Circulaires 142

Nestor

1881-07-12

Circulaire du 12 juillet 1881 : Dévotion au Sacré Cœur de Jésus. - Epoques des Retraites. - Neuvaine et prières préparatoires. - Jubilé. Réimpression des Règles Communes. - Livres classiques. - Nos Défunts.

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51.03.01.1881.4

 V. J. M. J.

Saint-Genis-Laval, (Rhône), le 12 juillet 1881.

      Mes Très Chers Frères,

De toutes les dévotions que l'Église nous propose, celle qui se rapporte au Sacré Cœur de Notre-Seigneur est assurément la plus excellente, la plus efficace et la plus consolante. Elle est la plus excellente, parce qu'elle a Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même pour objet : elle est la plus efficace et la plus consolante, selon les promesses mêmes que le divin Maître a daigné faire à la bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque, en faveur des âmes dévotes à son Cœur sacré.

Je leur donnerai, dit-il, toutes les grâces nécessaires dans leur état. ;

Je mettrai la paix dans leur famille ;

Je les consolerai dans toutes leurs prières

Je serai leur refuge assuré pendant la vie et surtout à la mort;

Je répandrai d'abondantes bénédictions sur toutes leurs entreprises ;

Les pécheurs trouveront dans mon cœur la source, et l'océan infini de la miséricorde ;

Les âmes tièdes deviendront ferventes

Les âmes ferventes s'élèveront rapidement à une grande perfection ;

Je bénirai même les maisons où l'image de mon Sacré-Cœur sera exposée et honorée;

Je donnerai aux prêtres le talent de toucher les cœurs les plus endurcis ;

Les personnes qui propageront cette dévotion auront leur nom écrit dans mon cœur et il n'en sera jamais effacé.

Dans le but de fortifier en nous cette précieuse dévotion, je vous donne aujourd'hui, M. T. C. F., l'analyse d'un excellent discours que j'ai entendu l'année dernière sur ce délicieux sujet. L'enseignement de l'éminent prédicateur me paraît bien propre à instruire et à incliner l'âme vers l'amour et l'imitation de Notre-Seigneur. Je le recommande à vos plus sérieuses réflexions. Il répond, je crois, à un besoin du moment, et ma conviction est que votre piété et votre zèle y puiseront de nouvelles forces et un nouvel aliment. Au reste, pourrions-nous trouver un objet plus digne de nos méditations ? Je suis, dit Jésus-Christ, la voie, la vérité et la vie. Nul ne vient à mon Père que par moi (S. Jean, XIV, 6).

Mais d'abord, qu'est-ce qu'une dévotion? Une dévotion est une tendance particulière et déterminée de la piété catholique, une forme habituelle et précise du culte allant toujours à Dieu, comme à son terme suprême, mais allant à Dieu à travers un autre objet plus voisin de nous, objet propre de la dévotion, objet qui la distingue et la dénomme. Ce sera, par exemple, une personne vers laquelle se tourneront plus volontiers les sympathies surnaturelles de l'âme: la Très Sainte-Vierge, l'Ange gardien, ce saint ou cet autre. Ce sera un mystère, un trait de l'histoire de l'Homme-Dieu où se porteront les préférences du souvenir. Ce sera un symbole matériel, relique ou image, médaille ou scapulaire; ce sera une pratique déterminée, prière, oeuvre de charité ou de pénitence, dont s'accommodera mieux la piété de celui-ci ou de celui-là. Toujours, c'est une habitude de l'âme s'élevant à Dieu par l'entremise préférée d'un objet, qui n'est pas précisément et formellement la divinité même, mais d'autant plus noble et utile qu'il nous y mène plus vite, parce qu'il y tient de plus près.

