Circulaires 227

Stratonique

1909-02-05

Souhaits. - Nos Constitutions. - Voyage à Rome. - Cause du V. Champagnat. - Audience du Saint-Père. - Notes sur l'Institut communiquées au Pape. - Introduction de la Cause de Béatification du P. Colin. - Erection d'un noviciat. - Avis divers. Préparation au centenaire de 1917. - Recrutement des vocations. - Pratique du dévouement. - Souscription jubilaire.- Carnets d'obédience. - Petite Vie du V. Champagnat. Edition du Directoire général en anglais. - Faveurs attribuées à l'intercession du V. Champagnat. - Défunts.

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Circ. Sup. 09.1

 V. J. M. J.

                                                                             Grugliasco, le 2 février 1909.

                                                     (Fête de la Purification de la Sainte Vierge.)

      Mes Très Chers Frères,

A l'occasion de la nouvelle année, dont plus d'un mois est déjà écoulé, vous m'avez exprimé des souhaits que j'ai reçus avec reconnaissance et comme un témoignage de votre esprit filial et de votre piété. De mon côté, je n'ai pas manqué d'adresser à Dieu les vœux les plus ardents pour le bonheur de tous les membres de la Congrégation, sans en excepter l'intéressante jeunesse qui aspire à en faire partie, et qui, toujours s'accroissant, donne de si consolantes espérances.

Mais le bonheur qu'on se souhaite réciproquement existe-t-il sur la terre ? Oui, sans aucun doute : Dieu, qui nous a créés et qui nous aime comme ses enfants, veut que nous soyons heureux en ce monde et en l'autre, et il dispose toutes choses pour qu'il en soit ainsi. Mais il y met des conditions : lesquelles ? Pour nous, mes Frères, elles se trouvent dans cette première ligne de nos Constitutions : « Le but principal des Petits Frères de Marie est de travailler à la plus grande gloire de Dieu et à leur propre sanctification » ; puis dans cette première partie de l'Oraison dominicale : « Notre Père, qui êtes aux cieux, que votre nom soit sanctifié ; que votre règne arrive ; que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».

Efforçons-nous de nous conduire conformément aux enseignements contenus dans ces deux citations, et notre année sera véritablement heureuse. 

Nos CONSTITUTIONS. 

J'ai pensé qu'il y aurait utilité et intérêt pour nos Frères, novices et postulants, à ce que je les entretienne ici de nos Constitutions.

D'abord, on entend par Constitutions d'un Institut un ensemble de règles canoniques codifiant les principes et les moyens d'action de la vie religieuse, selon que l'Eglise, dans sa sagesse, les trouve propres à être adaptés à cet Institut pour le conduire à sa fin toujours double: fin générale et fui spéciale. La fin générale consiste, pour ses membres, à se proposer la gloire de Dieu et leur propre sanctification, par la pratique des trois vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance et des Constitutions. Cette partie des Constitutions ne varie pas. Il n'en est pas de même de la fin spéciale : elle se modifie selon le but secondaire que se propose l'Institut. Les Constitutions sont, à proprement parler, l'acte constitutif d'un Institut, un acte qui lui donne la stabilité, quand elles sont approuvées par le Saint-Siège. C'est pourquoi elles doivent être rédigées d'une façon précise, claire et complète, et ne rien contenir de ce qui n'aurait qu'une durée transitoire ; pourquoi aussi, elles doivent avoir subi l'épreuve de l'expérience et du temps, avant d'être présentées à l'approbation définitive de l'Eglise.

Mais qui doit d'abord préparer les Constitutions et en fournir les éléments ?

Ce sont les Fondateurs, les Supérieurs et les Chapitres généraux ; et c'est ce qui a eu lieu en ce qui concerne notre Institut, comme nous le verrons dans les pages suivantes.

Par ce qui vient d'être dit sur leur origine et sur leur double but, déjà on peut juger de l'importance des Constitutions dans un Institut, de l'estime et du respect qu'elles méritent. Mais on en sera, j'espère, plus convaincu encore après la lecture du court historique qui va suivre. 

ORIGINE DE L'INSTITUT ET DE SES CONSTITUTIONS. 

Presque toujours un Institut religieux, comme d'ordinaire les oeuvres de Dieu, commence humblement, petitement, pauvrement ; c'est le grain de sénevé destiné à devenir un grand arbre.

Un ecclésiastique zélé, homme de Dieu et d’œuvres, a la première idée d'un bien spécial à faire, et a cherché des coopérateurs pour entrer dans ses vues et seconder ses plans. Il s'en est présenté un, deux, puis d'autres ; un groupement s'est formé, s'est accru, et peu à peu, c'est un Institut qui a pris corps ; il demande l'approbation de l'évêque, lui soumet l'ensemble des règlements adoptés et sollicite la permission de se lier à Dieu par les trois vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance.

Ainsi a commencé notre Institut.

L'abbé Champagnat, alors qu'il était encore élève au grand séminaire, eut la première idée d'un Institut de Frères enseignants. Devenu prêtre et envoyé comme vicaire à Lavalla, il est frappé de l'ignorance de l'enfance. Dès lors il est convaincu de la nécessité de mettre au plus tôt son projet à exécution. En 1817, après avoir fait choix de deux pieux jeunes gens, il les réunit en communauté dans une pauvre maison de la paroisse, qui lui avait coûté seize cents francs, leur donne un règlement journalier comprenant : prières du matin et du soir en communauté, assistance quotidienne à la Sainte Messe, visites au Saint Sacrement, quelques courtes lectures spirituelles, travail manuel. Ce fut là comme un premier élément de constitution.

Peu de temps après, lorsque la communauté se fut accrue et qu'elle comptait déjà six membres, savoir :

F. Jean-Marie ;                    F. Antoine ;

F. Louis ;                            F. Barthélemy ;

F. Laurent ;                         F. François ;

le Vénérable Fondateur leur donna un nouveau Règlement, qui était comme une Constitution plus développée, plus complète : costume uniforme pour tous, nom de religion, établissement d'une hiérarchie par l'élection d'un Directeur au scrutin secret, introduction dans le règlement des principales pratiques de la vie religieuse ; lever à 5 heures, prière en communauté suivie d'une demi-heure d'oraison mentale, Sainte Messe, Petites Heures de l'Office de la Sainte Vierge, étude ; à 7 heures, déjeuner, puis travail manuel en silence ; dîner à midi, suivi de la visite au Saint Sacrement et de la récréation en communauté, les conversations devant rouler sur des sujets édifiants ou sur des matières d'enseignement et d'éducation.

L'après-midi, travail manuel en silence, comme le matin. A 6 heures, vêpres et complies, matines et laudes de l'Office de la Sainte Vierge, puis chapelet et lecture spirituelle. Ensuite le frugal souper suivi de la récréation. Enfin, prière du soir en communauté, lecture du sujet de méditation pour le lendemain et coucher à 9 heures. L'exercice de la coulpe avait lieu chaque vendredi. On faisait la lecture de table pendant les repas.

Comme on le voit, la Communauté, quoique bien peu nombreuse, avait une allure tout à fait conventuelle.

Ce qui y était surtout caractéristique, c'était la vie en commun en tout et partout. Il ne sera pas sans profit pour tous les Frères de l'Institut, répandus aujourd'hui dans le monde entier de remarquer ce caractère saillant de la vie de nos premiers Frères.

L'organisation complétée et perfectionnée, comme nous venons de le voir, formait, à cette époque, toute la Constitution de l'Institut.

Elle avait été conçue, examinée, mûrie devant Dieu et recommandée à Marie, celle que le Vénérable Fondateur se plaisait à appeler la vraie Fondatrice et la première Supérieure de l'Institut naissant. Aussi ne faut-il pas s'étonner si elle produisit des fruits vraiment merveilleux.

Qui d'entre nous ne serait saisi d'admiration et grandement édifié en lisant le tableau qu'a tracé de la Communauté de Lavalla à cette époque, un des membres qui en faisaient partie ?

« La Communauté, quoique composée de jeunes gens simples et ignorants, retraça bientôt les vertus de son chef. L'amour de la prière, le recueillement et la ferveur étaient admirables. On trouvait le temps des exercices de piété trop court ; on demandait à continuer ses entretiens avec Dieu, on regardait comme une faveur insigne la permission de les prolonger, de faire une visite au Saint Sacrement, de réciter un chapelet ou de faire quelque autre exercice semblable pendant les récréations, ou le soir après qu'on avait lu le sujet de méditation. Pendant tout le temps que j'ai eu 'le bonheur de passer au noviciat de Lavalla, je ne sache pas qu'aucun novice ait manqué de se lever à l'heure et de faire sa méditation avec la Communauté. S'il arrivait à quelqu'un de faire une faute, de manquer à un point de Règle, il n'attendait pas d'être repris, mais il demandait lui-même une pénitence à genoux devant la Communauté. La charité, l'union et la paix étaient admirables. Jamais aucune dispute, jamais aucune parole propre à offenser ou à blesser quelqu'un. Nous nous aimions tous comme des frères; point d'amitiés particulières, point d'antipathies, point de singularités : nous n'avions tous qu'un cœur et qu'une âme. Quelqu'un était-il dans le besoin ? tous les autres rivalisaient de zèle et de dévouement pour le secourir et pour le soulager. Le temps des récréations se passait à chanter des cantiques ou dans ,des entretiens, toujours édifiants ; les plaintes, l'ennui, le découragement, étaient inconnus. Une douce gaîté, une sainte joie, une grande modestie étaient les dispositions habituelles de chacun et se faisaient remarquer sur tous les visages. L'amour le plus tendre et le respect le plus profond pour notre bon Père et pour les Frères qui nous dirigeaient et qui nous instruisaient, l'obéissance et la soumission la plus parfaite à leurs volontés, la simplicité et l'humilité : telles étaient les principales -vertus qui brillaient dans la conduite de tous les novices.

« Oh ! heureux temps, où êtes-vous ? Je ne puis m'en rappeler le souvenir sans que les larmes m'en viennent aux yeux. » 

*     *

Le Père Champagnat avait été en butte à bien des contradictions, lorsque, en 1821, Mgr de Pins, Archevêque d'Amasie, qui venait d'être nommé administrateur du diocèse de Lyon, lui accorda sa bienveillante protection, et lui permit de donner un costume à ses Frères, et de les admettre à faire des vœux. Le costume religieux tel que nous l'avons encore aujourd'hui, fut en effet adopté en cette même année ; et la première émission de vœux temporaires et de vœux perpétuels eut lieu en 1826. Ce furent comme deux étapes importantes dans la marche progressive de l'organisation de l'Institut.

Un détail relatif au costume mérite d'être noté en passant, car il souleva alors une vive opposition : c'est celui qui a rapport aux bas de drap. Le Vénérable Fondateur se montra sur ce point, comme d'ailleurs sur tout ce qui intéressait la bonne organisation et la bonne marche de son oeuvre, d'une rare et prudente fermeté.

Il s'est écoulé depuis lors une période de quatre-vingts ans. Pendant ce temps, de nombreux Chapitres généraux se sont tenus, et toujours, ils se sont fait un devoir de maintenir ce qu'avait réglé le Vénérable Fondateur sur ce point.

Tous les Petits Frères de Marie, quelle que soit la latitude, quel que soit le climat du pays où ils sont placés par l'obéissance, doivent avoir grandement à cœur de se conformer parfaitement à ce point de nos Constitutions.

En 1837, trois ans avant sa bienheureuse mort, le Vénérable Fondateur put couronner son travail d'organisation constitutionnelle en donnant à ses Frères la première Règle imprimée. Ce fut un événement de grande importance pour l'Institut.

Prières ferventes et persévérantes, étude approfondie devant Dieu dans la méditation, consultations nombreuses des principaux Frères et de plusieurs personnes sages et éclairées étrangères à l'Institut, expérimentation pratique prolongée, tels furent les moyens de haute et sainte prudence que le Vénérable employa, pendant une période de vingt années, pour mener à bonne fin cet important travail.

Qui ne verrait et n'admirerait ici l'action de la bonne Providence et l'intervention de la Très Sainte Vierge Marie préparant et disposant toutes choses pour que, au moment qui était proche, où le Vénérable Fondateur allait manquer à son Institut pour aller à l'éternelle récompense, tout fût bien réglé et eût fonctionné pendant quelque temps sous ses yeux ?

