Circulaires 179

Théophane

1893-10-22

Circulaire du 22 octobre 1893 : Annonce de la visite du R. F, Supérieur à nos Frères d’Océanie. - De l'éducation. - Excellence et nécessité de l'éducation. - Obligations par rapport à l'éducation. - Moyens d'éducation. - Lettre Encyclique de Sa Sainteté Léon XIII, sur le Rosaire. - Visite de Monseigneur l'Evêque de Moulins à nos Frères de  Varennes-sur-Allier. - Bénédiction de la chapelle de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Lettre du Frère Directeur de Copenhague. -  Recommandations : vins, café, liqueur, etc. --- Fondations en 1893. - Nominations : F. Pierre-Joseph, Secrétaire général : F. Athanasius, visiteur, et F. Adelphus, chef de district pour l'Algérie. - Défunts.

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51.04.01.1893.4

V. J. M. J.

Saint-Genis-Laval, le 22 octobre 1893.

     Mes Très chers Frères,

Depuis longtemps, nos chers Frères de l'Océanie ont exprimé le désir de recevoir la visite de leur Supérieur Général. Ce désir, fréquemment et instamment réitéré, répond trop bien à celui que j'éprouve moi-même pour que j'y sois insensible. Si, jusqu'à ce jour, la réalisation en a été retardée, il n'en saurait plus être de même après le vœu unanimement émis, dans le même but, par le Chapitre Général réuni à la Maison-Mère, au mois d'avril dernier.

D'autre part, Monseigneur l'Archevêque de Lyon, que je me suis fait un devoir de consulter, considérant le bien qui pouvait résulter de ma visite à cette intéressante et importante fraction de notre grande famille religieuse, n'a pas hésité à donner son entière adhésion au projet de voyage que je lui ai soumis.

C'est donc avec la bénédiction de Sa Grandeur et l'approbation du Régime, que je me propose de m'embarquer avec le cher Frère Procope, Assistant, le 3 novembre prochain, pour l'Océanie[1]

Pendant notre absence, le cher Frère Philogone, premier Assistant, présidera à la direction des affaires, selon les Constitutions, et répondra aux lettres qui me seront adressées. Dans la Province des Iles, le cher Frère John, Provincial, suppléera le cher Frère Procope. J'ai la confiance qu'avec l'aide de Dieu, le bon esprit des Frères et l'union qui règne parmi nous, rien ne souffrira de notre absence dans notre cher Institut.

En vous annonçant notre prochain départ, j'éprouve le besoin, M. T. C. F., de réclamer le secours de vos prières, non seulement pour que Dieu nous accorde un heureux voyage, mais encore, mais surtout pour que cette visite soit profitable à nos Frères, et nous donne l'occasion d'être auprès d'eux des instruments de la bonté et de la miséricorde divine, et de pourvoir aux intérêts de la Mission. A cette fin, je demandeà votre charité un souvenir spécial dans vos exercices de piété, et dans vos communions ; dans les Maisons de Noviciat et de Juvénat, on récitera l'Ave maris Stella, à la visite au Saint Sacrement, depuis le 1ier novembre jusqu'à notre retour, probablement en avril.

C'est pour nous une douce consolation et un véritable bonheur d'aller porter à nos deux cent cinquante Frères et Novices d'Aden, des Seychelles et de l'Océanie, nos encouragements avec les témoignages de notre amour, de les assurer du vif intérêt, de la sincère affection qu'ont pour eux leurs Frères d'Europe et des autres contrées, et de montrer ainsi que la grande famille du Père Champagnat n'a qu'un cœur et qu'une âme.

Si vous voulez, M. T. C. F., attirer les bénédictions de Dieu, non seulement sur notre voyage, mais encore sur vos oeuvres, sur vous-mêmes, sur tout l'Institut, rappelez-vous et mettez généreusement en pratique vos bonnes résolutions des Grands Exercices et des Retraites que nous vous avons vus suivre cette année avec tant d'édification.

Maintenant, M. T. C. F., au moment où commence une nouvelle année scolaire, j'ai pensé qu'il serait à propos d'appeler spécialement votre attention sur une partie importante des devoirs de notre vocation : je veux parler de l'éducation. Veuillez donc lire les lignes qui vont suivre, vous bien pénétrer de leur contenu, et me donner la consolante persuasion que vous vous efforcerez d'y conformer votre conduite. 

DE L'ÉDUCATION 

Au mois de septembre dernier, je recevais une lettre dans laquelle l'auteur s'exprime en ces termes :

« C'est un ami de la religion en général et des Frères en particulier, qui se permet d'attirer votre bienveillante attention sur un point très important, tenu cependant un peu trop à l'écart dans l'enseignement donné par quelques-uns de vos Frères si dévoués : je veux parler de l'éducation.

« J'habite une localité où nous avons la bonne fortune de posséder une école privée tenue par les Frères. Rien n'est négligé par les excellents instituteurs qui professent dans cette école, afin de donner à leurs élèves une instruction aussi étendue, aussi développée que possible ; aussi la grande majorité des enfants de cette localité fréquente-t-elle leur école. C'est vous dire que la population est généralement animée des meilleurs sentiments à l'égard des Frères et de la religion. Hé bien ! il ne se passe presque pas de jours sans que j'entende des pères et des mères de famille se plaindre de l'absence d'éducation de leurs enfants. »

 Je m'arrête, cette citation suffit pour donner une idée du reste de l'écrit, et faire connaître le but que l'auteur s'est proposé.

Bien que je ne voie dans cette lettre qu'un reproche simplement basé sur une exception, peut-être unique ; vu, réflexion faite, les ruses et les efforts du démon pour entraver la bonne éducation, j'ai pensé qu'il pouvait y avoir là une révélation sur un mal plus réel qu'imaginaire, sur un mal contre lequel j'ai pour devoir de vous mettre en garde.

Négliger l'éducation pour donner tous les soins aux sciences profanes, négliger, l'éducation qui est la raison d'être de notre vocation, le but de notre Institut; préférer l'accessoire au principal, perdre de vue que nous sommes religieux, laisser le surnaturel pour ne poursuivre qu'un but temporel et purement utilitaire, laïciser notre enseignement, nous faire simples maîtres d'école, ce serait un coupable oubli de nos devoirs et de nos obligations. Quel amoindrissement de nos nobles fonctions et de nous-mêmes ! (Se pourrait-il qu'il y eût quelqu'un parmi nous à qui on pût faire le reproche de se rapetisser ainsi ?) C'est pourquoi j'ai cru devoir vous rappeler ici quelle estime nous devons faire de l'Education, quels soins nous devons y apporter, en raison de son excellence, de sa nécessité, des obligations qu'elle nous impose, et les moyens à employer pour y réussir.

 

1. – EXCELLENCE ET NÉCESSITÉ DE L'EDUCATION.

 

L'éducation (du latin educare, élever) a pour but d'élever l'âme en lui donnant la conscience de sa dignité et de sa beauté, de l'élever au-dessus de ce qui est périssable et terrestre, de l'élever jusqu'à la hauteur de Dieu, et de lui inspirer l'horreur du mal, le mépris de ce qui passe, la soif de Dieu, trois choses qui font les grandes âmes. (Voir Guide des Ecoles, p. 122).

Former des hommes, des chrétiens, des élus pour le ciel, quelle belle et sublime mission ! Quel poste de confiance que celui que nous occupons ! Qu'ils sont grands et sacrés les intérêts qu'on remet entre nos mains ! Ce que la famille a de plus cher, ces enfants sur lesquels le père et la mère concentrent toutes les pensées de leur esprit et tous les sentiments de leur cœur, sont confiés à nos soins. Ces jeunes âmes, rachetées par le sang de Jésus-Christ, l'Eglise les remet entre nos mains pour que nous travaillions avec elle à les instruire, à les perfectionner, à les sanctifier, à leur faire atteindre leur fin suprême, qui est l'acquisition du ciel, la possession éternelle de Dieu.

Donner l'éducation à un enfant, développer ses facultés, les perfectionner, faire naître en lui tous les bons sentiments, toutes les vertus, à la place de l'ignorance et des vices que le péché a laissés dans son esprit et dans son cœur, en faire un homme spirituel à la place de l'homme charnel et animal, c'est une œuvre vraiment sublime, c'est comme une continuation de la création. Le Frère instituteur peut donc dire avec la Sainte Trinité : Faisons l'homme à l'image et à la ressemblance de Dieu remplaçons l'image que le péché et le démon ont imprimée dans son âme, par les traits et l'image du Créateur.

L'éducation est une continuation de la Rédemption. Jésus-Christ, en mourant pour tous les hommes, leur a sans doute ouvert l'entrée au bonheur éternel ; mais, comme il ne se montre plus d'une manière sensible, les hommes auraient bien vite oublié son amour et ses bienfaits, si ce divin Sauveur n'avait des continuateurs de son oeuvre, des hommes chargés de faire connaître aux autres hommes le grand bienfait de la Rédemption et les moyens d'en profiter c'est ce que fait, avec le Prêtre, le Frère instituteur.

L'éducation est une participation à l’œuvre sanctificatrice du Saint-Esprit. C'est une oeuvre vraiment sainte que d'instruire l'enfant de ses devoirs, le corriger de ses défauts, lui apprendre à craindre, à éviter le péché, à servir Dieu, à profiter des moyens de s'unir à lui; de former en lui Jésus-Christ, et de travailler à en faire un saint, un élu pour le ciel.

Donner l'éducation, c'est faire une oeuvre glorieuse c'est, en effet, une gloire que de travailler avec Dieu le Père Créateur, avec Jésus-Christ Rédempteur, avec le Saint-Esprit Sanctificateur. C'est de plus une oeuvre méritoire, selon que Jésus-Christ lui-même nous l'a appris en disant qu'il regarderait comme fait à lui-même tout ce qui serait fait aux enfants, et en nous assurant que celui qui pratiquerait sa doctrine et l'enseignerait aux autres, serait grand dans le royaume des cieux.

