Circulaires 329

LĂ©onida

1949-12-08

Souhaits. Année Sainte, 257. - Les Conseils. Leur nécessité, 262. - Conseil local, 264. - Avantages des Conseils, 266. - Régularité dans la tenue des Conseils, 269. - Esprit qui doit animer les conseillers, 270. - Comment tenir le Conseil, 271. - Questions qui peuvent être traitées au Conseil local, 277. - Procès-verbal. Livre des délibérations, 281. - Discrétion, 283. - Conseils élargis, 284. - Cause de béatification du Vénérable Père Champagnat, 288. - Visite de délégation à la Province de Chine, 297. - Extraits du rapport sur les Provinces des États-Unis, d'Iberville et de Lévis, 306. - Visite aux Provinces de Beaucamps, de Belgique et d'Allemagne, 320. - Document du Saint-Siège, 329. - Élections, 331. - Liste des défunts, 332.

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V. J. M. J.

 Saint-Genis-Laval, le 8 décembre 1949.

Fête de l'Immaculée Conception.

                     MES BIEN CHERS FRÈRES,

 Selon le point de vue où l'on se place, on peut émettre des jugements fort divers sur l'année finissante.

Laissons aux politiques, aux économistes, aux philosophes, etc., l'examen de leur spécialité et occupons-nous des intérêts profonds et intimes de notre âme ; tout le reste, même les événements extérieurs les plus graves n'ayant, en comparaison, qu'une importance secondaire.

Etablissons, autant que possible, le bilan des grâces reçues et de notre correspondance aux libéralités divines. Après un bref examen jaillira de nos cœurs l'hymne de l'action de grâces pour les bienfaits dont nous avons été comblés. Mais il nous faudra joindre le repentir à la reconnaissance, car nos grands désirs de perfection, nos efforts et nos progrès n'ont-ils pas été accompagnés parfois de lenteurs et même de reculs et de chutes ?

Ne restons pas abattus devant une telle constatation ; humilions-nous et, sans nous décourager, disons au bon Dieu, en toute sincérité : « Seigneur me voici pleinement décidé à être tout à vous pendant la nouvelle année. Je serai plus fidèle à mes obligations de chrétien et de religieux. Je veux réparer, par une plus grande ferveur, ma tiédeur passée : Que votre grâce me soit en aide ! »

Cette courte prière résume les souhaits que je forme pour vous. J'y joins les vœux habituels de santé, de succès et de bonheur. Pour leur réalisation nous n'avons qu'à suivre les consignes données par le Souverain Pontife à l'occasion de l'Année Sainte qui va s'ouvrir à Rome en la fête de Noël.

Nous trouvons les directives pontificales dans l'allocution prononcée par le Pape, le 26 mai dernier, fête de l'Ascension, lors de la remise, au doyen des protonotaires apostoliques, de la Bulle d'indiction de l'Année Sainte

« Que les plus humbles actions de grâces soient rendues à la Providence divine qui, après les formidables événements qui ont bouleversé la terre pendant le deuxième conflit mondial, a daigné accorder à l'humanité une amélioration des conditions générales, au point de Nous donner la possibilité, sein, l'ancienne tradition du Siège apostolique, à l'occasion de la fête de l'Ascension de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de procéder à la promulgation de l'Année Sainte.

« Si, cependant les péchés des hommes empêchent d'entrer dans cette Année jubilaire avec une tranquillité définitive et universelle, débarrassée de toute incertitude menaçante, puissent les prières et les pénitences par lesquelles les fidèles, complétant les souffrances du Christ, donneront satisfaction à la justice divine contribuer à obtenir, pour le genre humain, cette véritable concorde des cœurs et de la paix naturelle que, seul, Dieu peut donner.

« Que les bénédictions toutes-puissantes que le Seigneur, sur le point de s'élever vers le ciel, les mains levées, impartit aux Apôtres, et dans lesquelles étaient inclus les chrétiens de tous les temps et de tous les lieux, se répandent, d'une manière spéciale, sur l'Année Sainte, pour en faire, avec l'aide maternelle de Marie, Reine du monde, une année de plus grande foi, de grâces surabondantes pour toutes les fautes et tous les péchés, de pardon et d'amour, qui amènera tous les hommes, unis entre eux et avec Dieu, à reprendre, avec une plus grande ardeur, le chemin vers un avenir de sainteté et de paix. »

 Nous trouvons également les intentions du Pape dans les passages suivants de la Bulle Pontificale :

« Le grand Jubilé qui sera célébré l'année prochaine, dans la ville de Rome, se propose spécialement de rappeler tons les chrétiens à l'expiation de leurs fautes et à l'amendement de leur vie, et ainsi à tendre vers la vertu et la sainteté, selon les paroles du Lévitique : « Sanctifiez-vous et soyez saints parce que je suis le Seigneur votre Dieu.

« Nous désirons donc ardemment que les évêques du monde entier, ainsi aidés par leur clergé, enseignent, avec la plus grande diligence, les fidèles à y participer de leur mieux, soit qu'ils viennent à Rome, soit qu'ils restent dans leur pays.

« Qu'ils élèvent vers Dieu des prières toujours plus ardentes, qu'ils multiplient les actes de pénitence et de charité, et qu'ils mettent en pratique tout ce que, en d'autres occasions, Nous avons proposé particulièrement pour l'Année Sainte.

« … Vous n'ignorez pas, chers fils, quelles sont les intentions générales du Pontife romain. Nous désirons toutefois préciser Nos désirs, en ce qui concerne la prochaine Année Sainte, avec la plus grande clarté. Il faut que chacun prie, qu'il fasse pénitence, qu'il expie ses fautes, qu'il s'applique avec ardeur à réformer ses mœurs et à acquérir les vertus chrétiennes, pour que ce grand Jubilé prépare heureusement un retour général du monde au Christ.

« Il faut demander à Dieu que la fidélité soit gardée, avec énergie et sans fléchir, à l'égard du Divin Rédempteur et de son Église, que les droits de l'Église soient respectés. Il faut que la paix tant désirée revienne dans le cœur de tous, aussi bien dans les foyers que clans les nations… »

 La pensée du Souverain Pontife est encore plus explicite dans la belle prière qu'il a composée pour l'Année Sainte. Je vous engage à la réciter tous les jours :

« Dieu tout-puissant et éternel, de toute notre âme nous Vous remercions du grand don de l'Année Sainte.

« Ô Père céleste, qui voyez tout, qui scrutez et régissez les cœurs des hommes, rendez-les dociles, en ce temps de grâce et de salut à la voix de votre Fils.

« Que l'Année Sainte soit pour tous une année de purification et de sanctification, de vie intérieure et de réparation, l'année du grand retour et du grand pardon.

« Donnez, à ceux qui souffrent persécution pour la foi, votre esprit de force, pour les unir indissolublement au Christ et à son Église.

« Protégez, ô Seigneur, le Vicaire de votre Fils sur la terre, les évêques, les prêtres, les religieux, les fidèles. Faites que tous, prêtres et laïcs, adolescents, adultes et vieillards, forment, en étroite union d'esprit et de cœur, un roc inébranlable contre lequel se brise la fureur de vos ennemis.

« Que votre grâce excite en tous les hommes l'amour pour tant de malheureux, que la pauvreté et la misère réduisent à des conditions de vie indignes d'êtres humains.

« Avivez, dans les âmes de ceux qui vous appellent du nom de Père, la faim et la soif de la justice sociale et de la charité fraternelle dans les oeuvres et dans la vérité.

« Donnez, Seigneur, la paix à notre temps, paix aux âmes, paix aux familles, paix à la patrie, paix entre les nations. Que l'arc-en-ciel de la pacification et de la réconciliation abrite sous la courbe de sa lumière sereine la Terre sanctifiée par la vie et paru la Passion de votre divin Fils.

« Dieu de toute consolation ! Profonde est notre misère lourdes sont nos fautes, innombrables nos besoins ; mais plus grande encore est notre confiance en Vous. Conscients de notre indignité, nous mettons filialement notre sort entre vos mains, unissant nos faibles prières à l'intercession et aux mérites de la très glorieuse Vierge Marie et de tous les Saints.

« Donnez aux infirmes la résignation et la santé, aux jeunes gens la force de la Foi, aux jeunes filles la pureté, aux pères de famille la prospérité et la sainteté du foyer, aux mères l'accomplissement de leur mission éducatrice, aux orphelins une affectueuse tutelle, aux réfugiés et aux prisonniers leur patrie, à tous votre grâce, en préparation et comme gage de l'éternelle félicité dans le ciel. Ainsi soit-il ! »

J'ai tenu à reproduire ces documents par respect pour Notre Saint-Père le Pape et pour avoir la certitude que nul d'entre nous n'ignorera sa pensée et ses désirs pour la célébration de l'Année Sainte.

Pénétrons-nous des enseignements du représentant de Notre-Seigneur sur la terre. Il n'oublie personne dans cette admirable prière. Comme lui, dilatons notre cœur aux dimensions des besoins des âmes et du monde. Unissons-nous d'intention aux heureux pèlerins qui gagneront le Jubilé à Rome. Commençons, en chacun de nous et en chacune de nos communautés, un profond travail de renouvellement spirituel que nous poursuivrons en 1951, lorsque la grâce insigne du Jubilé sera étendue au monde entier. 

Les Conseils. Leur nécessité.

 Depuis qu'il a écouté la suggestion diabolique : « Vous serez comme des dieux », l'homme est en proie à l'orgueil et à l'esprit d'indépendance. Il veut se déterminer et agir comme il lui plaît. Quoique son esprit soit enveloppé de ténèbres, il accepte difficilement des idées différentes des siennes.

Guidé par l'esprit propre, l'homme n'aime pas demander ou recevoir conseil et il écoute distraitement ceux qui lui en donnent, les interrompant même pour leur dire : « Je sais tout cela ».

L'auteur de l'Imitation, en psychologue averti, constate que « Personne ne souffre volontiers qu'on le conduise au-delà de ses propres lumières ». (Im., I, XIV, 3).

N'y a-t-il pas là une des causes de la répugnance qu'éprouvent certains Frères à se faire diriger, ne voyant dans la direction spirituelle et le compte de conduite extérieure qu'un aveu humiliant de leur impuissance à se déterminer ? N'y trouvons-nous pas également l'explication de la tendance de bien des dépositaires de l'autorité à ne pas consulter autant qu'ils le devraient ?

Cette tendance de l'homme à se croire infaillible l'expose à des erreurs en sa propre conduite comme dans l'accomplissement des devoirs de sa charge. Mais si les erreurs nuisibles à ceux qui les commettent sont regrettables, celles qui sont dommageables à toute une communauté le sont bien davantage. C'est pour éviter surtout ces dernières que, dans la plupart des sociétés religieuses et miles, celui qui exerce l'autorité est assisté d'un Conseil.

Nous trouvons des conseillers auprès du Pape lui-même : ce sont les membres des Congrégations romaines, dont le nombre s'est accru au cours des siècles, dans la mesure exigée par de nouveaux problèmes ou par une meilleure distribution du travail. De même, les gouvernants qui veulent échapper aux inconvénients du pouvoir trop personnel et assurer le bien de leurs subordonnés s'entourent de conseillers instruits et sages. Aujourd'hui, d'ailleurs, ces Conseils sont imposés par les Constitutions nationales.

Nous voyons également les associations à caractère religieux, philanthropique, sportif, commercial eu autre, choisir, parmi leurs membres, des hommes qui, sous des noms divers, ont pour mission de seconder le chef du groupement.

L'Eglise tient en haute estime les Congrégations religieuses, en qui elle voit des auxiliaires de choix pour l'extension du règne du Christ ; elle s'applique à les prémunir contre les causes d'une possible déchéance. Or, une de ces causes est l'action trop personnelle dans le gouvernement si complexe des âmes consacrées à Dieu et des oeuvres qu'elles entreprennent. C'est pourquoi le Code canonique demande que les Supérieurs, à tous les degrés, soient secondés par un Conseil. Il le fait en ces termes : «Le Supérieur Général de toute religion ou Congrégation monastique, ainsi que chaque Supérieur provincial ou local, au moins de toute maison formée, auront leurs conseillers dont ils devront demander le consentement ou l'avis aux termes des Constitutions et des saints canons.» (Can. 516, § 1).

L'on voit par là que le Supérieur total, complet, n'est pas uniquement la personne qui est en charge mais cette personne, Supérieur local, provincial ou général, plus son Conseil. C'est pour se conformer à cette prescription canonique que nos Constitutions précisent la composition et les attributions du Conseil général, provincial et local. 

Conseil local.

 Les nombreuses affaires que le Conseil général et le Conseil provincial ont à traiter les obligent à des réunions plus fréquentes que celles qui sont exigées par les Règles et les Constitutions. C'est ainsi que le Conseil général qui, d'après l'article 153, n'aurait qu'à se réunir une fois par mois, le fait au moins deux fois par semaine. Mais, dans les maisons particulières, le Frère Directeur n'ayant pas, en général, à régler des questions très graves, est exposé à ne pas apprécier suffisamment l'utilité de son Conseil.

La Sacrée Congrégation des Religieux a signalé à plusieurs reprises cette irrégularité dans sa réponse au rapport quinquennal des Supérieurs généraux. Une des nombreuses questions de ce rapport est la suivante : « Le Supérieur Général, les Supérieurs provinciaux et locaux ont-ils convoqué leurs conseillers au temps marqué, pour traiter avec eux des affaires de l'Institut, de la Province ou de la maison ? » Or, parmi les remarques de la Sacrée Congrégation, faisant suite à ce rapport, nous relevons celle-ci : « Les Conseils des maisons secondaires doivent être réunis régulièrement et fonctionner partout où ils sont établis. » Et cette autre : « Que les Supérieurs locaux ne manquent pas de réunir leurs conseillers au temps fixé par les Constitutions. »

Les rapports dés visites des Frères Assistants et des Frères Provinciaux signalent bien des oublis et même, dans certaines maisons, une blâmable négligence, sur ce point des Constitutions. C'est pour vous engager à amender ce qui doit l'être que je me suis proposé de vous présenter la réunion des Conseils locaux, non seulement comme un devoir, mais encore comme une mesure très avantageuse. Nous verrons ensuite la conduite que doivent tenir ceux qui y prennent part, les principales affaires qu'on peut y traiter, la discrétion exigée des conseillers et le rôle important que peuvent jouer !es Conseils élargis.

Chacun saisira facilement que ce qui est dit ici des Conseils locaux s'applique souvent, du moins en partie, aux autres Conseils. 

 Avantages des Conseils.

 Les Règles du Gouvernement résument ces avantages en ces termes : « Le Conseil est un organe essentiel de la Province et des maisons importantes ; il doit exercer une action prépondérante sur leur marche. « (Art. 412.)

