Circulaires 188

Théophane

1897-06-10

Circulaire du 10 juin 1897 : Fixation des Retraites. - Réflexions. - Nomination de la Commission pour l'instruction de la Cause du V. Cham­pagnat. - Bénédiction de la chapelle de Mataró. - Encyclique de S. S. Léon XIII sur le mystère de la Sainte Trinité. - Visites épiscopales. - Avis. - Décès

188

51.04.01.1897.1

 V. J. M. J.

Saint-Genis-Laval, le 10 juin 1897.

Nos retraites de cette année se feront dans l'ordre suivant :

1° Saint-Genis-Laval, du 12 au 19 juin, pour les membres du Régime et de l'Administration

2° Sydney, du 23 au 30 juin;

3° Saint-Athanase-d'Iberville (Canada), du 20 au 27 juillet ;

4° Dumfries (Ecosse), du 23 au 30 juillet;

5° Mataró (Espagne), du 28 juillet au 4 août;

6[1]° Alger, du 4 au 11 août ;

7° Varennes-sur-Allier, du 22 au 29 août;

8° Beaucamps, du 24 au 31 août;

9[2]° Saint-Paul-Trois-Châteaux, du 2 au 9 septembre

10° Saint-Genis-Laval, du 9 au 16 septembre;

11° Aubenas, du 9 au 16 septembre;

12° Notre-Dame de l'Hermitage, du 14 au 21 septembre ;

13° Notre-Dame de Lacabane, du 16 au 23 septembre.

 

Les Grands Exercices auront lieu, du 24 août au 22 septembre, à la Côte-Saint-André et à Bourg-de-Péage, pour les Frères admis à la profession.

Dans les Missions, nos Frères feront leur retraite aux époques ordinaires : les Frères de Chine, du Cap, de Turquie, de Colombie et de Syrie, en juillet ; ceux des Seychelles, d'Aden et de la Nouvelle-Calédonie, en décembre, et les Frères de la Nouvelle-Zélande, en janvier.

Pour obtenir la grâce d'une bonne et fervente retraite et pour nous disposer à bien célébrer la grande fête de l'Assomption, nous réciterons, pendant les neuf jours qui la précèdent, trois Ave Maria après la méditation ; et, pendant l'octave, le Veni Creator Spiritus, suivi de l'oraison et d'un Ave Maria, au commencement de la prière du soir. 

     Mes Très ChersFrères,

En vous faisant connaître les différentes dates de nos retraites, j'ai la satisfaction de vous annoncer la publication d'un volume de Panégyriques prononcés à l'occasion du décret d'introduction de la Cause de béatification du Vénérable Marcellin Champagnat. En même temps, je vous engage à rendre à Dieu de ferventes actions de grâces pour les religieuses manifestations auxquelles nous avons été si heureux de prendre part, et à y joindre quelques bonnes résolutions pratiques.

Qui de nous ne sent que ces fêtes qui nous ont tant réjouis et édifiés, doivent laisser dans nos cœurs autre chose qu'une impression passagère, et qu'il est dans les desseins de Dieu que nous en fassions notre profit spirituel ? On ne saurait douter, en effet, que tout ce qui a été dit, tout ce qui a été fait, doit servir à notre instruction. Les orateurs qui, du haut de la chaire, ont présenté à notre admiration la belle âme et l'héroïsme des vertus de notre Vénérable Fondateur, ont entendu nous montrer en lui un modèle à imiter. En nous remettant dans l'esprit les oeuvres de sa foi, les travaux que sa charité lui a fait entreprendre, et les maux qu'il a soufferts pour faire aimer Jésus et Marie, et arriver à la possession des biens éternels qui étaient l'objet de son espérance, ils ont voulu nous porter à faire réflexion sur nous-mêmes pour voir si ces vertus ont en nous les qualités qui ont excellé en lui, et si nous nous montrons ses dignes enfants et ses imitateurs en ce qui suit. 

1. – L'ESPRIT DE L'INSTITUT. 

Le fruit à tirer pour nous de tout ce qui a été dit à la louange de notre Vénérable Fondateur et de son oeuvre, ce doit donc être, non de nous laisser aller à une vaine complaisance, de nous reposer dans une douce et agréable satisfaction, mais de nous renouveler dans l'esprit mariste, dans la ferveur, sans laquelle nous ne saurions prétendre nous dire les dignes enfants d'un tel père. Il est bon, en particulier, surtout à l'occasion de nos retraites de cette année, de nous demander où nous en sommes par rapport à l'humilité, à la simplicité, à la modestie, à la piété, à l'esprit de pauvreté, à toutes les vertus dont notre Vénérable Fondateur nous a donné tant et de si beaux exemples. Plus que jamais il faut nous pénétrer de la nécessité de nous tenir en garde contre l'esprit du monde, contre ce que l'on appelle l'esprit moderne, pour ne pas nous exposer à payer tribut, jusqu'à un certain point, à la vanité, au faste, à l'orgueil, au sensualisme, à la cupidité, aux préjugés du siècle. Si nous voulons imiter notre Vénérable Père, nous sanctifier, persévérer dans notre état, être des sauveurs d'âmes, conserver et faire prospérer l’œuvre qu'il a fondée au prix de tant de sueurs et de sacrifices, il faut que nous ne perdions jamais de vue que l'atmosphère dans laquelle nous devons nous mouvoir, n'est autre que celle de la Foi, de l'Evangile, de notre Règle. 

Il. – LA PIÉTÉ. 

Il est rapporté dans la Vie de notre Vénérable Fondateur qu'un ecclésiastique l'ayant entenduune fois faire à haute voix la prière du soir, s'en était allé convaincu que le Père Champagnat était un saint. Ah ! c'est que notre Père était profondément pieux ; c'est qu'il priait dignement, attentivement, dévotement, sans précipitation, comme prient les saints et comme il voulait que priassent ses Frères. Faut-il vous dire, M. T. C. F., combien nous devons nous efforcer de nous montrer en cela encore ses dignes enfants? Quelle gloire en reviendrait à Dieu et quel profit pour nous, si toutes les prières se faisaient dans toutes nos communautés de telle manière que l'on pût dire : Ce sont des saints qui prient, et nul d'entre eux ne mérite cet anathème de nos Livres saints : Maudit est celui qui fait l’œuvre de Dieu avec négligence ! 

III. – LES ETUDES RELIGIEUSES. 

Il est un autre point sur lequel je ne saurais trop attirer votre attention : je veux parler de la lecture spirituelle et des études religieuses. Faut-il vous en rappeler l'importance et la nécessité ? Qui de vous ne sait quel profit on peut en tirer, et quel préjudice on peut éprouver si on les néglige ? Les lectures pieuses et l'étude de la religion nous sont nécessaires, d'abord pour nous-mêmes : pour nous entretenir dans la piété, pour nous instruire de nos devoirs, pour nourrir notre esprit de saintes pensées, pour exciter dans notre cœur de saintes affections, et nous préparer ainsi à l'oraison. Un bon livre est comparé à un fidèle conseiller qui avertit tout le monde de ses défauts, qui instruit, reprend et exhorte tout le monde avec une égale liberté ; il peut être de plus une source de consolations pour l'âme dans le temps des sécheresses et des afflictions. Mes paroles sont esprit et vie, dit Notre-Seigneur dans l'Evangile (S. Jean, VI, 64. Si nous voulons donc vivre de la vie spirituelle, marcher dans l'esprit de Dieu, et être embrasés de son amour, il faut nous appliquer à la lecture des Livres saints.

L'étude de la religion nous est de plus absolument nécessaire, elle est pour nous un devoir indispensable, si nous voulons donner l'enseignement religieux avec fruit, et faire régner la piété dans nos écoles, conformément à ce qui a été dit dans les précédentes Circulaires. C'est pourquoi la Règle prescrit de consacrer chaque jour une heure à cette étude : heure précieuse qu'un éminent religieux regardait comme une bénédiction, comme un trésor pour notre Institut.

Un Frère ne saurait donc négliger l'enseignement religieux et les moyens propres à en assurer le succès, sans manquer au premier de ses devoirs envers ses élèves, sans trahir la confiance des parents et des bienfaiteurs, sans se rendre coupable envers Dieu.