Dès lors et du premier coup d’œil, nous pouvons voir l'excellence de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. Etre dévot au Sacré Cœur de Jésus, n'est-ce pas aller habituellement à Dieu par Dieu lui-même, mais par Dieu transparaissant dans l'homme, dans ce que l'homme a de plus saisissant et de plus aimable, dans son cœur ? N'est-ce pas rencontrer Dieu dans un cœur semblable au nôtre, frère du nôtre, éprouvé, à part le péché, par toutes les affections du nôtre et où la connaissance que nous avons du nôtre, nous permet de lire à livre ouvert ? N'est-ce pas pour nous unir à Dieu, à travers un cœur qui n'existe que pour la gloire de Dieu et pour l'amour de nous ?

En effet, M. T. C. F., lorsque nous faisons acte de dévotion au Sacré Cœur de Jésus, notre culte s'adresse immédiatement et notre intention adoratrice se pose tout d'abord sur le Cœur naturel de Jésus-Christ, sur cet organe physique et vivant qui aspire et respire le sang dans l'humanité du Dieu-Homme. Ici point de métaphore ni de symbole, c'est lui, c'est bien lui que nous adorons premièrement, directement, immédiatement.

Mais en fixant notre pensée, notre intention, notre hommage sur le Sacré-Cœur, nous ne l'isolons pas de l'indivisible humanité de Jésus-Christ ni de la divinité inséparablement unie à cette humanité trois fois sainte; nous l'adorons tel qu'il est, c'est-à-dire vivant dans un homme, dans un Homme-Dieu; d'où il suit qu'en l'adorant, c'est cet homme, cet Homme-Dieu lui-même que nous adorons « Quand je presse la main d'un ami, dit le Père Longhaye, je n'étreins pas toute sa personne, et cependant toute sa personne n'en est-elle pas caressée, toute son âme doucement émue ? Ainsi quand j'adore le Sacré Cœur de Jésus-Christ, c'est tout Jésus-Christ que j'adore, toute cette  humanité immolée, puis immortelle, ce Verbe qui possède, soutient et déifie à la lettre cette humanité dans son tout et dans ses parties. »

Voilà bien, M. T. C. F., un enseignement net, dogmatique, pleinement intelligent et bien capable de satisfaire notre piété.

L'objet précis de la dévotion qui nous occupe, c'est le Cœur matériel du Verbe incarné ; l'objet total, c'est le Verbe incarné lui-même. La raison dogmatique de notre hommage, c'est l'incarnation du Verbe, c'est l’union personnelle qui fait à jamais de cet organe vivant dans un homme le propre Cœur d'un Dieu.

Mais pourquoi nos adorations vont-elles au Cœur du divin Maître plutôt qu'à son front couronné d'épines, plutôt qu'à ses mains percées ? Pourquoi Jésus-Christ, dans ses révélations désormais consacrées par l'autorité de l'Eglise, a-t-il offert son Cœur à. l'attention des âmes pieuses ? C'est que le Cœur est le symbole de l'amour, c'est que, quoi qu'il en soit des controverses physiologiques où nous n'avons pas à descendre, le sens commun, le sens universel de l'humanité a toujours vu, non sans raison d'expérience, l'organe propre de l'amour dans ce Cœur, où retentit tout d'abord le contre-coup délicieux ou douloureux des affections de l'homme ; c'est que Dieu, le Dieu des sciences, lorsqu'il daigne parler et agir en homme, parle et agit suivant le sens commun, suivant le sens universel de l'humanité. Ainsi quand Jésus-Christ nous offre son Cœur, ainsi quand nous adorons ce Cœur qu'ilnous offre, c'est l'humanité sainte, C'est le Verbe incarné qui réclame et reçoit l'hommage mais il le réclame, mais il le reçoit. comme une réponse toute spéciale, directe et formelle aux avances de sonamour.

Quand nous faisons acte de dévotion au Sacré Cœur, nous adorons donc l’Homme-Dieu qui nous aime : voilà le dernier mot de la formule précise où tout se résume.

