Circulaires 337

LĂ©onida

1953-12-08

-Souhait : Entrer pleinement dans l'esprit de l'année mariale, 229. - Nous préserver et préserver nos élèves du - vice impur, 233. - Lutte inévitable et persistante mais très mé-ritoire, 234. - Les meilleures armes pour conserver la pureté, 238. - Marie, Modèle et Protectrice de la belle vertu, 246. - Rôle efficace de la connaissance et de l'amour de la Sainte Vierge dans l'éducation de la jeunesse, 255. - Lettre-Encyclique « Fulgens Corona », 261. - Cause de béatification du Vénérable Père Champagnat, 278. - Province de Chine, 287. - Modification des articles 154 et 156 des Constitutions, 291. - Cause du Bienheureux Chanel, 293. - Élections de Frères Provinciaux, 294. - Liste des défunts, 295.

337

V. J. M. J.

 Saint-Genis-Laval, le 8 décembre 1953.

   Fête de l'Immaculée-Conception.

     MES BIEN CHERS FRÈRES,

Voici que nous entrons dans les solennités commémoratives de la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception qui se prolongeront jusqu'au 8 décembre 1954.

Il y aura ce jour-là, cent ans que Sa Sainteté le Pape Pie IX, au milieu des transports d'allégresse du monde catholique, définit, comme dogme de foi, que : « La Bienheureuse Vierge Marie, dès le premier instant de sa Conception, par une grâce et un privilège spécial de Dieu tout-puissant, en vertu des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, a été préservée et exempte de toute souillure de faute originelle.»

Le privilège de l'Immaculée Conception est, après celui de la divine Maternité, le plus glorieux pour notre Mère du Ciel ; il constitue une des plus belles étoiles de son diadème. Quoi de plus naturel dès lors, que ceux qui aiment à se dire ses enfants, tous les fils de l'Église, ressentent, à l'approche de ce centenaire, une joie analogue à celle qu'éprouvèrent, en 1854. leurs frères dans la foi ? Comme alors, les cloches de toutes les églises de la chrétienté s'ébranleront joyeuses, mais surtout les cœurs seront en liesse !

Quel meilleur souhait puis-je dès lors exprimer, pour la nouvelle année, que celui de voir notre chère Congrégation et chacun de ses membres, sur tous les points du planisphère mariste, entrer pleinement, au cours de cette période, dans l'esprit de cet anniversaire qui est d'honorer Marie dans sa Conception Immaculée ?

N'est-ce pas d'ailleurs nous conformer à nos Règles qui disent : « Les Frères honoreront d'une manière spéciale le glorieux privilège de l'Immaculée Conception, ils en instruiront bien les enfants et en célébreront la fête avec beaucoup de ferveur et de solennité ? » (Art. 44).

Nous resterons ainsi dans le sillage tracé par notre Vénérable Fondateur et ses successeurs. En effet, le Vénérable Père Champagnat déploya un grand zèle pour honorer et prêcher ce privilège avant sa définition dogmatique. Sur les murs de sa chambre à La Valla, on peut lire encore cette sentence : « Bénie soit la très pure et très immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie ! » Dans une lettre écrite de Notre-Dame de l'Hermitage au Frère Barthélemy, le 1ier novembre 1831, nous relevons ce mot d'ordre : « Gravez sur les livres de vos élèves : « Marie a été conçue sans péché. » Le 8 décembre 1839, quelques mois avant sa mort, il assistait à l'inauguration du noviciat de Vauban, placé sous le patronage de l'Immaculée Conception.

Le 2 février 1855 057, moins de deux mois après la proclamation du dogme, le R. F. François s'empressait de publier une circulaire pour rappeler aux Frères les solennités qui avaient eu lieu en cette occasion et pour leur dire les devoirs qu'imposait cet événement.

Le R. F. Louis-Marie mourut le 9 décembre 1879, « la veille, dit la lettre de faire-part, il voulut célébrer le vingt-cinquième anniversaire de la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie avec plus de solennité que jamais. Il semblait désirer couronner ainsi une vie remplie de travaux et de vertus, par un déploiement tout spécial de dévotion à la Sainte Vierge, dont toute la communauté a été frappée et singulièrement édifiée. »

Enfin, en 1905, le R. F. Théophane, après avoir rappelé avec quel bonheur l'Institut s'était uni à l'Eglise catholique pour célébrer le glorieux cinquantenaire de la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception, excitait les Frères à ne pas s'en tenir à des impressions passagères mais à mieux s'acquitter de leurs devoirs envers Notre-Dame.

Nous resterons donc fidèles à notre esprit, mes bien chers Frères, en célébrant cette année mariale avec grande joie et ardente ferveur, vivant plus que jamais sous le regard de Marie et tenant nos yeux et notre cœur fixés sur Elle.

Est-il meilleur gage de passer une nouvelle année vraiment heureuse et sainte que cette vie d'union intime avec Marie et un plus grand soin à célébrer les privilèges dont Dieu l'a enrichie ?

Consolatrice des affligés et Cause de notre joie, Elle saura adoucir nos peines et épanouir nos cœurs.

Salut des infirmes, Elle veillera sur nos santés et saura, au besoin, rendre la maladie supportable et méritoire.

Mère du Bon Conseil et Siège de la Sagesse, Elle nous guidera dans la voie du salut.

Reine de la paix, Elle nous épargnera les vaines alarmes aussi bien dans les épreuves personnelles qu'à la vue des conflits d'ordre social ou politique.

En un mot, c'est en toute confiance que nous devons jeter dans son sein maternel tous nos soucis d'ordre spirituel ou temporel.

On pourrait s'étendre sur ce même sujet, mais en faut-il davantage pour nous convaincre que l'année 1954 ne saurait être plus heureuse que placée sous le patronage de la Vierge immaculée, Reine du Ciel et de la terre ?

Cependant, si nous voulons compter pleinement sur le secours de Marie, n'oublions pas que cette tendre Mère attend davantage de ses enfants privilégiés que des simples fidèles. Nous sommes des religieux maristes ; notre Vénérable Fondateur nous a donné Marie pour Mère, pour Patronne, pour Modèle et pour Première Supérieure. Chacun de ces titres, inscrits dans nos Règles et Constitutions, indique des droits spéciaux sur nous et c'est avec bonheur que nous devons les reconnaître. A cet effet, dans un élan d'amour filial et de reconnaissance, nous féliciterons Marie d'avoir été préservée de la tache originelle et nous remercierons Dieu de l'avoir créée si pure et si sainte. Mais, surtout, nous ferons de ce centenaire l'occasion d'un renouvellement dans les pratiques de piété et dans les vertus caractéristiques des fidèles serviteurs de Notre-Dame ; nous déploierons un grand zèle à répandre sa dévotion, nous lui offrirons souvent, avec notre cœur, celui des Frères et des élèves dont nous avons la charge.

Vous partagez tous, j'en ai la certitude, ces sentiments, mes bien chers Frères, je n'en veux pour preuve que le filial accueil fait aux directives générales données pour la célébration de ce jubilé dans la circulaire du 24 mai dernier, ainsi que les programmes des fêtes en l'honneur de la Vierge immaculée qui nous sont parvenus de diverses Provinces.

Je me réjouis à la pensée que nos hommages rejoindront au ciel ceux que rendront à notre Auguste Souveraine notre Vénérable Fondateur et les confrères déjà en possession de la félicité des élus. Avec quelle complaisance la Sainte Vierge ne verra-t-elle pas tous les Petits Frères de Marie du ciel et de la terre mystiquement groupés autour de son trône !

Parmi les résolutions que cet émouvant centenaire doit nous engager à prendre, je vous propose tout spécialement celle-ci : 

NOUS PRÉSERVER

ET PRÉSERVER NOS ÉLÈVES DU VICE IMPUR.

 Pour mieux faire comprendre la portée d'une telle invitation, je développerai brièvement les points suivants :

I. La lutte pour la pureté est un combat inévitable et persistant mais très méritoire.

II. Les meilleures armes sont : la prière, la vigilance et la mortification.

III. Marie est le modèle et la protectrice de la belle vertu pour nous et pour nos élèves.

IV. Rôle efficace de la connaissance et de l'amour de la Sainte Vierge dans l'éducation chrétienne de la jeunesse

I. Lutte inévitable et persistante, mais très méritoire.

Celui qui veut conserver la vertu de pureté doit livrer une lutte incessante à ses mauvais instincts parce que les plaisirs des sens, en aveuglant l'esprit, affaiblissent la résistance volontaire et exposent à des fautes. Cette lutte exige une courageuse continuité que beaucoup d'âmes ne savent pas soutenir et elles capitulent devant les assauts répétés de l'ennemi. Ne sommes-nous pas tentés de les imiter quand nous voyons le dévergondage s'étaler dans la rue par des modes provocantes, sur les murs par des annonces licencieuses, dans les livres, les journaux, les revues par des articles peu respectueux de cette délicate vertu ou par des gravures immodestes ?

Ceux qui triomphent dans cette lutte, disent nos Règles, se rendent semblables aux anges. Ne pourrait-on pas dire qu'ils se placent au-dessus des anges puisque ceux-ci, sont confirmés en grâce tandis que l'homme a besoin de vaincre constamment les inclinations de la chair ? « Il est soumis, selon l'expression de Maritain, à une double pesanteur, l'une qui est celle de l'être et qui l'attire à Dieu ; l'autre qui est celle des défaillances et qui le replie sur lui-même.

Comme religieux, nous ne sommes pas à couvert des assauts du démon sur ce point délicat. De grands saints ont connu ces pénibles épreuves. Saint Paul, qui avait été ravi au troisième ciel, était croit-on, généralement à tel point souffleté, humilié par l'ange de Satan, c'est-à-dire les tentations de la chair, qu'il désirait être délivré de ce corps de mort (II Cor., ch. XII, v. 7 ).

Dans sa solitude de Bethléem où il se livrait à de grandes austérités, souffrant les ardeurs du soleil et les effets d'une extrême pauvreté, saint Jérôme était assailli et tourmenté par les souvenirs de la Rome licencieuse qu'il avait connue. Dans son désert, saint Antoine, ermite, était en butte à des représentations diaboliques. Saint Hilarion, après une longue vie pénitente, subissait aussi les assauts de l'enfer. Saint Martin, qui ressuscitait les morts, avait à se défendre contre les suggestions des esprits immondes.

La tentation révèle notre misère ; elle nous rend humbles ; par elle nous sentons mieux le besoin du secours du Ciel. Elle nous fait soupirer après une vie où notre âme ne sera plus exposée à perdre la grâce et le bonheur éternel. Elle contribue à notre avancement spirituel si nous combattons avec confiance en la grâce divine. Qui sait si l'éminente sainteté de saint Benoît, de saint François d'Assise, de saint Thomas d'Aquin ne fut pas spécialement la récompense de l'héroïsme dont ils firent preuve pour combattre la tentation, l'un en se jetant dans un étang glacé, l'autre en se roulant dans les épines et le dernier en éloignant la tentatrice avec un tison ?

Luttons sans découragement. Même si le combat devait être long et douloureux, gardons confiance nous sommes toujours les maîtres de notre liberté. Il est de foi que nous ne serons jamais tentés au-delà de nos forces et la grâce divine correspond toujours au degré de la tentation. S'il nous arrivait de faiblir, relevons-nous sans retard, en comptant sur l'inépuisable miséricorde divine.

Vocation. Mis en présence d'un malade, le médecin cherche les causes de la maladie dans l'examen des organes vitaux. De même quand un religieux est malade spirituellement, que sa vocation est en péril, examinez le cœur et vous trouverez presque toujours que les obligations du vœu de chasteté n'ont pas été fidèlement gardées. Est-ce à dire que les tentations persistantes et fréquentes sont pour un religieux un motif de retourner dans le monde ? Nullement, s'il lutte sans perdre l'espoir du triomphe final. De sorte qu'au lieu de nous laisser affoler par les tentations et leur violence, il convient d'examiner la fermeté de nos résolutions. L'essentiel ici est de ne pas faire de pacte avec le mal et de s'abstenir de toute imprudence dans ce domaine.

La lutte sera-t-elle longue ? Les maîtres de la vie spirituelle avertissent qu'elle peut durer toute une vie. Si l'ardeur des passions est généralement plus grande pendant la jeunesse, ni l'âge mûr ni la vieillesse ne sont à l'abri de ses assauts.

Ne lisons-nous pas, dans la vie de saint Alphonse de Liguori qu'il eut de terribles obsessions diaboliques à un âge très avancé ?

Il y a cependant des périodes particulièrement critiques. Actuellement, la psychologie des adolescents analyse longuement les crises passionnelles de la jeunesse. Et l'on a constaté qu'une crise sentimentale risquait de troubler des religieux âgés et que, malheureusement, des scandales et des pertes de vocation sont parfois les tristes aboutissements d'un combat mal soutenu.

Craignons le démon, celui de la jeunesse, celui de l'âge mûr et celui de toujours, bien persuadés que la chasteté est la vertu des forts, la vertu de ceux qui se font violence pour conquérir le ciel. Le monde et ses plaisirs passeront, les fleurs du mal qui voudraient nous séduire se faneront, tandis que les récompenses que Dieu réserve aux cœurs purs ne perdront jamais leur éclat.

« Qu'elle est belle, dit à ce sujet la Sainte Écriture, la génération dont la vertu resplendit d'un pur éclat ! sa mémoire est immortelle, car elle est honorée de Dieu et des hommes. » « Quel est celui, demande le Psalmiste, qui s'élèvera jusqu'au sommet de la montagne de Dieu ? Quel est celui qui sera admis dans son sanctuaire, c'est-à-dire, qui se sauvera ? Et il répond : « Celui dont les mains sont innocentes et dont le cœur est pur ».

Le Disciple bien-aimé nous assure que ceux qui sauront se préserver de ce vice accompagneront partout l'Agneau divin et chanteront devant le trône de Dieu un hymne' qu'eux seuls pourront chanter. «Le jour où vous avez fait vœu de chasteté, nous dit saint Cyrille, la Sainte Vierge a fait inscrire votre nom au nombre des Anges qui forment son cortège royal, ne l'en effacez pas par le péché. »

La raison et l'expérience proclament également l'excellence de la chasteté. Ainsi, tandis qu'autour de nous, tout, et notre corps lui-même, contient des germes de mort, notre âme conserve une éternelle jeunesse si elle fuit le vice impur, la pureté étant, pour ses facultés qu'un rien altère, une atmosphère très favorable à leur fonctionnement normal. saint Thomas enseigne, à ce sujet, que pour le travail qui lui est propre, l'intelligence a besoin de se soustraire aux choses sensibles, par conséquent, fuir l'impureté, c'est se rendre apte à mieux comprendre la vérité ; à avoir même une perception anticipée des perfections divines : « Bienheureux les cœurs purs car ils verront Dieu. » « Le démon, d'après Charles de Foucauld, est trop maître d'une âme qui n'est pas chaste, pour y laisser entrer la vérité. » D'autre part, nous lisons dans l'Imitation : « Si votre intérieur était pur, rien ne vous empêcherait de voir et de comprendre les choses telles qu'elles sont. Un cœur pur pénètre les mystères du ciel et les secrets de l'enfer » (L. Il, ch. IV, v. 2). N'observons-nous pas parfois, chez les grands adolescents, une éclipse des meilleures aptitudes lorsque, en période de crise, ils ne luttent pas suffisamment ?