D'autre part, l'amour de notre Institut et le désir de le voir prospérer doivent nous porter fortement à entretenir, en nous et dans nos Frères, la piété et l'estime des choses spirituelles. C'est le moyen par excellence de conserver les vocations. Grâce à la bonté de Dieu et au zèle de beaucoup de Frères, elles sont encore nombreuses, ces vocations, malgré les jours mauvais que nous traversons. Mais ne perdons pas de vue que Dieu nous envoie des sujets pour qu'ils se sanctifient, et pour que nous les aidions à se sanctifier. Quel malheur ce serait si le contraire arrivait par notre faute, par suite de nos négligences et de notre lâcheté

Prenons donc garde à ce que Dieu demande de nous pour notre perfection, pour notre persévérance personnelle, et pour la perfection et la persévérance de nos Frères. Imitons tant d'excellents Frères qui, dans le passé comme dans le présent, peuvent nous être proposés pour modèles, et en particulier le bon Frère Polyeucte, dont la biographie vous est adressée avec la présente circulaire. Après tant d'autres, il nous montre en sa personne ce que doit être un vrai Petit Frère de Marie, un bon Directeur, un religieux qui prend à cœur d'agir efficacement sur les âmes.

Et pour vous mieux instruire et vous bien pénétrer de ce que je ne fais que vous rappeler ici très sommairement je vous recommande, M. T. C. F., la lecture et la méditation de nos Circulaires : 

1° Du 16 juillet 1868, et du 27 juin 1876, sur l'Humilité.

2° Du 17 janvier 1878, sur la Simplicité.

3° Des 2 février 1863 et 17 mars 1865, sur la Prière, et l'Esprit de Prière.

4° Des 6 juin 1874, 24 mai 1875 et 19 janvier 1876, sur l'École de Pontmain ou l'Ecole de la Prière.

5° Des 7 février et 8 décembre 1867, sur la Formation des Frères. 

CAUSE DE BÉATIFICATION

DU VÉNÉRABLE MARCELLIN CHAMPAGNAT. 

Je suis heureux de vous annoncer, Mes Très Chers Frères, qu'en conformité du Décret d'Introduction de la Cause du notre Vénérable Fondateur, en date du 9 août 1896, une Commission composée d'éminents Ecclésiastiques du diocèse de Lyon, a été nommée, le 7 avril 1897, pour procéder, sous la présidence de Son Eminence le Cardinal Coullié, archevêque de Lyon, aux informations canoniques sur la vie, les vertus et les miracles du Serviteur de Dieu.

Les membres de la Commission sont :

MM. Charles OLLAGNIER, vicaire général, doyen du Chapitre.

DE SAINT-PULGENT, chanoine titulaire de la Primatiale.

NEYNAT, chanoine titulaire de la Primatiale.

COUPAT, chanoine honoraire, archiprêtre de Saint-Genis-Laval.

COMTE, chanoine honoraire, vice-chancelier de l'Archevêché.

Antoine COSTE, chanoine honoraire, professeur honoraire à la Faculté de théologie à Saint-Jean (Lyon.

BUY, chanoine honoraire, pénitencier à la Primatiale de Lyon. 

La Commission a déjà tenu plusieurs séances et entendu plusieurs témoins. Nous avons la certitude qu'elle remplira sa mission avec un dévouement et un zèle proportionnés au grand intérêt qu'excite généralement la cause dont elle a à s'occuper. Mais nous, mes Chers Frères, nous contenterons-nous d'être spectateurs indifférents de ses travaux ? Oh ! non, nous ferons mieux : nous la seconderons par nos prières, nous appellerons sur elle les lumières et l'assistance de l’Esprit-Saint; dans nos exercices de piété et nos communions, nous recommanderons à Dieu cette cause qui nous est si chère, et dont le succès doit contribuer à sa gloire et à l'exaltation de son serviteur.

Les prières d'actions de grâces commencées à la Primatiale de Lyon, le 13 septembre 1896, se sont continuées depuis avec beaucoup d'édification ; et, à l'heure qu'il est, le programme n'en est pas épuisé : il nous est revenu, en effet, que de nouvelles démonstrations religieuses se préparent. 

BÉNÉDICTION DE LA CHAPELLE DE MATARÓ. 

Un journal catholique de Barcelone, la Revista Popular, du 3 juin 1897, a consacré aux fêtes qui ont eu lieu à Mataró, un article que nous nous faisons un plaisir de reproduire ici, traduit de l'espagnol.

« Les 26 et 27 mai dernier, des fêtes vraiment splendides ont eu lieu à Mataró, au collège de Valldemia, dirigé par les Frères Maristes, pour célébrer l'introduction de la cause de béatification de leur pieux Fondateur, le Vénérable Champagnat, ainsi que l'inauguration de la nouvelle chapelle de l'établissement et la première communion d'un groupe nombreux des élèves du collège.

« Le mercredi 26 mai, à 10 heures du matin, Sa Grandeur, Monseigneur l'évêque de Barcelone, ayant fait son entrée au collège, a reçu les hommages du R. Frère Supérieur général, entouré du C. Frère Secrétaire général, du Provincial d'Espagne, du Frère Directeur, des Professeurs du collège et des élèves, au nombre de plus de cent. Il a ensuite procédé solennellement à la bénédiction de la chapelle avec toutes les prières prescrites par le Rituel. La cérémonie a été suivie d'une grand'messe, au cours de laquelle la chorale du collège a exécuté avec une perfection remarquable plusieurs pièces de chant heureusement choisies.

« La chapelle, construite d'après les plans et sous la direction du C. F. Vénérand, de la même Congrégation, est dans le style gothique primitif, elle est spacieuse et d'une élégante simplicité. L'abside sera ornée des statues de la Vierge Immaculée, de saint Joseph et de saint Louis de Gonzague. L'autel, surmonté d'un élégant ciborium pour l'exposition du Très Saint Sacrement, présente en bas-relief, sur le devant, un groupe de la Sainte Famille, d'une inspiration toute mystique et d'un travail délicat. Il est dû au sculpteur bien connu, M. Tasso.

« Le lendemain, fête de l'Ascension, la journée a commencé par la cérémonie, toujours si touchante, de la première communion des enfants, précédée d'une pathétique allocution du R. P. Barbena, le zélé aumônier du pensionnat.

« A 10 heures, office très solennel, avec orchestre, où fut chanté le Te Deum d'actions de grâces pour l'introduction de la, cause de béatification du Vénérable Champagnat.

« L'office du soir a été surtout remarquable par l'éloquent panégyrique prononcé par le R. P. Baxaderas, de la Compagnie de Jésus.

« Après avoir dit combien il lui était agréable d'avoir été appelé à célébrer les mérites du Vénérable Champagnat et de son Œuvre, à cause des rapports si étroits, qui unissent ensemble la Compagnie de Jésus et la Congrégation de Marie, dont le but commun est de conduire les âmes à Dieu par le chemin de la science et de la Religion, l'orateur fait remarquer la naissance providentielle de l'Institut des Petits Frères de Marie au lendemain des jours néfastes de la Révolution, qui avait accumulé tant de ruines en France, particulièrement en ce qui regarde l'enseignement; puis il a suivi pas à pas, avec une éloquence entraînante, les vertus admirables du Vénérable Champagnat, ainsi que les progrès merveilleux de son oeuvre pour l'éducation chrétienne de la jeunesse.

« La chapelle, malgré son ampleur, se trouva beaucoup trop étroite pour contenir l'affluence des visiteurs accourus de Mataró et de notre grande cité barcelonaise. Cette affluence fut si considérable que la circulation était devenue presque impossible dans les vastes avenues du Collège, au moment où commença à s'organiser la procession du Saint Sacrement, qui parcourut en bel ordre les allées du parc, ornées de guirlandes, de bannières et d'écussons.

« Peu après eut lieu une séance littéraire, au cours de laquelle un certain nombre d'élèves de tous les âges vinrent tour à tour lire et débiter, en l'honneur du Vénérable Champagnat, des compositions faites spécialement pour la circonstance, et s'acquittèrent de leur rôle à la grande satisfaction de tous. » 

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     MES TRÈS CHERS FRÈRES,

Je crois répondre à un pieux besoin de vos âmes en vous communiquant l'Encyclique de Notre Saint Père le Pape, présentant à notre foi une instruction admirable sur le mystère de la Sainte Trinité, et sur l'action du Saint-Esprit dans le gouvernement de l'Eglise et la sanctification des âmes.