Mais en dehors d'un objet précis, parfaitement rationnel et théologique, cette dévotion si consolante nous offre encore la plus haute et la plus pratique des leçons. Ecoutons le Cœur de Jésus s'exprimant et s'analysant lui-même : « Apprenez de moi, dit-il, que je suis doux et humble de cœur. » (S. Matth., XI, 29). Voilà son enseignement : c'est l'humilité.

Assurément, M. T. C. F., cette leçon s'adresse à tous les chrétiens, car c'est pour tous que Notre-Seigneur a dit ces autres paroles : Quiconque s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaisse sera élevé (S. Luc, XV, 11) ; mais elles semblent s'appliquer tout particulièrement au Religieux.

Mais quelle doit être notre humilité ? – L'humilité même du Sacré Cœur de Jésus. Cherchons d'ailleurs en quoi le divin Maître la fait consister.

Si nous contemplons d'un regard la vie de l'Homme-Dieu, expression authentique de son Cœur, qu'y voyons-nous ? – Un amour supérieur, dominant et absorbant tout ce qui pourrait ressembler à l'amour de soi-même. Jésus aime et il se livre. Voilà l'humilité dans son fond vrai, dans sa notion essentielle. A la vérité, elle a des formes diverses, des degrés pour ainsi dire infinis. Dans le Cœur de Jésus, elle est allée jusqu'à la folie de la Croix. Mais depuis cet héroïsme de la vertu parfaite jusqu'à l'humilité commune, indispensable au salut de l'âme, n'oublions pas que c'est le même fond, la même essence : l'amour de Dieu et de tout ce qui le représente, allant jusqu'au mépris pratique de soi-même, c'est-à-dire jusqu'au sacrifice habituel, jusqu'à l'abnégation, jusqu'au dévouement. Dans ces conditions, on aime et on s'oublie ; on aime et on se donne, on aime et on se sacrifie : c'est la véritable humilité ; c'est toute la leçon du Sacré Cœur de Jésus. Ne convient-elle pas à notre vocation toute de dévouement? et n'avions-nous pas raison de dire que l'humilité entendue et pratiquée selon les enseignements de Jésus-Christ, est la vertu propre du Religieux, et plus particulièrement du Religieux instituteur ?

Il est écrit que Jésus-Christ n'a point vécu pour son propre plaisir. Efforçons-nous, M. T. C. F., de mériter cet éloge et de vaincre tout d'abord en notre âme l'égoïsme et l'appétit de la jouissance personnelle qui font l'homme vulgaire, servile et bas. En un mot, soyons humbles, et souvenons-nous que nous n'entrerions jamais dans le royaume des cieux si notre cœur n'avait cette première ressemblance avec le Sacré Cœur de Jésus (S. Matth., XVIII, 3).

Or, parce que Jésus-Christ ne s'appartenait plus, parce qu'il s'était ainsi désintéressé de lui-même, il appartenait librement à tout le monde, et il profitait à tout le monde. A son pays qu'il aimait, lui, l'homme de tous les lieux et de tous les siècles, il donnait ses prières, son travail, ses larmes ; il devait donner une part privilégiée de son sang. D'ailleurs, il allait, appelant à lui toutes les misères individuelles : Venez tous à moi, disait-il, vous qui êtes dans la peine et qui êtes chargés, et je vous soulagerai (S. Matth., XI, 28).

Il passait en faisant le bien. Son Cœur se dépensait, se versait comme goutte à goutte dans une bienfaisance intarissable. Serviteur de tous, esclave ni courtisan de personne, utile, digne, indépendant, parce qu'il était humble, c'est-à-dire, parce que, étant sans égoïsme, il était sans ambition et sans peur, Je suis parmi vous comme le serviteur, disait-il à ses apôtres. (S. Luc, XXII, 27).Ma nourriture est de taire la volonté de mon Père (S. Jean, IV, 34).Je ne cherche pas ma gloire, mais la gloire du Père qui m'a envoyé (S. Jean, VIII, 50).

