Circulaires 261

Stratonique

1919-03-19

Etre bien pieux, bien réguliers, bien unis – Importance - de la Régularité - Nécessité de la Régularité - Avantages de la Régularité - Nos causes de Béatification - Faveurs attribuées au V. P. Champagnat - Lettres testimoniales - Second Noviciat - Ajournement du Chapitre Général - Election de Provinciaux - Question d'administration financière -- Liste des Défunts.

261

19. 1

 V. J. M. J.

                                                       Grugliasco, le 19 mars 1919

                                       Fête du glorieux saint Joseph.

     Mes Très Chers Frères,

Au début de cette circulaire, laissez-moi emprunter et vous appliquer les souhaits de l'Apôtre St. Paul dans sa première épître aux Corinthiens. A vous tous, Petits Frères de Mai-je, fils spirituels du Vénérable Père Champagnat, qui faites l’œuvre de Dieu dans les diverses parties du monde, grâce et paix de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ Notre Seigneur.

Lorsque le R. Frère Louis-Marie, de vénérée mémoire, fut nommé Supérieur Général, en 1860, il eut une vive impression de la grande responsabilité qui lui incombait. Il sentit que la charge qui venait de lui être imposée par le Chapitre Général lui faisait une grave obligation de travailler de tout son pouvoir à assurer la bonne marche de l'Institut dans la voie tracée par le vénérable Fondateur et par le vénéré Frère François.

Grâce au don d'intelligence que Dieu lui avait départi dans une très large mesure, grâce surtout à la connaissance expérimentale qu'il avait acquise de la Congrégation, de ses membres et de ses diverses œuvres ; connaissance que lui avait procurée à un haut degré la part active très importante qu'il avait prise pendant vingt années consécutives dans le gouvernement de l'Institut en qualité de premier assistant, il eut la persuasion que ce qui était le plus nécessaire et le plus opportun c'était de fortifier dans l'Institut les trois vertus qu'il jugea les plus fondamentales pour assurer sa bonne marche et favoriser sa prospérité, à savoir :

1° l'esprit de piété ;

2° une parfaite charité ;

3 une parfaite régularité.

En considérant moi-même les événements qui se sont succédé depuis les premières années du siècle actuel et surtout pendant les années de la grande guerre, et en constatant les influences si graves qu'ils ont eues sur un grand nombre de nos religieux et sur la marche de nos œuvres, et après avoir prié Notre Seigneur de m'éclairer sur le devoir qui m'incombe au moment dit je vais terminer mes douze années de généralat, j'arrive à la conclusion que je ne puis rien faire de mieux que d'adresser à tous ceux qui composent aujourd'hui notre famille religieuse un pressant appel pour que partout on fasse plus que jamais de généreux et constants efforts afin de faire fleurir parmi nous les trois vertus de Piété, de Charité fraternelle et de parfaite Régularité, qui parurentau vénéré Frère Louis-Marie les plus nécessaires pour assurer la bonne marche de l'Institut, comme il l'expliqua dans sa mémorable circulaire du 17 décembre 1860.

« Oh ! que la Congrégation sera belle devant Dieu, qu'elle sera consolante pour l'Eglise, utile au prochain et heureuse pour nous, le jour où elle ne comptera QUE DES FRÈRES ; BIEN PIEUX, BIEN RÉGULIERS ET BIEN UNIS ! ».

Quand le Frère Louis-Marie écrivait ces magnifiques paroles, qui étaient l'expression d'un ardent désir de son cœur, l'Institut comptait moins de deux mille Frères, qui, presque tous, exerçaient leur mission d'éducateurs religieux eu France et, en très petit nombre, en Angleterre et, en Belgique.

Ne pourrions-nous pas, à bien plus forte raison, dire aujourd'hui combien serait beau aux yeux de Dieu et aux yeux des hommes le spectacle que présenterait la Congrégation si tous nos frères qui exercent actuellement dans toutes les parties du monde leur mission d'éducateurs religieux, étaient des Frères SOLIDEMENT PIEUX, TRÈS UNIS ENTRE Eux et PARFAITEMENT RÉGULIERS ?

Je ne saurais trop insister pour vous dire combien grand est mon désir qu'il en soit ainsi dans toutes nos provinces et dans toutes nos maisons.

Oh ! comme la lourde charge du Supérieur Général serait allégée et sa redoutable responsabilité soulagée s'il pouvait avoir la certitude que le triple désir exprimé par le Frère Louis-Marie en 1860 se réalise pleinement parmi nous maintenant que nous sommes dans les débuts de notre second siècle d'existence !

Daigne la Très Sainte Vierge Marie, notre bonne et puissante Mère du Ciel, notre première supérieure, nous obtenir que ce triple désir s'accomplisse pleinement partout et toujours !

Serais-je téméraire si j'ajoutais que Notre Seigneur demande et attend cela de nous tous ?

N'est ce pas là le moyen par excellence d'établir son règne sur tous nos religieux et sur toutes, nos maisons ?

Après avoir envisagé ce qui lui paraissait le plus nécessaire à l'Institut pour assurer sa bonne marche, le Frère Louis-Marie, dans sa remarquable clairvoyance, reconnut qu'il fallait d'abord fortifier parmi les Frères la solide piété, en second lieu la charité fraternelle et enfin la parfaite régularité !

Et pourtant, au lieu de commencer à traiter l'importante question de la solide piété et ensuite celle de la charité, il reconnut que le plus opportun c'était d'assurer parmi les Frères la, parfaite régularité ; c'est ce qui valut à l'Institut la mémorable circulaire du 27 décembre 1860, et, trois ans plus tard, la circulaire plus mémorable encore sur la ponctualité.

Quel meilleur modèle pourrais-je me proposer en cette époque où le monde est si fortement agité par les graves événements qui se succèdent, et dont nous ressentons plus ou moins le contre-coup dans toutes les parties du monde ?

Je n'ai pas de doute qu'en agissant d'après son exemple, je serai dans le bon chemin, et que je ferai œuvre utile à notre chère Congrégation.

En conséquence, M. T. C. F., je vous recommanderai tout d'abord et avec une très grande insistance la vertu de RÉGULARITÉ et j'appellerai l'attention de tous

1° Sur son importance.

2° Sur sa nécessité.

3° Sur ses avantages. 

Son importance.

On peut affirmer avec certitude qu'un petit Frère de Marie qui est parfaitement régulier en tout, partout et toujours, pratique nécessairement toutes les vertus religieuses et qu'il les pratique de la meilleure manière c'est à dire selon que Dieu le demande et l'attend de lui.

Il y a, en effet, dans nos Règles, qui sont pour nous l'expression de la volonté de Dieu, un chapitre qui nous indique comment nous devons pratiquer l'humilité. En l'observant parfaitement, nous sommes, certains que nous pratiquons cette vertu fondamentale de la manière que Dieu le demande et l'attend de nous.

 Ce que je viens de dire de l'humilité on peut le dire de même de l'obéissance, de la pauvreté, de la chasteté, de 'la modestie religieuse, du zèle, de la mortification, de la dévotion à Marie, etc. etc.

Nous pouvons donc conclure de là qu'un Frère, quels que soient son âge, son état de santé, ses aptitudes, sa situation, son emploi, sera humble, obéissant, pauvre, chaste, modeste, zélé, mortifié, dévot. à Marie, etc. comme Dieu le demande de lui pourvu qu'il soit parfaitement régulier.

Cette considération, à elle seule, suffirait pour nous donner à tous la plus haute idée de l'importance que nous devons attacher à la parfaite régularité et pour nous en faire concevoir une très grande estime.

Mais il y a bien d'autres considérations qui sont de nature à montrer cette grande importance.

C'est d'abord le sentiment du grand docteur Saint Augustin :

Celui qui vit selon la règle, vit selon Dieu. Les membres du second Chapitre Général, qui donnèrent à l'Institut le livre si important des. Règles Communes, jugèrent, et non sans raison, que ce serait inspirer aux Frères une haute estime de la parfaite régularité que de leur citer tout d'abord ce sentiment du grand docteur.

Ce qu'ils firent en 1852, je le fais aujourd'hui dans la même intention à votre égard, M. T. C. F., et je vous exhorte à bien peser et à bien approfondir cette doctrine, qui est si substantielle bien qu'elle ne soit exprimée qu'en très peu de mots.

Et quoiqu'il y ait maintenant 69 ans d'écoulés depuis cette époque, elle ne doit pas avoir moins d'influence pour produire en nos âmes un accroissement d'estime pour la parfaite régularité.

Nous ne l'estimerons jamais trop.

Les Capitulants de 1852 terminèrent leur instruction aux Frères parces paroles tirées du Lévitique :

Gardez mes lois et mes règlements ; celui qui les observera, trouvera la vie. Combien ce texte de la Sainte Ecriture ne doit-il pas fortifier en nous l'idée que nous avons déjà de la haute importance que nous devons attacher à la parfaite régularité !

Notre Vénérable Fondateur nous a fait savoir ce qu'il pensait lui-même de la parfaite régularité. Ses enseignements doivent nous être particulièrement chers. Laissez-moi vous en rappeler quelques-uns.

La fidélité à la Règle, en vous obtenant la persévérance, vous assure *la couronne éternelle.

Vous ne goûterez la paix dans votre saint état qu'autant que vous serez très exacts à observer toute votre Règle.

Pour un religieux ! l'obéissance est le grand chemin dit paradis ; s'il ne quitte pas cette voie, il y ai-rivera infailliblement.

Nous pouvons bien dire qu'ici le mot obéissance signifie parfaite régularité.

L'obéissance à la Règle vous obtiendra la persévérance, vous fera aimer les devoirs de la vie religieuse et vous les rendra faciles.

Ce n'est que par l'exacte observance de votre Règle que vous pourrez acquérir la perfection.

Je conjure Notre Seigneur de vous donner un grand amour pour votre Règle et une grâce particulière pour l'observer dans tous ses points.

Gardez votre Règle, observez-la fidèlement, et je vous assure le paradis.

La Règle est l'âme d'une maison religieuse ; c'est le cœur de la perfection du religieux.

Oui j'espère que la Très Sainte Vierge Marie préservera du péché mortel tous ceux qui seront fidèles à la Règle.

Je suis bien convaincu, M. T. C. F., que cette série d'enseignements de notre Vénérable Père Fondateur fera une grande et salutaire impression sur vos âmes et que la haute idée que vous avez déjà de l'importance de la parfaite régularité en sera considérablement fortifiée.

C'est le résultat que j'ai voulu obtenir en vous les présentant groupés comme je viens de le faire.

 Nous pouvons puiser aussi de précieux enseignements sur la parfaite régularité dans les souvenirs qui nous ont été conservés de nos devanciers dans l'Institut.

Toute la terre s'y mettrait qu'on ne me ferait pas manquer et ma Règle ! dit dans une circonstance le Frère Damien ou le véritable enfant de l'Institut.

En voilà un qui avait une haute estime de la Règle et qui était fermement convaincu de l'importance capitale de la parfaite régularité. C'est un bel exemple donné à tous par l'un de nos aînés. Puisse-t-il avoir beaucoup d'imitateurs !

Parmi les nombreux exemples de vertu que nous a donnés le Frère Bonaventure, il en est un qui convient tout particulièrement au sujet qui nous occupe. On a écrit dans la biographie de ce saint religieux que j'ai eu le bonheur de connaître pendant un certain nombre d'années :

« Pour le frère Bonaventure, tout était grand dans le service de Dieu parce qu'il voyait la volonté divine dans la moindre de nos Règles ».

Quel immense avantage ne serait-ce pas pour notre Institut, si on pouvait rendre un témoignage pareil de tous nos Frères !

 Citons encore de ce saint Frère le témoignage qu'en a rendu un de ses collaborateurs au noviciat de l'Hermitage : « Pendant plusieurs années que j'ai, été avec lui, je ne l'ai pas vu violer une seule fois la Règle ni même manquer de ponctualité pour se rendre fidèle aux plus petites observances. Cette constante fidélité m'édifiait sans doute, mais je l'avoue à ma confusion, elle me paraissait d'une telle perfection qu'elle me confondait et quelquefois me décourageait. Je me suis surpris plusieurs fois à me dire en moi-même : Il n'est donc pas un homme celui-là.

