Circulaires 338

LĂ©onida

1954-05-24

Retraite : Hommage personnel à la Sainte Vierge, 297. - Frères qui ont particulièrement besoin de retraite ; les religieux superficiels, 301. - Les religieux indolents au service de Dieu, 305. - Les religieux présomptueux et qui ont trop confiance en eux-mêmes, 308. - Les religieux qui ont une crainte exagérée de Dieu, 311. - Dispositions indispensables à une bonne retraite : Esprit de foi, 315. - Générosité, 318. - Année Mariale et œuvres sociales, 327. - Cause de béatification du Vénérable Père Champagnat, 338. - Prochaine canonisation du Bienheureux Chanel, 342. - Province de Chine, 347. - Élections, 352. - Nos Supérieurs, 352. - Statistique de l'Institut au 1ier janvier 1954, 354. - Liste des défunts, 355.

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V. J. M. J.

Saint-Genis-Laval, le 24 mai 1954.

        Fête de Notre-Dame Auxiliatrice.

                    MES BIEN CHERS FRÈRES,

Ce m'est une cause de grande joie de voir que vous rivalisez partout d'amour filial envers Marie dans la célébration du Centenaire de la définition dogmatique de l'Immaculée Conception. Il ne pouvait en être autrement dans un Institut particulièrement voué au service de la Reine du Ciel.

Non seulement vous prenez part, d'un cœur très aimant, aux solennités religieuses, mais vous vous appliquez encore à acquérir vous-mêmes et à donner à vos élèves une plus ample connaissance de la Sainte Vierge. Dans ce but, en maints endroits, les Frères et les élèves ont développé des sujets ayant trait à la dévotion envers Notre-Dame ; on a amélioré la section mariale des bibliothèques, organisé des concours, des expositions et réuni des congrès avec participation de nombreux Frères d'une Province, etc. …

Ces activités, accompagnées de prières, de croisades de chapelets en maints endroits, intensifieront parmi nous la dévotion envers notre Mère du Ciel. Quel enrichissement cela procurera aux âmes, aussi bien dans nos communautés que dans nos classes ! C'est de tout cœur que je remercie ceux d'entre vous qui, de quelque manière, contribuent à assurer un résultat si désirable et si consolant.

J'ai été heureux d'apprendre que diverses chapelles, ou même écoles en construction, seront dédiées à Marie Immaculée et des écoles gratuites fondées en son honneur. On a inauguré des statues de la Sainte Vierge, on a placé son tableau dans des lieux réguliers de la maison qui en étaient encore dépourvus, ou bien on a remplacé par de belles images celles qui étaient trop défraîchies, etc. …

L'enthousiasme que vous mettez à honorer Marie me porte à vous proposer de lui offrir un hommage qui lui sera particulièrement agréable parce que plus personnel : l'hommage de nos prochaines retraites annuelles, les plaçant, d'une façon spéciale, sous sa protection et nous y livrant avec toute la ferveur possible. Nous reconnaîtrons ainsi le privilège que possède la Sainte Vierge, depuis les jours de la Pentecôte, de présider à toutes les retraites. Elle rendra le travail de ces jours bénis plus facile et plus fructueux. Elle nous tiendra compagnie comme aux cent-vingt disciples qui, selon les Actes des Apôtres, se trouvaient au Cénacle (Ch. I, 14).

L'Évangile rapporte que Marie avait le cœur tout occupé des mystères dans lesquels se manifestait Jésus… Elle y puisait une ressemblance de plus en plus parfaite avec le Saint des saints. Qu'Elle nous aide à reproduire, autant que nous en sommes capables, les vertus, la sainteté de son divin Fils ; qu'à cette fin Elle nous enseigne à méditer et à approfondir les vérités qui seront exposées ; qu'Elle nous rende attentifs et dociles au Maître intérieur dont les inspirations sont perçues par les cœurs bien disposés ; qu'Elle nous apprenne à nous détacher du monde et de nous-mêmes et à progresser dans les voies spirituelles afin d'atteindre la plénitude de vie surnaturelle à laquelle nous destine la divine Providence.

Pour mieux nous rappeler que tous les jours de la retraite sont consacrés à Marie Immaculée et que nous comptons sur son secours pour en assurer les fruits, nous dirons, pendant les saints exercices, trois fois, après l'Angelus du matin, l'invocation : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous. »

Notre retraite sera d'autant plus digne d'être offerte à Notre-Dame que nous ferons de plus généreux efforts pour profiter de cette grâce insigne. Nous y entrerons donc résolument et notre bonne volonté ne se démentira pas un seul instant. Nous nous assurerons de la sorte une augmentation de sainteté personnelle et nous serons, dans la suite, plus utiles aux âmes que nous devons former à la vertu et porter au bien, surtout, par nos exemples.

Afin de vous aider dans le très important travail spirituel que je vous propose, je ferai quelques réflexions pratiques sur les deux points suivants : 

I. Frères qui ont particulièrement besoin de retraite,

II. Dispositions indispensables au succès de la retraite.

 Ces réflexions n'étant que de simples énoncés, il sera aisé à chacun de s'arrêter à ce qui l'intéresse plus spécialement. Le profit d'une retraite, comme celui d'une méditation, dépend parfois d'une pensée que l'on retient, que l'on creuse et dont on accepte les conséquences pratiques. Il en est de même d'une circulaire : elle sème des idées sur nos devoirs religieux en vue de répondre aux besoins variés des âmes. Dieu fasse que la présente soit utile à chacun de vous. 

1. Frères qui ont particulièrement besoin

de retraite.

 Notre-Seigneur n'avait pas besoin de retraite et cependant il voulut nous donner l'exemple. Après s'être disposé à l'Apostolat par trente années de vie cachée, il consacra quarante jours à une préparation immédiate, dans le silence, la prière et la pénitence. Il jugea nécessaire de conduire ses disciples à l'écart, après leurs courses apostoliques, pour s'y reposer et se préparer à de nouvelles conquêtes. En les quittant, il leur ordonna, non pas de se livrer immédiatement à l'action, chose qui paraissait urgente, vu les grands besoins de l'humanité, mais de disposer leurs âmes à la réception du Saint-Esprit dans le recueillement du Cénacle.

Divers documents pontificaux ont proclamé l'importance des exercices spirituels et ont mis en évidence l'estime qu'en avaient les saints. Avec saint Ignace et les hommes illustres par leur sainteté qu'a produits la Compagnie de Jésus, ils font mention, entre autres, de saint François de Sales, de saint Charles Borromée, de sainte Thérèse, de saint Léonard de Port-Maurice. L'histoire de la spiritualité chrétienne montre que plus les hommes de Dieu avancent en vertu, plus ils éprouvent le besoin de se livrer dans le silence à la recherche de Dieu et à la connaissance d'eux-mêmes..

Cela doit nous persuader de la nécessité de la retraite, soit pour nous retirer de la tiédeur, soit pour accroître notre ferveur. Mais il est des religieux qui en ont un besoin tout spécial. Il ne s'agit certes pas d'âmes endurcies dans le péché ou manquant totalement de bonne volonté. De tels sujets sont rares dans les communautés et, à moins d'une opportune et sincère conversion, ils ne persévèrent point. Il s'agit de religieux victimes de la routine, de l'accoutumance aux choses saintes, insuffisamment préoccupés d'observer la Règle et de garder les vœux, ou accordant trop de place au naturalisme dans leur vie.

Ne pouvant énumérer ici toutes les catégories de religieux qui ont un plus grand besoin de retraite, je me bornerai à en décrire quatre groupes dont l'étude me paraît particulièrement pratique. L'énumération des traits caractéristiques de chacun de ces groupes n'a rien d'absolu. Elle peut servir à discerner des tendances dominantes et aider à entreprendre ou à poursuivre un travail efficace de réforme spirituelle.

Nous parlerons de religieux superficiels, indolents, présomptueux et de religieux qui ont une crainte exagérée de Dieu. Et comme il n'est pas de meilleur moyen de corriger un défaut que de s'exercer à la vertu contraire, nous contemplerons la Sainte Vierge comme l'exemplaire parfait de la vertu opposée aux imperfections signalées. Nos efforts spirituels se réaliseront ainsi dans un esprit marial. 

1° Les religieux superficiels. – On peut les caractériser en disant qu'ils pensent et agissent comme les enfants, à la légère, sans réfléchir ; qu'ils donnent une trop grande importance à l'imagination et pas assez à la raison et, surtout, pas assez à la foi. Ils ont peu d'attrait pour la prière, pour les études sérieuses, profanes ou religieuses. Ils recherchent trop les biens matériels et pas assez les biens spirituels ; de là, leur préoccupation pour le boire, le manger, le repos, etc. …, et leur tendance à apprécier les emplois, plutôt en fonction des commodités qu'ils offrent que des mérites que l'on peut y acquérir. S'ils sont dévoués, ils risquent de se livrer surtout à des activités de leur goût, par fougue de caractère et non dans des vues surnaturelles ; leur conduite est trop subordonnée à celle de leur entourage et à l'opinion dominante du milieu.

Il leur en coûte beaucoup de s'assujettir au règlement général et, plus encore, de s'astreindre à un règlement particulier adapté à leurs besoins personnels ; d'où leur propension au désœuvrement, à la dissipation, au papillonnage. Ils se livrent à des lectures légères, sont amateurs de spectacles et de fêtes ; exagèrent les sports, oublient la règle du silence, manquent de retenue dans leurs paroles, donnent une trop grande liberté à leurs yeux, etc. … Ce sont là autant d'habitudes fâcheuses qui sapent la vie religieuse dans son principe fondamental : la tendance à la perfection. C'est avec raison que ces religieux, vivant plus au dehors qu'au-dedans d'eux-mêmes, ont été comparés à celui qui serait absorbé à regarder par la fenêtre pendant qu'on dévalise sa maison.

En résumé, on peut appliquer aux religieux superficiels les paroles de saint Bernard : « Insensés, ils courent après ce qui est vil et négligent leur trésor qui est leur âme.

Dans la biographie du Frère Nivard, le Frère Jean-Baptiste établit un parallèle très instructif entre l'esprit sérieux et l'esprit superficiel, je ne saurais trop vous en recommander la lecture et la méditation. Le R. P. Martin, Général des Jésuites à la fin du siècle dernier, ainsi que l'un de ses successeurs, le P. Ledochowsky, exhortent leurs religieux à se préserver de l'esprit superficiel comme l'un des plus grands dangers. Dans l'encyclique Mens nostra du Pape Pie XI sur les Exercices spirituels, nous lisons : « La plus grande maladie de notre siècle, la source abondante des maux que déplorent les hommes de cœur, c'est la légèreté et l'irréflexion qui entraînent nos contemporains dans l'erreur. D'où le besoin perpétuel de se répandre au dehors… »

On peut être superficiel, enfant, à tout âge, même avec des cheveux blancs. Isaïe ne parle-t-il pas d'enfants de cent ans ? Pour nous, imitons saint Paul qui disait : « Lorsque j'étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j'ai laissé là ce qui était de l'enfant. » (I Cor., ch. XIII, II.)

Nous trouvons dans l'enfant prodigue le type de l'esprit superficiel. Il est bien au foyer paternel ; il n'y manque de rien, mais ne voyant que l'immédiat, sans songer aux conséquences des actes qu'il va poser, il décide d'aller au loin se procurer, au prix de son patrimoine, toutes sortes de plaisirs, Il est déçu, mais ne comprend toute la gravité de son erreur et ne retourne au foyer paternel que lorsque, réduit à partager la nourriture des pourceaux, il réfléchit et voit toute l'étendue de sa misère et de son abjection.