Une fois encore, M. T. C. F., voilà la leçon du divin Maître. Entendons-la et sentons bien qu'elle nous regarde très particulièrement. En toutes choses, il a voulu nous donner l'exemple. Il s'est fait serviteur de tous pour nous apprendre à servir sa cause et celle du salut des âmes ; il s'est fait obéissant jusqu'à la mort de la croix, pour nous apprendre à obéir sans cesse par             l'accomplissement constant de chacun de nos devoirs ; enfin, il n'a pas cherché sa gloire, mais celle de son Père, pour nous apprendre à chercher Dieu en tout et toujours. Ne nous y trompons pas, M. T. C. F., et sachons bien qu'on ne se déprend de soi qu'en s'éprenant d'un autre; on ne se livre que parce qu'on aime, on n'est humble que si le cœur s'est donné. Mais à qui ? – A Dieu. Alors seulement l'objet est assez haut, l'abnégation assez noble, assez sûre, assez entière. Quand on se dévoue à quelque chose qui n'est pas Dieu, on fait céder une passion à une autre passion ; de fait, on ne se dévoue pas. Regardons Jésus-Christ, étudions son Cœur. C'est son Père qu'il aime dans ses Apôtres, c'est son Père qu'il aime dans son ingrate patrie, c'est son Père qu'il aime dans les âmes, c'est son Père qu'il aime en nous. Et voilà pourquoi il se livre, pourquoi il aime jusqu'à l'abnégation, jusqu'au sang. Ainsi devons-nous faire. Aimons Dieu dans notre famille et notre Congrégation, aimons Dieu dans notre pays, aimons Dieu dans chacun de nos frères, dans chacun de nos élèves; aimons Dieu dans les pauvres et dans les ignorants ; aimons Dieu dans tout ce qui tient de lui. A ce compte seulement, nous aimons tout cela plus que nous-mêmes; à ce compte, nous serons dévoués, c'est-à-dire humbles; nous saurons nous livrer, mais nous livrer au seul objet qui en soit digne. Ce sera la véritable humilité. On ne l'apprend bien qu'à l'école du Sacré Cœur de Jésus.

 Le Cœur de Jésus n'est pas seulement un objet de dévotion toute précise et lumineuse. il offre encore à toute notre vie surnaturelle, à tout notre christianisme pratique, le stimulant le plus noble, la direction la plus sûre. C'est ce que nous diront les lignes suivantes :

Il y a en fait deux façons d'entendre le christianisme. Il est des âmes qui, dans toute la pratique habituelle, envisagent Dieu surtout comme un maître, sont attentives à ses droits, marchent sous l'aile de sa justice, sont pénétrées de sa crainte. Ces âmes ne dépassent guère dans leurs déterminations intimes l'idée sévère du devoir. Toutes leurs préoccupations, toutes leurs ambitions surnaturelles se résument et s'enferment pour ainsi dire dans un mot : le Salut. Comment faire mon salut ? C'est bien là, mais dans un sens étroit et craintif, la question du jeune homme de l'Evangile. Quelle bonne oeuvre ai-je à faire pour acquérir la vie éternelle (S. Matth., XIX, 16).

Peut-on blâmer cette religion pratique ? Non pas absolument, car la crainte du Seigneur est le commencement de la Sagesse (Ps. CX, 10). car cette crainte, chez les âmes qui nous occupent, n'est pas absolument servile, elle implique un imparfait mais suffisant amour. Mais, hâtons-nous de dire qu'il serait périlleux, surtout pour un, Religieux, de s'en tenir, par système, à cette sagesse initiale ; ce christianisme, si l'on n'y joint pas autre chose, est exposé à devenir mercenaire, janséniste, juif,etc. car si l'on envisage Dieu surtout comme un maître, on en viendra facilement à chercher les. moyens de le satisfaire au moins de frais qu'il se pourra, D'ailleurs, dans ce christianisme tout de justice et de, crainte, Jésus-Christ trouve à peine sa place; son Cœur surtout ne se montre nulle part ; c'est une religion sans élan ni flammes, une vie surnaturelle contrainte et anxieuse, une sorte de voyage laborieux au bord des abîmes, dans un pays sans soleil.

