Circulaires 334

LĂ©onida

1952-05-24

Vacances. - Retraite, 5. - Fruit à retirer des prochaines retraites : Une plus grande confiance en la Très Sainte Vierge, 11. - Raisons de notre confiance en Marie, 14. - Étendue de notre confiance en Marie, 24. - Qualités de notre confiance en Marie, 37. - L'usage du tabac dans les états de perfection, 48. - Visite de délégation à la Province de Bética, 51. - Visite de délégation aux Provinces du Brésil, 57. Visite de délégation en Belgique et au Congo, 66. - Second Noviciat de neuf mois, 75. - Élection d'un 'Frère Provincial, 78. - Érection de Noviciats, 78. - Liste des défunts, 79.

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V. J. M. J.

Saint-Genis-Laval, le 24 Mai 1952.

          Fête de Notre-Dame Auxiliatrice.

       MES BIEN CHERS FRÈRES,

 Nos écoles ont les grandes vacances surtout autour des mois de juillet et août, dans l'hémisphère nord, et autour des mois de décembre et janvier, dans l'hémisphère sud.

On s'accorde à admettre le besoin de ce temps de repos, de cette trêve avec le travail de classe qui occasionne, chez la plupart des maîtres et des élèves, une fatigue plus ou moins grande. Mais il y a également unanimité pour reconnaître que sans un règlement sagement élaboré et fidèlement suivi, sans une organisation intelligente, les vacances sont nuisibles pour bien des Frères. Elles peuvent devenir, en effet, un temps d'oisiveté, de dissipation et d'irrégularités multiples, surtout quant à la vie de communauté, au lever, au silence, aux rapports avec l'extérieur, aux voyages, etc. …

C'est pourquoi, sans prétendre entrer dans tous les détails que le sujet comporte, je crois utile d'insister pour que, partout, des mesures soient prises afin qu'aussi bien l'âme que le corps retirent le plus grand profit possible des vacances. La durée de celles-ci s'est accrue considérablement en divers pays, ces dernières années, ce qui rend encore plus souhaitable et nécessaire leur bonne organisation.

Bien des Frères Provinciaux ont compris la gravité de ce problème et ont déjà étudié avec leur Conseil, les solutions à lui donner. Il leur appartient d'examiner encore s'il y a lieu de faire mieux à l'avenir. Que dans les quelques Provinces où rien n'a été établi jusqu'ici, on ne tarde pas davantage à prendre les mesures nécessaires pour assurer aux Frères des vacances non moins utiles qu'agréables.

Il serait bon de réunir en un ou plusieurs centres les Frères qui doivent faire des études, les groupant selon leur âge, leur nombre et les programmes à suivre. Un personnel de choix à la tête de chaque section et un horaire bien adapté contribueraient à la bonne marche des cours, aussi bien qu'à la détente nécessaire pour des vacances vraiment bienfaisantes.

On pourrait réunir, de même, les Frères qui, étant moins tenus aux études, peuvent se livrer à des travaux manuels ; ceux-ci tout en leur servant de délassement, représenteront une économie appréciable pour les maisons et les Provinces. On n'a eu qu'à se féliciter, en général, de ce qui s'est fait dans ce sens en maints endroits.

Les Frères restés dans leur établissement se traceront un horaire précis en conformité avec les lignes générales indiquées par la Règle, veillant à ce que les occupations sérieuses s'entremêlent judicieusement aux passe-temps et au repos propres des vacances.

On ne doit pas laisser dans des communautés trop restreintes des Frères, surtout les jeunes, auxquels l'isolement pourrait être funeste. Ne sachant comment s'occuper et se récréer, ils seraient peut-être portés à des lectures frivoles et à des sorties irrégulières.

Sauf motifs graves et justifiés, les Frères Directeurs et les principaux Frères ne doivent pas pendant les vacances, s'absenter de leur communauté plus facilement que les autres confrères. C'est un exemple de régularité et de charité fraternelle qu'ils sont particulièrement tenus de donner en vertu de leur charge, de leur âge ou de leurs connaissances. Si de telles absences sont indispensables, il faut que l'autorité reste confiée à des Frères capables de maintenir la régularité, de veiller à la bonne administration de la maison et d'assurer l'expédition des affaires courantes.

Le lever, comme le prescrit le Xlll° Chapitre Général, ne sera pas retardé pendant les vacances sans permission des Supérieurs. Les exercices de piété ne seront ni omis ni écourtés ; on donnera à l'étude religieuse l'heure qui lui est due. Ce dernier point ne peut offrir aucune difficulté puisqu'on a plus de temps et qu'on jouit d'une plus grande tranquillité pendant les vacances que pendant l'année scolaire. Un règlement qui supprimerait ou réduirait le temps des exercices de piété ou de l'étude religieuse engagerait sérieusement la responsabilité de ceux qui l'auraient tracé ou approuvé, car, sauf en des cas très rares, on ne peut alléguer pour le faire que des prétextes et non des motifs sérieux. L'âme a autant besoin de se refaire que le corps ; employons pour cela tous les moyens que nous fournit l'article 115 de nos Règles.

Il est également nécessaire de faire, pendant les vacances, les promenades autorisées par la Règle ou de les remplacer, s'il y a lieu, par un temps de récréation. Le nombre des jours de congé complet devra être bien déterminé par le Conseil Provincial afin qu'on ne les multiplie pas à l'excès et qu'il y ait, autant que possible, uniformité pour toutes les maisons d'une même Province, quelles que soient leurs conditions économiques. Ces congés seront l'occasion d'une détente plus complète, laquelle s'obtient plutôt par l'esprit de famille dont chacun fait preuve et par l'agrément du rendez-vous choisi, que par l'exagération dans la distance, la dépense, le menu, etc.

Il y a parfois des facilités pour se baigner au cours de la promenade. On s'en tiendra aux instructions du C. F. Provincial, s'abstenant absolument de le faire dans des lieux fréquentés et évitant toute imprudence. Il n'est pas rare que, pendant les vacances, la presse apporte la nouvelle de prêtres ou de religieux qui se sont noyés, et nous avons eu à déplorer, en divers pays, la perte de confrères qui ont trouvé la mort en se baignant.

La chasse doit être abolie dans les quelques communautés qui parfois s'y adonnent. Non seulement c'est une distraction qui ne convient pas à des religieux, mais elle occasionne des dépenses nullement justifiées et offre de réels dangers.

Les Frères qui pendant les vacances s'occupent d'enfants : colonies de vacances, explorateurs, etc. ne peuvent être désignés au hasard. Il faut qu'ils possèdent les qualités qui permettent de leur faire pleine confiance, aussi bien pour la façon dont ils s'acquitteront de leurs devoirs religieux personnels que pour le soin qu'ils prendront des enfants. Un roulement doit être prévu qui leur laisse le temps de vaquer à leurs exercices de piété et autres obligations religieuses. Ils veilleront à la préservation morale des enfants et auront le souci de leur éducation individuelle, sociale et religieuse. Qu'ils se persuadent qu'ils failliraient à leur mission d'éducateurs religieux s'ils se bornaient à leur faire passer le temps agréablement ou s'ils se recherchaient trop eux-mêmes.

Qu'on s'en tienne, pour les voyages et les visites de famille, à ce qui a été autorisé parles Supérieurs et que ceux-ci ne dépassent pas les limites de leurs attributions. On doit s'abstenir des voyages dont le seul but est de satisfaire une vaine curiosité, car ils alimentent l'esprit superficiel, mettent la vertu en danger et portent facilement atteinte à la pauvreté religieuse.

Les visites de famille, trop fréquentes ou trop prolongées, nuisent également à l'esprit religieux. Elles fomentent un amour trop naturel et exagéré des parents, portent à se mêler indûment de leurs affaires temporelles et désaffectionnent souvent du service de Dieu. L'expérience prouve que trop de religieux manquent de ferveur ou perdent même leur vocation à cause du partage de leur cœur entre la vie religieuse et la famille, entre Dieu et les parents. Il est bon de rappeler ici l'obligation qui incombe à tous nos Frères en visite de famille d'édifier leurs proches et leur entourage par leur assiduité à la messe quotidienne et à leurs exercices de piété, ainsi que par une conduite en tout conforme à leur vocation.

Pendant les vacances, certaines communautés reçoivent de nombreuses visites de confrères. Il est à souhaiter que toutes ces visites obéissent à des motifs sérieux et que les visiteurs aient le souci (le ne pas déranger les confrères par leur arrivée intempestive quand un avis préalable s'imposait ; par une trop grande liberté à manquer au silence, par des propos peu charitables, par des sorties non autorisées, des exigences déplacées, des retards aux repas ou autres exercices, etc.

Que ces visites, conformément aux articles 468 et 469 de la Règle, ne causent aucune dérogation au règlement et servent à l'édification mutuelle.

Je crois opportun d'ajouter que, pas plus pendant les vacances qu'en tout autre temps, personne ne doit céder à l'esprit du monde quant à la tenue. L'on doit toujours porter avec dignité l'habit religieux. Si, exceptionnellement et avec les permissions requises, on se met en civil, on ne se permettra jamais de prendre des costumes en désaccord avec notre caractère de religieux éducateurs, et aussitôt arrivé dans une communauté on reprendra la soutane.

Dans ces observations, ne voyez, mes bien chers Frères, que mon ardent désir d'accroître parmi nous l'esprit sérieux. Préservons-nous de notre mieux du manque de réserve et de dignité dont font preuve parfois des religieux et des prêtres ; il y va de notre bien et du prestige de la religion.

J'ajouterai que c'est la retraite annuelle qui reste l'occupation la plus importante des vacances, lesquelles, prises comme il convient, nous y préparent et nous aident à en conserver les fruits en nous plaçant dans une atmosphère favorable au recueillement et à la vie intérieure. Mais si la retraite n'était qu'une simple pause entre deux périodes d'agitation, nous devrions craindre que, semblable à la semence tombée sur un chemin battu par les passants, elle ne produisît pas de résultats appréciables.

Notre-Seigneur, voulant procurer à ses disciples les bienfaits d'une retraite, les appela à l'écart « parce que, dit Saint Marc, il y avait tant de personnes qui allaient et venaient que les Apôtres n'avaient même pas le temps de manger » (VI, 31). Les occupations de l'année scolaire nous ont peut-être empêchés de nous occuper des intérêts de notre âme dans la mesure que nous devions ; allons à l'écart et faisons avec ferveur notre retraite. Ainsi nous serons mieux disposés à entendre la voix du divin Maître nous disant ce qui convient à l'amendement de notre vie et à notre progrès spirituel. 

FRUIT A RETIRER

DES PROCHAINES RETRAITES

 Une plus grande confiance en la Très Sainte Vierge.

 « Nous avons tous, à quelque échelon de la vie spirituelle que nous soyons arrivés, pécheurs ou saints, un besoin de confiance aussi immense que nos immenses nécessités » (P. de Jaegher, S.J. Confiance, p. 7).

Qui de nous ne souscrirait à ces paroles ? Qui de nous n'a eu, à certaines heures, à se défendre de pensées de découragement. ? La lutte que nous livrent sans cesse les ennemis de notre âme, les efforts qu'exige le travail de la perfection, les peines inhérentes .à l'emploi, les heurts et les incompréhensions toujours possibles et bien d'autres causes encore, produisent aisément la lassitude. Ajoutons à cela la vue d'un monde qui ne parvient pas à recouvrer une paix stable, les persécutions dont l'Église est l'objet et dont notre Institut souffre dans sa propre chair en Chine, les conflits sociaux qui, comme les guerres, alimentent la haine et rendent notre monde moins hospitalier, et nous comprendrons mieux la nécessité d'élever nos pensées vers Dieu, notre suprême et indéfectible espérance.

Oui, mes bien chers Frères, réveillons notre foi ; persuadons-nous que Dieu ne meurt pas : Il continue à prendre soin des âmes et des peuples ; il ne tombe pas un seul cheveu de nos têtes sans sa permission. S'Il prend soin du lis des champs et du plus petit des oiseaux, Il en prend un bien plus grand encore de chacun de nous. Si dans le gouvernement des hommes Il laisse parfois flotter les rênes, Il ne s'en dessaisit jamais complètement car,

           Le monde du mal est fort, mais Dieu le contient,

          Le monde du bien est faible, mais Dieu le soutient.

                 (Louis Veuillot.)

 Ayons donc confiance en Dieu, souverainement bon, miséricordieux et puissant. Ayons également confiance en la Très Sainte Vierge qui, après Dieu et Jésus-Christ, est notre grande espérance puisque Dieu nous l'a donnée pour nous rendre plus facile l'accès auprès de Lui.

C'est précisément de la confiance en Marie que je veux vous entretenir aujourd'hui, mes bien chers Frères, bien persuadé que notre confiance en Dieu croîtra dans la mesure où grandira celle que nous aurons pour la Reine du Ciel et de la terre. Nous allons étudier ensemble, pour en faire le programme des prochaines retraites, l'article 45 de nos Règles ainsi conçu :

« La confiance toute filiale et sans bornes qu'ils auront en Marie, les portera à recourir à sa protection dans tous leurs besoins tant spirituels que temporels, comme à leur RESSOURCE ORDINAIRE, à lui confier toutes leurs peines, leurs craintes et leurs joies, à mettre sous sa protection leurs maisons, leurs élèves, leurs entreprises et, en général, toutes leurs actions. Enfin, ils iront à elle comme un enfant va à sa mère, attendant de sa bonté le succès des écoles et toutes les grâces nécessaires pour vivre saintement et mourir en prédestinés ».

Il est fort difficile de développer ce magnifique programme comme il le mérite. Je m'y appliquerai cependant, bien persuadé que vos cœurs, tout conquis à l'amour de Marie, sauront suppléer à l'insuffisance de ces lignes. Et comme un tel sujet ne peut être bien traité et bien compris qu'à genoux, nous unirons nos prières pour obtenir que la lecture de ces réflexions fasse de nous tous des enfants confiants en Marie, la meilleure des mères.

Mais, n'est-il pas superflu de nous exciter à la confiance en Marie ? Ne l'avons-nous pas puisée abondamment sur les genoux de nos mères qui, dès l'éveil de notre raison, se sont appliquées à nous faire aimer et invoquer la Sainte Vierge ? Et puis, est-ce que dans la suite, à l'école et dans les maisons de formation, tout n'a pas concouru à nous inculquer ces mêmes sentiments qui se sont fortifiés par le zèle que nous avons déployé pour en pénétrer l'âme de nos élèves ?