Les Conseils locaux exercent une influence salutaire dont bénéficient le Frère Directeur, ses conseillers, la communauté, les élèves, l'administration et tout l'ordre moral et matériel de la maison. Ils sont une application du travail en équipe dont, actuellement, on met volontiers en relief les heureux résultats.

Grâce au Conseil un Frère Directeur s'instruit. A ses lumières et à son expérience s'ajoutent celles des confrères qui désirent, comme lui, la bonne marche de l’œuvre et la gloire de Dieu. Recourir à ses conseillers n'est pas de sa part un aveu d'incapacité mais un acte de prudence inspiré par la connaissance de la faiblesse et de l'imperfection de l'homme. Par contre, celui qui croit pouvoir se passer entièrement de Conseil fait preuve d'une grande présomption ; il néglige un élément essentiel de sage gouvernement. Privé de l'assistance, des encouragements et des remarques des conseillers, il s'expose à commettre des erreurs en prenant des mesures inconsidérées.

Le Conseil facilite la tâche du Frère Directeur. Il est généralement admis qu'un Supérieur ne doit user de son autorité que dans la mesure où c'est indispensable, que son habileté doit s'appliquer surtout à communiquer à ses auxiliaires la volonté de travailler de concert au bien commun, à leur faire partager sa responsabilité en leur déléguant certaines de ses attributions.

C'est qu'il est impossible à un Supérieur, quels que soient d'ailleurs ses talents et son activité, de tout prévoir, de tout connaître, de tout exécuter et de veiller à tout. Mais ses conseillers le suppléeront au besoin, et d'autant plus efficacement que, aux échanges de vues du Conseil, ils connaîtront mieux ses intentions et ses désirs. Au contraire, le Supérieur qui ne consulte pas son Conseil se prive d'une coopération précieuse .et nécessaire et se condamne à porter tout seul. le poids des responsabilités de sa. charge.

Le Conseil sauvegarde l'autorité du Frère Directeur car celui-ci, par sa fidélité exemplaire à la Règle sur le point qui nous occupe, prévient et dissipe les critiques et les murmures provoqués souvent. par des mesures hâtives et personnelles. Il a donc la joie de voir régner, parmi les Frères, le bon esprit, l'entente, la cordialité et le dévouement, condition et gage de succès, grâce à l'unité d'action produite par le Conseil.

Malgré les précautions prises puni éviter les erreurs, il arrive parfois que les décisions ne produisent pas les bons résultats attendus. Mais le Conseil d'autant, réuni et ayant bien pesé toutes choses, les responsabilités sont partagées entre ses membres. Nul n'est en droit d'attribuer personnellement au Frère Directeur ou à ses conseillers les erreurs commises. Ils ont fait de leur mieux, mais la sagesse de l'homme a des bornes, on ne peut exiger de lui une perfection impossible. L'autorité du Frère Directeur restera indemne, ce qui n'aurait pas lieu s'il agissait seul.

 Le Conseil devient pour ses membres une excellente école de formation fournissant des hommes capables, des religieux aptes aux emplois auxquels ils seront appelés. C'est en assistant au Conseil, en entendant les échanges de vues, en réfléchissant sur les sujets proposés et discutés, que chacun acquiert une plus grande expérience.

De plus, les observations des conseillers sur les divers problèmes d'une communauté et d'une oeuvre scolaire constituent un contrôle indirect des moyens employés et des résultats obtenus. Ce contrôle discret, sans blesser personne, peut être singulièrement efficace.

Notre Vénérable Fondateur n'ignorait pas ces avantages, c'est pourquoi : « Il admettait souvent les principaux Frères dans son Conseil et ne décidait presque rien sans prendre leur avis. Il croyait qu'initier les Frères aux affaires de l'Institut et les consulter sur les règles qu'il élaborait, c'était un sûr moyen de former leur esprit, de rectifier leurs idées, de développer leur jugement, de leur donner de l'expérience. Ainsi leur apprenait-il à juger, à apprécier les choses, à. les traiter ensuite avec intelligence et succès. » (Vie, p. 505.)

 Le Conseil est utile également à la communauté. Il est, comme nous l'avons dit, un élément d'union des esprits et des cœurs.

De plus, il préserve de l'imprévoyance et de bien des erreurs susceptibles de nuire à la prospérité des oeuvres. Par lui on évite aussi les décisions hâtives trop souvent suivies de contre-ordres, causes de malaise et de désarroi.

N'arrive-t-il pas fréquemment, qu'à défaut de Conseil, des Frères, surtout ceux qui ont les emplois les plus importants : économes, surveillants, chefs d'atelier, etc. … ou bien souffrent de se sentir livrés à eux-mêmes ou, au contraire, agissent avec trop d'indépendance ? Et, dans ce dernier cas, ne sont-ils pas exposés, peut-être à leur insu, à empiéter sur les attributions du Frère Directeur, faisant peser sur celui-ci et sur la communauté une autorité que ni la Règle ni personne ne leur confère ?

Le Conseil est tout indiqué pour maintenir chacun dans les limites voulues. C'est lui qui, s'inspirant du bien général, contrôle et approuve les initiatives jugées nécessaires, contribuant ainsi à leur efficacité. Par contre, il est à craindre que, malgré Les aptitudes et le bon vouloir de chacun, là où le Conseil ne remplit pas son rôle de guide et de modérateur, on n'obtienne que l'à peu près dans la marche de la communauté, que les malentendus et les froissements s'y multiplient au détriment de la paix, de l'esprit de famille et de l'apostolat. 

Régularité dans la tenue des Conseils.

 L'article 412 des Règles du Gouvernement, cité plus haut, ajoute : « Mais pour que cette action du Conseil soit réellement efficace, il est nécessaire qu'il se réunisse régulièrement. »

A ce propos, les Règles Communes disent que le Conseil local se tiendra le dimanche, avant ou après la lecture du chapitre de la Règle. (Art. 93.) Cette disposition n'empêche pas le Frère Directeur de réunir un Conseil extraordinaire à n'importe quel temps pour étudier et régler une affaire urgente. Les Frères et, en particulier, les conseillers verront en cela une preuve de l'importance que l'on attache au bon fonctionnement de cet organisme administratif. Si les réunions ne sont pas réglées, si elles dépendent uniquement du bon vouloir du Frère Directeur, il est à craindre que celui-ci, par oubli à cause. d'occupations urgentes ou par manque d'estime, en vienne à les espacer de plus en plus ou à les omettre totalement.

Connaissant le jour et l'heure des Conseils, chacun de ses membres y viendra spontanément comme à tout autre exercice. Cette ponctualité permettra plus d'esprit de suite et d'efficacité dans le travail. 

Esprit qui doit animer les Conseillers.

 Divers articles des Règles du Gouvernement concernent la conduite personnelle des conseillers et leurs rapports avec le Frère Directeur. Ainsi :

«Devant aider le Frère Directeur de leurs avis, ils ont particulièrement besoin de se pénétrer de l'esprit de l'Institut, d'en connaître les Constitutions et les Règles, afin de donner en toute occasion des avis et des conseils sages et éclairés. » (Art. 413.)

« Ils sont particulièrement obligés de faire tout ce qui dépend d'eux pour procurer le bien général,. maintenir la régularité et l'union parmi les Frères… Ils devront faire connaître au Supérieur les manquements aux Constitutions et aux Règles les abus et. tout ce qui serait contraire aux intérêts de l'Institut. » (Art. 414.)

« Ils ne doivent pas s'ingérer directement dans le gouvernement de la maison en dehors de leurs attributions. Ils se garderont bien aussi de se prévaloir de leur position pour demander des privilèges ou chercher des motifs de dispense. Ils devront, au contraire, se montrer plus réguliers que les autres et plus respectueux de l'autorité. » (Art. 415.)

« Les Frères conseillers, et spécialement le premier, ont la charge d'avertir leur Supérieur respectif et de lui donner des avis charitables, soit en ce qui concerne son emploi, soit en ce qui le regarde Personnellement. » (Art. 417.)

Ces prescriptions montrent que le titre de conseiller n'est pas purement honorifique et qu'il impose des obligations pour le maintien de la régularité, du bon esprit, de l'union fraternelle et du respect de l'autorité. On conçoit, des lors, combien serait préjudiciable la conduite d'un conseiller qui ne s'acquitterait pas de ses fonctions avec le sérieux convenable. Bien plus blâmable serait celui qui, se mêlant, à des cabales contre le Frère Directeur, sèmerait le malaise dans la communauté. 

Comment tenir le Conseil.

 Aucune prière spéciale n'est indiquée pour l'ouverture du Conseil, mais il est recommandé de réciter le Veni Sancte Spiritus, suivi d'un Ave Maria et d'une invocation au Sacré-Cœur, à Notre-Dame du Bon Conseil, à saint Joseph et au Vénérable Père Champagnat. On se conformera ensuite aux. directives suivantes des Règles du Gouvernement :

 « Dans la discussion des affaires, ils auront soin : 1° de mettre toute considération humaine de côté, se proposant toujours la gloire de Dieu et le bien de l'Institut ; 2° d'éviter soigneusement de se laisser dominer par l'humeur, l'esprit propre ou quelque inclination naturelle ; 3° de donner leur avis avec modestie, disant avec simplicité et sans prétention ce qu'ils croiront utile au bien général ou à celui des Frères ; 4° de se prévenir mutuellement par des témoignages d'estime et de déférence et d'éviter tout ce qui pourrait causer de la peine à quelqu'un ; 5° de donner leur vote en toute conscience et liberté et comme ils croiront le mieux devant Dieu. » (Art. 418.)

 Avant d'examiner l'attitude du Frère Directeur et celle de ses conseillers, écoutons les réflexions suivantes du Vénérable, Père Colin au sujet d'une réunion du Conseil :

« Point de volonté arrêtée et surtout point d'opiniâtreté. Toute considération humaine doit être mise de côté. Quand nous nous réunissons pour délibérer, nous nous réunissons tous, non avec le désir de faire triompher notre sentiment, mais uniquement pour connaître et accomplir la volonté de Dieu. Quand il s'agit de prendre une décision, tant que je ne sens pas mon âme parfaitement en paix et libre, je ne prends jamais de parti, et je ne me mets pas en avant. J'ai toujours le temps d'arriver pourvu que la chose se fasse bien et que la volonté de Dieu s'accomplisse. Le bon Dieu a béni cette marche dans la Société, suivons-la toujours fidèlement. Rien n'est plus opposé aux vues de la Providence que d'apporter dans les délibérations des desseins arrêtés. » ( L'Ame du V. P. Colin, p. 288.) 

1. Conduite du Frère Directeur au Conseil.

 Afin que les réunions du Conseil aient un programme de travail bien défini, le Frère Directeur doit prévoir et étudier les affaires qu'il pense soumettre à la délibération. Le temps employé à cette préparation sera compensé par les précieux résultats obtenus.

Au Conseil, le Frère Directeur expose les questions à traiter, prend les avis, donne le sien, résume la discussion et propose la solution. Mais tout cela sans précipitation, afin de donner à chacun le temps de réfléchir, d'examiner tous les aspects du problème et d'exprimer librement son opinion.

Il évitera le ton autoritaire et cassant, le parti pris, les plans arrêtés d'avance qui font que l'on ne consulte que pour sauver les apparences. Tenant compte des lumières et des sages raisons de ses conseillers, il sera toujours disposé à modifier sa manière de voir, à reconnaître une erreur et à la rectifier. De cette façon, il se conformera au désir de l'Église qui, dans le questionnaire du rapport quinquennal, demande « A-t-on laissé aux conseillers, dans les délibérations, la liberté qui leur est due ? »

Un biographe de saint Ignace de Loyola a pu écrire « Jamais homme ne fut moins attaché à son jugement que lui, et quand les choses sur lesquelles il délibérait ne lui paraissaient pas évidentes, il suivait sans peine l'avis des autres. » (Bouhours.)

Un Frère Directeur doit savoir résoudre par lui-même maintes questions qui n'offrent aucune difficulté et qui seraient une perte de temps pour un Conseil, mais il ne doit pas s'en faire un prétexte pour exagérer la confiance en sa sagesse personnelle, se contentant de soumettre une partie seulement, parfois la moins importante, des affaires qu'il devrait traiter avec ses conseillers. Le fait que certaines questions graves soient résolues sans le Conseil porte atteinte à la confiance réciproque et rend moins spontanée et moins efficace la collaboration des conseillers. On nous consulte, disait plaisamment un Frère, pour planter un clou, mais on oublie souvent de le faire pour des achats ou des aménagements importants.

Le Conseil local n'a qu'un caractère consultatif ; par conséquent, le Frère Directeur, après avoir entendu l'avis des conseillers, reste toujours libre de la décision à prendre. Mais il manque de tact s'il s'écarte de l'opinion qui apparaît la meilleure, à moins que la discrétion ne l'empêche, au cours de la discussion, de produire certains arguments qui rangeraient vraisemblablement les conseillers à son avis.

Lorsque la décision à prendre n'apparaît pas clairement dans un premier examen, il est opportun de ne rien résoudre jusqu'à une prochaine réunion, laissant ainsi à chacun le temps de bien s'instruire de l'affaire et de peser les raisons pour ou contre les solutions proposées. Pendant ce temps, le Frère Directeur et ses conseillers ont recours à la prière afin que le bon Dieu leur fasse connaître le parti le plus sage.

Il est d'ailleurs d'expérience que les divergences de vues au Conseil proviennent souvent de questions offrant plusieurs solutions acceptables : c'est alors surtout que chacun doit avoir assez de souplesse d'esprit et d'abnégation de soi pour se rendre à l'avis des autres. Mais cette condescendance ne saurait faire oublier au Frère Directeur qu'il est personnellement responsable des décisions prises et, par conséquent, qu'il n'y a pas, de sa part, abus d'autorité à peser les avis plutôt qu'à les compter, afin de s'arrêter définitivement à ce qu'il croit le plus prudent devant Dieu.

Il est de même indispensable qu'un Frère Directeur évite de subordonner, par trop de complaisance, ses décisions à celles de Frères, qui, par tempérament dominateur ou par flatterie, voudraient exercer sur lui une influence excessive. La communauté ne tarderait pas à discerner cette subordination et de là pourrait naître un malaise nuisible à la bonne entente. Le malaise risquerait d'être particulièrement grave si le Frère Directeur, négligeant de consulter ses conseillers, se laissait circonvenir par d'autres membres de la communauté habiles à s'insinuer dans son esprit et à lui arracher des décisions plus conformes à leurs intérêts qu'au bien général. 