Si nous rendons maintenant sa place à Jésus-Christ; si ce soleil de justice et de vie se lève sur la vallée de notre pèlerinage; s'il se montre à nous comme il se montra jadis à la Bienheureuse Vierge de Paray, et qu'il nous dise comme à elle : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes », que se passe-t-il alors ? Tout demeure et cependant tout est changé. La Sagesse initiale subsiste tout entière. Dieu n'en est pas moins Souverain, sa justice moins exacte, sa colère moins redoutable ; le devoir parle toujours ; le salut reste la grande affaire, l'unique affaire, et cependant tout a pris un aspect nouveau tout rit, tout s'éclaire, tout s'échauffe sous le rayon du ciel. Pourquoi donc ? Ah ! c'est que l'amour a fait son apparition dans le monde; l'amour de Dieu manifesté dans un cœur d'homme, l'amitié, la fraternelle amitié d'un Dieu nous poursuivant, j'allais dire nous harcelant de ses avances et implorant notre retour, oui l'implorant en même temps qu'elle le requiert de plein droit et en toute rigueur de justice. Le Maître dit toujours du haut de son Sinaï .et parmi les éclats du tonnerre : Tu m'adoreras et tu me serviras moi seul (S. Luc, IV, 8). Mais l'ami me dit tout bas à l'oreille, Mon fils donne-moi ton cœur (Prov., XXIII, 26). Et moi, que répondrai-je à cette voix de l'amitié, à cette voix des larmes, à cette voix de sang, à cette voix du cœur d'un Dieu ? Il m'a aimé et il s'est livré pour moi. Suis-je donc libre encore, et ma réponse peut-elle être douteuse ? Non, entre lui et moi ce n'est plus seulement affaire de justice ; c'est affaire de délicatesse, de générosité et de haute convenance. La grande question se pose toujours : Que faire pour me sauver? Mais une autre la complète, la domine, la transforme : Que rendrai-je au Seigneur pour tous les biens dont il m'a comblé ? (Ps. CXV, 5).    

Dès lors, ma religion s'épure, ma vie surnaturelle s'embellit et s'anime, mon christianisme s'élève et s'élargit. Ce n'est plus seulement entre Dieu et moi une relation d'empire et de dépendance; non, c'est un échange de procédés nobles, une réciprocité, une rivalité de sacrifices, un commerce d'amitié délicate, abnégation pour abnégation, dévouement pour dévouement, amour pour amour.

La voilà, M. T. C. F., la religion vraie, complète, pratique et généreuse ; la voilà telle que le Sacré Cœur de Jésus la résume et la propose. Plaignons ceux qui l'ignorent ou la méconnaissent, plaignons encore plus ceux qui la blasphèment au gré d'un bien étrange et bien malencontreux orgueil.

Et maintenant, M. T. C. F., souvenons-nous d'avoir appris à l'école du Sacré-Cœur le dévouement qui est humilité pratique, et la religion vraie qui est délicatesse d'amour. Repentons-nous, mais repentons-nous en toute confiance, si notre vie n'a pas toujours égalé ces grandes leçons, et profitons des saints exercices de nos prochaines retraites que nous confierons tout particulièrement au divin Cœur, pour nous retremper dans nos bons sentiments d'autrefois.

