Circulaires 341

LĂ©onida

1955-12-08

Trois dates particulièrement importantes peur l'Institut, 493. - Nouvelle année : souhaits, 495. - La Béatification, 496. - Pour obtenir la Canonisation, 504. - Prière pour deman-der la Canonisation du Bienheureux Fondateur, 508. - Prière pour obtenir des grâces par son intercession, 509. - Prière des enfants au Bienheureux, 509. - Fidélité aux obligations de la vertu et du vœu de pauvreté, 509. - Avantages personnels et communautaires de la pauvreté, 512. - Principales causes des fautes contre la pauvreté, 516. - Quelques-uns des points à surveiller, 520. - Quelques remarques sur la permission, 543. - Lettre Apostolique déclarant Bienheureux Marcellin Champagnat, 547. - Consécration des Supérieurs à la Sainte Vierge, 555. - L'Œuvre Pontificale des vocations religieuses, 557. - Précieuses indulgences accordées à nos croix de Profession, 560. - Élections, 562. - Liste des défunts, 564.

341

V J M J.

Saint Genis-Laval, le 8 décembre 1955

 Fête de l'Immaculée

             Mes bien chers Frères,

L'histoire de l'Institut enregistre trois dates particulièrement importantes : le 2 janvier 1817, le 6 juin 1840 et le 29 mai 1955.

La première, marque la naissance de la Congrégation dans l'humilité et la pauvreté  : un vicaire de 28 ans, dans un village à peine connu, commence avec deux jeunes gens ignorants, une œuvre que les sages du temps croient irrémédiablement vouée à l'échec. Cependant, malgré les épreuves qui ne lui sont pas épargnées, elle se développe parce que c'est un saint qui l'a conçue et veille à sa croissance, s'en remettant à Dieu et à la Très Sainte Vierge pour le succès, ne voulant être, entre leurs mains, qu'un instrument très docile. Les faits nous disent assez haut que le Bienheureux Champagnat a édifié solidement parce qu'il avait compris que c'est en vain que l'on bâtit si l'on ne bâtit pas avec le Seigneur. (Ps. 12)

Le 6 juin 1840 rappelle le trépas du Fondateur. C'est l'échéance qu'annonçaient fatale ceux qui critiquaient l'entreprise  : nul ne pourrait le remplacer efficacement dans une situation embrouillée, les créanciers accourraient, les sujets désemparés ne tarderaient pas à se disperser.

Mais, le Bienheureux Père, inspiré d'En-Haut, avait déjà choisi et préparé son successeur, lui communiquant son esprit. Aussi, le vénéré Frère François marcha-t-il sur les traces du Fondateur, tandis que celui-ci, admis à la récompense éternelle, obtenait du Ciel les grâces nécessaires à la conservation et à la prospérité de l'Institut qui continua sa marche ascendante de la façon la plus normale et même à un rythme accéléré. Certes, depuis 1840 les épreuves et les difficultés n'ont pas manqué à notre famille religieuse. Divers secteurs les ont connues plus particulièrement. L'histoire, pour être complète, devra également rappeler certaines dates heureuses, mais aucune n'aura le don d'éveiller chez les Petits Frères de Marie des sentiments d'une intensité comparable à ceux qu'évoque le 29 mai 1955, date de la Béatification de leur Fondateur. Seule la date, que nous souhaitons prochaine, de la Canonisation pourra lui être comparable, sans, peut-être la surpasser, tant nous semble naturel que soit franchie cette dernière étape, après que l'a été la précédente.

C'est pourquoi 1955 peut être justement appelée une année bénie, une année glorieuse. Sans doute, y trouve-t-on des points noirs  : Nos Frères de Chine continuent à subir la persécution, plusieurs sont en prison. Ceux d'Argentine ont traversé des jours particulièrement pénibles. Mais le grand événement de la Béatification a été, pour eux tous, un baume incomparable qui a adouci leurs souffrances et accru leur espoir de voir enfin cesser l'épreuve. Il leur a rappelé qu'ils appartiennent à une famille dont le père, exalté à Rome et dans le monde entier, ne saurait oublier aucun de ses enfants, moins encore ceux qui souffrent pour la cause du Christ.

Chose digne d'être signalée, la seule nouvelle que nous ayons reçue de Chine ces derniers mois nous dit que quelques Frères ont eu la joie de pouvoir se réunir à Pékin, le 29 mai, pour fêter la Béatification.

En Argentine, la situation a complètement changé, les dispositions contraires à la religion et à l'enseignement chrétien ont été rapportées. Demandons au Bienheureux Champagnat, avec plus d'insistance et de confiance que jamais, d'obtenir une faveur semblable pour ses enfants de Chine.  

Nouvelle Année

 Bientôt 1955 ne sera plus qu'un souvenir. Que nous réserve l'année 1956 ? C'est le secret du Bon Dieu auquel je demande, ainsi qu'à la Sainte Vierge, de vous l'accorder sainte et heureuse. Elle le sera, indépendamment des événements qui la marqueront, dans la mesure où chacun de nous réalisera le plan qu'avec une sagesse infinie a formé pour lui la Providence divine, qui sait tout faire tourner au bien de ses élus.

Je souhaite donc, qu'en maladie comme en santé, dans les peines et les revers aussi bien que dans la joie et le succès, nous nous soumettions entièrement au bort vouloir divin, entrant pleinement dans l'esprit de cette invocation indulgenciée, que je vous engage à redire fréquemment  : « Que la très juste, très haute et très aimable volonté de Dieu soit faite, louée et éternellement exaltée en toutes choses ». Car, mes bien chers Frères, joie intime et progrès spirituel tous seront assurés dans la mesure où nous nous mettrons entre les mains de notre Père du Ciel.