Cette première Règle imprimée, dont nous conservons encore précieusement quelques exemplaires, fut accueillie avec bonheur par tous les Frères. On y trouve les statuts qui convenaient bien alors à l'Institut, tout ce que demandait sa bonne organisation, tout ce qui pouvait lui imprimer une marche régulière et sûre, et lui donner une stabilité qui pût inspirer confiance dans son avenir.

Aussi, après la mort du Vénérable Fondateur, vit-on dans l'Institut cette ère de grande prospérité qu'il avait prédite au Frère Stanislas.

Quinze années s'écoulèrent pendant lesquelles rien ne fut modifié dans l'organisation constitutive de 1837, sauf un appendice contenant 37 articles nouveaux, qui furent ajoutés à la Règle en 1844.

Ces articles avaient été étudiés en réunion et adoptés à la suite de la retraite annuelle de cette année-là. 

*      *

Nous voici arrivés à la grande date de 1852. Le nombre des sujets s'est considérablement augmenté ; les établissements se sont multipliés, l'Institut compte quatre provinces : celle du Centre, les deux du Midi et celle du Nord. La première édition de la Règle est épuisée.

Le Régime de l'Institut, composé du R. Frère François, Supérieur général, et de ses deux Assistants, Frère Louis-Marie et Frère Jean-Baptiste, sent le besoin et l'utilité de réunir un Chapitre Général pour préparer une nouvelle édition de la Règle, avec des additions considérables ; de sorte que le travail du Chapitre devait comprendre trois parties : Règles Communes, Guide des Ecoles, des Constitutions ou Règles du Gouvernement.

Les Capitulants, au nombre de trente, furent élus dans chaque province par les Frères profès. Avec les trois. membres du Régime, le Chapitre se composa donc de trente-trois membres.

Il se réunit à l'Hermitage et il tint trois sessions : la première en 1852 ; la deuxième en 1853 ; et la troisième en 1854.

Dans la première session, les Règles Communes furent étudiées et adoptées. Dans la deuxième, on étudia et adopta le Guide des Ecoles. Enfin la troisième session eut pour objet l'étude et l'adoption des Constitutions, ou Règles du Gouvernement.

Le travail considérable réalisé dans ce Chapitre Général fut d'une très grande importance pour notre Institut. Le R. Frère François, en rendant compte de ces travaux à tous les Frères, dans une lettre circulaire, leur disait : « Les Frères Capitulants se sont livrés avec une application digne de tout éloge à l'étude et à l'examen des Règles qui leur étaient soumises, et leurs travaux: nous ont été de la plus grande utilité. Les observations qu'ils ont faites et qu'ils ont soutenues dans les séances générales avec une modestie, une force et une liberté qui honorent leur caractère, n'ont pas peu contribué à perfectionner nos Règles et à leur donner ce cachet de piété qu'il vous sera facile d'y remarquer. »

Après avoir terminé leurs travaux, les Capitulants, adressèrent eux-mêmes une circulaire à tous les Frères. Nous y remarquons surtout deux passages sur lesquels il me semble très utile d'appeler tout particulièrement l'attention des Frères qui composent aujourd'hui l'Institut.

« Nous croyons nécessaire, N. T. C. F., disaient les, Capitulants, de vous rappeler ce que nous avons dit ailleurs, savoir : que les Règles et les Constitutions de l'Institut, au moins pour le fond et quant aux principes, ne sont pas de nous, mais de notre bien-aimé Père. »

Ils ajoutaient un peu plus loin :

« Nous n'avions pas à discuter ces principes, ni moins encore à en ajouter ou retrancher aucun, mais à les prendre et accepter tels que notre pieux Fondateur nous les a donnés. Leurs applications et leurs développements seuls pouvaient être le sujet de nos délibérations ; et encore, nous devons le dire, la plus grande partie de ces développements nous ont été fournis par la Règle et les écrits que nous a laissés le R. Père Champagnat, ou par les usages qu'il avait établis parmi nous. Notre mission se bornait donc à recueillir, à mettre en ordre, à expliquer et à compléter ces divers enseignements; elle consistait surtout à reconnaître et à accepter pour nous et pour tous nos Frères, le précieux héritage de notre vénéré Père, comme notre devoir le plus important et le plus sacré est de vous le transmettre tel que nous l'avons reçu, afin qu'à votre tour, vous le léguiez à ceux qui viendront après vous. Recevez donc, N. T. C. F., avec un profond respect, ce précieux dépôt, conservez-le avec soin, et remettez-le pur et entier à vos successeurs. »

Ainsi, mes très chers Frères, en nous reportant à 55 ans dans le passé, voyons-nous que les Capitulants d'alors pensaient à nous qui composons aujourd'hui la Congrégation. Ils nous confiaient par avance un dépôt précieux en nous invitant à le transmettre nous-mêmes aux générations de l'avenir.

Nous aurons tous grandement à cœur de remplir de notre mieux ce devoir sacré.

L'accroissement de l'Institut fut prodigieux pendant les années qui suivirent le Chapitre Général de 1852 et la mise en pratique de ses décisions.

C'est ce qu'écrivait le Rév. Frère François dans sa circulaire du 6 janvier 1857.

Comme nous voyons bien là, mes très chers Frères, la réalisation de l'assurance donnée par le Vénérable Fondateur, quelques jours avant sa mort, au Frère Louis-Marie, en présence du Frère François : « Allons ! mon Frère, lui dit-il, en lui serrant la main, secondez le Frère François de tout votre pouvoir; entendez-vous bien avec lui ; vous aurez beaucoup d'embarras, mais, ayez confiance, le bon Dieu sera avec vous, car c'est son oeuvre que vous faites; avec son secours, vous vaincrez tous les obstacles que l'ennemi pourra vous susciter. Puis, ne l'oubliez pas, vous avez la Sainte Vierge, qui est la ressource de la maison ; sa protection ne vous manquera jamais» 

*      *

*

 Un complément de grande importance, ou, pour mieux dire, un couronnement manquait à l’œuvre si laborieusement élaborée et si heureusement menée à bonne fin dans les trois sessions du Chapitre Général c'était l'approbation par le Saint-siège Apostolique.

Le Rév. Frère François écrivait à cette époque : « La protection de Marie, si visible sur notre oeuvre, est ce qui nous soutient à travers tous les obstacles et toutes les difficultés; c'est ce qui nous permet, malgré notre faiblesse, de tout entreprendre et de tout oser pour le bien de la Société ». Quelle admirable parole !

Armé de ces sentiments d'absolue confiance en Marie se décide à partir pour Rome en compagnie du Frère Louis-Marie. C'était au commencement de février 1858, juste au moment des apparitions de la Très Sainte Vierge à Lourdes. Cette coïncidence est digne d'être remarquée.

L'accueil le plus paternel et le plus bienveillant fut fait par Sa Sainteté Pie IX au Frère Supérieur et à son Assistant.

« Oui, leur dit le Saint-Père, je bénis très volontiers les membres de votre Institut. Je prie Dieu qu'Il les remplisse tous de son esprit, afin qu'ils fassent beaucoup de bien parmi les enfants, qu'ils s'édifient les uns les autres et qu'ils se sanctifient. »

C'était la première fois que des Petits Frères de Marie étaient admis à l'audience du Vicaire de Jésus-Christ. Aussi cette visite et cette bénédiction furent-elles pour l'Institut un événement mémorable.

1 Les Constitutions ou Règles du Gouvernement et les Règles Communes furent présentées à la Sacrée Congrégation des Evêques et Réguliers, avec un extrait des dites Constitutions contenant vingt articles fondamentaux; plus les lettres testimoniales de trente-deux archevêques et évêques. En même temps, par une supplique, on demandait au Saint-Père l'approbation de l’Institut.

Le 7 décembre 1859, Sa Sainteté, touchée du grand accroissement qu'a pris l'Institut et des fruits abondants qu'il a produits, a daigné le louer et le recommander par les paroles les plus élogieuses dans la Sacrée Congrégation des Evêques et Réguliers.

Une Commission spéciale, prise parmi les membres de la Sacrée Congrégation des Evêques et Réguliers, avait été chargée par le Souverain Pontife de l'examen des Constitutions et des Règles.

Elle fit diverses observations qui furent soumises au Chapitre Général de 1862, lequel y répondit, après avoir mûrement étudié ce qui en était l'objet.

Enfin, grâce à Dieu et à l'immaculée Vierge Marie, Sa Sainteté Pie IX, à la date du 9 janvier 1863, promulgua le Décret d'approbation tant désiré.

En l'annonçant à la Congrégation, le Frère Louis-Marie fit éclater sa joie, et invita tous les Frères à témoigner leur reconnaissance à Dieu.

« Nos vœux sont enfin exaucés, dit-il, et la faveur insigne que nous sollicitions avec tant d'instances, que nous attendions si ardemment, vient de nous être heureusement accordée.

« Nous nous unirons tous pour remercier Dieu de cette grande grâce, et nous nous efforcerons d'y répondre de plus en plus par un redoublement de zèle et dévouement dans l'éducation chrétienne des enfants, de régularité et de ferveur dans l'accomplissement de tous nos devoirs . »

Au Décret était annexé un Corps de Constitutions en 69 articles, que le Saint-Siège donnait à l'Institut par manière d'essai, fixant pour cette expérience un délai de cinq ans.

Plusieurs difficultés d'application pratique sur certains points de ces nouvelles Constitutions paraissant graves, des observations respectueuses, furent présentées à ce sujet. On demanda, en toute docilité, au Saint-Siège, de surseoir à l'expérimentation de quelques articles. Divers indults furent accordés à cet effet.

Il s'écoula ainsi une longue période de quarante années.

Les divers Chapitres Généraux, tenus pendant cette période, s'occupèrent tous d'arriver progressivement à la mise en pratique des Constitutions données à l'essai par Rome.

En agissant ainsi, ils entraient dans la pensée du Chapitre général de 1852 et se conformaient à un arrêté qu'il avait pris dans sa troisième session à la date du 18 niai 1854.

En voici la teneur

« Les présentes Règles du Gouvernement, divisées en deux parties et contenant, la 1ièrepartie, quatorze chapitres, et la 2nde, six chapitres, sont définitivement arrêtées ; toutefois un nouveau Chapitre pourra faire les modifications, que l'approbation de l'Institut par le Saint-Siège pourrait rendre indispensables, ou dont l'expérience jusqu'à cette époque démontrerait la nécessité ».

La bonne Providence, qui prend toujours soin de tous les hommes et des oeuvres destinées au bien en ce monde, ne manqua pas de disposer toutes choses pour que l'Institut fût bien prêt, sinon à triompher, du moins à atténuer les effets du complot satanique, qui se tramait contre toutes les Congrégations religieuses, et qui, en 1903, éclata en accumulant tant de ruines.

Sans être imprévu, ce terrible désastre n'en fut pas moins une surprise pour beaucoup.

Mais Marie, notre céleste Protectrice, veillait sur son oeuvre. Elle fut, en cette circonstance, pour notre chère Congrégation, une Mère prévoyante et une puissante sauvegarde dans le péril, comme Elle l'avait été tant de loir, dans le passé.

On en vit la preuve quand le vénéré Frère Théophane, qui avait tenu le gouvernail de la Congrégation d'une main si prudente et si ferme pendant vingt ans, se sentit poussé à faire auprès du Saint-Siège les démarches nécessaires en vue d'obtenir la confirmation définitive des Constitutions de l'Institut. Il fit, dans ce but, plusieurs voyages à Rome.

Grâce à Dieu, juste au moment où cette confirmation allait devenir si nécessaire, elle nous fut accordée par Sa Sainteté Léon XIII, par le Décret du 27 mai 1903 rendu quelques semaines après, alors que le Chapitre général, auquel ces Constitutions avaient été présentées, les avait acceptées.

Je me plais à transcrire ici ce Décret, qui fut à ce moment et qui sera, dans la suite, ce point d'appui solide dont j'ai parlé plus haut. 

DÉCRET 

Notre Très Saint-Père, Léon XIII, Pape par la divine Providence, vu l'abondance des fruits salutaires qu'a produits l'Institut des Frères Maristes des Ecoles, et vu surtout les lettres de recommandation des Evêques des lieux où demeurent lesdits Frères, dans l'audience accordée au soussigné Cardinal Préfet de la Sacrée Congrégation des Evêques et Réguliers, le 18 de ce mois, a approuvé et confirmé les Constitutions de cet Institut, telles qu'elles sont contenues dans cet exemplaire, dont l'autographe est conservé dans les Archives de ladite Sacrée Congrégation, comme il les approuve et les confirme par la teneur du présent décret, sans préjudice de la juridiction des Ordinaires, conformément aux Sacrés Canons et Constitutions apostoliques.