Réfléchissons, nous aussi, pendant la retraite et il se produira en nous un changement favorable. Réfléchissons sur les vérités éternelles trop oubliées, sur la brièveté de la vie, les années qui passent et nous laisseront les mains vides si nous n'en profitons pas. Repensons notre vie religieuse pour nous retremper dans la ferveur. Développons notre vie intérieure suivant les consignes que nous donnait Notre Saint-Père le Pape dans sa première audience : « Vie intérieure cultivée, disait-il, exercée, perfectionnée sans cesse. Cette vie intérieure est indispensable pour votre vie mixte,, pour votre activité extérieure. »

Si nous étions fidèles à cette consigne, mes bien chers Frères, quel profit considérable n'en résulterait-il pas pour chacun de nous et pour la Congrégation tout entière ! Mais ne tombons pas dans l'illusion de ceux qui croient pouvoir développer leur vie intérieure sans combattre vigoureusement la sensualité et les mauvaises tendances. C'est seulement sur les ruines de l'homme charnel que nous pourrons élever haut et solide l'édifice de notre sainteté.

Nulle créature n'a vécu une vie intérieure comparable à celle de la Très Sainte Vierge. Elle alimentait cette vie par la méditation des Saintes Écritures et des événements qui se réalisaient autour d'Elle. Imitons-la par la méditation et l'étude religieuse bien faites. Ces deux exercices sont trop souvent minimisés parce qu'incompris ; on s'y livre d'une façon formaliste incapable de mouvoir la volonté. Faisons l'essai de méditations et d'études mariales sérieuses : nous aboutirons infailliblement à des idées justes, à des convictions fortes qui seront le meilleur antidote contre l'esprit superficiel. 

2° Les religieux indolents au service de Dieu ne savent pas faire effort pour leur avancement spirituel. Les difficultés que présente le devoir les effrayent. Ils promettent parfois d'être fidèles, mais leurs efforts ne sont qu'intermittents. Ils font preuve dans leur vie spirituelle d'une apathie qu'ils auraient honte de témoigner dans le maniement des affaires ou dans leur emploi. Ils acceptent les conseils qu'on leur donne, tant qu'ils n'impliquent rien de trop pénible. Ils veulent aimer Dieu, mais jusqu'au sacrifice exclusivement.

Peut-être sont-ils moins exposés que d'autres religieux à de fortes tentations, mais comme ils ne les repoussent que mollement, leur volonté s'affaiblit sans cesse et des fautes graves peuvent s'ensuivre dont ils ne se relèveront pas toujours assez promptement. De fait, les indolents mènent une vie médiocre, vie sans grande ambition d'aimer Dieu par-dessus toutes choses, ce qui est, au dire de sainte Marguerite-Marie, la pire des misères.

L'indolence spirituelle n'est, au fond, que cette pusillanimité qu'on définit : « petitesse et étroitesse d'âme qui reste au-dessous de ses forces ». Elle nous guette à tout instant pour nous arrêter dans le devoir. Elle se révèle par la peur de l'effort, la faiblesse de volonté, un fonds d'universelle paresse qui ralentit, retient l'activité. Saint Thomas signale la pusillanimité comme un vice opposé à la magnanimité ou grandeur d'âme, vertu annexe la force, disposition noble et généreuse à entreprendre de grandes choses pour Dieu et le prochain.

Les religieux indolents sont bien figurés par le jeune homme de l'Évangile venu demander à Notre-Seigneur ce qu'il doit faire pour acquérir la vie éternelle. II possède d'excellentes qualités, il observe les commandements, il aspire à mieux faire encore. Mais, comme pour y parvenir, il lui faut accepter des sacrifices, se renoncer et renoncer à la famille et aux richesses, il recule, tourne le dos à Notre-Seigneur. Il voudrait, mais pourvu qu'il ne lui en coûtât rien. Il est ainsi des religieux qui s'installent dans la médiocrité ; on n'a peut-être pas grand-chose à leur reprocher ; étant d'un bon naturel, ils vivent en paix avec tout le monde, mais on ne peut attendre d'eux ni continuité dans l'effort pour la poursuite de la perfection, ni, par conséquent, une grande vertu. Ils traînent la croix, il est à craindre qu'ils ne se fatiguent et qu'ils finissent par renoncer à suivre plus longtemps le divin Maître.

Pour ne pas en arriver à ce lamentable résultat, il faut s'exercer à des sacrifices de plus en plus pénibles, se rappelant que le ciel souffre violence, que le travail et les peines de cette vie ne durent qu'un jour, que le plaisir de mourir sans peine vaut bien la peine de vivre sans plaisir, que s'il n'est pas de Maître qui traite mieux que Notre-Seigneur ceux qui le servent, nul non plus ne mérite d'être mieux servi que lui.

L'indolent qui veut se corriger, croître en ferveur et en esprit de renoncement, doit s'abstenir de discuter ses obligations, sous peine d'amoindrir sans cesse sa puissance de volonté pour le bien.

Pendant la retraite, exerçons-nous, puisque ce sont des exercices, à bien remplir nos devoirs, renouvelons chaque matin notre résolution d'être entièrement dociles à l'action de la grâce, de vivre la vie religieuse intense à laquelle tout nous invite pendant ces saints jours. Dans l'examen que nous ferons de notre vie passée, ne craignons pas d'être mis en face de nos fautes et de nos défauts. Jugeons-nous avec sévérité, ce sera un excellent moyen de secouer notre tiédeur et de poser les bases d'une vie plus vertueuse. La sainteté des saints n'a-t-elle pas commencé le jour où ils l'ont voulu sincèrement ? La nôtre commencera ou s'accentuera pendant ces jours bénis de la retraite si nous disons résolument : « Seigneur, plus de marchandage, plus de reprise de ce que je vous ai donné par la profession, Je crains ma faiblesse et mon inconstance, mais je compte sur le secours de votre sainte grâce que j'implorerai sans cesse par des prières ferventes. »

Nous trouvons dans la vie de notre Vénérable Fondateur et de nos confrères les plus vertueux, des leçons de ferveur et d'héroïsme qui sont précisément l'opposé de la nonchalance spirituelle. Mais, ici encore, Marie est notre modèle incomparable. Elle se consacre entièrement au service de Dieu dès son enfance et s'applique toute sa vie à accomplir avec la plus grande ferveur et dans les moindres détails sa sainte volonté. Elle sert son prochain avec la même diligence, comme le prouve sa promptitude à se rendre auprès de sa cousine Élisabeth et à deviner l'embarras des époux aux Noces de Cana. Apportons, à son exemple, le plus grand empressement à remplir nos devoirs envers Dieu et notre prochain : confrères, élèves, etc. … Habituons-nous à agir sous le regard de cette tendre Mère, lui demandant qu'Elle fasse de nous des foyers d'amour et de générosité dans la poursuite du double but de notre vocation, des modèles de sainteté, des entraîneurs d'âmes vers les cimes. 

3° Les religieux présomptueux qui ont trop de confiance en eux-mêmes. Ils méconnaissent leur faiblesse et l'astuce du démon. Ils discutent les prescriptions et les défenses de la Règle contraires à leurs goûts et habitudes. Pourquoi des restrictions pour la pauvreté, les visites, les études, les voyages, les spectacles, etc. … ? Nous saurons bien, disent-ils, ne pas en arriver au péché, et alors qu'ils se croyaient forts et assurés, s'étant exposés au mal, ils sont tombés parfois bien bas. Il n'est pas rare qu'ils trouvent trop restreint le champ d'action que l'obéissance leur a assigné : ce n'est pas assez pour leur talent et leur activité ; volontiers ils organiseraient, de leur propre chef, des œuvres extra-scolaires, paroissiales ou autres.

L'orgueil porte ces religieux à trop compter sur leurs aptitudes, leurs connaissances, leur expérience. Ils jugent inutiles la direction spirituelle, les avis et les conseils des Supérieurs alors que nous voyons des hommes, très versés dans la conduite des âmes, recourir à un directeur de conscience comme, pour ses propres maladies, un bon médecin en consulte généralement un autre.

Si, comme nous l'avons dit précédemment, le religieux superficiel se distingue par la légèreté propre de l'enfance, le présomptueux n'a pas à un degré suffisant la simplicité de cet âge si agréable à Notre-Seigneur. Celui-ci n'a-t-il pas dit que cette simplicité est nécessaire pour entrer au ciel et que la vérité qui se cache aux sages et aux prudents, est révélée aux petits ?

Le religieux présomptueux s'irrite facilement quand on lui signale ses erreurs, il accuse ses confrères de mauvais vouloir, il se dit persécuté, ou, du moins, incompris. Il est enclin à murmurer de tout, il voit partout le besoin de réformes urgentes, il se sent de taille à les réaliser, mais sans se douter qu'il devrait, avant tout, se réformer lui-même.

Les présomptueux, pour se rassurer sur leur salut éternel et se dispenser de se vaincre, se prévalent parfois des promesses de salut attachées à la persévérance dans la vocation et à certaines pratiques pieuses. Ils ressemblent en cela aux Juifs qui se croyaient saints par le seul fait d'avoir dans les veines du sang d'Abraham et se dispensaient de faire les œuvres qu'une telle filiation imposait. Ils oublient qu'il faut se rendre digne des promesses divines, comme nous le demandons fréquemment à la Sainte Vierge par cette formule : « Priez pour nous, sainte Mère de Dieu, afin que nous soyons rendus dignes des promesses de Jésus-Christ. » N'est-ce pas ce que conseille saint Pierre lorsqu'il dit : « Appliquez-vous à assurer par vos bonnes œuvres votre vocation et votre élection ; en agissant ainsi vous ne ferez jamais de faux pas ?» (2e Ép., ch. 1, 10.)

Le chef des Apôtres parlait d'expérience et sa chute, qu'il avait toujours présente pour la pleurer, met bien en évidence les dangers de la présomption et de la témérité. Lui, qui avait tout quitté pour suivre le divin Maître, se flattait de ne pas l'abandonner alors même que les autres lui seraient infidèles. II comptait trop sur son bon cœur et son bon vouloir. Il négligea la prière, malgré l'invitation réitérée de Notre-Seigneur et céda au sommeil. Puis, s'étant exposé au danger dans la cour du Grand Prêtre, il fut bouleversé par la simple question d'une servante et renia par trois fois son divin Maître pour lequel, peu auparavant, il se disait prêt à donner sa vie. Combien de religieux, d'abord bien disposés, ont imité saint Pierre dans sa présomption et dans sa chute ou même ont abandonné totalement le service de Notre-Seigneur

Convainquons-nous, pendant cette retraite et dans la suite, de notre extrême fragilité : de nous-mêmes, nous ne pouvons absolument rien, tandis qu'avec le secours divin, tout nous est possible. Par conséquent, prions ! Mais faisons la prière du publicain et non pas celle du pharisien. Imitons dans nos demandes les pauvres qui, pour être plus sûrement secourus, ne craignent pas d'exagérer leur indigence.

Mais là encore, Dieu attend de nous, avec la prière, la lutte contre nous-mêmes, contre l'orgueil qui engendre la présomption. Cette lutte sera longue, car l'amour-propre est plus difficile à tailler que le marbre. Celui-ci finit par céder sous les coups de ciseau, tandis que l'amour-propre possède la propriété, dès qu'on cesse de le combattre, de reprendre ce qu'on lui avait retranché. C'est donc constamment que nous devrons nous efforcer de croître dans l'esprit d'humilité, de simplicité et de modestie de notre Vénérable Fondateur, c'est-à-dire, dans l'esprit de la Très Sainte Vierge que nous ne pouvons nous représenter autrement que sous le manteau de l'humilité.

Loin de se prévaloir des dons extraordinaires qu'Elle a reçus, Elle s'abaisse dans la mesure même où Dieu se plaît à l'exalter, faisant remonter vers le Tout-Puissant tout ce qu'il y a en elle de grâce et de sainteté : « Dieu a regardé la bassesse de sa servante et a fait en moi de grandes choses », dit-elle dans le Magnificat. Daigne Marie nous rendre défiants de nous-mêmes, humbles et dépendants. Nous éviterons ainsi les faux pas qui sont le châtiment habituel de celui qui compte trop sur ses talents et sur ses propres lumières. 