Tâchons également, mes bien chers Frères, de sanctifier l'année 1956 en pensant qu'elle prolonge l'année « Bienheureux Champagnat », durant laquelle nous voulons nous renouveler dans l'esprit de notre saint Fondateur  : il ne saurait se désintéresser de ses enfants désireux de marcher sur ses traces. Qu'ainsi, la nouvelle année soit marquée, en chacun de ses jours, par un effort généreux pour nous élever, nous dépasser. « Ou m'élever ou mourir ! » disait un grand cœur aux nobles ambitions. Comme lui, ne consentons pas à rester stationnaires quand notre devoir et notre bonheur sont dans la poursuite d'une perfection toujours plus haute. Notre 7ie religieuse et notre vie simplement humaine n'auraient aucune raison d'être si elles ne nous disposaient à mieux l'aire aimer et honorer Dieu, à nous approcher de Lui chaque jour davantage en attendant qu'il nous admette à partager sa gloire. 

La Béatification

 Revenant au grand événement de l'année qui va finir, l'apothéose de notre Bienheureux Fondateur, je ne m'attarderai pas à répéter ce que les journaux, la radio, nos revues de famille et surtout les nombreux confrères qui en ont été les heureux témoins vous en ont dit. Je me bornerai à ces simples réflexions  : 

La Congrégation était bien représentée à Rome. Si l'époque des examens en Europe, n'eût été toute proche, d'autres confrères y auraient accouru accompagnés de nombreux élèves. Certaines Provinces lointaines avaient dû réduire leur délégation à quelques membres seulement, mais toutes ont été représentées dans la mesuré du possible. Quant aux Provinces les plus proches d'Europe et d'Amérique, elles ont accordé, pour la plupart, avec une grande générosité, la faveur souhaitée ardemment par tous les Frères d'assister à la Béatification. C'est avec plaisir que j'ai constaté, qu'en général, on n'a pas oublié ceux qui exercent un emploi manuel. C'est un témoignage de satisfaction bien mérité, donné à leur dévouement, aussi bien que la mise en pratique de l'article 9 de nos Constitutions qui ne prévoit qu'une catégorie de religieux dans notre Congrégation.

J'ai déjà eu l'occasion de dire combien le C. F. Alessandro, Procureur Général et Postulateur de nos Causes avait droit à notre gratitude. Ce droit s'est accru par la peine qu'il s'est donnée pour préparer les cérémonies dans les moindres détails, et Dieu sait s'ils furent nombreux ! Il n'a guère eu de repos pendant plusieurs mois, mais il en a été particulièrement privé du 3 au 29 mai et encore, après les fêtes, a-t-il dû faire bien des visites et régler nombre d'affaires ayant trait à 1a Béatification. Nous pouvons en dire autant du C. F. Martino qui seconde si bien le C. F. Procureur Général. Avec eux, les Frères de Rome, ayant à leur tête le C. F. Provincial et le C. F. Directeur ont été, sans exception, d'un dévouement admirable. Leurs diverses Commissions de réception, d'ordre, de presse, etc. … ont bien rempli le rôle qui leur avait été assigné, aidés en cela par les élèves anciens et actuels qui se sont dépensés sans compter. Qu'ils en soient tous chaleureusement remerciés.

Devant la solennité extraordinaire des cérémonies, en particulier à la vue de l'image du Bienheureux apparaissant au milieu d'une lumière éblouissante dans la gloire du Bernin et de Notre Saint Père le Pape venant lui rendre hommage, entouré de nombreux cardinaux, évêques, prêtres, religieux et d'une multitude de fidèles, on se remémorait instinctivement ce verset du Magnificat  : « Il a exalté les humbles… ». Ce sentiment, exprimé dans bien des conversations et articles de revues, doit nous encourager dans notre travail obscur, mais combien méritoire, au service de Notre-Seigneur et de Notre-Dame.

Peu importe que les hommes ignorent ou interprètent mal notre labeur apostolique ; rien n'échappe aux regards de Dieu dont les jugements sont toujours équitables. Il nous donnera les trônes que les démons ont perdus par orgueil si, comme notre Bienheureux Père, nous le servons fidèlement dans l'emploi. que nous a assigné l'obéissance.

Nous avons tous, je n'en doute pas, éprouvé un frisson de joie particulièrement intense lorsque nous avons entendu invoquer pour la première fois, après le chant du Te Deum, le nouveau Bienheureux. Il nous tardait tellement de pouvoir lui donner ce titre ! L'heure était enfin venue, comblant nos vœux les plus ardents! Avec quel amour et quelle confiance nous devons redire  : Bienheureux Marcellin Champagnat, prie pour nous ! dès la prière du matin, plaçant cette invocation après celle que nous adressons aux Saints et Saintes de Dieu et en la renouvelant souvent en notre particulier.

Si, à la cérémonie du matin, le moment le plus émouvant a été celui où le Bienheureux Marcellin est apparu auréolé, dans un cadre d'incomparable beauté, le soir, c'est surtout la présence de Notre Saint Père le Pape qui a soulevé l'enthousiasme d'une assistance encore plus dense. Le Vicaire du Christ, le Successeur de Pierre, le grand Pape qui fait l'admiration dut monde, même des incroyants, est là. Le Pape, à la doctrine la plus lumineuse et la plus sûre, au sujet des multiples et graves problèmes que discutent les hommes d'État et les savants, le Père commun des fidèles, dont la santé a causé, à diverses reprises, de vives inquiétudes, vient au milieu de son peuple en Roi pacifique. Les trompettes d'argent l'annoncent d'abord puis scandent sa marche, des milliers de poitrines l'acclament, tandis qu'à ne cesse de bénir, offrant en sa personne, la vision merveilleuse d'une alliance parfaite de la majesté et de la simplicité.