Donné à Rome, au Secrétariat de ladite Sacrée Congrégation des Evêques et Réguliers, le 27 mai 1903.

                       D. Card. FERRATA, Préfet,

                                       Ph. GIUSTINI, Secrétaire.  

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 « Qui vous écoute, m'écoute ! » avait dit Notre-Seigneur à saint Pierre. Nous pouvons dire de même : qui écoute Léon XIII, successeur de Pierre, écoute Jésus-Christ.

Nous sommes donc bien certains, M. T. C. F., que nos Constitutions confirmées et définitivement approuvées par le Saint-Siège sont pour nous l'expression de la volonté de Dieu, et que, par suite, si nous les observons, elles sont pour chacun de nous le meilleur, le plus sûr moyen de salut, d'avancement dans la perfection, et, pour l'Institut en général, aussi le meilleur et le plus sûr moyen de remplir fructueusement la mission qui lui est confiée dans l'Eglise.

C'est là un principe fondamental, une vérité dont nous ne saurions trop nous pénétrer.

il importe donc que, dans tous nos noviciats, les postulants et les Frères novices s'instruisent des Constitutions et des Règles qui en sont le développement ; qu'on leur apprenne à en faire grand cas et à les observer ; qu'il en soit de même dans les scolasticats pour les Frères qui sont aux études; de même encore pour les Frères des établissements. Il faut qu'en avançant en age, on s'applique à se faire des convictions religieuses de plus en plus solides, à se pénétrer plus fortement des obligations de la vie religieuse.

« Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père », disait Notre-Seigneur.

Disciples de Jésus-Christ, nous devons, nous aussi, faire de la volonté de Dieu notre nourriture. Or cette volonté, nous la trouvons exprimée dans nos Constitutions et nos Règles: nous devons par conséquent faire de nos Constitutions et de nos Règles notre nourriture de tous les jours, la nourriture de notre âme, comme nous faisons du pain matériel l'aliment quotidien de notre corps.

Comme la privation de nourriture fait tomber le corps dans un état de faiblesse et de dépérissement et peut, si elle se prolonge, le conduire à la mort, de même l'âme religieuse, privée de cette partie de sa nourriture, qui est la régularité, languit, s'étiole et finit par ne plus animer qu'un fantôme de religieux. C'est ce que nous a appris l'expérience de tous les temps.

Quel heureux contraste présente le Frère assidu à nourrir toujours sa vie religieuse de parfaite régularité ! Il a une santé spirituelle vigoureuse ; il jouit habituellement de la paix et de la sainte joie ; il contente et édifie ceux qui sont autour de lui ; son travail, béni de Dieu, est fécond pour le bien, et enfin il s'assure la grâce inappréciable de la persévérance finale.

Ce que nous venons de dire des Frères considérés individuellement, on peut le dire aussi, en général, de nos diverses communautés considérées dans leur ensemble.

Il nous a été donné de le constater de nos propres yeux, dans les visites faites à nos établissements des diverses parties du monde.

Puisse la Très Sainte Vierge Marie, par sa maternelle et puissante influence, nous donner plus que jamais des religieux faisant, à l'exemple de Notre-Seigneur, leur nourriture de l'accomplissement de la volonté de -Dieu par l'exactitude parfaite et constante à toutes les. prescriptions de nos Constitutions et de nos Règles.

S'il plaît à Dieu, nous continuerons, dans une autre Circulaire, à vous entretenir de nos Constitutions. 

VOYAGE A ROME. 

Notre qualité d'enfants privilégiés de la Sainte Eglise et les titres déjà nombreux et signalés que le Souverain Pontife, glorieusement régnant, s'est acquis à la reconnaissance de notre Institut, nous faisaient une douce obligation de prendre part à la grande et magnifique manifestation de piété filiale de l'Univers Catholique envers Sa Sainteté le Pape Pie X, à l'occasion de son Jubilé sacerdotal.

C'est pour cela qu'au début du mois de décembre dernier, je me suis rendu à la Ville Eternelle, en compagnie du Cher Frère Angélicus, Assistant Général.

La divine Providence a permis que nous arrivions juste au moment où le Saint-Père avait reçu de son médecin l'ordre de suspendre ses audiences et de prendre un repos qui lui était certes bien nécessaire, après le surcroît de fatigue imposé à l'occasion des grandes fêtes jubilaires.

Nous n'avons pas manqué de profiter de l'attente d'audience qui nous était imposée, pour nos occuper des intérêts de notre chère Congrégation.

Le jour même de notre arrivée à Rome, nous eûmes le bonheur d'y rencontrer le R. Père Raffin, Supérieur Général de la Société de Marie, qui montre, comme beaucoup d'entre vous le savent déjà, une si grande et si religieuse sympathie pour notre Congrégation ; il nous en a donné de nombreux témoignages. Il se plaît à appeler nos deux Sociétés du gracieux nom de sœurs jumelles. La circonstance de notre rencontre dans la Ville Eternelle avait cela de particulier que c'était le jour même où la Sacrée Congrégation des Rites décidait l'Introduction de la Cause de béatification du Père Colin et, par suite, lui décernait le titre de Vénérable.

Nous fûmes heureux d'unir nos sentiments de joie à ceux du Vénéré Supérieur Général et du R. Père Copéré, postulateur, et, à cette occasion, de témoigner avec eux notre reconnaissance à Marie, la Mère Commune des deux Sociétés.

Comme dans notre précédente visite à Rome, en janvier 1908, nous avons trouvé, cette fois, un accueil bienveillant, paternel, je pourrais même dire cordial, auprès des Eminentissimes Prélats que nous avions à voir.

 Son Eminence le Cardinal Ferrata, notre Protecteur, fut tout heureux d'entendre le bon ensemble des nou­velles que nous lui avons données de l'Institut. Il nous est toujours tout dévoué et ne manque jamais l'occasion de se servir de l'expression Notre chère Congrégation, quand il parle de l'Institut ou qu'il nous écrit. Il a même eu l'extrême bonté de nous dire qu'il serait heureux de venir nous faire une visite à Grugliasco, quand il aurait l'occasion de venir dans le nord de l'Italie.

Son Eminence le Cardinal Vivès y Tuto, qui est maintenant Préfet de la Congrégation des Religieux, et à qui, par conséquent, arrivent de toutes les parties du monde des renseignements sur tous les Instituts religieux et leurs oeuvres, n'eut que des éloges et des encouragements à nous donner.

Nous sommes sortis de son audience bien satisfaits et bien reconnaissants. Il a daigné nous donner une paternelle bénédiction pour nous qui étions présents, pour tous nos Frères répandus dans les diverses parties du monde et pour toutes nos oeuvres

Nous ne pouvions manquer de faire une visite à Son Eminence le Cardinal Cretoni, Préfet de la Sacrée Congrégation des Rites.

Quoique indisposé, il eut la bonté de nous admettre auprès de lui, de s'informer avec un paternel intérêt de la marche de notre Institut, des difficultés que nous rencontrions dans l'accomplissement de notre mission, etc.

Mais, ce dont il nous parla surtout, ce fut de la Cause de béatification de notre Vénérable Fondateur. Il ne manqua pas de nous répéter ce qu'il nous avait déjà dit dans l'audience de janvier 1908, à savoir qu'il la trouve très belle, que son désir est de la voir aboutir bientôt à la béatification, et qu'il est tout disposé à faire tout ce qui dépendra de lui pour cela.

Dès les premiers jours de notre arrivée à Rome, la bonne Providence nous a ménagé une très agréable rencontre au Vatican, celle de Sa Grandeur Monseigneur Bruchési, archevêque de Montréal. A son retour du Congrès Eucharistique de Londres, où il avait pris une part si remarquée, il était venu à Rome pour assister aux fêtes jubilaires et, de concert avec Sa Sainteté, s'occuper de la préparation du Congrès Eucharistique qui doit se tenir à Montréal en 1910.

Le bon archevêque, après nous avoir reçus en audience le lendemain au Collège Canadien, voulut bien nous faire l'honneur et le plaisir de venir passer quelques heures avec nous, en notre maison de Rome. On conservera longtemps, au Collège Saint-Léon-le-Grand, le souvenir de la délicieuse amabilité du vénéré Prélat dans cette circonstance. La relation de sa visite sera certainement une belle page dans les annales de cette maison.

Pour ne pas trop prolonger la relation de nos visites aux prélats, je me bornerai à vous dire sommairement :

1° Que Son Eminence le Cardinal-Archevêque de Rio De Janeiro nous fit le meilleur accueil au Seminario latino Americano, où il avait sa résidence,

« Je suis content, très content, nous dit-il, des Frères Maristes qui sont dans mon diocèse et dans les autres diocèses du Brésil.

« Je désire que vous ouvriez de nouvelles écoles et notamment dans les populeux faubourgs de la ville de Rio. »

Consulté par nous sur l'appel qui nous est fait de fonder des établissements au Pérou, le vénéré Cardinal n'a pas hésité un instant à nous conseiller fortement d'accepter les écoles qui nous seront offertes dans ce pays.

2° Sa Grandeur Monseigneur M' Sherry, Vicaire Apostolique (district oriental), colonie du Cap, n'a eu que de bons témoignages à nous donner de nos Frères établis dans son Vicariat. Il désire que les écoles déjà existantes se consolident et se développent de plus en plus. Il verrait avec le plus grand bonheur que nous puissions en fonder de nouvelles.

3° Monseigneur Miller, Vicaire Apostolique du Transvaal, en nous parlant de son Vicariat, nous a tenu le même langage que Mgr M' Sherry.

4° Monseigneur Dontenville venait d'être élu Supérieur Général des Pères Oblats de Marie Immaculée.

Notre devoir était d'aller lui présenter nos respectueux hommages en leur maison généralice, et de lui demander si nos Frères, qui travaillent dans les Ecoles fondées par les Pères Oblats à Montréal, à Lowell, à Ville-Marie, à Brownsville, et dans l'Afrique du Sud, leur donnent satisfaction.

Affabilité, cordialité, sainte joie expansive, voilà quels furent les caractères de l'accueil que nous fit le vénéré Supérieur Général.

« Les Pères Oblats de Marie- Immaculée, nous dit-il, et les Petits Frères de Marie ne sont-ils pas les fils privilégiés de la même Mère ? Comment pourraient-ils ne pas faire du bon travail dans le champ du Seigneur ?

« Aussi je suis heureux de pouvoir vous dire que tout va bien et que nos Pères sont contents de vos Frères. »

Et il ajouta : « Quand nous donnerez-vous de vos Frères pour la Colombie Britannique et pour les autres Provinces de l'Ouest Canadien, et notamment pour Vancouver ? »

N'est-ce pas vraiment bien consolant, M. T. C. F., d'entendre de tels témoignages de satisfaction ?

Et nous nous disions en quittant ce vénéré Supérieur Général et après avoir reçu sa bénédiction 'La moisson est abondante; pourquoi faut-il que nous ne soyons pas en mesure de donner les ouvriers que l'on nous demande pour aider à la cueillir ?

5° Monseigneur Arbolède, archevêque de Popayán (Colombie), s'est félicité de recevoir la visite du Frère Supérieur Général.

Nous ne fûmes pas moins heureux que lui de faire sa connaissance. Quel bon et saint prélat ! Comme il est dévoué à nos Frères de Colombie !… Son influence est grande dans le pays, et il ne manque aucune occasion de l'employer pour protéger nos Frères, et pour aider au maintien et au développement de nos oeuvres Nous lui devons une grande reconnaissance. 

CAUSE DE BÉATIFICATION DU VÉNÉRABLE PÈRE CHAMPAGNAT. 

Vous êtes sans doute légitimement impatients, M. T. C. F., de savoir où en est la cause de béatification de notre Vénérable Père, ce qu'on nous a dit à Rome, et ce que nous avons fait pour en activer la marche.