II. Conduite des Frères Conseillers.

 En parlant de l'attitude du Frère Directeur au Conseil, on a effleuré divers points qui concernent les conseillers. Ces derniers ne doivent pas sous-estimer leurs fonctions sous prétexte qu'ils n'ont qu'à exprimer une opinion et que leur voix est uniquement consultative, car leurs lumières n'en sont pas moins d'un grand secours. Leur bonne volonté à les fournir ne doit jamais faire défaut, bien persuadés que les vues justes ne perdent rien de leur valeur alors même qu'elles ne parviennent pas à s'imposer.

Avec calme et modestie, et après mûre réflexion, les conseillers donneront leur avis en toute franchise, se préservant de deux extrêmes également funestes à ces sortes de réunions : l'opposition systématique qui trouve difficilement acceptables les propositions des confrères et le manque d'opinion personnelle qui se range passivement à celle des autres sans en examiner suffisamment le bien-fondé. Ils éviteront également de trop parler ou de s'enfermer dans un mutisme dicté par l'indifférence, le ressentiment ou tout autre motif peu louable.

On pourrait appliquer aux communautés ce que saint Jean de la Croix a dit des Ordres religieux en général : « Si dans les chapitres, les assemblées et les réunions, l'on n'a plus le courage de dire ce que les lois de la charité et de la justice obligeraient à déclarer, et cela par faiblesse pusillanimité ou peur de fâcher le Supérieur, que l'on tienne l'Ordre pour perdu et complètement relâché.» (Sa Vie, par le P. Bruno.)

Un Frère Directeur ne doit pas trouver mauvais que l'on discute ses propositions et que l'on se déclare d'un avis contraire au sien ; il devrait même montrer, à l'occasion, qu'il tient à cette franchise et témoigner de la reconnaissance à ses conseillers, aussi bien quand ils contredisent que quand ils approuvent sa manière de voir.

Un grand chef et un grand organisateur, le maréchal Lyautey, avait résolu de se séparer d'un auxiliaire très fidèle ; à ceux qui plaidaient la cause de ce dernier, il répondit : « Que voulez-vous que j'en fasse ? Il ne me sert de rien : il est toujours de mon avis .»

 Les conseillers dont l'opinion n'a pas prévalu doivent adopter pleinement la décision prise et s'appliquer, non seulement à y conformer leur conduite, mais encore à y rallier tous les confrères.

Dans des cas particulièrement graves où les mesures adoptées leur sembleraient fâcheuses, ils pourront recourir au Frère Provincial, lui exposant toutes choses d'une façon sereine pour s'en tenir ensuite à ce qu'il indiquera. Sous aucun prétexte, ils ne doivent murmurer ou critiquer, chose souvent plus funeste que le mal que l'on prétend éviter. Leur rôle bienfaisant et méritoire doit consister, avant tout, à justifier la conduite du Frère Directeur, à réduire au silence les imprudents qui blâmeraient les décisions et, les actes de l'autorité. 

Questions qui peuvent être traitées

au Conseil local.

 Il arrive que, pour excuser la négligence à tenir le Conseil, on prétexte n'avoir rien à y traiter. Cependant l'article 420 des Règles du Gouvernement énumère un certain nombre de questions à examiner. Il sera utile, en les rappelant ici, d'en ajouter quelques autres. On pourra trouver cette liste un peu longue, mais chacun sait l'importance des détails en toutes choses et notamment dans une communauté ou une école.

Puisse cette énumération plus complète, prise comme guide et non comme règle absolue, faciliter aux Frères Directeurs et à leurs conseillers l'accomplissement d'un devoir très important. 

1) Ce qui concerne spécialement les Frères :

 La distribution des fonctions secondaires : règlementaire, sacristain. Frère à désigner pour le choix et la lecture des méditations, etc. … ; rédacteur des annales, bibliothécaire, vente des classiques ; surveillances diverses, Frères de semaine, etc. …

Moyens à prendre pour obtenir la régularité, pour prévenir ou corriger les abus, pour bien faire les exercices de piété, la récollection mensuelle, etc.

Soins à donner aux jeunes Frères pour assurer leur persévérance et continuer la formation du Scolasticat (éventuellement, leçons particulières à leur donner).

Contrôle des études religieuses et professionnelles. Achat des livres d'étude ou de références Préparation de la classe et des examens.

Veiller à ce que chacun s'acquitte avec soin de son emploi.

S'occuper, sans blesser la charité, d'un religieux en particulier, quand son intérêt ou celui de la communauté l'exige.

Rapports des Frères entre eux et leurs familles, avec les aumôniers et le clergé, avec les élèves et les séculiers.

Moyens d'obtenir la collaboration de tous pour la bonne marche de l'établissement. 

2) Ce qui concerne les élèves

L'organisation des fêtes religieuses, civiles scolaires, ainsi que la célébration des mois du Sacré-Cœur, de la Sainte Vierge, du Saint Rosaire, de Saint Joseph, du premier vendredi. Les retraites de rentrée et de fin de cours scolaire, de première communion et des anciens élèves.

La marche des oeuvres scolaires : Apostolat de la Prière, Croisade Eucharistique, Congrégations mariales, Action Catholique, Œuvres missionnaires (Propagation de la Foi, Sainte Enfance, etc.), Œuvre des Juvénats…, les jeux, les sports, les associations d'anciens élèves.

Moyens à prendre : a) Pour favoriser la réception fréquente et fervente des Sacrements et la bonne récitation des prières ;

b) Pour rendre intéressantes et plus personnelles l'assistance et la participation effective aux offices ordinaires de l'Église, à ceux de la Semaine Sainte, aux processions, etc. ;

c) Pour assurer la bonne exécution des chants et la formation des enfants de chœur ;

d) Pour donner aux élèves des divers degrés une instruction religieuse méthodique et progressive, avec examen sanctionné éventuellement par l'autorité ecclésiastique ;

e) Pour exercer une surveillance exacte, ferme et paternelle ; pour maintenir ou améliorer la discipline, l'amour de l'étude ; examiner, le cas échéant, la situation particulière de certains élèves et la conduite à tenir à leur égard, tout en respectant leur réputation ;

f) Pour former les élèves à la politesse, la bonne tenue, au respect des convenances sociales.

Établir ou modifier les horaires, les congés, les vacances, le système de notes, récompenses et autres moyens d'émulation ; les examens ou compositions périodiques, etc.

Dresser la liste des manuels scolaires ainsi que des livres à introduire dans la bibliothèque des élèves, avec approbation, s'il y a lieu, du Conseil Provincial. 

3) Ce qui concerne le temporel :

Améliorations ou réparations à faire à l'immeuble et au mobilier. Démarches auprès des fondateurs ou des comités de soutien pour traitements ou rétributions, paiement des impôts, renouvellement des contrats, etc.

Maintien de l'ordre et de la propreté dans tout l'établissement.

Régime alimentaire : éviter le trop et le trop peu, aussi bien que la négligence et la monotonie dans la préparation des aliments.

Surveillance des denrées, approvisionnements importants…

Contrôle de la comptabilité aux époques fixées par les Constitutions. (Art. 167 et 168.)

Dépenses de quelque importance, en particulier celles qui doivent être approuvées par le Conseil Provincial ou le Conseil Général.

Aumôniers : honoraires, logement, service religieux, catéchisme, etc.

Domestiques : nombre, logement, salaire ; prières, instructions et pratiques religieuses ; assurances sociales, etc.

S'il y a une métairie, la vente des animaux, la coupe des arbres, l'achat et la vente des machines, l'utilisation des produits, etc. …

Ce tableau, mes bien chers Frères, reste incomplet, car la nature de l'école, son importance, son recrutement, les programmes d'études, les examens, le service religieux…, créent de multiples problèmes que le Conseil local doit résoudre, si le coutumier n'en prévoit pas la solution.

Le Conseil peut être appelé encore à étudier d'autres questions, telles que la révision de programmes, l'étude des moyens propres à développer et perfectionner les oeuvres selon l'esprit de l'Institut, par exemple : l'initiation et la participation des élèves ou. des anciens élèves au recrutement de l'école et à celui de nos maisons de formation, aux. catéchismes pour les enfants privés d'instruction religieuse, aux Conférences de Saint-Vincent-de-Paul, à l’œuvre des patronages, aux. associations sportives, aux Mouvements spécialisés (Scoutisme, Jeunesse Étudiante Catholique, J.O.C., J.A.C., etc. …

Le Conseil peut également étudier avec profit des questions d'intérêt général comme celles qui sont suggérées par la considération des besoins de l'Église ou de l'Institut, par les circulaires et instructions du Frère Supérieur Général et du Frère Provincial, par la lecture de revues religieuses ou pédagogiques, etc. On ne saurait mettre en doute futilité de ces discussions occasionnelles sur des sujets qui tendent à élargir nos vues, à développer les initiatives et à rendre notre apostolat plus fructueux. 

Procès-verbal. Livre des délibérations.

 « Un des conseillers, disent les Règles du Gouvernement, sera désigné comme Secrétaire. Il aura soin de rédiger fidèlement les délibérations qui devront être écrites, et les fera signer par les membres du Conseil. Il soumettra également à l'approbation des Supérieurs les délibérations qui la requièrent. » «Les délibérations importantes, particulièrement celles qui auront besoin de la sanction du Frère Supérieur Général ou du Frère Provincial, pour être mises à exécution, seront écrites dans un livre destiné à cet effet.» (Art. 423-424.)

Dans ce but, pendant les délibérations, le Secrétaire prend note de ce qui lui paraît digne d'être retenu. Au besoin le Frère Directeur lui signale les points et les explications à consigner dans le procès-verbal.

On n'inscrira pas sans nécessité, au procès-verbal, les noms des personnes mises en cause ni les auteurs des diverses opinions exprimées.

Le procès-verbal résume avec précision, et par ordre, les questions importantes qui ont été proposées, les décisions prises ainsi que les détails qu'on aimerait à trouver plus tard.

Toutefois le Secrétaire évitera, dans le procès-verbal, les longueurs encombrantes, plutôt nuisibles à la clarté : par exemple, certaines remarques superflues ou les points soulevés incidemment dans la discussion et sans rapport avec les questions débattues.

Dans le livre des délibérations du Conseil, chaque question et chaque sujet d'une certaine importance doit se détacher des autres et porter un titre facilitant les recherches ultérieures.

Ce cahier ne doit avoir ni ratures ni surcharges ; c'est pourquoi on n'y transcrit le procès-verbal que lorsque le Conseil en a approuvé ou corrigé le texte dans la séance suivante. Comme il est prescrit à l'article 348 des Règles du Gouvernement, le livre de délibérations du Conseil doit être présenté aux. Supérieurs à l'occasion de leur visite. 

Discrétion.

 La discrétion est indispensable pendant et après la tenue da Conseil. Pendant la séance, elle fera éviter de mentionner, sans une véritable nécessité, les fautes ou défauts de confrères, d'élèves, ou même de personnes étrangères, ainsi que tout ce qui pourrait faire juger défavorablement des individus ou des groupes, diminuer leur autorité ou leur prestige. Si, pour permettre à chacun de donner son avis en connaissance de cause, on doit absolument révéler certains faits, on le fera aussi brièvement que possible et sans les dénaturer.

Lorsque la discrétion s'impose, elle devient pour les conseillers un devoir d'état, la loi du secret professionnel qui les lie en conscience et constitue une obligation grave quand elle a pour objet une matière grave.

Si la discrétion ne règne pas, le Conseil dégénère et devient une source de difficultés. « Ne tenez pas conseil avec le fou qui ne sait pas garder un secret », dit le Sage. (Eccl., VIII, 20.)

Nos Règles prescrivent la discrétion en ces termes : « Les conseillers garderont le secret sur ce qui a été traité au Conseil. Même lorsqu'ils auront cessé d'en être membres, il ne leur sera jamais permis de faire connaître à personne les affaires de l'administration qui doivent rester secrètes et, moins encore, ce qui aurait été dit touchant la conduite des Frères. » (R. du G., art. 421.)

La discrétion, nécessaire dans les réunions du Conseil, l'est donc également après celles-ci. C'est au Frère Directeur à communiquer à la communauté ce qui aura été décidé et qui peut être porté à sa connaissance. Il donnera, au besoin, les explications capables de rallier les esprits et les cœurs aux décisions prises. Quoiqu’il taise, pour un temps ou pour toujours, ce qui ne peut être divulgué, ses communications sont une marque de confiance qui contribuera au bon esprit. Le Frère Directeur obtiendra ainsi plus facilement la collaboration de tous les Frères. Un silence exagéré ferait, au contraire, planer un air de mystère qui rendrait moins cordiaux les rapports entre le Conseil et les autres membres de la communauté. 

Conseils élargis.

 Désignons ainsi, à défaut d'autre appellation, les Conseils auxquels prennent part, outre les conseillers, des Frères qui, par leur emploi, sont au courant de certains problèmes à étudier et devront veiller à l'exécution des décisions prises. Quoique ce procédé ne puisse être généralisé, il est susceptible de produire d'excellents résultats en bien des cas.

Ainsi lorsque le Frère Économe n'est pas conseiller, il convient qu'il assiste aux délibérations sur des questions financières de quelque importance. Connaissant les possibilités économiques de la maison, il saura dire ce qui est réalisable, ce qu'il conviendrait d'ajourner ou quelle mesure pourrait être substituée avec avantage à celle qui est proposée.

Pareillement, les Frères Surveillants, les Professeurs d'un même enseignement pourront être réunis avec grand profit, pour discuter des questions de programmes, de distribution de travail, de discipline, de règlement, d'émulation, d'examens, de congés ou autres, concernant plus spécialement les groupes dont ils ont la charge. L'expérience de ces Frères aidera souvent à mieux adapter aux réalités les mesures prises et ils se sentiront alors solidaires dans l'exécution de ces dernières.

On pourra aussi éventuellement réunir, avec le Frère Économe, les Frères chargés du temporel pour traiter avec eux . de matières les concernant particulièrement.

L'esprit de famille d'une communauté devrait permettre que bien des questions, non absolument réservées au Conseil, soient exposées devant tous. On y trouverait parfois des avantages insoupçonnés et l'on ne serait pas peu surpris des sages suggestions faites même par des religieux jeunes ou peu instruits. Ce qui est hors de doute, c'est que la solution d'une difficulté, cherchée par plusieurs, sera plus facilement trouvée que par un seul.

Rappelons, à ce propos, une repartie du Père Lacordaire : « Il consultait un jour un de ses religieux sur un double plan de conférences, lui demandant lequel il préférait. Le religieux s'excusa disant que cette demande l'humiliait : « Mais, mon cher ami, lui dit le Père, je le fais bien sincèrement, je  vous assure ; n'y a-t-il pas toujours plus de lumières dans deux esprits que dans un ? » (Sa Vie, par P. Chocarne, vol. II, p. 109.)