4° Les religieux qui ont une crainte exagérée de Dieu, qui voient en Lui un maître sévère, un juge inexorable plutôt qu'un Père. «Je ne perçois pas de progrès dans ma vie spirituelle, se disent-ils, les exercices de piété et les sacrements ne produisent en moi aucun fruit, j'abuse de la bonté divine… Toujours les mêmes fautes, Dieu ne peut qu'être irrité contre moi, etc. … » Ce qu'il y a de surprenant, c'est que ce sont bien souvent des âmes désireuses de bien servir Dieu qui éprouvent ces peines intérieures, tandis que d'autres, négligentes et tièdes, vivent parfois tranquilles dans la médiocrité.

Peut-être, pendant notre retraite, éprouverons-nous de semblables perplexités, car nous y recevrons des lumières plus abondantes sur nos devoirs et sur les fautes de la vie passée et le démon en profitera pour jeter le trouble dans notre âme, allant même jusqu'à nous présenter tout amendement comme impossible. C'est précisément à ce trouble que l'on reconnaît l'action du démon, car les préoccupations voulues par Dieu portent, non pas au découragement, mais à une plus grande confiance en sa miséricorde infinie pour le passé, et à plus de générosité pour l'avenir.

Nous n'avançons pas assez vite en vertu, disons-nous ; mais nous oublions que cette croissance, comme celle des plantes, est lente, imperceptible quoique réelle, dès qu'il y a effort. Les maîtres de la vie spirituelle se défient généralement d'une vertu trop précoce, Ils attendent qu'elle ait subi l'épreuve du temps, car n'étant parfois que le résultat d'un élan passager, elle manque de consistance quand vient la tentation. Sans doute Dieu a-t-il permis à des saints de parcourir en peu de temps une longue carrière. Mais ce fait, tout réel qu'il soit, est exceptionnel et nul n'a le droit d'y compter.

Le découragement ne saurait produire que des résultats déplorables : il ne peut ni modifier le passé ni faciliter un heureux changement dans la conduite. C'est, chez certains, un mal chronique qui empoisonne l'âme, un chloroforme qui paralyse la volonté. Perdre la fortune, a-t-on dit, n'est rien ; perdre la santé, c'est quelque chose ; mais perdre courage, c'est tout perdre.

Nous constatons que nous avons eu des chutes, peut-être nombreuses, mais qui n'en a pas eu ? demande saint Vincent de Paul. Le tout, c'est d'accepter, d'aimer, si possible, l'humiliation qui en résulte. Ces chutes doivent accroître notre confiance en Dieu qui, malgré nos fautes, ne nous a pas abandonnés. Dom Chautard, l'auteur de l'Ame de tout Apostolat, faisant une retraite, était très préoccupé, le prédicateur lui dit : « Promenez-vous dans le jardin en répétant : « Nul n'est père autant que Dieu. » Que de fois Notre-Seigneur n'a-t-il pas encouragé lui-même cet esprit filial ! Un jour, se montrant à saint Jérôme, il lui dit : « Jérôme, donne-moi quelque chose. – Mais, Seigneur ! répondit le saint, ne vous ai-je pas tout donné : mon corps, mon âme, mon temps, mon travail ? – Jérôme, tu retiens quelque chose. – Quoi donc, Seigneur ? – Donne-moi tes péchés afin que je puisse te pardonner une fois de plus… » Il nous dira de même à la retraite : Donne-moi tes péchés, tes inquiétudes, tes peines intérieures, tout. Correspondons à ses avances et jetons-nous, pleins d'amour, dans les bras de ce Père miséricordieux.

Le P. Auguste Valensin, S. J., décédé en décembre dernier, a laissé dans ses papiers intimes d'admirables pensées sur la confiance en Dieu ; ses anciens disciples ont voulu même en lire publiquement certaines, sur son tombeau, lors de son inhumation. Je transcris les suivantes :« Plus je vais, plus je vois que j'ai raison de me représenter mon Père comme l'indulgence infinie. Et que les maîtres de la vie spirituelle disent ce qu'ils veulent, parlent de justice, d'exigence, de crainte ; mon Juge à moi, c'est Celui qui tous les jours montait sur la tour et regardait à l'horizon si l'enfant prodigue lui revenait. Et qui ne voudrait être jugé par lui ? Saint Jacques a écrit : « Celui qui craint n'est pas encore parfait dans l'amour. » Je ne crains pas Dieu, mais c'est moins encore parce que je l'aime que parce que je me sais aimé de lui. »

Judas personnifie le manque de confiance ; il fut plus coupable par son désespoir que par sa trahison. Le Seigneur lui aurait pardonné au moindre signe de repentir. Au lieu de nous décourager, comme ce malheureux apôtre, confions-nous pleinement en Celui qui est descendu du ciel pour nous racheter, est mort pour nous sauver et court après la brebis perdue. Tout en évitant de nous faire une conscience large, préservons-nous de l'esprit janséniste qui, en méconnaissant la bonté divine et en exagérant la crainte au détriment de l'amour, fait une grave injure à Notre-Seigneur. Au lieu de mettre l'accent sur notre misère et notre impuissance au bien, allons à Dieu avec cette confiance filiale qui, au dire du P. Faber, est : « le soleil de la vie morale qui anime tout quand il brille et sans lequel tout languit ».

C'est par cette confiance, jointe à une généreuse expiation, que de grands pécheurs, comme David, sainte Marie-Madeleine, saint Pierre, saint Augustin et tant d'autres, se sont relevés et sont devenus des vases d'élection. L'Ancien et le Nouveau Testament, l'Histoire de l'Église et les Vies des Saints fournissent une foule d'exemples de grands coupables qui sont entrés résolument dans la voie de la sainteté.

Marie n'a pas connu nos doutes et nos perplexités. Son Fiat fut, à la fois, un don total d'elle-même à Dieu et un acte de confiance absolue en son infinie sagesse. Aussi, s'oubliant elle-même, n'eut-elle de souci et d'inquiétude que pour Jésus, surtout lorsqu'elle dut le soustraire à la cruauté d'Hérode, lorsqu'elle le perdit dans le temple et lors de sa passion et de sa mort. Comme elle, n'ayons d'autre crainte que celle de perdre Jésus, ni d'autre sollicitude que de le retrouver si nous avons eu ce malheur. Que notre grande peine soit de voir que la plupart des hommes, après vingt siècles de Rédemption, ne le connaissent pas encore et que, parmi ses disciples, il en est tant qui payent d'ingratitude son amour et ses faveurs. Que dans les événements, même les plus graves, nous oubliant nous-mêmes, nous nous préoccupions, avant tout, de leur répercussion sur les intérêts de Notre-Seigneur.

Voilà, exposés à grands traits, mes bien chers Frères, quelques-uns des états d'âme qu'à l'occasion d'une retraite il convient de connaître et de réformer par l'emploi des moyens que nous avons indiqués et ceux que le Saint-Esprit suggérera à chacun, suivant ses besoins personnels et sa docilité. Nous ne prolongerons pas davantage cet examen de conscience pour ne pas montrer la vie religieuse sous un faux jour. Nous n'oublions pas, d'ailleurs, que la somme de vertu et de sainteté, que l'on trouve dans bien des religieux, rachète amplement les négligences de ceux qui ne prennent pas suffisamment au sérieux la fin de leur vocation.

Nous traiterons maintenant le second point du programme indiqué au début de cette circulaire. 

Il. Dispositions indispensables

à une bonne retraite.

 Nul ne peut faire un travail efficace pendant la retraite sans le secours divin et sans une active collaboration de sa part ; de là deux dispositions indispensables : l'esprit de foi et la générosité.

L'esprit de foi nous persuadera que c'est Notre-Seigneur lui-même qui, par l'organe des Supérieurs, nous convie à la retraite. Il veut nous faire entendre sa voix et nous fournir l'occasion de lui parler intimement.

Ce même esprit de foi nous fera comprendre que ces saints exercices sont un temps favorable où Dieu se plaît à répandre ses bénédictions les plus abondantes sur les âmes bien disposées. C'est une grâce exceptionnelle, accordée à un petit nombre de privilégiés et qui mérite, par conséquent, toute notre reconnaissance. Combien nombreux sont, en effet, ceux qui ignorent l'existence même de cette fontaine de vie et ceux qui ne veulent ou ne peuvent faire trêve à leurs occupations pour s'y désaltérer

Heureux serons-nous si, appréciant à sa juste valeur ce trésor inestimable, nous méritons les éloges décernés par Notre-Seigneur aux serviteurs fidèles qui font fructifier les talents à eux confiés. L'Esprit Saint nous parlera par la voix des instructeurs, par de pieuses lectures et surtout dans nos méditations et nos prières. Il renouvellera ainsi nos convictions dont peut-être le contact du monde a diminué l'influence sur nos pensées, nos jugements et nos actions. Nous donnerons à Dieu la place qui lui est due comme premier principe et dernière fin, nous regarderons le salut de notre âme comme l'affaire capitale dont nous devons, à tout prix, assurer le succès.

Représentons-nous, pendant ces saints jours, Notre-Seigneur jetant dans nos âmes une semence divine. Combien il est désirable qu'elle tombe en une terre bien préparée ! Entendons notre Divin Ami frapper à la porte de notre cœur, nous invitant à le lui donner et à nous défaire de telle ou telle habitude qui, depuis des années, peut-être, entrave nos progrès spirituels. Ne résistons pas à ses appels de crainte qu'il ne passe outre avec les grâces qu'il nous offrait.

Nous pouvons encore nous représenter Notre-Seigneur au milieu de nous comme jadis au milieu des malades qui l'importunaient pour obtenir leur guérison. Avec la même foi et le même empressement, faisons appel à sa bonté et à sa puissance. Qu'il nous guérisse surtout, s'il en est besoin, de la paresse spirituelle, effet de la tiédeur et de la routine ainsi que d'un certain aveuglement causé par nos péchés et spécialement par un amour-propre insuffisamment combattu.

C'est l'esprit de foi qui nous soutiendra dans de si saintes occupations alors même que nous n'y trouverions aucun goût sensible ou que nous y serions en proie à des peines intérieures. Notre-Seigneur permit au démon de le tenter au désert ; il n'est donc pas surprenant que nous connaissions une semblable épreuve pendant notre retraite. Mais, comme notre divin Maître fut, après la tentation, visité et servi par les anges, de même aussi, en nous montrant fidèles dans l'épreuve, nous mériterons que Dieu nous visite par ses grâces et ses consolations.

L'esprit de foi doit nous porter encore à ne pas donner plus d'importance qu'il ne convient au talent du prédicateur : « Les paroles des hommes disait le Vénérable Père Champagnat, peuvent frapper l'esprit, exalter l'imagination, nous impressionner pendant quelque temps, mais si Dieu ne touche notre cœur, cette impression fugitive s'en ira avec le son qui l'a produite et nous sortirons de la retraite tels que nous y serons entrés. Les instructions les plus fortes n'ont aucun effet durable si Dieu ne parle au cœur, et il n'y a que sa grâce qui puisse nous toucher, nous donner les sentiments de componction et nous changer ». Si vous voulez faire une bonne retraite, disait encore notre Vénérable Père, priez et mettez toute votre confiance en Dieu, car, ici plus qu'en toute autre chose, il faut dire : « Nisi Dominus… ».

Recourons donc à Dieu qui seul peut rendre fructueuse notre retraite. Faisons ponctuellement et avec ferveur la neuvaine préparatoire et, pendant les saints exercices, multiplions les visites au Saint Sacrement, les chapelets, les chemins de croix, les oraisons jaculatoires. Pour rendre ces prières plus efficaces, faisons intervenir notre céleste Avocate et Protectrice afin qu'Elle dispose nos âmes à recevoir dignement les grâces de lumière et de force que l'Esprit Saint fait passer par ses mains maternelles.

Générosité. Nous avons dit également que nous devons nous livrer au travail de la retraite avec une grande générosité, c'est-à-dire avec une détermination bien arrêtée d'en retirer le meilleur profit possible.