Cette majesté qui incarne si bien les prérogatives du Maître infaillible de la foi et du Pasteur Suprême des âmes, après s'être inclinée devant les reliques du petit paysan du Rosey, reçoit avec une paternelle condescendance les hommages et les présents qu'avec lés chers Frères Assistants et, le cher Frère Procureur Général nous venons lui offrir  : reliquaire, bouquet, ainsi que biographies, images et médailles du Bienheureux.

Dès les premiers mots, il nous met en confiance, nous disant  : «Vous êtes contents, n'est-ce pas, de la Béatification de votre Fondateur  ? » Vous devinez la réponse. Après avoir remercié le Saint Père et l'avoir assuré de notre fidélité inébranlable et du secours constant de nos prières, nous implorons sa bénédiction, aussitôt accordée, pour tous les membres de l'Institut, pour leurs familles et leurs écoles, pour les élèves, les anciens élèves, leurs parents et les Bienfaiteurs. L'intention est de n'omettre personne et d'assurer à tous les maristes, de fait ou de cœur, le grand bienfait de cette bénédiction.

De son côté, le cher Frère Procureur Général, se souvenant d'une faveur non sollicitée que Ie Saint Père voulut bien lui accorder lors d'une audience récente, lui demande pour tous les Frères, une indulgence de mille jours à gagner chaque fois qu'ils baiseront leur croix de profession. Alors se produit une scène charmante qui intrigue ceux qui en sont témoins : le Pape consulte son Maître    de Cérémonies, lui disant  : « C’est beaucoup, n'est-ce pas ?  » Le bon Mgr Dante, habitué à ces sortes de scrupules, esquisse un sourire, bien persuadé que le Saint Père ne saurait refuser. Celui-ci accorderait volontiers cette faveur insigne aux Frères présents à Saint-Pierre, mais l'accorder à tous lui semble beaucoup trop. Cependant, devant l'insistance respectueuse du C. F. Alessandro, il consent à l'étendre à tous les Frères Profès perpétuels d'alors. Vous saurez apprécier, mes bien chers Frères, je n'en doute pas, et la requête et la faveur, confirmée et précisée, dans la suite, par lettre publiée dans cette même circulaire.

Nombreuses ont été les félicitations reçues, a la Maison-Mère, à la Postulation, aux maisons Provinciales et aux diverses communautés, dès que la Béatification a été annoncée. Il y aurait. lieu de mentionner tous ceux qui ont bien voulu, par leur présence, nous témoigner leur bienveillante amitié et rehausser l'éclat de ce jour glorieux. C'est impossible, mais il suffit de noter un nombre imposant de Cardinaux, d'évêques et autres dignitaires ecclésiastiques, des ambassadeurs, des ministres, des notabilités de tous genres et aussi des représentants nombreux des Congrégations de Frères enseignants  : Frères des Écoles Chrétiennes, du Sacré-Cœur, de Saint-Gabriel, de Lamennais, Marianistes, etc. … A signaler, parmi les religieuses, les sœurs Maristes, cette troisième branche de la Société de Marie.

Nous devons mentionner à part, parmi les religieux ; les Pères Maristes qui, à bon droit, ont accueilli cette Béatification, comme celle de leur second Fondateur, selon les termes mêmes du Bref. Le T. R. P. Alcime Cyr, Supérieur Général, accompagné des autres membres de son Conseil, ainsi que de nombreux Pères, dont les deux Provinciaux de France et celui d'Italie, étaient présents aux diverses cérémonies de Saint-Pierre et de Saint-Louis des Français. Le très digne Supérieur a voulu, de plus, contribuer à couvrir les frais. Ce geste, dont nous le remercions vivement a été d'autant plus apprécié qu'il n'était. nullement dû et que nous étions loin de nous y attendre. Que tout cela contribue à mieux unir encore nos deux familles religieuses qui se réclament d'une même origine et d'un même esprit. Je trouve, d'ailleurs, ces mêmes sentiments dans une lettre circulaire adressée par le T. R.. P. Cyr à ses religieux et dont je transcris ce qui suit  : « La Béatification du Père Marcellin Champagnat,, le dimanche de la Pentecôte de cette année, a rempli les cœurs des Frères Maristes d'une grande joie. Nous les félicitons cordialement de voir leur Fondateur élevé aux. honneurs de l'autel, mais nous, Pères Maristes, nous nous réjouissons aussi d'avoir un autre de nos confrères parmi les Bienheureux du Ciel.. Puisse-t-il intercéder pour nous tous auprès de Dieu et de notre Mère Céleste et nous obtenir l'aide dont nous avons besoin pour devenir de meilleurs religieux, en correspondant fidèlement aux grâces nombreuses reçues chaque jour et en croissant sans défaillance dans la vie spirituelle. En donnant une bénédiction spéciale à l'Institut des Petits Frères de Marie et à la Société de Marie, à l'occasion de l'héroïcité des vertus du Père Champagnat, le Pape Benoît XV exprima l'ardent désir « de voir exister toujours parmi eux une noble émulation à imiter les vertus du Vénérable Serviteur de Dieu qui appartient aux deux congrégations ». Plaise à Dieu qu'il en soit ainsi ! Et puissent les liens de famille qui les unissent toutes les deux sous la bannière de Marie les porter toujours à se rendre mutuellement tous les services possibles ». Le Très Révérend Père dit encore dans la même lettre : « Là où se trouvent à la fois des maisons des Frères Maristes et des Pères Maristes, il est recommandé de célébrer le Triduum en commun, avec pleine coopération des Pères… De même que nous invoquons Saint Pierre Chanel pour obtenir un accroissement de vocations pour notre Société, ainsi, invoquons maintenant, dans nos prières particulières, le Bienheureux Marcellin Champagnat, et demandons-lui d'intercéder auprès de la Sainte Vierge Marie et de nous obtenir cette même faveur à la fois pour nous-mêmes et pour les Frères Maristes »… et encore, en Post-Scriptum  : « C'est le désir de l'Administration Générale que l'invocation « Bienheureux Marcellin Champagnat , prier pour nous », soit ajoutée immédiatement après celle à « tous nos Saints Patrons », dans les prières que nous récitons en commun après le repas principal ».