Ne cite-t-on pas le cas de chefs d'entreprise qui, voulant améliorer la condition de leurs ouvriers, auraient commis des erreurs coûteuses si, auparavant, ils ne leur avaient fait connaître leurs plans et demandé leur avis ?

Voici ce que raconte Rockefeller, le roi du pétrole : « L'un des procédés qui ont fait gagner le plus d'argent à la Standard Oil est sans doute la conduite du pétrole, par tubes, des puits aux grands dépôts. Cette idée m'a été suggérée par un menuisier avec qui j'avais l'habitude de m'entretenir tous les jours après dîner. Je méditai ce que m'avait dit ce brave homme et son idée me parut excellente. J'en parlai à un ingénieur qui la trouva extravagante, mais un autre ingénieur la déclara bonne et m'assura qu'elle rapporterait de grands profits. Elle fut mise en pratique et ses résultats furent merveilleux. »

L'organisation des fêtes religieuses ou profanes : Première Communion, processions ou défilés, distribution de prix, grandes promenades, rentrée des classes, réception d'une personne de marque et bien d'autres circonstances où chacun a son rôle à remplir, peuvent donner lieu à des réunions plénières de la communauté où l'on détermine et délimite les attributions de chacun, assurant ainsi la réussite du projet en vue.

Heureuses les communautés où cette collaboration est possible !

Là où il n'y a pas de Conseil, c'est-à-dire dans les communautés de moins de six Frères, le Frère Directeur doit consulter le Frère Sous-Directeur pour toutes les questions qui sont habituellement soumises au Conseil local. (R. du G., art. 425.) Sa petite communauté pourra être également invitée à émettre son avis toutes les fois qu'il le jugera opportun. Cela aidera à donner au Frère Directeur son vrai rôle de père qui commande avec amour et non celui d'un maître distant et jaloux à l'excès de ses attributions.

Le Père Valuy, dans son beau livre Le gouvernement des communautés, s'applique, à l'aide du témoignage des Écritures, des Saints, de la raison et de l'expérience, à mettre en relief l'importance des Conseils. Il fait de très sages recommandations sur le choix des conseillers, les qualités qu'ils doivent avoir, sur la façon de prendre leur avis, et de se résoudre après la discussion des problèmes. je vous invite instamment à lire cet ouvrage.

Il n'est pas rare, mes bien chers Frères, que dans le désir qui nous anime tous de voir nos communautés unies et répondre, par leur zèle, aux vues de la Providence, nous cherchions des formules nouvelles, des procédés moins communs ; ne devrions-nous pas plutôt nous attacher aux pratiques qui, ayant fait leurs preuves comme les réunions du Conseil, sont, de plus, prescrites par l'Église et par nos Règles ?

C'est pourquoi j'engage de nouveau les Frères Directeurs à gouverner à l'aide de leur Conseil, se rappelant ces paroles de l'Ecclésiaste : « Malheur à celui qui est seul !… On rompt difficilement un triple lien. » (Eccl., IV, 10 et 12.) 

Cause de béatification

du Vénérable Père Champagnat

 La Circulaire du 8 décembre 1948 faisait connaître l'invitation adressée par le Conseil Général à tous les Frères de l'Institut et aux élèves de nos écoles, pour une croisade de prières et de sacrifices au cours des années 1949 et 1950, en vue de hâter la béatification de notre Vénérable Fondateur.

D'après une enquête récente, cette invitation a reçu le meilleur accueil dans toutes nos communautés. Je vous en remercie de tout cœur et je vous engage à faire encore mieux l'année prochaine.

La neuvaine mensuelle rappelée par le calendrier religieux, s'est faite partout régulièrement. Les Frères Provinciaux, à l'occasion de leurs visites, dans leurs lettres-circulaires et au cours des retraites annuelles, se sont fait un devoir d'exciter le zèle de tous pour le succès de cette croisade. La plupart de nos revues de famille y ont collaboré par le rappel fréquent des pratiques prescrites et par des exhortations à la ferveur, à la confiance dans le pouvoir d'intercession du Vénérable Père et à la diffusion de sa dévotion parmi nos élèves et leurs familles.

A quelques exceptions près, nos élèves ont été invités à s'unir à cette croisade de prières et de sacrifices, et de belles réalisations à ce sujet méritent d'être soulignées.

Dans certaines écoles, la neuvaine se fait dans toutes les classes comme en communauté. Nombreuses sont celles où l'on offre tous les jours une dizaine de chapelet pour nos causes de béatification. Les Frères engagent leurs disciples à ajouter quelques sacrifices et à s'approcher de la Sainte Table au cours de la neuvaine mensuelle. Il est des classes où le professeur inscrit au tableau noir le mot d'ordre de la journée ainsi que le sacrifice à faire et qui consiste, en général, dans l'observation plus exacte d'un point déterminé du règlement. Certains maîtres ornent le buste-ou le portrait du Vénérable Père et, le dernier jour de la neuvaine, font un catéchisme spécial sur le Fondateur et son œuvre. lci on exhorte les élèves à s'intéresser grandement à nos causes de béatification qui sont leurs causes en tant qu'élèves des Frères ; là on invoque journellement le Vénérable Père au début des classes et à la sortie ; ailleurs des familles récitent en commun la prière pour la béatification en y ajoutant un « Notre Père », et il est telle paroisse où chaque mois une messe, annoncée du haut de la chaire, est célébrée pour obtenir que notre Fondateur soit bientôt proclamé Bienheureux.

Je constate avec une bien grande satisfaction que la « Journée Champagnat » est célébrée partout avec beaucoup de piété et d'enthousiasme. Neuvaine préparatoire avec fréquentation des Sacrements, messe solennelle le, 6 juin, exposition mariste, causeries sur l'Institut par les Frères ou par les élèves, scènes tirées de la vie du Père Champagnat, prix décernés aux meilleurs travaux sur divers aspects du Fondateur et de son œuvre, etc., tout cela contribue certainement au succès de la Cause et à une connaissance plus exacte de la personne du Vénérable et du rôle apostolique de son Institut.

Dans nos maisons de formation, on rivalise de ferveur et d'initiative. Trésor spirituel, chaîne de neuvaines et de sacrifices, travaux divers sur l'Institut et ses oeuvres, étude plus approfondie des vertus du Fondateur, reproduction sur la scène de divers épisodes de sa vie et des débuts de l'Institut, tout est mis en oeuvre pour accroître sans cesse la dévotion au Vénérable Père.

Partout on tâche de faire invoquer le Serviteur de Dieu et l'on conseille des neuvaines à l'occasion de maladies graves et de besoins pressants. On nous signale ici et là plusieurs faveurs obtenues, dont quelques-unes sont fort intéressantes pour la Cause ; il est regrettable que, dans certains cas, on n'ait pu faire établir les certificats médicaux attestant la gravité du mal et le caractère surnaturel de la guérison.

Redoublons de ferveur et de zèle pour une cause qui nous est si chère. Continuons, au cours de l'Année Sainte, la neuvaine mensuelle prescrite récitation, après la méditation, de la prière pour obtenir la béatification, avec un Pater et un Ave. N'oublions pas d'y ajouter quelques sacrifices bien déterminés.

Quels sacrifices choisir ? « La pénitence qui plaira le plus à Dieu, – nous dit l'article 245 des Règles communes –, celle qui leur attirera le plus de grâces, celle qui comprend pour ainsi dire toutes les autres, c'est l'exacte observance de leurs Constitutions et de leurs Règles. » Il suit de là que le meilleur sacrifice consistera en une vie plus sainte, exempte d'irrégularités, telles que : le manque de ponctualité au lever, la négligence des exercices de piété, la violation du silence, l'usage du. tabac. Il faut reproduire dans notre vie les vertus et l'esprit de notre Vénérable Père. La ferveur de nos religieux et de nos communautés attirera les bénédictions de Dieu et hâtera l'heureuse issue de la Cause.

Bon nombre de communautés s'imposent des sacrifices collectifs pendant la neuvaine mensuelle : ici c'est la privation de vin, là celle de dessert à tel ou tel repas ; dans un pays chaud, on se restreint pour la boisson fraîche ; dans une communauté de jeunes, les Frères ont décidé de jeûner le matin, comme le samedi, un jour de la neuvaine. On ne peut que louer et encourager ces initiatives.

Favorisons le succès de la Cause de notre Fondateur par une propagande bien menée : distribution d'images reliques et d'opuscules faisant connaître sa vie et les faveurs dues à son intercession auprès de Dieu ; exhortations à nos élèves et, par eux, à leurs familles, pour faire implorer la protection du Serviteur de Dieu sur eux et spécialement sur les malades, etc. …

Cette collaboration étroite et efficace de tous les membres de l'Institut par la prière, le sacrifice, une vie sainte et un zèle toujours croissant pour faire connaître et invoquer notre Vénérable Fondateur, nous obtiendra certainement du bon Dieu la faveur que nous sollicitons et que nous devons nous efforcer de mériter. 

Faveurs attribuées

à l'intercession du V. P. Champagnat.

1. GUÉRISON D'ALAIN DELORME. 

Alain Delorme, âgé de 10 ans, était, avec deux de ses frères, élève de notre pensionnat d'Aubenas (Ardèche). Le 16 janvier 1943, il se réveillait avec une forte fièvre. Le docteur déclara que l'enfant avait contracté une congestion pulmonaire. La maladie empira et, trois jours après, une broncho-pneumonie double se déclarait.

On commença immédiatement le traitement prescrit. Le jeudi 21, la mère, prévenue de la gravité de la maladie, arrivait au pensionnat. Le docteur, à la visite du soir de ce même jour, devant la persistance d'une température élevée (40°- 40°5), ne dissimula pas ses craintes ; il ordonna, pour la nuit, l'emploi de ballons d'oxygène.

Devant l'imminence d'un dénouement fatal, Henri, frère aîné du malade, se souvint d'une instruction de son professeur sur le pouvoir d'intercession du Vénérable Père Champagnat auprès de Dieu. Il demanda au Frère Directeur une image-relique et la plaça sous l'oreiller. On commença dans toutes les classes du pensionnat une neuvaine au Vénérable pour obtenir la guérison.

La nuit fut très mauvaise et la température resta stationnaire. Le vendredi 22, au matin, le docteur trouva Alain beaucoup plus mal : le cœur commençait à faiblir et tout espoir était perdu. Le docteur déclara même : « La science a fait tout ce qu'elle a pu ; il ne reste que la Providence. »

On administra les Sacrements au malade et on continua avec une grande ferveur la neuvaine commencée la veille.

Ce vendredi soir, le docteur vint à 18 heures et trouva le malade encore plus mal. Revenant trois heures après avec un de ses confrères, il fut tout surpris de constater une amélioration subits, contraire à toutes les prévisions. La fièvre venait de tomber de 40°9 à 36°2 et l'enfant était plus calme.

Le neuvième jour il était debout et visité par ses petits camarades qui avaient fait violence au Ciel. Après un séjour d'un mois dans sa famille, il revenait au pensionnat parfaitement guéri.

Durant la maladie, on avait fait célébrer trois messes pour obtenir la guérison, avec promesse d'en faire dire neuf autres en action de grâces si elle était obtenue.

Le 6 juin de cette même année fut choisi au pensionnat d'Aubenas comme « Journée de la reconnaissance au Vénérable Père Champagnat » à l'occasion de la guérison survenue quatre mois auparavant. Parmi les nombreuses adresses lues par les élèves, on goûta tout particulièrement celle du jeune Alain Delorme qui fit monter vers le Vénérable Père le cri d'un cœur profondément ému et reconnaissant : « Grâce à Toi – disait-il – je souris à la vie et la vie me sourit. Tu sais combien je veux être à jamais fidèle à ma promesse et le culte de vénération que je t'ai voué. » L'enfant, en effet, au cours de sa maladie, avait révélé à sa mère la promesse qu'il avait faite d'entrer dans notre Institut. des l'année suivante, il entrait au Juvénat avec deux de ses camarades de classe[1]. Le 15 août dernier, il a revêtu le saint Habit mariste au Noviciat de Notre-Dame de Lacabane et reçu le nom de Frère Henri-Alain.

Depuis sa guérison, il a toujours joui d'une excellente santé. 

CERTIFICAT DU Dr MARC BOUSCHON.

Aubenas, 7 avril 1943.

Je soussigné, docteur Bouschon, certifie avoir donné mes soins pendant une vingtaine de jours à l'enfant A. Delorme.

Ce petit malade, qui a été atteint de broncho-pneumonie double, de forme hyper toxique, avec très mauvais état général, température 40.°- 40°,5, pouls imperceptible, état subcomateux, a ressenti brusquement, au cours d'une nuit et alors qu'il paraissait à toute extrémité, une amélioration très nette qui bientôt a fait place à une guérison rapide.

             M. Bouschon.

II. GUÉRISON DE Mme VITTORINA OLINDO.

 Un Frère de Viterbe (Italie) nous a envoyé, à la date du 25 juillet 1949, la relation suivante :

Ma belle-sœur, Mme Vittorina Scarella, épouse Olindo, atteinte d'un cancer, fut soignée en décembre 1946 par un docteur de Nice… Le 22 juillet 1947, mon frère Jean m'écrivait : « Tous nos espoirs de guérison se sont évanouis. Le docteur me dit qu'il n'y a pas de remède, que le mal a atteint les intestins et qu'on ne peut plus rien faire. Il ne reste que l'espoir d'un miracle. » La malade elle-même, qui avait été transportée à Carpasio pour y respirer l'air frais de la montagne, m'avait écrit le 13 du même mois : « Je souffre atrocement, et maintenant je prends quelques légers stupéfiants pour me calmer un peu ; je prie beaucoup Notre Seigneur et la Sainte Vierge de m'accorder la guérison., car j'ai des moments de tristesse telle que, vraiment, je n'en puis plus… »

Voyant que tout espoir de guérison était écarté du côté des médecins et de la médecine, et devant la confiance de mon frère et de la malade en une intervention surnaturelle, je pensai que c'était là une belle occasion pour montrer le grand pouvoir qu'a notre Vénérable Fondateur auprès de Dieu., et pour obtenir un beau miracle pouvant servir à sa cause de béatification. C'est pourquoi j'envoyai à ma belle-sœur une image-relique du Vénérable Père et un opuscule contenant le récit des grâces obtenues par son intercession. Dans une lettre je lui proposai de faire une neuvaine qui commencerait le 15 août. La communauté de Viterbe fit cette même neuvaine en union avec la malade.