Il y a également une grande affinité entre la pureté et notre faculté d'aimer. L'amour chaste se porte à des objets dignes d'être aimés, l'amour coupable, au contraire, se porte sur ce qui dégrade car l'impudique écoute plutôt la voix de l'instinct que celle du. cœur. N'arrive-t-il pas de voir l'honneur de la famille et le bien de la patrie sacrifiés à la passion et même les pleurs d'une mère ne sont-ils pas souvent impuissants à retenir un jeune homme sur la pente du. vice

La pureté est encore source de joie, d'optimisme et de noble fierté, tandis que le péché honteux n'enfante que la tristesse, le dégoût de soi-même et le sentiment de sa propre déchéance. 

II. Les meilleures armes pour conserver la pureté.

Parlant de la tentation en général, Notre-Seigneur. nous dit, comme à ses Apôtres au Jardin des Oliviers : « Veillez et priez afin que vous n'entriez pas en tentation car l'esprit est prompt mais la chair est faible. » Dans une autre occasion, se rapportant spécialement au démon impur, il avait dit : « Ce genre de démons ne se chasse que par le jeûne et la prière. » Il nous indique ainsi trois armes principales : la prière, la vigilance et la mortification.

Besoin de la prière. Ce serait une extrême présomption de prétendre résister seul à la tentation. «Les âmes trop sûres d'elles-mêmes me font trembler », dit saint Alphonse. De là la grave erreur des éducateurs insistant sur la culture de la volonté, mais à la façon des pélagiens ou semi-pélagiens, en perdant de vue la nécessité de la grâce obtenue par la prière : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire », dit Notre-Seigneur. Comme les Apôtres, comme tous les Saints, redisons et apprenons à nos élèves à redire : « Seigneur ! sauvez-nous, nous périssons ». Dans la seule prière qu'il nous ait enseignée, Notre-Seigneur a mis cette demande : « Ne nous laissez pas succomber à la tentation ». Les Apôtres venaient de communier lorsque le divin Maître leur dit de veiller et de prier, parce que la lutte étant incessante, la prière doit l'être également. Pour triompher dans la guerre, tous les peuples tâchent de multiplier leurs alliances dans nos luttes contre la mal, nous aussi, faisons alliance, par la prière, avec Dieu et nos célestes protecteurs. Si nous prions avec ferveur et confiance, soyons persuadés qu'alors même que la foule des esprits infernaux nous assaillirait, nous ne succomberions pas : Dieu enverrait à notre secours la légion de ses Anges, il viendrait, au besoin, en personne pour nous délivrer de nos ennemis.

Une ville assiégée ne résiste pas longtemps si l'assaillant lui coupe l'eau et les provisions, et une armée mal nourrie est rarement victorieuse. C'est parce que le démon sait que la prière est à la fois une nourriture indispensable et une arme très efficace qu'il s'efforce de la faire omettre ou tout au moins, de la faire négliger. Il n'y réussit que trop souvent. Quand nous éprouvons de la lassitude, du dégoût pour la prière, c'est le moment de redoubler nos supplications pour obtenir la grâce nécessaire de résister au mal. Recourons surtout à la Vierge Immaculée, spéciale protectrice dans les combats pour la chasteté.

La vigilance. Le démon rôde sans cesse autour de nous pour nous faire tomber ; il s'acharne davantage contre les religieux que contre les séculiers, semblable, en cela, aux corsaires qui s'attaquaient aux navires chargés de trésors ou de marchandises de grand prix. En face de ses assauts et de ses pièges, nous sommes faibles ne nous exposons donc pas au danger car celui qui s'y expose, périra.

Veillons, en particulier sur la langue, évitons tout jeu de mots, toute chanson qui impliqueraient un manque de délicatesse. Abstenons-nous de rappeler des faits pouvant jeter le trouble dans l'esprit ou le cœur de nos auditeurs ; témoignons de la contrariété et, au besoin, sachons imposer silence si nous entendons de pareils propos.

Veillons sur le goût. « La table, a-t-on dit, fait plus de victimes que la guerre. » Sans doute parle-t-on de la vie du corps, mais n'en peut-on pas dire autant de celle de l'âme ? Bien qu'à l'abri des excès des mondains, ne sommes-nous pas parfois trop exigeants à table ? enclins à nous plaindre ? à manger sans nécessité entre les repas ? à user de liqueurs fortes, de tabac, etc. ? Méditons s'il en est ainsi, ces paroles de notre Vénéré Fondateur : « Celui qui ne sait pas se mortifier et qui s'écarte de la sobriété ne sera jamais chaste. »

Veillons sur la vue. Les saints Pères sont unanimes à représenter les yeux comme les complices les plus dangereux du vice impur : « Celui qui ne peut pas garder ses yeux ne pourra pas garder son cœur », dit saint Augustin. Le regard excite d'abord l'imagination, allume le désir, sollicite la volonté et, par le consentement, le péché entre dans l'âme. C'est ainsi que David, l'élu de Dieu, devint adultère et homicide. N'arrêtons pas les yeux sur les personnes de l'autre sexe dont certaines méconnaissent parfois les lois de la plus élémentaire pudeur. Dans les notes de retraite du Père Damien, le héros et le martyr de Molokai, on lit : « Veiller sur les yeux, grande réserve avec les femmes » et cependant, c'étaient toutes des lépreuses. Dans les rues, dans les véhicules, nous scandaliserions si nos regards erraient librement et laissaient supposer une passion mal combattue. Nous scandaliserions de même et notre vertu courrait le plus grand danger si, contrairement à nos Règles (Art. 424), nous assistions à certaines réunions publiques ou à des fêtes mondaines. « Dans les voyages et les visites, disait le Vénérable Père Champagnat, un Frère a une triple sauvegarde : son costume, son compagnon, et sa modestie. Malheur à qui laisse un seul de ces compagnons. »

Prudence dans les lectures. Aimer la lecture est, en soi, un grand bien, mais il y faut beaucoup de circonspection. La lecture d'un livre pieux convertit saint Augustin, saint Ignace et bien d'autres âmes, mais est-ce téméraire d'affirmer que plus nombreuses encore sont les âmes qui ont été perverties par les mauvais livres ? Les lectures frivoles ressemblent aux liqueurs capiteuses, on commence par de petites doses et on finit par en absorber de grandes quantités. C'est un signe et une cause de l'affaiblissement de la raison et de la foi que de chercher des lectures qui, sans être foncièrement mauvaises, sont légères et chimériques. L'agrément du style n'est pas l'unique critère de la valeur d'un livre ; elle dépend surtout de ses effets sur les lecteurs.

Vigilance sur les pensées. Quoique la garde des sens nous préserve de mille pensées dangereuses. habituons-nous, de plus, à porter notre esprit sur des choses nobles et saintes. Les régions élevées sont plus à l'abri des maladies contagieuses que les autres ; de même, nous nous préserverons de bien des misères morales si nous nous élevons fréquemment vers Dieu et les choses éternelles. « Il est plus facile, dit le Père Antonin Eymieu, d'écarter la première pensée que d'en supprimer les conséquences. Il est plus facile de ne pas semer le gland que d'arracher le chêne. L'idée est le défilé par où passe tout ce qui entre dans notre conscience ; c'est donc là qu'il faut établir le contrôle et, au besoin, livrer bataille. C'est le point stratégique à occuper pour rester maître de soi.»

Fuyons l'oisiveté qui enseigne tous les vices. C'est elle qui, au dire de la Sainte Ecriture, fut cause de la perversion de Sodome. Saint Jérôme s'adonna avec une grande ténacité à l'étude des langues sémitiques comme dérivatif aux tentations diaboliques. Combien de religieux reconnaissent que, grâce à l'étude, surtout pendant les vacances, ils ont pu garder leur équilibre moral ! Il n'est pas rare que si l'on reste oisif on glisse dans des rêveries débilitantes, on se permette des lectures légères. « Alors, l'imagination se remplit de vains fantômes, le cœur se laisse aller à des affections sensibles et l'âme, ouverte à toutes les tentations, finit par succomber. » (TANQUEREY, p. 705). Qu'elles sont donc sages nos Constitutions en exigeant que l'on soit toujours occupé, soit à l'étude, soit à un travail manuel !

Veillons sur nos affections. Aimons nos confrères et nos élèves, mais surnaturalisons notre amour. S'arrêter aux impressions sensibles, aimer quelqu'un à cause de la physionomie, des qualités naturelles qui plaisent, si ce n'est pas encore le péché, c'est le grave péril d'y tomber. On commence peut-être par une amitié pure et paisible, il n'est pas rare, qu'après avoir commencé par l'esprit, on finisse par la chair.

Quels que soient notre âge et nos talents, n'ayons avec les personnes de l'autre sexe que des rapports indispensables sous peine de nous exposer à des chutes. Observons les prescriptions de la Règle concernant les visites actives et passives. aidons les confidences qui nous érigeraient en juges de peines intimes ou en arbitres de difficultés domestiques. « Il faut être bref avec les femmes, dit saint Alphonse de Liguori, et quand il y a six mots à dire, se borner à trois. » Saint Robert Bellarmin réprimanda un jour fortement le Frère qui l'accompagnait, parce qu'il l'avait laissé seul avec une dame de condition et de grande vertu. Excellentes leçons pour ceux qui sont appelés au parloir.

Celui qui, pour s'être écarté des prescriptions de la Règle, aurait eu le malheur de commettre quelque imprudence doit être sincère, non seulement envers le confesseur, mais encore envers les Supérieurs leur demandant, en toute humilité, de l'aider à sortir du danger. A combien, dans de tels cas, une fausse honte n'a-t-elle pas été fatale ! De plus, observons fidèlement les prescriptions du Droit Canonique et de nos Règles pour l'emploi des femmes dans nos maisons.

Il n'y a rien de négligeable dans ce qui a trait à la belle vertu. Ceux-là mêmes qui se surveillent attentivement ne sont pas absolument à l'abri d'une surprise ; mais, c'est, en général, par des imprudences réitérées que se préparent les chutes graves. A force de glisser sur la pente du sensualisme, on finit par atteindre le fond de l'abîme. Il faut repousser la tentation, dès qu'elle se présente, ne pas la laisser se fortifier. Le P. E. Mersch, S. J. écrit à ce propos : « Rien n'est malsain, absurde, épuisant pour le cœur et nuisible à la santé psychologique, comme le vague désir consenti d'une satisfaction qu'on prétend se refuser. L'observation intégrale et rigoureuse de toutes les exigences de la pureté est la seule qui puisse être facile : elle est la seule qui corresponde vraiment à la nature de l'homme et de l'amour. Le reste, il faut bien s'en convaincre, est marche sur pente glissante, duperie où l'on se fausse les sentiments intimes, source d'affaiblissement et d'amollissement, de fatigues et de neurasthénie (Morale et Corps Mystique, p. 216).

Mortification. La pureté est un lis qui croît au milieu des épines ; il ne saurait fleurir là où règne la mollesse. Le Maître n'a-t-il pas dit qu'il faut perdre son âme pour la sauver et émonder l'arbre pour qu'il porte de plus beaux fruits ? C'est également l'enseignement de saint Paul qui dit : « Si par l'esprit vous mortifiez les œuvres de la chair, vous vivrez ; mais si vous vivez selon la chair, vous mourrez ». Il est plus facile, ajoute saint Bernard, de ressusciter un mort que de garder la chasteté sans la mortification. » Tout ce que nous accordons au corps, sans un réel besoin, le porte à la révolte. Si les instruments de pénitence ne sont pas toujours conseillés, surtout pour certains tempéraments, il est une multitude d'actes de mortification faciles à pratiquer et qui ne sauraient nuire à la santé. Les points que nous avons signalés à propos de la vigilance ne sont, pour la plupart, que des formes de mortification, de renoncement et le chapitre x de la 2ième partie des Règles Communes en indique un grand nombre.

Mortifions surtout l'esprit par l'humilité, car Dieu abandonne fréquemment l'orgueilleux à son sens dépravé. Nos fautes passées et aussi celles d'autrui nous éclairent sur le besoin de nous défier de nous-mêmes.

Le recours à la mortification s'impose surtout à ceux qui éprouvent un grand bien-être intérieur ou extérieur favorable aux révoltes de l'esprit ou de la chair ; à ceux qui sont doués d'une imagination vive, d'une mémoire heureuse et à ceux qui éveillent des sympathies autour d'eux, car tous ces avantages, excellents en eux-mêmes, les exposent à oublier leur faiblesse et leur inclination au mal.

Instinctivement, l'homme fuit toute occasion de souffrir et de se mortifier ; il appréhende outre mesure les malaises et tout ce qui est pénible. parce qu'il ignore, non seulement la grande valeur de la mortification, mais encore la capacité de résistance de la nature humaine à la douleur et aux privations, résistance dont les dernières guerres ont fourni des témoignages étonnants. 

III. Marie, Modèle et Protectrice de la belle vertu.

 Que Marie soit un parfait modèle de pureté, c'est ce qu'ont proclamé toutes les générations. Pour cette vertu comme pour les autres, elle est à une distance incommensurable des plus grands saints qui tous ont été marqués, ne fût-ce qu'un instant, de la tache originelle. En Marie, il n'y eut jamais la moindre apparence de mal : chez Elle, pensées, désirs, affections, tout a été céleste. Le démon pouvait la tenter extérieurement, comme il tenta son divin Fils ; mais il ne put jamais pénétrer dans ce jardin clos, cette fontaine scellée comme l'appelle la Sainte Écriture.