Tout ce qui précède au sujet de la Béatification, mes bien chers Frères, est bien de nature à nous rappeler le devoir de la reconnaissance. Oui ne cessons de remercier le bon Dieu et la Très Sainte Vierge de la glorification de notre Saint Fondateur dont l'exaltation par notre Mère la Sainte Eglise a été en même temps pour nous, ses enfants, une source féconde de joie et de grâces.

————————————————

 Pour obtenir la Canonisation

 Tout en acquittant de notre mieux cette dette immense de gratitude, nous demanderons instamment à Dieu que notre Bienheureux Père parcoure rapidement l'étape qui lui reste à franchir pour atteindre le faîte des honneurs que l'Église décerne aux meilleurs de ses enfants. Dans ce but  : 

1° La finale de l'Offrande de la journée sera  : « pour nos Causes de Béatification et de Canonisation.

2° A la suite de la Visite au Saint Sacrement. nous réciterons ensemble la prière pour obtenir la Canonisation et nous la ferons réciter également une fois par jour dans les classes. Comme on verra plus loin, cette prière est celle que nous récitions pour la Béatification avec quelques légères modifications.

3° Nous reprendrons la neuvaine mensuelle après la méditation et aux mêmes jours que précédemment, faisant suivre la prière dont nous venons de parler d'un Pater et d'un Ave. Au lien d'être annoncée comme jusqu'ici par les mots  : « prière et sacrifices », cette neuvaine le sera par ceux de « prière et régularité ». Ce dernier mot. « régularité », nous rappellera l'engagement que nous avons pris de nous retremper dans l'esprit du Bienheureux Fondateur. Et comment atteindre un tel résultat si ce n'est par l'observation fidèle des Règles qui, «si elles ne sont pas toutes écrites de sa main, sont l'expression fidèle de sa volonté et contiennent son esprit, c'est-à-dire sa manière de pratiquer la vertu, de diriger, de former les Frères et de faire le bien parmi les enfants  ?  » (Introduction aux Règles Communes).

D'autre part, les sacrifices de la vie commune, dont la Règle est le Code naturel, ne sont-ils pas pour nous les meilleurs  ?  Nous nous priverions, des lors, de bien des mérites si, cherchant des sacrifices de notre choix, nous laissions de côté ceux qu'exige la fidèle observance des Règles, pour l'acquisition des vertus de notre état et pour l'édification de ceux qui nous entourent.

Les Frères Provinciaux et, les Frères Directeurs pourraient signaler à leur Province ou à leur communauté les points qui leur semblent devoir être amendés. Pour ma part, je tiens pour urgent et indispensable, comme je le dirai plus loin, une plus grande fidélité aux obligations de la vertu et du vœu de pauvreté.

Dans les Triduums qui se célèbrent à l'occasion de la Béatification, des voix éloquentes chantent les vertus qui ont mérité au Bienheureux Père la glorification dont il a été l'objet. Ces hommages sont pour nous un nouveau motif de vivre plus saintement que par le passé. Fils spirituels d'un saint, nous sommes à l'honneur avec lui, mais honneur oblige ». De ce fait, nous devons, plus que jamais, marcher dans la voie humble et cachée que nous a tracée, la suivant lui-même, notre saint Fondateur et que l'Église vient, en quelque sorte, de déclarer excellente. Il nous faut, de plus, comme lui, être les serviteurs très aimants et très fidèles de la Sainte Vierge, n'ayant en vue que son honneur et la gloire de Dieu dans le soin des âmes qui nous sont confiées.

 Après avoir insisté sur le besoin d'une vie plus sainte de la part de nous tous pour obtenir la prompte canonisation de notre Bienheureux Père, je rappellerai qu'il nous faut, en outre, recourir souvent à son intercession pour que le bon Dieu nous accorde les deux nouveaux miracles exigés par l'Église. Ceux-ci, une fois instruits au diocèse où ils se seront produits, donneront lieu, comme les précédents, à des examens minutieux à Rome, dans des Congrégations Antépréparatoire, Préparatoire et Générale.

Que notre foi en son crédit soit entière et, par conséquent, ne croyons pas trop lui demander en l'invoquant pour des cas désespérés, d'autant plus que ce sont les seuls qui puissent donner lieu à des miracles manifestant clairement la sainteté d'un serviteur de Dieu. Ne manquons pas, non plus, de recueillir en temps opportun tous les renseignements capables de prouver que les faveurs obtenues ne sauraient s'expliquer par des causes naturelles.

Mais, tout en nous efforçant de promouvoir autour de nous une grande confiance envers notre Bienheureux Fondateur, tenons-nous en garde contre l'exaltation de ceux qui voudraient voir des interventions/ miraculeuses là où elles n'existent pas. Quelques cas de ce genre se sont déjà présentés. S'ils nous prouvent que la Béatification a accru considérablement la dévotion envers notre Père, on aurait tort, cependant, de s'y arrêter et de les prendre en considération, car ils contribueraient plutôt à retarder qu'à accélérer la Canonisation.