Non seulement Son Eminence le Cardinal Cretoni, Préfet des Rites, la trouve très belle, comme je vous l'ai déjà dit plus haut, mais Son Eminence le Cardinal Ferrata, qui en est le Ponent, Monseigneur Salotti, qui en est l'Avocat, le R. Père Copéré, S. M., qui en est le Postulateur, et même Mgr Verde et Mgr Mariani, qui sont respectivement promoteur et sous-promoteur de la Foi, nous ont dit unanimement qu'elle se présente dans les meilleures conditions. Toutefois, unanimement aussi, ils nous ont posé la même question : Avez-vous de bons miracles à présenter ? C'est là maintenant le point important pour la faire aboutir promptement.

Les Eminentissimes Cardinaux et les autres dignitaires, qui ont à s'en occuper, nous ont tous dit que nous, pouvons espérer d'avoir la béatification dans trois ou quatre ans si nous pouvons présenter deux Bons miracles.

Il nous a été dit que la Congrégation antépréparatoire pourra se tenir vers la fin de l'année courante.

Quelle conclusion devons-nous tirer de ces excellentes informations ? Evidemment chacun d'entre nous la voit clairement. Il faut que, dans tout l'Institut, il s'organise comme une sorte de croisade de prières pour faire une sainte violence au Ciel par l'intercession du Vénérable afin d'obtenir les deux bons miracles qu'exige la Sacrée Congrégation des Rites.

Armons-nous d'une grande confiance. « Ah ! si vous aviez la foi, disait Notre-Seigneur, vous seriez capables d'obtenir les plus grands miracles ! »

Que cette croisade de prières s'étende aussi à tous les enfants de nos écoles. Quelle puissance auprès de Dieu n'aura pas cette armée priante de quatre-vingt mille enfants et adolescents pour obtenir la faveur tant désirée !

Faisons aussi tout ce qui dépendra de nous, tout en restant bien dans les limites de nos Règles, pour enrôler nos parents et d'autres bons chrétiens dans cette pieuse croisade.

Faisons connaître le Vénérable par la diffusion du volume des panégyriques, des diverses éditions de sa vie et notamment de l'abrégé en 54 pages que nous venons de faire éditer ; répandons aussi les nouvelles images e t surtout celle où le Vénérable est représenté catéchisant.

A ceux qui m'en feront la demande, je donnerai des images du Vénérable portant une petite relique. Elles pourront contribuer beaucoup à raviver la confiance dans les prières qui se feront pour obtenir des miracles.

Ne lisons-nous pas dans les Actes des Apôtres, que l'ombre de saint Pierre et les mouchoirs de saint Paul opéraient de nombreux prodiges. 

*     *

*

 Il nous fut donné d'assister, le dimanche 13 décembre, en la salle consistoriale, à la solennité magnifique où fut faite, en présence du Pape, la lecture du Décret d'approbation des trois miracles opérés par l'intercession de Jeanne d’Arc, des Décrets del Tuto pour 34 martyrs de Chine, de Cochinchine et du Tonkin, et enfin du Décret del Tuto pour le Vénérable Fondateur des Eudistes.

Comme c'était beau, grandiose, édifiant et réconfortant pour les cœurs catholiques ! Il nous était impossible, à ce moment, de ne pas penser à notre Vénérable et à une solennité pareille en son honneur quand le moment sera venu. Après le discours si beau, si émouvant, de Monseigneur Touchet, évêque d'Orléans, quelle ne fut pas l'impression de la nombreuse assemblée lorsque le Pape, assis sur le magnifique trône que lui ont envoyé les Vénitiens à l'occasion de son Jubilé sacerdotal, commença son discours d'une voix claire, forte, magistrale et paternelle en même temps ! C'était bien Jésus-Christ qui parlait par la bouche du successeur de Pierre.

Je ne puis résister au désir qui me pousse à transcrire ici le début de cette pieuse et admirable allocution :

S'adressant à Mgr Touchet, il dit : « Je suis reconnaissant à votre cœur généreux qui voudrait que je travaille dans le champ du Seigneur toujours à la lumière d'un beau soleil sans nuages et sans bourrasques. Toutefois, et Vous et moi devons adorer les dispositions de la divine Providence qui, ayant établi ici-bas l'Eglise, permet qu'elle rencontre sur son chemin des obstacles de tout genre et des résistances formidables.

« Et la raison en est évidente puisque l'Eglise est militante, et conséquemment en une lutte continuelle, lutte qui, inaugurée avec la vie de notre Très Saint Rédempteur, ne se terminera qu'à la fin des temps, pour laquelle tous les jours, comme les vaillants de la tribu de Juda, au retour de la captivité, nous devons, d'une main repousser l'ennemi, et de l'autre, élever les murs du temple saint, c'est-à-dire travailler pour notre sanctification. »

Quel saint et utile enseignement pour nous tous, et en particulier pour nos Frères provinciaux, nos Frères directeurs et autres qui ont une part plus ou moins grande dans le gouvernement des provinces ou la direction des Maisons !

Je vous exhorte, M. T. C. F., à tirer bon profit de cet enseignement en toute occasion et en particulier quand vous rencontrez des difficultés.

Ne manquons pas de remarquer que cette doctrine nous est enseignée par Celui qui est investi de la plus haute autorité qui soit au monde, et qui, par conséquent, a de si grandes responsabilités. 

AUDIENCE DU SAINT-PÈRE. 

L'annonce de l'audience tant désirée nous fut apportée en notre maison de Rome, le 16 décembre, par un délégué du Vatican. Nous étions convoqués pour le lendemain, à 11 heures et demie.

A l'heure dite, nous étions dans la salle d'attente. Notre tour d'être introduits auprès du Saint-Père arrive ; il était midi.

L'accueil de Sa Sainteté fut des plus paternels : on est vite à l'aise quand on se trouve en sa présence.

« Ecco i Piccoli Fratelli di Maria ! » dit-il avec un aimable sourire en nous regardant approcher. A peine avions-nous eu le temps de faire les trois génuflexions d'usage, qu'il ajouta en nous donnant son anneau à baiser : « Sedetevi, sedetevi! » (asseyez-vous, asseyez-vous!) Mais en apercevant que nous avions les mains embarrassées, il nous dit : « Che cosa avete ancora qui ? » (qu'avez-vous encore là ?) – Alors le cher Frère Candidus, Procureur Général, lui montre le tableau commémoratif venant d'Australie, et lui explique que, de toutes les parties du monde, on lui adresse dans ce tableau des hommages à l'occasion de son Jubilé sacerdotal, en dix-huit langues différentes, langues enseignées par nos Frères. « Diciotto lingue ! diciotto lingue ma! ma! » (Dix-huit langues ! dix-huit langues ! mais ! mais !) s’exclame-t-il avec surprise, et en même temps il admirait le beau travail. Nous lui présentons ensuite l'album contenant les noms de tous les enfants de nos Ecoles qui ont contribué à la souscription jubilaire. Le Pape s'y intéresse vivement.

A ce moment je lui donne lecture de l'adresse suivante, qu'il écoute avec une grande attention et un vif intérêt. 

                « Très Saint Père,

« Après s'être unis d'esprit et de cœur au concert de prières, de louanges, d'amour et d'actions de grâces, qui ont célébré votre jubilé sacerdotal et dont les derniers échos viennent d'expirer, les six mille membres de l'Institut des Petits Frères de Marie et leurs quatre-vingt mille élèves éprouveraient une joie et un bonheur inexprimables de pouvoir, en ce moment, vous dire eux-mêmes leur filial amour et contempler les traits vénérés et chéris de Votre Sainteté.

« Ce qui ne leur est pas donné, Votre Sainteté daigne l'accorder à leur Supérieur Général, à l'un de ses Assistants généraux, au Frère Procureur général près le Saint-Siège et au Frère Directeur de notre maison de Rome (sourire très aimable du Saint Père).

« Merci, Très Saint Père, de cette faveur inestimable.

« Daigne, maintenant, Votre Sainteté, prêter l'oreille aux paroles par lesquelles les Frères et leurs élèves lui expriment leurs sentiments. 

                  « Très Saint Père

« Prosternés en esprit aux pieds de Votre Sainteté, les Petits Frères de Marie, et les quatre-vingt mille élèves de leurs écoles, viennent de toutes les parties du monde, offrir à Votre Sainteté l'humble hommage de leur profonde vénération, de leur filial amour et de leurs vœux les plus ardents.

« Différents de nationalité et de langage, mais tous unis, de cœur et de sentiments ? ils sont heureux de joindre leurs voix et leur modeste note à l'immense Te Deum que chante l'Eglise universelle dans la célébration solennelle du Jubilé Sacerdotal de Votre Sainteté.

« Cinquante ans prêtre du Très Haut !  Cinquante ans sanctifiés par l'oblation journalière de l'Hostie sainte ! Un demi-siècle enrichi de grâces et de bénédictions dont l'univers recueille les fruits! Quel sujet pour nous de religieuse admiration !

– « Mais combien nous aimons aussi à contempler en Votre personne auguste la douce et vivante image de Jésus, le divin et tendre ami de l'enfance ! Comme dans son cœur adorable, les enfants ont une place de prédilection dans votre cœur de Pasteur et de Père: les élèves des Frères Maristes en ont eu naguère le plus touchant témoignage dans la paternelle bénédiction que Votre Sainteté a daigné leur accorder, et qu'ils ont reçue avec bonheur et reconnaissance. Aussi se plaisent-ils à voir dans le Pontife suprême un Père bien-aimé, et sont-ils heureux de joindre leur modeste contribution à l'offrande jubilaire, que lui destine sa grande famille de l'univers catholique.

« Daigne Votre Sainteté agréer les religieux hommages des Frères Maristes et de leurs élèves, et ajouter à ses bontés pour eux sa Bénédiction Apostolique, qu'ils recevront avec une grande joie et une profonde et filiale gratitude. »

Vers la fin de l'adresse, nous présentons à Sa Sainteté, dans une enveloppe préparée à cet effet, l'offrande jubilaire. Le Saint-Père l'accepte avec un gracieux sourire et la dépose sur son bureau de travail.

Se tournant alors vers le Supérieur Général, il nous parle en ces termes:

« Je suis très sensible aux vœux que vous m'exprimez, au nom de tous vos Frères et de vos nombreux élèves. Je vous remercie des prières faites dans votre Institut pour le Pape et du grand bien que cet Institut procure à l'Eglise. Je bénis de grand cœur toutes vos oeuvres. Croissez et multipliez-vous; surtout attirez le plus d'enfants possible à vos écoles. Je vous témoigne enfin toute ma reconnaissance pour l'offrande que vous venez de me remettre au nom de vos élèves. C'est l'offrande des pauvres à un pauvre – elle est donc très agréable à Dieu. Qu'en retour, ces chers enfants reçoivent les plus abondantes bénédictions du Ciel, et qu'ils croissent dans l'amour de l'Eglise et du Pape, que vos Frères savent si bien leur inspirer. »

Je demande alors au Saint-Père la permission de lui donner rapidement quelques détails sommaires sur notre Congrégation. Sa Sainteté prend aimablement les notes que je tenais à la main et que j'avais prises dans ce but ; et après les avoir feuilletées un moment, me dit « Le leggero stasera quando saro più quieto (je les lirai ce soir, quand je serai plus tranquille). »

« Je suis un peu hésitant, Très Saint Père, pour vous représenter une petite requête, ajoutai-je ensuite. » Sa Sainteté voulut bien l'accepter et la lire séance tenante. Elle était ainsi conçue :

                     « Très Saint Père,

Me serait-il permis d'exprimer un désir à Votre Sainteté ? L'auteur du tableau commémoratif, que nous avons eu l'honneur de présenter à Votre Sainteté, est Maître des novices en Australie, au diocèse de Sydney. Il serait au comble du bonheur et de la reconnaissance, si Votre Sainteté daignait avoir la grande bonté de lui faire don d'un calice pour la chapelle de son noviciat. »

« Si, si, ben volontieri daro un calice a questo bravo fratello. Lo mandero subito alla Procura Generale di Roma (oui, oui, bien volontiers, je donnerai un calice à ce brave Frère. Je l'enverrai immédiatement à la Procure Générale de Rome). »

Quelle paternelle condescendance ! j'en remerciai de mon mieux Sa Sainteté et je me hâtai d'ajouter : « Très Saint Père, un de nos Frères Assistants est bien malade à Barcelona. Comme il serait heureux, consolé et réconforté si je pouvais lui écrire que Votre Sainteté lui envoie une bénédiction particulière ! »

En quelques paroles, le Saint-Père exprima son affection paternelle pour le cher malade, et insista, à deux reprises différentes, pour que Sa bénédiction lui fût envoyée par télégramme. C'est ce que nous fîmes avec bonheur après l'audience.