Vous lirez attentivement ce document pontifical, dans lequel les vérités les plus élevées sont exposées avec une telle clarté, que vous y trouverez pour votre esprit une lumière éclatante, et pour votre cœur de pieux sentiments et un accroissement de dévotion envers le Saint-Esprit ; et en même temps, vous vous sentirez portés à prier aux intentions du Souverain Pontife. 

LETTRE ENCYCLIQUE

 DE

 NOTRE TRÈS SAINT PÈRE LÉON XIII

 PAPE PAR LA DIVINE PROVIDENCE

Aux PATRIARCHES, PRIMATS, ARCHEVÊQUES, ÉVÊQUES

ET AUTRES ORDINAIRES EN COMMUNION

AVEC LE SIÈGE APOSTOLIQUE.

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A Nos Vénérables Frères les Patriarches, Primats, Archevêques, Évêques et autres Ordinaires en communion avec le Siège apostolique. 

LÉON XIII, PAPE

Vénérables Frères,

Salut et bénédiction apostolique.

La mission divine que Jésus-Christ a reçue de son Père et dont il s'est très saintement acquitté en vue du genre humain, a pour fin dernière la béatitude des hommes au sein de la gloire éternelle ; mais elle a pour fin prochaine, dans cette vie, la possession et l'entretien par les hommes de la grâce divine, destinée à s'épanouir en vie éternelle dans le ciel. C'est pourquoi le Rédempteur lui-même ne cesse d'inviter, avec une extrême bienveillance, les hommes de toute langue et de toute nation à se réunir dans le sein de son Eglise. Venez à moi, tous ; je suis la vie, je suis le bon Pasteur. Toutefois ce Rédempteur, selon ses desseins profonds, n'a pas voulu terminer et achever par lui-même cette mission dans tous les endroits de la terre ; mais, après avoir reçu l’œuvre de son Père, il l'a transmise au Saint-Esprit pour que celui-ci la couronnât.

Il est agréable de rappeler les paroles que le Christ sur le point de quitter la terre, prononçait au milieu de ses disciples : « Il est bon pour vous que je m'en aille, si en effet, je ne m'en vais pas, le Paraclet ne viendra pas vers nous ; si au contraire je m'en vais, je l'enverrai vers VOUS. » (Joann., XVI, 7). En disant cela, le Christ a donné la meilleure raison possiblede son départ et de son retour vers son Père, à savoir les avantages qui devaient résulter pour ses disciples de la descente de l'Esprit-Saint. Il a montré en même temps que cet Esprit-Saint était envoyé par Lui comme par son Père, qu'Il procédait de Lui comme du Père, et qu'il terminerait, comme invocateur, consolateur, précepteur, l'ouvrage accompli par le Fils dans sa vie mortelle. C'est en effet, à la multiple vertu de cet Esprit, qui, lors de la création du monde, « orna les cieux » (Job., XXVI, 13) et « remplit la sphère du monde » (Sap., 1, 7), que la conclusion de l’œuvre rédemptrice était providentiellement réservée.

Nous Nous sommes continuellement efforcé, avec le secours du Christ, conservateur des hommes, prince des pasteurs et gardien de nos âmes, d'imiter les exemples qu'Il nous a donnés. Nous Nous sommes religieusement attaché à la fonction qu'Il a confiée aux apôtres et particulièrement à Pierre, « dont la dignité, même dans un héritier indigne, ne défaillit pas » (Leo M. Ser. II in anniv. ass. suae). Pénétré de ce dessein, Nous avons voulu que tous Nos travaux entrepris et poursuivis par Nous durant Notre pontificat déjà si long, conspirassent à deux fins principales : en premier lieu, la restauration de la vie chrétienne dans la société civile et domestique, tant chez les princes que chez les peuples, parce que, chez tous les hommes, il n'y a pas de véritable vie qui ne découle du Christ ; en second lieu la réconciliation de tous ceux qui, par la foi ou par l'obédience, se trouvent séparés de l'Eglise ; puisque très certainement l'intention du Christ est de les réunir tous dans un seul bercail sous un seul Pasteur.

Aujourd'hui que Nous voyons s'approcher le terme de Notre vie, Nous éprouvons plus vivement que jamais le désir de recommander à l'Esprit-Saint, qui est Amour vivifiant, l’œuvre de Notre Apostolat, telle que Nous l'avons conduite jusqu'ici, afin que cet Esprit la rende féconde et en fasse mûrir les fruits. Nous avons résolu, pour que ces fruits soient meilleurs et plus abondants, de vous adresser la parole aux environs des fêtes de la Pentecôte, en vous parlant de la présence et de la vertu merveilleuse de l'Esprit-Saint, et en vous rappelant combien, soit dans l'Eglise en général, soit dans chaque âme, il agit et exerce d'heureuses influences, grâce à l'admirable abondance de ses dons supérieurs. De là vient – chose que Nous désirons avec ardeur – que la foi en ce mystère de l'auguste Trinité s'entretienne et se ranime dans les esprits et que surtout la piété augmente et s'embrase à l'égard de l'Esprit divin, à qui tout homme doit principalement rendre grâce toutes les fois qu'il obtient de suivre les voies de la vérité et de la justice. Car, comme l'a dit saint Basile : « qui niera que les dons faits à l'homme par Dieu et par Notre Sauveur Jésus-Christ selon la bonté de Dieu, produisent leurs fruits par la grâce de l'Esprit. » (De Spiritu Sancto, c. XVIn° 37).

Avant de traiter Notre sujet, il Nous plaît et il sera utile de dire quelques mots de la Très Sainte Trinité. Ce mystère, en effet, est appelé par les docteurs sacrés, la « substance du Nouveau Testament », c'est-à-dire le plus grand de tous les mystères, la source et le fondement de tous les autres. C'est pour le connaître et le contempler que les anges ont été créés dans le ciel et les hommes sur la terre. Ce mystère était voilé dans l'Ancien Testament, et c'est pour le manifester plus clairement que Dieu lui-même est descendu vers les hommes.« Personne n'a jamais vu Dieu : Le Fils unique de Dieu, qui est dans le sein du Père, l'a révélé lui-même. » (Joan., 1, 18). Quiconque donc parle ou écrit de la Trinité doit avoir devant les yeux le conseil prudent du docteur Angélique: « Lorsque nous parlons de la Trinité, il faut être prudent et sage, parce que, comme le dit saint Augustin, il n'y a pas de matière où les investigations soient plus laborieuses, ni où les vérités trouvées soient plus fructueuses. » (Summa. th. 1, q. XXXI, a. 2. – De Trin., I., I, c. III).

Le danger est que, dans la foi ou dans le culte, on ne confonde entre elles les personnes divines et qu'on n'introduise la variété dans leur unique nature ; car, « la foi catholique est celle-ci: que nous vénérons un seul Dieu dans la Trinité et la Trinité dans l'unité. » C'est pourquoi Innocent XII, Notre prédécesseur, refusa d'autoriser certaines cérémonies qu'on demandait la permission d'instituer en l'honneur spécial du Père. Si l'on célèbre en certaines fêtes, les mystères particuliers du Verbe Incarné, toutefois le Verbe n'est célébré par aucune fête spéciale en raison seulement de sa nature divine ; et la fête de la Pentecôte elle-même n'a pas été fondée, dès les premiers temps, pour honorer l'Esprit-Saint tout seul, en lui-même, mais pour rappeler sa descente, c'est-à-dire sa mission, d'origine extérieure à Lui.

Tout cela a été décidé sagement, afin que personne .en vue de distinguer entre elles les personnes divines, ne fût entraîné à leur prêter plusieurs natures divines. En outre, l'Eglise, pour maintenir ses enfants dans l'intégrité de la foi, a institué la fête de la Très Sainte Trinité, que Jean XXII ordonna plus tard de célébrer partout. Elle permit de dédier à la Trinité des autels et des temples, et ce n'est pas sans une certaine volonté céleste qu'elle approuva régulièrement un Ordre religieux fondé pour la délivrance des captifs, ordre entièrement dévoué à la Trinité, dont il porte le nom.