Mettons-nous tous à l’œuvre, unis dans une même intention  : Frères, élèves, parents, amis, prêtres, religieux et religieuses avec qui nous sommes en rapport. Ensemble nous représentons une grande puissance d'impétration qui, si elle est utilisée au maximum, nous obtiendra rapidement les miracles sollicités. J'adresse un appel tout spécial à nos chers vieillards condamnés au repos, à nos malades ou infirmes dont les souffrances sont particulièrement méritoires, si elles sont supportées généreusement. Je demande de même aux Directeurs et aux Maîtres des Maisons de formation d'être, avec leurs disciples, généralement si bien disposés, à l'avant-garde de cette croisade en vue de la Canonisation de notre Bienheureux Fondateur.

Nous pouvons nous demander, mes bien chers Frères, si la Béatification ne serait pas venue plus tôt si nous avions prié avec plus de ferveur et si nous avions fait instruire le procès de certaines faveurs dont l'importance nous a échappé. Quoi qu'il en soit, faisons ce qui est en notre pouvoir pour que la Canonisation ne soit pas retardée par notre faute. Rivalisons de zèle et que Marie, notre puissante Avocate, nous soit en aide !

 Je voudrais encore insister sur un point  : Nous savons combien notre Bienheureux Fondateur se préoccupait des enfants pauvres. Dans plusieurs Provinces, l'année Mariale a été marquée par quelque bonne œuvre en leur faveur ; ne pourrait-on pas faire encore davantage selon les moyens et les besoins de chaque secteur ? Je pense surtout aux villes où nous avons de nombreux élèves payants et pas d'école gratuite pour les pauvres, aux enfants de condition moyenne pour qui les rétributions scolaires deviennent souvent inabordables, à ceux des quartiers populaires de bien des villes auxquels personne n'enseigne le catéchisme, etc. … Je prie les Conseils Provinciaux qui peuvent faire quelque chose de plus de ne pas s'y refuser. Ce sera, à la fois, un présent agréable offert à notre Bienheureux Père Fondateur et un excellent .exercice de charité que Dieu ne saurait laisser sans récompense. Ce sera dé plus, non seulement un nouveau témoignage de notre gratitude pour la Béatification mais encore un moyen d'obtenir au plus tôt la Canonisation ardemment souhaitée.

———————————————— 

PRIÈRE POUR OBTENIR LA CANONISATION

DU BIENHEUREUX MARCELLIN CHAMPAGNAT

 O Jésus, qui avez tant aimé les petits enfants, faites, nous vous en supplions, que bientôt l'auréole des saints rayonne au front du Bienheureux Marcellin Champagnat, à qui vous avez inspiré la pensée de fonder un Institut voué à l'éducation chrétienne de la jeunesse. Nous vous le demandons pour la plus grande gloire de votre Saint Nom, pour l'exaltation de la Sainte Eglise, et pour le plus grand bien des écoles catholiques.

Vierge Sainte, notre bonne Mère, daignez nous accorder au plus tôt la Canonisation. de votre fidèle serviteur. Ainsi soit-il.

Die 19 Aug. 1955.

Nihil obstat  : 

SYLVLUS ROMANI

Fidei Promotor Gen.  

PRIÈRE POUR OBTENIR UNE GRACE

PAR L'INTERCESSION DU BIENHEUREUX

 MARCELLIN CHAMPAGNAT

 Bienheureux Marcellin Champagnat, qui durant votre vie avez éprouvé des difficultés de toutes sortes et en avez triomphé grâce à votre immense confiance en Dieu et en la protection de la Très Sainte Vierge, nous vous adressons notre humble prière.

Obtenez-nous du Seigneur… (Indiquer ici la faveur que l'on sollicite), si cette grâce est conforme à la volonté de Dieu. et au salut de notre âme.

Ainsi soit-il.

Bienheureux Marcellin Champagnat, priez pour nous (3 fois).

Die 13 Oct. 1955.

NihiL obstat

SYLVIUS ROMANI

Fidei Promotor Gen

PRIÈRE DES ENFANTS

AU BIENHEUREUX MARCELLIN CHAMPAGNAT

 Bienheureux Marcellin Champagnat, Serviteur de la Vierge Marie et Apôtre de l'enfance, daignez écouter la prière que nous vous adressons et la présenter à Jésus par les mains de sa Mère, qui est aussi la nôtre.

Faites que nous soyons toujours dociles à la voix de Dieu et de notre conscience, obéissants à nos parents et à nus maîtres, charitables envers tout le monde.

Obtenez-nous de Dieu une grande horreur pour le péché, l'amour de la prière, une filiale dévotion. à la Sainte Vierge et la fidélité à tous nos devoirs.

Vous qui avez fondé l'Institut des Frères Maristes pour l'éducation chrétienne de l'enfance et de la jeunesse, accordez-lui de nombreux et zélés continuateurs de votre apostolat.

Ainsi soit-il.

Bienheureux Marcellin Champagnat, priez pour nous (3 fois).

Die 13 Oct. 1955.

Nihil obstat. : 

SYLVIUS Romani.

Fidei promotor, Gen.

———————————————— 

Fidélité aux obligations de la vertu

et du vœu de pauvreté.

 Les actes extérieurs contraires à l'obéissance ou à la chasteté sont rares, Dieu merci, parmi nous. L'habitude d'exiger de nos élèves la soumission vient en général, seconder l'esprit de foi pour nous faire aimer et respecter l'autorité et la discipline. De même, une certaine délicatesse naturelle ou acquise nous éloigne instinctivement de tout ce qui pourrait blesser ouvertement la belle vertu. Mais, il n'en est pas de même pour la pauvreté, comme l'ont reconnu les membres du Conseil Général, les Frères Provinciaux et d'autres nombreux confrères que j'ai consultés. Ils ont été unanimes à dire que l'amour que nous devons lui porter est en baisse et qu'il y a lieu de revenir souvent, sur son excellence et sur les obligations qu'elle impose.