Un autre Frère, qui était employé au noviciat, a pu faire la déclaration suivante : J'ai couché pendant deux ans au dortoir du noviciat. Mon lit était voisin de celui du Frère Bonaventure. Je ne l'ai pu trouver une seule fois en retard pour le lever. Au premier, coup de cloche oit l'entendait donner le signal dit lever et sauter à terre ; de sorte que le premier coup de cloche, le Laudetur Jésus Christus et la sortie du lit avaient lieu ait même instant et se confondaient en un seul acte.

Il me semble le voir en récréation, dit un troisième Frère, – au premier coup de cloche, les boules ou tout autre objet de jeu, lui tombaient des mains, il s'arrêtait tout court, retenant la parole que la cloche surprenait sur ses lèvres, il ôtait son chapeau et se tournait du côté de l'église pour faire la prière qui termine la récréation.

Quels magnifiques exemples pour nous, M. T. C. F. ! Ils sont, en action, la preuve la plus convaincante de la très grande importance que ce saint religieux attachait à la parfaite régularité.

N'est-il pas à souhaiter que tous les Petits Frères de Marie de notre temps pensent et agissent comme pensait et agissait Frère Bonaventure ? Dieu aidant, croyons-le bien, ce n'est pas impossible.

Frère Léon fut un saint religieux ; mais il se fit surtout remarquer par sa fidélité à la Règle. Pour lui il n'y avait rien de petit dans le service de Dieu ; il estimait toutes les Règles et se rendait fidèle aux moindres observances.

Il n'y a, disait-il un jour à un de ses Frères qui le trouvait trop exigeant pour la parfaite régularité ni véritable piété, ni ferveur, ni solide vertu sans là fidélité aux petites Règles.

Voilà encore, M. T. C. F., un beau modèle pour nous, soit pour l'idée que nous devons avoir de l'excellence de la parfaite régularité, soit pour la fidélité effective aux moindres prescriptions de nos Règles.

Nous lisons dans la biographie du Frère Nivard :

L'esprit sérieux est ami de la discipline et de la Règle ; il s'y rend fidèle le plus qu'il peut et il n'y mangue jamais sans remords. Pénétré de cette vérité que rien n'est petit dans le service de Dieu, il ne fait rien à la légère, il est fidèle en tout, ce qui veut dire qu'il est parfaitement régulier.

Un petit extrait de la biographie du Frère Paul aura bien ici sa place ; il produira, je n'en doute pas, un très bon résultat d'édification.

Tout ce que nous pourrions dire de sa fidélité à la Règle serait au-dessous de la vérité ; nous nous contenterons de rapporter textuellement le témoignage qu'en ont rendu les Frères qui l'ont particulièrement connu.

En nous quittant, écrit l'un d'eux, Frère Paul aurait pu nous dire comme le Grand Apôtre. Soyez mes imitateurs comme je le suis de Jésus Christ. J'ai bien combattu ; j'ai gardé la foi, j'ai observé la Règle dans tous ses points ; il ne me reste qu'à attendre la couronne de justice que le Seigneur me donnera dans sa miséricorde. On peut encore lui appliquer les paroles de l'Evangile : Bon et fidèle serviteur, puisque vous avez été fidèle dans les petites choses par l'exacte pratique de vos Règles pendant quarante-quatre ans, je vous élèverai dans de plus grandes ; entrez dans la joie de votre Seigneur.

Un autre ajoute : Le Frère Paul était toujours à la minute, c'est-à-dire qu'il faisait tout avec une ponctualité parfaite. C'est lui qui était chargé de sonner le réveil de la communauté, d'éclairer le dortoir et les corridors : il a rempli cet emploi, avec une telle exactitude que dans l'espace d'une vingtaine d'années, il n’a été pris en défaut que deux fois, et, bien que ce fût involontairement, pour réparer sa faute, chaque fois il se mit à genoux à dîner sans qu'on lui imposât cette pénitence.

Ce que je puis assurer de Frère Paul, dit un autre Frère, c'est qu'il était véritablement un homme de Règle. Pendant plus de vingt-cinq ans que j'ai vécu auprès de lui, je ne l'ai pas vit y manquer une seule fois volontairement. Rien ne pouvait le retenir quand, l'obéissance ou la cloche l'appelait à un exercice de piété ou à une observance de communauté.

Pour mon compte, dépose un quatrième Frère en regardant la Règle je dis : Voila la vie du bon Frère Paul, c'est ainsi qu'il a fait, c'est de cette manière et avec cette perfection qu'il a pratiqué la vertu et qu'il s'est conduit en toutes choses.

Enfin le Frère Directeur ajoute : « A en juger par là voix publique des laïques comme des Frères, Frère Paul a toujours été un modèle de piété, de régularité ;  partout et toujours, il a répandu la bonne odeur de Jésus Christ ».

 Oh ! combien ces exemples admirables donnés par cet excellent Frère doivent nous Inspirer tout à la fois une haute estime de la parfaite régularité et un saint courage pour être ses fidèles imitateurs !

Grâce à Dieu, les exemples de parfaite régularité abondent parmi nos devanciers du premier siècle de l'Institut. C'est un avantage que nous devons grandement apprécier. Vous tirerez certainement un bon profit spirituel, M. T. C. F., de ce que je vais vous citer de la parfaite régularité du Frère Cassien.

Ce saint Religieux a excellé dans la fidélité a toutes les petites observances de la Règle, telles que la prière de l'heure, les oraisons jaculatoires, le recueillement, la préparation du sujet de méditation, la coulpe, la direction et les pratiques d'humilité et de mortification prescrites par la Règle. Lorsqu'il ne fut plus directeur, on le vit avec admiration demander les permissions d'usage avec la modestie et la simplicité d'un novice.

Il a excellé aussi dans la ponctualité. Il ne lui suffisait pas d'être fidèle à la Règle ; il portait la régularité jusqu'à la ponctualité la plus entière, faisant toute chose dans le temps, dans le lieu et de la manière prescrite par Ici, Règle. À Vauban, comme il n'y avait pas de réveil et que le sonneur s'oubliait quelquefois, il se chargea lui-même du lever de la Communauté ; il était donc sans cesse sur le qui-vive, se levait, faisait de la lumière et regardait sa montre afin, d'être exact et de ne pas laisser retarder le lever ;  jamais, en effet, il ne fut pris une seule fois en défaut. Comme quelqu'un lui disait qu'il ne fallait pas être minutieux, il répondit Jésus Christ, notre modèle, a été minutieux remplissant la loi jusqu'à un iota ; j'avoue, ajoutait-il, que la parfaite ponctualité coûte et qu'elle est une dure pénitence ; mais l’habitude et la grâce adoucissent tout.

Que Dieu fasse à tous nos Frères la grâce d'être fidèles imitateurs du Frère Cassien.

Un personnage demandait un jour au Frère Nicétas de lui indiquer une adresse pour lui faire parvenir une lettre sans qu'elle passe par la voie régulière des supérieurs. Dieu me garde, répondit le Frère, de rien cacher à mes supérieurs et de recevoir une lettre quelconque par une voie dé­tournée ; veuillez donc, je vous prie, adresser votre lettre au couvent, je ne puis l'accepter que si elle vient par la voie régulière ».

La fidélité à ce point de Règle fut pour lui une sauvegarde de sa vocation qui était menacée.

Les exemples de parfaite régularité donnés par le saint Frère Ribier sont tellement beaux et dé­notent une telle estime de la parfaite régularité, que je ne puis résister au désir de les relater ici tels que nous les lisons dans sa biographie. Nous les admirerons, M. T. C. F., et ce ne sera pas sans raison. Mais surtout, et ce sera bien mieux, nous tâcherons de les imiter.

Notre Frère Ribier s'est montré un modèle de fidélité aux petites choses et de ponctualité à toutes les observances de la Règle.

On, l'a vu toute sa vie fidèle à garder le silence, ou, dans le besoin, à parler bas, jamais inutilement, toujours en peu de mots. Il était plein d'attentions pour les Frères qui arrivaient de voyage ou des établissements ; mais dès qu'il les avait servis, il se retirait pour ne pas manquer au silence. Il ne voulait pas non plus que les Frères qui étaient sous sa direction s’amusassent à causer avec eux. Nous qui sommes au Noviciat leur disait-il, nous devons donner le bon exemple à ceux qui viennent des établissements. Apprenons-leur donc à garder le silence.

Frère Ribier était fidèle à ne rien faire, rien donner, rien recevoir sans permission. Bien qu'il fût ancien et stable, bien qu'il sût que le Frère Directeur lui laissait toute autorité partout où il était et que l'infirmier fût un Jeune Frère, jamais il ne faisait rien et ne prenait rien à l'infirmerie sans sa permission ; il demandait humblement cette permission pour boire un peu de tisane, pour avoir un peu de fil, une feuille de papier à cautère, pour sortir, pour se jeter sur son lit quand il souffrait trop et enfin pour toute chose. Edifié par sa piété le Frère infirmier le voyant réciter quelques prières de dévotion s'offrit pour soit bien particulier à les faire avec lui. Frère Ribier qui mettait le cachet de l'obéissance à tout ce qu'il faisait, lui répondit : « Il nous faudra demander permission pour faire ainsi, afin que l'obéissance sanctifie tout et augmente notre mérite.»

Fidèle à tous les exercices religieux prescrits par la Règle et jusqu'aux plus petites pratiques de piété, il s’en acquittait avec une attention et une ferveur admirables.

Il faisait toujours le signe de Ia croix gravement, avec un profond respect et y ajoutait, une petite prière. Il pria le Frère infirmier de mettre un bénitier à l'infirmerie car, lui dit-il, il y a indulgence chaque fois que l'on prend de l’eau bénite. Bien qu'il prît peu de chose à ses repas, il disait toujours le grand Bénédicité comme au réfectoire. Jamais il ne buvait un peu de tisane sans faire le signe de la Croix. Dès que l'horloge sonnait, dit le Frère infirmier si je ne commençais pas à l'instant la prière de l'heure, il m'avertissait en portant la main au front. ­

Fidèle et ponctuel à observer la Règle dans tous ses points, au premier coup de cloche il sortait dit lit, il quittait tout pour aller où l'obéissance l'appelait. En tout il était exact et faisait chaque chose à la minute. Il ne pouvait voir manquer à la Règle sans en éprouver de la peine et sans avertir les coupables ; mais il leur faisait remarquer leur faute avec tant de ménagement de charité et d'humilité, que jamais personne ne s'est offensé de ses avertissements.

Rien ne lui coûtait pour observer la Règle parce qu'il était toujours mû par des motifs surnaturels. « Aimons Dieu, disait-il, et nous ne trouverons rien de pénible ; faisons pour gagner le Ciel ce que font les gens du monde pour gagner de l'argent, et les pratiques de notre Règle nous seront douces ». Il lui suffisait que la Règle commandât ou ­défendît une chose pour la faire ou l'éviter.

Fidèle dans le soin des choses temporelles comme dans les choses spirituelles, il prenait un soin minutieux de tout et ne laissait rien gâter. Dans une pensée d'économie il ne craignait pas de doubler son travail pour utiliser un objet qu'il voulait profiter, et que plusieurs autres moins fidèles, moins scrupuleux au­raient mis de côté pour s'éviter la peine de le soigner et de le préparer. Plusieurs fois, il a ramassé, ou fait ramasser quelques grains de riz ou d'autres légumes tombés à terre. « Il ne faut pas laisser perdre le bien du bon Dieu, disait-il. Un grain c'est peu de chose ;  mais avec des grains on fait un tas, avec des gouttes on fait un ruisseau ; la plus grande fortune se compose de centimes : c'est en prenant bien soin des petites choses, en les utilisant qu'on obtient la prospérité d'une maison

Cette maxime du bon Frère est rigoureusement vraie dans le spirituel comme dans le temporel et elle lui servit de règle pour l'un comme pour l'autre.

Dieu veuille, M. T. C. F., que les sujets de la trempe du Frère Ribier se multiplient parmi nous. On peut bien affirmer que plus nous en aurons, plus l'Institut sera florissant, plus il sera béni de Dieu.

Il est une autorité qui est au-dessus de toutes les autres sur cette terre, c'est celle des souverains Pontifes. Or un des plus grands Papes qui ont gouverné l'Eglise, Benoît XIV, a pu dire : Donnez-moi un religieux duquel on pourra affirmer qu'il a été constamment et parfaitement fidèle à toutes les prescriptions de sa Règle et je suis disposé à le canoniser immédiatement.

Pourrions-nous invoquer un meilleur témoignage que celui de cet illustre Pontife pour nous faire apprécier comme il convient l'importance de la parfaite régularité ?