Nous devons donc nous y adonner pleinement et dès le premier instant ; tout retard entraîne une perte spirituelle proportionnée au degré de négligence qu'il accuse. L'ambiance la plus favorable est celle du calme et du silence. Le silence est un bon exemple pour les confrères et un sacrifice facile qui attire les grâces célestes. C'est dans le silence que Dieu parle à l'âme : « C'est là, dit l'auteur de l'imitation, que le Saint-Esprit révèle les mystères renfermés dans les saintes Écritures…, là que l'âme séparée de ses connaissances et de ses amis, reçoit les visites de Dieu et des Anges » (L. 1, Ch. 20, 6). Je crois pouvoir affirmer que ce point du silence pendant la retraite est, en général, bien observé parmi nous ; maints prédicateurs s'en sont déclarés édifiés ; faisons encore mieux s'il y a lieu.

Il importe encore de vider notre esprit et notre cœur de tout ce qui pourrait nous distraire, de toute dissipation, des écarts de l'imagination dont Notre-Seigneur se plaignait à sainte Thérèse en ces termes : « Il est une foule d'âmes avec lesquelles je voudrais converser, mais le monde fait un tel tapage autour d'elles et en elles, que ma voix n'est pas entendue ». Évitons, par conséquent, de nous préoccuper des personnes et des lieux dont nous sommes séparés momentanément. Affaires restées en suspens, projets, emploi passé, emploi futur, souhaité ou appréhendé, examens à préparer pour soi-même ou pour d'autres, autant de choses qui ne doivent pas nous distraire du travail essentiel de ces saints jours. Bornons-nous à les recommander à Dieu dans la prière, ce sera plus efficace que tous les plans que nous pourrions échafauder à leur sujet. D'ailleurs, la retraite bien faite nous rendra aptes à mieux remplir, dans la suite nos devoirs d'état ; elle mûrira nos desseins, les dépouillera des vues trop humaines et contribuera à nous préserver de la précipitation, cause de tant d'échecs, même sur le plan purement matériel.

Donnons à chacun des exercices pendant la retraite, plus qu'en tout autre temps, toute la perfection dont nous sommes capables : promptitude au lever, attention aux formules de prières et à leur sens ; ne pas négliger l'intention, le souvenir de la présence de Dieu, les génuflexions, les signes de croix, les inclinations de tête, etc. … Simples détails, pensera-t-on peut-être ; oui, des détails, mais d'une grande valeur quand ils traduisent la délicatesse de nos sentiments envers le bon Dieu. Veillons non seulement à l'exécution matérielle des divers exercices, mais encore et surtout à nos dispositions intérieures, à la pureté d'intention ; ainsi nous réparerons les négligences passées et nous nous disposerons à mieux nous en acquitter à l'avenir, ce qui prolongera les heureux résultats de la retraite.

Nous nous efforcerons également de bien nous pénétrer des vérités qui seront exposées : les écouter, les retenir même, ne suffit pas, il faut les méditer, en faire l'application aux besoins de notre âme. C'est pourquoi il convient d'obtenir que généralement le prédicateur ne dépasse pas une trentaine de minutes dans l'exposé des points ; on disposera ainsi d'environ un quart d'heure pour la réflexion personnelle qu'il faudra poursuivre encore pendant les temps libres, pour une durée variable suivant les besoins de chacun. Le véritable rôle du prédicateur consiste, en effet, à suggérer aux retraitants les idées que chacun devra méditer. Aussi saint Ignace lui recommande-t-il de ne pas entraver par de longs développements le travail personnel car, dit-il : ce n'est pas de beaucoup savoir qui rassasie et satisfait l'âme, mais de sentir et de goûter intérieurement les choses ».

Les méditations de retraite bien faites projettent une vive lumière sur notre vie passée et sur nos dispositions présentes ; elles donnent la connaissance de soi qui est essentielle pour dissiper les illusions et favoriser les redressements nécessaires. Mais ce travail d'introspection ne doit pas retenir plus qu'il ne faut et il sera utile de se rappeler ces paroles de saint Paul : « Oubliant ce qui est derrière moi et me portant sur ce qui est en avant, je cours vers le but pour remporter le prix ». Au lieu de nous attarder à de vains regrets sur le passé, courons nous aussi vers le but, comme l'Apôtre, pour remporter le prix. Courons, car Dieu nous donnera-t-il encore beaucoup de temps pour avancer l’œuvre de notre sanctification ? Ne serons-nous pas, comme d'autres confrères, surpris par la mort ? Ne serons-nous pas, cette année même, parmi ceux que le Seigneur prend annuellement dans nos rangs ?

Nous apporterons surtout de la générosité dans l'accomplissement des deux actes les plus importants de la retraite, c'est-à-dire la confession et les résolutions.

Pour la confession, la Règle nous dit de faire à la retraite une revue de l'année (Art. 24). Quelquefois il faudra étendre cette revue à un temps plus considérable si l'on a quelque doute au sujet des confessions précédentes. D'autres fois, il conviendra de se borner aux fautes commises depuis la dernière confession si, à revenir sur le passé, on s'exposait à des scrupules. Dans le doute, consultons le confesseur sur le parti à prendre.

Nous devons faire cette confession, et d'ailleurs toutes les autres, comme si c'était la dernière. Apportons-y une bonne préparation et excitons en nous des sentiments d'humilité, de contrition, de ferme propos et d'inébranlable confiance. Si nous nous confessons bien, si nous pouvons dire «il m'était impossible de le faire avec plus de soin», nous serons en droit de mépriser les doutes et les perplexités qui nous viendraient dans la suite. S'inquiéter quand on s'est confessé de son mieux, c'est faire injure à la bonté paternelle et à la miséricorde infinie du bon Dieu et oublier que la confession a été instituée pour donner la paix aux âmes et non pour les jeter dans le trouble. C'est bien le cas de dire et de redire : « Paix aux hommes de bonne volonté ».

Après une bonne confession, tournons la page, ne revenons pas sur les péchés accusés, le sang de Notre-Seigneur les a lavés. On peut appliquer à la confession les parole d'Isaïe : « Si vos péchés sont comme l'écarlate, ils deviendront blancs comme la neige ; s'ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine » (Ch. I, 18). « Parce que dans les pardons humains nous avons des petitesses, dit le Père Hornaert, nous en arrivons à croire que Dieu emploie les mêmes mesures étroites. Oh ! que nous le connaissons peu ! Il ignore, Lui, nos mesquineries. Quand Il pardonne au cœur bien disposé, Il pardonne absolument. Il jette nos péchés au fond de la mer » (« Face au devoir », t. 1, p. 197).

Aussi bien avant qu'après nos confessions, ayons recours à la Sainte Vierge. Qui, mieux qu'Elle, pourrait disposer nos cœurs et nous réconcilier avec son divin Fils ? Dans la « Semaine du Serviteur de Marie n, composée par saint Alphonse de Liguori, deux prières surtout, l'une pouvant servir de préparation et l'autre d'action de grâces, expriment très bien les sentiments que nous devons avoir pour Notre-Dame dans nos confessions. Je transcris la finale de la première : « Me voici donc devant vous, vous priez tant pour d'actes ; priez aussi pour moi votre Jésus. Dites-lui qu'il me pardonne et il me pardonnera. Dites-lui que vous désirez mon salut, et il me sauvera. Montrez le bien que vous savez faire à qui se confie à vous. C'est mon espérance, qu'elle se réalise ! Ainsi soit-il ». Dans la seconde prière, on demande en ces termes la persévérance à la Très Sainte Vierge « Si par le passé je suis tombé lamentablement, c'est pour n'avoir pas eu recours à vous. En ce moment, j'ai lieu de croire que les mérites de Jésus-Christ et vos prières m'ont obtenu mon pardon. Mais, je puis perdre de nouveau la divine grâce : le danger n'a pas cessé, mes ennemis ne dorment pas. Que de tentations encore à vaincre ! Ah ! ma très douce Souveraine, protégez-moi ; ne permettez pas que je redevienne l'esclave du péché. Assistez-moi toujours. »

Il convient de ne pas attendre pour la confession les derniers jours de la retraite, afin d'avoir ensuite un temps suffisant pour préparer et fixer les résolutions dont il nous reste à parler.

Les résolutions. Un des pièges les plus subtils du démon, pendant la retraite, est de nous porter à faire trop de fond sur l'enseignement reçu, sur les notes prises, sur les sentiments éprouvés et de nous croire, par là, dispensés de réformer notre conduite, ce qui est le but réel des saints exercices. Pour assurer ce résultat et mener à l'avenir une vie plus surnaturelle et plus apostolique, nous devons prendre de bonnes résolutions et prévoir en même temps les moyens de les tenir. Sans cette sage précaution, il est à craindre qu'en retournant dans nos communautés et dans le travail de l'emploi, nous soyons de nouveau victimes de notre faiblesse et que nous retombions dans les écarts que nous avions déplorés. N'en doutons pas, sans de sérieuses résolutions, la ferveur des saints exercices se refroidira vite au. contact des réalités de la vie ordinaire. Comme par le passé, la chair se révoltera contre l'esprit, la volonté propre s'affranchira de nouveau du joug de la discipline, le cœur se laissera prendre aux affections dissipantes et dangereuses, le monde nous fascinera encore par ses biens illusoires.

C'est pour préparer les résolutions les mieux adaptées à nos besoins, qu'à la retraite nous nous mettons en face de Dieu, pour examiner comment nous le servons ; en face de nos obligations, pour connaître dans quelle mesure nous nous en acquittons ; en face de la Règle et de nos vœux pour voir jusqu'à quel point nous y sommes fidèles ; en un mot, en face de notre vie pour nous disposer à mieux l'ordonner selon la volonté de Dieu et nos intérêts éternels.

Prenons des résolutions à exécution immédiate, car ajourner expose à oublier. Que, tout en étant humbles, elles ne se bornent pas à des actes insignifiants qui, n'atteignant pas les racines des fautes ou des imperfections, ne produisent qu'un mieux momentané. Qu'elles soient également précises, car le vague, l'à peu près dans la vie spirituelle rend impossible tout progrès : on se consume en vains désirs, en aspirations générales, ce sont des fleurs sans fruits. Ainsi, ne disons pas simplement : « Je serai homme de Règle », mais plutôt : « je veillerai sur tel ou tel point déterminé ». Dire : « Je garderai le silence », ne sufflt pas, mais : « je le garderai en particulier en telle ou telle circonstance ». Je ferai bien mon étude religieuse » est une résolution trop générale ; il faut indiquer comment on distribuera sen temps, quels livres on utilisera, etc. … Il en est de même de la pratique de la charité, on n'y parviendra que si l'on indique les fautes que l'on veut éviter : paroles, procédés, jalousie, critiques, on les personnes envers lesquelles on s'appliquera davantage à exercer cette vertu.

Les résolutions peuvent revêtir deux formes. S'appliquer, soit à un point précis négatif : faute à éviter, défaut à corriger, soit à un point précis positif : actes de la vertu que l'on veut acquérir. On pourra aussi combiner judicieusement ces deux formes, par exemple : se proposer non seulement d'éviter la médisance mais s'appliquer, de plus, à mettre en relief les qualités de celui envers qui on veut devenir plus charitable.

Pour mieux assurer le succès de nos efforts, nous pourrions déterminer pour chaque résolution une tâche mensuelle, à mettre au point lors des récollections. Il est conseillé que nos résolutions de retraite soient comme un centre d'intérêt vers lequel nous ferons converger les points d'examen et, autant que possible, les résolutions de la méditation, afin d'assurer à la vie spirituelle plus de cohésion et d'unité, évitant l'éparpillement des efforts et toute complication fatigante.

Puisque notre retraite, cette année, doit être particulièrement consacrée à la Très Sainte Vierge, nous aurons soin, dans le choix de nos résolutions, de ne pas oublier nos obligations envers elle. Où en sommes-nous pour les pratiques pieuses établies en son honneur dans l'Institut ? Notre tribut quotidien d'amour et de louanges n'a-t-il rien perdu en assiduité et en ferveur au cours des années ? Examinons, en particulier, si nous avons été fidèles aux deux points signalés plus instamment à notre bon vouloir, pour cette année mariale, dans la Circulaire de décembre dernier : a) Nous préserver et préserver nos élèves du vice impur ; b) Bien donner l'instruction hebdomadaire sur la Sainte Vierge.