Il y avait déjà un temps relativement long que nous étions auprès de Sa Sainteté. Il fallait donc, quoique à regret, songer à céder la place à d'autres qui attendaient leur tour. Toutefois, nous avions encore à demander au Saint-Père qu'il daignât mettre sa signature sur des photographies que nous lui présentions. Il s'y est prêté gracieusement en écrivant d'une main ferme et alerte les bénédictions demandées, et en disant aimablement : « Faccio presto, perchè, perchè… » (nous avons compris que ses instants étaient comptés). Je demandai alors à Sa Sainteté une bénédiction spéciale pour tout notre Institut. Nous nous mettons à genoux à ses pieds, lui se lève, et, en bon français, nous donne sa bénédiction en ces termes :

« Je vous bénis, oui, vous, Frère Supérieur Général, tous vos Assistants généraux, tous vos officiers, tous les Frères, tous les enfants de vos écoles, vos parents, vos bienfaiteurs, vos amis et tous ceux auxquels vous pensez dans votre esprit. »

Sur notre prière, le Saint-Père veut bien alors bénir les nombreux objets de piété que nous avions apportés. « Je les bénis, dit-il, et j'accorde toutes les indulgences, toutes, toutes ! »

Une dernière bénédiction est donnée ensuite par la formule ordinaire : Benedictio Dei, etc. Le bon Saint-Père nous donne son anneau à baiser.

Nous nous retirions lorsque le Cher Frère Emery, Directeur de notre Collège de Rome, sollicita une bénédiction spéciale pour son Collège.

Lo benedico di tutto cuore, dit le Saint-Père.

Je me permets alors d'ajouter que cette école est en pleine prospérité et que nous avons même l'intention de l'agrandir ». – « Benissimo, benissimo, fatelo, presto ! » tels furent les derniers mots du Pape dans cette mémorable audience.

Pendant que nous faisons les génuflexions d'usage en nous retirant, le Saint-Père nous regarde avec une amabilité qu'on ne saurait définir, et qui produit dans l'âme une de ces impressions qui ne s'oublient pas. 

*      *

*

 Je pense, M. T. C. F., que vous lirez avec plaisir et profit les quelques notes sur l'Institut que j'avais l'intention de communiquer verbalement au Saint-Père, et qu'il a dû lire le soir du 17 décembre.

Remerciements pour le Bref sur le Recrutement des vocations.

« Nous ne saurions trop remercier Votre Sainteté de cet important document qui recommande le recrutement de nos juvénats à tous les archevêques, évêques et prêtres du monde entier, ainsi qu'à toutes les familles catholiques.

« Nous considérons ce Bref de Votre Sainteté comme un des trésors les plus précieux que possède notre Institut.

« Il a été traduit en sept langues différentes, et nous constatons avec bonheur qu'il a déjà produit de très heureux résultats. »

Aperçu sommaire de la marche de l'Institut depuis l'audience de janvier 1908.

« Nous sommes heureux de pouvoir dire à Votre Sainteté que nos Frères sont partout animés d'un bon esprit ; ils ont du zèle pour l'éducation chrétienne et particulièrement pour l'enseignement du catéchisme.

« Le recrutement des vocations est en très bonne voie ; nous avons fondé depuis janvier 1908 plusieurs noviciats et juvénats :

« Poughkeepsie au diocèse de New-York

« NotreDame de Lujàn en Argentine;

« Pupiales en Colombie;

« Roustchouk en Bulgarie;

« Bairo en Piémont.

« L'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, l’Amérique du Nord nous donnent beaucoup de sujets.

« La France, l'Italie les Iles Britanniques, la Colombie, l'Australie, le Mexique, la Chine fournissent aussi un assez bon contingent. »

Second noviciat de six mois à Grugliasco.

« Quarante Frères, venus de toutes les parties du monde, sont réunis dans notre maison de Grugliasco  pour s'y retremper dans l'esprit de l'Institut. Ils nous donnent beaucoup de satisfaction. »

Frères anciens et infirmes, de France.

« Ils sont encore au nombre d'environ trois cents, répartis dans six de nos anciennes maisons provinciales, et notamment dans celle de Saint-Genis-Laval (diocèse de Lyon), qui était la Maison-Mère de l'Institut avant les lois de dissolution. »

Demandes de fondations nouvelles.

« De toutes les parties du monde, nous recevons des demandes nombreuses de fondations nouvelles.

« Trop souvent hélas ! nous sommes obligés, à notre grand regret, de répondre négativement par suite du manque de sujets. »

Communion fréquente.

« La communion quotidienne, ou au moins très fréquente, ce généralise rapidement parmi nos religieux, nos novices et nos juvénistes.

« Les rapports des Frères Provinciaux des différents pays constatent un très grand progrès dans cette voie depuis la promulgation des Décrets de Sa Sainteté sur la Communion fréquente.

 « Les Communions ont aussi augmenté dans une très large proportion parmi les élèves de nos écoles et surtout de nos pensionnats. »

La liquidation de nos biens en France.

« Elle est sur le point de se terminer. Nous sommes assez renseignés pour pouvoir dire qu'elle ne procurera rien ou presque rien au Gouvernement, ni à nos pauvres Frères vieillards et infirmes. »

Établissements dans les pays lointains.

« En général, nos écoles et nos diverses oeuvres jouissent d'une grande liberté au Canada, aux Etats-Unis, au Mexique, au Brésil, en Argentine, en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux Iles Fidji, à Samoa, dans la grande colonie de l’Afrique du Sud.

« Il en est de même en Chine, en Syrie, en Turquie. »

Espagne et Belgique.

« Nos écoles se multiplient de plus en plus dans ces deux pays. Je les ai visitées moi-même cette  année,  et je puis dire à Votre Sainteté qu'elles sont très prospères et font beaucoup de bien. »

10° Réunion à notre Institut des Frères Chinois dits « Frères de la Mère de Dieu ».

« Monseigneur Paris, Vicaire Apostolique de Shanghai, nous a demandé cette fusion. Elle se négocie en ce moment et nous avons bon espoir que les négociations réussiront.

« Nous avons décidé de créer dans notre Institut un Bulletin périodique à partir du 1ier janvier 1909.

« Qu'il me soit permis de demander à Votre Sainteté une bénédiction spéciale pour cette publication naissante. »

12° Cause de béatification du Vénérable Père Champagnat, notre Fondateur.

« Tous les Frères de l'Institut désirent ardemment cette béatification.

« Combien ils seraient heureux et reconnaissants si Votre Sainteté leur accordait cette faveur  pour  le centenaire  de la fondation de l'Institut, qui doit se célébrer dans huit ans, en 1917. » 

INTRODUCTION DE LA CAUSE

DE BÊATIFICATION DU PÈRE COLIN 

              Extrait du journal « La Croix » de Paris : 

Le Souverain Pontife a signé, vendredi, 11 décembre, le décret déclarant Vénérable le R. Père Jean-Claude Colin, fondateur et premier Supérieur général de la Société de Marie (Pères Maristes).

Le nouveau Vénérable, condisciple et ami intime du Bienheureux Curé d'Ars, naquit et mourut dans le diocèse de Lyon (1790-1875). Il compta parmi ses premiers religieux le Bienheureux Pierre Chanel, proto-martyr de l'Océanie, le Vénérable Champagnat, fondateur de l'Institut des Petits Frères de Marie, et le Vénérable Père Eymard, fondateur des Pères du Très Saint Sacrement.

La Congrégation des prêtres de la Société de Marie, instituée en 1816 à Lyon, par plusieurs jeunes ecclésiastiques de ce diocèse, a été approuvée en 1836, par le Pape Grégoire XVI.

Les Maristes se vouent au service des missions et à l'enseignement dans les collèges et les séminaires. Avant 1903, ils avaient dans le Sud-Est deux collèges très florissants et bien connus à Saint-Chamond (Loire) et à la Seyne (Var). Leurs missionnaires desservent principalement les établissements catholiques de l’Océanie et de l'Australie.

Le Pape a été particulièrement frappé des rapports qui unirent le P. Colin avec le Bienheureux Curé d'Ars. Ils avaient fait ensemble leur Séminaire ; ils furent ordonnés diacres le même jour. Plus d'une fois, et surtout à la fin de sa vie, le Bienheureux Vianney voulut quitter sa paroisse pour se retirer chez le P. Colin, dans la maison de la Neylière. Il envoya chez les Pères Maristes un grand nombre de ses pénitents. Et quand il confessait des personnes du voisinage du P. Colin « Adressez-vous donc à lui leur disait-il, c'est le plus saint prêtre de France ».

Avec nous, M. T. C. F., vous vous réjouirez en apprenant que le Père Colin est déclaré Vénérable, et vous voudrez bien unir vos prières aux nôtres pour obtenir que cette cause de béatification, qui nous est chère à bien des titres, aboutisse bientôt à l'heureuse issue que nous désirons tous.

Il est une autre cause de béatification que je recommande à vos prières, c'est celle du vénéré Père Ducharne, S. M., qui fut pendant longtemps aumônier de notre pensionnat de Charlieu. Le procès de l'Ordinaire se fait à Lyon. Ceux d'entre vous qui auraient quelque témoignage pouvant être utile à cette cause, voudront bien me le faire savoir ; je leur dirai ce qu'ils auront à faire. 

ÉRECTION D'UN NOVICIAT. 

               Très Saint Père,

Le Supérieur Général des Petits Frères de Marie implore de Votre Sainteté la faculté d'ériger canoniquement un noviciat à Bairo, dans le diocèse d'Ivrée.

Et que Dieu, etc.

En vertu des pouvoirs spéciaux à elle accordés par le Saint-Père, la S. Congrégation des Religieux a donné au Supérieur Général suppliant, la faculté de procéder à l'érection du Noviciat selon la demande, après entente avec l'Ordinaire, pourvu que soient remplies toutes les conditions requises d'après les sacrés Canons et les Constitutions apostoliques.

Rome, le 9 décembre 1908.

                 S. C. Card. Vivès, Préfet.

                          D. Laur. Janssens, Secrét.

 A ce noviciat est joint un juvénat ; l'un et l'autre dépendent de la province de Varennes-sur-Allier. 

AVIS DIVERS 

PRÉPARATION AU CENTENAIRE DE 1917. 

J'invite tous nos Frères, postulants et juvénistes, à ne pas perdre de vue la pensée du grand Centenaire de 1917.

Nous venons de commencer la seconde des neuf années préparatoires à la célébration de cette grande solennité de famille.

Pensons tous sérieusement à ce travail de préparation. Pour cela faisons partout de généreux et constants efforts pour devenir de plus en plus de véritables imitateurs, des copies bien ressemblantes du Vénérable Père Fondateur.

Le saint religieux qui avait suggéré l'idée de la neuvaine d'années préparatoire au Centenaire, est parti le 15 novembre dernier pour l'éternelle récompense.

N'en doutons pas, M. T. C. F., du haut du Ciel, il nous aidera dans cette préparation à laquelle il s'intéressait vivement.

Voici en quels termes le C. F. Albano, Visiteur, nous a annoncé sa mort :

« Le 15 du courant, le bon Frère Marie-Clarent a quitté cette terre d'exil pour aller dans la céleste patrie recevoir la récompense que lui ont méritée soixante-dix-neuf ans d'une vie toute consacrée à Dieu.

« La mort de ce saint religieux a été aussi édifiante que l'avait été sa vie. Le 8 novembre, c'était la première communion à Païta et je m'y étais rendu pour assister à la fête. Le Frère Marie-Clarent paraissait alors aussi bien portant qu'à l'ordinaire; il assista à tous les offices du jour sans en éprouver la moindre fatigue. Il était même plus gai que d'habitude parce qu'il voyait, dans les rangs des premiers communiants, un Chinois de marque, âgé de quarante ans, dont la conversion, remontant à quinze jours à peine, était une conquête due aux prières et aux exhortations du pieux et zélé Frère missionnaire lui-même, Frère Marie-Clarent, avait servi de parrain au néophyte baptisé la veille. J'étais allé à Païta dans la voiture de Monseigneur qui m'avait gracieusement offert une place, je rentrai à Nouméa le soir même toujours en compagnie de l'Evêque.