« Elever un enfant, dit le Père Champagnat, c'est-à-dire l'instruire des vérités de la religion, le former à la vertu et lui apprendre à aimer Dieu, c'est une fonction plus sublime et plus élevée que celle de gouverner le monde. – Un catéchisme, J'entends un catéchisme bien fait, dit-il encore, vaut plus que les plus grandes pénitences que vous pourriez faire. »

A n'envisager que les enfants en eux-mêmes et le soin de leur propre avenir, même au seul point de vue de la vie présente, de quelle importance n'est pas pour chacun d'eux l'éducation donnée à l'école ! Dès le jeune âge, les penchants se dessinent, les habitudes se contractent, la conscience s'éclaire, la volonté s'affermit, les croyances se forment, l'exemple du maître vient corroborer le tout, et l'homme a reçu dès lors l'empreinte indélébile qui doit marquer son existence morale ; et c'est ainsi que se prépare, pour l'enfant, toute une carrière peut-être de fautes, de honte et de malheurs, ou bien la vie noble, vertueuse et utile de l'homme d'honneur et de probité, du bon citoyen et du parfait chrétien.

Les motifs que la Foi et la Religion nous fournissent ne sont pas les seuls qui nous prouvent l'excellence et la nécessité de l'éducation : il en est d'autres qui s'appuient sur la raison, l'expérience et l'intérêt social. On peut sans crainte d'être démenti, poser comme un principe que, de la bonne ou de la mauvaise éducation de la jeunesse dépend le bien ou le mal d'un peuple, son progrès ou sa décadence.

Le spectacle que présente actuellement l'ancien monde est bien propre à confirmer cette vérité. En effet, si nous y voyons des Etats, jadis florissants, pencher maintenant vers leur ruine et tomber comme en décrépitude; si la foi et la religion s'y sont graduellement affaiblies et semblent près de s'éteindre; si les lois divines et humaines y sont méprisées ou du moins oubliées et, que, par suite, les mœurs tombent en dissolution ; si le bien y est remplacé par le mal, la vérité par le mensonge, la vertu par le vice, le courage par la lâcheté, la noblesse d'âme par des défaillances et des turpitudes jusqu'alors inconnues; si les richesses y priment l'honneur et si la justice n'est plus qu'un vain mot ; si, enfin cette grande, cette sublime chose qu'on appelle la Patrie y sembleexpirante et condamnée à descendre dans un humiliant tombeau : quelle peut donc en être la triste cause ? Si l'on veut être sincère, on pourra émettre des avis un peu différents sans doute, pour la forme, mais qui seront certainement identiques pour le fond et qui pourront se résumer en ces quelques mots : Une jeunesse élevée, depuis des années, sans crainte de Dieu,  sans respect de l'autorité et sans règles de morale, vient d'envahir la société et de former une génération viciée de là, la décadence de la Patrie.

Tel est vraiment le mal. Si l'on veut y remédier, qu'on cesse de façonner, pour l'avenir, des générations sans religion, et qu'on se hâte de préparer, au contraire, des générations dont on aura vivement éclairé l'intelligence et sagement moralisé le cœur par une éducation vraiment chrétienne; et bientôt ce peuple sortira du marasme qui a failli lui devenir mortel.

En 1851, le pieux et savant évêque d'Orléans, Mgr Dupanloup, dans la préface de son livre sur l'Education, s'exprimait en ces termes : « Quand tous les sommets de la société chancellent et s'affaissent, c'est que depuis longtemps la base dépérit et s'écroule : il faut restaurer les fondements, si l'on veut sauver l'édifice. L'Education ! l'Education ! voilà le seul remède profond aux maux présents et à venir; voilà le salut possible!

« Je le redirai mille fois, et ne l'aurai pas encore dit assez  : sans l'éducation, ce pays est perdu; sans elle, il ne pourra jamais trouver à ses maux que des remèdes trompeurs et d'impuissants palliatifs. Les plus habiles s'y consumeront en efforts stériles, les plus dévoués pourront gémir éloquemment sur notre déchéance; mais cette déchéance n'en sera pas moins inévitable : le travail de la décomposition sociale n'en suivra pas moins son cours, comme il le suit fatalement depuis déjà tant d'années. Et, qui ne le voit, qui ne le dit à l'heure où je parle ? La dernière digue, profondément désunie, est au moment d'être emportée ; des aveuglements inexplicables achèvent cette oeuvre de ruine ; l'explosion se fait déjà pressentir; partout on s'écrie que nous traversons une crise. Une crise !… Qui nous assurera que ce n'est point une agonie ?

 « Qui nous dira que nous ne sommes pas un de ces peuples à qui le Prophète du Dieu vivant criait autrefois : Veillez et priez ; car le jour de votre chute est proche, et les temps se hâtent d'arriver ! »

Voilà ce qu'écrivait l'éloquent Prélat en 1851. Qu'eût-il dit en l'an de grâce 1893, après la promulgation et la mise en vigueur des lois qui proscrivent l'enseignement religieux des écoles publiques ? Ce qu'il n'a pas vu, nous le voyons, nous ; oui, nous pouvons constater les tristes fruits de l'enseignement sans Dieu. A la vue des ravages que l'irréligion fait dans les âmes des enfants, et avec la conviction que les écoles chrétiennes sont le grand moyen de régénérer un peuple, non il ne peut se trouver des Frères assez oublieux de leurs devoirs pour négliger l'éducation religieuse.

 

Il.  NOS OBLIGATIONS PAR RAPPORT A L'ÉDUCATION.

 

Le but des Petits Frères de Marie, disent nos saintes Règles, est : « 1° de travailler à leur propre sanctification ; 2° de procurer le salut des âmes en instruisant les enfants des vérités de notre sainte religion et en les formant aux vertus chrétiennes. A cette fin, ils tiendront des écoles où ils donneront, avant tout, aux enfants l'instruction et l'éducation chrétiennes. »

Aux termes de notre Guide des écoles, les Frères doivent donner aux enfants l'éducation chrétienne, c'est-à-dire, les instruire des vérités de la religion, des Commandements de Dieu, des dispositions requises pour recevoir les sacrements; conserver leur innocence, les former à la vertu, leur inspirer l'horreur du vice, corriger leurs défauts, réformer leur caractère, leur faire aimer la religion, leur apprendre leurs devoirs envers Dieu, envers leurs parents et envers la société; enfin, leur inspirer l'amour du travail, leur donner des habitudes d'ordre, de propreté, de bienséance, leur faire ai… leur condition, leur donner les moyens de l'améIiorer, de la rendre heureuse, honorable, et de s'y sanctifier.

La première chose que le P. Champagnat s'efforçait de bien faire comprendre aux Frères, lisons-nous dans sa Vie, c'était le but de leur vocation. « N'oubliez pas, leur disait-il, que l'instruction primaire que vous devez donner aux enfants n'est pas proprement la fin que nous nous sommes proposée en fondant cet Institut: elle n'est qu'un moyen pour arriver plus facilement et plus parfaitement à cette fin. Le but de votre vocation est de donner l'éducation chrétienne aux enfants, c'est-à-dire de leur apprendre le catéchisme, les prières, et de les former à la piété et à la vertu.

« MM. les Curés qui vous appellent dans les paroisses, se déchargent en partie sur vous de cette fonction de leur ministère; les parents, dès qu'ils vous envoient leurs enfants, se reposent pareillement sur vous du soin de leur instruction religieuse, et ne se mettent plus en peine de les faire prier, de les faire confesser; ils n'ont plus aucun souci de la conduite et de l'éducation religieuse de ces enfants; ils croient avoir satisfait à leur devoir sur ce point important, en vous les confiant. Si donc vous négligiez de donner à vos élèves l'instruction et l'éducation chrétiennes, outre que vous offenseriez Dieu et que vous manqueriez au plus sacré, au premier de vos devoirs, comme instituteurs, vous tromperiez encore la confiance des Pasteurs de l’Eglise et des fondateurs de votre école; vous abuseriez de la bonne foi des parents , qui vous envoient leurs enfants pour que vous leur donniez avant tout, les principes religieux ; vous ruineriez cette Congrégation en abandonnant le but qu'elle se propose, et vous vous opposeriez aux desseins que Dieu a eus en l'établissant.

« Que personne donc, sous prétexte qu'il doit enseigner les sciences profanes, ne néglige le catéchisme, et ne dise qu'il ne peut consacrer à cet exercice tout le temps prescrit par la Règle. Souvenez-vous que votre premier but est d'élever chrétiennement les enfants, que nous n'avons consenti à leur enseigner les sciences profanes que pour avoir la facilité de leur faire le catéchisme tous les jours, et, par là même de graver dans leur cœur la science du salut. L'histoire, la grammaire, le dessein linéaire, les sciences et toutes les autres connaissances de ce genre, doivent être entre vos mains comme des appâts, dont vous devez vous servir pour attirer et pour retenir les enfants dans vos écoles.

« Savez-vous ce que font les Missionnaires dans les pays sauvages ? Ils portent de petits miroirs, des couteaux, des étuis et mille autres petits objets qu'ils présentent aux infidèles pour les attirer ; ils promettent de leur donner ces petits objets s'ils veulent les écouter et se laisser instruire. Et pendant que les sauvages regardent les miroirs, le Missionnaire leur parle de Dieu et les instruit des vérités de la religion. Faites-en de même à l'égard de vos enfants ; montrez-leur de belles pages d'écriture, vantez-leur le dessin, la géographie, etc. ; mais en leur donnant des leçons sur ces spécialités, n'oubliez pas la leçon de catéchisme, et faites en sorte qu'elle tienne toujours le premier rang. De plus, ayez soin que la religion ressorte de toutes les parties de votre enseignement, et que toutes les connaissances auxquelles vous initiez vos enfants servent à nourrir leur foi, leur piété, leur fassent aimer la religion et les portent à Dieu. »

« Un Frère ne doit rien tant désirer que d'être un bon catéchiste ; car c'est là sa fonction principale et le but de sa vocation. » (Maximes du P. Champagnat).