Il convient d'écrire les résolutions ainsi que les motifs que l'on a de les prendre afin de les relire à jour et heure déterminés : à l'étude religieuse, après la confession, etc. … Si parfois nous sommes tentés de les négliger, leur lecture nous rappellera que c'est en pleine liberté que nous les avons choisies et alors que nous disposions de lumières abondantes ; que, par conséquent, ce ne serait pas raisonnable de les rétracter ou d'en réduire la portée lorsque les tentations ou les préoccupations nuisent à la sérénité de nos pensées, de nos jugements et de nos décisions.

Ne négligeons pas de prendre des résolutions par la crainte de ne pas les tenir. Cette crainte n'est que trop fondée, vu notre faiblesse dont nous avons fait tant de fois l'expérience. Mais, comptant sur le secours de Dieu que nous obtiendrons par la prière, ne nous décourageons jamais. Faisons tout ce qui est en notre pouvoir : les petites victoires, si nous sommes constants, seront suivies de véritables triomphes.

« Le cœur de l'homme, dit le Psalmiste, forme des desseins, mais le Seigneur dirige ses pas », c'est pourquoi nous devons souvent renouveler nos résolutions sous forme de prière, surtout après la Sainte Communion et dans nos visites au Saint Sacrement.

Lorsque, au salut de clôture des saints exercices, nous nous consacrerons, selon la coutume, à la Très Sainte Vierge, déposons à ses pieds nos résolutions afin qu'elle nous obtienne que les jours bénis de la retraite, passés sous son patronage, soient le prélude d'une vie désormais plus complètement dévouée à son service et à celui de son divin Fils. 

Année Mariale et œuvres sociales

 Le 18 novembre dernier, la S. C. des Religieux adressait aux Supérieurs Généraux des instructions pour l'Année Mariale, exprimant le désir qu'elles fussent portées, le plus tôt possible, à votre connaissance. Comme elles sont arrivées trop tard pour trouver place dans la Circulaire de décembre, je me suis fait un devoir d'en envoyer une copie à tous les Frères Provinciaux et aux Frères Visiteurs chargés d'un District.

Bon nombre de revues de famille des Provinces se sont empressées de vous les communiquer, ce dont je les remercie. Elles ont de la sorte, non seulement répondu à ma pensée, mais, de plus, elles ont donné une preuve de leur respect pour les consignes de Notre Saint-Père le Pape dont les Congrégations Romaines ne sont que les porte-parole.

Je ne crois pas nécessaire de suivre le document en question dans tous ses détails puisque, Dieu merci, les programmes que vous avez élaborés contiennent la plupart des suggestions venues de Rome. Il y a cependant deux points sur lesquels je voudrais surtout attirer votre attention, car ils obéissent à des besoins urgents et actuels que nous sommes exposés à perdre de vue. Les deux soulignent la nécessité de marquer l'Année Mariale par des œuvres sociales, soit en les établissant nous-mêmes, soit en y intéressant nos élèves et anciens élèves. En voici le texte :

« Pendant l'Année Mariale, chaque Institut, chaque Province, et si possible chaque maison de l'Institut, s'efforcera de commencer une œuvre sociale en rapport avec l'esprit de l'Institut (cliniques gratuites, dispensaires ou fondation d'un lit gratuit ; écoles gratuites ou places gratuites dans les écoles, visites aux quartiers pauvres et catéchismes », etc. … ). Il est dit plus loin :

« Promouvoir la fondation par les élèves, garçons et filles, les anciens et les anciennes élèves. ou en général par ceux qui sont de quelque façon sous l'influence de l'Institut ou de la maison, d'une œuvre sociale en rapport avec leurs moyens, ou du moins qu'ils soutiennent les œuvres fondées par l'Institut.

« Qu'on recommande, en outre, les travaux en faveur des pauvres et des églises, l'instruction religieuse aux classes pauvres, etc. … »

Que ferons-nous pour répondre à cet appel du Saint-Siège ? Cela variera avec les Provinces et les maisons, avec leur nature, leur importance, leurs ressources et autres circonstances. Je me bornerai à indiquer quelques-unes des initiatives possibles soit pour nous, soit pour les élèves et, les anciens élèves, vous laissant le soin de choisir celles qui, étant réalisables, sont plus nécessaires dans le milieu où vous vous dévouez.

Je dirai un mot : a) des bourses et des écoles pour enfants pauvres ; b) des catéchismes dans les quartiers populaires c) des soins à donner aux domestiques et aux employés ; d) des maîtres auxiliaires ; e) de nos malades et vieillards ; f) des anciens élèves ; g) des associations de parents d'élèves. Vous remarquerez que j'ai pris œuvres sociales dans un sens très large. Il le fallait pour que le choix à faire soit plus facile et pour que personne ne puisse alléguer l'impossibilité de répondre à l'appel de l'Église. 

a) Bourses et écoles pour enfants pauvres. Dans bien des pays nos écoles sont surtout paroissiales, tous les élèves y sont admis. Pauvres ou non, ils ne payent rien ou, tout au plus, une rétribution modique. Mais il est des Provinces où la plupart des écoles sont payantes, et les mensualités perçues sont parfois élevées. Il faut que ces établissements donnent des bourses ou des demi-bourses ; certains le font spontanément, d'autres y sont tenus par les autorités scolaires. Je souhaite que l'on examine partout si ce qui se fait à ce sujet est suffisant.

Il faut de plus, que là où c'est possible, on envisage la fondation de quelque école gratuite pour marquer cette Année Mariale. Certaines Provinces ont déjà pris des mesures dans ce sens ; je considère que d'autres, de par leur prospérité matérielle, sont tenues de suivre leur exemple, devraient-elles pour cela renoncer à des fondations plus rémunératrices. Faire ainsi la part des pauvres, est chose très agréable au bon Dieu qui saura rendre cent pour un, en célestes bénédictions.

De telles écoles s'imposent surtout dans les grandes villes où nous avons des établissements particulièrement prospères. Munies des autorisations voulues, les Provinces pourvoient aux dépenses de fondation et d'entretien, soit par leurs seules ressources, soit avec l'aide de bienfaiteurs.

Je ne saurais trop insister sur cette suggestion qui invite à un retour à l'esprit de notre Vénérable Fondateur. Il y aurait avantage à méditer les pages de sa vie où le Frère Jean-Baptiste met en relief son extraordinaire charité pour les enfants pauvres qu'il recueillait chez les Frères, nourrissait, habillait et instruisait, ainsi que pour les indigents malades auxquels on l'a vu donner de son nécessaire et même sa propre paillasse.

En divers endroits, les Amicales d'anciens élèves fournissent des bourses ou des secours. Il arrive aussi que les élèves payants contribuent au soutien des écoles pauvres par des dons en, espèces, par des livres de classe en bon état dont ils n'ont plus besoin, par des habits qui, quoique usagés, peuvent être utilisés ; ceci surtout dans les pays où les classes sociales sont plus tranchées Qu'on développe là où ils existent déjà les cours d'apprentissage qui intéressent surtout les familles pauvres ou de condition moyenne. Qu'on examine si l'heure n'est pas venue de les fonder en des pays où les carrières libérales sont encombrées si bien que des diplômés ont de la peine à trouver un travail rémunérateur.

 b) Catéchismes dans les quartiers pauvres. Ces catéchismes tendent de plus en plus à s'établir dans les villes où nous dirigeons des écoles payantes. Des Frères, la plupart du temps des volontaires, se rendent le dimanche on le jour de congé hebdomadaire dans les quartiers où le besoin d'enseignement religieux se fait le plus sentir. Ils instruisent les enfants de la doctrine chrétienne, les font jouer, les conduisent aux offices, les préparent à leur première communion. L'ignorance de leurs catéchisés leur fait bientôt voir l'excellence de leur apostolat Ils contribuent : à renouveler les paroisses, non seulement par leur action sur des âmes bien disposées, mais encore parce que les prêtres trouvent dans leur concours un réconfort et un moyen d'atteindre les parents.

Des élèves et des anciens élèves sont initiés à ce travail ; une préparation spéciale leur est donnée. Elle consiste à les aider à accroître leur vie spirituelle, les portant à se remplir de Notre-Seigneur pour le communiquer aux âmes, à se donner au prochain, sacrifiant leurs loisirs, non dans des vues égoïstes., mais pour que Dieu soit mieux connu et aimé. Ils reçoivent de même, périodiquement, des instructions sur les programmes et sur les méthodes à suivre. L'idéal serait d'obtenir que ces auxiliaires parviennent à assurer par eux-mêmes la marche de ces cours, les Frères se bornant à les guider. II est facile d'obtenir également la coopération des élèves et anciens élèves pour les récompenses à donner et pour les frais de première communion : habits, cierges, déjeuner, etc. …

Quelques Grands Novices de Saint-Quentin-Fallavier vont deux à deux, chaque jeudi, faire le catéchisme aux enfants de quatre paroisses voisines. Le dimanche, ils les surveillent à l'église et, leur apprennent à suivre la sainte Messe. De même, des Scolastiques de la classe de philosophie de Saint-Genis-Laval consacrent le temps de leur promenade hebdomadaire à seconder le Vicaire de la paroisse pour la bonne marche du patronage qui réunit les enfants de notre école libre et de l'école publique.

 c) Soins à donner aux domestiques et aux employés. Les domestiques sont parfois nombreux, surtout dans les pensionnats. Ont-ils partout un logement convenable ? Sont-ils suffisamment payés ? Ne leur demande-t-on pas un travail exagéré qui les prive du repos auquel ils ont droit ? Fait-on pour eux tout ce qui convient en cas de maladie ? Se conforme-t-on partout au canon 509, paragraphe 2, 2°, du Code de Droit canonique qui fait une obligation aux Supérieurs « d'instruire de la religion les domestiques et familiers, leur donnant au moins deux fois par mois, une instruction sur la doctrine chrétienne bien adaptée aux auditeurs » ? N'y a-t-il pas lieu d'imiter ce qui se fait en certains endroits où un Frère préside la prière du soir des domestiques et leur fait une petite lecture ? Nos domestiques et employés deviennent-ils meilleurs à notre service grâce à nos bons procédés à leur égard et au soin que nous prenons de leur âme ?

Tout me porte à croire, mes biens chers Frères, que sur ce point un effort est à faire en maints endroits : la. conscience des responsables y est sérieusement engagée. Veillons également à ce que nos domestiques ou employés puissent remplir leurs devoirs de chrétiens les dimanches et jours de fête, ainsi que le devoir pascal.

Là où la loi n'y a pas pourvu, nous devons assurer les soins nécessaires ou l'hospitalisation aux domestiques restés à notre service jusqu'à ce que l'âge ou la maladie les obligent à laisser définitivement leur emploi.

Je signalerai, en passant, la belle réalisation de notre maison d'Éditions de Saragosse où les ouvriers jouissent de maints avantages librement accordés par nos Frères, entre autres : gratification à la fin de l'année, secours exceptionnel à l'occasion d'une naissance, d'un mariage, d'un décès, etc. …, bourses d'études dans une école catholique de leur choix à tous leurs enfants. Inutile de dire que l'on a assuré de la sorte un meilleur service dans un meilleur esprit, en même temps que l'on a donné le bon exemple aux autres employeurs.

Le problème social, dont on redit sans cesse la gravité, est difficile à résoudre ; du moins nous, religieux, devons-nous remplir fidèlement les devoirs de justice et de charité que nous prescrivent les lois divines et humaines, les encycliques et notre conscience. Sans doute, comme représentants de l'Institut, devons-nous défendre ses intérêts, mais nous ne pouvons non plus oublier que nous sommes également les représentants de Notre-Seigneur et de l'Évangile et qu'un manque de justice ou de charité de notre part, porterait préjudice à la religion. L'archevêque de Bordeaux écrit à ce sujet : « Pour une bonne part, ce sont les iniquités sociales qui font obstacle au règne du Christ sur la terre et qui, par là, compromettent l'équilibre du monde. Car il y a un plan pour la marche du monde, c'est l'Évangile. Soyons vraiment chrétiens !… »

 d) Les maîtres auxiliaires doivent être également l'objet de soins matériels et spirituels. On organise parfois pour eux des récollections, on leur fournit des revues et des livres pour leur formation religieuse ou pédagogique, etc. … Par l'intérêt qu'on leur témoigne, on les attache à l'Institution qui les emploie et l'on en fait des collaborateurs zélés et non de simples salariés.

 e) Nos malades et nos vieillards. Ils méritent d'avoir leur place dans ces suggestions pour l'Année Mariale. N'ont-ils pas consacré leur vie à la Très Sainte Vierge et, la plupart, ne l'ont-ils pas servie pendant de longues années ? N'est-ce pas la volonté de cette tendre Mère que nous soyons les instruments de sa bonté, de sa délicatesse envers ces enfants qu'elle aime d'autant plus qu'ils souffrent davantage, les uns de leurs maladies ou infirmités, les autres de l'impuissance de l'âge ? Et puis, notre charité ne doit-elle pas s'exercer avant tout à l'égard des nôtres ?