Beaucoup de choses confirment ce qui précède. En effet, le culte voué aux habitants des cieux, aux anges, à la Vierge mère de Dieu, au Christ, retombe finalement sur la Trinité elle-même. Dans les prières adressées à l'une des trois personnes, mention est faite des autres. Dans les supplications où une seule est invoquée expressément, on introduit une invocation commune à toutes les trois. A tous les psaumes et à toutes les hymnes s'ajoute une louange en l'honneur du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Les bénédictions, les cérémonies rituelles, les sacrements sont accompagnés ou suivis d'une prière à la Sainte Trinité. Et ces pratiques étaient depuis longtemps contenues en germe dans la parole de l'Apôtre : « Car tout est de Lui, par Lui et en Lui ; gloire à Lui dans les siècles », signifiant d'une part la trinité des personnes, affirmant, d'autre part, l'unité de nature. Et c'est parce que cette nature est la même pour chaque Personne, que l'on doit à chacune, comme à un seul et même Dieu, la gloire éternelle due à la majesté de Dieu. Saint Augustin, citant ce témoignage, ajoute : « Il ne faut pas prendre dans un sens vague ces mots de l'Apôtre : De lui-même, par lui-même et en lui-même; il dit de lui-même à cause du Père, par lui-même, à cause du Fils, en lui-même, à cause du Saint-Esprit. » (De Trin., 1. VI, c. x; 1. 1, c.VI).

L'Eglise, d'une manière très heureuse, a pris l'habitude d'attribuer au Père les oeuvres où éclate la puissance, au Fils, celles où éclate la sagesse, au Saint-Esprit, celles où éclate l'amour. Non que toutes les perfections et que toutes les oeuvres extérieuresne soient communes aux personnes divines,, en effet, « les œuvres de la Trinité sont indivisibles, comme l'essence de la Trinité est indivisible » (S. Aug., De Trin., I, c. IV et v); parce que, « de même que les trois Personnes divines « sont inséparables, de même elles agissent inséparablement » (S. Aug., ib.) ; — mais parce que, en vertu d'une certaine comparaison et, pour ainsi dire, d'une certaine affinité qui se remarque entre les oeuvres elles-mêmes et les propriétés des Personnes, les premières peuvent être appliquées, ou, comme l'on dit, appropriées à telle Personne plutôt qu'à telle autre. « De même que, pour la représentation des Personnes divines nous usons de similitudes d'impressions et d'images fournies par les créatures, de même nous répartissons leurs attributs essentiels, et cette manifestation des Personnes par leurs attributs essentiels s'appelle appropriation. » S. Th. 1, q. XXXIX, a. 9.)

De cette manière, le Père, qui est « le principe de toute divinité », est en même temps la cause effective de l'ensemble des êtres, de l'incarnation du Verbe et de la sanctification des âmes. « De Lui, sont toutes choses. » De Lui, à cause du Père. Le Fils, de son côté, Verbe, reflet de Dieu, est en même temps la cause exemplaire d'oÙ tous les êtres tirent leur forme, leur beauté, leur ordre et leur harmonie ; il est pour nous la voie, la vérité et la vie, le réconciliateur de l'homme avec Dieu. « Par lui sont toutes choses. » Par lui, à cause du Fils. Quant au Saint-Esprit, il est la cause finale de tous les êtres, parce que, de même que la volonté et généralement toute chose se repose dans l'accomplissement de sa fin, de même l'Esprit-Saint, qui est la bonté divine et l'amour mutuel du Père et du Fils, opérant les actes mystérieux qui accomplissent le salut éternel de l'homme, les termine et les achève par une sorte d'impulsion forte et douce. « En lui sont toutes choses. » En lui, à cause du Saint-Esprit.

C'est donc en respectant le culte inviolable que la religion doit à la bienheureuse Trinité tout entière et qu'il importe de faire pénétrer de plus en plus profondément dans le peuple chrétien, que Nous Nous appliquons, dans ce discours, à exposer la vertu de l'Esprit-Saint.

Il faut d'abord envisager le Christ, fondateur de l'Eglise et Rédempteur du genre humain. Certes, dans les œuvres extérieures de Dieu, ce mystère du Verbe incarné éclate plus que tout le reste. Là se révèle si lumineusement la splendeur des perfections divines, que rien de plus grand ne peut même être imaginé et que rien ne pouvait être plus salutaire à l'humanité.

Cette oeuvre si grande, bien qu'elle appartienne à toute la Trinité, est toutefois attribuée au Saint-Esprit comme lui étant propre; de sorte que les Evangiles parlant de la Vierge, disent : « Il se trouva qu'elle avait conçu du Saint-Esprit » et « Ce qui est né d'elle, est du Saint-Esprit » (Matth., 1, 18, 20). Et cette œuvre est attribuée à bon droit à Celui qui est l'amour du Père et du Fils. En effet, ce « grand témoignage d'amour» (I Tim., III, 16) provient de la grande affection de Dieu pour les hommes, comme nous en avertit saint Jean : « Dieu a tant aimé le monde qu'il lui a donné son fils unique » (III, 16). Ajoutons que, par là, la nature humaine a été élevée au point d'être unie personnellement au Verbe, dignité qui ne lui était accordée aucunement .par suite de ses mérites, mais uniquement par un effet de la grâce, c'est-à-dire comme par un bienfait spontané. de l'Esprit-Saint.

Saint Augustin commente ainsi la chose : « La manière dont le Christ s'est incarné par la vertu de l'Esprit-Saint insinue en nous la grâce de Dieude façon que l'homme, sans aucun mérite de sa part, dès l'instant où l'être humain commence d'exister, s'est trouvé uni au Verbe de Dieu dans une si grande unité de personne, que le Fils de Dieu devint le même être que le Fils de l'homme, et le Fils de l'homme le même être que le Fils de Dieu. » (Enchir., c.XL, S. Th., 3a, 7, XXXII, a. 1). Or, par la vertu de l'Esprit, s'est opérée, non seulement la conception du Christ, mais aussi la sanctification de son âme, qui est appelée onction dans les livres saints (Actor., x, 38), et c'est ainsi que le Christ « n'agissait jamais que sous l'influence de l'Esprit » (S. Basil., De Sp. S., c. XVI), et principalement quand il s'offrait en sacrifice : « Il s'est offert à Dieu, victime immaculée, par l'Esprit-Saint » (Hébr., IX, 14).

Si l'on remarque ces choses, rien d'étonnant que tous les dons du Saint-Esprit aient afflué dans l'âme du Christ. En Lui, en effet, a résidé une abondance toute particulière de grâce, la plus grande et la plus efficace qu'il puisse y avoir. En lui se trouvaient tous les trésors de la sagesse et de la science, les grâces gratuites, les vertus, et en un mot tous les dons annoncés d'abord par les prophéties d'Isaïe (IV, 1 ; XI, 2, 3) et signifiés ensuite par cette merveilleuse colombe du Jourdain, lorsque le Christ sanctifia ce fleuve par son baptême, en vue de créer un nouveau sacrement.

C'est à ce fait que conviennent ces autres paroles de saint Augustin : « Il est absurde de dire que le Christ, déjà âgé de trente ans, reçut le Saint-Esprit. Il vint au baptême avec l'Esprit-Saint, de même qu'il y vint sans péché. Alors donc – c'est-à-dire dans le baptême – il daigna représenter par son corps l'Eglise même, dans laquelle, généralement, les fidèles baptisés reçoivent le Saint-Esprit. » (De Trin., 1. XV, c. XXVI). C'est pourquoi l'apparition visible du Saint-Esprit au-dessus du Christ et sa vertu intime dans l'âme du Christ représentent la double mission de ce même Esprit : qui se manifeste visiblement dans l'Eglise, et celle qui s'exerce par son influence secrète dans les âmes justes.

L'Eglise, déjà conçue, et qui était née, pour ainsi dire, des flancs du nouvel Adam dormant sur la Croix, se manifesta pour la première fois aux hommes, d'une manière éclatante, le jour fameux de la Pentecôte. C'est ce jour-là que le Saint-Esprit commença à dévoiler ses bienfaits dans le corps mystique du Christ, par cette admirable effusion que le prophète Joël avait vue longtemps à l'avance : car le Paraclet « siège au-dessus des Apôtres afin que, sous forme de langues de feu, de nouvelles couronnes spirituelles soient placées sur leurs têtes. » (Cyr. hierosol. catech.,17).