Malgré cet immense avantage d'avoir toujours vécu dans une ambiance mariale, pouvons-nous affirmer que notre confiance en Marie est aussi grande et aussi éclairée qu'il convient ? N'est-elle pas intéressée et présomptueuse ? Est-elle universelle et communicative ? etc. … Il nous sera utile de voir où nous en sommes sur ces divers points afin de tirer tout le profit possible de l'immense faveur que Dieu nous a accordée en nous appelant à son service sous les auspices de sa divine Mère.

Examinons tour à tour :

Les raisons, l'étendue et les qualités de cette confiance. 

1. Raisons de notre confiance en Marie.

 Elles sont, soit d'ordre général, communes à tous les fidèles, soit personnelles ou spéciales pour nous, en tant que religieux et Petits Frères de Marie.

Nous trouvons les raisons générales de notre confiance en Marie :

a) Dans l'enseignement de l'Église : Ses Docteurs nous engagent, d'une façon unanime, à mettre tout notre espoir en Marie. Leur doctrine se résume ainsi : Marie connaît nos besoins, elle veut, elle peut nous secourir.

Oui, Marie voit toutes nos misères et entend toutes nos supplications car, au. dire de Saint Thomas d'Aquin, les âmes admises à la vision intuitive connaissent à la lumière divine tout ce qui peut, de quelque façon, les intéresser ; leur félicité ne serait pas complète s'il en était autrement. Ainsi, une mère qui a laissé en ce monde ses enfants orphelins, les voit en Dieu et voit leur condition, leurs besoins, l'état de leur âme, tout ce qui les concerne. Cette connaissance étant en raison directe de la gloire dont jouissent les élus, nul ne la possède plus pleinement que Marie dont le trône, au Ciel, est immensément au-dessus de celui des autres bienheureux. Elle nous suit de son regard maternel à travers les mille péripéties de notre vie terrestre. Elle connaît nos besoins et ne peut les voir avec indifférence ; aussi s'empresse-t-elle, dès que nous implorons son secours, de flous faire ressentir les merveilleux effets de sa bonté et de sa puissance.

Ces deux attributs, bonté et puissance, se complètent admirablement et leur rôle est facile à saisir : On ne peut compter sur celui dont la puissance ne s'accompagnerait pas de bonté, car la main reste obstinément fermée si le cœur ne l'ouvre pas. A son tour, la bonté dépourvue des moyens de s'exercer, se borne à des sentiments qui, seraient-ils sublimes, ne parviennent pas à se traduire en actes. Mais en la Très Sainte Vierge la bonté et la puissance sont étroitement liées et l'on a pu dire avec raison « qu'Elle est Mère de Dieu pour tout obtenir et mère des hommes pour tout accorder ». « N'oubliez pas de recourir à Marie, dit notre Vénérable Fondateur, sa puissance n'a pas de limites, sa bonté et le trésor de ses grâces sont inépuisables. ».

La puissance de la Sainte Vierge est exprimée par son titre de Médiatrice de toutes les grâces, titre approuvé par l'Église et consacré par une fête spéciale. Jésus sera toujours le Médiateur unique, mais c'est par Marie que nous irons à Jésus et c'est par Marie que Jésus nous distribuera ses grâces, car si Lui en est la source, sa Mère en est le canal, l'aqueduc. Ce qui fait dire à Saint Bernard : « C'est la volonté de Dieu que nous ayons tout par Marie ». Elle est toute puissante, non par nature, sans doute, mais par ses supplications : Omnipotentia Supplex.

L'étude plus approfondie de la doctrine paulinienne du Corps Mystique à laquelle se sont livrés ces derniers temps les théologiens, nous aide à mieux comprendre la confiance que mérite la Sainte Vierge : Nous sommes membres du Christ, son prolongement, une humanité de surcroît pour Lui. De ce fait nous pouvons, dans la mesure où nous coopérons à l'action de la grâce, compléter en quelque sorte, non seulement ce qui manque à sa Passion, mais encore les sentiments de piété filiale et d'amour qu'Il éprouve pour sa divine Mère. Plus nous partageons les sentiments de Jésus pour Marie, plus celle-ci remplira à notre égard la mission qui lui est dévolue dans le Corps Mystique. Cette mission consiste à unir le Christ aux fidèles aussi étroitement que le cou unit la tête aux membres pour que, par elle, la grâce nous soit distribuée.

Et comment Marie ne serait-elle pas heureuse de rendre ainsi à Jésus, en notre personne, les trésors de grâces qu'elle en a reçus ? Car c'est Jésus qu'Elle secourt en nous, comme c'est Jésus que nous secourons nous-mêmes dans la personne du prochain.

 b) Notre confiance en Marie se fonde également sur les témoignages de reconnaissance par lesquels le peuple chrétien à travers les siècles a proclamé ses bienfaits.

Que de sanctuaires, humbles parfois, souvent somptueux, de monuments publics, de fêtes, de processions, etc. … rappellent des victoires gagnées, des fléaux écartés et mille autres faveurs insignes de Notre-Dame ! Que d'ex-voto aux autels de la Sainte Vierge, surtout dans les lieux de pèlerinage en son honneur, proclament que les prières d'âmes affligées, de malades, d'infirmes, de naufragés, etc. ont été exaucées par cette mère toute bonne ! C'est la confirmation des paroles du Souvenez-vous : « On n'a jamais ouï dire qu'aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre assistance ou demandé votre intercession ait été abandonné ».

Bien des appellations que lui donne l'Église n'ont-elles pas jailli de cœurs désireux de lui exprimer ainsi leur reconnaissance ? Ne pouvant les citer 'toutes, glanons du moins celles-ci insérées dans les litanies : Mère du Bon Conseil, Salut des Infirmes, Refuge des pécheurs, Consolatrice des Affligés, Secours des Chrétiens, Reine de la Paix.

 e) S'appuyant à la fois sur la doctrine constante de l'Église et sur l'expérience, les Papes ont célébré à l'envi l'efficacité du recours à Marie et ont multiplié les appels à sa protection chaque fois qu'ils ont vu l'Église et les âmes menacées. Mais nul ne l'a fait peut-être plus souvent et plus instamment que le Pape Pie XII, glorieusement régnant. On ne compte pas moins d'une centaine de Constitutions, lettres apostoliques, allocutions et radio-messages dans lesquels apparaissent son ardent amour et sa totale confiance envers, l'Auguste Mère de Dieu. Un de ces documents les plus récents, est l'encyclique du 15 septembre 1951, invitant les familles à la récitation du Rosaire.

Dès les premiers jours de son Pontificat, en 1940, il a lancé une véritable croisade de prières à la Reine du Ciel en faveur de la paix. Il a choisi pour cela le mois de mai et il a demandé que les enfants y participent le plus possible. Le conflit s'étendant, il a renouvelé sa pressante invitation en 1941, disant : « Bien que jusqu'à présent nos prières et nos souhaits n'aient pas obtenu le succès espéré, notre confiance ne doit pas être ébranlée ».

Il serait, à la fois, très intéressant et très encourageant de rappeler d'autres initiatives de Pie XII pour porter les fidèles à mettre tout leur espoir en Marie ; bornons-nous à. citer les deux, sans contredit, les plus importantes : La Consécration du genre humain au Cœur Immaculé de Marie et la Proclamation du Dogme de l'Assomption.

La formule de Consécration au Cœur Immaculé de Marie serait à reproduire ici en entier tant elle convient à notre sujet. Il est difficile de trouver des accents plus vibrants de confiance pour dire à la Sainte Vierge combien le monde a besoin de son assistance et combien est grande la foi des fidèles en son crédit auprès de Dieu. (Voir Circulaires, Vol. XIX, p. 183 313).

Quant à la proclamation du Dogme de l'Assomption, fer novembre 1950, non seulement elle marque une des plus belles dates de la vie de l'Église, mais elle apparaît encore, au milieu du déluge de maux qui a envahi l'humanité, comme un arc-en-ciel augurant des jours meilleurs. Après les hommages extraordinaires provoqués par cette proclamation, Marie, toujours si compatissante, est sans nul doute plus disposée encore qu'auparavant à déverser sur tous ses enfants les trésors de grâces dont elle est la dépositaire. Mieux que par le passé, contemplons-la au Ciel, en corps et en âme, couronnée Reine des anges et des hommes, et croyons fermement que Dieu, qui l'a glorifiée, ne saurait rien lui refuser.

 Raisons personnelles de confiance en Marie. Nous les trouvons dans les innombrables bienfaits dont nous lui sommes redevables. Elle nous a reçus dans sa famille privilégiée, nous mettant ainsi à l'abri des dangers du monde, et elle nous a obtenu la constance nécessaire pour nous lier irrévocablement à son service et y persévérer. Et combien de bonnes inspirations ne lui devons-nous pas ! Combien de secours spirituels dans les tentations et dans les chutes ! Elle a été vraiment pour nous la meilleure des mères.

Le R.P. Vilariño, S.J., a consacré un beau chapitre à énumérer ce qui manquerait au monde si tout ce qui doit son existence à la Sainte Vierge ou s'inspire de sa dévotion venait à disparaître. Que de localités, d'églises, de monuments et d'Ordres religieux portant son nom n'existeraient pas ! Les musées seraient privés d'innombrables œuvres d'art et les bibliothèques d'une multitude de livres. Sans Elle que de trônes, au Ciel, resteraient vides ! Que de vocations n'auraient jamais abouti ! Que d'âmes manqueraient des secours nécessaires pour garder la chasteté, la justice, la charité et les autres vertus ! Que de pécheurs tomberaient dans le désespoir s'ils ne pouvaient compter sur ce refuge assuré !

Voyons nous-mêmes, par l'intelligence et par le cœur, ce qui manquerait à notre vie si elle n'avait commencé et ne s'était écoulée sous les auspices de Marie. Après cet examen qui nous montrera jusqu'à l'évidence que tous nos jours, tous nos instants ont été marqués par quelque faveur de la Très Sainte Vierge, nous pourrons redire avec Saint Léonard de Port-Maurice : « Quand je pense aux grâces reçues de Dieu par l'entremise de Marie, il me semble que je suis comme l'un de ces sanctuaires dédiés à la Madone et dont les murs sont couverts d'ex-voto avec cette inscription : « pour une grâce obtenue par Marie ».

De telles pensées ne sont-elles pas propres à raviver en nous, non seulement la flamme de la reconnaissance mais encore celle de la confiance ? Ne nous font-elles pas mieux comprendre ces paroles si consolantes du Vénérable Père Champagnat : « Si Marie est pleine de bonté pour tous les hommes, combien sera-t-elle plus miséricordieuse à l'égard de ceux qui, non contents de la servir, travaillent encore à la faire aimer et honorer par les autres ? » (Sa Vie, p. 388).

Oui, mes bien chers Frères, en vertu de notre vocation de Petits Frères de Marie, nous sommes assurés d'une protection toute spéciale de la Sainte Vierge. Nous pouvons y compter dans la mesure où nous serons vraiment maristes, où nous posséderons l'esprit d'humilité, de simplicité et de modestie propre de notre Congrégation. En effet, si « Dieu a regardé la bassesse de sa servante pour faire en elle de grandes choses» s'Il « exalte l'humble et s'Il humilie le superbe », nul doute que Marie, dont les vouloirs s'identifient pleinement avec ceux de Dieu, ne répande ses faveurs avec une particulière libéralité sur les âmes qui s'appliquent, aussi fidèlement que possible, à reproduire sa vie cachée, qui fuient les regards et les applaudissements du monde, faisant le bien pour plaire à Dieu plutôt qu'aux hommes. C'est à ces traits d'effacement, d'enfance spirituelle que Marie reconnaît les siens. Exerçons-nous donc à l'humilité qui convient à notre vocation, mes bien chers Frères, car sans humilité notre confiance, n'étant plus surnaturelle, ne serait que présomption et n'aurait plus droit à être exaucée.

Les apparitions les plus fameuses et les plus authentiques de la Sainte Vierge, confirment ce qui précède. Ce sont les enfants, les ignorants, les pauvres qu'elle choisit de préférence pour leur confier ses messages d'amour et de miséricorde.

Notre confiance en Marie trouve également un fondement solide dans les prières que nous lui adressons chaque jour dans la Congrégation, surtout dans le chapelet qui renferme les plus belles formules de louange et de demande. Le monde est rempli des merveilles accomplies par la vertu de cette prière : pécheurs convertis, hérétiques ramenés, mœurs des peuples réformées, victoires éclatantes obtenues. Avec le chapelet, des tempêtes ont été apaisées, des incendies éteints, des malades guéris, des morts ressuscités. Nous aussi : nous serons puissants par cette prière ; nul doute que si nous la récitons dévotement et fréquemment, nous puissions dire : « Avec elle tous les biens me sont venus. »

Nous avons dans notre Vénérable Fondateur un exemple éloquent de l'ardeur que doit avoir notre confiance en notre Ressource Ordinaire ainsi que de son efficacité. Au séminaire il confie sa vocation à Marie et lui demande l'intelligence nécessaire pour réussir dans les études ; c'est en portant un de ses compagnons découragé à recourir à la Sainte Vierge qu'il le raffermit dans sa vocation ; c'est à Marie qu'il demandait la grâce de se connaître et d'être fidèle au règlement qu'il s'était tracé. On nous a conservé la consécration qu'il fit de lui-même à la Sainte Vierge dans son sanctuaire de Fourvière, avant son ordination, afin d'attirer la protection de Marie sur son futur ministère. C'est encore à Fourvière que, plus tard, il reçoit l'inspiration de fonder notre Congrégation, et c'est dans ce même sanctuaire et dans l'humble chapelle de Notre-Dame de Pitié, à La Valla, qu'il va puiser courage dans ses peines et ses difficultés. Il consacre à la Sainte Vierge les personnes et les biens et nous lègue le meilleur gage de prospérité en nous plaçant sous son patronage.

S'il voit quelqu'un de ses disciples fléchir dans le service de Dieu, il lui montre l'image de Marie et l'assure de la protection de cette bonne Mère. Que l'on combatte son œuvre ou qu'on veuille le faire désister de ses projets, qu'on tâche de le discréditer auprès de l'autorité ecclésiastique, que les postulants manquent ou qu'il ne sache comment nourrir ses enfants, poursuivre les constructions et payer des dettes arrivées à échéance, c'est toujours vers la Sainte Vierge qu'il se tourne instinctivement et, chose admirable, dit son biographe, jamais sa confiance n'a été trompée ».