Y a-t-il partout des infirmeries biens organisées et bien tenues ? Des infirmiers dûment préparés et très dévoués, libres de toute autre occupation qui pourrait leur faire négliger leur emploi principal ? Qu'a-t-on fait dans ce sens depuis la Circulaire consacrée à ce même sujet il y a trois ans ? Soulageons de notre mieux nos malades, nos infirmes et nos vieillards ; épargnons-leur, autant qu'il dépend de nous, la peine de se voir confiés, sans motif suffisant, à des mains étrangères ; évitons toute négligence à leur fournir ce dont ils ont besoin : visites du médecin, remèdes, nourriture, chambre, vêtements, etc. … Évitons plus encore toute froideur, tout manque d'égards, toute remarque déplaisante, autant de choses capables d'augmenter des souffrances que nous avons l'obligation de soulager dans la mesure où le permet la Règle interprétée avec beaucoup de cœur.

 f) Pour les anciens élèves, on tend à organiser partout des Amicales qui sont une force très efficace pour le soutien des écoles catholiques et un ferment d'esprit chrétien pour les paroisses, lorsque leur activité est dûment orientée vers ce double but. Il faut pour cela qu'elles ne se bornent pas à une réunion annuelle où la note religieuse n'est que chose accidentelle. Elle doit provoquer des rendez-vous pour messe et communion, pour conférences ou études sur des questions religieuses ou sociales ; promouvoir l'entr'aide des membres, encourager ceux-ci à s'enrôler dans l'Action Catholique, à prendre part à certaines manifestations extérieures de foi : pèlerinages, processions, congrès, etc. … On a pu en divers endroits, entre autres à La Havane, organiser un triduum d'instructions préparatoires à la communion pascale faite ensemble. Ailleurs, on a de même, établi des bibliothèques avec prêt de livres à domicile.

 g) Associations de parents d'élèves. « Le dialogue des parents et des maîtres, écrit l'abbé Claude Roffat, est indispensable à toute action éducative profonde ».

II est douloureux de constater le divorce fréquent qui existe entre les parents d'élèves et les institutions d'enseignement, même dans certains grands collèges religieux jouissant d'une excellente réputation.

Pour divers motifs, parmi lesquels la diminution de l'esprit chrétien et la lutte pour la vie, les parents sont exposés à ne pas s'occuper suffisamment de l'éducation de leurs enfants. Attentifs surtout à leurs progrès dans les études, ils risquent de mettre au second plan leur formation chrétienne. De plus, ils se désintéressent souvent de la vie de l'école parce qu'ils en ignorent les problèmes fondamentaux. Problèmes dont la solution, qui exige une aide mutuelle, peut exercer une influence favorable ou défavorable sur l'instruction et l'éducation de leurs enfants.

C'est une véritable éducation ou rééducation qui s'impose pour bon nombre de parents sur ce point. De là, la nécessité de contacts fréquents avec les maîtres, de réunions périodiques où l'on étudie en commun les moyens à adopter pour une action concertée, des échanges de vues pour corriger certaines déficiences, aussi bien individuelles quo collectives et pour promouvoir telles réformes ou améliorations jugées nécessaires.

Les Associations de parents, de même que celles des Anciens élèves, peuvent être amenées, en maintes circonstances, à défendre l'école à en assurer la vitalité ou même éventuellement son maintien, par leur intervention auprès des pouvoirs publics.

Recevant le 6 janvier dernier, les professeurs de l'enseignement secondaire italien, Notre Saint-Père le Pape leur disait : « …Nous encourageons volontiers ce qui facilitera et rendra toujours plus étroite la collaboration de l'école et de la famille. Celle-ci, en effet, choisit le professeur pour préparer l'adolescent à vivre, dans la cité et dans l'Église, sa vie d'adulte. La famille ne doit ni ne peut abdiquer sa fonction directive ; la collaboration est naturelle et nécessaire ; mais elle suppose, pour être féconde, une mutuelle connaissance, des rapports constants, l'unité de vues, des rectifications successives. Alors seulement les professeurs pourront rendre effectif leur idéal. La famille doit être le plus solide appui du maître à. Ions les degrés : local, syndical, national…»

Il est donc à souhaiter, mes bien chers Frères, que les Associations de parents se fondent là où elles n'existent pas encore.

J'aurais pu parler de l'organisation de la Société de Saint-Vincent-de-Paul parmi les grands élèves, des retraites fermées, de collectes en faveur d'églises à construire ou à réparer, aussi bien que d'hôpitaux, d'orphelinats, d'œuvres missionnaires, etc. … Mais il vous sera facile d'ajouter à la nomenclature qui précède, d'autant plus que vous serez probablement sollicités pour diverses oeuvres charitables. Secondez, dans la mesure du possible, les initiatives qui entrent dans l'esprit de l'instruction de la S. C. des Religieux. Dieu fasse que celles que vous adopterez aident les âmes à mieux aimer et servir Notre-Seigneur. N'est-ce pas un excellent moyen d'honorer Marie et de lui être agréable ?  

Cause de béatification

du Vénérable Père Champagnat.

 Vous souhaitez ardemment voir bientôt, notre Vénérable Père Fondateur sur les autels. De ce fait, vous suivez avec un vif intérêt les étapes du Procès des miracles actuellement en. cours à la Sacrée Congrégation des Rites. C'est pour répondre à vos désirs légitimes, que diverses communications ont été faites.

Bien que les chers Frères Provinciaux se soient fait sans doute un plaisir de vous en donner connaissance au plus tôt, il semble opportun de les reproduire. A l'avenir la Circulaire reproduira de même les informations éventuelles données sur le même sujet. De la sorte on pourra facilement retrouver, plus tard, la documentation sur la marche de la Cause. 

Communication du 25 octobre 1953.

Ces jours derniers l'Osservatore Romano annonçait que le 16 octobre la Sacrée Congrégation des Rites avait reconnu la validité des procès apostoliques sur les miracles concernant trois Serviteurs de Dieu, dont le Vénérable Marcellin Champagnat.

Cela veut dire que les documents officiels relatifs aux deux guérisons attribuées à l'intercession du Vénérable Marcellin Champagnat et obtenues, l'une à Madagascar, en faveur de Jean RAYNAVO, et l'autre, aux États-Unis, en faveur de Mme Georgina GRONDIN, ont été agréées par la Sacrée Congrégation des Rites.

A la suite de cette décision, celle-ci a confié l'étude des deux procès, quant au fond, à ses médecins experts.

Il appartiendra à ces derniers d'examiner les deux cas et de déclarer si ces guérisons relèvent d'une autre cause que d'une cause naturelle.

Nous avons donc encore besoin de bien prier et d'offrir à Dieu nos sacrifices pour qu'Il nous accorde bientôt la grande faveur de la Béatification. 

Lettre du 5 février 1954.

                   Mon bien cher Frère Provincial,

Comme vous en avez été informé précédemment, les deux faveurs attribuées au Vénérable Père Champagnat et présentées à la Sacrée Congrégation des Rites, en vue de la Béatification, ont été l'objet d'un examen préliminaire de la part de quatre médecins désignés par Promoteur de la Foi. Chacun des faits a été examiné par deux médecins distincts.

Or, j'ai le plaisir de vous annoncer que les conclusions de ce premier examen sont favorables, mais les deux guérisons seront soumises à l'étude d'une Commission d'au moins huit médecins experts de la Sacrée Congrégation des Rites.

Le travail individuel achevé, ces médecins doivent se réunir pour émettre un vote dont l'importance est capitale pour la marche subséquente de la Cause. Il restera encore d'autres étapes à franchir pour lesquelles des retards ou des arrêts sont possibles.

C'est pourquoi, en portant à la connaissance des Frères une nouvelle qui leur sera agréable, veuillez leur redire qu'il est de notre devoir de tâcher d'obtenir, autant que cela dépend de nous, une conclusion favorable par de ferventes prières à cette intention et par une plus grande fidélité à nos obligations religieuses, impliquant de généreux sacrifices.

Vous voudrez bien assurer un contrôle vigilant des « Revues de famille » pour qu'on s'abstienne de rien publier sur la marche de la Cause du Vénérable Père Fondateur en dehors de ces communications officielles. Et cela pour éviter qu'avec les meilleures intentions, on présente les faits d'une façon inexacte et que l'on provoque un optimisme prématuré. 

Lettre du 22 février 1954.

                      Mon bien cher Frère Provincial,

Le cher Frère Procureur Général près le Saint-Siège nous informe que la Cause de Béatification de notre Vénérable Père Fondateur est parvenue à une étape qui peut être décisive pour la suite du Procès.

Les avis favorables des quatre médecins, préalablement consultés, ont été imprimés et annexés au Sommaire des deux faits en question. Douze exemplaires de ces documents ont été remis à Mgr Salvatore Natucci, Promoteur de la Foi, qui les a fait distribuer au Collège des Médecins de la Sacrée Congrégation des Rites, en donnant à ces derniers un mois pour en faire l'étude, au terme de laquelle ils se réuniront pour procéder à la discussion des deux miracles.

Le point en quelque sorte névralgique de notre Cause si chère est précisément dans le résultat de la discussion dont le procès-verbal confirmera les votes favorables précédemment émis ou bien les annulera.

Le Promoteur Général de la Foi a déjà fixé au 18 mars, vigile de la fête de saint joseph, la réunion du Collège des Médecins.

Tous les Frères de l'Institut remarqueront avec nous que saint Joseph, Patron de l'Institut, ayant été si grandement honoré par le Vénérable Père Champagnat, prendra sous sa puissante protection, si nous l'en prions, cette séance des Médecins de la Sacrée Congrégation des Rites et dont l'importance est si considérable.

En conséquence, après avoir pris l'avis des membres du Conseil Général, je viens vous proposer ce qui suit

 1° En annonçant, au plus tôt, l'événement, vous voudrez bien demander à tous les Frères, Novices et Aspirants, de redoubler d'attention dans la récitation quotidienne de la prière approuvée pour demander la Béatification du Vénérable Père Champagnat et de faire avec une particulière ferveur la neuvaine préparatoire à la Fête de saint Joseph, pendant laquelle on dira, en plus des prières marquées au Calendrier, la Prière composée par Léon XIII, pour le Patronage de saint Joseph.

 2° On prendra des mesures pour que, le mercredi 17 mars, la Sainte Messe et la Communion soient offertes dans l'intention de recommander à Notre-Seigneur, par l'intercession de Notre-Dame et de saint Joseph la Cause qui nous tient tant à cœur.

 3° Le 18 mars tombant un jeudi, jour où la bénédiction du Très Saint-Sacrement est de règle dans les maisons de formation, on pourra s'entendre avec MM. les Aumôniers pour que l'exposition soit faite dans la matinée pendant une heure, durant laquelle des prières seront faites dans la même intention, à moins que l'on puisse obtenir cette exposition et cette heure sainte dès le mercredi soir.

 4° Aux prières, on joindra un sacrifice qui consistera à faire ce jour-là un jeûne analogue à celui du samedi.

Enfin, avec plus d'humilité, de foi, de confiance et d'amour dans nos exercices de piété, il nous faut apporter partout une plus généreuse fidélité dans l'observation de nos Règles et de nos saints vœux. Nous nous disposerons ainsi à accueillir avec une parfaite sérénité d'âme les dispositions providentielles touchant la Cause de notre Vénérable Père. 