Celle-ci, quelques jours auparavant, m'écrivait : «Merci pour l'opuscule du Vénérable Marcellin Champagnat et pour son image reçus aujourd'hui. J'ai beaucoup prié dans la journée le Serviteur de Dieu, et le 15 août je recevrai la Sainte Communion dans mon lit, car je ne puis pas me lever. Ici les parents et les amis feront pour moi la neuvaine au Vénérable en même temps que vous la ferez à mon intention.

Une fois guérie, elle m'écrivit : « Dans mes prières, je demandais au Vénérable de me laisser souffrir, mais ensuite de me guérir, et j'ai été exaucée ! Car, de façon imprévue, vers la fin septembre, j'ai éprouvé un mieux sensible et quelque chose me disait que j'étais guérie. »

A la date du 20 octobre 1947, elle m'écrivait de San-Remo : « Je te dirai qu'après avoir commencé la neuvaine au Vénérable M. Champagnat, j'ai éprouvé un peu d'amélioration. Maintenant je dois ajouter qu'à mon avis (et les médecins disent de même), il s'est accompli un miracle ; en effet, depuis près de deux mois que nous sommes de nouveau à San-Remo (car je ne voulais pas mourir à Carpasio), l'amélioration s'est accentuée de jour en jour, à tel point que maintenant toute la journée je suis hors de la maison et je vais toujours un peu. mieux. Voilà un mois que je mange et dors, choses que je ne faisais plus depuis plusieurs mois. Les personnes qui me rencontrent m'appellent « la morte ressuscitée ». Je remercie Dieu et la Très Sainte Vierge à tout instant. Jean aussi est content et, tous les jours, nous allons à l'église pour remercier le Seigneur. »

Dans une autre lettre, elle ajoute : « Il y a déjà quelque temps, je rencontrai le docteur Anfosso qui m'avait soignée à Carpasio et, me trouvant bien changée, il me dit : «Madame, la main de Dieu vaut plus que la science de tous les médecins du monde.» « Je prie tous les jours le Seigneur et le bon Vénérable Marcellin Champagnat afin qu'il me conserve cette bonne santé, et je prie aussi afin qu'il soit bientôt béatifié. Il y a deux ans que je suis guérie, et je puis dire que je me porte à merveille, car j'ai gagné du poids. »

Je vous adresse ci-joint les certificats des deux médecins qui ont soigné ma belle-sœur ; celle-ci a porté un cœur d'argent à Vintimille pour le placer près du buste du Vénérable Fondateur.

                   Frère GAUDENZIO. 

Les DrsMario Massobio et Leo Anfosso qui ont soigné Mme Olindo, après avoir indiqué la gravité du mal, certifient qu'à la fin septembre 1947 l'état de la malade s'améliora de façon inespérée, tandis que, localement, se produisait une réparation spontanée des lésions ulcéreuses et le retour des fonctions intestinales à l'état normal.

Ils ajoutent qu'aujourd'hui, à deux ans de distance, Mme Olindo peut être considérée comme complètement guérie.  

Visite de délégation

à la Province de Chine

                  MON RÉVÉREND FRÈRE SUPÉRIEUR,

 La visite canonique de notre Province de Chine, si durement éprouvée, ne m'a été possible qu'en partie et je suis revenu avec le regret de n'avoir pas pu pénétrer dans la zone communiste où, pourtant, sont les Frères qui ont le plus grand besoin du réconfort qu'apporte toujours le passage d'un Supérieur. Mais le rideau de fer tiré sur la. partie terrestre et le blocus par mer ont rendu vaines toutes mes tentatives de pénétration dans la zone rouge. C'est là que se trouvent Pékin, Tientsin et Shanghaï, villes où. sont nos principales maisons.

Je vais diviser ce compte rendu en trois parties : d'abord le secteur de Ceylan, où tout va normalement, puis celui de la Chine non communiste et des environs et enfin celui de la zone interdite.

Secteur de Ceylan. — A mi-chemin de Saint-Genis à Pékin se trouve l'île de Ceylan. Elle compte aujourd'hui quatre beaux établissements. Ce sont, en remontant vers le nord, à partir de la capitale, Colombo sur la côte, les collèges de Tudella, de Négombo et de Wennapuwa situés à environ une vingtaine de kilomètres les uns des autres et enfin Bandarawella, presque au centre de l'île, dans la région montagneuse.

Disons, en passant, que l'île de Ceylan a environ six millions d'habitants en majorité bouddhistes, avec une forte minorité de 600.000 catholiques répartie surtout dans la région sud-ouest de l'île.

Celle-ci forme un État indépendant, faisant toutefois partie de la Communauté Britannique et son gouvernement a gardé du régime anglais une largeur d'esprit qui laisse toute liberté aux catholiques. C'est ce qui fait la prospérité des écoles religieuses.. Ainsi nos quatre collèges ont un total de 2.700 élèves.

Quand on voit le travail accompli ces vingt-cinq dernières années, par nos Frères qui ne sont guère nombreux, on ne peut que les féliciter. Sur quatre établissements, trois sont entièrement à nous, terrains et bâtiments, et sont ainsi le fruit des économies des Frères.

La situation serait excellente si les nouvelles lois scolaires n'avaient rendu gratuit l'enseignement avec paiement des maîtres comme conséquence, mais seulement des maîtres cinghalais. Il y a bien eu exception pour ceux des maîtres européens qui avaient de nombreuses années de service, mais enfin, à l'avenir il nous faut un plus grand nombre de Frères cinghalais.

Des juvénistes ont donc été rassemblés, formant une petite annexe au collège de Négombo, il reste à bâtir juvénat et noviciat et, par le temps qui court, ce sera une bien forte dépense. La Province de Chine qui allait fournir les fonds vient de tomber dans une situation qui l'en rend bien incapable.

Un mot maintenant sur chacun de nos établissements, en commençant par celui de Négombo, le plus ancien. Il compte actuellement près d'un millier d'élèves, dont les études vont depuis les classes élémentaires jusqu'à celles qui permutent l'entrée à l'Université.

Le terrain est vaste, s'étendant sur près de quatre hectares. Les bâtiments sont tous en rez-de-chaussée, sauf les appartements des Frères, qui forment, au centre, un étage. Il y a une trentaine de classes et les Frères, qui ne sont que 8, se font aider par 45 professeurs civils.

C'est dire que l'établissement est réputé pour ses bonnes études comme pour la bonne éducation qu'il donne. La partie religieuse est analogue à celle des meilleurs collèges de nos pays chrétiens, la présence des élèves bouddhistes n'apportant aucune gène sur ce point. Messe quotidienne pour les internes qui sont 70 et les externes du voisinage, nombreuses et fréquentes communions, chapelet à la chapelle par groupes de 250, bref, tout ce qui fait et active la vie chrétienne de nos écoles. Il y a même une fréquence de visites au Saint-Sacrement qu'on ne voit pas partout. La chapelle n'est pas une merveille d'architecture, mais une simple grande salle. Comme elle est en rez-de-chaussée et au centre des classes et que, vu le climat tropical, elle a toujours ses neuf portes ouvertes, les élèves ont la bonne habitude de venir, avant ou après les classes ou pendant les récréations, s'y agenouiller un instant devant le Saint-Sacrement. Je pense qu'on peut estimer à 150.000 par an le chiffre global de ces visites spontanées.

Wennapuwa est un collège de 350 élèves avec une communauté de 4 Frères. Il y a là une quinzaine de classes, mais cinq sont encore en feuilles de cocotiers, en attendant les ressources pour les construire en meilleurs matériaux. A Négombo, dont je viens de parler, il y en a dix qui attendent aussi. La crise du logement sévit partout et les élèves affluent plus nombreux qu'on ne peut en loger.

Bandarawella, situé sur la partie montagneuse de File, jouit d'un climat idéal. Le collège compte environ 700 élèves. Comme il a grandi petit à petit, on n'a pas commencé les constructions avec un plan d'ensemble qui aurait demandé le nivellement de tout un pan do colline. On a donc construit suivant les besoins et il y a maintenant comme une sorte de village scolaire avec une dizaine de bâtisses. C'est là que le contingent catholique des élèves est le moins élevé : une cinquantaine seulement, contre 650 bouddhistes. Les Frères d'ailleurs en sont très estimés, puisque la moitié au moins des élèves viennent de loin, faisant une heure de train, de bicyclette ou même de marche.

Tudella est le dernier établissement, fondé il y a six ans. Commencé avec une poignée d'élèves, il a si vite grandi que le diocèse vient de lui faire construire un vaste bâtiment, où, le jour de mon passage, il y avait 623 élèves. Là aussi la chapelle est vraiment scolaire, étant placée parmi les classes et fréquentée, comme je viens de le dire pour Négombo.

Quatre Frères assurent la bonne marche de l'établissement, aidés par des professeurs civils.

Ajoutons que nos Frères de Ceylan font preuve d'un grand dévouement et d'un bon esprit mariste, lui s'alimentent par leur piété et leur régularité.

 Régions chinoises non communistes. J'appelle ainsi la vaste Province du Setchouen proche du Tibet et les pays hors de Chine, mais peuplés de Chinois, comme la Malaisie et Macao, près de Hong-Kong. Et je vous donne la situation telle qu'elle était vers le milieu du mois d'août, car elle se modifie rapidement.

Nous avons là sept établissements, dont six récemment fondés, pour ceux de nos Frères chinois qui ont pu échapper à. l'avance communiste.

Dans cette Province du Setchouen qui, à elle seule, est presque aussi grande que la France et bien plus peuplée, nous. avons depuis longtemps l'établissement de Chungking. Rasé par les bombes japonaises, il a été reconstruit d'abord en, dehors de la ville. Sa réputation et le manque d'autres collèges lui ont attiré une clientèle considérable. La guerre finie, il a fallu le réédifier sur son ancien emplacement. Il compte aujourd'hui le chiffre invraisemblable de 7 à 800 internes. Il a fallu, dans les dortoirs, installer des lits à deux étages, comme sur les navires. Là aussi un nombre imposant de professeurs civils aident nos Frères qui ne sont que 10 et qui se trouvent en face de trop nombreuses surveillances. On y remédiera peut-être en augmentant le personnel. Mais les circonstances actuelles gênent beaucoup de choses.

Les autres établissements viennent de commencer. Je me bornerai à les nommer, craignant 'd'ailleurs que leur vie soit éphémère, si la vague communiste submerge la région et cela semble bien dans le domaine du possible et même du proche avenir. Ce sont KoueiYang, Kanting, Sichang et Kiating.

Je me proposais, bien sûr, d'aller les visiter. Mais c'est là que tout s'est compliqué : lis distances sont énormes, puisqu’on compte douze jours de Chungking à Sichang ; il n'y a pas un seul chemin de fer pour les franchir et voilà que pendant la fin de mon séjour à Chungking on annonça que le Gouvernement réquisitionnait tous les moyens de transport. Les Frères insistèrent pour que je prisse le chemin du retour sans tenter quelque aventure. Cela me paraissait bien peu brave, mais, toutefois, ayant réuni, comme en un conseil de guerre, les trois plus anciens Frères qui connaissent bien ces régions, leur avis unanime fut qu'il fallait profiter des avions qui permettaient encore le retour à Hong-Kong et arrêter là mon voyage. Il fallut donc me résigner et, d'ailleurs, en rentrant à Hong-Kong, je trouvai pareil déboire du côté de Shanghaï, d'où un télégramme répondait : « Voyage impossible. »

Près de Hong-Kong se trouve l'île de Macao. C'est là que, par suite de circonstances providentielles et de la charité accueillante de Mgr Ramalho, évêque du diocèse, notre Noviciat de Pékin a pu se réfugier. Il faudrait des pages pour raconter cet exode, par petits groupes des dix novices d'abord, puis des dix postulants, quand le groupe des novices eut réussi à passer. La distance de Pékin à Macao est plus grande que celle de Saint-Genis à Moscou. Trains, camions, pousse-pousse, marche, bateaux, tout fut employé suivant les lieux et les moyens. Les novices s'étaient mis en civil. Ils portaient chacun un petit paquet où étaient précieusement sauvés leur soutane, si pareille à la robe chinoise, la Règle qui, écrite en français, sembla lors des diverses fouilles, subies jusqu'à dix fois pour quelques-uns, un livre d'études et enfin, au fond de la poche la plus profonde, leur chapelet, dont un bon Petit Frère de Marie ne se sépare jamais. Nos novices étaient de soi-disant étudiants en quête d'une école ou à la recherche de leur famille. A force de ruse et de temps, le voyage s'accomplit par terre et par eau.

Accueillis dans les locaux disponibles du séminaire, qui est vaste, c'est là que nous avons pu faire la retraite, aussi tranquillement qu'au Noviciat de Pékin. Un indult avait levé opportunément toutes les irrégularités bien involontaires d'ailleurs ; la retraite de dix jours commença à la date traditionnelle pour se terminer par les vœux des novices et la vêture des postulants. Monseigneur avait voulu présider lui-même la cérémonie et ce ne fut pas la moindre singularité de cette journée d'entendu les questions et réponses rituelles se dérouler en français entre un évêque portugais et de jeunes Frères chinois.

Singapore a été, à mon retour, une escale de trois jours, entre deux avions. J'ai pu voir là sept de nos Frères chinois déjà établis dans deux écoles paroissiales où, sans doute, d'autres viendront s'adjoindre dans la suite. C'est Mgr Olçomendy qui s'est déclaré tout heureux de profiter de l'exode forcé de nos Frères chinois pour en munir ses écoles. Singapore, comme Macao et bien d'autres villes et régions, compte des centaines de milliers de Chinois.

A mon départ ; j'ai laissé au Frère Ange-Marie, économe provincial, qui avait accompagné les derniers postulants et qui ne pouvait rentrer à Shanghaï, lui aussi, la consigne d'aller s'enquérir sur place aux Philippines, à Bornéo, Java, etc. des possibilités de trouver du travail pour nos Frères chinois si, comme il faut le prévoir, le communisme leur rend bientôt la vie impossible en Chine.

 Chine communiste. – Au moment où je me voyais dans l'impossibilité de faire ouvrir la porte où je frappais, voici les nouvelles qui filtraient de Pékin, Shanghaï et autres villes où nous avons des Frères.

A Pékin, la Maison Provinciale, un peu vide, a logé l'école paroissiale afin d'éviter d'être réquisitionnée. A Haishanou, le Scolasticat vide a été loué à un hôpital, pour le même motif.

Les retraites ont pu se faire en trois groupes, mais les Frères dans l'enseignement ont été astreints à une série, qui a duré un mois, de cours de pédagogie communiste. On espère pouvoir continuer les quatre écoles de Pékin, mais on craint que les nouvelles autorités se mettent à placer les Frères à leur guise, comme les autres instituteurs.