D'autre part, les Frères qui ont assisté aux Congrès des états de perfection tenus d'abord, à Rome et, ensuite, en divers pays, sous l'égide de la Sacrée Congrégation des Religieux, ont été frappés de l'insistance des orateurs et, en particulier, des représentants du Saint-Siège, à souhaiter le retour des familles religieuses, spécialement sur le point qui nous occupe, à l'esprit de leur Fondateur. Ils n'ont pas demandé qu'on rejette à priori, les adaptations justifiées mais de se tenir en garde contre ceux qui, sous prétexte d'adaptation, prêchent la vie facile et commode.

Tout cela m'a porté, mes bien chers Frères, à faire appel, en cette année « Bienheureux Marcellin Champagnat », à votre sens religieux pour obtenir de tous une plus grande fidélité à la vertu et au vœu de pauvreté, selon l'esprit de notre vocation. Cette fidélité exigera des renoncements parfois pénibles mais nous assurera en retour de précieux avantages.

 Je classerai les réflexions que je vous adresse sous les titres suivants  : 

I.- Avantages personnels et communautaires de la pauvreté.

II. – Principales causes des fautes contre la pauvreté.

III. – Quelques-uns des points à surveiller.

IV. – Quelques remarques sur la permission. 

I. – Avantages personnels et communautaires de la pauvreté.

 La pratique de la pauvreté glorifie Dieu et honore sa Providence, sa bonté, sa justice, sa sainteté.

Elle réjouit Jésus-Christ en accroissant le nombre de ceux qui marchent à sa suite : « Quiconque ne renonce à ce qu'il possède ne peut être mon disciple » (Luc XIV, 33). La pauvreté fidèlement gardée facilite nos progrès dans la perfection et nous assure le trésor promis par ces autres paroles de Notre-Seigneur  : « Si vous voulez être parfait allez, vendez tout ce que vous avez, donnez-le aux pauvres et, vous aurez un trésor dans le Ciel » (Matth. XIX, 21). «Bienheureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux leur appartient » (Matth. V, 3). A cette riche récompense pour l'éternité, le divin Maître ajoute la promesse d'un centuple de biens dès ce monde.

Les maîtres de la vie spirituelle enseignent que la pauvreté est l'antidote contre la convoitise qui, au dire de l'Apôtre, est la racine de tous les maux spirituels  : « Qui veut effectivement tendre aux biens célestes, dit saint Thomas, doit mépriser les biens terrestres ». Comment, en effet, l'âme préoccupée de la jouissance des biens matériels pourrait-elle penser à ses intérêts éternels, pratiquer le recueillement, agir avec pureté d'intention et vivre unie à Dieu  ?

C'est pour ce motif que saint Ignace, dans le magnifique code de perfection qu'est le livre des Exercices, invite Ie retraitant à se dépouiller pleinement de tout amour des richesses et des choses temporelles ; à suivre toujours plus généreusement le Christ pauvre et même, pour lui ressembler davantage, à vouloir et choisir la pauvreté de préférence. aux richesses.

Disons encore que la pauvreté favorise l'éclosion et la croissance d'un grand nombre de vertus. Elle développe la confiance en la Providence et exerce à la mortification. Par la simplicité dans l'habillement, le logement et la nourriture elle fournit constamment l'occasion de pratiquer l'humilité. En outre la pauvreté a un rôle primordial pour l'observance des autres deux vœux de religion. En effet, elle protège la chasteté parce qu'en obligeant à la sobriété et à l'humilité extérieure elle combat la sensualité et la vanité qui se développent aisément dans le bien-être. La pauvreté fait également pratiquer l'obéissance en obligeant à recourir aux Supérieurs pour l'usage des choses les plus insignifiantes et il est d'expérience qu'à certains religieux cette sujétion est plus pénible que les privations elles-mêmes.

 La pauvreté préserve l'Institut de l'esprit du monde qui court avidement après les biens matériels pour en jouir ou en faire ostentation. Quand, avec l'abondance des ressources, cet esprit pénètre dans une maison il n'est pas rare qu'on recherche le luxe pour attirer les regards des hommes au détriment de l'esprit d'humilité, de simplicité et de modestie qui devrait toujours nous caractériser. Aussi a-t-on pu dire que l'esprit religieux disparaît dans l'abondance matérielle comme le sel se dissout dans l'eau.

Un Institut doit posséder des biens pour développer ses œuvres, former des sujets, donner les soins voulus aux malades et aux vieillards, mais il doit éviter les dépenses qui, n’étant pas nécessaires, favoriseraient simplement le bien-être et conduiraient graduellement au relâchement.

Tout ce qui rapproche les religieux de la condition des pauvres est, pour les communautés comme pour les individus, un pas en avant dans la ferveur. Qu'il suffise à ce propos, de rappeler combien la vertu fleurissait à La Valla et à l'Hermitage lorsque nos premiers Frères, mal logés, devaient travailler de leurs mains pour gagner leur vie, ayant une table frugale et l'eau pour unique boisson.

Serait-il exagéré de dire que les fautes contre la pauvreté peuvent nuire davantage à la ferveur d'un Institut que celles qui sont contraires aux deux autres vœux ? Celles-ci conduisent plus facilement à la perte de la vocation et le sujet cesse de nuire. Par contre, il n'est pas rare que des religieux infidèles au vœu de pauvreté, craignant peut-être de ne pas trouver dans le monde les avantages matériels de la religion, restent parmi nous, menant une vie médiocre, au détriment du potentiel religieux de l'ensemble. C'est dire le bien que font autour d'eux les Frères qui pratiquent de leur mieux la pauvreté voulue par la Règle et acceptée solennellement, devant Dieu et devant les hommes au jour de la profession religieuse.