Dans une vision dont sainte Françoise fut favorisée, Notre-Seigneur lui fit entendre ces encourageantes paroles : « Je suis cet amour qui crie à haute voix : Si  quelqu'un a soif qu'il vienne à moi et qu'il boive  (S. Jean, VIII, 47). Je veux rassasier de biens ceux  qui se rendent à mon invitation ;c'est pour cela que  j'ai ouvert mon Cœur, afin d'y recevoir tous les malheureux, tous ceux qui sont dans le besoin. »

Entendons cette voix de notre divin Sauveur. Il veut nous combler de biens, sa parole n'est point trompeuse, Seule, la pratique de ces préceptes donne la véritable paix : Prenez mon joug sur vous, dit-il, et vous trouverez le repos de vos âmes ; car mon joug est doux et mon fardeau est léger (S. Matth., XI, 29, 30). Ne cessons pas de demander l'intelligence de ce conseil. Déjà nous en avons expérimenté la douceur et nous avons pu nous écrier avec le pieux auteur de l'Imitation : « Heureux celui qui comprend bien ce que c'est d'aimer Jésus, et  de se mépriser soi-même pour l'amour de Jésus, car celui qui embrasse Jésus demeurera inébranlable dans son éternelle fermeté. »

« Attachons-nous donc à Jésus dans la vie et dans la mort, et abandonnons-nous à cet ami fidèle, qui  peut seul nous assister, lorsque tous les autres nous manqueront. » 

1. EPOQUES DES RETRAITES POUR 1881.

 1° Dumfries (Ecosse), du mercredi 20, au mercredi 27 juillet.

2° Saint-Genis-Laval, pour la province de Saint-Genis et les Frères des départements de Saône-et-Loire et de la Creuse, du dimanche 21, au dimanche 28 août.

3° Beaucamps, du dimanche 28 août, au dimanche 4 septembre.

4° Aubenas, du dimanche 4, au dimanche 11 septembre.

5° Saint-Genis-Laval, pour la province de l’Hermitage et les Frères de la province du Bourbonnais qui n'auront point été appelés à la première Retraite, du dimanche 11, au dimanche 18 septembre.

6° Saint-Paul-Trois-Châteaux, du dimanche 18, au dimanche 25 septembre.

7° Notre-Dame de l'Hermitage, pour les Frères qui y seront appelés par une obédience particulière, du jeudi 22, au jeudi 29 septembre.

8° Azerat, du jeudi 22, au jeudi 29 septembre.

9° Saint-Genis-Laval, Retraite du Régime, du dimanche 23, au dimanche 30 octobre.

10° Les Frères d'Australie, de la Ville-du-Cap et de Port-Elizabeth font leur retraite en juillet ; les Frères de Nouvelle-Calédonie et de Nouvelle-Zélande font la leur dans la dernière quinzaine de décembre ou la première quinzaine de janvier.

 Je vous engage à relire les avis détaillés et très motivés qui ont été donnés dans les circulaires du 6 juin 1874, et dans celle du 24 mai 1875. 

Il. NEUVAINE ET PRIÈRES PRÉPARATOIRES.

 Dans le but d'obtenir la grâce, de comprendre la leçon d'humilité et de dévouement que nous donne le Sacré Cœur de Jésus, nous ferons de notre mieux la Neuvaine préparatoire à la grande fête de l'Assomption, fête patronale de l'Institut.

Comme pratique, pendant les neuf jours qui précèderont l'Assomption,nous réciterons :

1° Trois Ave Maria, après l'office du matin

2° Après la prière du soir, l'oraison commençant par ces mots : O Jésus vivant en Marie, pour demander l'esprit de force et de sainteté, et l'établissement du règne de Notre-Seigneur en nos âmes ;

3° En outre, chacun s’appliquera à redire souvent, pendant la Neuvaine et tout le mois d'août consacré à Marie, les invocations suivantes :

Doux Cœur de Jésus, soyez mon amour ! (300 jours d'indulgences).

Doux Cœur de Marie, soyez mon salut ! (300 jours d'indulgences).

O bon Saint Joseph, protégez-nous, protégez la Sainte Eglise ! (50 jours d'indulgences).