A Shanghaï, rien de bien saillant, tout irait comme par le passé, mais il faut remarquer que la prise de la ville est récente.

De Hankéou et de Tsintao, rien de bien précis n'est venu à ma connaissance, tandis qu'on sait qu'à Tientsin le collège Saint-Louis n'a été l'objet d'aucune tracasserie. Il en est de même de nos deux collèges pour Européens, à Shanghaï, mais, par contre. leur clientèle scolaire a baissé de plus de moitié et, comme beaucoup de familles européennes partiront de Chine, des que ce sera possible, ces trois collèges sont menacés de mourir d'inanition.

D'une façon générale, on en est à la période des premières difficultés. Le gouvernement communiste n'a pas les moyens de remplacer de suite les écoles religieuses, mais il y travaillera sans arrêt et il est probable que d'ici un an ou au plus deux, il sera en mesure de les fermer.

Ce qui est consolant, c'est de voir que tous nos Frères essayent de sauver ce qui est possible, ne se découragent pas et qu'aucun d'eux n'a été, sous la pression des événements, infidèle à sa vocation.

Selon la parole de l'Évangile : « Si on vous persécute dans une ville, fuyez dans une autre », les Frères sont décidés à reprendre n'importe où leur travail apostolique et déjà nombre d'évêques se disent heureux de recevoir quelques Frères chinois pour leurs écoles chinoises hors de Chine.

Comme vous le voyez, mon Révérend Frère Supérieur Général, je ne vous rapporte pas que des nouvelles consolantes. Cette Province de Chine a connu constamment des épreuves de toutes sortes, mais, cette fois, elle est menacée dans l'existence même de toutes ses oeuvres en territoire chinois. Daigne le bon Dieu écouter les prières de tout l'Institut et donner à nos Frères, le moyen de continuer leur vie religieuse et leur apostolat. Peut-être même cette persécution tirera-t-elle, comme tant d'autres, l'occasion d'étendre l'Institut dans les contrées voisines de la Chine.

A mon passage, la Province comptait 27 établissements ; il y en a ainsi 6 de plus que l'an passé. Il y a en tout, dans la Province, 233 Frères dont environ la moitié encore en zone communiste. Le principal désastre, pour le moment, est qu'il ne reste à Pékin qu'une vingtaine de juvénistes, au lieu des 120 des années précédentes.  

Extraits du rapport sur les Provinces des

États-Unis, d'Iberville et de Lévis

               MON RÉVÉREND FRÈRE SUPÉRIEUR,

 En quittant New-York pour la Maison-Mère, le 23 août 1948, vous me laissiez la tâche de faire la visite canonique des trois Provinces des États-Unis, d'Iberville et de Lévis. C'est de l'état de ces Provinces que je viens vous donner un bref aperçu.

Commencée le 1ier septembre par les maisons de formation de la Province des États-Unis, cette visite s'achevait à la mi-avril, par la dernière maison de la Province de Lévis. Durant ces sept mois, il m'a été donné de voir toutes nos maisons moins une, de prendre contact avec tous les Frères et les sujets en formation, d'examiner de près les différentes oeuvres dont ils s'occupent. Je ne rappellerai pas l'empressement des Frères à recevoir le représentant de la première autorité de l'Institut, ni la bonne volonté que je me suis plu à rencontrer partout. Lorsque la chose était possible, on a fait participer les élèves à cette visite par une modeste réception fort bien réussie. Tout cela témoigne à la fois du bon esprit qui existe dans ces Provinces et de l'attachement filial de ces Frères au centre de l'Institut. De la visite de ces quelque 75 communautés, je garde le meilleur souvenir et je rends grâces à Dieu du souci des Frères pour leur perfectionnement religieux, intellectuel et professionnel, de leur zèle pour le recrutement de bonnes vocations et du bien qu'ils font auprès de la jeunesse. 

Province des États-Unis.

 Maisons de formation. – La maison provinciale est établie à Poughkeepsie, dans une propriété de 35 hectares. Située en bordure de la ville, cette propriété est limitée d'un côté par le fleuve Hudson et de l'autre par une grande route nationale. On trouve là plusieurs constructions. Tout d'abord la Maison Provinciale proprement dite ou St. Ann's Hermitage. C'est une maison en bois qui a subi de multiples aménagements et transformations depuis près d'un demi-siècle, mais qui reste quand même provisoire. Outre les services de l'administration provinciale, de l'infirmerie et de la communauté des travailleurs, il y a la chapelle, commune aux trois communautés de Poughkeepsie, ainsi que le dortoir et le réfectoire des scolastiques.

A 500 mètres plus loin s'élèvent les constructions du Scolasticat, c'est-à-dire la bibliothèque, les laboratoires et les salles de cours. On vient de construire un spacieux gymnase autour duquel on a aménagé, dans des locaux vastes et bien éclairés, les services de la menuiserie, de l'imprimerie, de la buanderie et les garages.

Plus éloignée de 300 mètres, on trouve la maison où était installé le Noviciat jusqu'au transfert récent de ce dernier à Tyngsboro. C'est une construction en bois, aménagée autrefois pour 40 personnes et qui, ces dernières années, en abritait plus de 60. Elle est maintenant occupée par un groupe de juvénistes. C'est le Juvénat Sainte-Anne.

Un autre Juvénat est établi depuis quelques années à Esopus, dans une vaste propriété de plus de 100 hectares, à une quinzaine de kilomètres de Poughkeepsie, sur la rive droite de l'Hudson. Dans ses locaux actuels, on peut recevoir 80 juvénistes. Lors de ma visite, ils étaient 60 répartis en deux classes.

La maison de Tyngsboro fut construite, il y a un peu plus de vingt-cinq ans, dans une spacieuse propriété pour recevoir les juvénistes de la Nouvelle-Angleterre. L'atmosphère de solitude, l'ampleur des locaux et leur bel agencement en font un endroit idéal pour une maison de formation. Le Noviciat y est installé depuis septembre.

 Recrutement. – On pourrait croire que la richesse, le confort, l'intérêt pour les sports, l'amour de la liberté feraient des Américains un peuple ami de ses aises et de la vie facile, et par conséquent peu propre à la pratique des vertus évangéliques de renoncement et d'esprit de sacrifice. Il n'en est rien. Le clergé et les congrégations religieuses y sont florissantes. On compte aux États-Unis plus de 40.000 prêtres séculiers et réguliers et 140.000 religieuses. Pour être moins nombreux, puisqu'ils ne dépassent guère 9.000 membres, les instituts religieux enseignants ont depuis quelques années un recrutement très satisfaisant. Le nôtre y est des meilleurs et l'on voudrait qu'il fût aussi prospère dans toutes nos Provinces. L'apostolat par l'enseignement chrétien, dans les High Schools en particulier, exerce sur les jeunes gens de nos écoles un attrait qui séduit les plus généreux d'entre eux.

Aussi, il n'est pas rare de voir dix, douze élèves et même plus, de l'une ou l'autre des quatre années de High School d'une même école, prendre en septembre le chemin du Juvénat ou du Noviciat. Cette année, 15 jeunes gens de nos écoles entraient directement au Postulat. Il faut dire que si le Frère Recruteur est animé d'un grand zèle pour amener des vocations à notre Institut, il est très bien secondé par tous les Frères de la Province chez qui on trouve un désir vraiment remarquable de coopération pour le recrutement.

 Les études des Frères. — On n'accepte au juvénat que des enfants qui ont terminé les huit ans du cours primaire. Plusieurs y viennent après la première ou la seconde année de High School. Quand ils ont achevé la 3ième année, ils passent au Postulat où ils complètent les études de High School.

Le Scolasticat de Poughkeepsie a été reconnu comme College en 1946 par l'Université de New-York, sous le nom de Marian College. Les jeunes Frères y font, en trois ans et trois vacances, les quatre années de College et obtiennent leur Baccalauréat. Cette année, aux 55 étudiants de la Province sont venus s'ajouter deux Frères canadiens et deux Frères chinois.

Un bon nombre de Frères ne s'arrêtent pas là. S'ils sont placés à New-York, ils suivent les cours universitaires après les heures de classe ou le samedi, même pendant les vacances, pour conquérir leur Licence (M. A.).

 Nos écoles.- Nos Frères donnent l'enseignement dans des écoles primaires (Grammar Schools) ou secondaires (High Schools), paroissiales, diocésaines ou privées. Ces écoles sont uniquement primaires comme Sainte-Anne de Lawrence et Harvestraw ; ou ce sont des écoles secondaires (High Schools) avec quelques classes primaires ; telles sont : Saint-Joseph à Lowell, Sainte-Hélène à New-York, Augusta en Georgie. Les autres établissements sont des écoles secondaires. Ce sont : Central Catholic H. S. à Lawrence, Cardinal Hayes H. S., Bishop Dubois H. S., St. Agnes H. S. à New-York, Central Catholic H. S. à Wheeling et Marmion Military Academy à Aurora, Illinois.

St. Ann's Academy et Mount St. Michael à New-York ainsi que C. C. H. S. (Central Catholic High School) à Lawrence sont des institutions qui nous appartiennent. St. Ann's Academy enregistrait l'an dernier sa plus forte inscription, soit 975 élèves dont 145 internes ; 280 étaient dans les classes primaires et près de 700 en High School. A Mount St. Michael, il y avait 175 pensionnaires et 650 externes. Sur ces 825 élèves, 650 étaient en High School. A Lawrence, la Central Catholic H. S., fondée en 1935, inscrivait l'an dernier 750 élèves en High School.

Nous n'avons pas la direction de toutes les écoles où enseignent nos Frères. Ainsi Cardinal Hayes H. S. et Bishop Dubois H. S. à New-York sont deux High Schools diocésaines. Elles sont dirigées par des prêtres. Dans la première (2.600 élèves), le personnel enseignant comprend 45 prêtres, 18 Frères Maristes, 23 Frères Xavériens et 4 Frères des Écoles Chrétiennes d'Irlande. Dans la seconde, il y a une quinzaine de prêtres et six de nos Frères. A Aurora, à l'ouest de Chicago, Marmion Military Academy est une High School dirigée par les Pères Bénédictins. Cinq de nos Frères y enseignent depuis 1942. Dans ces trois écoles, nos Frères sont grandement appréciés et les autorités désireraient qu'ils fussent plus nombreux.

A l'exception de Wheeling et de Marmion Military Academy, nos maisons sont en bordure de l'Atlantique. Plus de la moitié de nos Frères qui sont dans l'enseignement exercent leur apostolat à New-York. Sur un total de plus de 200 classes, nous n'avons guère qu'une trentaine de classes primaires.

Il existe dans toutes nos écoles un très bon esprit développé par la compétence des Frères et la façon humaine de traiter avec les élèves, par l'enseignement de la religion et le catéchisme sur la Sainte Vierge ; par l'organisation intelligente des sports et par ce bel optimisme qui caractérise le people américain. Sans exister partout, les Amicales fonctionnent très bien dans les écoles où elles ont été fondées. Les Congrégations de la Sainte Vierge, établies à peu près dans toutes les écoles dont nous avons la direction, contribuent à développer la vie surnaturelle dans le cœur des élèves.

La mission de Cotobato, aux Philippines, a maintenant un an d'existence. Pendant les vacances, on a dû construire un local un peu moins sommaire pour remplacer l'école en bambous que les Frères ont trouvée à leur arrivée. Nombreux sont les Frères de la Province qui aspirent à aller rejoindre ces vaillants missionnaires.

 Perspective d'avenir. La Province des États-Unis, assez longtemps stationnaire ; est maintenant en pleine voie de prospérité. Avec ses maisons de formation bien remplies, avec l'élan actuel pour le recrutement, avec la forte organisation de ses études, elle sera bientôt en mesure d'entreprendre de nouvelles œuvres. Déjà la fondation d'une High School est prévue à Manhasset, dans le diocèse de Brooklyn, pour 1950 et une autre à Baltimore pour 1951 ou 1952. 

Les Frères Maristes au Canada.

 Nos Frères sont établis au Canada depuis 1885 et ils y forment maintenant, dans la Province de Québec, deux florissantes Provinces : iberville et Lévis. En collaboration avec les autres Congrégations religieuses et les maîtres séculiers, ils dirigent des écoles paroissiales qui sont des écoles officielles, sous le contrôle des Commissions scolaires. Leurs traitements, pour être inférieurs à ceux des laïques, sont pourtant suffisants pour leur permettre de développer normalement leurs œuvres.

Les Congrégations religieuses enseignantes sont très prospères dans la Province de Québec : Frères des Écoles Chrétiennes (1.500 en comprenant ceux de la Province anglaise), Frères du Sacré-Cœur (1.400), Clercs de Saint-Viateur (1.000 en comptant les Pères), Frères de l'Instruction Chrétienne (900), Frères Maristes (630), Frères de Saint-Gabriel (450), Frères de Sainte-Croix (350), Frères de la Charité (250). Plus d'un de ces Instituts possède là sa ou ses Provinces les plus florissantes ; deux ou trois y comptent à peu près la moitié de leurs effectifs. Quoique assez nombreux, on voit que nos Frères sont loin d'occuper le premier rang. Ils s'efforcent du moins de n'être inférieurs à personne par la qualité. Avec les autres Congrégations enseignantes, ils forment dans la Province une association pour la défense de leurs intérêts. Cette association qu'un journaliste appelait la « Coopérative des Frères enseignants » a son Secrétariat permanent et elle tient ses réunions, auxquelles prennent part les Frères Provinciaux, à peu près tous les deux mois. L'une de ses initiatives intéressantes a été la fondation d'une journée pédagogique annuelle, dite Journée des Fondateurs, parce que chaque année elle est sous le patronage du Fondateur de l'une des Congrégations, dans les principaux centres de la Province et à laquelle toutes les Congrégations participent activement.

On voit par les chiffres fournis plus haut que la Province de Québec reste un terrain fertile en vocations. Mais la multiplicité des Juvénats de ces Instituts, le recrutement plus intense du clergé, dans une population qui ne dépasse guère 3 millions d'habitants, rendent la tâche plus difficile à nos recruteurs. Aussi, de plus en plus, nous tournons-nous du côté de nos écoles où l'on fait depuis quelques années un recrutement à la fois meilleur et plus abondant. 

Province d'Iberville.

 Maisons de formation. – Au moment de la division de la Province du Canada en 1943, la Province d'Iberville se trouvait pourvue de ses maisons de formation. A Iberville même, une spacieuse Maison Provinciale abritait, outre les services de l'administration et de l'infirmerie, le Juvénat Notre-Dame et le Scolasticat. Le Noviciat se trouvait à Saint-Hyacinthe.