Tous les Fondateurs d'Ordre, sans exception. ont compris l'excellence de la pauvreté, la regardant comme le mur de défense, le solide rempart de leur Congrégation. Ils étaient convaincus que l'esprit de Dieu et les biens de la grâce en seraient diminués dans la mesure où y pénétreraient indûment les aises de la vie. Animé de ce même esprit notre Bienheureux Fondateur éprouvait pour la pauvreté un grand amour qui lui inspirait, au dire de son biographe, les plus grandes précautions pour la conserver parmi les Frères. De là, ces règles si sages qu'il nous a laissées et à l'observance desquelles il a tenu toute sa vie. Le chapitre consacré à la pauvreté, dans sa Vie, par le Frère Jean-Baptiste, serait à citer en entier et nous verrions que le Bienheureux Père confirmait ses instructions par l'exemple constant d'une vie de privations.

Nos Constitutions voient également dans la pauvreté la sauvegarde de la Congrégation. Enumérant les moyens à prendre pour sa conservation, elles demandent  : « Qu'on rie souffre aucun relâchement sur l'article de la sainte pauvreté,. qui est le rempart des Instituts religieux et qui doit être le soutien et la gardienne de cet Institut » (Art. 207, 3°).

Un historien de la Révolution française, Pierre de la Gorce, parlant des couvents à la veille de 1789, constate que la ferveur était en raison inverse des richesses et que les plus pauvres furent, en général, les plus fidèles. Combien d'édifices grandioses devenus biens de l'État, en certains pays, ont abrité autrefois des religieux ! Combien de châteaux ont été construits avec les pierres d'anciens monastères ! Dieu permet ainsi, de temps en temps, que l'injustice des hommes purifie ou même fasse disparaître les communautés que la richesse a embourgeoisées.

 C'est non seulement l'Institut mais l'Église elle-même qui a tout intérêt à ce que nous pratiquions la pauvreté. En effet, les pauvres voient l'Église à travers les prêtres et les religieux. Quand les uns ou les autres mènent une vie commode, rie manquent de rien, leur bien-être excite la jalousie, et attire le mépris sur eux et sur la religion. 

II. Principales causes des manquements à la pauvreté.

 Nos manquements à la pauvreté, comme d'ailleurs la plupart de nos fautes viennent surtout de notre manque de foi vive, actuelle, présente, c'est-à-dire d'esprit de foi. D'une part, nous ne pensons pas suffisamment à la valeur des petits sacrifices inhérents à la pratique de toute vertu ; de l'autre, nous sommes trop insensibles à la gravité et aux funestes conséquences de la moindre offense de Dieu, à ses répercussions sur notre vie spirituelle et sur le corps entier de l'institut.

Souvent, la mauvaise nature y trouvant son compte, nous cédons trop facilement à la tentation. De la sorte, les ressorts de la volonté se détendent de plus en plus à chaque capitulation, la conscience devient de moins en. moins délicate et c'est ainsi que progressivement nous glissons des simples imperfections aux fautes les plus graves..

 Certains manquements sont aussi attribuables aux connaissances incomplètes que les religieux ont de leurs obligations. Il faut admettre, en effet, que les années de formation ne suffisent pas à éclairer les Frères sur l'excellence des vœux comme témoignage d'amour envers Dieu, ni sur les diverses occasions qui se présenteront d'y manquer. Au Noviciat et au Scolasticat, on ne peut donner un cours exhaustif de théologie sur les vœux. On ne peut, de même, exposer qu'un certain nombre de cas pratiques d'ordre général mais non envisager tous ceux qui pourront se présenter dans la suite, à chaque religieux. On ne peut pas surtout, car c'est un travail de toute la vie, y donner au caractère et à la conscience la forte trempe qu'exige une longue et constante fidélité au devoir. Il incombe donc aux Frères  Directeurs, dans les communautés, surtout lors de l'explication dominicale de la Règle, à la Coulpe et dans l'entrevue hebdomadaire, ainsi qu'aux Supérieurs, dans leurs avis et instructions à l'occasion des visites et des retraites, de compléter ces connaissances à un âge où la maturité et l'expérience des religieux leur permettent de mieux comprendre leurs obligations.

En cela encore le Bienheureux Fondateur nous servira. de modèle  : « On ne doit pas croire qu'il lui en ait peu coûté, dit son biographe, pour former les Frères à ce genre de vie. C'est par des exemples journaliers, par des instructions souvent répétées et des avis fréquents, c'est en les suivant dans tous les détails de leur conduite, qu'il parvint à leur inspirer l'amour de la pauvreté et la pratique de l'économie » (Vie, p. 408). Nous voyons par là combien les Supérieurs, à tous les degrés, peuvent contribuer au maintien de la pauvreté combien ils doivent veiller à en donner l'exemple et à se tenir en garde contre toute concession faite au détriment d'un esprit qui nous est indispensable. Ils doivent avoir pour cela, plus encore que les autres Frères, le souci de s'instruire de tout ce qui concerne les vœux ; le temps le plus indiqué pour cela étant celui de l'étude religieuse.

Quand ces instructions, avis, entrevues, études personnelles, manquent, il est fort à craindre qu'on ne distingue plus très clairement la limite entre ce qui est permis et ce qui est défendu ; entre ce qui est matière légère et matière grave. Tout ceci nous permet d'affirmer que l'ignorance au sujet de la pauvreté n'est pas toujours invincible et exempte de responsabilité.

 Ajoutons encore qu'il est des faits et des circonstances pouvant fausser les idées sur les obligations de la pauvreté. Ainsi, certains religieux parce que des confrères, Directeurs, Économes ou autres, en vertu de leur charge, manient de l'argent sont enclins à tenir pour licites des opérations qui, pour eux, ne le sont pas, telles que donner, recevoir, acheter, vendre, prêter, emprunter, etc. …

Il y a en outre, souvent dans les classes, des élèves qui dépensent, gaspillent même beaucoup d'argent. Comprenons-nous toujours que nous ne devons pas les imiter ? Nous sommes en rapports avec des familles qui ne se privent de rien et malheureusement parfois, au lieu d'exercer une influence sur elles, ce sont elles qui l'exercent sur nous. Au lieu de leur communiquer l'esprit qui devrait être le nôtre, celui de l'Évangile, elles nous communiquent le leur, qui est celui du monde.