Si notre vénéré Père insistait tant sur ces recommandations, que de raisons n'ai-je pas moi-même, M. T. C. F., de vous les rappeler, et d'insister pour que vous y conformiez votre conduite ! Y eut-il des temps où cela fût plus nécessaire que maintenant ? Prenez donc garde que les sciences profanes, les certificats d'études, les brevets, les diplômes de bachelier et autres ne vous détournent jamais de ce que vous devez à l'éducation religieuse.

Mais ce n'est pas assez pour un Frère de connaître ses obligations sur ce point, il faut encore qu'il s'efforce d'acquérir les qualités et les vertus que demande le ministère de l'éducation : une douceur sans faiblesse, une fermeté sans dureté, une gravité sans rudesse, une complaisance et une bienveillance sans familiarité, un désir ardent des succès, tempéré par une patience que rien ne rebute et rien ne désespère ; une vigilance à laquelle rien n'échappe, avec une sagesse qui paraisse souvent ignorer, une sagacité à démêler les inclinations, qui ne se laisse jamais apercevoir; une prudence qui fasse connaître ce qu'on doit excuser ou punir ; une indulgence qui fasse aimer, jointe à une exactitude et à une justice qui fassent craindre ; une condescendance qui s'accommode aux inclinations sans trop les favoriser, avec une habileté à fortifier les bonnes et à affaiblir les mauvaises; une prévoyance qui prévienne les occasions dangereuses ; une présence d'esprit que ne déconcertent pas les événements inattendus et les questions embarrassantes des enfants; enfin, il faut que le Frère éducateur travaille à acquérir une solide vertu, une piété fervente, un grand amour pour les enfants, un dévouement entier, un zèle constant, ferme et vigilant. 

III. – MOYENS D'EDUCATION. 

Le but de l'éducation étant, avant tout, de développer le sens religieux et de le mettre à l'abri des orages de la vie, il faut donner à la religion, dans l'éducation, la place prépondérante à laquelle elle a droit. Seule, la religion est capable de donner à l'intelligence toute sa lumière ; au génie, tout son élan ; au cœur, toute sa vertu; à la conscience, toute son énergie; à l'âme, toute son unité et sa paix. Il faut donc, avant tout, faire du jeune homme un chrétien. Lui inspirer la conviction profonde des croyances que la Religion propose, au-dessus de toutes les croyances ; l'estime et l'amour des devoirs qu'elle prescrit, au-dessus de tous les devoirs : voilà le premier et dernier but vers lequel doivent tendre et converger tout l'enseignement et tous les efforts combinés des maîtres.

Voilà pourquoi le catéchisme doit être pour nous le livre et la leçon de prédilection. « La première chose que doit faire un Frère pour remplir dignement l'emploi de catéchiste, lisons-nous dans le Guide des écoles, c'est d'apprendre la manière de bien faire le catéchisme car c'est une erreur de croire que c'est une chose aisée et qui demande peu d'étude et de préparation…

La deuxième chose nécessaire est de le préparer avec soin. Il y a deux sortes de préparations, la préparation éloignée consiste à faire une étude approfondie de la religion, de ses dogmes, de sa morale, de son culte et de son histoire. Cette étude n'a pas de bornes, elle doit être journalière et de toute la vie, parce que la religion est, par son objet, la plus vaste de toutes les connaissances, et que plus on la connaît, plus on est capable de la faire connaître et de la faire aimer.

« La préparation prochaine consiste : 1° à apprendre par cœur, autant que possible, la lettre même du chapitre à expliquer; 2° à préparer les sous-demandes propres à développer les demandes et les réponses du texte ; 3° à choisir les traits d'histoire' et les comparaisons propres à éclaircir ou à confirmer les explications; 4° à préparer les pratiques que l'on doit donner à la fin de chaque instruction. »

Je sais que tous les Frères se font un rigoureux devoir d'étudier la religion, de l'enseigner d'une manière agréable, de préparer le catéchisme comme le veut la Règle : je le constate, sauf de rares exceptions, par les Rapports de nos Frères Provinciaux et Visiteurs ; néanmoins il me paraît utile de faire à ce sujet les plus sérieuses et les plus pressantes recommandations.

D'où pourrait provenir, en effet, la négligence dans la préparation du catéchisme ? Serait-ce parce qu'on se croit suffisamment instruit sur la religion ? A un Frère qui aurait cette prétention, on pourrait dire avec un vétéran du sacerdoce : « Mon cher ami, gardez-vous de cette funeste présomption : si vous vous imaginez savoir quelque chose, vous n'avez pas encore compris de quelle manière il faut savoir. » Oui, un Frère qui néglige l'étude et la préparation du catéchisme, sous prétexte qu'il connaît assez la religion, se trompe étrangement et oublie qu'un professeur d'instruction religieuse doit posséder, sur l'ensemble des sciences sacrées, des connaissances très étendues, très sûres et très précises ; que c'est à cette condition seulement que sa parole joindra une parfaite rigueur d'orthodoxie à la clarté et à l'intérêt qu'il doit apporter dans son enseignement. A défaut de cette sûreté doctrinale, il s'expose à enseigner des inexactitudes ou des erreurs. Quelle responsabilité pour un catéchiste lorsque, par défaut de science, il est incapable d'étayer son enseignement sur des bases solides ! Quelle responsabilité lorsque, dans l'exposé de la doctrine, il n'apporte point la précision qui est nécessaire pour distinguer le vrai du faux, le certain du probable, pour marquer la limite entre les vérités nécessaires et les hypothèses permises, entre les croyances obligatoires et les croyances libres, entre les pratiques surérogatoires et les devoirs sacrés !

   Mais j'entends ici une objection : Je n'ai pas de goût pour l'étude de la religion. – Soit, vous répondrai-je avec, un pieux Evêque, mais depuis quand nos goûts et nos répugnances ont-ils reçu le droit et la mission de fixer ou de suspendre nos devoirs ? Supposez que tels et tels professeurs, n'ayant plus de goût pour certaines leçons, vous disent : l'un, qu'il ne veut plus enseigner les mathé­matiques ; l'autre, l'orthographe ; un troisième, la géo­graphie. Vous leur répondriez, n'est-il pas vrai, que ce dégoût ne les dispense pas de donner leurs leçons, qu'au lieu de les abandonner parce qu'elles leur pèsent, ils doivent suppléer par le courage à ce qui leur manque du côté de l'amour ; qu'enfin la règle suprême de leurs ac­tions ne repose pas dans les caprices mobiles de la na­ture, mais dans l'immuable volonté de Dieu. Eh bien, mon cher Frère, ce que vous diriez à tel ou tel de vos confrères, par rapport à, certains devoirs d'état, dites­ le à vous-même, par rapport à l'étude religieuse. Peu importe qu'elle soit pour vous plus ou moi  ns attrayante, elle n'est pas moins un devoir : il faut donc vous armer d'une sainte énergie pour en accomplir l'obligation, selon la Règle.

Il est une autre objection que l'on fait quelquefois pourse dispenser d'étudier la religion : Je n'ai pas le temps. – Du temps, n'en trouvez-vous pas à perdre en lenteur, en conversations inutiles, en lectures frivoles ?

Ce qui manque c'est moins la liberté du temps pour l'étude que la sagesse et le courage d'en mettre à profit les moindres parcelles. « Ceux qui emploient mal leur temps, dit La Bruyère, sont les premiers à se plaindre de sa brièveté ; ceux, au contraire, qui en font un meilleur usage, en ont de reste. »

Pour donner l'éducation religieuse, ce n'est pas assez, pour un Frère, d'apporter à la leçon de catéchisme tout le soin, toute l'application dont il est capable ; il faut encore qu'il veille à ce que ses élèves conforment leur conduite à ce qu'il leur enseigne ; il faut qu'il dirige leur volonté vers le bien. A cette fin, il ne doit rien négliger pour les porter à la piété et à la réception fréquente des Sacrements. Un Petit Frère de Marie ne doit jamais, non plus, perdre de vue combien la dévotion à la sainte Vierge est propre à favoriser la piété dans les enfants, et à les porter à la pratique de la vertu: aussi ne doit-il rien négliger pour leur inspirer cette précieuse dévotion et leur en faire aimer les pratiques.

L'éducation ayant pour but de combattre les défauts et, parmi les défauts, l'égoïsme, il faut, autant que possible, associer les enfants aux oeuvres de zèle et de charité, telles que la Propagation de la Foi, la Sainte-Enfance, l'Apostolat de la Prière, etc.

A propos de l'Apostolat de la Prière, voici ce que Sa Sainteté Léon XIII disait naguère aux représentants de cette Association, auxquels il avait accordé une audience: « Vous représentez ici une des associations les plus chères à notre cœur, l'Apostolat de la Prière, plante nouvelle qui embellit et réjouit si grandement aujourd'hui le jardin du divin Jardinier.

