à chaque Procure Provinciale :

 1° L'itinéraire très précis (Chemin de fer et correspondances, Voitures) à suivre pour se rendre de la Maison Provinciale, à l’Etablissement;

2° Le prix exact du Chemin de fer et des Correspondances, ainsi que des voitures, pour ce même parcours.

 Ces renseignements seront très utiles, tant pour donner aux Frères des indications plus sûres que pour leur fournir le viatique nécessaire. On en prendra note, au fur et à mesure, sur un Registre spécial qui restera au service de chaque Procure Provinciale.

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