« En quittant Païta je laissais tous les Frères en bonne santé.

« Deux jours après, je recevais une lettre qui m'avertissait que le Frère Marie-Clarent faiblissait à vue d’œil et qu'il était obligé de garder le lit parce que ses jambes ne pouvaient plus le porter. Le surlendemain je recevais une deuxième lettre m'annonçant que le malade devenait de plus en plus faible et qu'il allait être administré le jour même. J'aurais voulu me transporter auprès de lui mais j'étais retenu à Nouméa par la retraite de première communion. Enfin le dimanche, 15, je fus averti que le Frère était à toute extrémité; je partis aussitôt, mais j'arrivai trop tard, le malade avait succombé à cinq heures du soir. Aucune douleur vive, aucune maladie apparente ne semble avoir causé cette fin précipitée. Après avoir reçu les derniers Sacrements, c'est-à-dire pendant trois jours, le malade a gardé sa pleine connaissance et l’usage de la parole. Ses lèvres n'ont pas cessé durant tout ce temps, d'articuler des prières et des oraisons jaculatoires. Il s'est éteint doucement, sans effort, comme une lampe qui n'a plus d'huile, pendant que le R. Père Aumônier et toute la communauté étaient agenouillés autour de son lit pour la recommandation de l'âme. Quelle belle mort! Mais aussi quelle belle vie!

Nous considérions ce vertueux confrère comme notre paratonnerre sur la terre ; personne ne doute maintenant qu'il ne soit notre protecteur dans le ciel. » 

RECRUTEMENT DES VOCATIONS. 

Vous aurez sans doute remarqué que le Souverain Pontife, dans sa réponse à l'adresse, n'a pas manqué d'insister sur la question capitale du recrutement des vocations. « Croissez et multipliezvous ! » nous a-t-il dit.

Combien cette invitation du Pasteur des pasteurs ne doit-elle pas stimuler notre zèle pour découvrir, cultiver et diriger enfin vers nos Juvénats et nos Noviciats de bons et nombreux sujets.

Grâce à Dieu, nous sommes heureux de constater que, dans presque toutes nos provinces, on s'occupe activement et avec succès de cette oeuvre par excellence.

Toutefois on peut faire davantage encore. Je recommande tout spécialement le recrutement local dans cha1 que province. Dieu peut trouver partout de bons ouvriers pour sa vigne.

Pour nous conformer à un vœu du dernier Chapitre Général, et après examen en Conseil du Régime, nous avons décidé l'établissement à Grugliasco d'une Œuvre spéciale de recrutement et de formation. Les sujets qui y seront admis n'appartiendront à aucune province en particulier. Quand ils seront suffisamment formés, le Frère Supérieur Général les répartira dans les diverses provinces suivant les besoins.

Un grand soin sera donné tout d'abord à la formation religieuse, dont l'importance est de premier ordre.

Le programme d'enseignement fera une large part à l'étude des langues vivantes : le français d'abord, puis l'anglais, l'allemand, l'espagnol, le portugais, l'italien, etc. …, etc. …

On y donnera aussi l'enseignement professionnel. A cette fin, il sera installé des ateliers pour le travail du bois, du fer, etc. …

Nous comptons que toutes les provinces et plus particulièrement celles d'Europe fourniront leur contingent de sujets pour cet établissement spécial : oeuvre importante qui est fortement recommandée à tous nos Frères et en particulier au zèle de nos Frères Provinciaux. 

PRATIQUE DU DÉVOUEMENT DANS L'INSTITUT

DEPUIS LA F0NDATION JUSQU'A NOS JOURS. 

Dans la circulaire du 6 juin 1908, je fis un appel pour qu'on recueille partout et qu'on nous fasse parvenir des relations sur ce qu'il y a eu de notable en fait de pratique de la vertu de dévouement parmi nos Frères, depuis la fondation en 1817 jusqu'aujourd'hui.

Il m'est agréable de dire ici qu'un certain nombre de Frères ont bien compris cet appel. Ils m'ont fait parvenir des relations qui sont tout à la fois très intéressantes et très édifiantes. Elles ne pourront manquer de produire de très bons résultats pour l'édification générale quand elles seront portées à la connaissance des Frères.

Les CC. FF. Provinciaux voudront bien renouveler cet appel dans leurs visites. Ils pourront recueillir eux-mêmes ces relations et nous les faire parvenir. 

SOUSCRIPTION JUBILAIRE. 

La souscription pour le jubilé sacerdotal du Saint-Père, qui avait été recommandée dans une circulaire, a produit une somme relativement considérable. Ainsi que je vous l'ai déjà dit, Sa Sainteté l'a reçue avec grande reconnaissance.

Je me fais un plaisir de remercier moi-même les Frères de l'empressement qu'ils ont mis à recueillir les offrandes des élèves. Ils voudront bien leur faire savoir que le Souverain Pontife nous a donné pour eux une très paternelle bénédiction.

Il m'est agréable d'ajouter que la plupart de nos provinces lointaines se sont particulièrement 'distinguées dans ce témoignage de piété filiale à l'égard du Saint-Père, 

OBÉDIENCES ET PERMISSIONS. 

Nous avons fait imprimer des carnets d'obédiences et de permissions, que nous tenons à, la disposition des Frères Provinciaux qui voudront s'en procurer. Ils pourront, dès à présent, les demander au C. F. Econome Général. 

PETITE VIE ILLUSTRÉE DU VÉNÉRABLE CHAMPAGNAT. 

On pourra également demander à Grugliasco la Petite vie illustrée du Vénérable Champagnat annoncée dans la circulaire du mois de novembre dernier. Un petit retard a été causé par la réfection de quelques gravures, qui n'avaient pas bien réussi ; mais actuellement tout est prêt. Prix : 12 francs le cent. 

EDITION DU DIRECTOIRE GÉNÉRAL EN ANGLAIS. 

Sous ce titre : « General Directory of theInstitute of theLittleBrothers of Mary », on vient de publier à notre maison provinciale de Dumfries une édition anglaise de. notre Directoire Général. Ceux qui voudraient se la procurer, la demanderont aux :

             R. MaristBrothers – Mount S. Michael.

                    Scotland                 Dumfries. 

FAVEURS OBTENUES PAR L'INTERCESSION

DU VÉNÉRABLE MARCELLIN CHAMPAGNAT. 

                                        Noviciat de Saint-Hyacinthe, le 14 novembre 1908. 

                Mon Très Révérend Frère Supérieur,

Le cher Frère Maître vient de me lire le passage de votre lettre où vous manifestez le désir d'avoir quelques détails sur ma guérison obtenue par l'intercession du Vénérable Père Fondateur.

Je réponds d'autant plus volontiers à ce désir que ce sera pour moi un moyen de témoigner ma reconnaissance au Vénérable Père Champagnat pour une faveur si signalée.

En septembre 1906, j'eus la fièvre typhoïde compliquée d'une maladie de vessie. Les neuvaines au Vénérable Père et les prières ferventes des Juvénistes et des Novices me tirèrent de cette fâcheuse situation. Après deux mois de lit ou de convalescence, je pus reprendre mon travail.

Toutefois, de temps en temps, je sentais un point de côté, parfois bien douloureux ; c'était là un reste de la fièvre typhoïde. Ce point se changea bientôt en une tumeur qui se localisa sur la poitrine, juste à la place du sternum. Je consultai le médecin qui ordonna d'abord des cataplasmes émollients, mais sans résultat. Après un mois de ce traitement, une opération fut jugée nécessaire ; mais c'était déjà trop tard, car les os commençaient à être attaqués.

Cette opération n'eut donc aucun résultat, et le 16 juillet, fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, je me trouvais à l'hôpital de Montréal où le chirurgien spécialiste Saint-Jacques m'opérait pour la deuxième fois. Ce docteur, quoique très expert dans son art, ne put extirper le mal : la carie avait fait son chemin, le sternum et deux côtes étaient attaqués.

Je restai quatre semaines à l'hôpital. Je revins à Saint-Hyacinthe pour me soigner ; je souffrais beaucoup, surtout la nuit, ne pouvant trouver de position où je pusse reposer, j'étais obligé de rester assis sur mon lit.

Ne pouvant plus y tenir, j'allai de nouveau à Montréal pour une troisième opération. Cette fois-ci l'opération fut très sérieuse. Je dus rester plus de deux mois à l'hôpital.

Enfin, le 21 décembre je quittai Montréal pour revenir à Saint-Hyacinthe, mais je n'étais pas plus avancé que le premier jour.

C'est alors que les supplications au Vénérable redoublèrent plus ferventes et plus nombreuses ; une neuvaine succédait à une autre. Mais le Vénérable voulait nous faire attendre quelque temps cette faveur et ne l'accorder qu'à la prière persévérante.

Au mois de mai, il me fallut encore aller à Montréal. Le docteur Saint-Jacques ne voulait plus faire d'opération, la jugeant inutile, car on se trouvait en présence, d'une ostéite diffuse ; la carie n'étant point localisée, il était impossible d'extraire le mal. Puis, il y avait danger. La carie avait fait son chemin et gagné les côtes jusque bien près du cœur. Il eut alors une consultation avec d'autres chirurgiens. Ceux-ci, après m'avoir examiné et étudié la question, furent d'avis qu'il fallait tenter une nouvelle et dernière opération.

Quant à moi, j'étais résolu à tout. Je m'étais préparé de mon mieux au grand passage. Le docteur Saint-Jacques se décida donc, plutôt pour ma satisfaction personnelle que par l'espoir de réussite, convaincu qu'il était que cette opération n'aurait pas plus de résultat que les autres.

Ce fut le 4 mai que je subis cette dernière opération.

On avait donc tenté l'impossible du côté des hommes. Il n'y avait plus de secours à attendre que de Dieu.

Des prières pour ma guérison s'élevèrent vers le ciel, plus ardentes et plus tenaces. Les Juvénistes et les Novices prièrent avec ferveur. Le C. F. Provincial de son côté demanda des prières un peu partout. Il s'agissait d'un miracle à obtenir, et cela par l'intercession du Vénérable.

Un Frère de la maison me dit un jour : « Puisque le l'ère Champagnat ne veut pas vous guérir, vous devriez vous adresser à saint Gérard Magella » ; nous lisions en ce moment sa vie au réfectoire. « Non, lui dis-je, ce n'est pas saint Gérard qui me guérira, mais le Vénérable Père Champagnat », une voix intérieure me disait cela.

Je pris alors une image-relique du Vénérable et l'appliquai sur la partie malade. Je fis cela pendant neuf jours.

A partir de ce moment, un mieux sensible se produisit dans mon état. Depuis, ce mieux n'a cessé d'aller en augmentant, et cela si rapidement, que, moins d'un mois après, les douleurs avaient complètement disparu. De l'énorme plaie que j'avais sur la poitrine et d'où s'échappait une abondante suppuration, il ne reste plus qu'une petite cicatrice.

Aujourd'hui, je suis en parfait état de santé. Je puis me livrer à n'importe quel travail manuel sans aucune fatigue.

Voilà, mon Très Révérend Frère Supérieur Général, les détails que j'ai cru bon de vous faire connaître. Puissent-ils servir à glorifier notre Vénérable Fondateur et hâter l'heureux jour où il sera permis à tous ses enfants de lui décerner le titre de Bienheureux !

                                        Frère Charles-Casimir,

                                     Sous-maître des Novices. 

                                                                                                              Alep, le 27 juillet 1908.

        Mon Bien Cher Frère Assistant,

Notre bon Frère André-Casimir est dans un état désespéré et à chaque instant nous tremblons qu'il ne nous quitte. Il a reçu les sacrements, a fait profession le 20, et le lendemain il tombait dans un délire qui dure jusqu'à ce jour. Rares sont ses moments lucides, pendant lesquels nous l'aidons à élever son cœur vers Dieu. Les docteurs, sans avoir perdu tout espoir, sont assez embarrassés. Pour nous, nous ne comptons que sur Dieu. Ce soir, avec les bonnes Sœurs de l'hôpital, nous commençons une neuvaine à notre Vénérable Fondateur, duquel nous attendons un miracle pour sa glorification. J'écris au Très Révérend Frère Supérieur pour lui faire part de la maladie du Frère Casimir.

                                      Frère Florinus, Directeur

                                                                                                                 Alep, le 6 août 1908.