«… Vous n'êtes pas seulement les apôtres de la prière mais d'une prière adressée au très saint Cœur de Jésus, et, partant, singulièrement propre à enflammer les âmes d'une dévotion que l'on peut dire être aujourd'hui un caractère distinctif de l’Eglise, l'arche de son salut, le gage de son futur triomphe, le fondement de toutes nos espérances dans un avenir meilleur. En effet, d'après ce que Jésus-Christ lui-même daigna révéler à sa servante Marguerite Alacoque, le culte du Sacré-Cœur a été pré-ordonné par Dieu même à guérir la plaie capitale de la société moderne, l'égoïsme, cet égoïsme qui est l'idolâtrie de soi, ou le culte de la propre sensualité ou du propre orgueil; cet égoïsme qui, se substituant à Dieu et se plaçant au-dessus de l'humanité, rapporte tout à soi et usurpe tout ce qui appartient aux droits de Dieu, de l'Eglise et de l'homme individuel et social; cet égoïsme enfin qui brise tous les liens de la vie sociale et chrétienne, en combattant à la fois la religion et la morale, l'autorité de la loi, la propriété et la famille. »

Un Frère qui comprend bien sa mission d'éducateur a soin de veiller à ce que toutes ses leçons et tout son enseignement servent à la formation de l'esprit et du cœur de ses élèves, et, par la religion et la piété qui en ressortent, fassent de son école une école vraiment chrétienne. Insinuer les vérités morales par des instructions indirectes, c'est un moyen souvent plus efficace que la prédication pour les imprimer dans l'âme d'une manière vive et durable. C'est pourquoi au chapitre du zèle, article 15, nos Règles communes contiennent cette recommandation aux Frères : « Ils saisiront adroitement toutes les occasions d'édifier les enfants, de les former à la vertu et de les gagner à Dieu. Pour cela, au milieu d'une leçon profane, d'une récréation et en mille autres circonstances, ils sauront placer à propos une sage réflexion, quelques paroles d'édification qui, n'étant pas préparées, ne seront que mieux reçues et ne feront que plus d'impression sur l'esprit des enfants. »

On dit que les maîtres de Port-Royal, Fénelon, Rollin excellaient dans cet art difficile.

Voici un exemple de la manière dont procédait Tillemont, l'un des maîtres des Petites Ecoles. Il rendait raison de tout aux enfants, même aux plus petits. Il leur disait toujours quelque chose d'instructif quand l'occasion s'en présentait. Il s'appliquait surtout à leur donner une idée de leur âme, pour leur faire concevoir quelque chose de spirituel, et les élever par là à Dieu. Il tirait des raisons et des comparaisons de tout ce qui se présentait. A de petits enfants qui gardaient les vaches, il demandait quelquefois comment de si gros animaux se laissaient conduire par eux, qui étaient si petits. Par là, il tâchait de leur faire comprendre qu'il fallait donc qu'il y eût en eux quelque chose de plus noble et de plus élevé que ces bêtes, et que c'était leur âme, et qu'elle était plus excellente que le soleil et que tout ce qu'il y a de plus beau au monde; mais que le péché la défigurait et la rendait plus difforme que les plus horribles bêtes. Par là il cherchait à leur inspirer de l'horreur pour le mal.

Mais pourquoi aller si loin chercher des exemples ? Le Père Champagnat ne nous a-t-il pas appris comment on peut tirer une réflexion morale d'une leçon quelconque ? L'historien de sa Vie nous dit qu'il avait en cela un talent particulier, et en cite pour preuve plusieurs traits.

Il est une partie de l'éducation dont on ne s'occupe peut-être pas assez : je veux parler de la Civilité. Si l'on en connaissait bien l'importance, si l'on savait combien les parents et le publie sont exigeants sur ce point, et la part que la politesse, le savoir-vivre, le bon ton et les bonnes manières ont dans la réputation d'une maison d'éducation, on ne manquerait pas d'apporter le plus grand soin à en donner des leçons pratiques aux élèves. Aussi, le Guide des Ecoles contient-il un chapitre spécial sur cette matière.

A tout ce que nous venons d'énumérer, il faut ajouter la surveillance et la discipline. La surveillance ! Mais, est-on suffisamment pénétré de sa nécessité ? N'est-il pas trop grand le nombre des Frères qui craignent de se gêner pour remplir cet important devoir, pour se prêter aux surveillances supplémentaires de jour et de nuit, de récréations ou de passages, à l'étude, à la chapelle, au réfectoire, au dortoir, dans les promenades, les jours de congé, etc. ? Cependant, que de mal, dont on ne voudrait pas encourir la responsabilité, peut se produire par le défaut de surveillance !

Les Frères ne sauraient trop se pénétrer de ce principe que l'éducation est une œuvre collective et complexe, qu'elle exige le sacrifice de ses aises, de toutes les réserves de l'égoïsme, le concours de tous les dévouements, de toutes les aptitudes et d'une foule d'actions de détail convergeant toutes à un même but. Il suffit qu'une partie quelconque de l'ensemble fasse défaut pendant quelques instants, pour exposer aux plus fâcheux résultats. Que la surveillance manque, par exemple, en un jour de fête, cela suffit pour déterminer un état de dissipation qui en gâtera l'édification et la joie, et qui compromettra tout le fruit qu'on pouvait en attendre.

Une autre condition essentielle d'une bonne éducation, c'est la discipline : elle est tellement nécessaire que, sans discipline, il n'y a pas d'éducation possible. C'est elle qui procure l'ordre, la régularité, la subordination et bien d'autres avantages qui contribuent à la gloire et à l'honneur d'une maison d'éducation. La discipline protège la foi et la piété des élèves, garde leur innocence et leurs mœurs, assure leurs progrès, fortifie leur volonté, les prémunit contre l'inconstance et le caprice, et leur fait contracter l'habitude du devoir.

Enfin, ce qui est nécessaire pour assurer l’œuvre de l'éducation, c'est la vertu et le bon exemple des maîtres.

Avant tout, un Frère qui veut réussir dans sa mission d'éducateur, doit s'appliquer à imiter le bon Maître qui disait : « Laissez venir à moi les petits enfants. »

Il faut qu'un professeur se fasse, aimer lui-même par ses qualités personnelles de caractère, s'il veut que les enfants aiment ses leçons. C'est par la douceur et l'affabilité que l'on arrive à la conquête des âmes. C'est ainsi que saint Ambroise gagna le futur évêque d'Hippone : « Je commençai à l'aimer, raconte saint Augustin, non à cause de la vérité qu'il enseignait, mais parce qu'il me témoignait de l'affection et de la bienveillance ».

Ayez donc soin, M. T.C. F., de ne commencer jamais le catéchisme qu'avec une parfaite sérénité d'âme, une aimable gravité et une noble affabilité. Par-dessus tout, faites sentir à vos élèves cette paternelle bonté que Bossuet dit avoir été déposée premièrement au fond de nos entrailles, par la main même de Dieu, ayez pour l'enfance ce sentiment surnaturel qui est plus que la douceur et la bienveillance vulgaire, ayez la charité.

En s'efforçant de rendre aimables son enseignement et sa personne, un Frère doit donner à ses élèves l'exemple d'une piété solide et ardente, sachant que son enseignement religieux doit tirer toute sa force de son union avec Jésus-Christ, comme la branche de vigne tire du cep sa vigueur et l'excellence de ses fruits. Comment le catéchiste saura-t-il former les autres à la piété, s'il n'en est lui-même tout imprégné ? Comment pourra-t-il embraser ses élèves des flammes de l'amour divin, si son cœur est tout de glace ? «Un flambeau qui ne brûle pas, dit saint Grégoire, est un flambeau qui n'enflamme pas. »

Incapables d'apprécier par eux-mêmes le fond des choses, les enfants jugent beaucoup plus par ce qu'ils voient que par ce qu'ils entendent. Si donc leur professeur d'instruction religieuse s'installe sur son siège comme un maître qui n'a d'autre but que d'instruire, s'il parle de nos saints mystères avec ennui et sécheresse, comme on parlerait de choses indifférentes, en un mot, si son cœur est froid, sa parole ne produira aucun effet sur le cœur de ses élèves. Longtemps la piété est chez l'enfant un sentiment bien plus qu'une vertu, et ce sentiment, c'est surtout par l'onction de la piété, c'est par la foi ardente qu'on réussit à le faire naître.

Représentons-nous un Frère véritablement pieux et fervent, faisant le catéchisme. Son maintien modeste et religieux, son regard calme et paternel, son air tout heureux de traiter des choses de la religion, son ton de voix simple, naturel et affectueux, sa parole qui part du cœur, tout en lui fait impression. Point d'enfant qui ne comprenne ce langage et ne se sente saisi, remué par cet accent religieux, par ces paroles de feu qui s'échappent parfois des lèvres d'un Frère qui s'est pénétré des vérités saintes au pied du crucifix et dans la ferveur de l'oraison. Ah ! c'est que la sainteté ne donne pas seulement l'intelligence des choses divines ; elle donne encore l'âme pour les dire comme il convient ; elle donne cette onction céleste qui indique l'homme de Dieu.

A quelles sources le Frère catéchiste ira-t-il puiser le soutien, la sève de sa vie surnaturelle ? Dans l'étude de la religion, dans les lectures ascétiques, dans les exercices spirituels de chaque jour et dans les Sacrements. C'est ce que vous savez, M. T. C. F., mais c'est ce que je ne saurais trop vous rappeler, trop vous recommander. Puissent vos âmes se rassasier, se pénétrer chaque matin de la doctrine du Seigneur, et vos cœurs goûter avec délices la saveur des vérités et des vertus chrétiennes ! C'est alors que votre enseignement religieux sera tout imprégné de cette onction, de cette espèce d'enthousiasme qui doit vous animer lorsque vous avez à parler de Dieu.

Avec l'exemple de la piété, M. T. C. F., donnez aussi à vos élèves l'exemple du travail, de l'ordre, de la régularité, de la discipline, de la civilité, du respect de l'autorité, etc. Si vos élèves vous voient aimer le travail, vous prêter sans contrainte aux prescriptions du silence et à la gêne des exercices multipliés, vous montrer toujours exacts, passer avec une humeur toujours égale de la classe à la salle de communauté, de la récréation au travail, de l'étude à la chapelle ; en un mot, s'ils vous voient fidèles observateurs de tout ce que vous devez à Dieu, à vos Supérieurs à vos confrères et à vos inférieurs, ils se laisseront persuader qu'on peut tirer de l'obéissance, de l'ordre, de la discipline, de la piété, autant de joie que d'avantages, et trouver le joug du devoir doux, léger et glorieux. Ainsi se fera réellement leur éducation, une éducation qui portera des fruits pour le temps et pour l'éternité.

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LETTRE ENCYCLIQUE DE NOTRE TRÈS SAINT PERE LEON XIII,

PAPE PAR LA DIVINE PROVIDENCE,

SUR LE ROSAIRE DE MARIE.