« Quand toute la terre serait contre nous, disait-il, nous ne devons rien craindre si la Mère de Dieu est pour nous. » Aussi, lorsqu'en 1830, la Révolution apparaît comme un grave danger pour la religion et, en particulier pour les Congrégations religieuses, il dit aux Frères : « Ne vous affligez pas à cause des menaces, ne vous préoccupez pas pour l'avenir, Marie qui nous a réunis dans cette maison ne permettra pas que nous en soyons chassés par la malice des hommes ; soyons plus fidèles à l'honorer. » Et il ordonna de chanter chaque matin le Salve Regina comme nous le faisons depuis dans toutes nos communautés.

Il résumait en ces termes la maternelle bonté de la Sainte Vierge en faveur de notre famille religieuse : « Marie a tout fait dans notre Congrégation dont la fondation, la conservation et la prospérité sont un effet de sa toute-puissante protection. » Cette même protection a été visible dans la suite, dans le développement merveilleux de l'Institut en divers pays. Nous ne méritions pas la prospérité que connaissent la plupart de nos Provinces ; elle dépasse les moyens mis en œuvre ; on rie peut l'expliquer qu'en admettant l'intervention constante et efficace de notre céleste Protectrice. C'est pourquoi nous sommes en droit de redire aujourd'hui ce que disait, il y a cent ans, le vénéré Frère François : « L'assistance maternelle et toute-puissante de Marie n'a jamais fait défaut, ni à notre Vénérable Fondateur ; ni à ses enfants. » (Voir Circulaires, vol. II, p. 315. 064)

Mus par un sentiment de profonde gratitude, rappelons que nous avons éprouvé en particulier la puissante intervention de Marie dans les pays où, à diverses époques, a sévi la persécution : en Allemagne, en Espagne, en France, et au Mexique. A certains moments il semblait que tout allait sombrer, mais Marie veillait sur ses enfants. C'est elle qui inspirait aux Supérieurs la conduite à tenir pour déjouer les projets des méchants. La tempête est passée et nos écoles se relèvent dans ces pays, plus florissantes, en général ; qu'auparavant. Et ne devons-nous pas voir la main bienfaisante de Marie dans le fait que lorsque cela paraissait impossible, nos Frères de Hongrie aient pu passer le rideau de fer pour mettre en sûreté leur vie et leur vocation ? Cela nous permet d'espérer, comme je le dirai plus loin, que Marie n'abandonnera pas nos Frères de Chine si cruellement éprouvés aujourd'hui. 

II. Étendue de notre confiance en Marie.

 Cette confiance, nous dit l'article de nos Règles déjà cité, doit être sans bornes. Par conséquent, dans tous nos besoins nous devons, sans délai ni hésitation, nous tourner vers Marie pour en être secourus.

Nous trouvons l'expression de cette confiance, si conforme à notre esprit, dans la belle formule de consécration de notre prière du matin. Rien n'y est omis de ce qui nous touche de plus près. " Nous confions à la sollicitude maternelle de Marie notre âme et notre corps ; le jour présent, tous les jours de notre vie et l'heure de notre mort ; toutes nos espérances et toutes nos consolations, nos peines et nos misères pour que, grâce à l'intercession et aux précieux mérites de Marie, nous fassions en tout, sa volonté et celle de son adorable Fils. " N'est-il pas vrai que trop souvent la routine et les distractions nous font perdre de vue la beauté de cette prière, nous exposant ainsi à ne pas en retirer tout le profit désirable ? Efforçons-nous de mieux la réciter à l'avenir, nous appliquant à en vivifier les termes par tout ce que nos cœurs ressentent d'amour et de confiance pour la Très Sainte Vierge.

Ne craignons jamais de lasser cette Mère toute bonne, par la multiplicité et l'insistance de nos demandes car nul hommage ne lui est plus agréable que le recours habituel à son intercession. D'elle, comme du bon Dieu, on obtient autant qu'on espère. Si l'humble vierge de Lisieux, conformément à sa promesse, trouve au ciel son bonheur «à faire du bien sur la terre, à faire tomber une pluie de roses », n'en sera-t-il pas de même, à plus ferté raison, de la Reine des vierges ? Ayons surtout confiance : dans nos luttes contre les tentations, pour croître en perfection, dans nos peines, dans notre travail, dans l'apostolat, dans notre vocation mariste, pour le temps et pour l'éternité, pour les besoins de l'Institut.

 Confiance en Marie dans nos luttes contre les tentations, parfois si obsédantes. Le Concile de Trente a défini que, pour conserver l'état de grâce, du moins pour quelque temps, nous avons besoin de grâces actuelles. Or Marie n'est-elle pas la Mère de la divine grâce ? La Sainte Vierge ayant écrasé une fois la tête du serpent infernal par son Immaculée Conception, ne cesse de le vaincre en ceux qui se confient à elle, car « elle est terrible au démon comme une armée rangée en bataille ». Et puisque c'est à Jésus lui-même que le démon s'en prend lorsqu'il veut nous ravir la vie surnaturelle, Marie, loin d'assister indifférente à ce duel, s'émeut jusqu'au fond des entrailles et s'empresse de nous secourir.

Lors même que nous succomberions à la tentation, gardons intacte la confiance en Marie. Allons encore à elle avec la certitude qu'elle ne nous repoussera pas, car elle a reçu le sceptre, non de la justice, mais de la miséricorde. Le Père Neubert fait cette comparaison : «Même si, à cause do ses vices et de ses crimes, un homme en est arrivé à être méprisé, abandonné, haï et maudit de tous, aussi longtemps qu'il a encore une mère, il a encore sur terre une personne qui s'intéresse à lui, qui pleure sur lui et espère contre toute espérance de le sauver. Or, tout pécheur a toujours une Mère au Ciel qui a compassion de lui et désire, d'un désir immense, l'arracher à l'enfer. » (La dévotion à Marie, p. 161.) Si la prière du juste est agréable à notre Mère du ciel comme un parfum exquis, celle du pécheur repentant résonne en son cœur maternel comme l'appel angoissé du naufragé. Cet appel ne saurait laisser insensible celle qui a été établie par son divin Fils Refuge des pécheurs. « Vous êtes Reine de clémence, et quels sont les sujets de la clémence sinon les pécheurs » ? lui dit saint Bernard.

 Confiance en Marie pour croître en perfection. Nous ne saurions nous passer de son secours pour ce travail important entre tous. En effet, si Notre-Seigneur nous a rachetés, s'il a acquis en notre faveur des mérites infinis, c'est le Saint-Esprit qui a la mission de nous les appliquer. Mais, pour cette mission d'amour il s'est associé étroitement la Sainte Vierge. Dom Chautard dit à ce propos : « Nul ne peut naître à la vie divine que par Marie. Mère de la grâce, Marie l'est aussi des accroissements de la vie surnaturelle en nous. Croître dans le Christ, c'est croître en lumière, en vertu, et nous rie pouvons le faire que par Marie dont la fonction est de former son Fils en nos âmes. Marie agit en nous avec l'Esprit-Saint, elle est bien Co-sanctificatrice, en plus de Médiatrice et de Co-rédemptrice. » (Sa Vie). Marie trouve son bonheur dans l'accomplissement de ce travail parce qu'elle brûle d'amour pour le Christ et qu'elle ne désire rien tant que d'étendre son Corps Mystique.

Pour nous faire une idée plus claire de cette influence de Marie dans notre croissance spirituelle, pensons que non seulement elle sait parfaitement ce que Dieu attend de chacun de nous, mais que cette connaissance se complète par nos confidences, nos promesses et nos demandes. Voyant ainsi clairement ce qui nous convient le mieux, elle s'empresse de nous l'obtenir. Les moyens qu'elle emploie pour y parvenir sont variés. Parfois elle exerce sur nous une influence mystérieuse transformant nos jugements et s'insinuant dans notre volonté. Au besoin, elle nous prépare un milieu favorable où nous recevrons de bons conseils et de bons exemples. Elle se servira également des anges, toujours à son service, plus spécialement de notre ange gardien, pour guider nos pas dans le droit chemin. Elle nous portera à éviter les mauvaises occasions, à accepter les sacrifices que requiert la pratique de la vertu et à mieux utiliser les moyens de perfection que nous offre la vie religieuse.

A l'aide qui nous vient de Marie pour notre sanctification par les grâces qu'elle nous obtient, s'ajoute le secours que nous trouvons dans le rayonnement de sa sainteté. Le soleil est tellement riche en lumière qu'il peut la répandre sur d'autres astres ; de même, Marie, soleil de justice, répand sur ceux qui ont recours à elle les trésors de vertu qui constituent son éminente beauté. Elle devient ainsi, dans le travail de la perfection, le soutien aussi bien des commençants que des plus parfaits en attendant de devenir la gloire de ceux qui triomphent.

 Confiance en Marie dans nos peines aussi bien physiques que morales : souffrances, épreuves, impuissance de l'âge ou de la maladie, insuccès, humiliations, etc. Ne l'appelons-nous pas Consolatrice des affligés et Cause de notre joie ?

Nos premiers parents, chassés du Paradis terrestre, trouvèrent leur grande et unique consolation dans la promesse du ciel leur annonçant qu'une femme de leur race sauverait leur descendance. Nous, qui subissons encore les malheureux effets de la faute originelle, mettons également en Marie tout notre espoir. Le fait d'avoir connu, comme nous ; la douleur, la rend plus prompte à la compassion. Entendons-la nous dire comme son divin Fils : « Venez à moi, vous tous qui 'souffrez et je vous soulagerai. » Grâce à son assistance, souffrir n'est plus un malheur, c'est un messager divin qui nous détache des créatures et nous fournit l'occasion de magnifiques victoires. Dans les pires agonies nous pouvons obtenir de Marie le courage de rester debout comme elle au pied de la croix.

Et puis, Marie n'est-elle pas également notre mère ? Dans son cœur, comme dans celui de toutes les mères, quoique à un degré immensément plus élevé, toutes nos souffrances n'ont-elles pas leur répercussion ? Loin d'y rester insensible ne s'applique-t-elle pas à nous en délivrer, demandant, comme la Cananéenne, grâce pour ses enfants ; comme s'il s'agissait d'un mal qui lui serait propre ? Tout au moins Marie nous fera trouver quelque douceur dans les pires amertumes et rendra nos peines méritoires en nous inspirant une vertueuse résignation. Et même il n'est pas rare que, grâce à son secours, des âmes s'offrent en victimes à la justice divine pour le salut de leurs frères.

Combien sont à plaindre ceux qui veulent résoudre sans des vues de foi, sans Marie, le problème de la souffrance ! Rien d'étonnant qu'ils tombent souvent dans le désespoir.

 Confiance en Marie dans le travail quotidien, afin qu'elle le bénisse et le rende ainsi agréable à Notre-Seigneur et utile au prochain et à nous-mêmes. Imitons notre Vénérable Fondateur qui, « toute sa vie, écrit le Frère Jean-Baptiste, a offert et confié à la Sainte Vierge tous ses projets, toutes ses œuvres, ne mettant la main à leur exécution qu'après l'avoir longtemps priée de les bénir. » (Sa Vie, p. 381.).

Nous avons l'image de Marie dans tous les lieux réguliers de la maison ; que sa vue nous rappelle le besoin que nous avons de son assistance ; demandons-la-lui afin qu'elle rende notre activité efficace et l'empêche de dévier. Que notre travail soit obscur ou qu'il ait un certain relief aux yeux des hommes, nous nous y adonnerons toujours avec enthousiasme, mais en comptant davantage, pour réussir, sur l'aide de Marie que sur nos talents et sur nos efforts. Dans ces sentiments nous ne tirerons pas vanité de nos succès, reconnaissant humblement que l'intervention de Marie a suppléé à nos insuffisances. De même, les échecs ne nous abattront pas, parce que Marie nous fera comprendre qu'il n'y a pas d'échec pour celui qui s'adonne au devoir de toute son âme avec des vues de foi. C'est ainsi que la confiance en Marie décuplera nos énergies et surtout rendra méritoire notre labeur.

 Confiance en Marie en particulier dans le travail de l'apostolat dont les conséquences sont si graves. Façonner les âmes à l'image du Christ, fin principale de toute éducation vraiment chrétienne, est une œuvre qui nous dépasse. Mais nous pouvons nous promettre les meilleurs résultats si nous avons recours à Marie. En effet, si dans l'ordre de la nature il appartient principalement à la mère de veiller sur son enfant, dans l'ordre de la grâce c'est à Marie qu'il appartient de veiller sur la vie divine de nos élèves, car elle est leur mère comme elle l'est de tous les baptisés. Dès lors, notre véritable rôle d'éducateurs doit consister à n'être que de simples ouvriers en sous-ordre, des auxiliaires, des coopérateurs de la Très Sainte Vierge. Marie multipliera alors les effets de sa maternelle sollicitude en faveur de nos élèves, dont l'âme s'ouvre à la lumière de la raison ou subit déjà les crises de l'adolescence. Elle nous inspirera les idées et les nuances qui persuadent, donnera de la clarté à nos pensées pour qu'elles portent la vérité dans les esprits, nous mettra en garde contre la sagesse humaine et la vaine ostentation si nuisibles à l'apostolat. Elle versera dans nos cœurs un peu de cet amour des âmes dont le sien déborde afin qu'une charité ardente nous animant à l'égard de tous nos élèves sans exception, ils reçoivent avec docilité nos enseignements. Elle nous montrera dans chaque élève le prix du sang de son Fils, son Fils lui-même. Elle nous dira que le Christ compte sur nous, que l'Église, les âmes, d'innombrables âmes comptent sur nous.

Si, malgré tout, nous rencontrons des cœurs qui semblent rester fermés à nos conseils et à la grâce, ne nous décourageons pas ; confions-les plus particulièrement à Marie puisque, par une délicatesse admirable, Notre-Seigneur a voulu réserver à la médiation de sa divine Mère les conquêtes les plus difficiles.

Tout ce que nous venons de dire de la confiance que les maîtres doivent avoir en Marie pour la formation de leurs élèves s'applique aux Supérieurs pour la direction de leurs Frères. Que Marie soit donc vraiment pour eux, dans tous les détails de l'exercice de leur charge, la première Supérieure ; qu'ils ne gouvernent qu'en son nom, afin de mieux mériter sa protection.