Dieu se devait à lui-même de conserver inviolable ce sanctuaire réservé à son divin Fils. Cette volonté de Dieu, Marie l'embrasse pleinement. Elle ne laisse perdre aucun des dons divins, se conservant dans une pureté parfaite. Encore enfant, éclairée par le Saint-Esprit, elle consacre sa virginité au. Seigneur. Ceci explique sa perplexité au jour de l'Annonciation. Pendant des siècles les Patriarches avaient soupiré après le Messie, les justes imploraient sa venue par d'ardentes supplications, le monde en avait besoin pour être régénéré, mais le grand mystère est différé jusqu'au moment où, assurée de conserver sa virginité, Marie prononce son Fiat.

« O Vierge sage, Vierge prudente, s'écrie saint Bernard, où donc avez-vous appris que Dieu. aimait les vierges ? Quelles lois, quels préceptes, quelle page de l'Ancien Testament vous a prescrit, conseillé, engagé à ne pas vivre selon la chair dans la chair et à mener la vie des anges sur la terre ? Où avez-vous lu, bienheureuse Vierge, que la sagesse de la chair est mort et qu'il ne faut point prendre de la chair un. soin qui aille jusqu'à contenter tous ses désirs ? » (Œuvres complètes, Vol. II, p. 752).

C'est en raison de la foi de l'Église en la perpétuelle pureté de Marie que, parmi les noms donnés a Notre-Dame, le plus populaire, devenu en quelque sorte son nom propre, est celui de Vierge. On a même éprouvé le besoin de renchérir sur ce titre, la nommant aussi la très sainte Vierge, pour indiquer le suprême degré de pureté auquel elle est parvenue ; la toujours Vierge Marie (semper Virgo), pour mieux affirmer qu'en aucun instant de sa vie elle n'a cessé de l'être et la Vierge des Vierges, pour signifier qu'en pureté elle est au-dessus de tous les hommes et même au-dessus des Anges. A ces titres les Litanies laurétanes ajoutent ceux de Mère très pure, Mère très chaste, Mère sans tache, Reine des Vierges, également à la gloire de sa suréminente pureté.

Marie, modèle de pureté, veut voir ses enfants pratiquer la belle vertu. Innombrables sont les âmes qui, grâce à son secours, sont restées chastes ou ont triomphé de mauvaises habitudes. Son exemple a suscité, à toutes les époques, des associations, des confréries, des ordres religieux, des légions d'imitateurs qui, la proclamant leur Reine ont marché à sa suite sous l'étendard de la virginité. Nous avons l'honneur et le bonheur d'être de ce nombre par notre vœu de chasteté. Les païens, ignorant la Toute-Puissance divine, n'arrivaient pas à comprendre un enfantement virginal. Si certains impies de nos jours refusent de croire à la chasteté sacerdotale et religieuse, c'est qu'ils s'obstinent à nier la surnaturelle intervention de Marie faisant épanouir des lis dans la fange d'un monde corrompu.

Le beau a la propriété d'élever. Aussi, lorsqu'un artiste s'est livré à l'étude et à la contemplation des chefs-d’œuvre n'éprouve-t-il que du dégoût pour les vulgarités. Or, Marie, par sa pureté sans tache, est la beauté par excellence : « Vous êtes toute belle, ô Marie, et la tache originelle n'est point en vous » ; c'est pourquoi, quiconque la contemple se sent porté à ce qui est noble et digne de sa condition d'enfant de Dieu. Ce n'est qu'à grand-peine que la Rome païenne pouvait, moyennant des honneurs et des richesses, réunir quelques vestales dont le célibat n'était cependant que temporaire, tandis que, grâce à la bienfaisante influence de Marie, l'Église a toujours présenté des phalanges d'âmes chastes, non seulement dans la vie religieuse, mais encore dans le monde.

Aimons la pureté comme Marie l'a aimée, c'est-à-dire « de toute l'affection de notre âme » (Règles. Art. 147). Selon saint Thomas de Villeneuve, l'âme de Marie était tellement absorbée dans les choses du ciel qu'elle n'était pas troublée par celles de la terre. Imitons son recueillement et sa modestie angéliques. Comme Marie, fermons nos oreilles aux appels du monde et méprisons les suggestions du démon afin de mieux entendre l'invitation divine demandant notre cœur.

Que de fois, le regard plein d'amour d'une mère, ou même son simple souvenir, a préservé du mal un enfant exposé aux plus grands dangers ! De même, nous rappeler que nous sommes les enfants d'une mère très pure qui veille sur nous avec sollicitude, exercera une influence salutaire sur notre conduite et nous soutiendra dans nos luttes intimes.

Connaissant notre faiblesse et l'acharnement du démon, pour nous conserver chastes, recourons à Marie avec une entière confiance. L'Église nous y invite. La liturgie et les manuels de piété contiennent des prières spéciales pour demander la pureté à cette Bonne Mère. Nommons surtout la pratique des trois Ave Maria, matin et soir, la prière dite efficace : Ô ma Souveraine, Ô ma Mère, qui constitue également une très belle consécration à la Sainte Vierge ; l'Inviolata qui est, à la fois, louange à Marie et supplication pour obtenir la chasteté. Saint Bernard nous engage en ces termes à recourir à Marie : « Quand les fureurs de la tentation se déchaîneront contre vous, quand vous serez assaillis par les tribulations, et poussés vers les écueils, regardez Marie ! invoquez Marie. :… Si les tentations de la chair assaillent votre esquif, regardez Marie ! » (Œuvres, Vol. II, p. 747).

Les Constitutions nous signalent comme premier moyen d'obtenir et de conserver la sainte vertu, « de la demander tous les jours à Dieu par l'intercession de la Sainte Vierge » (Art. 52). Elles nous prescrivent également le jeûne du samedi et des prières particulières pour obtenir, par l'intercession de la Reine des Vierges, la sainte vertu de pureté » (Art. 53). C'est dans ce but que chaque samedi nous récitons les Litanies de la Sainte Vierge précédées de l'invocation : « Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. »

Dans la plupart des Provinces que j'ai visitées j'ai été édifié par leur fidélité au jeûne du samedi. Il est pratiqué même par la jeunesse en formation tout au moins par la privation de dessert au goûter. C'est un sacrifice accepté joyeusement. Que ne ferait-on pas pour la Sainte Vierge quand on l'aime comme la meilleure des mères et à l'âge par excellence de la générosité, surtout si, par leurs paroles et leur exemple, les maîtres savent l'inspirer à leurs disciples ! Ne serait-ce pas étrange que nous omettions l'unique pratique extérieure de mortification inscrite dans nos Règles ?

L'efficacité de la dévotion à la Sainte Vierge, particulièrement sur le point qui nous occupe, s'explique par l'inimitié établie par Dieu entre le démon et la. femme. Satan s'acharnant à vouloir perdre les âmes, Marie ne cesse pas non plus de se faire leur force et leur défense.

Il n'est pas rare, mes bien chers Frères, qu'après un accident ou un combat, les blessés appellent instinctivement à leur secours l'être pour eux le plus cher, leur mère. Celle-ci est trop loin pour les entendre, mais son image semble se présenter à eux tout naturellement. Habituons-nous à recourir si fréquemment à Marie en toute occasion, que dans les dangers nous l'appelions aussitôt à notre secours. A la différence des mères de la terre, elle n'est jamais loin de ses enfants ; du haut du ciel elle voit nos luttes et, aussitôt que nous l'invoquons, elle accourt dissiper nos tentations et nous apporter calme et confiance. Elle ne permettra pas que notre prudence sommeille ni que la malice de l'ennemi vienne à bout de notre résistance.

Il nous sera également utile, en tant qu'éducateurs de la jeunesse, de voir en Marie le modèle et le soutien de notre vertu et de celle de nos élèves. S'il fallait que Marie fût chaste pour être digne de donner au monde le Sauveur et guider ses premiers pas, nous devons l'être nous-mêmes pour donner Jésus aux enfants. La pureté fit du cœur de Marie un cœur très aimant, nous n'aimerons nous-mêmes véritablement nos élèves que si nous savons respecter parfaitement leur innocence et éviter, dans nos rapports avec eux, toute concession à la sensualité.

D'autre part, n'écoutons pas des moralistes aventureux qui prétendent former les jeunes gens à la vertu en leur montrant la laideur et les tristes conséquences du vice au moyen de films, de conférences, de visites aux hôpitaux, et pensent les préserver, par les sports, l'hygiène, le travail acharné, l'exposé minutieux des avantages de la pureté, etc. … Certains de ces moyens naturels sont utiles et bienfaisants, d'autres peuvent être dangereux et nuisibles provoquant le mal même qu'on prétendait éviter ou corriger. Sans doute la formation et l'exercice viril de la volonté sont-ils indispensables pour la conservation de la chasteté, niais, comme il s'agit d'une vertu chrétienne les meilleurs préservatifs ne sauraient être efficaces si l'on néglige les moyens surnaturels. Une longue expérience a établi qu'avec la confession, la réception fréquente de la sainte Eucharistie, une place de choix revient à une dévotion filiale envers la Très Sainte Vierge. Montrons donc Marie à nos élèves comme un modèle admirable et imitable ; comme l'étoile, signe d'espérance et de joie, au milieu des tempêtes de la vie, comme le phare qui leur signalera le port où leur vertu sera en sûreté.

Quand nous voyons briller sur leurs fronts la candeur de l'innocence, nous ne pouvons nous empêcher de craindre pour eux les dangers où tant d'autres ont succombé. Qui les préservera de ce triste naufrage ? Marie, la « Mère du Bel Amour » qui captive les cœurs sans les troubler et les détourne des affections déréglées. L'enfant est, d'instinct, porté à partager les pensées et les sentiments de sa mère, il ajoute foi à tout ce qu'elle lui dit parce qu'elle occupe la première place dans son cœur. Si donc nous parvenons à faire voir à nos élèves, en la Très Sainte Vierge, la meilleure des mères, ils estimeront et aimeront comme elle la pureté.

Devenus adolescents, ils chercheront une amitié, quelqu'un à qui témoigner leur affection, à qui s'ouvrir pour dire leurs peines et soucis, pour demander conseil. Apprenons-leur que tout cela ils le trouveront d'une façon idéale en Marie sans craindre les amères déceptions où aboutissent tant d'amitiés humaines. C'est quand des signes évidents indiquent que les adolescents passent par une crise sentimentale, qu'il faut surtout s'efforcer de leur inspirer une filiale confiance en la Sainte Vierge. Disons-leur que par Elle, leur volonté faible et chancelante trouvera la grâce pour pratiquer la vertu, résister au mal et se relever s'ils ont eu le malheur de tomber. Insistons pour qu'ils aient leur chapelet et le récitent pieusement, aussi bien en temps de vacances qu'en temps de classe ; qu'ils portent le saint scapulaire ou la médaille qui le remplace ; qu'ils communient aux fêtes de la Sainte Vierge ; qu'ils sachent les principales prières qui lui sont adressées ; qu'ils acquièrent l'heureuse habitude de se consacrer à Elle en se levant et en se couchant ; qu'ils invoquent Marie dans tous leurs besoins et leurs dangers, en particulier au moment de la tentation ; qu'ils s'inscrivent dans quelqu'une des associations de persévérance établies en son honneur. Quoique ces pratiques, et autres semblables, ne soient pas la dévotion, elles sont indispensables pour l'alimenter !nais il faut qu'elles deviennent naturelles à nos élèves car la dévotion à Marie est, avant tout, un esprit, une mentalité, une attitude d'âme : celle d'un fils envers sa mère.

Peut-être, malgré les bons principes reçus, nos élèves s'écarteront-ils, pour un temps, du devoir ut cours de leur vie, mais ils le feront, comme dit Lacordaire, en décrivant une courbe rentrante qui, tôt ou tard, les ramènera au point de départ, car l'homme peut tout oublier, mais il n'oublie jamais complètement sa mère. S'il la perd, il se produit en son cœur un vide qui ne se comble jamais entièrement : ; après avoir vécu de sa présence il vit encore de son souvenir. Il se passe quelque chose de semblable pour celui qui, ayant connu sa Mère du ciel, s'en éloigne ; il ne peut jamais l'oublier tout à fait et l'amour et le souvenir de cette tendre mère finissent par le ramener au devoir. C'est ainsi que beaucoup d'égarés qui ont retrouvé la foi pourraient dire avec un grand converti du siècle dernier : « Je n'aurais jamais osé revenir à Dieu si je n'avais connu la Sainte Vierge » (François COPPÉE).

Une vieille légende raconte que saint Vincent Ferrier prêchait à la Corogne (Espagne) devant l'église collégiale dont le portail était surmonté d'une statue de la Sainte Vierge. Plein d'indignation devant l'insensibilité de ses auditeurs, il dit : « Si vous ne vous convertissez pas, un jour viendra où la ville sera détruite et les poissons prendront leurs ébats sur cette place. » Mais voilà que soudain la statue s'anime et réplique : « Vincent, cela n'arrivera pas tant que je serai ici. » Une âme ne saurait non plus être submergée par le vice, ni se perdre, tant que la Sainte Vierge y occupe une place de choix ; faisons tout ce qui dépend de nous pour lui donner cette place dans le cœur de nos élèves.

Résumons ainsi le rôle de Marie dans la protection de la belle vertu : Elle est « l'Étoile du matin » qui montre la voie à suivre pour ne pas se laisser égarer par les attraits du péché. Elle est « l'ombre salutaire » qui offre un refuge bienfaisant à ceux que brûle le feu de la concupiscence. Elle sera « le repos du soir » pour ceux que de longs combats n'auront pas découragés. Par conséquent, à tout âge, cherchons avec confiance asile et protection sous son manteau maternel.

Essayons de donner ces convictions à nos élèves car : « L'expérience enseigne que les âmes les plus dévotes de la Sainte Vierge sont également les plus pures » (V. Père CHAMPAGNAT). 

IV. Rôle efficace de la connaissance et de l'amour de la Sainte Vierge

dans l'éducation chrétienne de la jeunesse.

 Où et comment, diront peut-être certains, donner à nos élèves cette doctrine et leur inculquer ces sentiments envers Marie ? La Règle leur répond en ces termes : « Dans leurs catéchismes, ils saisiront avec empressement toutes les occasions qui se présenteront de parler de la Sainte Vierge ; en outre, ils feront chaque semaine, et le samedi, autant que possible, un catéchisme spécial sur ce sujet » (Art.50). Cette prescription est suivie de l'énumération des principaux points auxquels nous devons nous attacher dans nos instructions mariales.

Peut-il y avoir pour un Petit Frère de Marie d'obligation plus douce que de parler de sa Mère du ciel ? Est-il sujet plus captivant pour les élèves ? Quand on voit des hommes s'imposer les plus grands sacrifices pour propager une doctrine même erronée, comment un Frère pourrait-il plaindre son temps et sa peine pour répandre une dévotion si excellente et si bienfaisante ? Aimerait-il sincèrement la Sainte Vierge ? Serait-il fidèle à sa vocation, à son idéal mariste ? Ne se priverait-il pas de bien des grâces et ne renoncerait-il pas à un des meilleurs moyens d'apostolat ?