 

A nos vénérables frères les Patriarches, Primats, Archevêques et autres ordinaires en paix et en communion avec le Saint-Siège, Léon XIII, Pape.

Vénérables Frères, salut et bénédiction apostolique.

A la joie sainte que Nous a causée l'heureux accomplissement de la cinquantième année qui s'est écoulée depuis Notre consécration épiscopale, s'est ajoutée une source de bonheur très vif: c'est que Nous avons vu les catholiques de toutes les nations, comme des fils envers leur père, s'unir dans une imposante manifestation de leur foi et de leur amour envers Nous.

Nous reconnaissons en ce fait, et Nous le proclamons avec une reconnaissance toujours nouvelle, un dessein de la Providence de Dieu, une marque de sa suprême bienveillance envers Nous-même, un grand avantage pour son Eglise. Notre cœur ne désire pas moins combler de louanges pour ce bienfait Notre très douce auxiliatrice auprès de Dieu, son auguste Mère. L'amour tout particulier de Marie, que Nous avons vu se manifester de maintes façons dans le cours de Notre carrière si longue et si variée, luit chaque jour plus clairement devant Nos yeux, et, touchant Notre cœur avec une suavité très vive, Nous confirme dans une confiance qui n'est pas de la terre.

Il nous semble entendre la voix même de la Reine du Ciel, tantôt Nous encourageant avec bonté au milieu des épreuves cruelles que traverse l'Eglise, tantôt nous aidant de ses conseils dans les mesures que Nous devons prendre pour le salut commun, tantôt enfin nous avertissant de ranimer la piété et le culte de toutes les vertus parmi le peuple chrétien. Plusieurs fois déjà, ce Nous a été une douce obligation de répondre à de tels souhaits.

Au nombre des fruits bénis qui, grâce à son secours, ont suivi Nos exhortations, il est juste de rappeler quel profit la religion a tiré de la propagation du très saint Rosaire. Des confréries de pieux fidèles ont été ici accrues, là fondées; de savants écrits ont été répandus à propos parmi le peuple ; les beaux-arts eux-mêmes Nous ont fourni des objets précieux.

Mais maintenant, de même que si Nous entendions la voix pressante de cette Mère très attentive nous répéter : « Clama ne cesses », Nousvoulons vous entretenir de nouveau, vénérables Frères, du Rosaire de Marie, au moment où commence ce mois d'octobre que Nous avons voulu consacrer à la Reine du ciel et à cette dévotion du Rosaire qui lui est si agréable, accordant à cette occasion aux fidèles la faveur des saintes indulgences.

Le but prochain de Notre Lettre ne sera cependant ni d'écrire un nouvel éloge d'une prière si belle par elle-même, ni d'exciter les fidèles à en faire un plus saint usage. Nous parlerons de quelques avantages très précieux que l'on peut en tirer et qui sont tout à fait appropriés aux hommes et aux circonstances.

Nous sommes pleinement persuadé, en effet, que la dévotion du Rosaire, si elle est pratiquée de telle sorte qu'elle procure aux fidèles toute la force et toute la vertu qui sont en elle, sera une source de biens nombreux, non seulement pour les particuliers, mais encore pour tous les Etats.

1° Personne n'ignore combien, conformément au devoir de Notre suprême apostolat, Nous sommes désireux de procurer le bien des nations, et prêt à le faire avec le secours de Dieu. En effet, Nous avons souvent averti les hommes qui sont investis du pouvoir de ne promulguer et de n'appliquer des lois que suivant la règle de la justice divine; Nous avons souvent exhorté ceux des citoyens qui surpassent les autres, soit par leur talent, soit par leurs mérites, soit par leur noblesse et leur fortune, à mettre en commun leurs projets, à unir leurs forces pour sauvegarder les intérêts de l'Etat et promouvoir les entreprises qui pourront lui être avantageuses.

Mais il existe un trop grand nombre de causes qui, dans une société civile, relâchent la discipline publique et détournent le peuple de rechercher, comme il le devrait, l'honnêteté des mœurs. Trois maux surtout Nous semblent les plus funestes à l'avantage commun ; les voici : le dégoût d'une vie modeste et active, l'horreur de la souffrance, l'oubli des biens éternels que nous espérons.

2° Nous déplorons – et ceux-mêmes qui ramènent tout à la science et au profit de la nature, reconnaissent le fait et s'en affligent. Nous déplorons que la société humaine souffre d'une terrible plaie : c'est qu'on néglige les devoirs et les vertus qui doivent orner une vie obscure et commune. De là vient qu'au foyer domestique les enfants se relâchent de l'obéissance qu'ils doivent à leurs parents, ne supportant plus aucune discipline, à moins qu'elle ne soit molle et ne se prête à leurs plaisirs. De là vient aussi que les ouvriers renoncent à leurs métiers, fuient le travail, et, mécontents de leur sort, aspirent plus haut, désirant une chimérique égalité des fortunes. Mus par de semblables aspirations, les, habitants des campagnes quittent en foule leur pays natal pour venir chercher le tumulte et les plaisirs faciles des cités.

   C'est à cette cause aussi qu'il faut attribuer l'absence d'équilibre entre les diverses classes de la société ; tout est ébranlé, les âmes sont en proie à la haine et à l'envie, on viole ouvertement tout droit ; trompés par un faux espoir, beaucoup troublent la paix publique en occa­sionnant des séditions, et résistant à ceux qui ont pour mission d'assurer l'ordre.

Contre ce mal, il faut demander un remède au Rosaire de Marie, qui comprend à la fois un ordre fixe de prières et la pieuse méditation des mystères de la vie du Sauveur et de sa Mère. Que les mystères joyeux soient indiqués à la foule et placés devant les yeux des hommes, tels que des tableaux et des modèles de vertus : chacun comprend combien sont abondants, combien sont faciles à imiter et propres à inspirer une vie honnête, les exemples qu'on en peut tirer, et qui séduisent les cœurs par une suavité admirable.

Qu'on se représente la Maison de Nazareth, cet asile à la fois terrestre et divin de la sainteté. Quel beau modèle on y trouvera pour la vie quotidienne! Quel spectacle en tous points parfait de l'union au foyer! Là, règnent la simplicité et la pureté des mœurs, un accord perpétuel des esprits, un ordre que rien ne vient troubler, le support mutuel l'amour enfin, non un amour fugitif et menteur, mais un amour consistant dans l'accomplissement assidu des devoirs réciproques et de nature à captiver tous les veux.

Là, sans doute, on s'occupe de préparer ce qui est nécessaire pour la nourriture et le vêtement : mais c'est à la sueur du front, in sudore vultus, et comme ceux qui, contents de peu, agissent plutôt de façon à moins souffrir de la disette qu'à se procurer du superflu. Par dessus tout, on y trouve une souveraine tranquillité d'esprit, une joie de l'âme égale chez chacun, deux biens qui accompagnent toujours la conscience des bonnes actions accomplies.

Les exemples de ces vertus, de la modestie et de la soumission, de la résignation au travail et de la bienveillance envers le prochain, du zèle à accomplir les petits devoirs de la vie quotidienne, tous ces enseignements enfin, à mesure que l'homme les comprendra mieux, qu'ils pénétreront plus profondément dans son âme, amèneront un changement sensible de ses idées et de sa conduite. Alors chacun, loin de trouver méprisables et pénibles ses devoirs particuliers, les estimera plutôt agréables et pleins de charme, et, grâce à cette sorte de plaisir qu'il y rencontrera, la conscience du devoir à accomplir lui donnera plus de force pour bien agir.

Ainsi les mœurs s'adouciront sur tous les points, la vie domestique s'écoulera au milieu de l'affection et du bonheur, les rapports mutuels seront empreints d'une sincère bienveillance et de charité. Et si toutes ces qualités, dont sera doué l'homme pris isolément, se répandent dans les familles, dans les villes, parmi tout un peuple dont la vie se conformera à ces prescriptions, il est facile de concevoir quels profits l'Etat pourra en retirer.

3° Un autre mal très funeste et que Nous ne saurions trop déplorer parce que chaque jour, il pénètre les esprits plus profondément et d'une façon plus nuisible, c'est qu'on se refuse à souffrir, qu'on repousse avec violence tout ce qui semble pénible et contraire à nos goûts.

La plupart des hommes en effet, au lieu de considérer, ainsi qu'il le faudrait, la tranquillité et la liberté des âmes comme la récompense préparée à ceux qui se sont acquittés du grand devoir de la vie sans se laisser vaincre par les dangers ou par les travaux, se forgent l'idée chimérique d'un Etat d'où serait écarté tout objet désagréable, où l'on jouirait en abondance de tous les biens que cette vie peut procurer. Un désir si violent et si effréné d'une existence heureuse est une source d'affaiblissement pour les âmes ; si elles ne tombent pas tout à fait, elles sont néanmoins énervées, de sorte qu'elles fuient lâchement les maux de la vie et se laissent misérablement abattre.

Dans ce danger aussi, on peut attendre du Rosaire de Marie un très grand secours pour affermir les âmes (tant est grande l'autorité de l'exemple) si les mystères qu'on appelle douloureux font l'objet d'une méditation tranquille et suave dès la plus tendre enfance, et si on continue à les considérer ensuite assidûment. Ils nous montrent le Christ auteur et consommateur de notre foi, commençant à agir et à enseigner, afin que nous trouvions en lui-même des exemples appropriés aux enseignements qu'il nous a donnés sur la manière dont il faut supporter les fatigues et les souffrances. Les maux les plus pénibles, il a voulu les subir lui-même avec une grande résignation.

Nous le voyons accablé de tristesse au point que le sang coule de tous ses membres comme une sueur. Nous le voyons chargé de chaînes, tel qu'un voleur, soumis au jugement d'hommes pervers, en proie à d'odieux outrages, à de fausses accusations. Nous le voyons flagellé, couronné d'épines, attaché sur la croix, regardé comme indigne de vivre longtemps, comme ayant mérité de mourir au milieu des acclamations de la foule.