 Confiance en Marie dans notre vocation mariste. La liturgie applique à la Sainte Vierge ces paroles des Livres Saints : « Celui qui me trouve a trouvé la vie et il obtient la faveur du Seigneur. » (Prov., 8-35.) Nous l'avons trouvée cette bonne Mère d'une façon spéciale en entrant dans sa famille et en revêtant ses livrées. Ce serait nous en éloigner que de laisser se refroidir en nous l'amour de notre saint état. Pour éviter ce danger appliquons-nous à faire valoir au maximum le magnifique talent que Notre-Seigneur nous a confié en nous appelant à son service. Mais devant, d'une part, lutter contre notre mauvaise nature qui n'aime pas le renoncement et, d'autre part, ayant à résister à des assauts incessants du démon qui veut nous faire abandonner le service de Dieu, nous serions téméraires à l'excès si nous voulions combattre seuls. Ayons donc recours à l'arme, efficace entre toutes, de la prière et, tout spécialement, à la prière confiante à Marie. C'est à elle que nous devons notre vocation de choix : comptons sur elle pour y être fidèles, pour éviter la médiocrité et la désertion. Notre Vénérable Fondateur ne nous a-t-il pas dit : « Le Petit Frère de Marie qui confiera tous les jours sa vocation à sa divine Mère, ne la perdra jamais ? »

Ne nous bornons pas à recourir à Marie aux heures officielles de la prière ; il faut que ce recours nous soit aussi naturel que la respiration. Notre prière doit être plus instante lorsque la violence des passions, la lassitude ou des difficultés quelconques menacent d'amoindrir en nous l'amour d'une vocation qui, aux jours de ferveur, nous apparut comme un insigne bienfait. Marie n'abandonnant jamais ceux qui mettent en elle leur confiance, nous pouvons affirmer que bien des religieux, qui ont trahi leurs engagements, n'en seraient jamais arrivés là, s'ils avaient été plus fidèles à se placer sous son patronage et à lui payer le tribut de reconnaissance et d'amour qu'elle attend de ses enfants. Dès que nous sentons fléchir notre constance au service de Dieu, supplions Marie de nous ouvrir les yeux, de ranimer notre ferveur et de nous préserver de tout mauvais pas.

 Confiance en Marie pour le temps et pour l'éternité. Cette confiance s'exprime par ces paroles de l'Ave Maria que nous redisons si souvent : priez pour nous, maintenant et à l'heure de notre mort. Notre idéal de sainteté exigeant un effort de toute la vie, nous sommes exposés à trouver la tâche trop difficile, à cause de sa durée. Mais ce qui importe pour nous, ce n'est pas tant l'avenir, toujours incertain, ni le passé qui n'est plus et que nous ne saurions modifier, mais le moment présent. C'est lui que nous devons sanctifier ; c'est à lui que se réduit maintenant notre vie. Au fur et à mesure que nous nous trouverons en face de nouvelles conditions de santé, d'emploi, avec leurs préoccupations et responsabilités, nous continuerons, à chaque instant, à compter pleinement sur Marie. Elle se présentera toujours à nous comme l'étoile qui fait éviter les écueils et conduit au port, port des issues favorables pour les affaires spirituelles et matérielles et, surtout, port de l'éternité bienheureuse par une sainte mort.

Notre confiance en Marie pour notre heure dernière ne sera pas trompée par celle que nous appelons Mère de la bonne mort. Car, comment après nous avoir obtenu tant de grâces pourrait-elle ne pas nous obtenir la plus importante, celle qui constitue le meilleur couronnement de la vie ? Pendant des siècles on a enseigné du haut de la chaire et dans les livres qu'aucun enfant de Marie ne périra ; loin de proscrire une telle doctrine, l'Église la fait sienne. Dieu pourrait-il permettre que son peuple soit universellement induit en erreur en une affaire si grave et que soit trompée la confiance que suscite un tel enseignement ?

La marche vers le Ciel est, sans doute, ardue et périlleuse si nous cheminons seuls, saris guide, mais elle ne l'est plus si nous sommes en compagnie de notre bonne Mère. Elle écarte les obstacles dus à nos péchés, elle nous fait éviter les embûches du démon, elle nous parle pour nous encourager et nous fait oublier la longueur et la fatigue du chemin. Aussi, Saint Alphonse de Liguori a-t-il pu dire : « Il est impossible qu'un serviteur de Marie se damne ».

Notre Vénérable Fondateur s'appliquait à inculquer cette même doctrine à ses Frères, insistant particulièrement sur les droits que nous confère notre qualité de Petits Frères de Marie : « Étant, disait-il par vocation, les serviteurs de Marie, si nous propageons son culte et si nous l'honorons tous les jours de notre vie, nous pouvons être assurés de ressentir, d'une façon spéciale, à l'heure de la mort, les merveilleux effets de sa maternelle bonté ». « J'ai la confiance que Marie ne laissera périr aucun de ceux qui persévéreront jusqu'à la mort dans leur vocation et qui quitteront la terre avec ses livrées » (Sa Vie, p. 382).

Confiance en Marie si nous craignons le Purgatoire, bien persuadés que, si elle n'exempte pas toujours ses enfants des peines de ce lieu de purification, elle les adoucit et les abrège en faveur de ses serviteurs. C'est ce qu'elle a révélé en ces termes à Sainte Brigitte : « Je suis Mère de Dieu parce qu'Il l'a voulu ainsi. Je suis aussi la mère de tous ceux qui sont en Purgatoire et il ne se passe pas d'heure que la rigueur de leurs peines ne soit adoucie par mon intercession ». Marie prie son divin Fils de faire très abondante, en faveur de ses serviteurs, l'application des satisfactions qu'on lui offre pour les fidèles défunts, ainsi que la distribution des trésors dont dispose l'Église pour acquitter les dettes de ses enfants.

Le Père Jaugie, se fondant sur diverses révélations privées, enseigne que « par la permission de Dieu les bienheureux peuvent faire aux âmes du Purgatoire des visites de consolation qui mitigent leurs peines, un peu comme les malades d'un hôpital éprouvent du soulagement à voir des visages amis et compatissants. Les plus fréquentes de ces visites doivent être celles de Notre-Dame qui est la reine du Purgatoire, comme elle est la reine du ciel et de la terre » (Le Purgatoire, p. 115). De son côté, Saint Pierre-Damien nous dit que la Sainte Vierge, aux jours de ses fêtes, « délivre de nombreuses âmes ».

Si, d'autre part, il a été fait de si consolantes promesses à ceux qui portent constamment et pieusement le saint Scapulaire, que ne devons-nous pas attendre, nous qui, à tant de titres, sommes les enfants de prédilection de la Sainte Vierge et qui portons ses livrées ?

 Confiance en Marie pour les besoins de l'Institut. Confions-lui nos maisons et tous nos biens temporels mais soyons pleinement disposés. à les perdre si nous ne devions pas en faire bon usage, car il n'est pas douteux que si ces biens sont souvent indispensables, ils peuvent malheureusement nous devenir nuisibles. Ils le deviennent si, au lieu de nous aider à atteindre la fin de notre vocation, ils nous en écartent en favorisant la recherche du bien-être, ce cancer permanent de l'esprit religieux. C'est ainsi qu'une triste expérience montre que des oeuvres nées dans une pauvreté extrême, ont d'abord réalisé un grand bien, mais qu'ensuite avec les ressources abondantes et les installations luxueuses, la préoccupation excessive de l'administration a fait reléguer au second plan le souci de la perfection personnelle et du salut des âmes. Que Marie nous préserve d'un tel malheur !

Recourons plus particulièrement à Notre Ressource Ordinaire pour le bien spirituel de l'Institut. Qu'elle nous maintienne fidèles à nos origines, à l'esprit du Vénérable Père Champagnat sans lequel notre Congrégation serait vouée à la décadence. Qu'elle nous donne de nombreux sujets, mais surtout qu'elle accroisse en nous tous la ferveur, le désir de la perfection. Qu'elle fasse régner dans toutes les Provinces et dans toutes les maisons la piété, la charité, la régularité, l'amour du silence et de la vie cachée.

Redoublons de confiance en Marie lorsque la persécution sévit sur un point quelconque de notre vaste famille. Qu'Elle guide les Supérieurs, parfois si perplexes sur les mesures à prendre. Qu'Elle soutienne de son bras puissant les religieux dont le courage est alors plus exposé à faiblir. C'est pourquoi, à l'heure actuelle, nous devons lui demander avec instance, de prendre sous sa maternelle protection nos Frères de Chine si cruellement éprouvés. Qu'Elle les préserve de tout mal et les maintienne fermes dans leur foi et dans leurs engagements. La protection qu'Elle nous a accordée par le passé dans d'autres pays justifie toutes nos espérances. D'ailleurs, de nouveaux champs d'apostolats ne se sont-ils pas déjà ouverts à nos confrères persécutés ? Et comme, en Chine, les ennemis du nom chrétien s'acharnent surtout sur les propagateurs et les adhérents de la Légion de Marie, pouvons-nous croire que la Sainte Vierge abandonnera précisément ceux qui, comme nos confrères ont contribué à répandre sa dévotion ?  

III. Qualités de notre confiance en Marie.

 Nous venons de voir comment, par son étendue, notre confiance en Marie doit être sans bornes, universelle, continuelle. Insistons sur d'autres qualités qui se rapportent surtout aux dispositions qui doivent nous animer dans ce recours incessant à notre Mère du Ciel. Parlons de la confiance d'esprit, de cœur, de volonté, d'action et d'abandon qui conviennent au vrai serviteur de la Sainte Vierge.

 Confiance d'esprit ou éclairée est celle qui se fonde sur des convictions au sujet du rôle de Marie dans notre vie et dans notre salut, surtout en sa double qualité de Mère et de Médiatrice. Par cette confiance nous avons foi dans l'action constante de Marie sur nous, en vertu de la mission que Dieu lui a confiée. Nous la contemplons occupée à présenter à Notre-Seigneur nos hommages et nos demandes, obtenant, en retour, les grâces dont nous avons besoin. Cette confiance nous fait penser que notre mère nous suit d'un œil attentif pour compter nos efforts, nous guider et nous secourir ; ainsi nous rie sommes plus seuls dans nos travaux, nos emplois, nos difficultés. Cette confiance s'acquiert et s'alimente par la méditation et par l'étude de la doctrine mariale puisée dans les Pères de l'Église, dans l'enseignement des Papes, si adapté aux temps et aux circonstances, ainsi que dans la liturgie, fidèle expression du sentiment et de la foi. Il nous sera, en outre, avantageux de connaître la vie et les écrits des saints qui ont témoigné le plus d'amour et de confiance à Marie, nous y trouverons une voie sûre et toute tracée pour aller à elle.

Il est à souhaiter que toutes nos maisons possèdent un bon choix de ces livres. On devrait les utiliser pour, au moins, une méditation hebdomadaire sur la Sainte Vierge, pour la lecture spirituelle à certaines époques et pour l'étude religieuse et la préparation de l'instruction que la Règle ordonne de faire aux élèves, sur la Sainte Vierge, chaque semaine.

Ces études, lectures et méditations, soit personnelles, soit de communauté, seront comme l'huile qui maintiendra vive en nous la flamme de la confiance, qui court le danger de devenir vacillante si elle n'est pas alimentée. Elles l'empêcheront de trop dépendre de la sensibilité, ce qui compromettrait son influence sur notre conduite et l'exposerait à disparaître dès que manquerait le goût sensible. Elles nous préserveront également de la tendance plus ou moins consciente de ceux qui sont portés à accorder plus de foi aux faits extraordinaires : aux miracles, aux apparitions, voire même à des récits insuffisamment vérifiés, qu'à la vérité révélée, aux dogmes, à l'enseignement constant de l'Église.

 Confiance de cœur. Appelons-la également tendre, affectueuse, filiale. Elle est plus instinctive que raisonnée ; on peut lui appliquer avec grand fondement ce mot à l'allure paradoxale : « Le cœur a des raisons que la raison ignore ».

C'est la forme que revêt, dès le début, la confiance de l'enfant : Il va à Marie spontanément comme il va à la mère dont il reçoit tant de soins. Dans le petit jésus qui est dans les bras de la Vierge, il voit sa propre image, et dans Marie, celle de sa maman. Ne saisissant que les notions qu'on lui explique au moyen des rares connaissances qu'il possède, il ne comprendrait rien, pour l'instant, aux raisons qu'on pourrait lui donner pour le porter à une confiance plus éclairée. A mesure que ses facultés se développeront, il se fera une idée plus claire du rôle de Marie dans notre vie et dans notre salut, l'esprit et le cœur se prêteront alors un mutuel secours.

L'enfant regarde sa mère comme un bien qui est tout à sa disposition. Aussi la traite-t-il avec une confiance qu'il n'oserait marquer à son père. De même celui qui éprouve pour Marie une confiance vraiment cordiale recourt à elle à propos de tout, sans crainte de l'importuner, cherche en Elle un appui ou une défense, ne veut rien faire sans elle, parce qu'il croit, d'instinct, que rien n'est impossible à cette tendre mère.

Cultivons en nous ces sentiments, n'allons pas à Marie comme à une bienfaitrice auprès de laquelle, à cause de son rang ou de sa fortune, nous nous sentirions plus ou moins humiliés, mais comme à une mère dont la bonté nous est assurée par notre condition de fils. N'est-elle pas la meilleure des mères ? « Son cœur est si tendre pour nous, disait le saint Curé d'Ars, que comparé au sien, le cœur des autres mères est froid comme glace ». Les saints ont excellé dans cette confiance ; ils exposaient à Marie leurs peines, exhalaient à ses pieds l'amertume de leurs cœurs avec une simplicité et une affection sans égale. Saint Alphonse l'exprime en ces termes : « Au moindre danger, les enfants crient : maman ! maman ! Ô Marie, la plus aimable des mères, c'est précisément ce que vous voulez de nous. Vous voulez que, comme des enfants, nous recourions à vous dans les dangers, que nous cherchions un refuge dans vos bras ».

Cette confiance de cœur ne peut exister lorsqu'on a commis le péché ; on est alors, comme l'enfant qui n'ose paraître devant sa mère et, moins encore, lui demander des faveurs lorsqu'il sait avoir mérité des reproches. S'il doit, malgré tout l'approcher, c'est d'un air craintif et embarrassé qui persiste tant qu'il n'a pas ôté de son cœur le poids qui l'oppresse, tant qu'il n'a pas obtenu le pardon. Allons, par conséquent, à Marie avec un cœur pur pour en être mieux accueillis car ses délices sont d'être parmi les lis.

 Confiance de volonté ou constante, inébranlable. En général, au début de notre vie religieuse, Dieu nous rend le devoir plus facile qu'à l'ordinaire : il éclaire notre intelligence et fait naître en nous des désirs qui inclinent notre volonté à la vertu. Mais il n'est pas rare que dans la suite il mette à l'épreuve notre générosité. Les combats à livrer deviennent plus nombreux et plus rudes, l'âme connaît les sécheresses ; l'intelligence, distraite par l'imagination, se préoccupe moins des vérités de la foi ; le cœur reste plus froid qu'à. l'ordinaire, plus indifférent au bien, il en arrive parfois à éprouver du dégoût pour ce qui autrefois le captivait.