Le Vénérable Père Champagnat écrivait à ce propos à un Frère Directeur : « Voulez-vous que Dieu bénisse votre école, qu'il répande sur vous et vos Frères l'esprit de piété ? Inspirez à vos élèves la dévotion à la Sainte Vierge. » « Si vous avez du zèle pour faire honorer Marie, écrivait-il à on autre Frère, vous triompherez des tentations qui vous poursuivent, vous persévérerez dans votre belle vocation, vous serez heureux et la Sainte Vierge vous accordera des grâces particulières. Si elle est pleine de bonté pour tous les hommes, combien sera-t-elle plus miséricordieuse à l'égard de ceux qui, non contents de la servir, travaillent encore à la faire aimer et honorer des autres. »

N'alléguons pas, pour négliger ou omettre cet enseignement, que nos élèves, surtout les plus grands, ont entendu tellement parler de la Sainte Vierge pendant les années passées dans nos classes, qu'il est difficile de réveiller leur intérêt. Si nous-mêmes nous écoutons volontiers parler de notre Mère du ciel, si des lectures entendues bien des fois nous charment encore, nos élèves non plus ne se fatigueront pas d'entendre parler de Notre-Dame. Tout ce que nous leur dirons à son sujet leur plaira si nous parlons avec conviction ; si, parce que nous aimons la Sainte Vierge, cet amour transparaît dans nos paroles. D'autre part, si de fréquentes répétitions et des programmes de plus en plus développés, sont indispensables pour les matières profanes, n'en va-t-il pas de même pour les connaissances religieuses ? Craignons, si nous négligeons ces dernières, de les faire sous-estimer par nos élèves et de créer chez eux un déséquilibre préjudiciable à leur formation chrétienne. On ne saurait trop insister sur la nécessité de donner un enseignement de la religion et donc de la doctrine mariale, qui tienne compte du développement intellectuel des élèves et de la culture générale que supposent les programmes des disciplines dites profanes. Laisser la religion au stade primaire alors que sont amorcées des études profanes secondaires ou supérieures, ce serait exposer la foi des élèves à de graves objections.

Ne perdons pas de vue non plus que dans tous les sujets de catéchisme que nous traitons et, par conséquent, quand nous parlons de la Sainte Vierge nous devons nous adresser à la fois au cœur et à l'intelligence. Surtout au cœur, à la sensibilité, pour les jeunes élèves ; davantage à l'intelligence, à la raison, sans négliger le cœur, à mesure qu'ils grandissent.

Ce sont les vérités dogmatiques qui soutiennent tout l'édifice marial ; aussi devons-nous toujours lés présenter comme fondement et motif des pratiques de vertu que nous proposons. Mais il est important qu'à une doctrine sûre et abondante, nous joignions beaucoup d'onction. Nous serons ainsi plus à rhème d'exciter chez les élèves un grand amour qui les rende généreux pour accepter les sacrifices qu'exige la fidélité au devoir, car, à tout âge, on ne fait rien de mieux que ce qu'on aime C'est pourquoi l'Église nous fait demander au Saint-Esprit, non seulement d'éclairer notre intelligence, mais encore d'embraser nos cœurs. La lumière ouvre la voie à la grâce et l'amour couronne, rend efficace son action dans les âmes.

Il ne doit donc jamais y avoir divorce entre la tète et le cœur, « l'idée doit se faire sentiment, dit Aristote, pour remuer la volonté. » «La vérité d'un sujet, malgré la logique la plus sévère, ajoute Tihamer Toth, ne suffit pas à influencer la volonté et la sensibilité des auditeurs   L'homme actuel est plus sensible aux preuves historiques et psychologiques qu'à une démonstration logique. On prend plus facilement cet homme par le cœur que par la raison et si nous gagnons son cœur, son esprit est également à nous » (Dieu et la Providence. p. 15).

Des hommes qui occupent des positions importantes ont déclaré : «Les catéchismes sur la Sainte Vierge constituent mon meilleur souvenir d'école. » Le Bulletin de l'Institut, de mai dernier, a cité le cas du Docteur Robles, ancien élève, délégué du Mexique à l'UNESCO ; celui de Mgr Arquillière. ancien élève également et doyen de la Faculté de Théologie de l'Institut Catholique de Paris. Il y a quelque temps, le Supérieur d'aune maison de Salésiens disait à des Frères Assistants : « J'ai eu le Frère Landolphe comme professeur à Antibes, il y a cinquante ans, c'était un maître accompli, mais ce qui m'est resté le mieux gravé, ce sont ses catéchismes du samedi sur la Sainte Vierge ». Un témoignage semblable a été rendu sur ce vénéré catéchiste de Marie, par le chanoine Roux, de Nice, qui a réclamé sa notice nécrologique.

M. Eduardo Aunós, ancien Ministre, ancien Ambassadeur d'Espagne et Président du Tribunal des Comptes de la Nation, écrit de ses anciens maîtres

« … Mais la marque profonde, la sillon indélébile. creusé dans notre âme, ils l'ont fait par ces catéchismes inoubliables, base d'une formation religieuse solide et définitive, et par-dessus tout, par cette tendre dévotion à la Très Sainte Vierge qui constitue le lien le plus étroit qui unit les anciens élèves entre eux et à leurs maîtres… »

Un professeur d'Université chargé, en Colombie, de faire le discours de distribution des prix à son Alma Mater, exalta le rôle que jouent dans notre pédagogie le catéchisme hebdomadaire sur la Sainte Vierge et la célébration solennelle du mois de Marie. II revint sur ce même thème, il y a trois ans, dans une. réunion d'anciens élèves.

A l'occasion d'une enquête faite en Argentine, parmi nos anciens élèves leur demandant d'exprimer franchement leur opinion sur notre enseignement religieux, l'un d'entre eux écrivait : « Une dame qui a eu cinq enfants dans vos écoles m'a dit, avec reconnaissance : « Ce que les Frères savent le mieux inculquer à leurs disciples, c'est la dévotion à la Sainte Vierge que rien ne saurait remplacer dans l'éducation d'un jeune homme. »

Quelque temps après que d'autres religieux nous eurent remplacés à Roberval, Canada (1938), le Supérieur de cette école, rencontrant un de nos Frères, lui raconta les faits suivants : « Les élèves nous disent souvent : « Quelle est votre dévotion particulière à vous ? Les Frères Maristes avaient une grande dévotion à la Sainte Vierge et s'efforçaient de nous la faire aimer. Pourquoi ne nous faites-vous pas le catéchisme sur la Sainte Vierge comme les Frères Maristes nous le faisaient chaque semaine ? nous aimions tant cela. » Et le Père ajoutait : « Qu'est-ce que ce catéchisme sur la Sainte Vierge ? Pourriez-vous m'expliquer comment vous procédiez afin que nous puissions faire comme vous ?

Après avoir reçu les explications sollicitées, le Père demanda : « Avez-vous quelque livre qui puisse nous aider dans la préparation de ce catéchisme ? » Le Frère indiqua : Marie enseignée à la Jeunesse.

Un des professeurs disait peu après : « Le R. P. Supérieur nous a demandé de faire chaque semaine un catéchisme sur la Sainte Vierge. Depuis ce temps nous continuons la tradition et les élèves en sont tout heureux. »

Bon nombre d'entre vous ont probablement entendu des témoignages semblables. Il serait édifiant de les faire connaître autour de soi, afin de mettre davantage en relief l'importance, je dirai la gravité, du devoir qui nous incombe de bien donner l'enseignement marial. J'ajouterai encore un trait qui, bien que pris en dehors de chez nous, me paraît fort instructif : « Un des grands chefs de la première guerre mondiale, le Maréchal Fayolle, visitait à Saint-Étienne, avec son fils et quelques officiers, son ancienne école dirigée par les Pères Jésuites. Soudain il s'arrête à une des salles et dit à ceux qui l'accompagnaient : « C'est ici la salle qui me rappelle le plus touchant souvenir, savez-vous pourquoi ? C'est peut-être, Monsieur le Maréchal, parce que c'est ici que le R. R X. donnait ses excellentes leçons de mathématiques qui préparaient votre admission à l'École militaire. Non, vous n'y êtes pas ; j'aime cette salle, entre toutes, parce que c'est ici que se réunissaient les membres de la Congrégation de la Sainte Vierge ; c'est ici que j'ai appris à connaître et à aimer Marie et depuis lors, le livre d'Auguste Nicolas : La Vierge dans le plan divin, n'abandonne jamais mon bureau de travail ; n'est-ce pas vrai, mon fils ? »

L'Église prête à la Sainte Vierge ces paroles de la Sagesse : « Ceux qui me mettent en lumière auront la vie éternelle. » Cette promesse n'est-elle pas un puissant stimulant pour notre zèle ? Quel accueil plein d'amour ne nous réservera pas Notre-Dame si elle peut nous dire : «Mon fils, tu as bien parlé de moi ; en secondant, par ton zèle, l'action de la grâce, tu as contribué à m'établir reine de bien des cœurs où voulaient s'introniser des idoles de chair ou de boue ; nombreuses sont les âmes qui ont ainsi obtenu l'éternelle félicité ou se maintiennent fidèles à leurs devoirs de chrétiens malgré tous les assauts du monde et de l'enfer !

Mais un cœur aimant a-t-il besoin de l'espoir de récompenses pour parler de sa Mère du ciel ? L'amour vrai n'est-il pas naturellement désintéressé ? Ne trouve-t-il pas son bonheur à faire partager ses sentiments ?

Que toutes ces considérations, mes bien chers Frères, nous engagent à marquer l'année mariale par un plus grand soin à faire connaître et aimer la. Sainte Vierge. Si nos instructions sont bien préparées et bien données, non seulement elles seront profitables à nos élèves, mais elles nous obtiendront des grâces spéciales de sanctification personnelle. 

 Lettre-Encyclique "Fulgens Corona"

 A nos Vénérables Frères les patriarches, primats,

archevêques, évêques et autres Ordinaires en paix et communion avec

le Siège apostolique.

 PIUS XII PAPE

VÉNÉRABLES FRÈRES,

SALUT ET BÉNÉDICTION APOSTOLIQUE.

 La lumineuse couronne de gloire dont Dieu a ceint le front très pur de la Vierge Mère de Dieu resplendit davantage, Nous semble-t-il, lorsque Nous Nous reportons par la pensée au jour où, voici cent ans, Notre Prédécesseur d'heureuse mémoire, Pie IX, entouré d'un nombre imposant de cardinaux et d'évêques, déclara, prononça et définit solennellement, dans son autorité apostolique infaillible, que « la doctrine selon laquelle la Bienheureuse Vierge Marie a été, dès le premier instant de sa conception, par une grâce et un privilège singuliers du Dieu tout-puissant et en prévision des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée et : exempte de toute tache du péché originel, est une doctrine révélée par Dieu et qu'elle doit en conséquence être crue fermement et. inviolablement par tons les fidèles » (Bulle dogmatique Ineffabilis Deus, du 8 décembre 1854).

L'oracle du Pontife fut accueilli avec joie par l'univers catholique, qui, depuis longtemps, l'attendait avec impatience. Il fut à l'origine d'un accroissement de la dévotion des fidèles pour la Sainte Vierge, source féconde entre toutes des renouveaux de la vie chrétienne. En même temps, les travaux qui devaient, mettre dans une plus vive lumière la dignité et la sainteté de la Mère de Dieu connaissaient un. nouvel essor.

Il semble que la Bienheureuse Vierge Marie elle-même, ait voulu en quelque sorte confirmer par un prodige la. sentence que le Vicaire sur terre de son divin Fils avait prononcée aux applaudissements de l'Église entière.

Quatre ans, en effet, ne s'étaient pas encore écoulés que, dans un village de France, aux pieds des Pyrénées,. une enfant simple et innocente voyait, à la Grotte de Massabielle, la Sainte Vierge lui apparaître. La Vierge avait un aspect juvénile et affable ; elle était vêtue d'une robe et d'un manteau blancs et portait une ceinture bleue. A l'enfant qui demandait instamment à connaître le nom de Celle qui avait daigné se montrer à elle, Celle-ci répondait, levant les yeux au ciel et souriant doucement : « Je suis l'Immaculée Conception.

Les fidèles saisirent parfaitement la portée de l'événement, et, accourant innombrables de toutes les parties du monde en pèlerinage à la Grotte de Lourdes, ils ravivèrent leur foi, enflammèrent leur piété et s'efforcèrent de conformer leur vie aux préceptes du christianisme. Et en ce même lieu ils obtinrent aussi, à maintes reprises, par leurs prières, des faits miraculeux propres à susciter l'étonnement général et à confirmer que la religion catholique est bien la seule que Dieu ait donnée aux hommes et, qu'il approuve.

C'est ce que comprirent éminemment, comme il était  naturel, les Pontifes romains, qui enrichirent de faveurs spirituelles et comblèrent de leur bienveillance le temple magnifique élevé en l'espace de quelques années par la piété du clergé et du peuple chrétien. 

I. Le dogme de l'immaculée-Conception.

 En définissant, par la Lettre apostolique citée plus haut, ce point de la doctrine chrétienne comme devant être cru fermement et fidèlement par tous les chrétiens, Notre Prédécesseur ne fit que recueillir diligemment et consacrer par son autorité la voix des Pères et de toute l'Église, telle que, depuis les premiers âges, les siècles la lui avaient transmise.

Le fondement de cette doctrine se trouve d'abord dans les Saintes Écritures elles-mêmes. Après la malheureuse chute d'Adam, Dieu, Créateur de toutes choses, s'adresse au serpent tentateur et corrupteur par ces mots, que plusieurs Pères et Docteurs de l'Église, ainsi que de nombreux interprètes autorisés, appliquent à la Vierge, Mère de Dieu : « Je placerai des inimitiés entre loi et la femme, entre ta postérité et la sienne » (Gen., 15). Car si, à un moment donné, la Bienheureuse Vierge Marie était restée privée de la grâce divine, parce que, souillée dans sa conception par la tache héréditaire du péché, il y aurait eu entre elle et le serpent du moins pendant cet espace de temps, si court qu'il eût été,  non pas l'éternelle inimitié dont il est fait mention depuis la tradition primitive jusqu'à la définition solennelle de l'Immaculée Conception de la Vierge, mals bien plutôt un certain asservissement.