Dans les considérations que je viens de faire, j'ai voulu, M. T. C. F., vous donner une haute idée de la parfaite régularité au point de vue de l'intérêt personnel des individus.

Mais si nous envisageons l'intérêt général de l'Institut, un autre argument se présente immédiatement pour nous convaincre de plus en plus de la grande importance de la parfaite régularité.

Le bien que fera notre Congrégation dans l'Eglise et dans la société humaine sera en proportion du plus ou moins de sainteté de ses membres. Or nous serons d'autant plus saints que nous serons plus fidèles à nos Règles ; car le plus grand saint est celui qui s'attache le plus à faire la volonté de Dieu, fût-ce dans les moindres choses.

L'expérience est d'ailleurs là pour démontrer qu'il en a toujours été ainsi au cours des siècles.

Dans l'histoire de notre Institut pendant ses cent premières années d'existence, nous pourrions trouver de très nombreux exemples pour confirmer cette vérité.

Concluons-en, M. T. C. F., que nous ne saurions assez estimer la parfaite régularité et avoir une trop haute idée de son importance.

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*     *

 Nécessité de la parfaite régularité.

Dans un Institut religieux, la parfaite régularité n'est pas seulement de grande importance, mais elle est absolument nécessaire.

Comme je le disais il y a quelques années dans une circulaire, les Constitutions et les Règles dans un Institut forment ce qu'on peut appeler son ossature sur laquelle s'appuie tout l'organisme.

Il en résulte donc qu'il est absolument nécessaire qu'elles, soient fidèlement observées par tous les Frères pour que l'Institut puisse accomplir sa double mission qui consiste dans la sanctification de ses propres membres et celle du prochain par l'édu­cation chrétienne des enfants.

L'article 144 des Constitutions, en faisant au Supérieur Général de l'Institut un très grave devoir d'exiger de tous les Frères l'exacte observance de tout ce qu'elles prescrivent, nous montre clairement non seulement l'importance de cette observance niais son absolue nécessité

Nous ne saurions trop, M. T. C. F., nous pénétrer de la signification de cet important article, qui est, nous le savons, l'expression de la volonté de Dieu.

Elle est donc bien nécessaire la parfaite fidélité aux Constitutions puisqu'il y a pour les Supérieurs une si grave et si lourde responsabilité à en assurer l'accomplissement.

Il est un autre article qui démontre combien est nécessaire la parfaite fidélité aux Constitutions et aux Règles. C'est l'article 205. Il y est dit :

Un des principaux et des plus importants devoirs des supérieurs qui sont au gouvernement de l'institut, des provinces et des maisons, c'est de travailler de toutes leurs forces à la conservation et à l'accroissement du corps entier de l'Institut :

1° en faisant éviter soigneusement tout ce qui pourrait le perdre, et pour cela empêcher, réprimer et même punir la négligence et le mépris des petites choses et la facilité à violer les Constitutions ; car un Institut est sur le penchant de sa ruine quand on y fait peu de cas des petites observances, qu'on y tolère les petites fautes et qu'on laisse impunis les manquements aux Constitutions et à l'obéissance.

Qui ne serait saintement effrayé, M. T. C. F., en considérant ce terrible résultat des infidélités aux petites observances et de la tolérance à les laisser s'introduire dans la Congrégation ? Ce serait lui faire un tort immense, car ce serait la mettre sur le penchant de sa ruine.

Ne devons-nous pas conclure de là combien il est nécessaire de pratiquer nous-mêmes et de promouvoir autant qu'il nous est possible la parfaite régularité en tout et partout, dans les petites choses aussi bien que dans les grandes ?

D'ailleurs nous savons bien ce que pensait sur ce point le Vénérable Père Fondateur. Il classait parmi les plus grands ennemis de l'Institut les Frères qui dans leur langage et dans leurs agis­sements préconisent une manière large d'interpréter et de pratiquer les Constitutions et les Règles, faisant peu de cas de ce qu'ils appellent des mi­nuties.

Oh ! M. T. C. F., que personne parmi nous ne mérite jamais d'être classé dans cette catégorie !

Daigne la Très Sainte Vierge Marie, notre céleste Mère, préserver notre chère famille religieuse, qui est la sienne, des Frères à conscience large sous le rapport de la régularité !

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*       *

 Avantages de la parfaite régularité.

Ils sont nombreux et grands. Il y en a pour les individus, pour les communautés des postes, pour les écoles, pour l'Institut, pour l'Eglise, etc. …

Nous disons chaque matin au dernier psaume des Petites Heures de l'office de la Sainte Vierge :

Beati omnes qui liment Dominum, qui ambulant in viis ejus.

Ils sont bienheureux, dit le Roi Prophète, tous ceux qui craignent le Seigneur et qui marchent dans ses voies.

Or quels sont les Religieux qui marchent dans les voies du. Seigneur ? Evidemment ce sont ceux qui observent parfaitement leurs Constitutions et leurs Règles, car, comme nous l'avons déjà dit : Celui qui vit selon la Règle, vit selon Dieu.

Quel avantage inappréciable n'est-ce pas pour ces Religieux d'être déclarés bienheureux par l'Esprit Saint lui-même !

Vous me demandez, écrivait le Vénérable Père Champagnat à un Frère, quel moyen vous devez prendre pour avancer dans la vertu. Je n'en connais pas de meilleur ni de plus sûr que la fidélité à la Règle. Gardez votre Règle, observez-la fidèlement et je vous assure le paradis ; soyez fidèle à votre Règle et je réponds de votre salut.

La parfaite fidélité à la Règle fournit au Religieux de multiples occasions de réaliser une grosse fortune spirituelle ; car toutes ses actions sont marquées du cachet de l'obéissance religieuse, ce qui leur donne une valeur exceptionnelle aux yeux de Dieu.

C'est faire argent de tout, dit le Père Faber, que d'être constamment et parfaitement fidèle à la Règle par un principe d'obéissance religieuse.

Heureux l'homme qui craint le Seigneur et qui met tout son zèle à lui obéir ! Sa postérité sera puissante sur la terre, la race du juste sera en bénédiction.

La gloire et la richesse sont dans sa maison et sa Justice demeure dans les siècles des siècles.

Ces magnifiques promesses qui forment les trois premiers versets du psaume 111 s'appliquent évidemment au religieux parfaitement régulier.

Ne doivent-elles pas être pour nous, M. T. C. F., un puissant encouragement à faire de généreux et constants efforts pour triompher des difficultés que peut présenter parfois l'observance de quelques points de nos Règles ?

Heureux le serviteur que son maître à son arrivée trouvera veillant en vérité, Je vous le dis, il l'établira. sur tous ses biens.

A qui, mieux qu'au religieux parfaitement régulier, peut-on appliquer cette sorte de béatitude que nous lisons dans le Saint Évangile ? N'est-il pas à tous les instants de son existence le serviteur toujours vigilant ?

Ne s'appliquent-elles pas aussi au religieux parfaitement régulier les paroles suivantes du saint Evangile : Courage ! bon serviteur qui avez été fidèle, dans les petites choses, entrez dans la joie de votre Seigneur !

 Il dépend de nous, M. T. C. F., que ces paroles si encourageantes nous soient appliquées au jour où nous entrerons dans notre éternité.

Quel précieux avantage, pour chacun de nos Frères que les neuf sûretés que procure la parfaite régularité et qui sont si magnifiquement expliquées par le R. F. Louis-Marie, dans sa circulaire de 1860 sur la Régularité ! On ne saurait trop les relire afin de bien les comprendre et surtout afin de prendre les moyens efficaces d'en faire son profit. 1° Sûreté pour le cœur – 2° Sûreté pour l'esprit. – 3° Sûreté pour la volonté. – 4° Sûreté pour la conscience. – 5° Sûreté pour la grâce de Dieu et la vertu. – 6° Sûreté pour le bien, sûreté contre le mal, sûreté même après les chutes. – 7° Sûreté pour la raison, le bon sens, le jugement. – 8° Sûreté enfin pour l'âme et pour le corps. – 9° Sûreté dans la Règle, sûreté universelle, sûreté perpétuelle.

Je viens de relire à plusieurs reprises les détails que donne le Frère Louis-Marie sur ces neuf sûretés. Cette lecture m'a vivement impressionné. Quel excellent sujet de méditation constituent ces explications ! On pourrait certainement avec grand profit les prendre de temps en temps comme sujet d'oraison pour la Communauté et en particulier à l'occasion des récollections mensuelles.

A ces avantages si nombreux et si précieux que procure à chaque religieux en particulier la parfaite régularité, on pourrait en signaler bien d'autres. Mais bornons-nous pour cette fois à ceux que nous venons d'indiquer et voyons quelques-uns de ceux qu'elle procure à nos communautés.

Pendant les 21 années que j'ai eu à remplir la charge d'assistant et les 12 années que j'ai dû porter celle de Supérieur Général, j'ai visité un grand nombre de nos maisons dans presque toutes les parties du monde, et j'ai pu constater que c'est dans celles où règne le mieux la parfaite régularité que nos Frères sont le plus heureux et, où ils jouissent le plus abondamment du centuple promis par Notre Seigneur.

Les rapports des Frères Provinciaux et des Frères Visiteurs, les correspondances des Frères nous montrent aussi que partout où règne la parfaite régularité on est content, et qu'en général, on y fait l’œuvre de Dieu avec succès.

Par contre, les plaintes, les récriminations, les mécontentements, les malaises, quand ils se produisent, c'est presque toujours, pour ne pas dire toujours, dans les maisons où les Constitutions et les Règles sont plus ou moins négligées. Cela se comprend, car là où règne l'ordre, tout marche, tout s'exécute sans heurts et sans chocs, aussi bien dans les organismes matériels que dans les réunions de personnes. Mais dès que le désordre s'introduit c'est à dire l'irrégularité, ce sont alors des grincements plus ou moins prononcés qui se manifestent au grand détriment de la communauté et des membres qui la composent.

Il y va donc du meilleur intérêt et du vrai bonheur de tous de faire bonne guerre aux irrégularités et aux irréguliers.

Un avantage important que procure la parfaite régularité, c'est de favoriser les bonnes études.

Il est d'expérience que dans les maisons oit on est parfaitement réguliers, où le silence est bien gardé les Frères développent leurs connaissances acquises et se mettent progressivement à la hauteur des emplois qui pourront leur être confiés. Ils deviennent ce que nous appelons de bons sujets, des hommes sur lesquels on peut compter. Sur ce point, les exemples que je Pourrais citer seraient nombreux. Ayons donc partout grandement à cœur d'être des hommes de Règle, de fidèles observateurs du silence, ce sera un excellent moyen de faire de la maison où nous serons placés une communauté où les Frères étudient sérieusement, où les leçons d'enseignement profane et surtout celles d'instruction religieuse sont soigneusement préparées.

Oh ! combien sera grand aux yeux de Dieu le bien qui s'accomplira dans une telle maison

La parfaite régularité constitue dans nos maisons un apostolat permanent et d'une très grande efficacité.

Les Frères qui partout et toujours pratiquent fidèlement tous les points de nos Constitutions et de nos Règles, exercent réciproquement les uns sur les autres la plus salutaire des influences, celle du bon exemple. En effet ci est une vérité bien connue que si les paroles émeuvent les exemples entraînent, ce qui est bien préférable.

L'apostolat exercé par un établissement de Frères bien réguliers ne se produit pas seulement entre confrères, il s'étend aux élèves de l'école qui sont en contact avec leurs Maîtres pendant une notable partie de la journée et cela pendant toute la durée de leur scolarité.

On ne saurait trop apprécier la valeur morale de cette influence s'exerçant d'une manière continue pendant des années.

Cet apostolat de l'exemple ne s'exerce pas seulement sur les élèves de l'école, il étend son action sur la population du pays. Lorsque les Frères ont à circuler dans la localité pour se rendre aux offices de l'église, pour faire leur promenade de règle – ou pour tout autre bon motif, s'ils observent parfaitement le chapitre de Règle sur la modestie ils sont, à n'en pas douter, la bonne odeur de Jésus Christ pour tous ceux qui les voient ; ils font une prédication muette à la manière de Saint François d'Assise.

En observant très fidèlement le chapitre de Règle qui trace aux Frères la ligne de conduite qu'ils -ont à tenir dans les voyages, ils exerceront un excellent apostolat dans les voitures, dans les tramways, dans les trains, dans les bateaux, etc. Je pourrais citer à ce sujet de nombreux exemples dont il m'a été donné d'être témoin et qui montreraient la grande, efficacité des bons exemples donnés dans les voyages.