Si un jour nous traversons un tel état critique, notre volonté devra se tendre au maximum pour accomplir, malgré tout, le devoir ; c'est ainsi que nous vaincrons l'ennemi qui cherche à nous engourdir, à nous persuader que tout effort est superflu ou impossible.

Appliquons ces données à la confiance en Marie. Nous avons trouvé, en général, notre bonheur à l'invoquer ; en toute occasion nous nous sommes sentis portés vers elle et voilà qu'un jour vient où nous n'éprouvons plus la même ferveur sensible ; l'esprit de foi et l'amour n'exercent plus sur nous toute l'influence désirable. Que ce soit là une épreuve à notre confiance ou une punition de notre tiédeur, ce serait faire le jeu du démon que de négliger le recours à Marie. C'est alors surtout que nous devons nous rappeler que, d'après Saint Thomas, la confiance est dans la volonté et non dans le sentiment. Intervenant avec plus de force qu'à l'ordinaire, la volonté suppléera à la spontanéité du goût naturel et nous maintiendra unis à notre Mère du Ciel qui saura nous obtenir les grâces que requiert notre état. Nous suivrons ainsi le très sage conseil de Saint Ignace qui recommande « de prolonger la prière quand elle devient plus pénible » afin que, par là, non seulement on s'accoutume à résister à l'ennemi, mais à le terrasser » (Exercices, 13ièmeannotation).

Combien il est utile aux époques d'atonie spirituelle de visiter plus souvent l'autel de la Sainte Vierge, de lui offrir de ferventes neuvaines, d'égrener plus assidûment son chapelet, de l'invoquer plus fréquemment par des aspirations jaillies d'un cœur résolu à espérer en elle toujours et malgré tout. Elle se laissera toucher par notre insistance à frapper à la porte de son inépuisable bonté, car notre prière ayant exigé des efforts plus soutenus, lui prouvera que notre confiance repose sur des principes solides et non sur des impressions passagères.

Lorsque notre âme jouit d'une grande paix et que la prière nous est plus facile, demandons à cette tendre mère la grâce de ne jamais négliger de recourir à elle aux heures les plus pénibles de lutte intérieure ou d'aridité spirituelle.

 Confiance d'action. La confiance, comme l'amour, se prouve par les œuvres. Nous pouvons et devons tout attendre de Marie, mais cela ne saurait nous dispenser de faire effort, soit pour croître en perfection, soit pour bien remplir nos devoirs d'état. Pour nous accorder son puissant secours elle exige habituellement que nous secondions son action. Peu importe que notre coopération soit humble, il suffit qu'elle soit à la mesure de nos aptitudes, car Marie ne saurait favoriser en nous le laisser-aller, la paresse au service de Dieu ; ce serait contraire à sa bonté qui cherche notre plus grand bien, devrait-elle contrarier nos penchants.

L'offrande que chaque matin nous' faisons de nos œuvres au Sacré-Cœur par l'entremise du Cœur Immaculé de Marie est une forme très efficace de cette confiance d'action. Marie accepte de présenter les actes ainsi offerts, à son divin Fils après les avoir purifiés et embellis. Il est très utile de renouveler cette offrande dans la journée, à des moments déterminés, par exemple en changeant d'occupation. C'est là un excellent moyen d'étouffer dans leur germe les mobiles inavouables qui, en vertu de notre égoïsme, tendent à se glisser dans les actions, même les meilleures.

Nous pouvons également mériter les faveurs de la Sainte Vierge en la prenant pour modèle, en reproduisant dans notre travail quel qu'il soit, les vertus qu'elle pratiqua à Nazareth, transformant ainsi, à son exemple, toute notre activité en d'innombrables actes d'amour et d'humble service à la gloire de Dieu.

Par l'offrande de nos œuvres et par notre application à imiter Marie nous éviterons, dans l'exercice de la confiance envers elle, la présomption de ceux qui croient pouvoir tout en attendre sans qu'il leur en coûte rien. Nous éviterons de même la fausse sécurité de ceux qui croient que la simple répétition machinale de prières et le port d'objets de piété suffisent à leur assurer la protection pleine et entière de Marie et les dispensent de se faire violence.

La confiance d'action en Marie a également son expression dans notre reconnaissance pour ses faveurs, dans le bon usage que nous faisons de ses bienfaits et dans le zèle que nous mettons à proclamer ses bontés et à lui gagner des cœurs.

 Confiance d'abandon. C'est la confiance absolue. Par elle nous nous donnons, nous nous consacrons à la meilleure des mères, nous-mêmes et tout ce que nous possédons, avec l'élan d'un cœur aimant.

Abandonnons à Marie tout ce qui est à nous, dit le Père Bernadot, notre corps et notre âme, notre sensibilité, notre imagination, notre intelligence, notre libre volonté, nos mérites. Que tout cela soit en sa puissance. Qu'elle dirige nos pensées et nos vouloirs, qu'elle gouverne notre activité, soyons vraiment à elle pour être vraiment à Dieu » (Notre-Dame dans ma vie, p. 232). Notre dévotion doit être telle que nous soyons vraiment morts à nous-mêmes pour vivre en Marie et dépendre d'Elle entièrement, suivant pour cela la ligne de conduite que Saint Grignion de Montfort trace en ces termes : « Il faut se mettre et se laisser entre les mains virginales de Marie comme un instrument entre les mains de l'ouvrier, comme un luth entre les mains d'un bon joueur. Il faut se perdre et s'abandonner à elle, comme une pierre qu'on jette dans la mer ».

Seules les âmes d'élite peuvent parvenir à un tel degré de renoncement si contraire à notre égoïsme inné. Celles qui sont assez généreuses pour vaincre les résistances de la nature, pour s'oublier afin de mieux se donner, sentent croître progressivement en elles le ferme espoir que Marie, devenue en quelque sorte leur trésorière, pourvoira à tous leurs besoins. Elles ressemblent à l'enfant qui, bien persuadé que rien n'est perdu pour lui de ce qu'il remet à sa mère, repose tranquille dans ses bras.

Nous trouvons dans l'acte héroïque de charité en faveur des défunts une forme d'abandon particulièrement méritoire : nous déposons entre les mains de Marie la valeur satisfactoire de nos actes et les suffrages qui seront offerts pour nous après notre mort, pour qu'elle en fasse profiter les âmes du Purgatoire de son choix, nous en remettant complètement à Elle pour notre propre sort.

Tâchons, mes bien chers Frères, de développer en nous la confiance d'abandon et Marie prendra sur Elle toutes nos sollicitudes et nos préoccupations. Elle nous rendra souples à l'action de la grâce et nous préservera, pour la conduite de notre vie ; des illusions de la sensibilité et de l'orgueil, car Marie est accueillante et maternelle dans la mesure où l'on s'abandonne à son inépuisable bonté. En lui livrant tout d'une manière effective nous acquérons le droit de lui dire : « O mère, je vous ai tout donné, que pourriez-vous me refuser ? » Alors se réaliseront pour nous ces paroles de l'Évangile « Donnez, et l'on vous donnera ; on versera dans votre sein une bonne mesure, pressée, tassée, débordante ; car avec la mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré en retour » (Luc, Ch. VI, 38). 

Conclusion.

 Notre confiance en Marie aurait-elle toutes les qualités énumérées jusqu'ici, qu'elle serait encore fort imparfaite pour nous, Petits Frères de Marie, si, comme le veut la Règle, nous ne prenions pas tous les moyens qui sont en notre pouvoir pour l'inspirer à nos élèves (Art. 49). Efforçons-nous donc de les porter à cette confiance par nos instructions bien préparées et bien données, et surtout par notre exemple. Profitons, de la façon la plus naturelle, de toutes les occasions qui se présentent, en classe, de faire appel au secours de la Sainte Vierge. Il y a tant de besoins à lui recommander qui intéressent nos élèves et font vibrer leurs cœurs à l'unisson

Engageons-les, de même, à invoquer Marie fréquemment, en particulier au lever et au coucher, plaçant ainsi leur travail et leur repos sous sa protection. Efforçons-nous de leur faire prendre l'heureuse habitude de recourir, sans délai, à Marie dans leurs tentations et dans toutes leurs épreuves. Inspirons-leur une grande dévotion au chapelet que nous ne devrions jamais omettre dans nos classes. Instruisons-les de la richesse de supplication renfermée dans le Souvenez-vous dont tous les mots forment une plaidoirie habile et délicate à laquelle ne saurait rien refuser le cœur très tendre de Marie

N'invoquons pas, mes bien chers Frères, pour négliger notre belle mission d'éducateurs religieux, d'éducateurs maristes, le manque de temps pour les matières profanes, ou la crainte de fatiguer les élèves par trop de prières ou d'instruction religieuse. Il suffirait de réveiller notre amour filial pour Marie et le sentiment de nos responsabilités pour que ces objections tombent et pour que nous soyons résolus à être des semeurs de confiance en la Sainte Vierge.

Si nos élèves n'emportent pas de nos écoles cette confiance inébranlable, ils ne pourront échapper aux graves et continuels dangers que, sans tarder, rencontreront leur foi et leur vertu. Et à quoi leur serviront alors les connaissances les plus variées si ce qu'il y a de plus important, leur vie chrétienne et leur destinée éternelle, est compromis ? Si, au contraire, nous parvenons à graver en leurs cœurs un ardent amour pour Marie et une confiance totale en sa protection, nous leur aurons fourni le meilleur moyen de conserver leur innocence et d'assurer leur salut éternel. Peut-être s'écarteront-ils un jour, malgré tous nos soins, des pratiques religieuses, mais au milieu de leurs égarements, la confiance en Marie leur restera comme la meilleure planche de salut. Tôt ou tard, cette divine Mère ramènera ces prodigues à son divin Fils et à la vie chrétienne. Heureux serons-nous si nous avons contribué à la persévérance d'une âme dans le bien ou à son retour à Dieu. Oui, heureux mille fois, puisque celui qui sauve une âme, sauve la sienne.

Dans deux ans l'univers catholique fera éclater sa joie en des fêtes très solennelles pour célébrer le centenaire de la Proclamation du Dogme de l'Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge. Déjà, en maints endroits, les préparatifs ont commencé. Préparons-nous également à prendre part, (le tout notre amour d'enfants privilégiés de Marie, à ce concert d'acclamations et d'actions de grâces Ne craignons pas d'en faire trop, qu'il y ait dans tout l'Institut une sainte émulation pour fêter ce privilège incomparable de notre mère. Je suis sûr de répondre à un vœu de vos cœurs si, parmi les pratiques à adopter dès maintenant pour cette préparation, j'insiste sur celle-ci : « Témoigner à l'avenir une confiance plus grande et plus filiale à la Très Sainte Vierge ; être, autour de nous, dans nos communautés comme dans nos classes, les apôtres infatigables de cette confiance. » 

L'usage du tabac

dans les états de perfection.

 Une lettre circulaire de la S.C. des Religieux du 10 janvier 1951, préalablement approuvée par le Souverain Pontife, a fait connaître aux Supérieurs Généraux des Ordres, Congrégations, Sociétés sans vœux publics et Instituts séculiers la pensée du Saint Siège sur l'usage du tabac par les membres des états de perfection.

Il semble que ce fut une des conséquences de la guerre de relâcher de-ci de-là la discipline en cette matière. En fait on rencontre dans les Constitutions et les Règles des divers Instituts deux positions principales : pour les uns, c'est la proscription totale ou une réglementation très stricte

chez d'autres, un usage modéré du tabac est permis. Soucieuse de garantir la pauvreté religieuse et la dépendance, non moins que la mortification et l'édification pour le prochain, la S. Congrégation donne pour l'avenir les normes suivantes

« 1° Là où l'usage du tabac est proscrit, étroitement limité, ou soumis à de strictes conditions, ces règles légitimes seront saintement gardées et leur exécution sera urgée. La S. Congrégation confirme et prend sous sa vigilance ces règles qui constituent à bon droit une partie de las mortification et de l'observance régulière. »

« 2° Là où un usage modéré du tabac est admis et légitime, cet usage devra être réglé de telle manière que la pauvreté religieuse soit parfaitement sauvegardée, tant au point de vue des dépenses que de la dépendance à l'égard des Supérieurs. L'esprit de mortification religieuse, qui est un des fondements les plus profonds des états de perfection, ne doit pas non plus en subir aucun détriment. Il faut enfin que l'usage du tabac, quant au lieu, à la manière et au temps, ne nuise pas au bon exemple, ni à l'édification due aux fidèles ».

« 3° Pour éviter ces dangers (2°) et rendre plus efficaces les prescriptions en vigueur (1°), les Supérieurs avec leurs Conseils peuvent et doivent édicter, s'il y a lieu, (les normes qui régleront l'usage du tabac, quant à la manière, la quantité, le temps et le lieu ».

« 4° D'une manière générale, la S. Congrégation est opposée à l'introduction de l'usage du tabac, à la dérogation aux Règles existantes, au relâchement dé la discipline en la matière, et cela dans les trois états de perfection. Certes, nous devons l'avouer sincèrement, ce relâchement, ces dérogations, ces permissions ne favorisent pas généralement l'esprit religieux, l'expérience le prouve ; bien plus, elles lui nuisent facilement de manière grave ».

« 5° Si les Ordinaires des lieux ont réglementé pour les clercs l'usage du tabac, surtout en public, les Supérieurs devront de toute manière veiller à ce que les membres des états de perfection, à cause de leur profession publique de vie parfaite, se conforment exactement à ces règles. Que si les Ordinaires font connaître aux Supérieurs les infractions commises par leurs religieux, on devra y porter un remède efficace et diligent ».

La lettre circulaire s'achève en demandant aux Supérieurs généraux de faire connaître à la Congrégation les prescriptions déjà en vigueur chez eux et celles qu'actuellement ils décideraient de prendre.

Le commentaire de ce document publié par le Commentariurn pro Religiosis 1951 pp. 115-121, nous fait connaître la réponse donnée par la S. Congrégation en date du 15 février 1951 à des questions posées par le Supérieur Général d'une Religion où l'usage du tabac est interdit. La S. Congrégation, admet que l'on puisse faire du principe général de ne pas fumer une application à un cas particulier, sous peine de faute grave et même en vertu du vœu d'obéissance. Cela évidemment si, dans un cas particulier, il s'agit d'un abus certainement grave en soi (quantité, fréquence, habitude) ou dans ses circonstances (manière, scandale).