Nous pensons quelle dut être à ce spectacle la souffrance de sa très sainte Mère, dont le cœur fut, non seulement frappé, mais traversé d'un glaive, de telle sorte qu'on l'a appelée et qu'elle est bien réellement la Mère de douleur.

Combien celui qui méditera souvent, ne se contentant pas de les contempler des yeux, de tels exemples de vertus, sentira naître en lui de force afin de les imiter !

Que la terre soit pour lui maudite, qu'elle ne produise que des épines et des ronces, que son esprit soit en proie à toutes les amertumes, que la maladie accable son corps, il n'y aura aucun mal provenant, soit de la haine des hommes, soit de la colère des démons, aucun genre de calamité publique ou privée qu'il ne surmonte par sa résignation.

De lui on pourra dire avec raison : Accomplir et souffrir beaucoup, c'est le propre du chrétien ; le chrétien, en effet, celui qui est regardé à bon droit comme digne de ce nom, ne peut suivre en vain le Christ souffrant. Nous parlons ici de la patience, non pas de cette vaine ostentation de l'âme s'endurcissant contre la douleur que manifestèrent certains des anciens philosophes, mais de celle qui, s'appliquant l'exemple du Christ qui a voulu souffrir la croix alors qu'il pouvait choisir la joie, et qui a méprisé la confusion, en lui demandant les secours de sa grâce, ne recule devant aucune peine, les porte toutes avec joie et les regarde comme des grâces.

La foi catholique a possédé et possède encore des disciples pénétrés de cette doctrine, hommes et femmes de tout pays et de toute condition, prêts à souffrir, suivant l'exemple du Christ, toutes les injustices et tous les maux pour la vertu et la religion, s'appropriant l'exemple plus encore que la parole de Didyme : « Allons, nous aussi, et mourrons avec lui ». Que les exemples de cette remarquable constance se multiplient de plus en plus, que la force des Etats et la gloire de l'Eglise sans cesse s'en accroissent !

4° Le troisième genre de maux auquel il faut chercher un remède est surtout apparent chez les hommes de notre époque. Ceux des âges antérieurs, s'ils étaient attachés, même d'une façon criminelle, aux biens de la terre, ne dédaignaient cependant pas presque entièrement ceux du ciel; les plus sages des païens eux-mêmes ont enseigné que cette vie était pour nous une hôtellerie, non une demeure, que nous devions y séjourner quelque temps, non pas y habiter.

Les hommes d'aujourd'hui, bien qu'instruits de la Ioi chrétienne, s'attachent pour la plupart aux biens fugitifs de la vie présente, non seulement comme si l'idée d'une patrie meilleure, d'une béatitude éternelle était effacée de leur esprit, mais encore comme s'ils voulaient la détruire entièrement à force de déshonneur. En vain saint Paul leur a donnécet avis: « Nous n'avons pas ici-bas de demeure stable, mais nous en cherchons une que nous posséderons un jour. »

Lorsqu'on se demande quelles sont les causes de ce fléau, on trouve tout d'abord que beaucoup ont la crainte de voir la pensée de la vie future détruire l'amourde la patrie terrestre et nuire à la prospérité des Etats : rien n'est plus odieux et plus insensé que cette conviction.Les espérances éternelles n'ont pas pour caractère d'occuper tellement les hommes qu'elles les détachent complètement du souci des biens présents ; quand le Christ a ordonné de chercher le royaume de Dieu, il a dit de le chercher d'abord, mais non de laisser de côté tout le reste.

L'usage des objets terrestres et les jouissances permises qu'on peut en tirer n'ont rien d'illicite s'ils doivent contribuer à l'accroissement ou à la récompense de nos vertus, si la prospérité et la civilisation avancée de la patrie terrestre, en indiquant d'une façon magnifique l'accord des mortels, figurent la beauté et l'éclat de la cité céleste ; il n'y a là rien qui ne convienne à des êtres doués de raison, rien qui soit opposé aux desseins de la Providence, car Dieu est à la fois l'auteur de la nature et de la grâce. Il ne veut pas que l'une soit opposée à l'autre et qu'un conflit s'élève entre elles, mais qu'elles concluent en quelque sorte un pacte d'alliance ; que, sous leur conduite, nous parvenions un jour, par un chemin plus facile, à cette béatitude éternelle pour laquelle nous sommes nés.

Mais les hommes adonnés aux plaisirs et égoïstes, qui laissent errer toutes leurs pensées sur les objets terrestres et ne peuvent s'élever plus haut, au lieu d'être amenés par les biens dont ils jouissent à désirer plus vivement ceux du ciel, perdent complètement l'idée même de l'éternité et tombent dans une condition indigne de l'homme. En effet, la puissance divine ne peut nous frapper d'une peine plus terrible que de nous laisser jouir de tous les plaisirs d'ici-bas, mais oublier en même temps les biens éternels.

Il évitera complètement ce danger, celui qui s'adonnera à la dévotion du Rosaire et méditera attentivement et souvent les mystères glorieux qui nous y sont proposés. Dans ces mystères, en effet, notre esprit puise la lumière nécessaire pour connaître des biens qui échappent à nos yeux, mais que Dieu, Nous le croyons d'une ferme foi, prépare à ceux qui l'aiment. Nous apprenons ainsi que la mort n'est pas un anéantissement qui nous enlève et qui détruit tout, mais une migration, et, pour ainsi dire un changement de vie. Nous percevons clairement qu'une route vers le ciel est ouverte pour nous tous, et lorsque nous voyons le Christ ressusciter, nous nous souvenons de sa douce promesse : « Je vais vous préparer une place ». Nous sommes certains qu'il viendra un temps « où Dieu séchera toutes les larmes de nos yeux, où il n'y aura plus ni deuil, ni gémissement, ni douleur, mais où nous serons toujours avec Dieu, semblables à Dieu, puisque nous le verrons tel qu'il est, jouissant du torrent de ses délices, concitoyens des saints », en communion bienheureuse avec Marie, sa Mère et notre puissante Reine.

L'esprit qui considérera ces mystères ne pourra manquer de s'enflammer et de répéter cette parole d'un homme très saint : « Que la terre me pèse lorsque je regarde le ciel ! » Il jouira de la consolation de penser « qu'une tribulation momentanée et légère nous vaut une somme éternelle de gloire ». C'est là, en effet, le seul lien qui unit le temps présent avec la vie éternelle, la cité terrestre avec le ciel; c'est la seule considération qui fortifie et élève les âmes. Si de telles âmes sont en grand nombre, l'Etat sera riche et florissant, on y verra régner le vrai, le bien, le beau, suivant ce modèle qui est le principe et la source éternelle' de toute vérité, de tout bien et de toute beauté.

5° Déjà tous les chrétiens peuvent voir, comme Nous l'avons établi au commencement, quels sont les fruits et quelle est la vertu féconde du Rosaire de Marie, sa puissance pour guérir les maux de notre époque et faire disparaître les fléaux dont souffrent les Etats ; mais il est facile de le comprendre, ceux-là ressentiront plus abondamment ces avantages qui, inscrits dans la sainte confrérie du Rosaire, se distinguent par une union particulière et toute fraternelle et par leur dévotion à la très sainte Vierge ; en effet, ces confréries approuvées par l'autorité des Pontifes romains, comblées par eux de privilèges et enrichies d'indulgences, sont soumises à leur juridiction, elles ont des assemblées à date fixe et jouissent de puissants appuis qui en assurent la prospérité et les rendent aptes à procurer l'avantage de la société humaine.

Ce sont comme les armées qui combattent les combats du Christ par ses mystères sacrés, sous les auspices et la conduite de la reine du Ciel. On a pu constater en maintes circonstances, et surtout à Lépante, combien Celle-ci s'est montrée favorable à leurs supplications et aux cérémonies qu'ils ont organisées. Il est donc avantageux de montrer un grand zèle pour fonder, accroître, gouverner de telles confréries. Nous ne parlons pas ici aux seuls disciples de saint Dominique, quoique ceux-ci soient surtout chargés de cette mission d'après leur règle, mais à tous ceux auxquels est confié le soin des âmes et surtout le ministère des églises où ces confréries sont instituées.

Nous souhaitons aussi ardemment que les prêtres, qui entreprennent des voyages pour propager la doctrine du Christ parmi les nations barbares, ou pour l'affermir là, où elle est établie, répandent de même la dévotion du Rosaire.

D'après les exhortations de tous ces prêtres, nous ne doutons pas qu'il y ait un grand nombre de chrétiens soucieux de leurs intérêts spirituels qui se fassent inscrire dans cette même confrérie et s'appliquent à acquérir lesbiens que Nous avons indiqués, ceux surtout qui constituent la raison d'être et, en quelque sorte, l'essence du Rosaire.

L'exemple des membres de la Confrérie inspirera aux autres fidèles un respect et une piété plus grande envers le Rosaire. Ceux-ci, animés par de semblables modèles, mettront tout leur zèle à prendre leur part de ces biens si salutaires.

6° Tel est Notre ardent désir.

C'est là aussi l'espoir qui nous guide et Nous encourage au milieu des grands maux dont souffre la société. Puisse, grâce à tant de prières, Marie la Mère de Dieu et des hommes, celle qui nous a donné, le Rosaire et qui en est la Reine, faire en sorte que cet espoir se réalise pleinement.

Nous avons confiance, vénérables Frères, qu'avec votre concours, Nos enseignements et Nos souhaits contribueront à la prospérité des familles, à la paix des peuples et au bien de la terre.

Comme gage des bénédictions divines, et comme témoignage de Notre bienveillance, Nous vous accordons de grand cœur, à vous, à votre clergé et à votre peuple, la bénédiction apostolique.

Donné à Rome, près Saint-Pierre, le VIII° jour de septembre 1893, de Notre Pontificat le seizième.

LÉON XIII, PAPE.

(Traduction de l'Univers).

 

VISITE DE MGRL'ÉVÊQUE DE MOULINS A NOS FRÈRES

DE VARENNES-SUR-ALLIER.