La parfaite régularité favorise le recrutement des bonnes vocations.

Ce n'est pas un mince avantage. En effet une bonne vocation d'éducateur religieux est un trésor qui n'a pas de prix ; tout l’or du monde ne suffirait pas pour la payer.

De plus nous savons en quelle haute estime Sa Sainteté Benoît XV tient notre vocation. Il nous l'a -dit clairement dans la mémorable Lettre qu'il nous adressa à l'occasion du centenaire, et dont il ne sera pas inutile de transcrire ici le premier alinéa : Former l'esprit et le cœur des enfants au moyen de l'enseignement est une œuvre telle qu'aucune autre ne nous paraît intéresser davantage la société humaine.

Jugeons de là, M. T. C. F., combien il est avantageux de faire régner la parfaite régularité dans une maison si elle doit contribuer à faire éclore de bonnes vocations. Or l'expérience nous apprend qu'elle produit souvent cet excellent résultat. Que d'exemples nous pourrions citer de maisons qui ont été des pépinières de bonnes vocations parce que la régularité y était parfaite.

Vous n'ignorez pas, M. T. C. F., que le nombre des ouvriers pour travailler à la vigne du Seigneur est loin de correspondre aux besoins actuels qui sont plus grands qu'ils n'ont peut-être jamais été. La terrible guerre qui a sévi pendant plus de quatre ans, a fait de grandes et nombreuses brèches dans les rangs du clergé et des religieux éducateurs Pendant ces années si calamiteuses, le recrutement a fléchi considérablement dans beaucoup de nos provinces.

Il importe donc beaucoup que nous déployons plus de zèle que jamais pour combler les vides qui se sont produits dans notre Congrégation.

Et non seulement nous devons viser à combler les vides, mais il faut que nous fassions tout ce qui dépendra de nous pour multiplier le plus possible les bons sujets.

Le supérieur général d'une grande Congrégation de Frères enseignants me disait naguère : « Nous avons décidé en notre Conseil du Régime de faire du bon recrutement avec plus d'intensité que jamais ». Et ce n'était évidemment pas sans de bonnes et fortes raisons qu'ils avaient pris cette décision.

Ne sommes-nous pas fondés à agir de même dans notre Institut ?

On sent tellement aujourd'hui la nécessité d'une bonne éducation chrétienne de la jeunesse, que les demandes de fondations d'écoles nous arrivent plus nombreuses et plus pressantes que jamais. Et, comme je vous l'ai dit plusieurs fois dans mes précédentes circulaires, nous sommes presque toujours obligés de répondre par un « non possumus » à cause du manque de sujets. N'est-ce pas vraiment désolant de ne pouvoir, donner à ceux pour qui on le demande si instamment le bienfait si précieux et si nécessaire de l'éducation chrétienne ?

Espérons que l'ère nouvelle qui se prépare permettra et même facilitera les moyens de multiplier les bonnes vocations de Frères enseignants. Prions et faisons prier dans cette intention. Souvenons-nous du résultat que l'on pourrait qualifier de merveilleux qui fut obtenu par la prière pour le recrutement en 1822.

Toutefois il importe d'unir l'action à la prière. Aide-toi et le Ciel t'aidera ! Qu'on s'occupe surtout de découvrir et de cultiver les vocations parmi les élèves de nos écoles. A-t-on suffisamment exploité cette source de bonnes vocations dans le passé ? On s'accorde généralement à dire qu'on aurait pu faire mieux et beaucoup mieux.

Il faut que tous nos Frères sans exception s'intéressent fortement à cette œuvre capitale du recrutement. J'ai pu constater qu'il y a parmi nous de grandes différences dans le degré de zèle pour cette œuvre. Chacun devrait avoir la louable ambition de pouvoir compter dans l'Institut plusieurs prosélytes recrutés par lui.

Un autre grand avantage que procure la parfaite régularité dans une maison, c'est d'y constituer le bon air dont parle le Frère Jean-Baptiste dans le livre des Avis, Leçons, Sentences.

Nos jeunes Frères sortant du noviciat ou du scolasticat pour entrer dans notre vie active soit comme chargés d'un emploi temporel ou comme chargés de classe, sont à une époque bien critique de leur vie religieuse. Pour la leur faire traverser victorieusement il importe beaucoup qu'ils soient placés en bon air comme dit le Frère Jean Baptiste. Là, non seulement ils conserveront les bonnes dispositions puisées au noviciat et au scolasticat, mais ils fortifieront leur tempérament religieux, ils s'attacheront de plus en plus à leur sainte vocation, leurs facultés physiques et morales se développeront et se fortifieront. C'est l'atmosphère de régularité parfaite dans laquelle ils auront vécu d'une manière permanente qui aura été le facteur principal de ce précieux résultat.

Sur ce point, que de nombreux et beaux exemples nous pourrions citer !

Ne parlons pas de ce qui arriverait si le jeune Frère, au lieu d'être placé dans le bon air d'une maison parfaitement régulière, avait le malheur de tomber dans le mauvais air d'une communauté où régnerait l'irrégularité.

Hélas ! il faut bien le dire, nous avons eu malheureusement à déplorer au cours de notre 1iersiècle, des pertes de bonnes vocations qui auraient pu contribuer au bien que notre Institut est appelé à faire dans l'Eglise. Quelle a été le cause de leur défection ?

Ou peut bien affirmer que souvent c'est l'irrégularité ou plutôt une suite d'irrégularités plus ou moins nombreuses et plus ou moins prolongées qui ont fini par aboutir au naufrage.

On voit par-là combien est grande la responsabilité de ceux qui, par leurs exemples ou par leur coupable faiblesse introduisent ou laissent s'introduire et se maintenir les irrégularités dans une communauté.

Que Dieu nous préserve de ce malheur !

Dans le chapitre des « Avis, Leçons, Sentences », où le Frère Jean Baptiste traite la question des quatre saisons de la vie, il dit que c'est pendant la seconde, celle de 20 à 30 ans, que se forment les habitudes bonnes ou mauvaises. Il en résulte que si le jeune religieux ne s'établit pas alors dans la voie des bons principes, dans les habitudes de la solide vertu, de la parfaite régularité, il s'engage dans la voie des habitudes vicieuses, des défauts et des imperfections qu'il gardera toute sa vie.

Nous voyons par-là quel service inappréciable rendent à nos Frères de 20 à 30 ans et par conséquent à l'Institut dont ils font partie, les maisons où règne une parfaite régularité. Ces jeunes religieux sont, pour ainsi dire, dans la nécessité de devenir eux-mêmes parfaitement réguliers ; et quand ils auront vécu 5 ans, 8 ans, 10 ans de cette vie parfaitement régulière, on peut espérer à bon droit qu'il en sera de même pendant toute leur vie, comme l'affirme le Frère Jean Baptiste. Soyons bien persuadés, M. T. C. F., que c'est là un des plus grands avantages que procure à l'Institut la parfaite régularité dans nos Communautés.

Elle serait longue l'énumération des autres services que rend à l'Institut et à ses membres la parfaite régularité. Mais il faut nous borner.

Disons cependant encore qu'elle contribue puissamment à donner à l'Institut dans son ensemble une grande force pour accomplir son importante mission dans l'Eglise.

Par les temps si difficiles que nous traversons, où de si violentes convulsions agitent les peuples un peu partout, exposés que nous sommes à en subir plus ou moins les pernicieuses influences, nous avons besoin d'une force de résistance plus qu'ordinaire. Nous la trouverons surtout, soyons-en bien convaincus, dans la parfaite régularité de nos Communautés.

De toutes les considérations que je viens de vous exposer, vous tirerez tous, M. T. C. F., la bonne conclusion de vous appliquer plus que jamais avec une volonté ferme et constante à être des religieux parfaitement réguliers.

Je vous exhorte même à viser plus haut, c'est-à-dire à être non seulement des religieux très réguliers en tout, partout et toujours, mais à être des promoteurs zélés de la parfaite régularité.

Tous les Frères qui ont eu le bonheur de prendre part au second noviciat ces derniers années ont inscrit au nombre de leurs principales résolutionscelle d'être des champions de la parfaite régularité.

Olt ! qu'il serait à souhaiter que tous nos Frères sans exception puissent dire à leur Frère Provincial et aux premiers supérieurs – Je veux être et, Dieu aidant, je serai un champion résolu de la parfaite régularité partout où l'obéissance nie placera.

 *

*      *

 Il y aurait encore à vous parler des deux autres vertus fondamentales de piété et de charité fraternelle. Ce sera, s'il plaît à Dieu, l'objet d'une autre circulaire.

Toutefois laissez-moi vous rappeler en deux mots seulement une petite partie de ce que nous a enseigné le V. Père Fondateur sur ces deux vertus.

1° Les Frères solidement pieux sont des sujets qu'on ne saurait trop estimer, ils sont les colonnes de l'Institut, plus nous en aurons plus la Congrégation sera florissante, plus elle sera bénie de Dieu.

Qui d'entre nous, M. T. C. F., s'il réfléchit sérieusement à cette doctrine si substantielle dans sa brièveté de notre Vénérable Père, ne se sentira vivement excité à faire les plus généreux efforts pour se maintenir et même se fortifier de plus en plus dans la solide piété ?

2° Le Vénérable Père était si convaincu de l'importance de la solide piété qu'il l'appelait le « POINT CAPITAL » et il affirmait qu'un Frère qui manque de piété ne fait rien de bon ni pour lui ni pour les autres, il est impuissant à faire le bien parce qu'il n'a pas les moyens, nécessaires pour l'opérer, qui sont la prière et l'union avec Dieu. Bien plus, une longue expérience, disait-il, m'a appris qu'un Frère sans piété est un homme de rien.

Qu'aucun de nous, M. T. C. F., ne mérite jamais qu'on puisse dire de lui avec vérité qu'il est un homme de rien.

Quant à la charité fraternelle le Vénérable Fondateur a fait connaître aux Petits Frères de Marie de tous les temps et de tous les lieux que le vœu le plus ardent de son cœur, au moment où il allait quitter cette terre pour une vie meilleure, était que nous nous aimions les uns les autres comme Jésus Christ nous a aimés.

Qu'il n'y ait parmi vous, nous dit-il dans son Testament spirituel, qu'un même esprit ; qu'on puisse dire des Petits Frères de Marie comme des premiers chrétiens : Voyez comme ils s'aiment ! Ecoutez les dernières paroles de votre Père, ce sont celles de notre bien-aimé Sauveur : Aimez-vous les uns les autres.

Nous aurons tous à cœur, M. T. C. F., de nous conformer, filialement et religieusement aux suprêmes désirs de notre Vénérable Père.

Plus que jamais il y a un souverain intérêt à ce que ses dernières volontés soient bien comprises et fidèlement pratiquées par tous les membres de l'Institut.

La grande extension de la Congrégation dans toutes les parties du monde, les nationalités différentes auxquelles appartiennent nos sujets, les compétitions entre les peuples demandent actuellement beaucoup plus que par le passé que nous soyons très vigilants et très soigneux pour maintenir et fortifier la parfaite union entre tous les membres, de notre famille religieuse, que nous évitions avec le plus grand soin tout ce qui pourrait l'altérer.

Souvenons-nous que l'union fait la force, tandis que la désunion engendre nécessairement la faiblesse.

Les « TROIS UN » qui gouvernèrent l'Institut avec tant de succès après la mort du vénérable Fondateur, sont une éclatante preuve des excellents effets que produit la parfaite union.

En ces débuts de notre Second siècle d'existence, et après la terrible tourmente qui vient de secouer si fortement le monde, qui a accumulé tant de ruines de toute espèce et dont notre cher Institut a ressenti le contre-coup dans une si large mesure, ayons tous grandement à cœur d'être parfaitement unis comme le furent, il y a 80 ans le Frère François, le Frère Louis-Marie et le Frère Jean-Baptiste.

La même cause produira les mêmes effets, c'est-à-dire que la parfaite union entre tous les Petits Frères de Marie du monde entier nous rendra très forts pour triompher de nos divers ennemis et pour opérer le bien dans l'Eglise et dans la Société humaine comme Dieu le demande et l'attend de nous.

Il sera utile que je rappelle ici la grande recommandation que fit l'immortel Léon XIII dans une mémorable encyclique adressée à tous les catholiques du monde et qu'il résuma dans la courte formule si expressive :

« L'UNION DANS LE RESPECT DE L'AUTORITÉ ».