La plupart du temps, ce ne sera pas heureusement sous cet aspect extrême que les choses se présenteront, mais bien plutôt sous celui des exigences normales des états de perfection : austérité de vie, dépendance des Supérieurs, bon exemple.

La position prise par la S. Congrégation des Religieux sur cette question du. tabac pourrait fort bien illustrer la recommandation finale du Souverain Pontife dans son discours du 8 décembre 1950 au Congrès des états de perfection : « Tout dernièrement en ce temps de calamités, où le sort douloureux d'un grand nombre et leur lamentable dénuement s'opposent violemment à des dépenses excessives, Nous avons recommandé aux fidèles de bien vouloir mener un train de vie modeste et de se montrer larges envers le prochain accablé de misère. Eh bien, dans une œuvre aussi urgente de perfection chrétienne, de justice et de charité, surpassez les autres par votre exemple, et entraînez-les à l'imitation du Christ ».

                                            E. BERGH, S.J.

(Revue des Communautés religieuses, janvier 1952.)  

Visite de Délégation

à la Province de Bética (Espagne).

                  MON RÉVÉREND FRÈRE SUPÉRIEUR,

 Dans la Circulaire du 24 mai 1949, vous avez bien voulu faire figurer le bref exposé (pages 212-217) par lequel j'ai essayé de résumer les impressions recueillies au cours de ma visite de délégation à la Province de Bética, peu auparavant.

Je viens aujourd'hui encore solliciter le même honneur pour ces quelques lignes qui voudraient signaler quelques détails nouveaux complétant le rapport antérieur.

Brève, en effet, est la période de trois ans dans la marche d'une Province, pour que puissent varier sensiblement les valeurs appréciatives. Mais, lorsqu'on se trouve en présence d'une volonté de dépassement et d'un désir efficace de réalisations concrètes et tangibles, ce temps est suffisant pour mener à bien des initiatives fécondes. C'est le cas de Bética.

Quelques données statistiques de 1952, comparées avec celles de 1949, nous montreront un progrès constant : le nombre des Frères profès passe de 322 à 353 ; celui des aspirants, de 153 à 179 ; le chiffre des élèves, de 8.308 à 8.902. L'augmentation, est lente, mais continue. On remarque l'influence de la sève ascendante, présage d'une floraison qui ne saurait tarder à produire des fruits abondants.

 Progrès dans la marche des œuvres. C'est une loi biologique que l'organisme qui ne se renouvelle pas et ne s'enrichit pas de nouveaux éléments de vie, finit par périr de consomption. Sur le terrain spirituel, ne pas avancer, c'est reculer.

C'est ce qu'ont bien compris les Supérieurs et tous les membres de la Province de Bética. Le vaste secteur qui lui est assigné est, sans doute, celui où se fait sentir davantage le besoin d'éducation. Des localités importantes sont encore privées du bienfait d'un collège chrétien. Dans quelques chefs-lieux de province, nos Frères, seuls religieux éducateurs, ont ouvert une école alors qu'il y a un champ d'apostolat assez vaste pour y établir plusieurs centres.

Si l'on ajoute à cela la prospérité croissante des collèges plus anciens : Madrid, Sevilla, Granada, Màlaga, Murcia, dont il faut augmenter le personnel enseignant en raison du plus grand nombre de classes, on comprend le souci constant du Conseil Provincial de compléter et de perfectionner l'organisation des maisons de formation.

Juvénats d'Arceniega et de Villalba. – En vertu d'un accord avec la Province de Norte, la maison seigneuriale d'Arceniega, placée à l'ombre du sanctuaire de la « Virgen de la Encina » (Vierge du Chêne), est devenue la propriété de Bética qui va y établir le Juvénat inférieur. Des réparations et des adaptations devenues nécessaires permettront d'offrir à une centaine de juvénistes un centre très accueillant. Ainsi se perpétuera la tradition mariste d'un demi-siècle, et dans le célèbre sanctuaire marial de la région résonneront comme ci-devant les voix fraîches et argentines de ces futurs apôtres du culte de la Vierge, lorsque, la samedi soir, ils s'y réuniront pour y réciter le chapelet et entonner les louanges de Notre-Dame.

Mais l'œuvre la plus intéressante entreprise par la Province au cours de ces trois dernières années, et déjà en voie d'heureuse réalisation, est l'acquisition du domaine de Villalba, de huit hectares, et de la construction, pour le Juvénat supérieur, d'un nouvel édifice offrant des commodités pour plus de cent jeunes aspirants maristes.

Sans nul doute, le choix du lieu a été un succès digne d'éloge. Le nouveau Juvénat est, en effet, établi sur les flancs du massif du Guadarrama, sur la ligne électrifiée Madrid-Avila-Segovia, à 8 km seulement du merveilleux monastère de Saint-Laurent de l'Escurial. La propriété qu'entoure une forêt de pins, a de l'eau en abondance et les Frères trouvent à Villalba une population chrétienne et sympathique.

Il y a plus : par son ascendance historique, la nouvelle propriété mariste est digne de mention spéciale. Elle a appartenu à l'illustre artiste-sculpteur Benlliure, de renommée nationale. C'est là qu'il se retirait pour ébaucher ses grands projets.

L'hôtel que les bombes ont détruit lors de la dernière révolution, le parc dont le tracé est un modèle de bon goût, et d'autres détails artistiques que le temps a défraîchis, ont été l'objet de l'intérêt et de la sollicitude des nouveaux propriétaires ; grâce à eux, tout a recouvré son aspect primitif.

Tandis qu'on construit le nouveau Juvénat, une trentaine de futurs postulants ont pu s'installer dans des appartements agréables et commodes. Demain, ces mêmes locaux offriront un paisible séjour aux Frères convalescents ou ayant besoin d'un repos tonifiant.

Le Noviciat de Maimón (Córdoba) et le Scolasticat de Castilleja de la Cuesta poursuivent avec beaucoup d'entrain leur mission formatrice.

Dans le premier de ces centres maristes. après les réparations de la toiture de l'édifice, on travaille maintenant à assurer le maximum de rendement à la propriété qui l'entoure, où abondent les oliviers et où l'on escompte une production très variée d'oranges, de citrons et de mandarines.

Il en est de même au Scolasticat, bien que les « Sévillans » songent, en outre, à un agrandissement de l'édifice qui leur permette d'avoir une chapelle plus spacieuse et plusieurs salles de classe complémentaires. Le prolongement si nécessaire et si bienfaisant de la durée des années d'études normales impose cette exigence.

Difficultés surmontées. – Dans le rapide tour d'horizon des oeuvres de Bética, publié il y a trois ans dans la Circulaire du mois de mai, nous avons dû faire remarquer que notre collège de Murcia était encore occupé, en partie, par les services de l'hôpital militaire. Nous pouvons aujourd'hui déclarer que, grâce à l'intervention personnelle du Chef de l'État, le magnifique local a été entièrement récupéré. Les classes maristes de Murcia sont fréquentées par 1.200 élèves environ, dont une centaine d'internes.

Dans la récente visite que le Ministre de l'Éducation Nationale a faite au collège de la Merced, et dont le «Bulletin de l'Institut »donnera prochainement un compte rendu, Son Excellence a fait un magnifique éloge des installations et de l'œuvre éducatrice de cet établissement.

Les deux collèges de la Province qui, ces trois dernières années, ont réalisé un plus grand effort pour agrandir les locaux et les rendre en tout conformes aux exigences pédagogiques sont, sans doute, ceux de Málaga et Granada.

Il a fallu beaucoup d'efforts et non moins d'enthousiasme pour obtenir que de vieux bâtiments très incommodes soient transformés en centres d'éducation tout à fait modernes, véritables écoles-jardins. Tous deux méritent ce titre glorieux, bien en rapport avec le bon goût andalous traditionnel. Dans l'un et dans l'autre des deux centres on pourra bientôt enregistrer un millier d'élèves.

La louable ambition des timoniers aussi bien que celle de l'équipage, n'est pas encore satisfaite : il manque encore la chapelle, une salle de réunion, des locaux pour les anciens élèves, pour les associations… et les commodités indispensables pour les Frères. Tous ces projets, Dieu aidant, seront mis à exécution. En attendant, les Frères peuvent être justement fiers du grand bien que leur apostolat produit dans ces deux villes importantes.

Le collège de Badajoz a marqué un pas en avant dans la réalisation de ses projets. Au lieu du terrain d'un hectare à peine, envisagé pour l'installation du nouveau collège, on a pu acquérir un autre terrain de plus de deux hectares, qui permettra des réalisations plus vastes. Dans ce sens, on peut dire que le retard apporté à la mise en œuvre du projet primitif aura été bienfaisant, sans que cela puisse justifier de nouveaux délais.

A ce qui précède, qu'il me soit permis d'ajouter que j'ai vu avec grande satisfaction l'intérêt croissant dans la Province pour tout ce qui se rapporte aux œuvres de zèle, qu'il s'agisse de missions, de catéchismes de banlieue, d'Action Catholique des jeunes, d'associations d'anciens élèves, de retraites fermées pour bacheliers. On ne saurait trop louer l'esprit de sacrifice des Frères qui, sans tenir compte des fatigues et des dérangements qu'il comporte, se consacrent à cet apostolat, complément de leur mission d'éducateurs. Nul doute qu'ils trouveront de généreux collaborateurs impatients de s'enrôler parmi les croisés du règne du Christ par la jeunesse.

L'amour de l'étude est aussi partout en honneur et il se traduit chaque année par de magnifiques résultats aux examens officiels, qu'il s'agisse de cours universitaires, d'enseignement moyen ou d'école normale.

La plus pure gloire d'une Province étant de maintenir intact l'esprit de l'Institut et la parfaite régularité, j'exprime le souhait, que, sur ce terrain aussi, la Province de Bética continue d'être « Primas inter pares», la première parmi ces trois émules de l'Espagne mariste.

     FRÈRE SIXTO, A.G. 

Visite de Délégation

aux Provinces du Brésil.

              MON TRÈS RÉVÉREND FRÈRE SUPÉRIEUR.

 Le rapport que j'ai eu le plaisir de vous envoyer après la visite de chacune des Provinces du Brésil, où je viens de passer 14 longs mois, a dû réjouir votre cœur paternel et vous prouver qu'au delà de l'Atlantique, dans un pays au destin le plus riche de promesses, l'œuvre do notre Vénérable Père se poursuit sous les bénédictions de Dieu et de la bonne Mère du Ciel. La circulaire du 24 mai 1945, 340 dans la description de votre voyage au Brésil, donne un aperçu de la fondation et du développement des œuvres d'éducation que nos Frères dirigent, et des statistiques qui en proclament les merveilleux progrès. Je n'ajouterai donc que peu de détails, suggérés surtout par la célébration des 50 années d'existence que, l'une après l'autre, nos Provinces se sont plu à fêter, pour y. trouver une occasion d'en bénir la Divine Providence, et de s'encourager à mieux profiter de ses largesses. Parvenues à maturité d'âge, ces Provinces peuvent aisément mesurer le chemin parcouru, peser la petitesse des moyens, et reconnaître l'action entière d'en Haut. L'un des fondateurs répétait à satiété à ses Frères et à ses élèves : « C'est le Sacré-Cœur qui a tout fait ici ». Cette parole a trouvé sa bonne place dans les cérémonies et discours qui ont célébré l'arrivée des Frères, comme aussi l'humble et filial aveu du Vénérable Père, attribuant à la Sainte Vierge notre Mère et notre Première Supérieure, tout ce qui s'était fait dans l'Institut. Providentiel a été le champ d'apostolat offert à nos Frères, à une époque où la rage de Satan sévissait contre l'enseignement chrétien, et où il était urgent de trouver des asiles pour conserver les vocations et maintenir les œuvres. Providentiel, le choix de cet immense pays dont la découverte fut marquée du sceau de la religion chrétienne par les explorateurs portugais ; mais faute de clergé et d'Instituts d'éducation, la pratique de la foi se réduisait à des fêtes extérieures traditionnelles, et à un grand amour de la Vierge sans base ni connaissance suffisantes. Qui a connu l'état de la religion au Brésil au commencement du siècle, et est témoin de sa vitalité actuelle, doit avouer que la situation est tout autre aujourd'hui.

Il n'est pas exagéré d'affirmer qu'un des facteurs, et non des moindres, de ce renouvellement spirituel est dû aux multiples œuvres d'éducation que les Instituts religieux comme le nôtre ont fondées durant ce dernier siècle. Providentiel aussi, l'établissement topographique de nos Provinces. Dans un immense pays de 7.000 km en tous sens, les groupes de nos Frères partant de trois points différents de la France, s'installent indépendamment au Nord, au Centre et au Sud, pour mieux rayonner et pousser leur action plus librement et à un rythme plus étendu.

Nos premières écoles, faute de ressources pour les soutenir, ne purent être pour les élèves d'enseignement primaire ; elles prirent en charge l'enseignement secondaire dont devait bénéficier la classe dirigeante du pays. Ce n'est plus le moment de rappeler l'héroïsme des premières fondations et les efforts vraiment surhumains qu'il fallut déployer pour établir des œuvres que seules la grâce de Dieu et la protection de Marie pouvaient assurer. Qu'il me soit permis de rappeler les noms des promoteurs de l'apostolique entreprise, et des artisans dont voulut se servir la Divine Providence : au Nord, Dom Antonio do Rêgo Maia, archevêque de Belém do Parâ ; au Centre, le saint évêque de Mariana, Dom Silverio Gomes Pimenta ; et au Sud, Dom Claudio José Ponce de Leâo, archevêque de Porto Alegre. En 1903, les Frères Auxent, Claude Régis, Paul Dominique et Aldérad furent les pionniers de la Province du Nord, les trois derniers se dévouent encore aux œuvres péniblement fondées sous un climat débilitant. Six Frères dont les noms suivent partagent avec le cher Frère Norbert Assistant Général, l'honneur d'avoir porté, en 1897, nos méthodes d'éducation au Centre et à la Capitale du pays. Ce sont les Frères Andronic, Louis Anastase, Jean Alexandre, Alphonse Étienne, Basilius et Aloysio, ce dernier seul survivant. Enfin, les Frères Weibert, Marie Berthaire et Jean Dominici quittèrent Beaucamps en 1900, pour fonder la Province du Sud, qu'ils consacrèrent au Sacré-Cœur à Montmartre ; à leur passage à Paris. Tous trois ont déjà reçu la récompense de leurs labeurs et de leur persévérance.