En outre, les termes « pleine de grâce » (Luc, 5, 28) ou хεχαριτωπένη et «bénie entre les femmes» (Ibid.,42), par lesquels est saluée la Très Sainte Vierge, insinuent clairement – et la tradition, catholique l'a toujours compris ainsi – que par cette solennelle salutation, salutation singulière et inouïe jusque-là, la Mère de Dieu nous était montrée comme le siège de toutes les grâces divines, comme ornée de toutes les faveurs de l'Esprit divin ; bien plus, elle apparaissait comme un trésor presque infini de ces mêmes faveurs, comme un abîme insondable de grâces, de sorte que jamais elle n'avait été soumise à la malédiction » (Bulle Ineffabilis Deus).

Cette doctrine, dès l'Église primitive et sans aucune contestation, fut clairement enseignée par les Pères. Ils affirmèrent que la Bienheureuse Vierge avait été un lis entre les épines, une terre entièrement intacte, immaculée, toujours bénie, libre de toute contagion du péché, un bois incorruptible, une source toujours limpide, la seule et unique fille, non de la mort, mais de la vie, un germe non de colère, mais de grâce ; immaculée, absolument immaculée, sainte et éloignée de toute souillure de péché, plus belle que la beauté, plus sainte que la sainteté, seule sainte, celle qui – Dieu seul excepté – est supérieure à tous et qui par nature est plus belle, plus gracieuse et plus sainte que les chérubins et les séraphins eux-mêmes et toute l'armée des anges (Ibid., passim).

Si l'on considère avec soin, comme il convient, ces louanges de la Bienheureuse Vierge Marie, qui oserait douter que Celle qui est plus pure que les anges et a été pure en tout temps (Cf. ibidem) n'ait été à tous les instants de sa vie, même le plus bref, exempte de toute espèce de souillure du péché ? C'est donc à juste titre que saint Éphrem s'adresse en ces termes à son divin Fils : « En vérité vous-même et votre Mère êtes les seuls qui soyez à tous égards d'une parfaite beauté. Car ni en vous, Seigneur, ni en votre Mère, il n'y a la moindre souillure » (Carmina Nisibena, ed. Bickell, 123). Il ressort clairement de ces paroles que, parmi tous les saints et toutes les saintes, il n'en est qu'une seule dont on puisse affirmer qu'il ne saurait être question d'elle, quel que soit le péché dont on parle. 

LA MÈRE DE DIEU DEVAIT ÊTRE TOUTE PURE.

 Au surplus, ce privilège unique, accordé à nul autre, elle l'obtint de Dieu au titre de son élévation à la dignité de Mère de Dieu. En effet, cette mission sublime, solennellement affirmée et définie au Concile d'Éphèse contre l'hérésie nestorienne (Cf. Pius XI, Enc. Lux veritatis, A. A. S., vol. XXIII, p. 493 sq.) et dont il ne semble pas qu'on puisse en concevoir de plus haute, postule la plénitude de la grâce divine et une âme exempte de toute tache, étant donné qu'elle requiert la dignité et la sainteté les plus élevées après celles du Christ. Bien plutôt, de cette mission sublime de Mère de Dieu semblent découler, comme d'une source cachée et très pure, tous les privilèges et toutes les grâces qui ornent son âme et sa vie à un titre suréminent. Comme le déclare, en effet, justement saint Thomas d'Aquin : « La Bienheureuse Vierge, du fait qu'elle est Mère de Dieu, possède une dignité en quelque sorte infinie à cause du bien infini qu'est Dieu » (Cf. Summa Th., i, q. XXV, a. 6, ad 4um). Et un auteur célèbre développe et explique la même pensée en ces termes : « La Bienheureuse Vierge… est Mère de Dieu ; donc elle est tellement pure et tellement sainte qu'après celle de Dieu on ne peut concevoir une pureté plus grande » (CORN. LAPIDE. in Matth., I, 16).

Du reste, pensons attentivement et considérons en particulier l'amour très ardent et très doux que Dieu porta et porte sans nul doute à la Mère de son Fils unique. Comment, dès lors, imaginer qu'elle ait été, ne fût-ce qu'un instant, sujette au péché et privée de la grâce divine ? Dieu, certes, pouvait, en prévision des mérites du Rédempteur, l'enrichir de cet exceptionnel privilège. Qu'il ne l'ait donc pas fait, nous ne saurions même le penser. Il convenait à la Mère du Rédempteur d'être le plus possible digne de lui ; mais elle ne l'aurait pas été si la souillure du péché originel l'avait, encore. qu'au seul premier instant de sa conception, rendue sujette à la sinistre domination de Satan.

On ne peut pas dire pour autant que la Rédemption du Christ s'en trouve diminuée, comme si elle ne s'étendait plus à toute la descendance d'Adam et que, de ce fait, on retirât quelque chose à la mission et à la dignité du divin Rédempteur lui-même, Si l'on scrute la question à fond et attentivement, on voit aisément que le Christ Notre-Seigneur a, en réalité, opéré de façon très parfaite la Rédemption de sa divine Mère. Car c'est en prévision de ses mérites qu'elle fut préservée par Dieu de toute souillure héréditaire du péché. Aussi bien la dignité infinie de Jésus-Christ et son œuvre d'universelle Rédemption ne sont ni amoindries ni atténuées par ce point de doctrine ; elles sont bien plutôt exaltées au plus haut point.     

C'est donc sans fondement que nombre de non-catholiques et de novateurs accusent ou critiquent notre dévotion envers la Vierge, Mère de Dieu, comme si nous retranchions quelque chose au culte qui n'est dû qu'à Dieu et à Jésus-Christ. Tout au contraire, tout honneur et toute vénération accordés à notre Mère céleste viennent sans nul doute rehausser la gloire de son divin Fils. N'est-ce pas de lui que dérivent, comme de leur première source, toutes les grâces et tous les dons, même les plus hauts, et, au surplus, « ne sont-ce pas les parents qui sont la gloire de leurs enfants ? » (Prov., XVII, 6). 

PERMANENCE ET UNIVERSALITÉ DE LA CROYANCE.

 C'est pourquoi, dès les origines de l'Église, ce point de doctrine fut mis chaque jour davantage en lumière et chaque jour il se répandit plus largement, tant parmi les pasteurs que dans l'esprit et le cœur du peuple chrétien. C'est ce qu'attestent, Nous l'avons dit, les écrits des Saints Pères ; c'est ce qu'attestent les Conciles et les Actes des Pontifes romains ; c'est ce qu'attestent enfin, les très anciennes liturgies où cette fête figure dans les livres saints, même les plus antiques, comme une tradition reçue des anciens.

Au surplus, même dans tout : es les communautés des chrétiens d'Orient, qui depuis longtemps se sont séparées de l'unité catholique de l'Église, il se trouva et il se trouve encore des hommes qui malgré leurs préjugés et leurs opinions contraires, ont embrassé cette doctrine et célèbrent chaque année la fête de la Vierge Immaculée ; or, il n'en serait certainement pas ainsi si ces communautés ne l'avaient pas reçue dès les temps anciens, avant qu'elles se soient retranchées de l'unique bercail.

Il Nous plaît donc, un siècle après la solennelle définition par le Pape Pie IX, d'immortelle mémoire, de ce privilège singulier de la Vierge Mère de Dieu, de résumer et de conclure la cause entière en affirmant, avec le même Pontife, que cette doctrine, « est, au jugement des Pères, consignée dans les Saintes Écritures, qu'elle est par eux professée en de nombreux et imposants témoignages, qu'elle est exprimée et célébrée en d'illustres monuments d'une antiquité vénérable, qu'elle est proposée et confirmée par le suprême et si grave jugement de l'Église » (Bulle « Ineffabilis Deus »), en sorte que pour les pasteurs et l'ensemble des fidèles « rien n'est plus doux, rien n'est plus cher que d'honorer, de vénérer, d'invoquer et de prêcher partout, avec la plus grande ferveur, la Vierge Mère de Dieu conçue sans la tache originelle » (Ibidem). 

CENT ANS PLUS TARD.

 Or, il Nous semble que cette perle très précieuse, dont il y a cent ans, fut orné le saint diadème de la Bienheureuse Vierge Marie, brille aujourd'hui d'une lumière plus resplendissante, puisque, par un heureux dessein de la divine Providence, il Nous fut donné, au terme de l'Année jubilaire 1950 – Notre cœur en conserve le souvenir reconnaissant, – de définir que la Vénérable Mère de Dieu fut élevée au ciel en corps et en âme. Nous satisfaisions ainsi aux vœux du peuple chrétien qui déjà s'étaient manifestés de façon particulière lors de la solennelle définition de l'Immaculée Conception de la Vierge. Alors, en effet, comme Nous l'écrivions dans la Lettre apostolique Munificentissimus Deus, « les cœurs des fidèles furent remplis d'un plus grand espoir de voir également définir au plus tôt par le Suprême Magistère de l'Église le dogme de l'Assomption corporelle au ciel de la Vierge Marie » (A. A. S., vol. XXXV, p. 744).

Il semble donc que de ce fait tous les fidèles puissent de façon plus profonde et plus efficace tourner leur pensée et leur cœur vers ce mystère même de l'Immaculée Conception de la Vierge. Ces deux dogmes sont étroitement liés. Voilà pourquoi la solennelle promulgation et la mise en lumière de l'Assomption de la Vierge Marie au ciel  couronne et complément, peut-on dire, du premier privilège marial  ont eu pour effet de faire éclater avec plus de plénitude et de splendeur la sagesse et l'harmonie de cette admirable disposition divine, par laquelle Dieu a voulu que la Bienheureuse Vierge Marie soit exempte de toute souillure originelle.

Ces deux illustres privilèges dont fut dotée la Vierge, Mère de Dieu, jettent une lumière éclatante aussi bien sur l'origine que sur l'achèvement de sa course terrestre. A l'innocence parfaite de son cœur exempt de toute faute répond, avec une admirable convenance, la très complète « glorification » de son corps virginal : elle fut unie à son Fils unique dans la lutte contre la malice du serpent infernal ; elle participa à la gloire du triomphe sur le péché et ses tristes conséquences. 

II. Comment il nous faut célébrer l'Année mariale.

 Les fêtes de ce centenaire, toutefois, doivent non seulement ranimer dans tous les cœurs la foi catholique et une ardente dévotion envers la Vierge, Mère de Dieu, mais encore pousser les chrétiens à conformer le plus possible leur vie aux exemples de la Vierge.

Toutes les mères éprouvent une douce émotion à découvrir que le visage de leurs enfants reproduit par quelque ressemblance particulière leurs propres traits ; ainsi, Marie, notre très douce Mère, n'a pas de plus grand désir ni de plus grande joie que de voir ceux qu'aux pieds de la Croix de son Fils elle accueillit à sa place comme enfants exprimer dans leurs pensées, leurs paroles et leurs actions, sa physionomie spirituelle avec ses qualités. 

ENTENDRE LA PAROLE DE DIEU

ET LA METTRE EN PRATIQUE. 

Mais afin que cette piété, loin de se réduire à un vain mot, à une fausse apparence de religion ou à un sentiment superficiel et passager, soit sincère, vraie, efficace, elle doit, sans aucun doute nous inciter tous, chacun selon notre condition, à tendre à la vertu. Et tout d'abord, il faut qu'elle nous entraîne à une pureté et à une intégrité de mœurs qui nous fasse fuir et éviter jusqu'à la plus légère souillure du péché, puisque nous commémorons le mystère de la Très Sainte Vierge dont la conception fut immaculée et préservée de toute tache originelle.

Pendant tout le cours de son existence, soit dans les joies très douces qu'elle connut, soit dans les épreuves et les cruelles souffrances qui ont fait d'elle le Reine des martyrs, jamais la Bienheureuse Vierge Marie ne s'éloigna, fût-ce légèrement, des préceptes et des exemples de son divin Fils. Aussi semble-t-elle nous redire, à tous et à chacun de nous, les paroles qu'elle prononça durant les noces de Cana, en désignant Jésus-Christ aux serviteurs du banquet : « Tout ce qu'il vous dira, faites-le » (loan., II, 5).

Il semble qu'aujourd'hui la Vierge nous répète à tous cette même exhortation, en un sens certes plus large. En effet, la racine de tous les maux qui font souffrir si cruellement les hommes et mettent dans l'angoisse peuples et nations, est, de toute évidence, à chercher avant tout dans le fait qu'un grand nombre « ont abandonné Celui qui est la Source d'eau vive, pour se creuser des citernes crevassées, qui ne retiennent pas l'eau » (Jer., II, 13), qu'ils ont abandonné Celui qui seul est « la Voie, la Vérité et la Vie » (loan., II, 11).

Si donc on s'est trompé, il faut revenir dans le droit chemin ; si les ténèbres de l'erreur ont obscurci les esprits, il faut au plus vite les dissiper par la lumière de la vérité ; si la mort, la vraie mort, a pris possession des âmes, il faut, avec un désir ardent et efficace, s'approcher de la vie, de cette vie céleste qui ne connaît pas de déclin, parce qu'elle vient de Jésus-Christ. En suivant le Maître avec confiance et fidélité dans notre exil d'ici-bas, nous jouirons certainement avec lui dans les demeures éternelles d'une béatitude sans fin.

Tels sont les enseignements et les exhortations de la Bienheureuse Vierge Marie, notre très douce Mère, qui, plus que toutes les Mères de la terre assurément, nous aime d'une véritable amour. 

AUX GRANDS MAUX, LES VRAIS REMÈDES

 De ces exhortations et invitations à un retour général vers le Christ et à une vie généreusement et efficacement conforme à ses préceptes, les hommes ont, vous le savez, Vénérables Frères, le plus grand besoin aujourd'hui. Ils en ont d'autant plus besoin que des hommes s'efforcent d'arracher radicalement des âmes la foi chrétienne, tantôt par des menées cachées et insidieuses, tantôt même par une diffusion et une propagande ouverte et obstinée de leurs erreurs, qu'ils vantent impudemment comme l'honneur de ce siècle de progrès et de lumière.

Mais qui ne voit qu'à rejeter notre sainte religion, à nier la volonté de Dieu qui sanctionne le bien et le mal, les lois sont presque réduites à néant et l'autorité publique presque réduite à l'impuissance ? En outre, quand ces fausses doctrines ont fait perdre l'espérance des biens immortels, il est normal que les hommes soient poussés par leur nature à chercher avec une avidité sans mesure les biens terrestres, à désirer ardemment ceux d'autrui et parfois même, quand ils en trouvent l'occasion ou la possibilité, à s'en emparer par la force.