Mais comme un seul Juvénat s'avérait insuffisant pour recevoir tous les aspirants à la vie religieuse mariste, on résolut d'en fonder un second. En 1945, la Province de Lévis ouvrait son Scolasticat et retirait ses étudiants. Le nombre de scolastiques d'Iberville se trouva alors fort réduit. Ces derniers s'installèrent dans des locaux de fortune et cédèrent leurs quartiers au Juvénat Supérieur Saint-Joseph qui, des la première année, compta une soixantaine de sujets. Après trois ans de séjour à la Maison Provinciale, le Juvénat Saint-Joseph remettait au Scolasticat ses appartements et prenait possession de son nouveau local, récemment construit pour ses besoins, sur une propriété de 80 hectares à un kilomètre du Collège Laval, dans la paroisse Saint-Vincent-de-Paul. Ce local peut loger à l'aise une. centaine de juvénistes.

Au Juvénat Notre-Dame, à Iberville, on reçoit les enfants après la 6e ou la 7e année d'études primaires et on les y garde jusqu'à la fin de la 8e année. Après quoi, ils passent au Juvénat Supérieur où, pendant deux ans, ils suivent les cours de 9° et 10° année avec un programme approprié aux besoins de futurs instituteurs. Ainsi ces juvénistes ne passent pas plus de deux ans dans la même maison. Cette expérience de deux Juvénats successifs s'est révélée heureuse aussi bien pour l'esprit général que pour la maturation des caractères. Actuellement, il y a 110 juvénistes à Iberville et 70 au Juvénat Saint-Joseph. La moitié viennent de nos écoles ; les autres sont recrutés dans les campagnes où les écoles sont tenues par des institutrices.

 En vue de fortifier les études et de préparer de longue main au Baccalauréat, on a inauguré cette année l'enseignement du latin des la 8° année au Juvénat Notre-Dame. Ces étudiants auront donc fait quatre années de latin quand ils arriveront au Scolasticat. On vient d'ajouter également une troisième année de Scolasticat, de sorte que ceux qui commencent la première année de Scolasticat cette année pourront subir les examens du Baccalauréat dans trois ans. Ces sacrifices sont sans doute onéreux pour la Province, mais ils contribueront à lui fournir dans peu d'années des sujets très bien préparés pour les besoins futurs.

 Pensionnat et écoles.- La Province d'Iberville n'a qu'un seul pensionnat : c'est le Collège Laval, à une quinzaine de kilomètres de Montréal, sur un vaste terrain de 10 hectares qui permet l'établissement de cours de récréations spacieuses. Avec ses 375 pensionnaires âgés de 10 à 20 ans, et ses 50 externes, avec ses 175 élèves des cours primaires supérieurs Commercial et Scientifique, avec sa fanfare, ses organisations sportives et religieuses qui contribuent à créer un excellent esprit, le Collège Laval jouit d'une belle réputation qui lui attire chaque année des élèves de choix.

Les dix-huit autres établissements scolaires sont des écoles primaires officielles. Ces écoles, très variables quant à l'importance, vont de 60 élèves à Saint-Aimé, à 700 à l'école Champagnat à Montréal. Les plus petites communautés ont trois Frères alors que le Collège Laval en a 36. Mais les Frères ne suffisent pas pour les besoins des écoles dont ils ont la direction. Ils doivent s'adjoindre des instituteurs laïques qui sont payés par les Commissions scolaires. Il y a 80 maîtres laïques dans nos écoles de la Province. Nos maisons sont assez rapprochées de Montréal si l'on excepte La Tuque et Disraéli qui en sont à 300 kilomètres, dans des directions opposées. 

Province de Lévis.

 Maisons de formation. – La Province de Lévis est encore une jeune Province puisqu'elle fut détachée de celle du Canada en 1943. Mais ses maisons fondées au cours des cinquante dernières années sont aussi anciennes que celle d'Iberville.

Lors de la séparation, la nouvelle Province n'avait qu'une maison de formation : le Juvénat de Lévis qui existait depuis quarante-cinq ans et où l'on parvenait à loger une centaine de juvénistes. C'est là que fut établi le siège de la Maison Provinciale. En attendant d'avoir chez elle ses autres maisons de formation, la Province envoyait ses postulants à Saint-Hyacinthe et ses scolastiques à Iberville. Peu après la division, elle faisait l'acquisition d'une belle propriété bourgeoise, à Valcartier, au pied des Laurentides, à 25 kilomètres de Québec. Après des agrandissements qui doublaient l'espace de la maison existante, le Scolasticat s'y installait en 1945.

En 1948, le pensionnat de Beauceville, fondé depuis plus de cinquante ans, était transformé en Juvénat. Cette année-là, la Province eut deux Juvénats : celui de Sainte-Anne à Lévis et celui du Sacré-Cœur à Beauceville et le nombre d juvénistes atteignit 140. Cette même année 1948-1949, on terminait à Desbiens, au Lac Saint-Jean, la construction, suivant des plans soigneusement étudiés, du Juvénat Notre-Dame du Lac. des la fin de juillet, après les deux grandes retraites annuelles faites dans la nouvelle maison, les juvénistes de Lévis en prenaient possession. A la rentrée de septembre, après le départ des postulants, on enregistrait 120 juvénistes, nombre qui dépassait les espérances. On a aussi établi dans cette maison, pour le moment, les services de l'infirmerie provinciale.

Ces deux Juvénats ne sont pas des Juvénats complémentaires, mais parallèles. Dans chacun, oit admet les enfants après la 7e année et on les y garde jusqu'à ce qu'ils aient terminé la 10e année, soit un maximum de trois ans. Celui de Desbiens est destiné à recevoir las enfants du Lac Saint-Jean, région particulièrement fertile en vocations, dans laquelle nous avons neuf écoles. Quant à celui de Beauceville, il recevra les enfants de la région de

Québec et de la rive sud du fleuve Saint-Laurent. Restait le Noviciat. On vient de l'installer à Lévis dans le local occupé autrefois par le Juvénat. A la fin du mois d'août, les novices venus de Saint-Hyacinthe et les postulants de Beauceville et de Desbiens en prenaient possession. Ainsi, dans un temps relativement court, la Province vient de compléter l'organisation de ses maisons de formation : deux Juvénats, le Noviciat et le Scolasticat. Sans doute, toutes ces installations ne sont pas définitives, mais elles suffisent pour le moment. L'augmentation des salaires, une sage administration et une sérieuse économie de la part de tous les Frères permettront d'entreprendre en temps opportun les autres constructions nécessaires.

 Nos écoles. – Depuis la fermeture du collège de Beauceville, la Province ne possède plus que des externats qui relèvent des Commissions scolaires. On en compte 25. L'école la plus modeste a 60 élèves alors que Saint-Joseph d'Alma en inscrit plus de 900. Une quinzaine c1 ces écoles ont des classes du Cours primaire supérieur. Les communautés ont de 3 à 20 Frères. Mais là aussi les Frères ne sont pas en nombre suffisant. Plus de 100 instituteurs laïques font la classe dans nos écoles. La plupart des écoles sont groupées dans la région de Québec et dans celle du Lac Saint-Jean.

 Conclusion. – On peut dire que partout où nous sommes établis, les autorités scolaires et religieuses sont satisfaites de l'éducation chrétienne que nous donnons. Aussi les relations entre ces autorités et les Frères sont-elles des plus cordiales. Les parents nous font confiance.

Avec la série complète de leurs maisons de formation et l'excellente formation qui s'y donne, avec un recrutement qui devient de plus en plus la préoccupation de tous les Frères, avec des ressources suffisantes pour aller de l'avant, ces deux Provinces semblent assurées d'un bel avenir. Elles pourront répondre d'ici peu d'années à quelques-unes des nombreuses demandes qui leur sont adressées, alimenter leur mission respective, et augmenter dans certaines communautés le personnel trop peu nombreux.  

QUELQUES STATISTIQUES DES TROIS PROVINCES 

 

 

 

Juvénistes

Postulants

Novices

Scolastiques

Profès temporaires

Profès perpétuels

Stables

Nombre total de Frères Maristes Frères dans les missions

Sujets en formation venant

 de nos écoles

Nombre d’écoles

Nombre d’élèves

 

Etats-Unis

Iberville

Lévis

 

120

50

25

55

97

177

56

330

7

 

70 %

14

7.700

 

180

35

26

30

73

180

54

316

15

 

50%

21

5.725

 

 

210

27

15

32

70

192

53

315

10

 

45%

26

7.187

 

 

 Visite aux Provinces de Beaucamps,

de Belgique et d'Allemagne

 Il m'a été donné aux mois de juillet et d'août derniers de prendre contact, en compagnie du Cher Frère Charles-Raphaël, leur nouvel Assistant, avec les Frères des Provinces de Beaucamps, de Belgique et d'Allemagne.

Je ne m'attarderai pas à vous parler d'œuvres dont le Cher Frère Marie-Odulphe vous a si bien entretenu naguère. Je me bornerai à toucher certains points de quelque intérêt ; mais je tiens, auparavant, à dire combien cette visite m'a été agréable et combien je reste reconnaissant à tous ceux qui ont contribué à la rendre telle.

Pendant la dernière guerre, ces trois Provinces ont eu particulièrement à souffrir dans leur recrutement, mais aussitôt la paix revenue, leurs Supérieurs se sont mis résolument à relever les ruines et le bon recrutement reste encore un de leurs principaux soucis. 

Province de Beaucamps.

 Dans cette Province, nous avons assisté à une partie des deux retraites qui ont eu lieu à la Maison Provinciale.

A la clôture, j'ai fort apprécié le trésor spirituel offert à mes intentions par chaque école. Le résultat était orné de dessins dus à la plume des maîtres ou des élèves. Je remercie une fois de plus les Supérieurs et les confrères qui ont pris ou secondé cette heureuse initiative. Ils ont une large part dans les prières et bonnes œuvres ainsi offertes puisque leur bien spirituel et le succès de leurs travaux apostoliques constituent une de mes principales intentions.

Profitant de quelques jours libres et des soirées de clôture des retraites, nous avons pu voir rapidement les diverses maisons de la Province, sauf une. Ce sont en général d'humbles écoles paroissiales dont on ne saurait trop estimer l'influence pour la conservation de la foi dans les localités où elles sont établies.

Il y a aussi le pensionnat de Pont-Sainte-Maxence qui a rebâti ce que l'incendie de 1944 avait détruit ; celui de Peruwelz, en territoire belge, qui compte parmi nos édifices scolaires les mieux adaptés ; et celui de Beaucamps, qui, détruit lors de la première guerre mondiale, a été réédifié peu après, mais sans chapelle ad hoc. Le besoin de celle-ci se fait de plus en plus sentir.

Ces trois pensionnats, m'a-t-on assuré, n'oublient pas les pauvres ; je souhaite qu'ils continuent à s'en préoccuper ; ce sera pour eux un gage de bénédictions célestes.

Cette Province qui, en 1939, comptait 68 juvénistes, 26 postulants et 20 novices, pouvait envisager, des lors, la reprise d’œuvres supprimées par les néfastes décrets de 1903. Mais vinrent la guerre et l'invasion ; le recrutement en souffrit à tel point qu'en 1943 il ne restait plus que 7 juvénistes.

Ce n'est qu'en 1946 que le nombre de ceux-ci a commencé à remonter : ils dépassent de nouveau, actuellement, la soixantaine. Ce chiffre croîtra encore, j'en suis persuadé, parce que l'on peut compter, non seulement sur le dévouement des deux recruteurs en titre, mais encore sur celui de bon nombre de Frères qui dans leur classe cultivent les vocations. La région est favorable à ce travail ; je n'en veux pour preuve que les 41 sujets actuellement en formation et qui sont sortis de nos écoles, ainsi que les 51 Frères en exercice qui en proviennent également.

Les écoles d'Halluin, de Beaucamps et de Roncq méritent, à ce sujet, une mention spéciale puisqu'elles ont fourni :

Halluin : 105 prêtres et 16 Frères Maristes encore vivants ;

Beaucamps : 11 prêtres et 10 Frères ;

Roncq : 27 prêtres et 7 Frères.

Le fait que j'insiste sur le recrutement dans nos écoles, et ceci est valable pour toutes les Provinces, ne signifie pas que l'on ne puisse trouver de bonnes vocations ailleurs et qu'il ne faille pas les y chercher. Ce serait cependant une erreur de ne pas se préoccuper suffisamment de trouver, tout d'abord, des recrues parmi des enfants qui, nous étant mieux connus, offrent plus de garanties d'aptitudes et de persévérance.

Nous constatons, d'autre part, que si bien des membres du clergé tiennent pour important notre rôle dans l'Église et favorisent notre recrutement, d'autres y mettent obstacle ou, tout au moins, ne s'y intéressent guère. C'est là un nouveau motif de nous préparer de futurs auxiliaires dans ces milieux de choix que sont nos écoles.

La Province a devant elle le problème des maisons de formation à installer, sans trop tarder, dans les. meilleures conditions possibles. En effet, des que les aspirants seront plus nombreux, Cassel, où fonctionnent le Noviciat et un Juvénat préparatoire, ne pourra abriter convenablement qu'une seule de ces deux sections. A Beaucamps, surpeuplé de pensionnaires, le Juvénat supérieur ne dispose pas d'un local suffisant. A Aulnois, l'édifice principal, rendu inhabitable par les bombardements n'est réparé qu'au ralenti par les Beaux-Arts qui ont pris en charge la restauration de ce monument classé. On a pu, il est vrai, loger dans les dépendances une vingtaine de juvénistes recrutés en Alsace et en Lorraine, mais c'est un nombre trop restreint pour les besoins de la Province.

Je fais des vœux pour que l'on trouve à ces difficultés une solution très satisfaisante.

Province de Belgique.

C'est par Arlon que nous avons commencé la visite de la Belgique. Cette maison est, sans contredit, celle dont le rôle a été le plus important dans la Province par les Frères qui lui doivent leur formation religieuse et professionnelle. Elle continue, d'ailleurs, à préparer nos jeunes religieux à l'obtention des diplômes requis pour l'enseignement primaire et secondaire ou moyen.

C'est surtout le premier de ces enseignements qui est donné dans nos écoles ; mais le second se développera à son tour le jour, que l'on espère prochain, où le Gouvernement accordera des subsides à l'enseignement secondaire privé comme il en accorde à l'enseignement primaire.

On se préoccupe de doter toutes les maisons de la Province, même les moins importantes, d'un oratoire où les Frères puissent posséder Notre-Seigneur.

Dernièrement, cet avantage a été procuré aux écoles de Virton et de Herseaux-Centre. Celle qui vient de s'ouvrir à Genval en jouit également.