Pendant l'Octave, avant la prière du soir, on récitera le Vent Creator et l'Ave Maria, à la place du Veni Sancte Spiritus, pour demander la grâce de faire une très fervente retraite. 

III. JUBILÉ.

 Pour faciliter à tous nos Frères le moyen de gagner la grande Indulgence du Jubilé, nous avons demandé à Nosseigneurs les Evêques l'autorisation d'accomplir, pendant nos exercices de retraite, les oeuvres satisfactoires prescrites par le Souverain Pontife.

Il est donc convenu que le Jubilé pourra être gagné par chacun de nous pendant les retraites qui vont avoir lieu. Des instructions particulières seront données, à cet effet, dans chaque Maison Provinciale, le jour de l'ouverture de nos saints exercices. 

IV. REIMPRESSION DES REGLES COMMUNES. 

La première édition de nos Règles Communes étant épuisée depuis plusieurs années, nous nous sommes décidés à en faire une nouvelle. Nous espérons que vous pourrez l'avoir dans le courant de septembre prochain.

Vous trouverez dans cette seconde édition quelques changements que nous avons dû y introduire pour rendre le texte plus conforme à celui de nos Constitutions. Le plus considérable est dans le chapitre VII de la première partie, se rapportant aux Vœux

Mais la nouvelle rédaction ne renferme rien qui ne vous soit parfaitement connu ; elle exprime simplement la doctrine de l'Eglise, que nous a d'ailleurs si bien rappelée le R. F. Louis-Marie dans sa Circulaire du 23 octobre 1876.

Ce serait peut-être le cas, M. T. C. F., de vous rappeler la nécessité de l'observation de nos Règles, et de vous redire quelques mots des heureux fruits qui y sont attachés. Nous avons, sur ce sujet, des choses admirables dans les livres de la Congrégation. Nous ne saurions trop les relire et les méditer. Notre propre expérience nous a. assez démontré que les meilleurs religieux, parmi nous, sont aussi les plus réguliers.

Dans le but de nous attacher davantage encore à l'observation de nos Règles, nous prendrons nos sujets de méditation, durant les deux mois qui vont suivre, dans les Circulaires du 27 décembre 1860 et du 8 décembre 1863, qui traitent de la Régularité et de la Ponctualité.

Je prie Nos Chers Frères Directeurs de donner beaucoup de soins à cette pratique, dont j'attends le plus grand bien. 

V. LIVRES CLASSIQUES.

 Jusqu'à nouvel ordre, les ouvrages suivants pourront être admis dans les écoles de la Congrégation : 

LECTURE.

 1° Le Tour de la France par deux enfants, par J. BRUNO. – Pour faire suite au Guide de l'enfance.

Simples lectures sur les sciences, par GARRIGUES, édition revue par BOUTET DE MONVEL. – Cet ouvrage peut être mis entre les mains des élèves des premières divisions dans les établissements de trois et de quatre classes.

3° Lectures graduées et leçons pratiques de littérature et de style, par Ch. LEROY. – Pour les classes supérieures. 

HISTOIRE DE FRANCE.

 1° Histoire de France, divisée en trois cours (cours élémentaire, cours moyen, cours supérieur), par M. Gustave HUBAULT. – Ouvrage de beaucoup de mérite, à tous les points de vue. Il est accompagné d'une excellente brochure formant le livre du maître.

Histoire de France, divisée aussi en trois cours, par M. l'abbé MELIN. – Bonne méthode. 

CIVILITÉ.

 1° La Civilité primaire, par J-B.-J. de CHANTAL. Ce petit livre renferme d'excellentes choses.

Nouveau Traité de civilité, par le même. – Cet ouvrage sera très utile aux maîtres et aux premiers élèves de nos pensionnats.

On pourra se procurer ces divers ouvrages dans les Maisons provinciales, en s'entendant avec nos chers Frères Procureurs provinciaux. 