De là naissent entre les citoyens les haines, les jalousies, les discordes et les ressentiments ; de là, le désordre dans la vie publique et privée ; de là, l'ébranlement progressif des fondements mêmes de la société, qu'un recours à l'autorité des lois ou des magistrats a peine à contenir et à affermir ; de là enfin, de tous côtés, la décadence des mœurs entretenue par les mauvais spectacles, les mauvais livres, les mauvais journaux et par tant de crimes.

Nous ne nions pas qu'en ce domaine les gouvernants puissent faire beaucoup ; toutefois, la guérison de 'si grands maux est à chercher sans nul doute à un plan plus élevé ; il faut faire appel à l'aide d'une force plus qu'humaine qui illumine d'une clarté céleste les esprits eux-mêmes, qui atteigne les âmes elles-mêmes, les renouvelle par la grâce divine et, sous l'influence de celle-ci, les rende meilleures.

Alors seulement on pourra espérer que refleurisse partout la vie chrétienne ; que s'affirment dans toute leur vigueur les vrais principes, fondements de la société ; que s'établissent entre les classes sociales des liens de sincère estime mutuelle, fondée dans la justice et la charité ; que cessent les haines génératrices de nouvelles misères et propres à pousser parfois les cœurs exacerbés jusqu'à l'effusion du sang ; et qu'enfin, dans l'apaisement des conflits qui opposent les groupes de différent niveau social, les droits sacrés des parties en cause soient équitablement reconnus et puissent, d'un commun accord et dans le respect réciproque, être précisés et fixés pour le plus grand bien de tous. 

LE BUT DE CETTE ANNÉE MARIALE.

 Tout cela, sans nul doute, ne peut être obtenu de façon pleine et durable qu'à condition de mettre effectivement en pratique la loi chrétienne que la Vierge Marie, Mère de Dieu, nous incite tous à suivre avec une joyeuse ardeur.

Ce qu'ayant mûrement considéré, Nous vous invitons tous et chacun, Vénérables Frères, par cette Lettre encyclique, à exhorter, conformément à votre charge, le clergé et le peuple qui vous sont confiés à célébrer une Année mariale que Nous prescrivons pour le monde entier, du mois de décembre prochain jusqu'au même mois de l'année suivante.

A cette date, il y aura un siècle, en effet, qu'aux applaudissements du peuple chrétien la Vierge Marie, Mère de Dieu, était .ornée d'un nouveau joyau, quand, Nous le rappelions, Notre Prédécesseur d'immortelle mémoire, Pie IX, décrétait et confirmait solennellement qu'elle avait été absolument préservée de toute tache originelle. Nous sommes pleinement confiant que cette célébration mariale pourra donner ces fruits de salut si désirés, que nous attendons tous si vivement. 

CE QU'IL FAUT FAIRE.

 Pour réaliser plus facilement et heureusement ce but, Nous désirons que, dans chaque diocèse, soient données des instructions et des conférences qui éclairent plus parfaitement les esprits sur ce point de la doctrine chrétienne. Ainsi, la foi du peuple croîtra ; la dévotion envers la Vierge Marie chaque jour s'intensifiera, tous les chrétiens se mettront sur les traces de notre Mère céleste.

Et comme dans chaque ville, dans chaque bourg et village où le christianisme est florissant, il se trouve toujours quelque chapelle, ou tout au moins un autel, où l'image de la Bienheureuse Vierge Marie est exposée avec honneur à la vénération du peuple chrétien, Nous désirons, Vénérables Frères, que les fidèles s'y rendent le plus fréquemment possible et qu'ils fassent monter vers notre très douce Mère, non seulement leurs prières personnelles, mais d'un seul cœur et d'une seule voix, des supplications publiques. 

A LOURDES.

 Là où existe – comme c'est le cas de presque tous les diocèses – un sanctuaire où la Vierge Mère de Dieu est honorée d'un culte particulier, on conviera les pèlerins, à certains jours fixés dans l'année, pour y tenir publiquement de solennelles manifestations de leur commune foi et de leur commun amour envers la Très Sainte Vierge. C'est ce qui aura lieu tout particulièrement, Nous n'en doutons pas, à la Grotte de Lourdes, où la Bienheureuse Vierge conçue sans péché est vénérée avec une si fervente piété.

Que brille au premier rang l'exemple de la Ville Éternelle qui, dès les plus lointaines origines du christianisme, eut un culte particulier pour sa céleste Mère et Patronne. Il ne manque pas ici d'édifices sacrés, comme on le sait, où elle est proposée à la piété des Romains ; mais le plus remarquable est sans aucun doute la basilique Libérienne où resplendit encore la mosaïque de Notre Prédécesseur de pieuse mémoire, Sixte III, insigne monument à la gloire de la maternité divine de la Vierge Marie, et où sourit avec douceur l'image de la Vierge Salus populi romani. Que là surtout les habitants de Rome se rassemblent pour prier ; que devant cette image sacrée tous fassent monter leurs vœux, demandant avant tout que la Ville, centre de l'univers catholique, soit aussi pour tous maîtresse de foi, de piété, de sainteté. « Car – pour emprunter les paroles que vous adressait, Fils de Rome, Notre Prédécesseur saint Léon le Grand, – si l'Eglise entière répandue sur la terre doit briller de l'éclat de toutes les vertus, c'est à vous, entre tous les peuples, qu'il appartient d'exceller dans la piété, vous qui, établis sur le fondement même de la roche apostolique, avez été avec tous rachetés par Notre-Seigneur Jésus-Christ, et de préférence à tous instruits par le bienheureux apôtre Pierre. » (Serm. III, MIGNE, P. L., LIV, 147-148.) 

LES GRACES QU'IL NOUS FAUT DEMANDER

 Nombreuses sont les demandes que, dans les circonstances présentes, chacun doit adresser à la protection de la Vierge Bienheureuse, à son patronage, à sa puissance d'intercession.

Qu'on demande avant tout, Nous le disions, que chacun, avec le secours de la grâce divine, conforme chaque jour davantage sa propre conduite aux préceptes du christianisme : la foi sans les œuvres est morte (cf. Luc., II, 20, 26), et personne ne peut faire quoi que ce soit, comme il convient, pour le bien commun, s'il ne brille tout d'abord lui-même comme un exemple de vertu pour les autres.

Que tous demandent aussi avec insistance que la généreuse et bouillonnante jeunesse croisse saine et pure et ne se laisse pas contaminer par le soutire corrompu du siècle, ni affaiblir dans les vices la fleur resplendissante de son âge. Que sa passion sans frein et son ardeur impétueuse soient gouvernées par une sage modération et que, se détournant de toutes les embûches, elles ne se portent pas vers les choses mauvaises et nuisibles, mais s'élèvent vers tout ce qui est beau, saint, aimable, sublime.

Que tous demandent, dans une prière commune, que l'âge adulte et mûr se distingue par l'honnêteté et la fermeté chrétienne ; que le foyer domestique brille de l'éclat d'une fidélité inviolée, qu'il soit fécond d'une progéniture sainement et saintement élevée, qu'il soit fort' dans la concorde et dans l'aide réciproque.

Que tous demandent enfin que les vieillards se réjouissent des fruits d'une vie consacrée au bien, de telle sorte qu'en approchant du terme de l'existence ils n'aient rien à. craindre, ne soient pas tourmentés par des remords ou par des angoisses de conscience, et qu'ils n'aient aucun motif de rougir, mais aient plutôt la ferme confiance de recevoir bientôt la récompense de leurs longs efforts.

Que tous demandent, en outre, en priant la divine Mère, te pain pour les affamés, la justice pour les opprimés, la patrie pour les réfugiés et les exilés, une maison hospitalière pour tes sans-toit, la liberté qui leur est due pour ceux qui furent injustement jetés en prison ou dans les camps de concentration ; le retour si désiré dans leur patrie pour ceux qui sont encore prisonniers tant d'années après la fin de la guerre, et qui, dans le secret, soupirent et gémissent ; pour ceux qui sont aveugles de corps ou d'âme, la joie de la brillante lumière. Et qu'à tous ceux qui sont divisés entre eux par la haine, l'envie, la discorde, ils obtiennent par leurs prières la charité fraternelle, l'union des esprits et cette tranquillité active qui est fondée sur la vérité, la justice et les bonnes relations mutuelles. 

PRIÈRES SPÉCIALES POUR L'EGLISE PERSÉCUTÉE.

 Nous désirons tout spécialement, Vénérables Frères, que par les ardentes prières qui seront élevées vers Dieu durant la prochaine célébration de l'Année mariale, il soit demandé avec instance par l'intercession de la Mère du divin Rédempteur et notre si douce Mère – que l'Eglise catholique puisse enfin, jouir partout de la liberté qui lui est due. De cette liberté elle usa toujours – l'histoire l'atteste clairement – pour le bien des peuples et jamais pour leur ruine, toujours pour la concorde des citoyens, des nations, des peuples, et jamais pour la division des esprits.

Tout le monde sait dans quelles tribulations vit I'Église en certains lieux, et de quels mensonges, calomnies et ravages elle est victime. Tout, le monde sait que dans certaines régions les pasteurs sont misérablement dispersés, emprisonnés sans motif ou tellement entravés dans leur ministère pastoral qu'ils ne peuvent l'exercer librement, comme il convient. Tout le monde sait enfin. qu'en ces contrées les catholiques ne peuvent avoir leurs propres écoles ni enseigner, défendre, propager publiquement par la presse la doctrine chrétienne ni éduquer convenablement la jeunesse selon ses enseignements.

Aussi, les exhortations qu'à ce sujet Nous avons adressées souvent, quand s'en est présentée l'occasion, Nous les renouvelons avec insistance par cette Lettre encyclique.

Nous avons pleine confiance qu'en tous lieux, au cours de cette Année mariale, des prières instantes seront adressées à la très puissante Vierge, Mère de Dieu et notre douce Mère, pour obtenir de son efficace intercession que ces droits sacrés de l'Eglise, exigés par le respect même de la liberté et de la civilisation soient reconnus ouvertement et sincèrement par tous, pour le plus grand avantage de chacun et pour le développement de la concorde commune.

Nous désirons que Notre voix, inspirée par une ardente charité, parvienne avant tout à ceux qui, réduits au silence et entourés d'embûches de toutes sortes, voient avec douleur leur communauté chrétienne affligée, troublée et privée de toute aide humaine. Que ces très chers frères et fils fassent appel eux aussi, en étroite union avec Nous et avec les autres fidèles, auprès du Père des miséricordes et du Dieu de toutes consolations (cf. II. Cor., I, 3), au très puissant patronage de la Vierge Mère de Dieu et notre Mère. Qu'ils implorent d'elle l'aide céleste et les consolations divines.

Et tout en persévérant d'un cœur ferme et indomptable dans la foi de leurs pères, qu'ils fassent leurs, en ces graves difficultés, comme symbole de leur fermeté chrétienne, ces paroles de saint Bernard : « Nous resterons debout et nous lutterons jusqu'à la mort, s'il le faut, pour (l'Église) notre Mère, avec les armes qui sont nôtres : non les boucliers et les épées, mais les prières et les larmes offertes à Dieu. » (S. BERNARD, Epist. 221, 3 ; MIGNE, P. L., CLXXXII, 36, 387.) 

ADRESSE AUX FRÈRES SÉPARÉS.

 Et, en outre, Nous invitons également ceux qui sont séparés de nous par un schisme antique, et que, du reste, Nous aimons d'un cœur paternel, à s'unir à ces prières et supplications collectives, connaissant bien leur profonde vénération pour l'insigne Mère de Jésus-Christ et leur culte pour son Immaculée Conception.

Que la Bienheureuse Vierge Marie voie aussi tous ceux qui s'honorent du nom de chrétiens, et sont unis au moins par les liens de la charité, tourner vers elle leurs yeux, leurs âmes, leurs prières, implorant cette lumière qui éclaire les esprits d'une clarté surnaturelle, et demandant cette unité grâce à laquelle, finalement, il n'y aura plus qu'un seul bercail sous un seul Pasteur (Cf. Ioan., x, 16). 

A LA PRIÈRE, IL FAUT JOINDRE LA PÉNITENCE.

 A ces prières communes il faudra joindre de pieuses œuvres de pénitence. En effet, le zèle pour la prière « soutient l'âme, la dispose à l'effort, l'élève au divin ; la pénitence nous fait obtenir la maîtrise de nous-mêmes, spécialement sur le corps, qui, par le péché originel, est fortement rebelle à la raison et à la loi évangélique. Ces deux vertus, c'est évident, sont étroitement liées entre elles, elles se soutiennent mutuellement et conspirent à détacher l'homme, né pour le ciel, des choses caduques, et à l'élever en quelque sorte jusqu'à un céleste commerce avec Dieu (LEON XIII, Enc. Octobri mense, 22 sept. 1891 ; Acta Leonis XIII, p. 312).

Et comme n'a pas encore brillé sur les peuples et dans les âmes une paix solide, sincère et tranquille, que tous les fidèles s'efforcent par leurs pieuses prières d'en obtenir l'heureux avènement et l'affermissement définitif. Ainsi, la Bienheureuse Vierge, de même qu'elle donna au monde le Prince de la paix (Cf. Is., IX, 6), unira aujourd'hui les hommes entre eux par les liens de l'amitié sous son patronage et sa protection. Nous ne pouvons, en effet, jouir de la prospérité sereine, compatible avec les conditions de notre vie mortelle, que si nous ne sommes ni divisés par les rivalités, ni déchirés misérablement par les discordes, ni dressés violemment les uns contre les autres en de menaçants et redoutables desseins ; mais si, au contraire, nous donnant fraternellement la main, nous échangeons le baiser de cette paix « qui est une tranquille liberté » (Cic., Phil., II, 44) et qui, sous les auspices de la justice et avec l'aide de la charité, fait des divers peuples et nations une seule famille unie dans la concorde.

Ces vœux ardents auxquels répondront, Nous n'en doutons pas, non seulement ceux de Nos fils, mais ceux également de quiconque a à cœur les intérêts du christianisme et le progrès de la civilisation, veuille le divin Rédempteur, par l'intercession de sa très douce Mère, les combler le plus largement et heureusement possible.

En attendant, que vous soit un gage des faveurs divines et un témoignage de Notre affection paternelle, la Bénédiction apostolique que Nous vous accordons de tout cœur, à tous et chacun, Vénérables Frères, ainsi qu'au clergé et aux fidèles confiés à vos soins.

Donné à Rome, près Saint-Pierre, en la fête de là Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, le 8 septembre de l'année 1953, de Notre Pontificat, la quinzième.

                            PIUS pp. XII.