Lettre du 20 mars 1954.

 Mes bien chers Frères,

Vous avez hâte de savoir si là réunion annoncée de la Commission des Médecins a eu lieu pour la Cause qui nous est si chère. Le cher Frère Procureur Général près le Saint-Siège nous informe que la séance s'est tenue dans la matinée du 18 mars. Il a pu savoir que, conformément à la procédure suivie dans toutes les réunions de la Commission des médecins, le Secrétaire de cette Commission est chargé de rédiger une relation de la séance qui doit être communiquée dans une autre réunion, dans laquelle on approuve le rapport et on le signe. Ce n'est guère qu'après cette seconde réunion que le Promoteur de la Foi donne une communication officieuse du résultat du jugement médico-légal émis par la Commission.

Ainsi nous n'avons qu'a continuer nos prières et nos sacrifices pour que, par l'intercession de la Sainte Vierge et de saint Joseph, le Seigneur nous accorde la faveur que nous souhaitons tous avec ferveur. Nous vous tiendrons au courant de la suite de la procédure.  

Prochaine Canonisation

du Bienheureux Chanel.

 Pierre-Louis-Marie Chanel, protomartyr de l'Océanie qui fut béatifié le 17 novembre 1889, sera canonisé sous peu. La cérémonie a été fixée au dimanche 13 juin.

La Société de Marie se sent honorée et se réjouit à juste titre en voyant l'un des siens glorifié de la sorte. Elle reçoit la récompense, bien méritée, du zèle infatigable que ses membres déploient depuis plus de cent ans pour l'évangélisation de l'Océanie. Nous partageons cette joie et, cette juste fierté, non seulement en tant que fils de l'Église, mais encore parce que nos deux Congrégations ont une origine commune et que depuis les premiers jours de la conquête spirituelle des Antipodes, nous avons travaillé côte à côte en divers endroits.

C'est le 17 janvier dernier, deuxième dimanche après l'Épiphanie qu'à été lu, en présence du Souverain Pontife, le Décret qui reconnaît définitivement la validité des deux miracles attribués au Bienheureux en vue de sa canonisation. Mais, comme dès le 17 novembre, date de la Congrégation Générale présidée par le Saint-Père, on pouvait tenir pour certaine cette heureuse issue, j'ai adressé, au nom du Conseil Général, la lettre suivante au R. P. Alcime Cyr, Supérieur Général de la Société de Marie : 

Très Révérend Père Supérieur Général,

C'est par le journal « La Croix » qui nous arrive ce matin de Paris, que nous apprenons la grande et joyeuse nouvelle de l'heureuse issue du Procès des Miracles attribués à l'intercession du Bienheureux Chanel et présentés en vue de sa Canonisation.

Cette date du 17 novembre, qui nous rappelait les solennités de la Béatification du Serviteur de Dieu en 1889, deviendra plus chère encore au rieur de tous les Maristes, puisqu'elle permet d'envisager avec certitude la glorification du Père Chanel et son inscription au catalogue des Saints pour l'année mariale 1954.

Inutile d'insister sur la pensée qu'à l'occasion de ce glorieux événement, tout l'Institut des Petits Frères de Marie tressaille d'allégresse avec la Société de Marie, à laquelle il est intimement uni depuis les origines.

Nous ne perdons pas de vue qu'un Petit Frère de Marie, formé par le Père Champagnat à l'Hermitage : le Frère Marie-Nizier (J.-M. Delorme), était compagnon du Père Chanel, à Futuna, quand le Protomartyr d'Océanie cueillait, le 2e avril 1841, la palme méritée par sou. héroïque dévouement et que, depuis toujours, les Petits Frères de Marie, notamment en ces îles océaniennes, ont entretenu d'excellentes relations avec les fils spirituels du Vénérable Père Colin.

Je puis donc vous assurer, en mon nom et à celui des Membres du Conseil Général de notre Institut, que c'est de tout cœur que nous nous unissons à la joie et aux prières de la Société de Marie dans la glorification suprême de son saint apôtre et martyr.

Daignez agréer, Très Révérend Père Supérieur Général, l'expression de nos sentiments de religieux et profond respect dans les Saints Cœurs de J. M. J. 

Voici la réponse :

                 Très honoré Frère Supérieur Général,

Tous les RR. PP. Assistants, ainsi que votre humble serviteur, avons été touchés de l'attention si délicate qui vous a porté à vous unir à. notre grande joie dès la première annonce de la Canonisation du Père P.-L. Chanel. Nous avons senti dans votre démarche si fraternelle que nous étions bien de la même famille et retrouvé l'attachement si profond qui unissait le P. Champagnat et le Père Colin.

On ne saurait évoquer d'ailleurs les souvenirs de Futuna sans penser à l'unique compagnon, héroïque lui aussi, de notre martyr, votre si dévoué Frère Marie-Nizier.

Nous espérons donc que. les Frères Maristes pourront s'associer aussi nombreux que possible aux fêtes qui se préparent et que vous voudrez bien vous-même être à mon côté le jour de la Canonisation.

Veuillez agréer, Très Honoré Frère Supérieur Général, l'hommage de mon estime et de mes sentiments religieusement dévoués en Notre-Seigneur et en Notre-Dame.

A. m. CYR, s. M., Sup. Général.. 

La Circulaire du 15 janvier 1890 donne un aperçu de la vie et du martyre du Bienheureux Chanel ainsi que le Bref de Béatification et la description des cérémonies de Saint-Pierre de Rome. La lecture de ces pages vous permettra d'intéresser. vos élèves aux honneurs suprêmes décernés pour la première fois à un Mariste.

Le corps dit saint. martyr fut enterré non loin de sa case à Poï. En 1842 ; on le transporta à Auckland où il resta sept ans. Le 1ierjuin 1850, il arrivait à Lyon après un séjour de quelques mois à Sydney. II était jusqu'ici au Scolasticat des Pères Maristes à Sainte-Foy (Lyon). Devant sa châsse, génération après génération, les jeunes religieux. sont venus s'agenouiller pour demander la protection de leur aîné. Une partie de ces restes vénérés viennent d'être transportés à Rome pour les cérémonies de la Canonisation. 

Frère Marie-Nizier. – Voici, d'après la revue Missions des Iles, de la Société de Marie, le concours qu'apporta au saint martyr ce confrère qui fut son fidèle compagnon :

La Providence a donné au Père Chanel un bon compagnon en la personne du Frère Marie-Nizier,

Né Jean-Marie Delorme, à Saint-Laurent-d'Agny (Rhône), en 1817, date de la vocation du Père Chanel, Frère Marie-Nizier avait fait partie du groupe des premières professions des Frères Maristes destinés à l'enseignement. C'est dans ce but qu'il avait demandé de s'embarquer pour les Missions dès le premier départ, en 1836.

Durant cinq ans, à Futuna, il seconda parfaitement le Père Chanel qui fut son unique maître et compagnon. L'ardeur du Père fut la sienne, et les jours d'épuisement on sait qu'ils s'entr'aidaient fraternellement. Du reste, jamais le Père Chanel ne tint Frère Marie-Nizier pour son domestique. Il lui faisait largement partager sa vie et lui laissait ses responsabilités de catéchiste. « Les insulaires auront peut-être moins d'aversion pour vous », lui disait-il.

Frère Marie-Nizier écrivait avec aisance et dans une belle langue. C'était un homme intelligent, posé, plein d'esprit, soucieux du moindre détail. A Futuna, où il resta de longues années, il fut toujours pour les Pères un modèle de sacrifice quotidien resté ignoré, mais d'une très grande efficacité pour le succès de la Mission. Les indigènes l'avaient en très grande estime et l'appelaient familièrement de son prénom Soane Malia (Jean-Marie), comme ils appelaient le Père Chanel Petelo (Pierre).

Après avoir survécu trente-trois ans au Martyr de Futuna, Frère Marie-Nizier mourut en 1874, à Londres, où il venait d'arriver épuisé. Il ne tarissait pas d'éloges sur l'exceptionnelle amabilité du Père, son inlassable dévouement, la délicatesse et la distinction qui rendaient sa charité si vraie, si humaine. La ténacité du Père, malgré sa santé délicate, avait toujours fait son admiration.

C'est avec les yeux et le cœur du Frère Marie-Nizier qu'il faut comprendre et aimer le Père Chanel.

Le Père Colin l'avait bien compris, puisque c'est au bon Frère qu'il s'était adressé pour recueillir les documents essentiels sur le Père Chanel.

D'une excellente mémoire et d'une sincérité absolue, le Frère se fit scrupule de ne dire que ce qu'il avait vu, ou appris de source sûre.

Il restait si pénétré de la présence du Bienheureux Martyr qu'après trente ans de réflexion, de prière et de fidélité, il pouvait encore parler de sa vie quotidienne comme s'il la vivait avec lui.  

Province de Chine

 Prise d'habit à Pékin. Comme on le sait, les derniers postulants de Chala avaient essayé, il y a deux ans, de se rendre au Noviciat de Macao. Ils avaient été refoulés par la police à la frontière qui ne se trouve qu'à quelques pas de la maison qui faisait l'objet de leur rêve.

Ils avaient dû revenir à Pékin, bien désappointés. on leur avait alors expliqué que, vu les circonstances, ils pouvaient rentrer dans leurs familles, tout noviciat étant désormais impossible.

Ces braves jeunes gens, pourtant, ne s'étaient pas laissés convaincre. Ils avaient insisté pour rester avec les Frères, soit comme ouvriers dit vignoble, soit dans des situations au voisinage de Chala. Ils voulaient l'assurance qu'ils seraient acceptés dès que la révolution serait finie, dussent ils attendre de longues années et jusqu'à la mort.

Tant de persévérance était très édifiante. Une certaine accalmie dans la persécution s'étant produite dans la région de Pékin, on crut pouvoir demander au Saint-Siège des facilités spéciales pour organiser au mieux un noviciat plus ou moins clandestin, ce qui fut accordé. Les huit postulants ayant pu être réunis dans notre maison de Chala, voici ce que nous avons pu savoir par une lettre du C. F. Aristonique, Frère chinois faisant office de Provincial en l'absence du C. F. André-Gabriel en prison : « Après une préparation éloignée de deux ans et une prochaine de dix jours de retraite, nos braves postulants ont pu se donner au bon Dieu dans la famille de la Sainte Vierge par une vêture touchante. Leurs parents ont même pu être convoqués ainsi que la plupart des Frères dispersés dans les environs et tout s'est passé aussi solennellement que jadis.

Que notre bonne Mère du ciel garde ces bons novices pour toujours sous son manteau maternel. Nous avions cru prudent d'avertir les autorités de la réouverture de notre « séminaire », il faut savoir que Pékin a encore un séminaire où se sont réfugiés les séminaristes de tous les diocèses du nord de la Chine, et qu'on laisse en paix pour le moment. Nos novices suivent, autant que possible, les programmes et les horaires prescrits par les Règles du Gouvernement. Ils portent la soutane jusqu'à midi. Le soir ils ont un peu de travail manuel et, comme ils ne pourront pas faire la classe, on leur apprend un métier : menuiserie, taillerie, électricité, etc. … Ils remercient les Supérieurs des démarches qu'ils ont faites et qui ont permis de rouvrir le noviciat en des circonstances si anormales ».

Recrutement. Il n'a jamais été complètement interrompu dans l'intérieur de la Chine et il s'organise dans les divers pays où nos Frères persécutés se sont établis. Ainsi, il y a encore une douzaine de juvénistes à Pékin, dont quelques-uns passeront prochainement au postulat. Le juvénat de Singapour, inauguré depuis peu, compte une dizaine d'aspirants.. De Canton, le Frère Adon, qui est isolé et fait fonction de catéchiste près de la cathédrale, ne pouvant suffire à son travail, annonce qu'il a trouvé un compagnon, bon jeune homme qui l'aide bien et qu'il enverra sous peu au noviciat de Pékin.