VI. NOS DÉFUNTS

    Voici la liste des Frères décédés depuis la Circulaire du 19 mars 1881 :

   F. MARIE-AMBROISE, profès, décédé à Valbenoîte­  Saint-Étienne (Loire), le 30 mars 1881

   F. BENJAMIN, obéissant, décédé à Notre-Dame de l'Hermitage (Loire), le7 avril 1881.

 F. ZACHARIE, profès, décédé à la Providence Caille, à Lyon (Rhône), le 19 avril 1881.

     Louis BERAY, postulant, décédé dans sa famille, à Vaulx-Milieu (Isère), le 28 avril 1881.

   F. ULMER, profès, décédé à l'Hôtel-Dieu, à Lyon   (Rhône), le 18 mai 1881.

   F. PIERRE-DAMIEN, obéissant, décédé à Saint-Loup, banlieue de Marseille (Bouches-du-Rhône), le 21 mai 1881

   F. JORDANUS, obéissant, décédé à Méricourt (Pas­-de-Calais), le 27 mai 1881.

   F. HIPPOLYTUS, profès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 9 juin 1881.

       Louis-Gustave PASCAL, juvéniste, décédé à Saint-Paul-trois-Châteaux  (Drôme), le 13 juin 1881.

   F. PASTEUR, profès, décédé à Notre-Dame de l'Hermitage (Loire), le 30 juin 1881.

   F. ANANIE, profès, décédé au Luc (Var), le 11 juillet 1881. 

   Je recommande tous. ces chers Frères à vos pieux suffrages et à votre tendre charité pour les âmes du Purgatoire.

 Chaque Circulaire nous apporte, M. T. C. F, une nouvelle liste de défunts. C'est ainsi que se compose le Livre d'or de la Congrégation. Combien sont heureux ceux dont le nom y figure ! Quelquefois il arrive à certains imprudents de regarder en arrière et d'oublier quesi les prétendus plaisirs de la terre paraissent bons pour vivre, ils ne valent assurément rien pour mourir.

    Notre âme est immortelle. De notre conduite, ou plu­tôt de notre persévérance, dépend notre éternité. Ne la perdons jamais de vue. En ce monde, on peut nous remplacer dans nos fonctions ; on peut suppléer à ce que nous  ne pouvons faire ; mais nul ne peut opérer notre propre salut: nous devons le faire nous-mêmes. Ayons donc bon courage : la vie est courte et l'éternité ne finira jamais. A la vérité, nous n'avons pas le bruit et les satisfactions trompeuses d'ici-bas ; mais nous avons la paix de la conscience qui est le plus précieux et le plus grand de tous les biens. D'ailleurs, tout passe vite sur la terre, et il sera toujours consolant de penser avec les saints Religieux de la Trappe que le plaisir de mourir sans peine, vaut bien la peine de vivre sans plai­sir. Disons donc souvent avec le pieux Auteur de l'Imi­tation : « Seigneur, faites luire votre vérité dans mon  âme, afin qu'elle soit éclairée; répandez vos grâces  du ciel, pénétrez mon cœur de votre divine rosée ;  faites-y pleuvoir les eaux d'une douce piété, pour arroser la face de cette terre et la rendre féconde en excellents fruits. Attachez-moi pour jamais à vous avec la chaîne indissoluble de votre amour, parce que vous êtes seul capable de remplir celui qui vous aime et que tout le reste, sans vous, n'est qu'une ombre et une fumée. » (3° liv. XXIII, 9 et 10.)

 La présente Circulaire sera lue en communauté à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

On la lira une seconde fois, au réfectoire, dans les Maisons de Noviciat.

Recevez la nouvelle assurance du tendre et religieux attachement avec lequel je suis en Jésus, Marie, Joseph, Mes Très Chers Frères,  Votre très humble et très dévoué serviteur,

                     Frère NESTOR.

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