(Traduction de « La Croix. »

Cause de béatification

du Vénérable Père Champagnat

 J'estime votre amour pour notre Vénérable Fondateur suffisamment grand pour penser que vous vous posez souvent les questions suivantes : «Quand donc le titre de Bienheureux lui sera-t-il décerné ? Quand pourrons-nous dire : «Bienheureux Marcellin Champagnat, priez pour nous ?»

C'est le secret de Dieu, bien sûr, mais Dieu n'attend-il pas que nous méritions cette grande faveur ?… La désirons-nous vraiment ? faisons-nous tout le nécessaire pour l'obtenir ? A. chacun de répondre et d'agir en conséquence.

Le Cher Frère Alessandro, Procureur Général près le Saint-Siège et Postulateur de nos causes de béatification, signale que nous arrivons à une phase particulièrement importante de la procédure. Tous les documents concernant deux guérisons attribuées à l'intercession du Vénérable Père Champagnat obtenues, l'une à Madagascar, en faveur de Jean Raynavo et l'autre, aux États-Unis, en faveur de Mme Georgiana Grondin, ont été remis, pour leur examen, à la Sacrée Congrégation des Rites. Celle-ci, en date du 16 octobre dernier, a reconnu la validité des deux procès quant à la forme et en a confié l'étude, quant au fond, à ses médecins experts.

C'est dire que l'élément juridique est prêt, mais il reste à reconnaître le caractère surnaturel des guérisons.

Dans un rapport récent, le Cher Frère Postulateur écrit : « Il me semble pouvoir affirmer que Dieu a lié la grande grâce de la Béatification à un degré, connu de Lui seul, de vertu, de régularité, de piété, de zèle… qu'Il attend de nous. Je tiens de même pour certain que l'heure, tant souhaitée, sera retardée aussi longtemps que nous ne ferons pas disparaître tels ou tels obstacles d'ordre spirituel : ce sera pour certains un manque d'humilité, de simplicité et de modestie ; chez d'autres, des infractions, plus ou moins graves, au vœu de pauvreté ou à la belle vertu ; chez d'autres encore, un amour insuffisamment généreux et filial envers la Sainte Vierge ; des motifs trop humains dans notre apostolat, etc. Il est difficile, étant donné l'état de la cause, d'expliquer autrement le retard que met le bon Dieu à nous exaucer. »

Ces considérations peuvent se résumer par la réflexion d'un Supérieur Majeur rendant compte de sa visite à une de nos Provinces. Ayant signalé divers abus contre lesquels on ne réagit pas suffisamment il conclut : « Je me demande si, dans l'Institut, le climat est favorable pour la Béatification du Vénérable Fondateur. »

Je ne saurais trop insister, mes bien chers Frères, pour demander de rendre ce climat favorable autant qu'il dépend de vous par plus de ferveur, plus de régularité et par un plus grand soin à profiter de toutes les occasions propices pour recourir et faire recourir à la puissante intercession du Vénérable Père Champagnat.

Pour vous y aider, je transcris les grandes lignes d'une Croisade qui a été proposée par un Frère Provincial comme préparation à la fête du 6 juin dernier, ainsi qu'une lettre du Cher Frère Henri-Émile, chargé de recevoir les pèlerins à Notre-Dame de l'Hermitage et le récit de guérisons obtenues par l'intercession du Vénérable Fondateur. 

Croisade du 15 mai au 6 juin pour la prompte béatification

du Vénérable Père Champagnat.

 « Je suggère à la générosité et à la piété filiale de tous les Frères de la Province les points suivants. Sans en faire une obligation à personne, je ne saurais trop vous engager à y être fidèles, afin que la coordination de nos efforts soit plus puissante sur le cœur de Dieu.

1° Tous les matins – en communauté à la suite de la méditation, en classe, à la fin de la prière – récitation fervente de la formule ordinaire pour demander la béatification que l'on fera suivre de trois fois l'invocation : Vénérable Père Champagnat, priez pour nous.

2° Chaque jour, offrande d'une dizaine de chapelet pour la béatification du Vénérable Père Champagnat ; rappeler cette intention afin d'en rendre la récitation plus fervente. Engager les élèves à réciter cette dizaine, même les jours de congé et de préférence à l'église ou avec leurs parents.

3° Tous nos chers anciens de l'infirmerie sont invités a offrir, aux mêmes intentions, un rosaire supplémentaire chaque jour, ainsi que le mérite de leurs souffrances et de leurs infirmités.

4° La Sainte Messe et la Sainte Communion des mercredis et des samedis seront offertes par les Frères et les élèves aux intentions de la « Croisade ».

5° Pendant la durée de la Croisade, faire au moins trois catéchismes ou instructions sur le Vénérable Père Champagnat et son oeuvre dans le monde. S'attacher particulièrement à faire ressortir son amour pour Notre-Seigneur, sa dévotion envers la Sainte Vierge et son zèle pour l'éducation chrétienne des enfants, qui l'ont porté à fonder l'Institut.

6° Inscrire, chaque jour, une pensée au tableau noir pour rappeler aux élèves l'intention de la Croisade.

7° Déplacer le tableau du Vénérable Père afin l'attirer l'attention ; l'orner avec des fleurs, non avec des bougies… Quelques classes n'ont pas encore le tableau du Vénérable Fondateur. On profitera de la Croisade pour s'en procurer. A partir du 6 juin, ce tableau (ancien ou nouveau) devra être dans toutes les classes, dans nos salles de communauté ainsi qu'au parloir.

8° Demander aux élèves un sacrifice journalier ; on pourrait le faire inscrire à la fin de la classe sur un billet que l'on déposerait dans une boîte placée devant le tableau du Vénérable Père. Faire soi-même un véritable effort journalier, quelque chose qui coûte vraiment et que l'on fera par amour. Le champ du sacrifice est vaste…, choisissons celui qui nous coûte le plus et ce sera un bon choix.

9° Propager la vie du Vénérable Père Champagnat, en particulier la petite vie récemment publiée en 1 64 tableaux et si bien faite pour captiver les enfants.

10° Le 6 juin, Messe et Communion ; chants à l'église et en classe ; dernière instruction sur le serviteur de Dieu, récréation prolongée et séance de circonstance si possible. Bref, à chaque maison de s'ingénier pour faire du 6 juin de chaque année une journée bien mariste pour les Frères et pour les élèves. Cette date pourrait devenir la fête de l'école, ce qui permettrait de supprimer les fêtes particulières des professeurs au cours de l'année. »

Un autre Frère Provincial signale un excellent moyen de créer le climat favorable dont nous avons parlé lorsque, à l'occasion de la retraite, il donne à ses Frères cette consigne pour l'année qui va suivre : « Fidélité à l'étude religieuse pour obtenir la glorification. du Vénérable Père Champagnat. » 

Lettre du C. F. Henri-Émile, chargé de recevoir

les pèlerins à Notre-Dame de l'Hermitage.

                          MON TRÈS RÉVÉREND FRÈRE SUPÉRIEUR,

 Mis en relations, sinon journalières, du moins très fréquentes, avec les personnes qui viennent se recommander aux prières de la communauté et surtout prier sur le tombeau du Vénérable Fondateur, j'ai été souvent amené à faire les constatations suivantes :

Ces personnes appartiennent à toutes les classes de la société : on en voit arriver en automobile, à bicyclette ou à pied. Il en vient de 30 ou 40 kilomètres et même des extrémités de la France, pour remercier le Vénérable Père Champagnat de faveurs obtenues ou bien pour connaître simplement cette maison sanctifiée par la vie du Vénérable Père et du Frère François.

Je ne parle pas des visites journalières de personnes des environs de l'Hermitage. Toutefois, il en est parmi ces dernières qui sont bien dignes d'admiration : ouvriers, ouvrières, jeunes gens qui, après leur tâche quotidienne viennent faire leur prière dans notre chapelle. Il y a ensuite la série des pèlerinages comprenant 25 à 50 personnes ou même davantage, arrivant en car spécial ; c'est parfois un pèlerinage paroissial sous la direction d'un prêtre. S'ils arrivent le matin, ils ont généralement une messe spéciale et la Bénédiction du Saint-Sacrement.

Nous recevons encore, surtout dans la belle saison, des groupes importants d'élèves d'enseignement libre ou même d'enseignement officiel qui étonnent par la ferveur de leurs prières. Rien de plus touchant et édifiant que certains pèlerinages de petits groupes isolés au de familles entières qui récitent à haute voix, dans la chapelle, le chapelet ou d'autres prières. Il n'est pas rare qu'après avoir pris leur repas aux alentours immédiats de la maison, ils reviennent, avant leur départ, s'agenouiller de nouveau sur le tombeau du Vénérable Père Champagnat et du Frère François. En conversant avec ces personnes on est ému de trouver une foi, une confiance qui édifieraient même des religieux.

Mais, en ce qui nous touche de plus près, les pèlerinages les plus édifiants sont ceux des Grands Novices. Ceux de Saint Quentin-Fallavier ont l'heureuse habitude, depuis deux ans, de venir à Notre-Dame de l'Hermitage le 6 juin. Sous la discrète impulsion de leur Frère Maître, leur passage à l'Hermitage, dans ses différentes phases, revêt le caractère d'un vrai pèlerinage. Ceux de Grugliasco ne peuvent venir qu'à la fin de leur session, mais c'est le même esprit religieux et mariste qui les anime. Les uns et les autres ont laissé chaque fois les Frères de la maison sous le charme de la plus délicieuse impression. Les Grands Novices qui font partie de la première session du Second Noviciat, récemment inauguré à Saint-Paul-Trois-Châteaux, ont fait leur pèlerinage avec grande ferveur et édification, le 29 octobre dernier.

Beaucoup de personnes entrent directement à la chapelle, mais d'autres viennent au parloir donner des messes, demander des neuvaines, faire une offrande et recommander des intentions particulières. Spontanément, elles parlent de leur confiance au Vénérable Père Champagnat et on a l'impression très nette qu'il est invoqué pour les cas les plus variés : conversions à obtenir, grâces spirituelles, vocations, guérisons, succès de graves opérations chirurgicales, affaires de famille compliquées ou embrouillées, recherches d'un logement, heureuse issue d'un procès, d'un examen, etc. etc. Même constatation dans la correspondance qui nous est adressée.

Voilà ce que j'ai pensé vous faire connaître, Mon Révérend Frère Supérieur, dans l'espoir qu'il en résultera un accroissement de confiance et de dévotion envers notre Vénérable Père. 

Guérisons attribuées à l'intercession

du Vénérable Père Champagnat.

 La petite revue mensuelle « Flores de Martirio y Santidad », publiée par le Cher Frère Adulfo, vice-postulateur de nos causes en Espagne, donne fréquemment le récit de faveurs obtenues par l'intercession du Vénérable Fondateur. Je lui emprunte les deux suivantes : 

1. – Guérison d'un enfant de onze ans à Alicante.

L'enfant de onze ans, Víctor González de Echavarri, élève de nos Frères d'Alicante, souffrait depuis ses plus jeunes années d'une ascite (hydropisie du péritoine) sans que les médecins consultés eussent pu découvrir la cause de cette maladie, les nombreuses radiographies prises n'ayant donné aucun résultat.

Pendant onze ans, l'enfant a été ponctionné une quarantaine de fois et on lui a soutiré du ventre jusqu'à dix litres d'eau en une seule ponction.

Devant l'impossibilité persistante de savoir la cause d'une telle abondance de liquide abdominal, les médecins décidèrent de soumettre l'enfant à une intervention chirurgicale, mais la famille s'y opposait, jugeant que l'opération pourrait être mortelle pour le jeune Victor.

Le 12 juillet 1952, l'enfant subissait une nouvelle ponction au Sanatorium Climent. Dix litres d'eau lui furent extraits. Les différentes analyses et radioscopies ultérieures confirmèrent les médecins dans leur décision d'une intervention chirurgicale fixée au début de l'hiver.

Entre temps, la sœur aînée de l'enfant, mise providentiellement au courant des guérisons attribuées à l'intercession du Vénérable Père Champagnat, suggéra à ses parents de faire en famille une fervente neuvaine au serviteur de Dieu.

La neuvaine achevée, les résultats furent merveilleux. Sans avoir pris aucun médicament et sans la moindre intervention médicale, l'enfant fut entièrement libéré de son infirmité et les reins fonctionnèrent dès lors de façon normale.

Victor a repris sa place au collège des Frères. Il jouit actuellement d'une excellente santé et peut se livrer, sans aucun malaise, aux travaux scolaires et aux jeux de plein air des enfants de son âge. 

II. – Guérison d'un élève du collège d'Algernesí.

 Une autre guérison surprenante a été constatée en décembre dernier à Algemesí, province de Valence.

Le jeune José Jorques Bru, élève de nos Frères, souffrait depuis quelque temps de fréquentes attaques d'encéphalite. De ce fait, il n'assistait en classe que de façon irrégulière et il devait très souvent suspendre son travail d'écolier pendant dix minutes environ, ressentant alors de fortes douleurs de tête.

Devant une situation si alarmante, les parents auraient voulu faire opérer leur enfant, mais une autre maladie dont il souffrait rendait cette opération difficile et surtout très dangereuse. Le mal croissant rapidement on s'attendait, le 17 décembre, à une issue fatale.

Les médecins étaient fort perplexes, ne voyant pas de solution à cette complication de maux qui accablaient l'enfant.

Ce même jour, après la classe, le F. Directeur et le F. Sous-Directeur allèrent visiter le malade qui les reconnut à peine. Une image-relique du Vénérable Père Champagnat fut apposée sur la poitrine de l'enfant et le lendemain on commençait au collège une fervente neuvaine à laquelle s'unit la famille du malade.

Celui-ci, la nuit précédente, avait beaucoup souffert et les membres du côté droit étaient restés paralysés. Le deuxième jour de la neuvaine, on le crut perdu : ses yeux se voilèrent et sa voix s'éteignit comme celle d'un mourant.

Malgré ces symptômes alarmants, la ferveur redoublait au collège et dans la famille. Elle ne devait pas être déçue. Dès le quatrième jour, une amélioration très sensible se produisit dans l'état de l'enfant qui recouvra si rapidement l'usage de ses membres paralysés et sa santé que le dernier jour de la neuvaine il pouvait se lever, à la grande joie de ses parents et de tout le collège.

Peu de jours après, il revenait en classe, s'adonnant aux études, au jeu et à toutes sortes d'activités sans ressentir le moindre malaise. Il jouit actuellement d'une excellente santé et lorsqu'on lui demande quel est celui qui l'a guéri, il répond invariablement : « Le Vénérable Père Marcellin Champagnat, le Fondateur des Frères Maristes. »

Il est à remarquer que, durant les huit derniers jours de la neuvaine, on ne lui a appliqué aucun remède. 