Que de maux auraient été évités dans le passé et que de maux on éviterait. à l'avenir si, dans toutes les classes de la société on s'était conduit et on se conduisait dorénavant selon la direction donnée par l'illustre Pontife.

Nous, M. T. C. F., qui devons contribuer pour notre part à être le sel de là terre et la lumière du monde, soyons fidèles à régler partout et toujours nos paroles et nos actes d'après ce, conseil de celui à qui nous pouvons appliquer la parole de Notre Seigneur : Celui qui vous écoute, m'écoute.

 Nos Causes de Béatification[1].

    Je suis heureux, M. T. C. F., de vous commu­niquer la lettre que je viens de recevoir du T. C. Frère Candidus, notre Procureur Général près le Saint Siège. Les détails qu'elle contient, vous seront agréables, je n'en doute pas, et vous exciteront à vous intéresser de plus en plus aux deux causes qui nous sont si chères.

  Rome, 15 mars 1919.

    Mon Très Révérend Frère,

Selon votre désir, je m'empresse de vous faire connaître à quel point sont, en ce moment, nos chères Causes de Béatification.

Pour la Cause de notre V. Père, nous venons de terminer la préparation du dossier pour la Congrégation générale devant le Saint Père. Ce dossier comprend 1° un résumé chronologique des diverses phases par lesquelles a passé la Cause de notre V. Père ; 2° les animadversions fournies par le Promoteur de la Foi après la dernière Congrégation dite préparatoire ; 3° les réponses de l'Avocat. Tout ceci a été imprimé et relié ; c'est donc tout prêt à être distribué aux Consulteurs qui doivent prononcer leur jugement devant le Saint Père et le lui remettre par écrit.

Quand aura lieu cette Congrégation générale laquelle, nous en avons la ferme espérance, sera suivie de la proclamation solennelle du décret sur l'héroïcité des vertus ? Nous aurions pu l'avoir cette année-ci, si ce n'avait été, la grande affluence de Causes voisines à la Canonisation ou à la Béatification et qui ont occupé toutes les Congrégations possibles pour l'approbation définitive des miracles. Mais nous avons tous la certitude que nous trouverons une place l'an prochain. Que nos Frères veuillent bien, par leurs ferventes prières, obtenir que cette certitude soit changée en réalité.

Pour la Cause du vénéré Frère François, nous travaillons à recueillir les lettres testimoniales et nous préparons le procès sur les écrits, procès que la terrible guerre nous a empêchés de faire plus tôt.

D'après ce que je vous ai dit plus haut, mon Très Révérend Frère, il est clair que sous peu, nous n'aurons plus à nous occuper que des miracles pour arriver enfin à la Béatification si désirée de notre Vénérable Père, le reste étant tout accompli par la promulgation prochaine du décret sur l'héroïcité des vertus.

Nous savons tous de quelle profonde vénération il était entouré à N. D. de l'Hermitage, à La Valla, à Saint-Chamond, et dans tous les environs. Il était entouré de la même vénération quand il visitait nos premières maisons de la part des Frères, du Clergé, des Autorités civiles et des enfants des écoles. « L'air de bonté, de sain­teté qui paraissait sur sa figure fit une vive impression sur les jeunes gens, au Pensionnat de la Côte-Saint-André, tous voulurent s'adresser il lui. Ils disaient entre eux : C'est un Saint ! » (F. Aidan -Procès de l'Ordinaire). Sa répu­tation de sainteté était telle que M. Janvier, curé à Saint Julien-en-Jarret, l'annonçant comme prédicateur ne craignait pas de dire en chaire : vous allez entendre prêcher un saint ! (Gabrielle Fayasson, Procès de I'Ordinaire).

Cette vénération, cette réputation de sainteté s'est toujours maintenue chez nous et elle est allée croissant de plus en plus, surtout depuis l'Introduction de sa Cause auprès du Saint Siège. Mais quand il apparaîtra ceint de l'auréole des Bienheureux, il excitera bien davantage et notre enthousiasme et notre vénération, et il sera encore plus large pour nous de grâces, de faveurs, de bénédictions.

Ils sont bien nombreux déjà les faits prodigieux, les miracles qui démontrent que notre Vénérable Fondateur a été un élu, un envoyé de Dieu.

Pour coopérer efficacement à sa glorification que nous désirons vivement et dont on a tant de fois exprimé le vœu, qu'il me soit permis, mon Très Révérend Frère, de faire ici quelques recommandations.

1° Il faut qu'on ne cesse de prier, et de prier beaucoup de prier tous et quotidiennement, afin que le bon Dieu et la Vierge Marie bénissent les travaux qui sont en cours pour la Cause de Béatification de notre Vénérable Père ;

2° Aux malades, surtout quand il s'agit de cas humainement désespérés, qu'on ne manque pas de conseiller la prière et la confiance la plus vive dans l'intercession du Vénérable Père Champagnat, demandant à Dieu que s'il veut glorifier notre Vénérable Père, il daigne multiplier, par son intercession, les grâces prodigieuses et les miracles éclatants ; .

3° En faisant ces prières, il ne faut pas manquer de renouveler sa foi explicite à l'intercession et à la seule intercession du Vénérable, et ne pas associer à son nom, ni celui de la Bienheureuse Vierge Marie, ni ceux des Saints, ni d'autres personnes mortes en odeur de sainteté et que nous croyons puissantes auprès de Dieu, afin qu'il soit bien prouvé que le fait miraculeux est dû uniquement à l'intercession du Vénérable Père Fondateur. Nous pouvons pourtant, et on conseille de le faire, nous pouvons prier la Sainte, Vierge Marie, en ce sens qu'elle veuille bien unir ses prières aux nôtres et nous obtenir que Dieu permette qu'il s'accomplisse des prodiges par l'intercession de notre Vénérable pour sa prochaine béatification.

4° Les relations les plus détaillées et les plus véridiques de ces grâces et prodiges doivent être envoyées au Très Révérend Frère Supérieur Général, accompagnées des certificats de médecins et d'autres personnes dignes de foi afin qu'on puisse les publier, pour l'honneur du Vénérable et pour accroître la confiance en lui et aussi afin de, voir le meilleur parti qu'on pourrait en tirer pour le succès de la Cause. Il serait bon de demander les certificats des médecins avant de commenter les prières ou les neuvaines au Vénérable. On préviendrait ainsi bien des difficultés.

Voilà, mon Très Révérend Frère, ce que je crois devoir vous dire, aujourd'hui en réponse à votre désir.

Veuillez agréer, mon Très Révérend Frère, la nouvelle assurance des sentiments de profond respect et d'entière soumission de votre très humble et très obéissant fils et serviteur en J. M. J.,

     F. CANDIDUS.

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 Faveurs attribuées

à l'intercession du Vénérable Père Champagnat.

I. Guérison

d'un Juvéniste à Carrion de los Condes.

      Mon cher Frère Assistant,

Grâces soient rendues à notre Vénérable Fondateur : notre malade est eu voie d'une guérison miraculeuse ! Il ne prend encore aucune nourriture mais il se lève, depuis trois jours.

Il y a huit jours aujourd'hui que nous avons terminé la neuvaine à N. D. « del Valle », patronne de la ville de Saldañia et des vingt-cinq villages de la contrée. Durant les premiers jours de cette neuvaine, le mal s'aggravait de jour en jour. Vers le cinquième, nous attendions son dernier soupir d'un moment à l'autre. Les deux médecins qui le soignaient, dont l'un très renommé, disaient : « Tout remède est inutile, cet enfant se meurt ». Nous autres nous mettions notre confiance dans le ciel. Je vous fais remarquer que, dans le Juvénat, oit disait : « Si le malade arrive au vendredi soir (c'était le jour pour commencer avec solennité et ferveur une neuvaine à notre V. Fondateur), il ne mourra pas », tant était grande la confiance que nous avions. C'est vraiment depuis lors que le mal a diminué rapidement. Nous sommes très reconnaissants pour la puissante protection que notre Vénérable Père a montrée en faveur de notre malade.

Dans mes précédentes lettres, je vous ai déjà dit que le malade depuis que la neuvaine avait été commencée invoque le Père Champagnat et baise chaque jour sa relique. Plusieurs fois, les Juvénistes ont fait escorte à Jésus au Saint Tabernacle lui demandant la guérison par l'intercession du Vénérable Père. Je ne vous répèterai pas les faveurs surnaturelles que le malade a reçues. Oh ! quel bonheur est le sien et aussi le nôtre ! Que Dieu soit en tout béni et honoré !

Les prières de la neuvaine étaient composées des actes de contrition et de charité, de trois Notre Père en l'honneur de notre Vénérable Fondateur, après chacun desquels on disait trois fois : « Vénérable Marcellin Champagnat guérissez notre malade ! », la prière approuvée par le Saint Siège, et on finissait par trois autres invocations.

Dieu aidant, dimanche prochain, nous commencerons une autre neuvaine au Vénérable Fondateur, elle sera faite en action de grâces. Nous commencerons chacun des neuf jours par le chant du Magnificat.

Les Juvénistes éprouvaient une grande consolation et un grand bonheur de pouvoir visiter le malade tous les jours. Depuis ils font mieux que jamais les prières et accomplissent plus fidèlement leur devoir.

Par esprit de mortification et pour la réussite de la neuvaine au V. P. Champagnat, ils se sont imposés le silence pendant les récréations de dix et trois heures, et beaucoup d'entre eux se sont privés, avec permission, du goûter. Vraiment, grâce à Dieu, c'était très édifiant et très consolant.

Les Frères et, en particulier, le Frère Ulmer et le Frère Aquilino sont dignes d'éloges pour leur esprit d'abnégation et de sacrifices. Ils se sont montrés infatigables pour soulager, garder et veiller le malade.

Les élèves du Collège méritent aussi d'être mentionnés. Spontanément ils sont allés au pied de l'autel de la Sainte Vierge pour implorer la guérison de notre malade et ne cessent de demander de ses nouvelles. Leur bon esprit et leur piété sont dignes d'éloges. Je dois dire en toute vérité que leurs professeurs sont de vrais apôtres : la prospérité de l'école et les élèves qui, cette année, sont rentrés au Juvénat sans parler de ceux qui s'y préparent, en sont la preuve.

Je termine cette lettre le trois juin ; grâce à Dieu, nous pouvons dire que Aniceto est complètement guéri et, salis crainte de mentir, nous pouvons ajouter que notre Vénérable Fondateur a fait nu miracle.

Les Frères et les Juvénistes saluent votre Révérence. Un cordial et affectueux salut au Révérend Frère Supérieur Général.

Votre humble serviteur en Jésus, Marie et Joseph

Fr. Filogonio.

      ATTESTATION DU DOCTEUR.

 Je soussigné, Doit Pedro Garrida Arconada, Docteur en Médecine et Chirurgie, Titulaire, et Subdélégué du District de Carrion de los Condes,

Certifie qu'en qualité de médecin chargé, de l'assistance médicale des Frères Maristes domiciliés en cette ville, je fus appelé, au mois de mal, à visiter le juvéniste Aniceto Garcia Diez, âgé de 15 ans, natif de Villasandino (Burgos) et atteint, d'après mon diagnostic, de méningite cérébrale aiguë, et tel était aussi l'avis du Dr Fausto Oscapa, Médecin en exercice, dans la même ville, qui fut appelé en consultation. On mit en usage tous les moyens conseillés par la science (sangsues aux apophyses mastoïdes, glace sur la tête, purgatifs, calomels à faibles doses, injections de sérum anti-méningitique) et malgré le traitement employé, le pronostic était, on peut le dire, la mort, car le cerveau ne réagissait pas ; c'était un état de véritable inconscience. Cependant, à notre grande surprise, le malade se mit à aller mieux au bout de quatre ou cinq semaines, de telle sorte que la convalescence fut normale et que de la maladie il ne resta aucun résidu contrairement à ce qui, par malheur, arrive, d'ordinaire pour ces sortes d'affections.

En foi de quoi, sur la demande du Frère Directeur, je délivre la présente que je signe

à Carrion de los Condes, le 2-9 Novembre 1918.

      Dr PEDRO GARRIDA.

 Il. Relation d'une « Rapatriée », guérie par le V. P. Champagnat.

 Je suis une rapatriée de Beaucamps près Lille (Nord) et chargée de 3 enfants en bas âge.

Après la destruction complète de mon habitation et l'enlèvement partiel de mon mobilier et de mes bestiaux, je dus chercher un abri chez des voisins.