      Mon Bien Cher Frère Assistant,

Dans ma dernière lettre, je vous faisais entrevoir l'état du frère André-Casimir comme désespéré, et le 30F le docteur nous disait bien tristement : C'est fini.

Oui, pour lui tout était fini; mais Dieu veillait sur notre cher malade. La neuvaine à notre saint Fondateur était à son cinquième jour quand une amélioration se fit sentir : la fièvre commençait à diminuer. Ce mieux alla en s'accentuant, et mardi, 2 août, dernier jour de la neuvaine, le Frère n'avait presque plus de fièvre, et, chose consolante, il put communier en viatique avec sa pleine connaissance.

Il a été dans le délire du 22 juillet au 1ieraoût. Bien des complications sont venues s'ajouter à la fièvre. D'abord un ictère des plus prononcés, puis une hémorragie intestinale. Tout a disparu pendant la neuvaine. Nous sommes donc infiniment reconnaissants à notre saint Fondateur qui nous a sauvé notre cher Frère André-Casimir.

Aujourd'hui le malade souffre de son extrême faiblesse, de vives douleurs dans les jambes et d'une eschare provenue par suite de son immobilité et de son délire. Tout cela s'en ira durant la convalescence qui commencera bientôt. J'espère que lorsque nous ouvrirons nos classes, c'est-à-dire le 1ier septembre, le Frère pourra prendre le chemin du Liban.

J'ai averti les parents du Frère de l'heureuse amélioration.

               Frère Florinus, Directeur

Voici ce que nous écrit le Directeur d'un pensionnat : « Le vendredi 1iermai 1908, les enfants de notre institution prenaient joyeusement leur récréation du soir. Tout à coup un élève d'environ quatorze ans s'affaisse au pied d'un arbre. On se précipite à son secours, on le relève et on le porte à l'infirmerie. Le jeune homme avait perdu connaissance. Depuis sa chute, il n'avait proféré que ces seuls mots: « Ma tête ». Les yeux grands ouverts semblaient faire comprendre qu'il nous voyait et nous connaissait. Il n'en était rien ; la lumière intense d'une forte lampe à pétrole les laissait impassibles. Une crise nerveuse agitait tous ses membres et les soins les plus empressés ne pouvaient le calmer.

« Le médecin, immédiatement appelé, constate avec terreur, tous les symptômes d'une méningite. L'ordonnance du docteur est suivie à la lettre sans obtenir le moindre résultat. Les convulsions sont telles que deux personnes ont grand peine à contenir le jeune homme qui se débat toujours.

« Mandée en toute hâte, vers une heure du matin, arrive la mère de notre cher malade, qui ne la reconnaît pas. Elle comprend tout le danger que court son enfant. Elle se place auprès de son lit, lui parle, essaie vainement de le calmer. Ainsi se passe cette nuit pleine d'angoisses et d'appréhensions.

« Le lendemain, à la première heure, le docteur renouvelle sa visite. Le malade est toujours dans le même état. L'application de trois sangsues amène un peu de calme, mais la méningite persiste. Toute la journée se passe dans des craintes sérieuses. Le médecin avait perdu tout espoir de salut et avait nettement déclaré son opinion. Je réunis alors les élèves du cours supérieur, deuxième année. « Votre camarade, leur dis-je, est très malade. Il faut le sauver. Promettons une neuvaine de communions, et demandons à Dieu sa guérison, par l'intercession du Vénérable Marcellin Champagnat ». La proposition est acceptée, et l'élève qui doit commencer est désigné.

« Immédiatement il se fait chez le malade un changement subit. Il devient calme, la nuit est bonne, et le dimanche, à 8 heures du matin, le médecin constate que le terrible mal est conjuré. Comme je disais au docteur la promesse que nous avions faite et sa première exécution suivie de cette guérison si prompte, il me répondit : « Le Père Champagnat vous doit bien cela, vous vous donnez assez de peine pour lui. »

Ce même jour, l'enfant, criant la faim, prend un petit bouillon. Le lundi on lui prépare un jarret de veau, le mardi on lui sert un mou de veau, le mercredi il dévore un poulet, et, le jeudi, le docteur, après l'avoir examiné minutieusement, ne trouvant aucune trace de maladie, permet de l'emmener ; ce qui est fait immédiatement.

Le jeune homme reste dix jours dans sa famille. Pendant ce temps, il n'a éprouvé aucune fatigue, quoiqu'il eût été exposé, pendant ces temps de fenaison, aux ardeurs du soleil, des journées entières.

Au terme de sa permission, il nous est revenu sain et sauf et a repris joyeusement le cours de ses études.

Actuellement, après avoir participé pendant toutes ces vacances aux rudes travaux des champs, le jeune homme est en classe et poursuit ses études sans éprouver la moindre fatigue.

Je dois ajouter que, pour participer à la neuvaine, le jeune homme s'est confessé le premier jour et a fait sa communion à son retour au milieu de nous.

Hommage respectueux.

        Aloysius. 

Le 1ierjanvier 1900, après la grand'messe, M. M…, membre de notre chorale, est venu présenter ses vœux de bonne année à toute la communauté. Je me trouvais à ce moment avec trois de mes confrères et deux autres choristes. Après l'échange de nos mutuels souhaits, je lui demande comment allait son enfant (une fillette de quinze ans) que je savais malade. «Ah! me répondit le père, elle est perdue. Le médecin l'a condamnée ; elle est atteinte d'une phtisie galopante, et la fièvre varie entre 38 et 40 degrés. Ce n'est plus qu'une question de temps. Allons, courage, lui dis-je. Puisque les secours humains sont impuissants, tournez-vous franchement vers Dieu. Vous vous le rappelez, il y a trois ans, notre Fondateur a été déclaré Vénérable. Vous n'avez pas oublié les belles fêtes célébrées en son honneur, et auxquelles notre chorale a pris part. Aujourd'hui la cause de sa Béatification se poursuit. Il nous faut des miracles. Adressez-vous à lui avec une foi ferme et une grande confiance. -Que faut-il faire ? – Voici une image et une relique de notre Vénérable. Commencez une neuvaine en son honneur. Allez à Notre-Dame de l'Hermitage, auprès de son tombeau ; espérez contre tout espoir. Mon Frère, je vous promets de faire ce que vous me conseillez. » Et ce pauvre père nous quitta fortifié et consolé.

En arrivant chez lui, il remit à son enfant l'image et la relique que je lui avais données, il lui fit part de la conversation que nous avions eue. Aussitôt la malade prend la relique, la baise avec respect et supplie ses parents de vouloir aller à l'Hermitage le plus tôt possible. Elle demande son chapelet, et sur chaque grain elle s'écrie avec un accent qui arrache des larmes : « Père Champagnat, guérissez-moi ! Père Champagnat, ne me laissez pas, mourir ! »

Le 2 janvier, j'eus l'occasion de causer avec le prêtre qui, quelques jours auparavant, avait administré cette malade. Je lui demandai comment elle allait. Il me répondit qu'il ne l'avait pas vue depuis la veille du jour de l'an ; mais qu'elle était perdue. Tous les voisins étaient de ce même sentiment.

Le même jour, je rencontrai M. M… Il m'annonça que le lendemain il devait aller à l’Hermitage, avec la mère de l'enfant. Ils assisteraient à la première messe à laquelle ils communieraient. Je lui conseillai de plus de faire appeler le Frère F. M. qu'ils connaissaient et de lui demander, à la même intention, les prières de la communauté.

A partir de cette époque, la maladie resta stationnaire. Quelques jours après un mieux sensible s'était déclaré.

Le médecin est appelé de nouveau ; il avait suspendu ses visites qu'il considérait inutiles. Il est tout étonné d'apprendre que sa cliente est encore de ce monde. Et lorsque les parents lui disent qu'ils ont fait appel à l'intercession du Vénérable Champagnat, il leur répond « S'il le veut, il peut la guérir, il est assez puissant auprès de Dieu pour obtenir cette faveur. »

La confiance au Vénérable n'avait pas abandonné la malade un seul instant; cette enfant continuait ses supplications avec une piété et une foi remarquables. La phtisie disparaissait, et la convalescence se poursuivait sans laisser aucune crainte.

Un jour, après avoir constaté que sa malade était hors de danger, le médecin lui dît : « Mademoiselle, vous êtes en voie de guérison. Mais ne l'oubliez pas, c'est aux grands soins de vos bons parents que vous devez votre retour à la santé. – Et surtout au secours du Père Champagnat », répond l'enfant avec l'accent d'une foi reconnaissante.

Le vicaire dont j'ai parlé plus haut est sincèrement convaincu de l'intervention du Vénérable dans cette guérison inespérée. Il admirait la confiance de cette enfant en celui qu'elle invoquait. Le sentiment des parents est également que le Père Champagnat les a pleinement exaucés.

Actuellement, cette malade est guérie. Il ne lui reste qu'une grande faiblesse qui disparaîtra bientôt grâce au bon appétit de la jeune fille.

Le 22 avril, en compagnie de son père et de sa mère, l'heureuse enfant est venue à l'Hermitage, faire au tom-beau du Vénérable un pèlerinage d'actions de grâces. Elle a été présentée au C. F. Stratonique, Assistant de la Province, qui l'a interrogée, et qui a entendu répéter par elle et par ses parents les faits qui sont l'objet du -présent rapport.

Puisse ce miracle, qui est bien et dûment avéré, contribuer à augmenter la confiance en notre Vénérable, susciter la demande de nouvelles grâces, et avancer la cause de sa béatification.

                      F. H.

Izieux, le 20 mai 1900, jour anniversaire de la naissance du Vénérable Marcellin Champagnat. 

                                                                                     Oullins (Rhône), le 1ier novembre 1908.

Nous recevons de Sœur Philomène de Saint-Joseph, religieuse Carmélite à Oullins, la relation suivante Nous sommes heureuses de pouvoir vous dire, à la louange du Vénérable Père Champagnat, qu'il nous a obtenu un soulagement inespéré dans l'état de souffrances de notre Vénérée Mère Raphaël. Pendant plus d'un mois, notre Révérende Mère a eu une si forte crise et de si grandes douleurs que les docteurs n'avaient plus aucun espoir, quand nos Sœurs ont eu l'heureuse inspiration de s'adresser au Vénérable Père Champagnat, par une neuvaine, pour lui demander la grâce que notre bonne Mère puisse aller comme avant; car notre, Mère, si sainte, avait défendu de demander sa guérison. Nous faisons la neuvaine avec beaucoup de ferveur et de confiance et, le dernier jour, notre Mère descendait pour assister à la sainte messe.

Toutes nos Sœurs d'une seule voix et d'un seul cœur s'écriaient : c'est un miracle, une vraie résurrection.

Pour copie conforme.

                 F. BAUDÉLIUS.

        Grugliasco, le 5 novembre 1908. 

     Saint-Symphorien-sur-Coise (Rhône), le 7 octobre 1907.

Monsieur le Supérieur,

Je me permets de vous écrire pour vous communiquer une grâce attribuée à l'intercession du Vénérable Père Champagnat.

Je venais l'année dernière de lire une petite brochure où étaient relatées bon nombre de faveurs obtenues par le bon Père Champagnat, lorsque ma mère tomba malade ; le médecin appelé ne connut pas la nature de la maladie, les remèdes restèrent donc sans effet ; j'étais très inquiète des fréquents vomissements joints à une extrême faiblesse: avec ses soixante-quinze ans ma pauvre mère me paraissait bien mal.

Je commençai alors une neuvaine au Vénérable, promettant, avec une messe d'actions de grâces, de vous faire, connaître cette faveur si elle m'était accordée.

Depuis ce moment, notre chère malade s'est trouvée mieux, et, contre toute prévision, a continué de jouir d'une bonne santé.

Merci Mille fois à notre bon et vénéré Père et qu'il daigne nous protéger toujours.

Votre très humble

Sœur SYMPHORIEN, à l'Hospice de Saint-Symphorien.

P. S. – Monsieur et R. F., je vous ai raconté ce fait bien simplement ; peut-être parait-il tout naturel pour moi, je crois le devoir à la bonté et à la puissance du Vénérable. Ci-joint l'honoraire d'une messe. Vous ferez de ma lettre ce que bon vous semblera. 

Pontos, le 29 août 1908. 