Alors les apôtres « descendirent de la montagne, comme l'écrit Chrysostome, non point portant des tables de pierre dans leurs mains, à la manière de Moïse, mais portant l'Esprit dans leur âme, et répandant comme un trésor et un fleuve de vérités et de grâces. » (In Matth., hom. i ; II Cor., III, 3). C'est à cela que se rapportait très opportunément cette dernière parole du Christ à ses apôtres, et alors qu'il leur promettait de leur envoyer l'Esprit-Saint, qui devait leur donner le complément de la doctrine et en quelque sorte mettre le sceau à son enseignement : « J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez les porter en ce moment. Lorsque sera venu cet Esprit de vérité, Il vous enseignera toute vérité » (Joan., XVI, 12, 13).

En effet, Celui qui est l'Esprit de vérité en tant qu'il procède en même temps du Père, qui est la Vérité éternelle, et du Fils, qui est la Vérité substantielle, tire de l'un et de l'autre, en une seule essence, tout l'ensemble de la vérité : cette vérité, il la donne à l'Eglise, veillant, par son appui sans cesse présent, à ce qu'elle ne soit jamais exposée à aucune erreur et à ce qu'elle puisse, de jour en jour, nourrir plus généreusement lesgermes de la doctrine divine, et les faire fructifier pour le salut du peuple.

Et puisque ce salut du peuple, qui est la mission de l'Eglise, demande absolument qu'elle poursuive jusqu'à la fin des temps sa tâche, l'Esprit-Saint doit donner à l'Eglise, pour l'accroître et la conserver, une vie et une force éternelles : « Je prierai mon Père, et il vous donnera un autre Paraclet pour que demeure avec vous toujours l'Esprit de vérité. » (Joan., xi, v, 16, 19). C'est par Lui que sont constitués les évêques, dont le ministère engendre non seulement des fils, mais encore des pères, à savoir les prêtres, pour gouverner l'Eglise et la nourrir de ce même sang du Christ, par lequel il a été racheté. « L'Esprit-Saint a établi les évêques pour gouverner l'Eglise de Dieu, qu'il a acquise par son sang » (Act., XX, 28).

Or, les uns et les autres, les évêques et les prêtres, par une grâce insigne du Saint-Esprit, ont le pouvoir d'effacer les péchés selon cette parole du Christ aux apôtres : « Recevez le Saint-Esprit ; les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et retenus à ceux à qui vous les retiendrez.» (Joan., XX, 22, 23). La nécessité de la divinité de l'Eglise n'est démontrée par aucune preuve plus clairement que par l'éclat et la gloire dont elle est revêtue et qu'elle doit à l'Esprit-Saint. Qu'il Nous suffised'affirmer que, si leChrist est la tête de l'Eglise, l'Esprit-Saint en est l'âme : « Ce qu'est l'âme dans notre corps, l'Esprit-Saint l'est dans le corps du Christ, qui est l'Eglise » (S. Aug., Serm., I,CLXXXVII).

Puisqu'il en est ainsi, on ne saurait demander une autre manifestation plus vaste et plus féconde de l'Esprit divin : celle que nous voyons, en effet, maintenant dans l'Eglise, est la plus grande qu'on puisse voir, et elle durera jusqu'à ce que l'Eglise, ayant achevé sa course ici-bas, jouisse dans le ciel de la joie du triomphe.

Comment et à quel degré l'Esprit-Saint agit dans les âmes, c'est une chose non moins admirable, quoiqu'elle soit un peu plus difficile à comprendre, par cela même que nos yeux ne la peuvent pas saisir. Cette effusion du Saint-Esprit est si abondante que le Christ lui-même, de la grâce de qui elle découle, l'a comparée à un fleuve très abondant, comme on le voit dans saint Jean : « Celui qui croit en moi, dit l'Ecriture, verra des fleuves d'eau vive couler de son sein. » Le même évangéliste a expliqué ce témoignage – « Il dit cela de l'Esprit-Saint que devaient recevoir ceux qui croyaient en lui » (VII, 38, 37).

Il est d'autre part certain que l'Esprit-Saint a été donné par la grâce aux hommes justes qui vécurent avant le Christ ; comme nous l'avons appris en ce qui concerne les prophètes Zacharie, Jean-Baptiste, Siméon et Anne. En effet, dans la Pentecôte, « l'Esprit-Saint n'est pas venu pour commencer à habiter l'âme des saints, mais pour la pénétrer davantage, la comblant de ses dons, mais ne commençant pas à les lui accorder. Il ne faisait pas une œuvre nouvelle ; il étendait celle qu'il avait commencée » (S. Leo M., Hom. III de Pentec.).

Mais, si ces hommes sont comptés parmi les fils de Dieu, cependant ils étaient par leur condition semblables à des esclaves, car le fils « ne diffère en rien de l'esclave tant qu'il est dans la main des tuteurs et des maîtres ». (Gal., IV, 1, 2). Outre qu'il n'y avait pas en eux de justice, si ce n'est celle qui provenait des mérites du Christ qui allait venir, l'Esprit-Saint, après la venue du Christ, fut communiqué d'une façon bien plus abondante, à tel point que la récolte fut presque trop riche pour l'aire qui devait la recevoir,et que la vérité dépassa de nouveau la figure. C'est pourquoi saint Jean a affirmé: « L'Esprit-Saint n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'avait pas été glorifié » (VII, 37).

Aussitôt donc que le Christ, montant au ciel, eut pris possession de la gloire de son royaume qu'il avait si chèrement achetée, Il répandit généreusement les richesses de l'Esprit-Saint et fit part de ses dons aux hommes (Eph., IV, 8). Car «ce don, cet envoi du Saint-Esprit après la glorification du Christ, devait être tel qu'il n'y en avait jamais eu auparavant ; ce n'est pas qu'il n'y en ait eu aucun 'auparavant, mais il n'y en avait pas eu de tel ».

Certes, la nature humaine est nécessairement la servante de Dieu. « La créature est esclave, nous sommes les serviteurs de Dieu, selon la nature. » (S. Cyr. Alex., Thesaurus,I.V, c. VI). Bien plus, à cause de la faute commune, notre nature est tombée dans un tel abîme de péché et de honte que nous étions en outre les ennemis de Dieu : « Nous étions par notre nature des fils de colère ».

Nulle puissance n'était capable de nous délivrer d'une telle ruine et de nous sauver de la perte éternelle. Cette tâche, Dieu, créateur de la nature humaine, et souverainement miséricordieux, l'a accomplie par son Fils unique, grâce auquel l'homme a été rétabli dans la dignité dont il était déchu, avec une plus grande abondance de dons. Personne ne peut dire quelle a été cette œuvre de la grâce divine dans l'âme des hommes, qui, à cause de cette régénération, sont fréquemment appelés dans les Saintes Lettres et chez les Pères de l'Eglise des créatures revivifiées, nouvelles, participant à la nature divine, les fils de Dieu, créés par lui.

Ces dons si riches sont avec raison regardés comme propres au Saint-Esprit. C'est lui, en effet, « l'Esprit de l'Adoption des Fils, dans lequel nous crions : Père ! Père! ». C'est lui qui pénètre les cœurs de la suavité de l'amour paternel : « Ce même Esprit rend témoignage à notre esprit que nous sommes les Fils de Dieu ». (Rom., VIII, 15, 16).

Pour l'expliquer, rien ne convient mieux que la similitude constatée par l'ange entre les deux oeuvres de l'Esprit-Saint ; par lui « le Christ a été conçu dans la sainteté pour être le Fils naturel de Dieu, et les autres sont sanctifiés afin qu'ils soient les fils adoptifs de Dieu ». Ainsi l'amour, l'Amour incréé, produit une régénération spirituelle bien supérieure à ce qui pourrait se faire dans la nature.

Les prémices de cette régénération et de cette rénovation sont données à l'homme par le baptême : dans, ce sacrement, l'âme se dépouille de l'esprit impur, pour la première fois l'Esprit-Saint la pénètre et la rend semblable à lui : « Ce qui est né de l'Esprit est Esprit » (Jean, 111, 9). Le même Esprit se donne par la confirmation, d'une façon plus féconde, pour assurer la constance et la vigueur de la vie chrétienne ; c'est à lui que les martyrs et les vierges durent leur triomphe sur les séductions du mal. L'Esprit-Saint, disons-Nous, se donne lui-même : « L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit-Saint qui nous a été donné. » (Rom., v, 5). Non seulement, en effet, Il nous apporte les grâces divines, mais Il en est l'auteur, et Il est Lui-même le don suprême ; procédant du mutuel amour du Père et du fils. Il est appelé à juste titre altissimi donum Dei.