Je souffrais d'une douloureuse plaie au bras gauche, cependant mon endurance et mon énergie me permirent de, continuer mon travail de blanchisseuse. Parfois l'acuité, de mes douleurs me força de le suspendre : il fallait vivre.

Après 3 ans ½ de contact avec nos occupants, le village reçoit l'ordre d'évacuer ; je fus dirigée sur la Belgique. J’y stationne trois mois, vivant péniblement. Ce séjour augmente mes souffrances physiques et morales. A mon départ pour la France, j'étais malade. En cours de route, mon état s'aggrave, un phlegmon se déclare dans mon bras et arrivée à Evian, d'intolérables douleurs m'obligent à m'adresser à un docteur. « C'est très grave, dit-il, vous resterez ici ». Quelle angoisse ! Et mes enfants !

Soumise à la volonté, de Dieu, je prie Marie, « Santé des Infirmes », et vois, avec chagrin et résignation, mon entourage me quitter pour poursuivre son rapatriement

 Me voici à l'hôpital confiée aux infirmières de la Croix-Rouge, très bonnes, très dévouées, mais je suis étrangère et en pays inconnu, quelle épreuve ! Dieu m'en réservait d'autres.

Mes douleurs s'avivent, mon bras enfle démesurément, le docteur le perce, une intense fièvre m'accable, il est question d'amputer mon bras. Je suis dans d'inexprimables transes. Je me retourne vers Dieu et m'adresse au V. P. Champagnat. Je mets dans mon lit son image portant une relique et toute la nuit je répète : « V. P., Champagnat, intercédez pour moi, guérissez mon bras ».

Le lendemain matin, le Docteur me revoit, débande la compresse et parait surpris de la trouver encore humide (ma température de plus de 40' la séchait en 20°). « C'est bien, dit-il, il y a du mieux, on renouvellera la compresse ». Une supurature traversant ma literie se produit, la fièvre diminue, la convalescence ne se fait pas attendre et, quelques jours après, je sors de l'hôpital, ne gardant de mes maux qu'une faible raideur du bras et de larges cicatrices des entailles qu'on y avait faites. Me voici, à Lyon, où je travaille sans douleur comme autrefois.

Béni soit le V. P. Champagnat de sa visible intervention en ma faveur ! Merci à Dieu du puissant crédit dont il honore son humble serviteur !

   Julienne Thibaut, épouse Leroy

 Saint Genis-Laval, le 27 octobre 1918.

 III. Guérison d'une Sœur.

  Aden, le 19 février 1918.

Mon très Révérend Frère Supérieur,

Au mois de juillet 1917, une bonne sœur des Franciscaines de Calais fut atteinte, à Aden d'une fièvre maligne qui, par sa durée, rendait tout le monde inquiet. La malade baissait de jour en jour et l'on s'attendait tous les matins à apprendre sa mort. J'avais déjà pensé à notre Vénérable Fondateur, mais je m'étais dit : c'est trop tard !

Bientôt cependant je me sens poussé d'avoir recours à lui et j'envoie de suite une image relique à la supérieure de l'hôpital, la priant de la mettre sous le chevet de la Sœur et lui proposant une neuvaine au V. P. Champagnat afin d'obtenir par son intercession la guérison de leur chère malade, qui S'est longtemps dévouée ici pour les petits enfants. Leurs autres deux établissements s'y mirent aussi. Et c'est vraiment étonnant, le lendemain nous apprenons que la malade va tant soit peu mieux et depuis lors elle s'est lentement remise.

Elle est restée encore longtemps à l'hôpital étant trop affaiblie, mais ne nous – est-il pas permis de croire que notre Vénérable Fondateur nous ait obtenu cette faveur.

Je suis, mon très Révérend Frère Supérieur, avec un profond respect, votre tout dévoué et obéissant.

Frère Grégory.

 IV. Guérison d'un père de famille à Biddeford.

  Poughkeepsie, , le 7 mai 1918.

Mon très Révérend Frère Supérieur Général

Dans votre très honorée lettre du 30 janvier, contenant de si bons et si paternels avis soit pour les novices soit pour leur instructeur, se trouvait une invitation à faire une fervente neuvaine pour la béatification de notre Vénérable Fondateur. Or voilà que le jour même de la réception de cette lettre, 28 février, je fus informé que le père d'un de nos novices, M. D. A., de Biddeford, Maître charpentier de son métier, eut, par accident, un pied écrasé par une lourde poutre, ce qui, d'après le docteur, l'incapaciterait du travail pour longtemps (plus de deux mois).

Nous envoyâmes aussitôt une invitation à ce cher Monsieur de se joindre, avec sa famille à notre neuvaine, que nous commencerions de suite, d'appliquer en même temps l'image relique que je lui envoyais et de lire les faveurs obtenues par le Vénérable rapportées dans la brochure incluse.

Voici ce qu'il m'écrivait avant la fin de la neuvaine.

Révérend et cher Frère,

Depuis l'application de l'image relique, je ne souffre presque pas.

Je lui répondis, le 11 mars, que nous commencions dé, suite une autre neuvaine pour remercier le Vénérable et le prier de finir soit œuvre.

Le 26 mars, il écrivit comme suit :

Bien cher Frère Adolphe,

J'accuse réception de votre lettre du 11 Courant. Je n'ai pas reçu la visite du prêtre (je lui avais exprimé le désir d'avoir un certificat du prêtre qui irait le voir et du docteur), j’ai eu seulement celle du Docteur.

Malgré que mon pied était bien difforme au moment où j'y ai appliqué l'image relique, le matin de la 9° journée toutes les douleurs avaient disparu et je crois la chose miraculeuse.

   Le docteur est très bon mais il ne pouvait pas me sou­lager ; il m'avait dit que je serais longtemps sans pouvoir travailler ; or, j'ai repris le travail le lundi 25 mars. Je certifie que les deux neuvaines et l'image relique m'ont complètement guéri. Je remercie le Bon Dieu, je vous remercie tous, chers Frères, je vous aurai bien des obli­gations.                

Bien à vous

     D.

 Je crois bien aussi, mon très Révérend Frère Supérieur, que notre Vénérable Fondateur a un faible, si l'on peut parler ainsi, pour les ouvriers en bâtiments.

L'agrandissement et la transformation presque complète de notre maison de Noviciat (automne et hiver 1916-1917) s'est effectué sans accident. Or tout le monde, frères et novices, a circulé gaiement et librement sur les échafaudages parfois bien précaires. Nous avons invoqué Sainte Anne et le Vénérable, qui se sont arrangés à renouveler pour nous les merveilles que l'on raconte. au sujet de la construction de l'Hermitage. Aussi je vous demande de m'envoyer aussitôt que possible un bon nombre d'images reliques en anglais et en français.

Nous commençons ce soir une neuvaine pour le frère, d'un novice sérieusement malade ; ce serait une bonne occasion d'introduire la dévotion à notre cher Vénérable dans le Nord-Ouest Canadien.

Veuillez agréer le profond respect et l'entière soumission avec lesquels je suis, très Révérend Frère Supérieur, votre très humble et très obéissant Serviteur

Frère Adolphe Léon.

 V. Guérison d'une mère de famille. 

  Ventimille, le 8 septembre 1918.

Bien cher Frère Supérieur Général,

Je suis bien en retard pour vous apprendre une bonne nouvelle qui vous fera certainement plaisir. Voici ce dont il s'agit :

Ma sœur m'ayant annoncé que ma mère était gravement malade et que le docteur se déclarait impuissant en face du mal, je demandai aussitôt au Frère Directeur une image relique du V. P. Champagnat, je l'envoyai à ma sœur et lui proposai de commencer de suite une neuvaine à notre Saint Fondateur. Quelques jours après, je recevais, d'elle, la lettre suivante :

 Mon bien Cher Frère,

« Maman va mieux : c'est certainement les bonnes prières et les grands mérites du Vénérable Marcellin Champagnat qui lui ont procuré ce soulagement.

Le jour que nous avons commencé la neuvaine maman était très fatiguée ; le lendemain, un mieux se fit sentir et s'accentua les jours suivants, si bien qu'elle peut aujourd'hui se lever et commencer à se livrer à de petites occupations ». Ta sœur qui t'aime.

Eugénie.

Je termine, mon très Révérend Frère, en me disant, votre petit Frère qui pense à vous.

Fr. Honeste.

  VI. Faveurs diverses.

  Santa Maria Brésil le 10 juin 1918.

Mon Très Révérend Frère Supérieur Général,

Je profite de cette lettre pour vous dire que je-possède une image que j'appellerai bientôt miraculeuse. Elle a sauvé du typhus un enfant qui, en signe de reconnaissance, me l'a renvoyée encadrée. Je l'ai portée chez le Frère d'un de nos élèves qui, après de longues années d'indifférence, s'est confessé, a communié et reçu l'Extrême Onction.

Devant le même cadre, nous avons demandé, en communauté la guérison du bon Frère Liévin, pour qui on avait déjà commandé le cercueil et récité les prières pour une bonne mort.

Je n'abuserai pas longtemps de vos précieux moments ; je termine en vous priant de donner votre paternelle bénédiction à celui qui se dit

Votre, pauvre serviteur en J. M. J

F. Arthur Francesco.

 VII. Guérison d'un père de famille à Mexico.

 En décembre dernier, le père de trois de nos élèves de la Perpetua, voisin du Collège, fut gravement atteint d'un érysipèle qui, avec une complication d'une pneumonie, le conduisit à ce qu'on croyait être ses derniers moments ; il atteignit jusqu'à 41° de fièvre ; le médecin craignait une congestion cérébrale et ne promettait pas que la nuit se passât sans un dénouement fatal. Notre aumônier appelé confessa le malade dans un moment de lucidité, puis l'administra et lui porta le Saint Viatique qu'on vint chercher dans notre chapelle même à 8h du soir F. N., mis au courant, offrit une image relique du V. Père dans le cas où l'on voudrait l'appliquer au malade. On le fit ; l'épouse du cher patient reçut l'image avec reconnaissance et, avec ses fils, commença dès le soir même une neuvaine en l'honneur de notre Fondateur, promettant de publier son heureuse, intervention dans le cas où elle se manifesterait ; la nuit suivante fut meilleure qu'on ne l'attendait ; le jour suivant la fièvre baissa à 38, et ne remonta plus ; tout danger avait disparu avant 24 heures ; huit jours après, le malade se levait, et il vaque aujourd'hui comme avant à ses occupations ordinaires.

En publiant cette relation : nous aidons à Madame G. à remplir sa promesse et à remercier notre saint Fondateur de sa bienveillante intercession ; c'est en faveur d'un bon chrétien, d'une épouse digne de lui et de cinq enfants en bas âge qui furent menacés un moment de devenir prématurément orphelins. Grâces soient rendues à Dieu et au V. Père Champagnat.

(Extrait de la revue mensuelle « Le Trait d'Union » du 1ierfévrier 1919).

 LETTRES TESTIMONIALES.

 Antérieurement à l'entrée en vigueur du nouveau, Code Canonique, notre Institut, d'après diverses consultations que nous avions prises à Rome, n'était pas astreint à l'observation littérale du Décret Romani Pontifices, dont nous donnons ci après la traduction. Il était admis que le Certificat de bonne vie et mœurs dont il est parlé à l'art. 23 (3°) des Constitutions pouvait, à défaut de l'Evêque, être délivré par un autre ecclésiastique. Mais, depuis l'entrée en vigueur du nouveau Code Canonique, il n'est pas douteux que ce décret nous concerne dans toute sa rigueur, et que par conséquent, avant d'admettre un postulant quelconque à la prise d'habit, nous devons exiger de lui, sous les peines sévères qui y sont édictées, qu'il présente des lettres testimoniales délivrées : a) par l'Ordinaire du lieu d'origine ; b) le cas échéant, par l'Ordinaire de tout diocèse où, à partir de ses quinze ans[2], il a passé plus d'une année moralement ininterrompue.

De plus, sous les mêmes peines, le décret doit être lu au repas commun le 1ierjanvier de chaque année.

Je ne doute pas, M. T. C. F., que vous ne vous fassiez tous un pieux devoir de vous conformer à ces prescriptions comme à tout ce qui nous vient de la Sainte Eglise.