     Très Révérend Frère Supérieur Général,

A la suite de la retraite du Régime à Grugliasco, j'eus l'occasion de parler à notre C. Frère Procureur Général près le Saint-Siège, d'une guérison attribuée par nous au Vénérable Fondateur.

Notre, Frère Procureur me pria de lui en donner le détail par écrit ; c'est ce que je fais aujourd'hui en vous adressant ce pli qui contient la relation du fait et le certificat de deux médecins qui ont soigné le malade. Cette guérison est considérée comme miraculeuse par tous les membres de la communauté qui ont vu et soigné le bon Frère Joseph-Amarin.

Daignez agréer, etc.

                         F. Sévérino, Directeur

                           Pontos. – Guérison Attribuée au Vénérable.

Le 22 septembre 1907, notre Cher Frère Joseph-Amarin se rendit de Figueras à Pontos pour voir un confrère malade avec lequel il avait passé l'année à Figueras. Le même jour, sur le soir, il retourna à son poste où, peine arrivé, il se sentit pris d'une fièvre assez intense qui alla s'accentuant au point qu'il fut obligé de s'aliter.

Le docteur de la maison fut appelé aussitôt. Après avoir examiné sérieusement le malade, il pronostiqua la possibilité d'un transport au cerveau, et ordonna des remèdes en conséquence ; mais ils furent sans effet, car notre cher malade continua de délirer entièrement les jours suivants.

 Entre temps je me rendis à Figueras pour affaires concernant la maison de Pontos ; et, d'accord  avec le docteur et le cher Frère Directeur de cette maison, il fut décidé que le malade devait monter à Pontos dans l'es­poir qu'un changement d'air pourrait enrayer le mal.

Son transfert eut lieu le même jour sans occasionner trop de fatigue. Toutefois, sur mon invitation les deux méde­cins de la maison se réunirent le lendemain en consul­tation. Ils trouvèrent le malade très mal et ils furent unanimes pour dire qu'il fallait le faire administrer au plus tôt. Deux jours se passèrent ainsi sans aggravation ni amélioration, en attendant le moment favorable pour remplir ce devoir religieux.

Le 5 octobre le mal parut s'aggraver et le malade fut administré aussitôt. Son état resta le même jusqu'au 13. Ce jour-là une délégation de la communauté récita près de son lit les prières des agonisants ; la mort paraissait imminente. Voyant que les moyens humains ne donnaient aucun résultat sérieux, je proposai de faire une neuvaine au Vénérable Père Champagnat. Le même jour une relique du Vénérable lui fut mise, au bras et une neuvaine fut commencée à Pontos et à Figueras.

Du 13 au 19 octobre, ce fut un délire ininterrompu et la mort paraissait venir à grands pas : grande faiblesse, abattement complet et circulation du sang difficile, irrégulière. Le docteur venu sur ces entrefaites me déclara que le malade se mourait.

Le 19, à la grande surprise de tous, On remarqua une légère amélioration, ce qui encouragea la communauté à prier avec plus de ferveur.

Le 20, ce mieux s'accentua insensiblement; la nuit fut bonne, et le 21, à 4 heures et demie du matin, et dernier jour de la neuvaine, le malade se sentit radicalement

guéri. Dès mon lever j'allai le voir, et dès que j'eus ouvert la porte de sa chambre et qu'il m'eut aperçu, il me dit d'un ton ferme, assuré et d'un air joyeux : « Cher Frère Directeur, je suis guéri! »

Je n'ajoutai pas foi d'abord à cette parole, le croyant dans le délire comme les jours précédents ; mais, en me rapprochant, je remarquai facilement qu'il disait vrai.

Le médecin venu dans la matinée, constata la guérison et ne put s'empêcher de crier: « Au miracle », comme l'établit le certificat ci-joint.

Depuis lors, ce Frère Va bien et peut faire sa classe sans fatigue.

                                           Pontos le 29 août 1908.

               Le Directeur : Frère SÉVÉRINO. 

                                                                             Burgos, le 19 octobre 1908.

Très Cher et Révérend Frère Supérieur Général,

Il y a peu de temps que j'ai reçu d'un prêtre espagnol, plein de zèle, une lettre rendant compte d'une guérison subite dont sa nièce fut favorisée.

Il attribue cette guérison à la puissante intercession de notre Vénérable Fondateur, et termine sa lettre en ces termes: «Dites à ces bons Frères, en leur faisant part de notre reconnaissance, que nous avons une grande dévotion à votre Vénérable Fondateur, et que nous comptons sur sa béatification ; car sûrement il jouit de Dieu au ciel.»

L'année dernière, j'ai fait une visite à ce prêtre, et il m'a montré la gravure qu'il conservait dans son bréviaire. Récemment je lui ai envoyé le petit opuscule qui relate les faveurs obtenues par l'aide visible de notre Vénérable Fondateur.

Si vous voulez encore des rapports, je vous les enverrai avec plaisir.

Je suis, avec un profond respect, etc.

                                      F. Faust.

 

Nos DÉFUNTS.

F. ERNEST-VICTOR, Novice, décédé à Saint-Hyacinthe (Canada), le 16 mars 1908.

F. AMADO, Profès temp., décédé à San Andrès de Palomar (Barcelone), le 22 mars 1908.

F. PATRICK-JOSEPH, Profès temp., décédé à Dumfries (Ecosse), le 22 mars 1908.

F. PIERRE-AUGUSTE, Profès perp., décédé à Ruoms. (Ardèche), le 28 mars 1908.

F. XAVÉRIUS, Profès perp., décédé à San Joaquin (Mexique), le 28 mars 1908.

F. ADOLPHE-JUSTIN, Profès temp., décédé à Saint-Hyacinthe (Canada), le 2 avril 1908.

F. MARTINUS, Profès temp., décédé à Hamont (Limbourg belge), le 4 avril 1908.

F. MARiE-ANTONIUS, Profès temp., décédé à Grazac, (Haute-Loire), le 4 avril 1908.

F. LANDULF, Profès perp., décédé à Ruoms (Ardèche), le 26 avril 1908.

F. QUÉRANUS, Profès perp., décédé à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 26 avril 1908.

F. DESIRE-THEODORE Profès Perp., décédé à Porto Alegre (Brésil méridional), le 2 mai 1908.

F. HÉLIMÉNAS, Profès perp., décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 6 mai 1908.

F. GERMAN-JOSE, Profès perp., décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux (Drôme), le 7 mai 1908.

F. ELEOSIPPE, Profès perp., décédé à Ruoms (Ardèche), le 8 mai 1908.

F. THÉOBALD, Stable, décédé à Sydney (New South Wales), le 22 mai 1908.

F. ACHILLEUS, Profès perp., décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 26 mai 1908.

F. GENEBAUD, Profès perp., décédé à Arlon (Luxembourg belge), le 24 mai 1908.

F. GAUDENCIO, Profès temp., décédé à San Jordi (Gerona), le 28 mai 1908.

F. GABRIEL-Louis, Profès perp., décédé à Uitenhage (Afrique du Sud), le 29 mai 1908.

F. PACIFICUS, Profès perp., décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 1- juin 1908.

F. AMBROISE, Profès perp., décédé à Mendés (Brésil central), le 10 juin 1908.

F. ADRIAN, Profès perp., décédé à Sydney (New South Wales), le 13 juin 1908.

F. MELLITUS, Profès temp., décédé à Figueras (Gerona), le 26 juillet 1908.

F. DAMASE, Profès perp., décédé à Beaucamps (Nord), le 3 juin 1908.

F. ANDRÉ-CHANEL, Profès perp., décédé à Bébek (Turquie), le 9 juillet 1908.

F. GAMALIEL, Profès perp., décédé à Varennes-sur-Allier (Allier), le 12 juillet 1908.

F. FRANÇOIS-ERMIN, Profès perp., décédé à Mendés (Brésil central), le 15 juillet 1908.

F. LIBOIRE, Assistant Général, décédé à Grugliasco, (Piémont), le 24 juillet 1908.

F. ARNOULD, Profès perp., décédé à Notre-Dame de l'Hermitage (Loire), le 27 juillet 1908.

F. GUIBERT, Stable, décédé à Manresa (Barcelone), le 30 juillet 1908.

F. ADERITUS, Stable, décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 14 août 1908.

F. VALENTINIEN, Stable, décédé à Mexico (Mexique), le 15 août 1908.

F. ALPINUS, Profès perp., décédé dans la Province de l'Hermitage, le 16 août 1908.

F. CIPRIANO-JOSÉ, Profès temp., décédé à San Andrès de Palomar (Barcelone), le 18 août 1908.

F. JOSEPH-IGNACE, Stable, décédé à Constantinople (Turquie), le 29 août 1908.

F. FRANÇOIS-DOSITHEE, Profès temp., décédé à Saint-Hyacinthe (Canada), le 31 août 1908.

F. PIERRE-CHRYSOSTOME, Profès perp., décédé à Ruoms (Ardèche), le 6 septembre 1908.

F. MARIANO, Profès temp., décédé à Burgos (Burgos), le 6 septembre 1908.

F. ALBERT-MARY, Profès perp., décédé à Dumfries (Ecosse), le Il septembre 1908.

F. IGNAZIO, Profès temp., décédé à Ventimiglia (Ligurie), le 16 septembre 1908.

F. MARIE-ARTHUR, Profès temp., décédé à Pékin (Chine), le 22 septembre 1908.

F. JULIES-VICTOR, Profès perp., décédé à Grugliasco, (Piémont), le 2 octobre 1908.

F. CANTIDIANUS, Profès perp., décédé à Notre-Dame de l'Hermitage (Loire), le 6 octobre 1908.

F. ROSENDO, Profès perp., décédé à Jacona (Mexique), le 12 octobre 1908.

F. AUSTRÉMONIUS, Stable, décédé à Varennes-sur-Allier (Allier), le 8 novembre 1908.

VOGT Jacob, Juvéniste, décédé à Ormesweiler (Lorraine), le 12 novembre 1908.

F. MARIE-CLARENT, Stable, décédé à Païta-Sainte-Marie (Nouvelle-Calédonie), le 15 novembre 1908.

F. EMERICUS, Profès perp., décédé dans la Province de l'Hermitage, le 17 novembre 1908.

F. SÉRAPHIN, Profès perp., décédé à Saint-Genis-Laval (Rhône), le 11 septembre 1908.

F. EGIDIUS-LOUIS, Profès temp., décédé à Porto Alegre (Brésil méridional), le 18 novembre 1908.

DOMAINE Jules, Juvéniste, décédé à Buenos Aires (Répub. Argentine), le 21 novembre 1908.

F. PAUL-ARTHUR, Profès temp., décédé à New-York (Etats-Unis), le 30 novembre 1908.

F. ROMARIC, Profès temp., décédé à Uruapan (Mexique), le 13 décembre 1908.

F. HENRICK, Profès perp., décédé à Lützelhausen (Alsace), le 21 décembre 1908.

F. SIMON, Profès temp., décédé à San Andrès de Palomar (Barcelone), le 24 décembre 1908.

F. ANGEL-MARIA, Profès perp., décédé à San Andrès de Palomar (Barcelone), le 27 décembre 1908.

F. EUGENE-CHANEL, Profès temp., décédé à Saint-Hyacinthe (Canada), le 30 décembre 1908.

F. SILONIUS, Profès perp., décédé à Saint-Genis-Laval, le 3 janvier 1909.

F. ADJUTUS, Profès perp., décédé à Varennes-sur-Allier (Allier), le 8 janvier 1909.

F. BARNABAs, Profès perp., décédé à Beaucamps (Nord), le 15 janvier 1909.

CASAS Sixto, Juvéniste, décédé à Vich (Barcelone), le 19 janvier 1909.

F. CÉSIDE, Profès perp., décédé à Varennes-sur-Allier (Allier), le 2 février 1909.

F. CESLAS, Stable, décédé à Ventimiglia (Ligurie), le 7 février 1909.

 

N'oublions pas ce que nos Constitutions et la charité nous prescrivent à l'égard de nos chers défunts.

La présente circulaire sera lue en communauté à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle. Dans les maisons de noviciat et dans celles qui ont un personnel nombreux, il en sera donné une seconde lecture au réfectoire.

Recevez l'assurance du religieux attachement avec lequel je suis,

Mes Très Chers Frères, en Jésus, Marie, Joseph,

Votre tout dévoué Frère et serviteur.

      F. STRATONIQUE.

 

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