Pour mieux mettre en lumière la nature et la force de ce don, il convient de rappeler les enseignements donnés par les saints docteurs d'après les lettres sacrées, à savoir que « Dieu est présent en toutes choses, per potentiam, en tant que tout est soumis à sa puissance ; per præsentiam, en tant que tout est à découvert devant ses yeux ; per essentiam, en tant qu'il est pour tous les êtres la cause de leur existence » (S. Thom., q. VII, 3).

Mais Dieu n'est pas seulement dans l'homme comme dans les êtres inanimés ; de plus, il est connu et aimé par cette créature : notre nature elle-même nous fait aimer, désirer, rechercher le bien. En outre, Dieu, par la grâce, réside dans notre âme comme dans un temple, d'une façon intime et spéciale. De là résultent ces liens d'amour par lesquels l'âme est unie très intimement à Dieu, plus qu'un ami ne peut l'être à son meilleur ami, et jouit de lui d'une manière absolue et pleine de suavité.

Cette admirable union, – que l'on appelle inhabitatio différant seulement par la condition ou par l'état de celle par laquelle Dieu rend heureux les habitants du Ciel – est en réalité produite par la présence de toute la Trinité : « Nous viendrons chez lui et nous ferons chez lui notre demeure. » Cependant elle est regardée comme le propre de l'Esprit-Saint. En effet, des traces de la puissance et de la sagesse divine se manifestent même chez un homme corrompu ; mais personne, s'il n'est juste, ne participe à l'amour, qui est le signe de l'Esprit-Saint. Et ce qui se rapporte à ceci, c'est que le même Esprit est appelé saint parce qu'étant le premier et le suprême Amour, il dirige les âmes vers la sainteté qui consiste justement dans l'amour envers Dieu.

Aussi l'Apôtre, lorsqu'il appelle les justes le temple de Dieu, ne les nomme pas expressément, le temple du Père et du Fils, mais du Saint-Esprit. « Ne savez-vous pas que vos membres sont les temples du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu ? » (I Cor., VI, 19).

L'abondance des grâces célestes, résultant de la présence du Saint-Esprit dans les âmes pieuses, se manifeste de beaucoup de manières. Telle est en effet, la doctrine de saint Thomas d’Aquin: « Puisque l'Esprit-Saint procède comme amour, il procède en qualité de premier don ; c'est pourquoi saint Augustin dit que, par le don qui est l'Esprit-Saint, beaucoup de dons particuliers sont apportés aux membres du Christ. » Parmi ces dons, se trouvent ces secrets avertissements, ces mystérieuses invitations qui, par un mouvement de l'Esprit-Saint, sont donnés aux âmes et aux esprits, et sans lesquels on ne peut ni s'engager dans la voie de la vertu, ni y progresser, ni parvenir à l'heureux terme du salut éternel.

Puisque ces paroles et ces instigations se manifestent secrètement aux âmes, elles sont à juste titre comparées quelquefois dans les Saints Livres au souffle de la brise, et le docteur Angélique les assimile avec raison aux mouvements du cœur dont toute la puissance réside dans le principe qui l'anime. « Le cœur obéit à une force cachée, et c'est pourquoi on lui compare l'Esprit-Saint, qui, d'une façon invisible, vivifie et unit l'Eglise.»

Telle est aussi l’œuvre des sept dons que l'on appelle plus particulièrement les dons du Saint-Esprit envers l'homme juste, vivant de la vie de la grâce et agissant suivant les vertus qui correspondent à chacune de ses facultés. Grâce aux dons dont Nous parlons, l'esprit se fortifie et devient apte à obéir plus facilement et plus promptement aux paroles et aux impulsions de l'Esprit-Saint ; aussi ces dons sont-ils si efficaces qu'ils conduisent l'homme au plus haut degré de la sainteté, et si excellents qu'ils subsisteront dans le royaume des cieux, quoique plus parfaits. Par leur secours, l'âme est invitée et conduiteà désirer et à conquérir les béatitudes évangéliques qui, de même que des fleurs qui éclosent au printemps, sont les marques et les messagères de l'éternelle félicité.

Ils sont enfin bénis, les fruits que l'apôtre énumère et qu'apporte l'Esprit-Saint aux hommes justes, même dans cette vie périssable ; ils sont pleins de douceur et de joie, et ils doivent nécessairement être tels puisqu'ils proviennent de l'Esprit « qui est dans la Trinité la suavité du Père et du Fils et qui remplit de dons généreux et féconds toutes les créatures. » (S. Aug., de Trin., 1. VI, c. IX).

Aussi le divin Esprit procédant dans la lumière et la sainteté éternelles du Père et du Verbe et qui est à la fois l'amour et le don, après avoir montré dans l'ancien testament comme une image voilée de lui-même, s'est manifesté avec plénitude dans le Christ et dans son corps mystique qui est l'Eglise. Il a d'une façon si salutaire transformé par sa présence et sa grâce les hommes plongés dans la corruption et le vice que, n'étant déjà plus terrestres tout en restant sur la terre, ils aient des notions et des désirs allant bien au delà de ce monde, et deviennent comme des habitants du ciel.

Puisque tous ces dons sont si grands et puisqu'ils montrent abondamment l'immense bonté de l'Esprit-Saint envers nous, ils nous engagent d'autre part, à lui témoigner le plus possible de soumission et de piété. Les chrétiens parviendront d'ailleurs parfaitement à ce but s'ils s'appliquent avec un zèle sans cesse croissant à connaître, à aimer et à prier ce même Esprit : puisse-t-elle les y animer, cette exhortation qui découle de Notre cœur paternel.

Peut-être aujourd'hui encore, y a-t-il des chrétiens qui, interrogés comme ceux auxquels jadis l'apôtre Paul demandait s'ils avaient reçu le Saint-Esprit, répondraient comme eux : « Mais nous n'avons pas même entendu dire qu'il y ait un Esprit-Saint. » S'il n'en est pas ainsi, du moins beaucoup ne connaissent pas cet Esprit, ils font souvent appel à son nom dans l'accomplissement des actes religieux, mais leur foi est enveloppée de ténèbres.

Aussi tous les orateurs de la chaire sacrée et tous ceux auxquels est confiée la direction des âmes, devront-ils se souvenir qu'il leur appartient de distribuer avec plus de zèle et plus de détails au peuple les enseignements relatifs à l'Esprit-Saint, de telle sorte cependant que soient évitées les vaines entreprises de ceux qui s'efforcent imprudemment de scruter tous les mystères divins.

Il importe plutôt de rappeler et d'exposer largement les nombreux et grands bienfaits qui de cette source divine ont découlé et découlent encore sans cesse sur nous, de telle sorte que l'erreur et l'ignorance relatives à de telles grâces, erreur et ignorance qui sont indignes des fils de la lumière, soient entièrement dissipées. Si Nous Nous montrons si pressant sur ce point ce n'est pas seulement parce qu'il s'agit d'un mystère qui nous conduit directement à la vie éternelle et par conséquent auquel nous devons fermement croire, mais encore parce que plus le bien est connu clairement et complètement, plus il est aimé. En effet – et c'est là, nous l'avons dit, notre second devoir envers l'Esprit-Saint, – nous devons aimer l'Esprit-Saint parce qu'Il est Dieu : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces » (Deut., ,VI, 5). Il doit aussi être aimé parce qu'Il est l'amour substantiel,  éternel, le premier amour; or rien n'est plus aimable que l'amour; Il doit être aimé d'autant plus qu'Il nous a comblés des plus grands bienfaits, qui témoignent de sa munificence et qui appellent notre gratitude.

Cet amour offre un double fruit bien appréciable, certes. Il nous animera à connaître de mieux en mieux l'Esprit-Saint : « Celui qui aime, en effet, comme dit le docteur Angélique, ne se contente pas d'un aperçu superficiel de l'objet aimé, mais il s'efforce de rechercher tout ce qui touche l'intime de celui-ci et il pénètre tellement dans son être que de l'Esprit-Saint, qui est l'amour de Dieu, on dit qu'il scrute même les profondeurs de Dieu » (Summa th. 1 a 2ae q. XXVIII, a. 2.) Il nous gratifiera donc des dons célestes d'autant plus abondamment que nous lui témoignerons plus de gratitude, car si la froideur de celui qui reçoit resserre la main de celui qui donne, par contre, l'amour et la reconnaissance élargissent cette main.