Tous les Frères de Belgique reconnaissent, le beau rôle joué, pendant ses cinquante-trois ans d'existence, par le Juvénat flamand de Pittem. Situé dans une région foncièrement catholique, il prépare des aspirants qui se joignent ensuite à leurs camarades wallons pour se perfectionner en français et être ainsi plus aptes à suivre les cours du juvénat Supérieur d'Arlon. Le Juvénat de langue française, qui, avec le Noviciat, était à Habay, vient de céder toute la maison à ce dernier et s'est transporté à Mont-Saint-Guibert.

La Province compte quatre. recruteurs : deux pour le pays flamand, un pour la Wallonie et un Pour la région de langue allemande. Mais nos Frères intensifient également le recrutement dans nos écoles, dont les suivantes m'ont été signalées comme ayant obtenu le meilleur résultat sur ce point : Wervick, Ardoie, Hasselt, Mouscron-Centre, Auderghem, Tubize, Braine-l'Alleud et Mont-Saint-Guibert.

Grâce aux efforts de tous, le nombre des juvénistes, qui était devenu très faible pendant la guerre, est en progression. Il était de 94 en janvier 1939, descendait à 12 en 1942 et à 9 en 1943. des l'année suivante, ce chiffre montait pour dépasser actuellement la centaine. On ne s'arrêtera pas à ce beau résultat, car on sent un grand besoin de fournir un personnel religieux plus nombreux aux communautés existantes et d'envoyer au Congo de nouveaux ouvriers pour une moisson qui s'annonce très riche.

Aux quatre retraites, nos Frères ont pu admirer une exposition fort instructive sur le recrutement. Comme le Bulletin de l'Institut ne tardera pas à vous en donner un aperçu, je me bornerai ici à féliciter ses organisateurs et à proposer à votre méditation l'inscription suivante qui dominait le panneau principal : « Est vraiment mariste celui qui donne envie de le devenir. »

Les cours de vacances sont en honneur en Belgique. Ils ne constituent pas une préparation à un diplôme quelconque, mais visent à améliorer la formation générale des Frères. Chaque année, on y donne des cours de philosophie, de littérature française, de littérature flamande et, selon les circonstances, des cours de commerce, d'anglais, d'allemand et de sciences. Cette année 1949, deux professeurs de musique très réputés de Bruxelles ont donné une série de leçons sur la nouvelle méthodologie du chant et de la musique.

J'ai pu parcourir une statistique très intéressante sur l'année scolaire écoulée. A la suite du nom de chaque école on y trouve les données suivantes : nombre de classes de Frères, de maîtres laïcs, d'élèves, de vocations religieuses ou sacerdotales, de membres de la Croisade, de l'Apostolat de la Prière, de la Ligue du Sacré-Cœur, de l'Amicale des anciens élèves. On y apprend que la plupart des écoles ont fait le triduum des vocations ainsi qu'une retraite pour les élèves. On y trouve, de même, le résultat des collectes en faveur de l'Œuvre de la Sainte-Enfance et de la Propagation de la Foi.

Nous avons passé quelques heures à Azelo, notre unique maison en Hollande. Cette oeuvre s'est heurtée à diverses difficultés qui, Dieu merci, ne sont pas insurmontables. Située dans une région où les familles catholiques ont en général de nombreux enfants, les aspirants ne manqueront pas au juvénat que l'on pense fonder des que le local sera à même de les recevoir. En attendant, le pensionnat, quoique à l'étroit, fonctionne normalement. Son prestige s'est accru dernièrement par le succès complet obtenu par les seize candidats présentés, pour la première fois, à des examens officiels. 

Province d'Allemagne.

 Les formalités à remplir pour pénétrer en Allemagne occidentale, où sont nos Frères, ne sont plus très compliquées ; aussi en avons-nous profité pour visiter ce secteur de l'Institut si terriblement éprouvé pendant dix ans par la persécution et par la guerre.

Nos Frères, pour qui l'an dernier la visite du Cher Frère Marie-Odulphe fut un vrai réconfort, ont constaté, une fois de plus, que les Supérieurs leur portent le plus grand intérêt et souhaitent vivement voir leurs œuvres devenir aussi prospères qu'autrefois.

La Province compte 67 sujets en Uruguay, en Suisse ou au Liechtenstein. Il y en a 82 en Allemagne distribués dans quatre maisons.

Le plus grave problème qu'ait à résoudre la Province est celui du personnel formé, possédant les diplômes exigés pour l'enseignement. Le personnel se prépare grâce aux œuvres de formation rétablies depuis trois ans, mais les diplômes, indispensables pour maintenir les écoles existantes et en ouvrir d'autres, requièrent de longues études chez nous d'abord et ensuite obligatoirement à l'Université.

Ce que les Supérieurs de la Province ont fait depuis la fin de la guerre pour relever les ruines mérite que nous leur fassions pleine confiance pour la tâche qui reste à accomplir. Celle-ci est immense, car la guerre a fauché la jeunesse, soit par la mort, soit par la défection. Que ce dernier mot n'étonne personne, car l'infidélité de certains ne rend que plus méritoire la persévérance de ceux dont la vocation a connu les mêmes dangers.

En 1935 il y avait en Allemagne les deux Juvénats de Recklinghausen et de Munich avec chacun 75 sujets environ. Ils durent, à cette date, fermer leurs portes. En 1946 on a pu ouvrir un Juvénat à Furth. Le nombre des juvénistes y oscille autour de 80. Quatre d'entre eux sont allés dernièrement au Juvénat Saint-François-Xavier, à Grugliasco, où quelques-uns de leurs jeunes compatriotes iront les rejoindre chaque année. Le Noviciat s'est également ouvert à Furth en 1946 et a déjà formé une douzaine de sujets.

La Province aurait besoin d'un second Juvénat ; tous les Frères, et en particulier les Supérieurs, l'appellent de tous leurs vœux. Recklinghausen, occupée aujourd'hui par une œuvre où nos Frères ne sont que des auxiliaires, serait, comme autrefois ; la maison idéale pour son installation. Ce Juvénat se recruterait aisément en Rhénanie et en Westphalie, mais on est contraint, pour divers motifs, d'ajourner ce projet.

C'est à Fürth, la Maison Provinciale, que se trouve la communauté la plus nombreuse, 45 Frères. Comme à Beaucamps et en Belgique, j'y ai trouvé des Frères occupés aux travaux manuels qui font preuve d'un grand dévouement, mais ils sont plus nombreux à Fürth qu'ailleurs. La plupart sont possesseurs de titres professionnels accréditant leur capacité et leur donnant droit à certaines prérogatives.

Cham continue à être une maison de famille pour ses 200 pensionnaires qui suivent les cours du collège secondaire de l'État. Aux vacances dernières, une vingtaine de jeunes Frères y ont fait les Grands Exercices de Saint Ignace, les premiers qui se font en Allemagne depuis 1935. Nous avons pu assister ; en la belle fête de l'Assomption, à leur clôture qui fut très solennelle et très édifiante.

Mindelheim, qui abrite le Scolasticat, compte en outre 600 élèves, dont 140 pensionnaires. C'est, dans l'ensemble, 200 élèves de plus que lors de la fermeture par les nazis. On y fait les études complètes du Baccalauréat.

Vaduz, dans le Liechtenstein, et Saint-Gingolph, en Suisse, quoique ne possédant qu'un nombre restreint d'élèves ont été, pendant les mauvais jours, d'un grand- secours pour la Province, car nos Frères persécutés y ont trouvé, avec la liberté d'y mener leur vie religieuse, celle d'exercer leur apostolat auprès d'une jeunesse fort intéressante. 

Document du Saint-Siège, autorisant

un remaniement des Provinces

                         TRES SAINT PÈRE,

Le Supérieur Général de l'Institut des Petits Frères de Marie et les Membres de son Conseil, prosternés aux pieds de Votre Sainteté, exposent humblement ce qui suit :

En vertu de l'induit de la Sacrée Congrégation des Religieux ; en date du 24 octobre 1946 (Prot. n° 8079/46), modifiant les Provinces de l'Institut, le District français de Notre-Dame de Lacabane a été rattaché à la Province d'Aubenas.

Après mûr examen et pour remédier à l'insuffisance du recrutement, les Membres du Conseil Général, à l'unanimité, proposent le regroupement suivant :

Les départements de l'Ardèche, du Gard, de l'Hérault, de l'Aveyron, et l'Algérie se joindraient à la Province de Saint-Paul-Trois-Châteaux comprenant le Sud-Est.

Le District de Notre-Dame de Lacabane et les autres établissements du Sud-Ouest, avec celui d'Espira-de-l'Agly (Pyrénées-Orientales) constitueraient la Province du Sud-Ouest.

En sollicitant l'indult nécessaire pour procéder à ce remaniement, les Membres du Conseil Général se déclarent,

de Votre Sainteté,

les très humbles et très obéissants fils et serviteurs en Jésus, Marie, Joseph.

Et que Dieu… 

En vertu des pouvoirs concédés par Notre Saint Père, la Sacrée Congrégation préposée aux affaires des religieux, vu les faits exposés, accorde bénignement au Très Révérend Supérieur Général la faculté de procéder selon la demande, pourvu que soit observé ce qui est requis par le droit.

Nonobstant toutes choses contraires.

Donné à Rome, le 29 octobre 1949.

Fr. L.-H. PASETTO, secr.

H. AGOSTINI, Ad. a Studiis

Élections de Frères Provinciaux

 Dans la séance du 1ieroctobre 1949, le Conseil Général a élu :

Pour une première période triennale : le C. F. FÉLIX-VALENTIN, provincial d'Argentine, et le C. F. LORENZO, provincial de Lévis ;

Pour une seconde période : le C. F. JOSEPH-LIGUORI, provincial de Beaucamps ; le C. F. LUCINIO-MARIA, provincial du Chili ; le C. F. SEBASTIANO, provincial d'Italie, et le C. F. JOANNES Louis, provincial de Notre-Dame de l'Hermitage ;

Pour une troisième période : le C. F. FRANCOIS DE PAULE, provincial de Belgique. 

Dans la séance du 4 octobre 1949, ont été élus : le C. F. MARIE-BERNARD, provincial de Varennes-Orient, pro tempore ; le C. F. EMILE-ANTOINE, provincial du Sud-Est, et le C. F. HENRI-NOEL, provincial du Sud-Ouest ; pour une première période triennale. 

Dans la séance du 18 octobre 1949, le C. F. JOSEPH-LUDWIG a été réélu provincial d'Allemagne, pour une seconde période. 

Dans la séance du 4 novembre 1949, le Conseil Général a réélu le C. F. BORGIA, provincial de Nouvelle-Zélande, pour une seconde période. 

LISTE DES FRÈRES dont nous avons appris le Décès

depuis la Circulaire du 24 Mai 1949.

 

   Noms des Défunts                                        Lieux des Décès                                     Date

 

F. Louis-Flavien           Profès perp.    Sydney (Australie)                                17 avril       »

F. Joannicius               »                       N.-D. de l'Hermitage (France)             4 mai         »

F. Juan-Francisco       Stable              Guatemala (Guatemala)                      7    »          »

F. Faustus                    »                       Pékin Chine)                                         7    »          »

F. Dionysius-Bavo       »                       Mittagong (Australie)                            19  »          »

F. Maximus                  Profès temp.   Glenelg (Australie)                                19 »          »

F. Fridolin                     Profès perp.    N.-D. de l'Hermitage                             25  »          »

F. Joseph-Melchiade  »                       Porto Alegre (Brésil)                            29  »          »

F. Acatius                     Stable              Popayan (Colombie)                           5 juin         »

F. Pierre-Cassies       »                       Mendes (Brésil)                                    5    »          »

F. Bernward                 Profès perp.    Johannesburg (Afrique du Sud)          11  »          »

F. Cyprien-Marie.        »                       Vaugneray (France)                             14  »          »

F. Marie-Ladislas        »                       St-Paul-Trois-Châteaux (France)        26  »          »

F. Attalas                      Stable              Rondebosch (Afrique du Sud)            18 juillet     »

F. Modesto Felipe       Profès perp.    Lima (Pérou)                                        19  »          »

F. Pierre-Louis            Stable              Iberville (Canada)                                 22  »          »

F. Gonzalès-Maurus    Profès perp.    Melbourne (Australie)                           18 août      »

F. Plus V                       Stable              Mittagong (Australie)                            18  »          »

F. Philippe-Beniti        Profès perp.    Saint-Genis-Laval (France)                 20  »          »

F. Marie-Sylvestre       Stable              Iberville (Canada)                                 27 »          »

F. Damiàn                    Profès perp.    Buenos Aires (Argentine)                    28  »          »

F. François                   »                       Charlieu (France)                                  29  »          »

F. Emilian-Salvius       Stable              Melbourne (Australie)                           2 septem.              »

F. Feliciano Emilio      Profès perp.    Habana (Cuba)                                     2    »          »

F. Anacleto-Carlo        Novice              Vintimille (Italie)                                     3    »          »

F. Osmund                   Profès perp..   Dumfries (Écosse)                               8    »          »

F. Guillaume                 Stable              La Cisterna (Chili)                                11  »          »

F. Miguel Florencio     Profès perp.    Avellanas (Espagne)                            13  »          »

F. James-Henry           Stable              Uitenhage (Afriq. du Sud)                    14  »          »

F. Marie-Antonio         »                       Saint-Genis-Laval (France)                 19 »          »

F. Arator                       Profès perp.    St-Paul-Trois-Châteaux (France)        23  »          »

F. Marie-Valentinien   »                       Johannesburg (Afriq. du Sud)             6 octobre  »

F. Loris-Adorateur       Stable              Belœil (Canada)                                   9    »          »

F. Louis-Onésime       Profès perp.    Aubenas (France)                                 16  »          »

F. Jérôme-Émilian      »                       Port-Elizabeth (Afriq. du Sud)             23  »          »

F. Bernard-Mary          »                       Dumfries (Écosse)                               26  »          »

F. Jh-Marie-Xavier      »                       Saint-Genis-Laval (France)                 2 novem.   »

F, Albéron                    Stable              Verviers (Belgique)                              18  »          »

F. Marie-Célien           Profès perp.    Aubenas (France)                                 18  »          »

F. Ismier                       Stable              Barcelone (Espagne)                           25  »          » 

 

La présente circulaire sera lue en communauté à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

Recevez, mes bien Chers Frères, la nouvelle assurance du religieux attachement de

Votre très humble et tout dévoué serviteur. 

       Frère LÉONIDA, Supérieur Général.

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[1]: dont le scribe qui informatise les Circulaires, F. Louis Richard, et Jacques Laffont qui n’a pas persévéré.

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