 

Le 17 septembre dernier, Sa Grandeur Mgr Dubourg, évêque de Moulins, récemment arrivé dans son diocèse a bien voulu honorer de sa visite notre Maison provinciale de Varennes-sur-Allier. Cet événement a heureusement clôturé la retraite qui venait d'être si éloquemment prêchée aux Frères de la Province, par le R. P. Ravenez de la Compagnie de Jésus.

Arrivé vers neuf heures et reçu par les quatre cents retraitants rangés dans la cour pour recevoir sa bénédiction, Monseigneur s'est rendu d'abord à la chapelle où son entrée a été saluée par le Benedictus chanté en chœur. C'était l'heure fixée pour l'émission et la rénovation des vœux. Cette cérémonie, toujours si touchante, revêtait cette fois un caractère particulièrement solennel et propre à faire impression.

A onze heures, Monseigneur, accompagné du R. Frère Supérieur Général, des CC. FF. Norbert et Gérald, Assistants, et d'un certain nombre de Prêtres, était reçu au milieu d'une ovation enthousiaste, à la salle des exercices, splendidement décorée.

Un chœur de nos meilleurs artistes chante un morceau composé pour la circonstance qui produit un bon effet. On souhaite ensuite la bienvenue à Sa Grandeur, en la remerciant de s'être rendue avec la plus aimable condescendance à l'invitation des Frères.

Nous détachons volontiers les lignes suivantes du compliment, pour en conserver la mémoire :

« Ce qui attire surtout nos cœurs vers le saint Pontife que le Ciel nous a donné, c'est qu'il est éminemment Mariste. Oh ! que nous aimons sa devise : Par la Mère au cœur du Fils ! A nous aussi, Petits Frères de Marie, notre pieux Fondateur nous a appris, il y a trois quarts de siècle, à aller à Jésus par Marie ; à nous aussi, il a donné pour devise : Tout à Jésus par Marie. Vous me permettrez donc de vous dire, Monseigneur, que nos cœurs battent à l'unisson du vôtre. Aller avec vous par Marie au Cœur de Jésus, que cela nous est doux, à nous qui aimons à faire de notre chère Province du Bourbonnais la Province du Sacré-Cœur !

« Et maintenant, si ce n'était de ma part trop de hardiesse et de présomption, j'oserais vous demander, Monseigneur, une place de prédilection pour les Petit-Frères de Marie, dans cette famille de quatre cent vingt-cinq mille âmes que renferme votre grand cœur. Cette place, nous ne la méritons pas, c'est vrai; mais nous voulons nous en rendre dignes en marchant résolument et généreusement à votre suite, dans la voie du zèle, du dévouement et du sacrifice, et en mettant en pratique, nous aussi, cette noble et fière devise bretonne qui est la vôtre : Plutôt la mort que la félonie. Oui, nous voulons vous être si parfaitement soumis, si bien accomplir l'œuvre que vous daignez nous confier dans votre diocèse, nous voulons enfin si pieusement garder votre souvenir dans nos prières, que vous puissiez dire que vous êtes contents des Petits Frères de Marie. Ce sont des résolutions que vous voudrez bien bénir, Monseigneur, en bénissant nos personnes ; mais, auparavant, agréez que nous disions de cœur et de bouche: Respect, amour, reconnaissance, heureuse et longue vie à l'auguste Pontife, qui est aujourd'hui dans nos murs, et qui sera toujours dans nos sœurs ! »

Monseigneur, après avoir écouté ce compliment avec beaucoup d'attention, y a répondu avec un tact exquis. Pendant près de trois quarts d'heure, il a tenu son auditoire suspendu à ses lèvres. On aimait à entendre cet apôtre, ce père, cet ami. Sa parole pénétrante, ses sentiments élevés, affectueux et tendres, son âme ardente, son cœur aimant, tout, jusqu'à ses gestes nobles et gracieux, nous faisait bénir Dieu d'avoir donné à cette belle église de Moulins, un Prélat si distingué.

C'est à peine si nous osons donner une courte analyse de cette « causerie » comme a voulu l'appeler Monseigneur lui-même, où tous nous avons puisé un si précieux encouragement.

« Je vous remercie, mon cher Frère, a dit Sa Grandeur, des sentiments qu'au nom de tous, vous venez de m'exprimer en un langage si beau et si élevé. Croyez que c'est avec un sensible plaisir que je me suis rendu à votre invitation, et avec la plus douce émotion que j'ai présidé, tout à l'heure, la belle et touchante cérémonie de l'émission et de la rénovation des vœux.

« Je suis heureux d'apprendre, aujourd'hui, par votre discours, que nous avons une même devise, et que votre vénéré Fondateur vous a enseigné de bonne heure à aller à Jésus par Marie. Soyez toujours fidèles, mes chers Frères, à cette pieuse recommandation du bon Père Champagnat.

« Vous me demandez une place spéciale dans mon cœur et dans mes affections, pour les Petits Frères de Marie. Votre prière m'arrive trop tard; la chose est déjà faite ; car moi aussi je suis Mariste… Oui je le suis; il ne me manque que le titre de Petit Frère de Marie ; mais je demande à votre Révérend Frère Supérieur Général, ici présent, de me le conférer sur l'heure, et de me regarder comme étant de sa grande famille. (Applaudissements.)

« Elevé par les Pères de cette bénie Société, J'ai voué à ces saints Religieux une affection profonde, qui s'est accrue avec la connaissance plus particulière que j'ai faite de cette Congrégation, dans la préparation du Panégyrique que j'ai eu l'avantage de prononcer en l'honneur du B. Chanel.

« C'est en parcourant les Livres de la Société que j'ai vu que vous aviez une origine commune avec les Pères, et pour Fondateur un de leurs premiers Religieux, le R. P. Champagnat. Dès lors, je me suis attaché à vous, et vous ai aimés même avant de vous voir. J'ai été bien heureux de vous rencontrer dans mon diocèse, où vous faites tant de bien. Souvenez-vous que je vous regarde comme de précieux auxiliaires, et que, si je compte sur votre bon concours pour procurer la gloire de Dieu et le salut des âmes, vous pouvez compter sur mon affection et mon dévouement.

« Je vois écrite devant moi, en cette vieille et belle langue bretonne que j'ai parlée dans mon enfance et mon adolescence, cette phrase :

« Un instant dans nos murs et toujours dans nos cœurs.» « Permettez-moi de vous la retourner, et de vous dire : Vous êtes à présent, un instant devant moi; mais constamment vous vivrez dans mon cœur et dans mon souvenir.

« Dans d'autres inscriptions je vois, toujours en langue bretonne, que les deux pays de Bourbonnais et la Bretagne) sont : Bretagne à mon cœur, et que tous les deux ont pour moi un amour sincère : « An diou vro da viken a zo Breiz d'he galon.

« Ha vho ion evit -han deuz carantez gwirion.

« Moi aussi, j'ai pour mon pays d'adoption, le Diocèse où me veut la Providence, une affection semblable, sinon supérieure, à celle qui m'attache à ma vieille Bretagne.

   «…A propos du B. Chanel, dont je vous parlais tout à l'heure, laissez-moi vous dire que j'ai en lui une grande dévotion et confiance. J'ai éprouvé, je puis l'avouer, des effets sensibles de sa protection. Je vous recommande cette dévotion et cette confiance en ce Bienheureux qui est de votre famille.

« A cette dévotion, je vous engage à joindre celle des saints Anges Gardiens, qui s'allie si bien avec vos fonctions auprès des enfants. Recommandez à ces bons Anges ceux de vos élèves qui sont difficiles, et dont la formation vous coûte davantage. C'est ainsi que faisait un bon Frère qui, m'assurait-il, triomphait, par ce moyen des plus mauvaises natures….

« Par-dessus tout, s'il en était besoin, je vous dirais, mes bien chers Frères, d'aller à Marie pour trouver protection, force et courage au milieu de vos épreuves et de vos pénibles fonctions ; mais c'est ce que vous avez appris de votre pieux Fondateur, et vous n'avez garde 'd'y manquer. Oui, allez à Marie, et, par Marie, au Cœur de Jésus : dans ce divin Cœur vous trouverez, comme vous l'a dit tout à l'heure votre éloquent prédicateur, un asile assuré contre les tentations, les défaillances et les découragements …..

« Vous me souhaitez heureuse et longue vie : merci, mes très chers Frères.

« Laissez-moi, en retour, vous souhaiter les trois S de Saint François de Sales.

« 1° Sanitas, la santé. Elle est un don de Dieu : sans elle, vous ne sauriez bien remplir votre mission auprès des enfants …..

« 2° Scientia, la science. Devant enseigner aux autres les sciences religieuses et profanes, il faut que vous les possédiez vous-mêmes: soyez donc des hommes d'étude…

« 3° Sanctitas, la sainteté. C'est la dernière et la plus importante. La sainteté aide, élève et vivifie les deux autres S ; elle peut s'en passer, tandis que, sans elle, la santé et la science ne servent de rien.

« C'est le bouquet que je vous offre en souvenir de mon séjour parmi vous… »

Monseigneur a bien voulu accepter le modeste déjeuner qui lui a été offert, et s'est montré jusqu'à la fin, d'une amabilité et d'une grâce qui faisaient rêver au bonheur de la famille de Béthanie et à la joie de Zachée quand le divin Sauveur daignait les visiter.

Mgr Dubourg nous a quittés à trois heures et demie. Les Frères, réunis dans la cour, ont reçu une dernière bénédiction, et ont accompagné de leurs vivats leur auguste visiteur.

.Cette date du 17 septembre 1893 marquera dans leur mémoire et surtout dans leur cœur, et aura une place d'honneur dans les chroniques de leur Maison Provinciale. 

BÉNÉDICTION DE LA CHAPELLE

DE SAINT-PAUL-TROIS­-CHATEAUX. 