Il faut cependant bien prendre garde que cet amour ne consiste pas dans une aride connaissance et dans une déférence purement extérieure, mais qu'il soit prompt à agir, qu'il évite surtout le péché, d'autant plus coupable qu'il vise spécialement le Saint-Esprit. Tous tant que nous sommes, en effet, nous dépendons de la bonté divine, qui est attribuée principalement au Saint-Esprit ; celui qui pèche offense cet Esprit bienfaiteur ; abusant de Ses dons et de Sa bonté, il devient chaque jour plus audacieux.

Ajoutez à cela que cet Esprit étant l'Esprit de vérité, si quelqu'un pèche par faiblesse ou par ignorance, il aura peut être une excuse aux yeux de Dieu, mais celui qui par malice s'oppose à la vérité ou se détourne d'elle pèche très gravement contre le Saint-Esprit. Or ce vice a pris de notre temps des développements tels, qu'elle semble arrivée cette époque perverse prédite par saint Paul, où les hommes, aveuglés par le très juste jugement de Dieu, regarderont ce qui est faux comme la vérité, et croiront, comme s'il était le maître du vrai, au prince de ce monde, qui est menteur et le père du mensonge : « Dieu leur enverra des artisans d'erreur afin qu'ils croient au mensonge (II Thess., II, 10). Dans des temps prochains, certains s'éloigneront de la foi, s'attachant à l'esprit d'erreur et aux doctrines des démons. »

Mais puisque l'Esprit-Saint, comme nous l'avons dit plus haut, habite en nous ainsi que dans son temple, il y a lieu de rappeler ce conseil de l'Apôtre : « Ne contristez pas le Saint-Esprit de Dieu, duquel vous êtes marqués » (Eph., IV, 30). Et cela ne suffit pas de fuir le mal ; le chrétien doit en outre briller de l'éclat de toutes les vertus, afin de plaire à un hôte si puissant et si bienfaisant ; parmi ces vertus viennent en premier lieu la pureté et la sainteté, qui sont les caractères convenant à un temple.

C'est pourquoi le même apôtre a dit : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l'esprit de Dieu habite en vous? Or, si quelqu'un viole le temple de Dieu, Dieu le perdra ; le temple de Dieu est saint, en effet, et c'est ce que vous êtes. » (I Cor., III, 16, 17). Menaces terribles, certes, mais bien justes.

Enfin, il faut prier et supplier l'Esprit-Saint, car il n'est personne qui n'ait le plus grand besoin de son aide. Chacun, en effet, est dépourvu de sagesse, de force, accablé d'épreuves, porté au mal; chacun, par conséquent, doit chercher un refuge près de Celui qui est la source éternelle de la lumière, de la force, de la consolation, de la sainteté.

Et ce bien surtout nécessaire aux hommes, qui est la rémission des péchés, c'est à Lui surtout qu'il faut le demander : « Le propre du Saint-Esprit, c'est qu'Il est le don du Père et du Fils; la rémission des péchés se fait par l'Esprit-Saint comme par un don de Dieu (Summa th. 3a, q. III. a 8 ad 3um). Cet Esprit est l'objet d'une assertion plus explicite dans le rituel : « Il est la rémission des péchés » (Fer. III post. Pent.)

De quelle manière il faut Le prier, l'Eglise nous l'enseigne très clairement. Elle le supplie et l'adjure par les noms les plus doux « Venez, père des pauvres, venez, distributeur des grâces, venez lumière des cœurs, consolateur excellent, doux hâte de l'âme, notre doux refuge ». Elle le conjure de laver, de purifier, de baigner nos esprits et nos cœurs, de donner à ceux qui ont confiance en lui, le mérite de leurs vertus, une heureuse mort et la joie éternelle. Et l'on ne peut douter qu'Il entendra ces prières, Celui dont il a été écrit : « L'Esprit lui-même supplie pour nous avec des gémissements inénarrables. » (Rom., VIII, 26).

Enfin, il faut lui demander assidûment et avec confiance de nous éclairer de plus en plus vivement, et de nous brûler pour ainsi dire des feux de son amour, afin qu'appuyés sur la charité nous marchions avec ardeur vers les récompenses éternelles, car Il est le gage de notre héritage (Eph., 1, 14).

Vous connaissez maintenant, Vénérables Frères, les avis et les exhortations qu'il Nous a plu de publier pour promouvoir le culte de l'Esprit-Saint. Nous n'en doutons pas, ces conseils, avec le secours de votre zèle, porteront des fruits excellents parmi le peuple chrétien. Pour parvenir à ce but, Nous ne négligerons de Notre côté aucun effort, et Nous Nous proposons de nourrir et de faire progresser cette piété par tous les moyens qui Nous paraîtront favorables.

Et d'abord, puisqu'il y a deux ans, par Notre lettre Provida matris, Nous avons recommandé pour la Pentecôte des prières propres à hâter l'accomplissement de l'unité chrétienne, il Nous plaît de prendre, à ce sujet, quelques décisions plus étendues.

Nous décrétons donc et Nous ordonnons que, dans tout le monde catholique, cette année et toutes celles qui suivront, une neuvaine soit faite avant la Pentecôte, dans toutes les églises paroissiales, et si l'Ordinaire le juge utile, dans les autres églises et sanctuaires. A tous ceux qui auront pris part à cette neuvaine et prié à Nos intentions, Nous accordons en Dieu une indulgence de sept ans et de sept quarantaines pour chaque jour, puis une indulgence plénière, pour l'un de ces jours, celui de la fête même de la Pentecôte, ou l'un des jours de l'octave à tous ceux qui, s'étant confessés et ayant fait la sainte communion, prieront pieusement à Nos intentions.

Nous voulons faire participer également à ces avantages ceux qui, pour un motif légitime, seront empêchés de prendre part à ces prières publiques, ou ceux dans l'église desquels elles ne pourront être faites, d'après le jugement de l'Ordinaire, pourvu toutefois qu'ils fassent une neuvaine en leur particulier et remplissent les autres conditions prescrites.

En outre, il Nous plaît d'attribuer à perpétuité, du trésor de l'Eglise, à ceux qui, en publie ou en particulier, réciteront chaque jour, suivant leur piété, des prières au Saint-Esprit, de l'octave de la Pentecôte, à la fête de la Sainte Trinité, et qui satisferont aux autres conditions, la faculté de gagner les deux indulgences. Nous accordons, en outre, que toutes ces indulgences pourront être attribuées, par suffrage, aux âmes du Purgatoire.

Maintenant Notre espritse reporte aux vœux que nous émettions au début. Nous demandons et demanderons encore leur réalisation à l'Esprit-Saint, en d'ardentes prières. Associez-vous, Nos Vénérables Frères, à ces supplications, et que toutes les nations catholiques joignent leur voix à la Notre en employant l'intercession de la très puissante et bienheureuse Vierge. Vous savez quels liens intimes et admirables l'unissent au Saint-Esprit dont elle est appelée l'épouse immaculée. Sa prière a été très efficace pour le mystère de l'Incarnation et pour la descente du Saint-Esprit sur les apôtres.

Qu'Elle fortifie Nos communes prières de son bienveillant suffrage, afin que, pour ceux qui peinent dans le monde entier, soient accomplis par l'Esprit-Saint les prodiges qui ont été célébrés dans la prophétie de David : « Vous enverrez votre Esprit-Saint et tout sera créé et Vous renouvellerez la face de la terre » (Ps., III, 30).

Comme gage des faveurs célestes et en témoignage de Notre bienveillance, recevez, Vénérables Frères, pour vous, pour votre clergé et pour votre peuple, la bénédiction apostolique que Nous vous accordons très affectueusement dans le Seigneur.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 9 mai 1897, la vingtième année de Notre Pontificat.

LÉON XIII, PAPE. 

VISITES ÉPISCOPALES 

Depuis le 30 décembre 1896, date de la dernière circulaire, notre Communauté de la Maison-Mère a été favorisée de plusieurs visites épiscopales ; savoir :

I. 4 mars 1897. -Visite de Mgr Vidal, évêque mariste, Vicaire apostolique de Fidji, qui adonné la confirmation à un groupe nombreux de juvénistes et de pensionnaires. Dans son allocution à la Communauté, Sa Grandeur a préconisé et recommandé la vertu de simplicité, une des marques distinctives du Mariste.