Mais la part des pauvres n'a pas été oubliée. En maints endroits, près des collèges modernes, gardant cependant le cachet de la simplicité, des cours gratuits annexes ont été institués pour les déshérités de la fortune. Je n'aurai garde d'oublier que dans chaque Province, et plus particulièrement ces dernières années, des institutions complètement gratuites témoignent du souci qu'ont nos Frères de perpétuer la préférence de notre Vénérable Fondateur pour les enfants pauvres ; telle cette école pour adultes et ouvriers, tenue le soir, près d'Apipucos, par des Frères chargés d'emplois manuels à la maison provinciale, et où s'initient parfois les jeunes Frères du Scolasticat. Une œuvre similaire existe à Mendes, dont le bon fonctionnement est assuré avec beaucoup de zèle et de dévouement par les Frères chargés du temporel. A l'extrême Sud fonctionne de même une oeuvre de protection pour l'enfance abandonnée.

Providentiel aussi a été le fait de pouvoir recruter sur place les éléments continuateurs des trayant de la première heure. Nous avons été conduits dans des régions qui, surtout dans les États du Sud, étaient peuplées d'émigrants européens ayant conservé les traditions de foi et de mœurs des meilleures chrétientés. Tous nos Frères conservent le doux souvenir des Provinces Mères de Beaucamps, Aubenas, Varennes et N.-D. de Lacabane et leur adressent l'hommage ému de leur reconnaissance ; la générosité de nos Provinces de France constitue leur plus beau titre de gloire. Les religieux venus de ces Provinces ont, par leur dévouement à toute épreuve, creusé un profond sillon dans le champ du Père de famille. Mais la tâche est immense, et il fallait des continuateurs. La Providence y a pourvu ; de nombreuses vocations viennent grossir nos rangs chaque année, et les élèves de nos établissements se laissent de plus en plus captiver par la grandeur de l'idéal de l'éducateur religieux. D'année en année, le nombre des bonnes recrues venant des collèges s'accroît d'une manière consolante. La formation des futurs maîtres obéit en général aux règles suivantes : dans les pré-juvénats, l'on donne l'enseignement primaire, et l'on veille à la culture des vertus chrétiennes et tout particulièrement à l'éducation de la piété. On tend de plus en plus à suivre le cours secondaire en entier dans les juvénats proprement dits, afin de laisser au scolasticat tout le temps disponible pour l'étude et la pratique des fonctions de catéchiste et d'éducateur. Dans l'ensemble des 4 Provinces, il y a 8 pré-juvénats et 6 juvénats. Après la profession perpétuelle, les jeunes Frères suivent l'enseignement supérieur dont les titres sont exigés par les lois scolaires. Six Facultés de Philosophie, Sciences et Lettres fonctionnent à cet effet, organisés et dirigées par les Provinces. Elles sont reconnues par l'État pour délivrer les titres officiels. L'Université Catholique Pontificale de Porto-Alegre mérite une mention spéciale. Il y aurait lieu de rétablir, pour parachever la formation, une École Normale Supérieure pour les Frères de 25 à 30 ans qui, en son temps, a donné d'excellents résultats et fourni de bons dirigeants aux Provinces. Faisant écho à une résolution du Conseil Général en date du 15 septembre 1950, et pour se conformer au statut n° 5 du dernier chapitre Général, recommandant de multiplier les centres de second noviciat, les Conseils de nos Provinces ont soumis aux Supérieurs, un projet de construction et d'organisation d'un Second Noviciat dans l'État de Sào Paulo. Je souhaite que ce projet se réalise aussitôt que possible ; nos Frères en tireront les plus grands bienfaits pour consolider leur vocation et les éclairer sur le sens parfait de leur apostolat.

Le Bulletin de l'Institut a fait une référence assez rapide à un événement pédagogique de très grande importance qui s'est passé à Rio de Janeiro, en, juillet et août dernier ; je veux parler du Congrès Interaméricain d'Éducation Catholique auquel nos Frères ont pris une part assez notable, et qui permit de mettre en relief la place qu'ils occupent pour l'enseignement dans toute l'Amérique en général et spécialement au Brésil. Dans une lettre au Cardinal Légat, le Saint Père avait fixé comme objectif aux travaux du Congrès, d'examiner sous tous ses aspects, «la formation intégrale de l'adolescent, » d'après la tradition autorisée de l'Église, toujours accessible aux progrès des sciences, mais indissolublement attachée à l'esprit de l'Évangile. Il mettait en garde les éducateurs catholiques contre les erreurs que certaines théories modernes, entachées de matérialisme, cherchent à introduire dans le camp de l'éducation. Les sages préceptes d'humanisme chrétien, insistant davantage sur la formation que sur la multiplicité des connaissances, et encore plus sur l'éducation plutôt que sur l'enseignement, devraient faire éviter le danger de ces philosophies qui en ont porté plus d'un à un pragmatisme condamnable. A la lumière dé ces directives, les Congressistes ont étudié pendant 10 jours, dans un esprit de charité et de coopération chrétienne, les différents problèmes d'éducation particuliers à leurs pays, le progrès des méthodes pédagogiques avec la connaissance de l'expérience faite en d'autres régions, et l'organisation des maîtres pour la diffusion et défense des principes d'éducation catholique. Un bienveillant accueil leur fut offert par notre Colegio Sào José de Rio, où se tinrent les Assemblées générales et séances d'études.

Il me faut mentionner encore la division de la Province méridionale : événement qui s'imposait depuis quelque temps. La Circulaire du 8 décembre 1951 a publié les chiffres de l'effectif de cette Province, dotée de zones riches en vocations et dont les œuvres exigeaient une assistance continue et par trop absorbante. La division facilitera l'administration tout en laissant à chacune des parties ses possibilités de recrutement et d'extension. J'espère que bientôt tous les organes de formation. pourront être établis indépendamment dans l'une et l'autre, et que le bon, choix des sujets, allié à un souci de culture religieuse et pédagogique complète, donnera de sérieuses garanties pour le développement croissant de ces deux nouvelles unités. Les quatre Provinces comptent actuellement 1.261 Frères, 65 novices, 79 postulants et 1.036 juvénistes. Nos Frères dirigent 72 établissements donnant l'instruction à 36.844 élèves. Mais les moissons se lèvent. Il y a tant à faire dans cet immense continent. Une fièvre de progrès s'empare de tous les services administratifs. Les populations augmentent à un rythme qui tient du prodige dans certaines régions plus favorisées. De multiples entreprises font entrevoir un avenir chargé de progrès et de responsabilités sociales. Belles perspectives pour les œuvres d'éducation qui, au milieu de l'engouement d'une civilisation matérielle, doivent mettre la note du sens chrétien et établir le règne de la charité catholique. Puissent nos œuvres se multiplier, leurs Associations d'élèves et d'anciens élèves être à la hauteur de leurs responsabilités, et puissent surtout nos Frères contrer leurs efforts et leur idéal d'éducateurs pour l'établissement du Règne du Christ et la destinée chrétienne de ce grand pays, dont la nationalité a été cimentée au berceau par la Croix du Sauveur. Comme preuve de la fidélité de nos anciens élèves, je ne voudrais pas passer sols silence un trait charmant qui caractérise leur attachement et la sympathie qu'ont su gagner nos Frères par leur dévouement. Le Collège Sào José de Rio de Janeiro, unique internat de la capitale, fêtera bientôt ses 50 ans d'existence, et l'externat du mémé nom, ses noces d'argent. Un député, ancien élève, a déposé sur le bureau de la chambre fédérale une proposition de loi ouvrant les crédits nécessaires pour l'émission d'un timbre-poste spécial, commémoratif de ces deux anniversaires. A l'article 4 du projet, on détermine que l'impression du timbre sera à l'effigie du Vénérable Père Champagnat, fondateur des Frères Maristes. Que le Bon Dieu y trouve sa gloire, et notre Vénérable Père l'occasion d'être plus connu et de multiplier les effets de sa protection.

Enfin, puisse cette longue visite à nos Frères avoir pour résultat d'augmenter en eux l'esprit de famille, le dévouement et le sincère et filial attachement aux Supérieurs et à la Congrégation. Que le Christ Roi, du haut de la montagne sainte du Corcovado et la Vierge Immaculée, tant aimée par ses enfants du Brésil, protègent nos travaux, nos maisons et nos personnes.

FRÈRE DÉSIRÉ-ALPHONSE, A.G. 

 Visite de délégation

en Belgique et au Congo

 Quelques notes du rapport

du C. F. CHARLES-RAPHAEL, A. G. 

Nos écoles en Belgique.

Dans ce petit pays, nos Frères dirigent de nombreuses écoles. L'enseignement primaire ou élémentaire, toujours gratuit, y domine nettement. Comme l'obligation scolaire s'étend sur une période de huit années, de six à quatorze ans, plusieurs de ces « externats » sont très peuplés, comptant parfois plus de cinq cents élèves. On parle sérieusement de faire porter cette obligation scolaire sur neuf années… Toutes ces écoles se conforment aux programmes officiels et sont régulièrement inspectées ; les professeurs sont payés par l'État. Une anomalie surprend l'observateur non informé : les religieux enseignants ne touchent que la moitié du traitement de leurs collègues laïques…

Sans attendre l'intervention de l'État, beaucoup de parents tiennent à ce que leurs enfants fassent neuf ou dix années d'études. C'est une des raisons qui expliquent la récente multiplication des écoles dites moyennes et aussi des écoles professionnelles. Au terme des six ou sept premières années primaires, les adolescents peuvent suivre les cours d'une école moyenne simple (trois années), ou d'une école secondaire complète (six années), ou d'une école professionnelle. Ces écoles peuvent être subsidiées par l'État, si elles sont établies selon les directives officielles et si les professeurs possèdent les titres requis. Le diplôme exigé pour l'enseignement moyen inférieur est celui de professeur d'école moyenne, ou de « régent », comme on dit en Belgique. Les écoles normales primaires confèrent à leurs élèves le diplôme d'instituteur, après quatre années d'études suivies avec succès. Les écoles normales moyennes, elles, octroient le titre de « régent après deux années d'études fort sérieuses. Pour l'admission à ce genre d'école, il faut avoir terminé les études secondaires ou posséder le diplôme d'instituteur. — Plusieurs de nos écoles primaires ont déjà annexé une école moyenne à leurs bâtiments. Il semble que ce mouvement puisse encore s'accentuer. Dans ces conditions, il est providentiel que l'Institut Sainte-Marie d'Arlon ait pu organiser, à côté de l'école normale primaire, fort ancienne déjà, une école normale moyenne reconnue par l'État.

L'enseignement secondaire complet (humanités modernes) n'existe que dans deux écoles : l'Institut Sainte-Marie, d'Arlon., et l'Institut Saint-Gilles, à Saint-Gilles-Bruxelles. L'importance de la première école a grandi régulièrement depuis la date, déjà lointaine, de sa fondation dans le petit chef-lieu de la province de Luxembourg. A l'heure actuelle, elle comprend : une section primaire, bien peuplée ; toutes les classes de l'enseignement secondaire moderne ; deux classes de l'enseignement secondaire classique (dans quatre ans cette nouvelle section sera complète) ; une école normale primaire ; une école normale moyenne (de régents) ; le scolasticat de la province ; et, en temps normal, le juvénat supérieur de langue française. Les bâtiments sont anciens et insuffisants. Mais les études y sont très sérieuses et la plupart des élèves sont d'excellents travailleurs. 

Le personnel des écoles.

En général, les communautés sont réduites : trois, quatre ou cinq Frères. Par contre, les professeurs civils sont devenus nombreux. Dans plusieurs écoles, ils dominent nettement par le nombre. Ce fait s'explique, en partie du moins, par le développement trop rapide de certaines écoles, par la réduction du nombre maximum des élèves de chaque classe, et par les difficultés exceptionnelles du recrutement au cours de deux longues guerres. Il est certainement préoccupant. Dans les communautés trop réduites, de multiples corvées tendent à surcharger les Frères. Quand la cloche libère les élèves et les professeurs civils, les Frères ne peuvent pas encore respirer. Ceux-ci savent que la surveillance bien comprise est un devoir d'affection et de dévouement et il ne leur vient pas même en pensée de s'y dérober. 

Le recrutement.

Depuis la dernière guerre, il a repris tout doucement, mais il ne correspond pas encore aux grands besoins de la province. Dans l'ensemble, nos Frères font un magnifique effort pour trouver de bonnes vocations dans leurs écoles d'abord ; ensuite, dans les meilleurs centres chrétiens où nous ne sommes pas encore établis, et c'est là le travail à la fois si délicat et si nécessaire de nos Frères recruteurs. Une ardente équipe de Frères fait régulièrement paraître des affichettes avec un commentaire approprié, qui peuvent rendre d'excellents services à tous ceux qui s'en servent intelligemment. Leur but est de créer progressivement dans les classes d'adolescents ce merveilleux climat de générosité chrétienne, qui permet aux vocations en germe de s'épanouir pleinement. Ils ont édité également des opuscules divers sur la vocation, qui ont connu un succès mérité. Qu'ils' continuent allègrement cet effort méritoire ! Eux aussi ne prennent pas les moyens pour la fin. Ils rappellent d'ailleurs fort souvent la grande parole du divin Maître : « La moisson est grande, mais il y a peu d'ouvriers. Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers dans sa vigne. » (Saint Luc, x, 2.) Et que de fois ils rappellent aussi la nécessité du sacrifice et surtout du bon exemple de la part de l'éducateur lui-même. C'est vers le Christ qu'il faut absolument conduire les jeunes « appelés ». C'est donc le Christ que le Frère éducateur doit faire transparaître dans toute sa conduite. 

Les études dans la Province.

En Belgique, on parle trois langues : le flamand, le français et l'allemand ; ce dernier s'emploie seulement dans la région frontière de l'Est. Comme nos aspirants viennent des trois zones, le problème des études de nos jeunes, depuis l'entrée au juvénat jusqu'au seuil de la vie active, est plus compliqué qu'ailleurs. A l'heure actuelle, les exigences de l'État au sujet de la formation linguistique sont à la fois nettes et impérieuses. Il en résulte que les Supérieurs ont dû repenser toute la question de l'organisation de nos maisons de formation. Le dernier mot n'a pas encore été dit. Contentons-nous d'indiquer ce qui se fait pour le moment.  Les juvénistes des régions flamandes font toutes leurs études dans leur langue maternelle, à Pittem d'abord ; puis, dans un juvénat supérieur qui n'est pas encore prêt à les recevoir. Ils étudient le français comme seconde langue, selon les programmes du pays, et ils arrivent généralement à de très bons résultats dans l'usage pratique de cette langue.  Les juvénistes des deux autres zones font leur juvénat inférieur à Mont-Saint-Guibert, avec le français comme première langue et le flamand comme seconde. Après, ils passent à l'Institut Sainte-Marie d'Arlon pour le juvénat supérieur, pendant lequel ils font assez souvent une partie des études normales. – Jusqu'à ce jour, le noviciat était commun à tous les jeunes de la province. L'avenir nous dira si la formule, qui présente évidemment de gros avantages pour un pays comme la Belgique, pourra être maintenue. L'école normale était également la même pour tous. Il est probable qu'on devra envoyer nos jeunes Flamands des une école normale de leur langue. – Nous avons déjà signalé que plusieurs Frères continuent leurs études dans l'école normale moyenne, soit tout de suite après leurs premières études, soit après un stage dans les écoles. — Pour répondre aux exigences officielles, il faut un certain nombre de titres universitaires : pour les professeurs de l'enseignement secondaire et normal, et spécialement pour les classes supérieures de nos écoles au Congo. La province possède une maison pour étudiants, fort convenable, à Louvain même, où nos Frères peuvent suivre facilement tous les cours de la célèbre Université, tout en menant la vie de famille mariste, traditionnelle chez nous. Eventuellement, il serait possible d'y admettre des étudiants d'autres provinces. 