Une belle et pieuse cérémonie s'est accomplie en notre Maison Provinciale de Saint-Paul-Trois-Châteaux, le 14 septembre dernier, et a rempli d'une vive et sainte allégresse tous les Frères de la Province réunis pour la retraite.

Tous voyaient réalisé, ce jour-là, un de leurs vœux les plus chers. Ils avaient enfin le bonheur de posséder une chapelle, telle qu'ils l'avaient désirée : que dis-je ?, bien supérieure à celle qui avait été leur idéal, grâce au talent et au bon goût de ceux qui en avaient conçu et exécuté le plan. A la place de l'ancienne chapelle exiguë, ils en voyaient une aux vastes proportions, à la voûte élancée, aux gracieuses colonnes, avec des autels et une chaire artistement exécutés, le tout d'un beau style s'harmonisant parfaitement.

C'est cette magnifique chapelle qu'il s'agissait de bénir et de livrer au culte. Mgr Cotton, évêque de Valence avait promis d'en faire la bénédiction ; mais en ayant été empêché au jour fixé, il voulut bien se faire suppléer par M. le chanoine Claudon, Vicaire général, qui fit la cérémonie, en présence des Frères et Novices, tout heureux de chanter en cette circonstance le beau psaume Laetatus sum : J'ai été au comble de la joie lorsqu'on m'a annoncé que nous irions dans la maison dit Seigneur. – Nous établirons donc notre demeure dans l'enceinte de tes murailles, ô Jérusalem ! Et cet autre psaume Quam tabernacula tua : Que vos tabernacles sont aimables, Seigneur, Dieu des armées !… Un seul jour passé clans votre maison vaut mieux que mille dans les palais des rois.

Les Frères ont entendu avec bonheur les paroles si pleines de saintes et solides pensées qui ont été dites à la Communauté, en cette circonstance, par M. le Vicaire Général et par M. l'Aumônier de la Maison Provinciale. Le souvenir en sera gardé, et tous, Juvénistes, Novices et Frères, se rappelleront que si Dieu ne dédaigne pas d'habiter dans les temples de pierre, il se plaît surtout dans les temples vivants, et que, selon l'expression de l'apôtre saint Paul, nous sommes nous-mêmes ces temples. 

LETTRE DU C. F. DIRECTEUR DE COPENHAGUE. 

17 octobre 1893.

Mon Cher Frère Assistant,

Nous sommes très heureux d'apprendre que vous avez été content de votre voyage en Danemark. C'est tout ce que nous désirions. Les journaux de Copenhague ont parlé de votre visite à l'Etoile polaire, yacht du Tsar, et de celle que vous avez faite aux Petits Frères (Imaa Brodre).

Samedi dernier, nous avons reçu la visite de M. le comte de Serre et du capitaine Lemoine, du vaisseau de guerre l'Isly venu ici avec le Surcouf pour saluer l'Empereur de Russie, le jour même de l'arrivée de l'escadre russe à Toulon. Ces bons Messieurs ont visité les classes et la maison, et ont eu l'amabilité de nous inviter à. faire une visite à l'Isly, avec nos élèves, aujourd'hui à deux heures et demie. A l'heure indiquée, on est venu nous prendre au port avec un vapeur et on nous a conduits à bords de l'Isly, le plus grand bâtiment de guerre français. Nous y avons été reçus aussi chaudement que sur l'Étoile Polaire, si bien que nous étions à nous demander si l'on avait fait plus d'honneur à l'Empereurde Russie.

Notre visite a duré deux heures, et elle nous a paru bien courte. Aussi, est-ce avec un véritable enthousiasme qu'au moment du départ, nos braves petits Danois ont poussé les cris neuf fois répétés « Vive la France ! Hurra ! Hurra ! » Casquettes, mouchoirs, tout était en mouvement à l'adresse de nos vaillants marins qui ont paru touchés de cette sympathique démonstration.

Comme vous le voyez, cher Frère Assistant, nous avons eu aussi notre petite fête de Toulon. Nous étions encore favorisés par cette circonstance que l'Empereur devait partir dans la soirée, ainsi que la princesse de Galles. Tout Copenhague était donc au port pour voir l'Empereur et les Petits Frères de Marie, qu'on traitait avec tant d'honneurs !

Nous n'envions plus qu'une chose maintenant – C'est la visite du R. F. Supérieur Général, auquel j'ose vous prier de présenter nos respects, en l'assurant de notre profond attachement et de notre entière soumission.

Tous les Frères vont bien et me prient de vous saluer respectueusement, ainsi que le cher Frère Norbert.

Nous avons 72 élèves, dont 9 internes. Nous attendons encore deux autres Suédois.

M. P. Calon, consul de Danemark, vient de m'envoyer 50 couronnes (70 francs environ) pour nos oeuvres.

 F. Weibert. 

RECOMMANDATION. 

Les temps difficiles où nous vivons et qui nous rendent si nécessaire la protection du ciel, doivent porter nos Frères Directeurs à tenir sérieusement compte des prescriptions de nos Constitutions.

Voici ce que nous y lisons :

« Aux grandes fêtes de l'année, ainsi qu'aux jours de visites de quelques confrères, ils pourront faire un peu d'extraordinaire. Cet extraordinaire consistera dans un plat et un dessert de plus, avec un peu de vin pur. On ne fera usage d'aucune liqueur ni de café après les repas (Constitutions, p. 67, art. 7 et 90).

Nous ne devons pas laisser introduire l'abus du vin, du café, des liqueurs, etc., dans aucune de nos maisons. Si les faits qui m'ont été signalés comme s'étant passés dans quelques Établissements, pendant les vacances, sont exacts, il faut que les arrêtés du Chapitre général inscrits dans la Circulaire du 3 mai 1893 n'aient pas été compris. Je les rappelle ici et j'en recommande très fortement l'application (Circulaire du 0' mai 1893). 

FONDATIONS NOUVELLES EN 1893. 

L'Institut a pu fonder cette année dix-huit Établissement nouveaux, savoir : Boufarick, Maison-Carrée, Mustapha, Saint-Denis-du-Sig (Algérie), Andance, Coucouron, Chambonas (Ardèche), Aigre (Charente), Maîche (Doubs), Cha-la-eul, Shang-Haï (Chine), Bendigo, Kilmore (Australie), Bouleternère (Pyrénées-Orientales), Saint-Raphaël (Var), Trets (Bouches-du-Rhône), Pasto (Colombie), Saint Georges d'Henryville (Canada). 

NOMINATIONS. 

1. – Le cher Frère PIERRE-JOSEPH est élu Secrétaire général de la Congrégation.

2. – Le cher Frère ATHANASIUS, directeur à Neuville, est nommé pour le remplacer comme Visiteur de la Province de Saint-Genis-Laval.

3. – Le cher Frère ADELPHUS, directeur à L'Agha (Alger), est nommé chef de District pour nos Établissements de l'Algérie. 

Nos DEFUNTS.

 

F. MALACHIE, Profès, décédé à Napier (Nouvelle-Zélande), le 4 juin 1893.

F. LEUDOMIRE-MARIE, Obéissant, décédé à Notre-Dame de Lacabane (Corrèze), le 8 juillet 1893

F. BASILIUS, Profès, décédé à Cunèges (Dordogne), le 8 juillet 1890'.

F. ALBAN MARY, Profès, décédé à Dumfries (Ecosse), le 27 juillet 1893

F. SIXTE, Profès, décédé à Beaucamps (Nord), le 4 août 1893.

F. BERNARDINO, Novice, décédé à Santa-Colonna (Espagne), le 4 août 1893.

F. ARSENIUS, Obéissant, décédé à Notre-Dame de Lacabane (Corrèze), 5 août 1893.

F. ETIENNE, Profès, décédé à Notre-Dame de l'Hermitage (Loire), le 6 août 1893.

F. MARIE-THEOTISTE, Obéissant, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 9 août 1893.

F. NICÉPHORE, Profès, décédé à Varennes-sur-Allier (Allier), le 15 août 1893.

F. MODESTUS, Obéissant, décédé à Monthey (Suisse), le Il septembre 1893.

F. MARY-GABRIEL, Profès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 5 septembre 1893.

P. ARBOGASTE, Profès, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 19 septembre 1893.

F. MARIE-THEOGENE, Profès, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 24 septembre 1893.

F. CÉSARIS, Novice, décédé à. Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 28 septembre 1893.

F. GUIBERTUS, Obéissant, décédé à Dumfries (Ecosse), le 30 septembre 1893.

F. ELIAS, Profès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 7 octobre 1893.

F. OTHONIS, Obéissant, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 9 octobre 1893.

 

A l'occasion de la fête de la Grande Commémoration des morts, ne manquons pas de prier particulièrement pour tous nos Frères, parents et bienfaiteurs défunts, de nous unir à toutes les prières et pieux suffrages que l'Eglise offre pour tous les fidèles trépassés et de nous renouveler dans la dévotion aux âmes du Purgatoire, en leur appliquant les indulgences partielles et plénières si nombreuses et si faciles à gagner

Veuillez accorder, Seigneur, le repos éternel à tous les fidèles trépassés: nous vous en prions, exaucez-nous (Litanies).

La présente Circulaire sera lue en communauté, à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

C'est en vous recommandant à la sainte Vierge, Reine (le tous les Saints, que je vous renouvelle, à tous, les sentiments de sainte affection et de religieux attachement avec lesquels je suis,

Mes très chers Frères,

Votre très humble et très dévoué serviteur,

     F. Théophane.

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[1] : Nous serons accompagnés du cher Frère Paul-de-la-Croix, directeur de Sainte-Marie, à Sydney, venu en France avec le cher Frère John, provincial, en mars dernier; des chers Frères Concessus et Joseph-Adrien qui vont à Néméara et des chers Frères Paul-Casimir et Louis-Othon, nommés à Païta (Nouvelle-Calédonie).  En outre, nous aurons l'avantage de voyager dans la bonne compagnie de huit Pères Maristes qui se rendent dans les Missions de l'Océanie.

 

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