 Texte du Décret

 Animés (en cela) par le zèle pastoral qu'ils ont sans cesse déployé pour le bien et la splendeur des familles religieuses, les Pontifes Romains ont recommandé de tout leur pouvoir aux Supérieurs de s'informer soigneusement, avant d'admettre les postulants à la prise d'habit,  de leur manière de vivre, de leurs mœurs, talents et autres qualités, afin de ne pas donner libre accès à des personnes indignes qui feraient le plus grand mal à ces mêmes sociétés religieuses.

Néanmoins, bien que les Supérieurs d'Ordre exercent la plus grande diligence pour se procurer les informations requises, ils s'exposent à être très souvent trompés, s'ils ne demandent point aux Ordinaires (des lieux) leur témoignage touchant les qualités des postulants : les évêques, en effet, sont plus à même que tous les autres de connaître leurs brebis et de découvrir les empêchements inconnus des autres.

Aussi bien Notre T. S. Père le Pape Pie IX, après consultation de la S. C. des Réguliers, et sur la demande de nombre d'évêques, par le présent décret valable en tout lieu et en tout temps, statue de sa propre autorité apostolique et décrété ce qui suit :

I° Dans n'importe quel Ordre, Congrégation, Société, Institut, Monastère, Maison, soit à vœux solennels, soit à vœux simples, même s'il est question d'Ordres de Congrégations, de Sociétés, d'instituts, de Monastères et de Maisons, qui, par un privilège spécial inscrit dans le corps du droit, ou pour tout autre motif, ne sont pas compris dans les décrets généraux, à moins qu'il n'en soit fait mention spéciale, individuelle et expresse, personne ne peut être admis à la prise d'habit sans les Lettres testimoniales tant de l'Ordinaire du diocèse d'origine, que de l'Ordinaire du lieu où le postulant a demeuré plus d'une année à partir de ses quinze ans.

II° Les Ordinaires, dans les susdites Lettres testimoniales, après s'être enquis soigneusement, même par des informations secrètes, des qualités du postulant, sont tenus de rapporter son état civil, son âge, ses mœurs, sa vie, sa réputation, sa condition, son éducation, sa science ; s'il est sous le coup d'une censure, d'une irrégularité ou de quelque autre empêchement, s'il a des dettes, s'il a des comptes à rendre pour une administration quelconque.

Les Ordinaires doivent savoir qu'ils sont tenus en conscience de dire la vérité pour tout ce qui est demandé ; qu'il ne leur est jamais loisible de refuser ces Lettres testimoniales ; toutefois sur chacun des articles qu'ils jugeront, dans le Seigneur, pouvoir affirmer en conscience.

III° A tous et à chacun des Supérieurs réguliers, et aux autres Religieux que cela regarde, de quelque degré qu'ils appartiennent, et à ceux d'un Institut même exempt et privilégié devant nécessairement être nommé, il est prescrit d'obéir à ce décret même en vertu de la Sainte Obéissance : Celui qui contre la teneur de ce décret admettrait quelqu'un à la prise d'habit, encourrait par-là même la privation de toutes ses charges, de la voix active, et serait perpétuellement inapte à en exercer d'autres dans la suite, à moins d'une dispense que seul le Saint -Siège peut accorder.

IV, Que l'on ne pense jamais pouvoir déroger à ce décret, en vertu d'un privilège quelconque, d'un pouvoir, d'un induit, d'une dispense, d'une approbation des règles et des constitutions même in formas pecifica, à moins qu'il n'en soit fait une mention expresse et nominale, et bien que les clauses dérogatoires générales soient accordées aussi larges que possible dans la concession. S'il arrivait que pour un Institut on accorde une dispense expresse et nominale touchant ce décret' elle ne pourra aucunement être étendue aux autres en vertu d'un privilège quelconque ou en vertu de la Communication des privilèges.

V° Chaque Année, le 1ier janvier, au repas commun, ce décret devra être lu, sous peine de privation de leur charge et de la voix active à encourir ipso facto par les Supérieurs. Pour que l'observance de ce décret, ne soit entravée par aucune raison, motif ou prétexte, Sa Sainteté déroge complètement et déclare être dérogé à toutes les Constitutions, règles et statuts contraires de quelque Ordre, Congrégation, Société, Institut, Monastère ou Maison qu'ils soient, même approuvés in forma specifica par le Saint-Siège. Elle abroge de même tout privilège même inscrit dans Corps du droit, et confirmé par des constitutions apostoliques et des décrets, et digne d'une mention expresse, individuelle spéciale et très spéciale, enfin toutes autres choses contraires.

 Donné à Rome, de la S. C. des Réguliers, le 25 Janvier 1848.

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 Second Noviciat.

La divine Providence qui, pendant les cinq der­nières années écoulées, a permis que le monde fût si terriblement éprouvé par le fléau de la guerre, a eu pour nous, Petits Frères de Marie, des bontés bien paternelles dont nous ne lui serons jamais trop reconnaissants.

Une des preuves de cette paternelle bonté de Dieu à notre égard c'est que malgré de multiples difficultés de diverses sortes, nous avons pu pendant ces cinq années, depuis le 20 août 1914 jusqu'en septembre 1917, réunir six périodes de second Noviciat en notre maison de Grugliasco.

Et voici que depuis le 13 mars de la présente année 1919, une septième période est ouverte. Elle est spécialement destinée à nos Frères soldats démobilisés. Les difficultés de passeport n'ont pas manqué. Néanmoins une bonne trentaine ont fini par avoir leurs papiers en règle et ils goûtent maintenant le bonheur du séjour paisible au sein de leur famille religieuse dans le « Cénacle N. D. du Bon Conseil ». Le Saint Esprit leur donnera, n'en doutons pas, abondance de lumière et de force pour reprendre leur plan de vie religieuse élaboré jadis aux beaux jours de la préparation à la Profession perpétuelle. Nos chers Grands Novices ont immédiatement fait preuve d'une grande bonne volonté dans le saint travail du second Noviciat. Aussi, je suis heureux de le dire ici, ils sont un sujet d'édification pour toute la Communauté de la Maison-Mère.

S'il plaît à Dieu, vers la mi-juin, une autre période suivra celle-ci.

Je vous invite tous, M. T. C. F., à remercier le bon Dieu de cette précieuse faveur du second Noviciat qu'il accorde à ces Frères démobilisés et aussi de la ferveur et de la sainte joie avec lesquelles ils accueillent cette grâce de choix.

J'insiste sur cette dernière remarque. Ce n'est pas, en effet, sans faire violence à la nature qu'ils renoncent momentanément à leur désir de reprendre immédiatement leurs œuvres d'apostolat pour se mettre en tête-à-tête avec eux-mêmes, afin de rechercher les côtés faibles de leur âme et lui donner la trempe d'abnégation, de renoncement et de sainte générosité qui font les vrais soldats de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Il ne faut pas se le dissimuler, ce travail spirituel n'est pas facile ; mais il n'y a pas lieu de s'en effrayer, car s'il y a des peines pour vivre en bon religieux, la grâce adoucit tout, comme nous l'a dit le Vénérable Fondateur dans son Testament spirituel.

Un éminent religieux bénédictin a dit : « Quelles que soient les difficultés de la vie active, il n'y a que les inexpérimentés qui osent nier les épreuves de la vie intérieure. Beaucoup d'actifs, d'ailleurs sincèrement pieux, avouent que bien souvent ce qui leur coûte le plus dans leur vie, ce n'est pas l'action, mais la part obligatoire de l'oraison.

Ils sont comme soulagés quand l'heure de l'action sonne ».

Cette remarque de l'éminent religieux ne s'applique-t-elle pas à plusieurs de nos Frères démobilisés ? – On ne le dirait pas à voir nos Grands Novices se promener pieusement le chapelet en main dans les allées du pare de la Maison Mère. Mais Dieu, à qui rien n'est inconnu de ce qu'il y a de plus intime, sait bien ce que peut-être il leur en coûte, et sans doute, il s'apprête à bénir leur apostolat futur qu'ils édifient si sagement sur la base solide de la vie intérieure, c'est à dire sur le renoncement à soi-même et sur l'union à Dieu.

A ces Frères, qui commencent par assurer le BUT PRINCIPAL de notre Institut qui est de travailler à notre PROPRE SANCTIFICATION, il facilitera le but secondaire, qui est de travailler à la sanctification des enfants par l'instruction et l'éducation chrétiennes.

Leur apostolat sera le débordement de la vie intérieure qu'ils auront puisée ici. Et nous pouvons espérer qu'une riche moisson de fruits apostoliques sera le résultat de leur effort pour une plus intime union à Notre Seigneur suivant cette parole : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruits ».

Voici les noms des Grands Novices pour cette première période de l'année 1919.

Frères Eloi-Gabriel, Joseph-Constantin, Joseph-Francis, Jean-Gabrielis, Gérard-Joseph et Marie-Ansbert de la province de Beaucamps – Frères Joseph-Baptiste, Joseph-Louis, Isidore-Joseph, Florien, Jean-Camille, Marie-Augustin et Marie-Basile de la province de SYRIE – Frères Loyola, Damasus et Almérus de la province du Mexique – Frères Marie-Ambrosinien, Ambroise-Edmond, Colombanus et Valentius de la province de Notre-Dame de Lacabane – Frères Frument-Jérôme et Clémentien de la province de Constantinople – Frère Salvinus de la province d'Espagne – Frères Enrico, Silviano et Acton de la province de Saint Paul – Frères Jules-Régis et Louis-Rumon du Brésil Central Frère Carlos-Borromeo de la province de Colombie.

 Ajournement du douzième Chapitre général.

 Comme vous le savez, M. T. C. F., aux ternies de l'article 112 de nos Constitutions, le Chapitre Général devait se tenir au mois d'octobre prochain pour élire un nouveau Supérieur Général ; et, en vertu des articles 129 et 132 pour procéder aussi à l'élection des Frères Assistants, du Frère Econome Général et du Frère Secrétaire Général.

Mais, en présence des nombreuses et grandes difficultés causées par la guerre et ses suites, le Conseil Général de l'Institut a reconnu la nécessité de retarder un peu cette douzième réunion capitulaire.

C'est pourquoi, après avoir pris conseil de son Eminence le Cardinal Giustini, notre Protecteur, nous avons demandé au Saint Siège de vouloir bien nous accorder un délai pour la tenue du prochain Chapitre général.

Je suis heureux de vous donner communication de notre supplique et de la réponse que la S. Congrégation des Religieux y a faite.

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     Très Saint Père,

Le Conseil Général de l'Institut des Petits Frères de Marie, humblement prosterné aux pieds de V. S. Lui expose ce qui suit :

1° Par suite de l'état plus ou moins anormal des relations internationales, des services des transports et du fonctionnement des œuvres de l'Institut, fort éprouvées en beaucoup d'endroits par la guerre, le Chapitre général, qui devait avoir lieu en octobre prochain, ne pourrait sans de graves difficultés se réunir à cette époque. Nous sollicitons la faculté de le retarder de quelques mois, jusqu'à la date qui apparaîtra comme la plus propice durant le cours de l'année 1920, et, en conséquence, nous prions V. S. de daigner maintenir pour le même temps dans leur charge le Supérieur Général et les Officiers généraux que le Chapitre doit élire.

2° Pour la même cause, nous sollicitons également la faculté de maintenir dans leur charge jusqu'après la tenue du Chapitre général six provinciaux de France et ceux du Mexique et de Syrie dont la période constitutionnelle est terminée.

Et que Dieu, etc. . . .

Vigore facultatuin a SS. mo Domino concessarum, S. Congregatio Negotiis Religiosorum Sodalium proeposita, attentis expositis, benigne annui t pro gratia, juxta preces ad annum si tandiu necessitas perduraverit. Contrariis quibuscuinque non obstantibus.

Datum Romoe, die 26 Martii 1919.

    R. Card. SCAPINELLI, Proef.

 Traduction. – En vertu des Pouvoirs à elle accordés par le Saint Père, la S. Congrégation préposée aux Affaires des Religieux, dans sa bonté, attendu les faits exposés, a accordé par grâce la faveur demandée pour un an, supposé que la nécessité ne cesse pas plus tôt.

Donné à Rome, le 26 mars 1919.

 Election de Provinciaux.

 Conformément aux articles 155, 157 et 181 des Constitutions, le Conseil Général, depuis la circulaire du 24 mai dernier, a élu à la charge de Provincial :

1° Le C. Frère Heribert, pour la province des Etats-Unis, le 21 juin 1918.

2° Le C. Frère Joseph Philippe, pour la province de Notre-Dame de l'Hermitage (2° période) le 20 octobre 1918.