La vie de famille.

En général, les communautés de la province, même celles où le travail est accablant, vivent une intense vie de famille. Tout n'y est pas parfait, évidemment. Des malentendus, des froissements pénibles, des accrocs de tout genre peuvent se produire occasionnellement. Mais, il convient de le dire, l'esprit de famille reste toujours intact. Parmi les divers facteurs favorables à cette bonne vie de famille, nous n'en signalerons que deux en ce moment : le petit Bulletin de la province, l'Entre-Nous ; et le dévouement inlassable de nos Frères employés.

Le premier se présente simplement, sans aucune recherche, en habit de pauvre même. Il est tellement attachant, sympathique, cordial qu'on est tout heureux de le voir apparaître fidèlement au début de chaque mois, et qu'on lui pardonne volontiers ses toutes petites erreurs d'information, toujours aimablement rectifiées d'ailleurs.

Dans nos maisons de formation et dans plusieurs autres communautés, grandes ou petites, le dur service de la cuisine et beaucoup d'autres corvées : taillerie, cordonnerie, menuiserie, etc. continuent d'être assurés par des Frères, dont quelques-uns ont été autrefois professeurs ou directeurs. Il convient de signaler ici les précieux services que ces Frères rendent à leur province. En particulier, on ne mettra jamais trop en relief combien ils contribuent à faire fleurir le véritable esprit de famille dans nos communautés : Dans le même ordre d'idées, il faut signaler le dévouement inlassable des Frères qui s'occupent de procurer des ressources à une province plutôt pauvre : la Secrétairerie des Œuvres de Genval, la Procure de la rue de Linthout ; et des Frères qui facilitent ou étendent l'action des éducateurs, comme les rédacteurs de : Les carnets de la Vierge, Lessen over Moeder Maria, Paraat… 

Nos Œuvres au Congo.

Fondées en 1911, dans la cité naissants de Stanleyville, nos œuvres ont prospéré rapidement dans ce vaste pays. S'il est permis de s'en réjouir pour l'extension de l'Église et pour l'honneur de notre Congrégation, il faut convenir que ce développement crée de gros soucis aux Supérieurs de la Province et du district.

L'école de Stanleyville groupe des sections diverses : école primaire complète (six années) ; école secondaire complète (six années) ; école professionnelle pour le fer, le bois, la typographie (quatre années) ; sans parler de multiples œuvres para-scolaires et postscolaires. Comme la cité s'étend de plus en plus, il a fallu ouvrir des écoles de quartier, pour les tout petits. Les garçons y font deux ou trois années ; après, ils se rendent à l'école centrale pour continuer leurs études. L'année dernière, nos Frères avaient ainsi la responsabilité de plus de trois mille élèves noirs. – Avec un peu moins d'ampleur, l'école de Buta travaille dans les mêmes conditions et groupe environ quinze cents élèves. Chaque année, il faut s'armer de courage pour refouler des centaines de candidats, faute de place… – L'école de Kalima, née il y a trois ans seulement, dans le bâtiment central et dans les petites écoles de camps de mines, compte plus de deux mille élèves. L'école de Nya-Ngézi se développe également très vite. L'école professionnelle de Costermansville en est à la période d'organisation. Byimana, dans le Ruanda, s'ouvre cette année, avec un gros contingent d'élèves. Il faut ajouter que nos Frères collaborent avec les RR. PP. Jésuites dans deux Collèges pour enfants blancs : à Léopoldville et à Costermansville, et avec les RR. PP. du Sacré-Cœur, dans le petit Collège de Stanleyville. Dans ces Collèges, l'afflux des élèves réclame un personnel que ni les Pères ni les Frères n'arrivent à trouver dans la métropole.

Notre recrutement sur place n'a pu commencer qu'en janvier 1946. Le juvénat pour les aspirants congolais se trouve actuellement à Buta. Le noviciat et le scolasticat sont installés à Nya-Ngézi. Cette année même, les premiers Frères congolais, huit en tout, ont commencé leur vie de communauté. Ces enfants du pays sont très bien disposés. En ce qui concerne le choix « intellectuel », on peut noter que l'année dernière, au juvénat de Buta, où les juvénistes suivent les cours avec tous les autres élèves, le premier de chaque classe était en règle générale un juvéniste. Il ne s'agit là que d'un détail, mais d'un détail important pour la qualité du recrutement dans nos écoles. – De même, les postulants et les novices s'occupent sérieusement de leur tâche essentielle, selon les directives de nos Constitutions et les indications de leur Frère Maître. Parmi nos scolastiques, plusieurs ont déjà passé avec succès l'examen d'instituteur proprement dit. La moisson promet. Sans courir trop vite, il convient d'accentuer progressivement cet effort de recrutement et de formation. Autrement, il sera impossible de maintenir toutes les œuvres entreprises. Il faut ajouter qu'on demande un peu partout des « Frères enseignants ». Hélas ! nous autres, comme toutes les Congrégations sœurs, nous nous voyons obligés de répondre négativement à l'appel angoissé des Supérieurs de mission.

Sous un climat parfois débilitant, les Frères de la première heure se sont mis résolument au travail. Tout était à faire. Ils ont dû apprendre la langue, les usages, la psychologie pratique des élèves et des parents. Ils ont dû s'acclimater à force de vaincre des fièvres inconnues. Ils ont dû réagir violemment contre la torpeur, l'abattement, la terrible fatigue des heures lourdes de la journée. Ils ont dû bâtir, planter, et refaire souvent ce qui avait été mal conçu. Ils ont formé lentement, progressivement, d'excellents ouvriers, des clercs habiles, des moniteurs consciencieux, qu'on demande dans tout le pays. Plusieurs sont morts à la peine, à Stanleyville surtout… Aujourd'hui, les conditions de travail sont meilleures. Des traditions se sont établies. On ne navigue plus dans la brume. Des communautés établies dans la montagne permettent aux Supérieurs de procurer une heureuse détente à ceux qui sont fatigués par le climat équatorial. Ce qui n'a pas changé, c'est la bonne volonté de tous nos Frères, c'est leur joie de servir la cause du Christ parmi les enfants du Congo, c'est leur merveilleux esprit de famille. Que la Vierge Médiatrice, Patronne de la province, daigne bénir tout particulièrement les efforts de nos Frères du Congo !  

Second Noviciat de neuf mois.

 Le XIV° Chapitre Général a pris diverses décisions concernant les exercices du Second Noviciat. Examinons successivement les trois alinéas du Statut Capitulaire n° 5 qui les contient, et voyons ce qu'a fait le Conseil Général pour s'y conformer dans la mesure du possible.

a) « Les centres de formation où se donneront les exercices du Second Noviciat seront multipliés, suivant la diversité des langues et les possibilités d'organisation. »

Dès février 1947, deux centres ont fonctionné, au lieu d'un : celui de Saint-Quentin-Fallavier, de langue française, et celui de Grugliasco, de langue espagnole.

Un centre de langue portugaise sera ouvert à Campinhas, dans la Province du Brésil Central, dès que sera prêt le local dont les plans ont déjà été approuvés.

Nous aurions besoin d'un centre de langue anglaise. Le Conseil Général s'en occupe, mais on ne peut encore fournir des précisions à ce sujet.

Il est possible que tôt ou tard il faille également ouvrir un centre de langue espagnole pour l'Amérique latine.

b) « Le plus grand nombre possible de Frères profès perpétuels, sans en excepter les Frères chargés d'un emploi manuel, seront appelés aux exercices du Second Noviciat, et de préférence entre 30 et 35 ans, âge qui s'avère très favorable. Les Frères Provinciaux fourniront les Seconds Novices proportionnellement au nombre de leurs sujets. »

L'existence de deux centres a permis d'appeler au Second Noviciat un plus grand nombre de Frères que précédemment. La moyenne, ces derniers temps, est de 150 par an.

Chaque session, surtout à Saint-Quentin-Fallavier, a compté des Frères exerçant des emplois manuels. Ils ont tous fait preuve d'une grande bonne volonté et se sont estimés heureux d'avoir pu prendre part à ces saints exercices.

L'âge limite, abaissé d'abord à 45 ans, l'a été plus tard à 40. Sans en faire encore une obligation rigoureuse, il est à souhaiter que les futurs Grands Novices ne dépassent pas 35 ans.

Je remercie les Provinces qui, au prix parfois de réels sacrifices, ont envoyé régulièrement des Frères en nombre au Second Noviciat. Il est à souhaiter que leur exemple soit suivi par toutes les autres Provinces.

c) « L'expérience ayant largement établi l'insuffisance du temps consacré actuellement aux exercices du Second Noviciat pour permettre une formation solide et approfondie, la durée de ces exercices sera portée de cinq mois à neuf mois, comme en d'autres familles religieuses d'hommes et de femmes, et cela le plus tôt possible. »

Ce point a préoccupé dès 1946 les Membres du Conseil Général, mais l'interruption occasionnée par la dernière guerre mondiale avait mis en retard un trop grand nombre de Frères désireux de faire leur Second Noviciat, pour qu'on pût alors songer à en restreindre encore le nombre en adoptant immédiatement la durée de neuf mois.

Mais cette difficulté ayant été surmontée, du moins en partie, le Conseil Général, dans sa séance du 26 février dernier, a décidé de faire un essai de Second Noviciat de neuf mois à Saint-Quentin-Fallavier, à partir de septembre 1953.

Les autres centres seront encore de cinq mois. Les Frères Provinciaux recevront en temps opportun des instructions détaillées pour l'envoi de Frères au Second Noviciat de neuf mois.

Disons, à titre simplement informatif ; que depuis la fondation du Second Noviciat en 1897 jusqu'à ce jour, deux mille six cent quatre-vingt-dix-neuf Frères en ont suivi les exercices.

Le Second Noviciat étant un appel d'amour de Notre-Seigneur et de Notre-Dame pour une donation totale de soi-même à Dieu et à l'Institut, il

suppose un ensemble d'efforts pour une vie intérieure plus intense et pour un apostolat plus fécond auprès des Frères et des élèves.

Cette période d'exercices spirituels représente la suprême formation du religieux et le dernier effort que tente la Congrégation pour mettre ses enfants sur le chemin de la perfection et, par suite, de la persévérance dans leur sainte vocation.

Dieu veuille que, moyennant ces nouvelles mesures, cette institution, qui a déjà produit les plus heureux fruits, continue à donner à notre chère Congrégation des religieux à forte trempe, fermement résolus à contribuer, dans leur sphère d'action, au maintien de la régularité et de l'esprit du Vénérable Père Champagnat. 

Election d'un Frère Provincial.

 Dans la séance du 20 février 1952, le Conseil Général a élu le Cher Frère BRAULIO, Provincial de Cuba-Amérique Centrale, pour une seconde période triennale selon les Constitutions. 

Erection de Noviciats,

 Par indults du Saint-Siège :

Du 20 février 1952, un noviciat sera érigé à Ipauarana (Etat de Parahiba), Brésil Septentrional, celui de Apipucos devant être supprimé ;

Du 29 mars 1952, un noviciat sera érigé à M'tendere (Nyassa). 

LISTE DES FRÈRES dont nous avons appris le Décès

depuis la Circulaire du 8 Décembre 1951.

 

Noms des Défunts                                          Lieux des Décès                 Dates des Décès

 

 

F. Joche-Albert               Profès perp.          Sichang (Chine).                         21 avril 1951

F. Mercier Roger            Juvéniste                Sainte-Sabine (Canada)            17 août      »

F. Ruperto                       Stable                     Popayán (Colombie)                  27 nov.       »

F. Louis-Émile                Profès temp.          Saint-Genis-Laval (France)        11 déc. 1952

F. Alonso José                Stable                     Popayán (Colombie)                  2 janv.        »

F. Gabriel-Joseph          »                              Sydney (Australie)                       6 »             »

F. Michel de Sainctis     »                              St-Paul-Trois-Châteaux (France) 26 »         »

F. Julien-Henri                 »                              Cape-Town (Afrique du Sud)     29  »          »

F. Ambrosio                    Profès perp.          Barcelona (Espagne)                 4 fév.         »

F. Hermel                         Stable                     Popayán (Colombie)                  5    »          »

F. Pierre-Vincent            »                              N.-D. de l'Hermitage (France)   10 »            »

F. Varus-Paul                  Profès perp.          Lacabane (France)                     14  »          »

F. Bernard d'Ofiida         Stable                     Stanleyville (Congo)                    19 »            »

F. Daniel-Adrien             Profès perp.          Charlieu (France)                        21  »          »

F. Rudolf »                       »                              Furth (Allemagne)                        26  »          »

F. Léon Plàcido              Stable                     GrugIiasco (Italie)                        29 »            »

F. Maternus                     Profès perp.          Saint-Genis-Laval (France)        7 mars       »

F. Honoré-Eugène          Stable                     Rendes (Brésil)                           8  »            »

F. Gordian                       Profès perp.          Dumfries (Écosse)                      10  »          »

F. Sidronius                     Stable                     Tuy (Espagne)                             22 »            »

F. Darin                            Profès perp.          Las Avellanas (Espagne)           7 avril        »

F. Marie-Florien              Stable                     Iberville (Canada)                        14  »          »

F. Préside                       Stable                     Blancotte (France)                      22  »          »

 

La présente circulaire sera lue en communauté à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

Recevez, mes bien Chers Frères, la nouvelle assurance du religieux attachement avec lequel je suis, en J. M. J.,

   Votre très humble et tout dévoué serviteur.

                                       Frère LÉONIDA, Supérieur Général.

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