Province de Chine

 L'heureux développement que prennent au Japon, à Hongkong, en Indonésie et en Malaisie les œuvres fondées par les confrères qui ont pu abandonner la Chine, ne saurait nous faire oublier ceux qui restent encore sous la domination communiste.

Il en est, parmi eux, qui vivent en communauté, observant la Règle autant que les circonstances le permettent, et dans l'incertitude la plus complète du lendemain. D'autres, livrés à eux-mêmes, tâchent de ne pas perdre entièrement le contact avec les Supérieurs, mais ils sont parfois dans des milieux où la propagande marxiste est particulièrement active et dangereuse. Il y a, de plus, six confrères qui sont en prison depuis un temps plus ou moins long.

Ce sont :

Le Cher Frère Alexandre, Chinois, Directeur, à Shanghai, du Collège Saint-François-Xavier, pour Chinois ;

Le Cher Frère Paolou-Tharsicius, Directeur, à Shanghai, de l'annexe du Collège Saint-François-Xavier, pour Chinois ;

Le Cher Frère Émile-Étienne, Chinois, Directeur à Tsingtao, de l'École secondaire ;

Le Cher Frère Joche-Eustache, Chinois, Directeur à Oulonting, Pékin, de l'École secondaire du Sacré-Cœur ;

Le Cher Frère Malya-Jérôme, Chinois, Directeur, à Pékin, de l'École secondaire du Nantang ;

Le dernier incarcéré a été le Cher Frère André-Gabriel, Français, Provincial.

Resté à l'École Sainte-Jeanne-d'Arc, de Shanghaï, qui venait d'être fermée, avec les Chers Frères José Ricardo et Christophus-Joseph, le premier Espagnol et le second Allemand, tous trois durent évacuer le local le 31 juillet et ils demandèrent asile aux Ermites de Saint-Augustin. Leur séjour n'y fut pas de longue durée, car le 26 août, à la tombée de la nuit, une trentaine de sbires vinrent se saisir du Cher Frère Provincial et le menèrent en prison ainsi que le R. P. Garcia, Supérieur de la résidence. Quant à ses deux confrères, d'abord gardés à vue et soumis à divers interrogatoires, ils furent expulsés cinq jours plus tard. Après un repos, bien mérité et bien nécessaire, à Hongkong, ils ont pu s'embarquer pour l'Europe.

Que reproche-t-on au Cher Frère Provincial ? Tout ce que la malice peut inventer, présentant sous un faux jour même les actions les plus louables. Ainsi : être chargé d'écoles et les visiter, c'est faire de l'espionnage pour le compte des impérialistes ; obtenir des passeports et des visas pour des postulants, c'est envoyer des émissaires aux nationalistes chinois ; à Formose ; placer les maigres économies de la Province dans des entreprises, c'est vouloir noyauter celles-ci pour débaucher les employés ; propager la Légion de Marie, c'est recruter des troupes contre le Gouvernement ; avoir des appareils de laboratoire, c'est cacher des armes, etc. …, etc. …

Nous avons sous les yeux l'acte d'accusation bornons-nous à en citer les premières lignes

« Ayant procédé à une longue enquête, le Bureau de la Sécurité Publique de Shanghai a révélé un délit de sabotage dirigé par Gabriel Robbe, de nationalité française, Provincial en Chine et Procureur des Petits Frères de Marie, sous couvert de la Mission Catholique. Après l'avoir interrogé, le Bureau de la Sécurité Publique enverra l'inculpé à la Commission militaire de Libération du Peuple, afin de lui imposer des sanctions conformément à la loi.

Venu en Chine en 1907, G. Robbe, mettant à profit la « Mission des Petits Frères de Marie », contrôlait pendant de longues années des écoles catholiques à Pékin, Tientsin, Shanghai, Wuhan et Chungking, pour mener ainsi l'agression culturelle et d'autres activités intrigantes dans notre pays… »

En réalité, le Cher Frère Provincial est victime de son dévouement pour ses Frères, pour l'Institut et pour la cause catholique. Il n'a pas voulu livrer nos titres de propriété afin d'être à même de faire d'ultérieures réclamations pour les biens confisqués. Il a pris sur lui, de façon officielle, toutes les responsabilités de certains Frères pour que les autorités n'empêchent pas leur sortie de Chine. Il n'a pas voulu abandonner les Frères Chinois dont il connaît parfaitement la langue et qu'il aime comme un père ; aussi possède-t-il pleinement et leur affection et leur confiance. C'est bien le bon pasteur tout aux soins de son troupeau, se donnant sans réserve, prêt, au besoin, à donner même sa vie.

Nous n'avons pas de nouvelles précises du Cher Frère Provincial depuis son arrestation, nous n'en avons que de bien vagues sur deux des cinq premiers prisonniers, et aucune sur les trois autres. Il reste encore en Chine 65 Frères Chinois et, en plus du Cher Frère Provincial, trois Européens qui sont à Pékin. Prions pour eux tous. Demandons à Notre-Seigneur et à la Très Sainte Vierge de les soutenir et de les préserver de tout mal. Prions plus spécialement pour nos six prisonniers afin qu'ils soient, au plus tôt, rendus à la liberté. Avec le regretté Frère Joche-Albert tombé sous les balles des persécuteurs, inscrivons-les au Livre d'Or de la Congrégation dont ils sont la gloire.

Malgré tout, nos chers persécutés ont foi en la Providence ; c'est pourquoi, aujourd'hui S décembre, quelques postulants qui furent refoulés, lorsqu'ils voulaient se rendre à Macao, ont pris le saint habit à Pékin. Nous n'avons pas cru devoir refuser cette faveur à une insistance admirable que la perspective de grands dangers n'a pu vaincre. 

Supplique au Saint-Siège

sur la modification des articles 154 et

156 des Constitutions de l'Institut

                        TRÈS SAINT PÈRE,

Le Frère Supérieur Général et les Membres du Conseil Général de l'Institut des Petits Frères de Marie, prosternés aux pieds de Votre Sainteté, exposent :

Aux termes des Constitutions, un Conseil de huit Assistants Généraux doit aider le Frère Supérieur Général dans le gouvernement de l'Institut.

L'article 154 dit que dans les affaires les plus graves énumérées à l'article 155, les Frères Assistants Généraux ont vote décisif et pour que les délibérations du Conseil Général soient valides, il faut que les deux tiers au moins de ses membres soient présents. S'il manquait un ou deux Frères Assistants Généraux pour atteindre ce quantum, les membres présents éliraient, pour les suppléer, des Frères stables, pris à la Maison-Mère autant que possible.

Mais un indult de la Sacrée Congrégation des Religieux : Prot. N° 2611/51, du 20 mars 1951 ayant accordé de porter le nombre des Frères Assistants Généraux de huit à dix, le Frère Supérieur Général et son Conseil demandent humblement à Votre Sainteté de permettre que, pour la validité des décisions dans les affaires graves visées aux articles 154 et 155, le quantum des Membres du Conseil Général. soit fixé à sept, inclus le président, et s'il manquait un ou deux Frères Assistants Généraux, qu'ils soient suppléés par des Frères stables élus par les Membres présents.

L'article 156 indique les affaires à décider à la majorité absolue et exigeant le plein Conseil et ce qu'il faudrait faire s'il manquait un ou deux ou au plus trois Frères Assistants Généraux.

Le nombre des Frères Assistants Généraux ayant été augmenté, le Frère Supérieur Général et son Conseil demandent que, pour se conformer aux prescriptions de l'article 156 des Constitutions exigeant le plein Conseil, on puisse suppléer à l'absence de un ou de deux ou de trois ou au plus de quatre Frères Assistants Généraux par des Frères stables pris à la Maison-Mère, autant que possible.

Et que Dieu…

 Réponse de la S. C. des Religieux.

 En vertu des facultés concédées par Notre Saint-Père le Pape, la Sacrée Congrégation préposée aux Affaires des Religieux, vu les faits exposés, accorde bénignement la faveur selon la demande, étant à observer toutes prescriptions de droit.

Nonobstant toutes choses contraires.

Donné à Rome, le 6 mai 1953.

P. ARCADIUS LARRAONA,

(Place du Sceau.)                                     Secrétaire.

H. AGOSTINI,

 Aide de Bureau

Elections

 Dans sa séance du 15 mai 1953, le Conseil Général a élu, pour une première période triennale, le CHER FRERE LAMBERT ADRIAN, Provincial de Nouvelle-Zélande, en remplacement du CHER FRÈRE BORGIA, arrivé au terme de son mandat.

Dans sa séance du 26 mai 1953, le Conseil Général a élu, pour une première période triennale, le CHER FRERE JOÃO DE DEUS, Provincial du Brésil Central, à la place du CHER FRÈRE MARIE-CHRYSOPHORE, arrivé au terme de son mandat.

Dans sa séance du 12 juin le Conseil Général a élu le CHER FRÈRE ANDRÉ-GABRIEL, Provincial de Chine, pour une nouvelle période.

Dans sa séance du 25 septembre 1953, le Conseil Général a élu le CHER FRÈRE JULIO BENJAMÍN, Provincial de León, pour une nouvelle période.

Dans sa séance du 22 octobre 1953, le Conseil Général a élu, pour une nouvelle période, le CHER FRERE KENNY MARY, Provincial de Grande-Bretagne et Irlande, et le CHER FRÈRE PLACIDUS MARY, Provincial de Melbourne.

Il a élu, pour un premier triennat, le CHER FRERE HILARY MARY, Provincial de Sydney, à la place du CHER FRÈRE ANDREW CORSINI, arrivé à la fin de son mandat. 

Vers la canonisation

du Bienheureux Chanel

 La présente Circulaire était sous presse lorsque nous avons appris que devait se tenir incessamment à Rome la réunion plénière dite « de Tuto », de la S. C. des Rites, pour décider de la canonisation du Bienheureux Pierre-Louis-Marie Chanel, prêtre mariste, premier martyr de l'Océanie (2 avril 1841).

Au cours du printemps dernier, cette même Congrégation avait reconnu les deux miracles attribués à l'intercession du Bienheureux.

Si, comme tout le fait espérer, la réunion « de Tuto », présidée par Notre Saint-Père le Pape, émet un avis favorable, la canonisation du Père Chanel aura lieu pendant l'année mariale 1954.

En tant que Maristes, réjouissons-nous grandement de la prochaine exaltation du Serviteur de Dieu qui eut notre Frère Marie-Nizier pour collaborateur dans son champ d'apostolat à l'île de Futuna, en Océanie.

 

LISTE DES FRÈRES dont nous avons appris le Décès

depuis la Circulaire du 24 Mai 1953.

Noms des Défunts                                      Lieux des Décès             Dates des Décès

 

Welmilagé Francis         Juvéniste            Ceylan                                    23 avril 1953

F. Augusto                       Stable                 Yanaconas (Colombie)        2 mai                  »

F. Conradius                   »                          Popayán (Colombie)            5                   »    »

F. Léon-Victorin              Profès perp.       Lyon (France)                        13                  »    »

F. Faust                           Stable                 Athlone (Irlande)                    19                  »    »

F. Joseph-Agathon         »                          Pittem (Belgique)                  19                  »    »

F. Fedele                         Profès perp.       Viterbo (Italie)                        23                  »    »

F. Irénion                          Stable                 Décédé en mer                     24                  »    »

F. Cuthbert Dominic       Profès perp.       Wairiki (Fidji)                         31                  »    »

F. Ambrogio                    »                          Ventimiglia (Italie)                 3 juin.                  »

F. Marie-Herman            »                          Saint-Genis-Laval (France)14                  »    »

F. Marcel                         »                          Saint-Étienne (France)         18                  »    »

F. Osmund                       Stable                 Richmond (Australie)            21                  »    »

F. Alicius                          »                          Luján (Argentine)                   23                  »    »

F. Antonio Joaquín         Novice                 Gallipienzo (Espagne)          24                  »    »

F. Marie-Joachim           Stable                 St-Paul-Trois-Châteaux (France) 28                  »    »

F. Gregorio Maria           Profès perp.       Logroño (Espagne)              7 juill.                  »

F. Bertulle                        Stable                 La Havane (Cuba)                24                  »    »

F. Cirino                           Profès perp.       Porto Alegre (Brésil)             25                  »    »

F. Philémon-Antoine      »                          Lévis (Canada)                     25                  »    »

F. Cuthbert Mary             »                          Dumfries (Écosse).               31                  »    »

F. Javier Pedro               Profès temp.    Valencia (Espagne)                   31                  »    »

F. Marie-Sérapion          Stable                 Popayán (Colombie)            6 août                 »

F. Emile-Césaire            »                          Porto Alegre (Brésil)             9                   »    »

F. Hellade                        Profès perp.       Décédé en mer.                    16                  »    »

F. Engelmer                    »                          Iberville (Canada)                  21                  »    »

F. Carlos Roberto           Stable                 Barcelona (Espagne)           27                  »    »

F. Eusebio Maria            Profès perp.       Logroño (Espagne                      2 sept.                 »

F. Louis-Stanislas          »                          Beaucamps (France)           3                    »    »

F. Denis Alfred                Stable                 Sydney (Australie)                 13                  »    »

F. Alipio                           »                          Castilleja (Espagne)             19                  »    »

F. Marie-Benoit               Profès perp.       Maritzhurg (Afrique du Sud) 25                  »    »

F. Generoso                    Stable                 Rafaela (Argentine)              27                  »    »

F. Léon-Berchmans       »                          N.-D. de l'Hermitage (France 3 oct.                 »

F. Louis-Vincent             Profès perp.       N.-D. de l'Hermitage (France) 6                »    »

F. Firmin                          Stable              Saint-Genis-Laval (France)8                   »    »

F. George-Francis          Prof. perp.          Poughkeepoie (Etats-Unis)25                  »    »

F. Joseph-Bernard         Stable                 Lyon (France)                        4 nov.                  »

F. Malachy Mary             Profès perp,       Sydney (Australie)                 7 nov.                  »

F. Marc Francis              P. in art. m.         Saint-Genis-Laval (France)16                  »    »

 

 

La présente circulaire sera lue en communauté à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

Recevez, mes bien chers Frères, la nouvelle assurance du religieux attachement avec lequel je suis en J. M. J.

Votre très humble et tout dévoué serviteur,

      Frère LÉONIDA,  Supérieur Général.

————————————————

RETOUR

Circulaires 336...

SUIVANT

Circulaires 338...