Il. 24 mars. – De Mgr Livinhac, Supérieur général des missionnaires africains (Pères Blancs), un vaillant parmi les vaillants apôtres qui, des premiers, ont évangélisé les noirs de l'Afrique centrale.

III. 18 mai. – De MgrBradley, évêque de Manchester (Etats-Unis), qui doit à ses mérites d'avoir été élevé à l'épiscopat à l'âge de 39 ans. Nos Frères dirigent dans sa ville épiscopale une école très prospère.

IV. 31 mai. -De Mgr Aguirre y Garcia, archevêque de Burgos, où nos Frères ont un juvénat et un pensionnat avec externat. Son diocèse, qu'il gouverne en véritable apôtre, contient plus de 1100 paroisses. – Sa Grandeur revenait de Rome et était accompagnée de son vicaire général. Elle a laissé à la Communauté une bonne parole sur la vocation religieuse, sur le choix que Jésus-Christ a fait de nous dans un but tout divin, et sur la nécessité d'y correspondre.

Les vénérables prélats, à l'occasion de ces visites, ont donné à notre Institut des témoignages de bienveillance et de sympathie bien propres à nous encourager et à exciter notre reconnaissance. 

AVIS 

Nous faisons réimprimer en ce moment, en un volume in-8°, avec illustrations, la VIE DU VÉNÉRABLE MARCELLIN CHAMPAGNAT primitivement éditée en deux volumes in-12.On la trouvera dans les Procures à l'époque des retraites.

Toute commande devra indiquer si elle a pour objet la Vie complète, ou la Vie abrégée in-8° destinée aux élèves. 

NOUVEAUX OUVRAGES 

Panégyriques, allocutions et discours prononcés à l'occasion de l'introduction de la cause du Vénérable Marcellin-Joseph-Benoît CHAMPAGNAT, 1 fort Volume in-8° de 436 pages. Prix spécial aux Frères, 1 franc.

Cours supérieur d'Histoire de France, nouvelle édition abrégée, à l'usage des candidats au certificats d'études supérieures et aux différents brevets de capacité. Un volume in-12 de 450 pages environ avec illustrations et cartes.

L'ancien Cours supérieur (750 pages) prendra le titre de Cours spécial, à l'usage des candidats aux divers baccalauréats.

Il se prépare une nouvelle édition de notre Méthode d'écriture. Les Frères qui auraient des observations à présenter à ce sujet, sont priés de nous les adresser. 

APPRÉCIATION DE NOS LIVRES CLASSIQUES 

On lit dans le Bulletin de la Société générale d'éducation, du 15 mai 1897 :

« Les Petits Frères de Marie, dont le vénéré fondateur, le bon Père Champagnat, vient d'être déclaré Vénérable, apportent un appoint considérable à l'enseignement primaire chrétien. Leur cours gradué d'histoire de France est un travail de valeur, irréprochable comme esprit ; leurs atlas rivalisent avec ceux de Foncin et sont peut-être ce qu'il y a de plus parfait pour nos écoles primaires ». 

VISITE À NOS FRÈRES DE l'AMÉRIQUE

DU NORD 

Je me propose de m'embarquer le 26 juin, avec le C. Frère Stratonique, Assistant, pour aller visiter nos Chers Frères de l'Amérique du Nord. Nous serons reconnaissants des prières que l'on aura la charité de faire à nos intentions à l'occasion de ce voyage.

Pendant notre absence, qui durera environ six semaines, les Frères de la Provinces de l'Hermitage sont priés de s'adresser au C. Frère Vicaire Provincial pour les besoins d'administration. 

Nos DÉFUNTS 

F. THEOPHILACTE, Profès, décédé à Pasto (Colombie), le 20 décembre 1896.

F. BESSARION, Profès, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 14 janvier 1897.

F. AUTAL, Profès, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 14 janvier 1897.

F. HUMBERTUS, Novice, décédé à Ghyvelde (Nord), le 15 janvier 1897.

F. BONOSE, Stable, décédé à Notre-Dame de l'Hermitage (Loire), le 5 février 1897.

F. CAMÉRIN, Novice, décédé à Notre-Dame de l'Hermitage (Loire), le 11 février 1897.

F. VALERICUS, Profès, décédé à Notre-Dame de l'Hermitage (Loire), le 12 février 1897.

F. LOUIS-NESTOR, Novice, décédé à Virigneux (Loire), le 13 février 1897.

F. DANIEL-ERNEST, Profès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 17 février 1897.

F. AUCTOR, Profès, décédé à Saint-Romain-de-Popey (Rhône), le 26 février 1897.

F. BELLINUS,Profès, décédé à Lifou (Nouvelle-Calédonie), le 4 mars 1897.

F. KENNY,Novice, décédé à Beaucamps (Nord), le 9 mars 1897.

F. EMMANUEL-JOSEPH, Novice, décédé à Paris, rue Guilleminot, le 17 mars 1897.

F. EULOGIO, Obéissant, décédé à Gerona (Espagne), le 25 mars 1897.

F. THOMAS-DE-VILLENEUVE., Obéissant, décédé à Paris, rue Guilleminot, le 27 ars 1897.

F. JUCONDIEN, Profès, décédé à Valbenoîte, à Saint-Etienne (Loire), le 30 mars 1897.

F. GÉRONDIUS, obéissant, décédé à Montréal (Canada), le 7 avril 1897.

F. JUCONDUS, Profès, décédé à Berre (Bouches-du-Rhône), le 12 avril 1897.

F. JOSEPH-EUTHYME, Novice, décédé à Beaucamps (Nord), le 12 avril 1897.

F. NICOLAS-DE-FLUE, Profès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 13 avril 1897.

F. MARIE-SABEL, Obéissant, décédé à Beaucamps Mord), le Ili avril 1897.

F. LEON-ADRIEN, Novice, décédé à Saint-Julien-du-Pinet (Haute-Loire), le 21 avril 1897.

F. GONZALVE, Profès, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 22 avril 1897.

F. CERINUS, Profès, décédé à Varennes-sur-Allier (Allier), le 24 avril 1897.

F. TERTULLIN, Profès, décédé à Charly (Rhône), le 29 avril 1897.

F. HÉRARD,Profès, décédé à Notre-Dame de l’Hermitage (Loire), le 29 avril 1897.

F. ALDEGRIN, Profès, décédé à Varennes-sur-Allier (Allier), le 3 mai 1897.

F. GEDOIN, Profès~ décédé à Mornas (Vaucluse), le 6 mai 1897.

F. ANTHELBERT, Obéissant, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 6 mai 1897.

F. AURÉLIANO, Profès décédé à Aubenas (Ardèche), le 10 mai 1897.

F. BÉNiGNE, Profès, décédé à Varennes-sur-Allier (Allier), le 10 mai 1897.

F. DAMASIUS, Obéissant, décédé à Lavalla (Loire), le 20 mai 1897.

F. FIRMIN-JOSEPH, Profès, décédé à Chalencon (Ardèche), le 20 mai 1897.

F. ISAIE, Profès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 27 mai 1897.

F. BASILIEN-MARiE, Profès, décédé à Lacabane (Corrèze), le 27 mai 1897.

F. THEOMEDE, Obéissant, décédé à Aubenas (Ardèche), le 27 mai 1897.

F. MARIE-BAPTISTE, Profès, décédé à Saint-Martin-de-Valamas (Ardèche), le 28 mai 1897.

   DESCOURS Célestin, Postulant, décédé, à Aubenas (Ardèche), le 6 juin 1897.

 

Je recommande de nouveau aux Frères Directeurs de faire acquitter très exactement les messes prescrites pour les défunts.

Tous les Frères doivent également prendre à cœur d'entendre la Messe, de faire la sainte Communion et de dire l'Office des Morts à l'intention de nos chers défunts, les jours désignés par la Règle. Nous désirons tous certainement, de jouir des mêmes suffrages après notre mort : le meilleur moyen de nous les assurer, c'est de les procurer à nos confrères, parents et bienfaiteurs défunts, selon que nous en avons le devoir.

La présente circulaire sera lue en communauté, aussitôt après sa réception, à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle, et une seconde fois au réfectoire, dans les Maisons de noviciat.

Recevez la nouvelle assurance du tendre et religieux attachement avec lequel je suis, en Jésus, Marie, joseph,

Mes Très Chers Frères,

Votre très humble et très dévoué serviteur,

     F. Théophane.

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