Nous avons ouvert un noviciat à Singapour ; il compte deux novices chinois. Un autre à Kobé (Japon), où un aspirant prendra le saint habit le 15 août prochain. On prévoit l'ouverture d'un noviciat à Hongkong où plusieurs jeunes gens demandent à entrer dans l'Institut. Ainsi, grâce à la bénédiction céleste et à la ténacité de tous, la pauvre Province de Chine reste pleine d'espoir pour l'avenir. Elle veut pouvoir assurer le maintien des fondations récentes et être prête à reprendre les oeuvres de Chine dès que les circonstances le permettront. Prions pour que cette heure ; sonne bientôt et pour le succès des projets de nos confrères que nous félicitons pour leur courage fait d'esprit de foi et de dévouement à l'institut.

Nos Frères en prison. Ils ont plus particulièrement besoin que nous les recommandons au bon Dieu et à la Sainte Vierge. L'un des six dont nous donnions les noms dans la dernière circulaire, le Frère Émile-Étienne, a été remis en liberté à la mi-décembre, mais il ne peut abandonner Tsingtao. Il y a trouvé du travail à la mission, près de son ancienne école. Par contre, un autre Frère est en prison à Shanghaï. C'est le Frère Régis-Antonin. Mais, quoique la nouvelle de son arrestation ait pu être confirmée, on ne possède aucun détail sur la date, les raisons ou prétextes d'une telle mesure.

Nous ignorons de même tout des conditions où se trouvent nos six chers confrères captifs. Les religieux expulsés, qui ont connu les geôles communistes chinoises, disent qu'ils peuvent aussi bien passer des mois dans des cellules minuscules où ils sont complètement isolés du monde extérieur, sauf pour les interrogatoires, tout comme ils peuvent être entassés avec cinquante ou soixante autres prisonniers dont certains de droit commun.

A propos des interrogatoires, on peut s'en faire une idée par ce que l'on nous dit du Frère Simon, tenu en résidence surveillée à Shanghaï où il donne quelques leçons particulières pour vivre ; il aurait été soumis à la question six semaines durant et serait tombé de défaillance trois fois pendant les interrogatoires.

Frères dispersés. Ceux de Tientsin, occupés à divers travaux, ont pu constituer une communauté, Monsieur le Vicaire Général ayant mis gracieusement à leur disposition un étage d'une maison appartenant à l'évêché.

Frère Adon donne une idée de ses privations qui sont, a n'en pas douter, celles de maints autres confrères isolés comme lui : « J'ai été malade pendant quelques jours. Le médecin a trouvé que je suis anémique. En effet, je me sens las et lourd des jambes ; les pieds et les mains sont toujours froids. Il est certain que je ne mange pas comme à Shanghaï. Depuis que je suis ici je ne touche ni aux œufs ni au lait le matin, faute de moyens ; je me contente de la pitance ordinaire des Cantonais. » Il n'en travaille pas moins au bien des âmes et il ajoute : « Veuillez prier et faire prier les confrères pour nos vingt ou trente futurs communiants de Pâques. »

Unissons nos sacrifices à ceux de nos Frères de Chine.

Le 22 avril, quand nous allions donner le bon à tirer de cette circulaire, nous recevions de Hong-Kong le télégramme suivant :

Arrivé Hong-Kong, Deo gracias.

Meilleurs vœux.

André-Gabriel.

 Le C. F. Provincial de Chine a donc été expulsé et rendu à la liberté après huit mois de prison. Nous l'en félicitons de tout cœur et nous Vous invitons à remercier, avec nous, Notre-Seigneur et la Très Sainte Vierge pour cette heureuse nouvelle qui met un terme à notre Inquiétude au sujet de ce très méritant Supérieur. 

Élection d'un Frère Assistant Général

 Dans sa séance du 13 mars 1954, le Conseil Général a élu le Cher Frère Luis GONZAGA à la charge d'Assistant Général en remplacement du Cher Frère Sixto, démissionnaire. 

Élection de Frères Provinciaux.

Dans la séance du 13 mars 1954, le Conseil Général a réélus, pour une nouvelle période, les Chers Frères :

MIGUEL FELIPE, Provincial de l'Afrique du Sud.

FRANCISCO REGIS, Provincial de Colombie.

AURELIO VICTOR, Provincial de Levante,

LEON REFUGIO, Provincial du Mexique. 

Nos Supérieurs

 J'ai le plaisir de vous annoncer la parution d'un ouvrage attendu depuis longtemps dans l'Institut. Nos deux derniers Chapitres avaient demandé, en effet, que l'on consacrât une Biographie un peu plus étendue que les Notices qui paraissent annuellement pour nos défunts, à chacun de nos Supérieurs généraux. C'est chose faite. On a réuni dans un volume les Biographies de nos cinq derniers Supérieurs généraux ; celle du vénéré Frère François n'a pu y être insérée, ayant été l'objet d'un volume à part écrit par M. Guy Chastel. On a fait une place au C. Frère Jean-Baptiste qui, certes, la mérite bien, dans cette galerie des grands ouvriers de notre Institut.

Vous serez certainement heureux, mes bien Chers Frères, de lire ces pages qui retracent la vie de nos Supérieurs et rappellent d'une certaine façon les principaux événements de notre histoire, depuis environ un siècle. Vous y apprendrez un grand nombre de faits plus ou moins oubliés ou inconnus de la plupart. Vous y verrez surtout, avec édification, quelles vies de piété, de zèle et de dévouement, de tous les instants ont mené ces vénérés Supérieurs. Vous comprendrez quelle reconnaissance nous leur devons après tant de travaux, de peines et de soucis acceptés par eux avec joie, pour le bien de leurs Frères.

En effet, si l'institut doit avant tout sa prospérité à la bénédiction du bon Dieu et à la protection de la Sainte Vierge, il la doit aussi aux vertus et aux efforts inlassables de ceux qui ont été à sa tête et qui ont mis tous leurs soins à profiter des grâces du Ciel.

Et, après avoir admiré ces vies si bien remplies et si fécondes, vous aurez certainement le désir de marcher à la suite de ces hommes de Dieu qui nous ont été donnés comme des modèles dans toutes les situations où ils ont passé.

Le volume sera expédié directement aux Maisons Provinciales qui en pourvoiront les établissements à raison d'un exemplaire au moins par communauté.

J'ajoute, ce qui est d'ailleurs l'avis unanime de ceux qui ont déjà pu lire l'ouvrage, qu'il est très agréablement écrit et d'un intérêt qui ne faiblit nulle part.

  

STATISTIQUE GÉNÉRALE DE L'INSTITUT AU 1ierJANVIER 1954                 

ADMINISTRATION GÉNÉRALE      

PROVINCES ET DISTRICTS

             PERSONNEL  MAISONS ET ÉLÈVES

 

                                  A       B      C       D      E       F          G       H      I        J             K

Administr. générale et S. F. X       26     19     21     66     77     20        15     178   4

Afrique du Sud                12     56     23     91     29     4          2       126   10     725      4.425

Allemagne                       22     52     53     127   102   5           15     249   7        678      1.230

Argentine                         51     178   73     302   208   12        6       528   18     230      6.392

Beaucamps                     24     71     45     140   93                  4       237   16     699      2.422

Belgique et Congo         72     200   113   385   180   18        5       588   46     1.374   17.925

Bética                              85     222   58     365   169   34        24     592   21     486      9.429

Brésil Central                  118   254   69     441   282   29        37     789   151   960      8.459

Brésil Méridional            77     195   49     321   260   17        9       607   26     1.171   9.811

Brésil Septentrional        51     157   50     258   269   16                  543   17     1.179   7.739

Chili                                  45     63     37     145   80                  7       232   11     223      4.793,

Chine                               40     96     63     199   23     3           10     235   15     81        5.963

Colombie                         68     93     86     247   190   21        14     472   19     159      7.365

Cuba-Amérique Centrale64     132   66     262   155   3           11     431   19     138      7.321

États-Unis                        172   202   63     437   69     39        40     585   18     340      10.800

Grande-Bretagne et Irlande  37     100   42     179   105   13        7       304 27     336      9.136

Iberville                             97     193   66     356   212   24        31     623   29     884      10.280

Italie                                  23     67     58     148   162   8           8       326   9        88        2.380

León                                 90     164   52     306   144   29        27     506   13     772      6.750

Levante                            85     195   46     326   106   13        20     465   21     377      8.240

Lévis                                75     198   67     340   251   35        37     663   34     510      9.520

Melbourne                       38     79     22     139   42     13        10     204   24     1.101   5.351.

Mexique                           117   136   91     344   228   41        35     648   24     327      15.140

Norte                                89     195   62     346   125   24        25     520   25     542      8.050

N.-D.-de-I'Hermitage      20     125   70     215   105   8           4       332   28.    1.421   4.177

Nouvelle-Zélande            30     100   41     171   38     9           9       227   27     296      7.339

Pérou                               24     53     27     104   46                 10     160   14     640      3.740

Saint-Genis-Laval           29     206   73    308   92     7           10     417   42     1.520   5.234

Santa Catarina               40     155   23     218   172   6           7       403   22     1.642   7.547

Sud-Est                            19     78.    78     175   53                  1       229   26     638      3.454

Sud-Ouest                       16     62     33     111   48     1           6       166   12     404      1.975

Sydney                             65     158  40     263   112   16        10     401   38     1.522   10.054

Varennes-Orient             29     121   118   268   152   14        4       438   30     1.022   7.175

Ceylan                              4       14     10     28     24                           52     5        85        2.750

Uruguay                           12     27     14     53     36                  2       91     6        98        1.345

                                         

Totaux                           1866  4416 1902   8184   4439 482  462    13567 718 23668   233703

 

A: profès temporaires ; B : profès perpétuels ; C : stables ; D : Total ; E : juvénistes ; F : postulants ;

G: Novices ; H : Total général ; I : maisons ; J : élèves internes ; K :Total des élèves.

  

LISTE DES FRÈRES dont nous avons appris le Décès

depuis la Circulaire du 8 Décembre 1953.

 

 Nom et âge des Défunts                      Lieux des Décès                    Dates des Décès

 

Michel de Sanctis71     Profès perp. Vacaria (Brésil)                           21 nov. 1953

Paul-Augustin        75     Stable           Anzuola (Espagne)                     4 déc. »

Sigisbaud              80     Profès perp. N.-D.-de-l'Hermitage (France)   13 » »

Joseph-Domnin    70     Stable           Beaucamps (France)                  17 » »

Paul-Anthelme       66     Profès perp. Beaucamps (France)                 18 » »

Bernardino José   67     Stable           Lajeado (Brésil)                           22 » »

 Charles-Eugène   65     Profès perp. Porto Alegre (Brésil)                   28 » »

Marie-Anselme     60      »                   Iberville (Canada)                        5 janv. 1954

Donato                   73     Stable           Limache (Chili)                            17 » »

Joseph Orens        52     Profès perp. Poughkeepsie (États-Unis)       21 févr. »

Marie-Romuald     69      »                   Mayet-de-Montagne (France)    1iermars »

Pedro Leao           47     Stable           Mendes (Brésil)                           21 » »    

Louis-Zacharie      79      »                   Beaucamps (France)                  24 » »    

François-Gabriel   75      »                   Saint-Genis-Laval (France)        27 » »

Edward Wilfrid      78      »                   Esopus (Etats-Unis)                    18 Mars »

 Anaclet                  75      »                   Popayán (Colombie)                  26 »

Vénérius                83      »                   Aubenas (France)                       1ierAvril »

Hernin                     74      »                   Mt. St. Guibert (Belgique)           5 » »

Constancio            70      »                   Logroño (Espagne)                     7 » »

Donatus                 75      »                   Stanleyville (Congo belge)         14 » »

Sixto                       68     Anc. Assist. Saint-Genis-Laval (France)        25 » »

 

La présente circulaire sera lue en communauté à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

Recevez, mes biens, chers Frères, la nouvelle assurance du religieux attachement avec lequel je suis, en J. M. J.

Votre très humble et tout dévoué serviteur,

                    Frère LÉONIDA,   Supérieur Général.

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