3° Le C. Frère Conon, Pour la Province du Brésil Septentrional (2° p. ) le 30 novembre 1918.

4° Le C. Frère Fleury, pour la province d'Espagne, le 26 mars 1919.

Question d'administration financière.

A diverses reprises, le Conseil Général de l'Institut a été appelé à délibérer sur le mode d'application des articles 164 et 165 des Constitutions.

Il a été décidé que la prudence et l'esprit de religieuse dépendance demandent que, dans les provinces, toute opération ayant pour objet l'achat, la vente, l'échange de titres de rentes ou valeurs, ainsi que toute autre opération engageant pour un temps tout ou partie des fonds de la province ne pourra se faire qu'avec l'autorisation préalable du Conseil Général.

Cette autorisation devra être demandée par délibération du Conseil provincial.

On devra considérer comme non avenue toute instruction donnée précédemment à ce sujet et qui ne serait pas en accord avec la présente.

Laissez-moi, M. T. C. F, profiter de l'occasion pour vous recommander de nouveau l'esprit d’économie.

La cherté excessive des éléments nécessaires à, la vie matérielle, nourriture, vêtements, chaussure, etc., qui se fait sentir avec plus ou moins d'intensité dans tous les pays du monde, est une des principales raisons qui motivent cette recommandation,

Ayons donc tous à cœur, M. C. F., d'éviter toute dépense non nécessaire, et faisons cela par vertu. Dieu ne manquera pas de nous en réserver abondante récompense.

De plus, en agissant ainsi, nous aurons la satisfaction de marcher sur les traces de notre Vénérable Fondateur et de nos aînés des premiers temps de l'Institut.

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 Frères dont nous avons appris la mort depuis la Circulaire

du 24 mai 1918.

 

Noms des Défunts                              Lieux des décès                       Date des décès

 

F. Giulio                         Profès temp.   en Autriche (prison. de guerre) 15 janvier1918

F. Edgar-Louis              Novice             à la guerre (Palestine)            4 mars‘’

F. Charles                      Profès perp.    a la guerre, Noyon (Oise)       25        ‘’          

F. Allier                                       ‘’           Lille (Nord)                              12 avril

F. Henri-Albert               Profès temp.   guerre, Danoutre, (Belgique)24       ‘’

F. Philbert                      Profès perp.    Mendes (Brésil)                       25        ’’ 

F. Emmanuel-Joseph   Profès temp.   Mont Kemmel (Flandre)         30        ‘’

F. Marie-Jules               Profès perp.    Pékin (Chine)                          mai      ‘’

F. Ramon-Floriberto     Profès temp.   Lujan (Rép. Argentine)

F. Létance                      Profès perp.    Froidmond (Belgique)                         19

F. Andrea                                   ‘’           Chazelles (Loire).                    25

F. Eustachius                 Profès temp.   Mendes (Brésil)                       27

F. Eladio-Clemente                   ‘’           Vich (Espagne)                       29        ‘’

F. Léon-Xavier                           ‘’           Silly-la-Poterie (Aisne)           9 mai

F. Crescentius               Profès perp.    Montdidier (Somme)              10        ‘’

F. Agustin-Miguel          Profès temp.   Pampelune (Espagne)           10        ‘’

F. Marcel-Louis                          ‘’           guerre                                  11

F. Melchior-PIacido      Novice             Apipucos (Brésil)                    13

F. Jérôme                      Stable              Suva (Fidji)                           16

F. Marie-Lucio               Profès temp.   Lérida (Espagne)                    20

F. Joannès-Louis                       ‘’           guerre, Èloup (Aisne)             22

F. JosePh-Pierre          Prof. Perp.      Iberville (Canada)                    4 juillet

F. Charles-Aloys           Profès temp    Munich (Bavière)                     10

F. Sérapien                    Profès perp.    guerre                                       18

F. Armand-Joseph        Profès temp.   guerre                                       19

F. Césarius                    Profès Perp.   Varennes (Allier)                     22

F. Félicianus                  Stable              Ruoms (Ardèche)                    23

F. Libératus                                ‘’           Païta (Nelle Calédonie)          23

F. Gabriel-José,            Profès temp.   guerre (Aisne)                            25

F. Malachy                     Stable              Grugliasco* (Italie)                  29

F. Thibault                      Profès perp.    St Genis-Laval (Rhône)          3 août

F. Jean Césaire               Stable                                       "                   4          "

F. Corinthe                     Profès Perp.   Popayan (Colombie)               5

   Macarin Ottavio          Postulant         dans sa famille                        7

F. Epaphras                   Profèsperp.    st Genis-Laval (Rhône)           16

F. Bathilde                                  ‘’                                                       19

F. Grégoire                    Profès perp.    Chazay d'Azergue (RhÔne)   19 août 1918

F. Présidius                                ‘’           Pontôs (Espagne)                   21        ‘’

F. Marie-Maximin          Profès temp.   guerre, Bagneux (Aisne)        30        ‘‘

F. Augustc-Antonin                    ‘’           Lachaze (Lozère)                    31        ‘’

F. Paolo                                                  ‘’           à la guerre

F. Fmile-Léon                            ‘’

F. Marius-Albert                         ‘’

F. Basile                                     ‘’           Pontôs (Espagne)      17 septem.

F. Rogelio-José                Novice»                                                21        ‘’

   Gonzales Antonio       Postulant                      ’’                       25        ‘’

F. Apelles                       Stable              Ruoms (ArdèChe)      26        ‘’

F. Juan-Mateo               Profès temp.   Avellanas                     1 octobre

F. Lorenzo                                  ‘’                       ‘’                       2          ‘’

F. colombinus                Profès perp.    Ruoms (Ardèche)         3          ‘’

F. Brunone                     Profès temp.   Brescia (Italie)               3,

F. Demetrio-Léon         Novice             Avellanas (Espagne)

F. Vito-Gabriel                           ‘’

F. Julio-Serafin              Profès temp.   Figueras (Espagne)   4

   justo Lores                   Postulant         Avellanas (Espagne)  4

F. Julien                          Stable

F. Manuel-Ernesto        Novice

F. Régis-Henri               Profès perp.    guerre Selle (Marne)  7

F. Anonio-Rafael           Profès temp.   Avellanas (Espagne)  7

F. Domiciano                 Profès perp                                      7

   Gascon Cecilio           Postulant                                          7

   Azanza Siméon                                                                   8

   Andres Eloy                                                                         8

F. Melchor                      Novice                                             8

F. José-Léon                                                                          9

F. Bienvenido

F. Misaël                        Profès temp.   »

    Donato Fernandez    Juvéniste         Turin Piémont

F. Eliseus                       stable               Dumfries (Ecosse)

F. Leopoldo                   Profès perp.    Alicante (Espagne)

F. Herculan                                 ‘’           Avellanas (Espagne)

F. Ramôn Antonino       Profès temp.

   Posa Pedro                 juvéniste          Vich

F. Narciso-. Maria         Profès temp.   Avellanas                     ‘’

F. Julio-Prudencio                      ‘’           Barcelone                    15        ‘’

F. Àndré-Théodore                    ‘’           St Paul-le-Jeune(Ardèche) 16   ‘’

Bruxeda Juan                Juvéniste         Vich (Espagne)           16        "

F. Solon                          Profès perp     Marseille                      17 octobre 1918

   IbañezRamôn             Postulant         Avellanas (Espagne)  17

F. Marie-Léonore          Profès perp.    Tientsin (Chine)          18

F. Anastasio-Maria       Novice             Avellanas (Espagne)  19

F. Pierre-Julien                           Profès perp.    Vichy (Allier)     19

F. Aquilino                                  ‘’           Carrion (Espagne)     20

F. Marie-Cecilien          Profès temp.   Ambulance, Vitry-le-François20

F. Benigno                     Profès perp.     Toledo (Espagne)     20

   Ccperuclo Jacinto      juvéniste          Vich (Espagne)           20

F. Ansbert                      Profès temp.   Ambulance                  20

F. Justo-Pastor                          »          Avellanas (Espagne)  22

F. Dermot                       Novice             Bailieboro (Irlande)     23

F. Bernard-Louis           Profès temp.   à la guerre                   29

F. Adauque                    Profès perp.    Ruoms (Ardèche)       31

F. Eugène-Ferdinand                            Gesves (Belgique)     2 novembre

F. François d'Assise                             St Genis-Laval (Rhône)  7

F. Antonius                     Profès temp.   Freising (Bavière)         9

F. Albertus                     Stable              St Genis-Laval (Rhône)    12

F. Maximin                     Profès perp.                ‘’                       15

F. François                                             N. D. de l'Hermitage (Loire)   20

F. Himelin                                                Ruoms (Ardèche)       23

F. Elie-Antoine                                       Porto-Alegre (Brésil)  30

F. Sébastian-José                                 Anzuola (Espagne)     30

F. Mérule                                                 Arbresle (111IÔne, )   7 décembre »

F. Nestore,                     Profès temp.   Vintimille (Italie)          8

F. Louis Clêmentin        Profès perp.    Lyon (Rhône)

F Pompée                                  »          St Genis-Laval(Rhône) 13

F. Gabriel-Bernard                    »          Anzuola (Espagne)     16

F. Polyclirone                 Stable              Popayán (Colombie)  22

F. Marie-Liguori                         Profès temp.   Salonique          22

F. Stephen                     Stable              Dumfries (Ecosse)     23

F. Lellis                           Profès perp.    Grugliasco (Italie)       24

F. Alexandre                                           Thurins (Bhône)          29

F. Frémin                                                St Genis-Laval (Rhône) 29

F. Vidal                           Profès temp.   Avellanas (Espagne)  30

F. Ildefonsus                               ‘’           Salonique                    ?

F. Victorien                    Profès perp.    ambulance à Manheim (Bav.)2 janv. 1919,

F Louis-Marcel              Stable              Bairo (Italie)                 6

F. De Néry                                              Ruoms (Ardèche)       19

F. Taciano                      Profès perp.    Avellanas (Espagne, )  21

F. Charles-Aimé                                     Busskino (Italie)          21

F. Marie Xaverius         Profès temp.    Bussolino (Italie)        25 janv. 1919

F. Césaire-Jules           Profès perp.    Arlon (Luxembourg Belge) 27           

F. Anysius                                   ‘’          St. Genis-Laval (Rhône) 4 février

F. Paul René                  Novice             Bairo (Italie)                 5          ‘’

F. Polycarpo José         Profès temp.   Avellanas (Espagne)  7

F. Paschase                  Profès perp.    Ruoms (Ardèche)       9

F. Charles-Bernard                                St. Sébastien (Espagne) 23

F. Jules-Cyprien            Stable              Montréal (Canada)     23

F. Arnulfo                        Profès temp.   Barcelone (Espagne)23

F. Victor-Dionisio                      »          Avellanas (Espagne)  25

F. Manuel                       Profès perp.    Pommeroel (Belgique)26

F. Marie-Amédée         Profès temp,   à la guerre

F. Pierre-Nolasque       Stable              La Seauve (H te Loire)23 mars 19 ! 9

F. Lice                            Profès perp.    Ruoms (Ardèche)       23

 

   Elle est bien longue, la liste de nos défunts ! Ja­mais encore elle n'avait atteint un pareil nombre. La guerre et l’épidémie ont contribué pour une bonne part à ces décès si nombreux. Dieu l'a permis ; nous n'avons rien de mieux à faire que de répéter le mot du saint homme Job : Dieu nous les avait donnés, il nous les a ôtés ; que son saint nom soit béni !

Je vous exhorte, M. T. C. F., à raviver en vos âmes la dévotion aux âmes du purgatoire et à multiplier vos suffrages pour nos chers défunts.

La présente circulaire se lira en communauté à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

Recevez, M. T. C. F., la nouvelle assurance de mes meilleurs sentiments de religieuse affection et d'entier dévouement.             

          Fr. STRATONIQUE, Sup. Gén.

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[1] : Il va sans dire qu'en parlant de ces chères Causes de béatification, nous protestons solennellement que nous n'entendons contrevenir en rien aux dispositions du Saint Siège à ce sujet, ne prétendant pas donner aux faits relatés une autorité on valeur supérieure à celle que mérite un simple témoignage humain, ni prévenir le jugement de la Sainte Eglise, de la quelle, à l'exemple de notre vénérable Fondateur, nous nous glorifions d'être les fils très obéissants.

[2] : Le texte du nouveau Code canonique suppose qu'on est censé avoir quinze ans dés que la quatorzième année est expirée.

 

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