Nous vivons avec des confrères dont certains à l'occasion, parlent peut-être avec chaleur du besoin de faire telles ou telles dépenses pour eux-mêmes ou pour la communauté, présentant comme nécessaire ce qui l'est peu ou pas du tout. D'autres, ont pris de mauvaises habitudes et nous sommes témoins de la liberté avec laquelle ils transgressent le vœu de pauvreté. A ces contacts, il est bien à craindre que les religieux manquant de fortes convictions et d'une volonté ferme cèdent au mauvais exemple.

Des ressources abondantes portent aisément certaines maisons et même certaines Provinces, à se créer des besoins factices, à faire des aménagements ou des acquisitions dont elles pourraient fort bien se passer. L'habitude aidant, on finit par agir comme si les obligations du vœu de pauvreté se mesuraient aux ressources dont on dispose. Avec de telles idées on finit bientôt par n'être pauvre que de nom.

 Il faut mentionner encore la nouvelle mentalité de bien des personnes au sujet de l'argent comme conséquence des dernières guerres et des progrès récents de la technique. Le monde actuel a perdu, du moins en partie, la notion d'économie et d'épargne ; la facilité avec laquelle certains se sont enrichis, a fait naître une grande soif d'argent pour se procurer une vie plus facile et plus agréable. Or, ces commodités, les religieux les connaissent. Même s'ils ne les voyaient pas autour d'eux, une réclame tapageuse sous toutes ses formes : presse, radio, télévision, commis-voyageurs, etc. … se chargeraient de les en instruire. De là à vouloir se procurer des objets pratiques, économiques, d'un ,maniement facile et à la mode, il n'y a qu'un pas qui est vite franchi, étant donné notre penchant inné à fuir les effets de la pauvreté. Celle-ci ne s'oppose pas à l'acquisition des choses indispensables ou simplement convenables, mais n'admet pas qu'un religieux se croie pauvre quand il recherche et acquiert ce dont bien des riches savent se passer et dont peut-être il se serait passé lui-même s'il était resté dans le monde.

« Il est permis aux religieux, dit le Cardinal Siri, Archevêque de Gênes, de profiter des progrès de l'hygiène ainsi que des facilités actuelles d'une meilleure culture pour mieux remplir leur fin principale et secondaire. Ils peuvent adopter les méthodes modernes d'enseignement à condition toutefois de ne pas vouloir supprimer tout sacrifice et de laisser toujours une marge suffisante pour l'exercice obligatoire de la mortification. » 

III . – Quelques-uns des points à surveiller.

 Je me bornerai à signaler un nombre limité de questions qui me semblent plus utiles pour nous, vous engageant également à relire les observations faites sur ce même sujet dans la circulaire du 24 mai 1948 qui donne un court commentaire du Statut N° 9 du XIV° Chapitre Général. Vous pouvez, de même, consulter avec profit des traités ascétiques qui, comme notre Méthode de Perfection Chrétienne et religieuse, le Petit traité de l'état religieux, le Catéchisme des vœux, Religieux et Religieuses de Creusen et bien d'autres, sont particulièrement pratiques.

 Pauvreté par la simplicité dans les locaux, les fêtes, etc. … Je ne vois pas beaucoup d'écarts à ce propos dans les diverses Provinces. Signalons cependant  : des façades à ornements superflus, des fêtes trop fréquentes et coûteuses avec invitations et programmes luxueux ou le concours d'artistes à gages, malgré les nombreux éléments dont on dispose, des Palmarès qui, utiles en soi. pourraient être parfois plus modestes et réduire le nombre des pages ou des gravures dont quelques-unes semblent sans objet. Certaines salles, parloirs, musées, etc. … ont des meubles artistiques, des peintures, des illuminations fantaisistes, qui n'ajoutent rien à leur utilité. On trouve dans certaines maisons, des plaques commémoratives ou même des monuments dont l'opportunité fort discutable ne justifie pas le coût parfois élevé. Évitons sur ces divers points et autres semblables une certaine émulation qui pourrait se faire jour entre nos écoles ou avec les écoles d'autre Congrégations. Restons modestes ! restons pauvres !

 Emploi de revenus  : Deux questions méritent d'être éclaircies à leur sujet : a) Peut-on les capitaliser ? b) Peut-on modifier à sa guise leur distribution

Il est des Congrégations où l'on peut capitaliser ses revenus, c'est-à-dire les ajouter au capital pour leur faire produire à leur tour des intérêts et accroître ainsi le patrimoine ; mais, pour nous, cela n'est pas permis. En effet, le Code de Droit Canonique (Canon 569 § 1), ne permet cette capitalisation que si les Constitutions ne s'y opposent pas ; or les nôtres, à l'article 43, nous ordonnent de céder, avant la profession des trois vœux, l'administration, l'usufruit et l'usage. Or, céder, c'est laisser, abandonner, donner à un autre.

Nous ne pouvons pas non plus, en vertu de ce même article de nos Constitutions, changer à notre guise la disposition des revenus. Ils doivent être distribués par l'administrateur conformément à la cession que nous aurons faite, une fois pour toutes, avant la profession.

Évitons de nous servir de nos revenus pour nous écarter de la vie commune, d'en faire un moyen d'obtenir des avantages personnels, tels que l'achat d'objets superflus. Disposons-en préférablement en faveur d’œuvres charitables ou apostoliques, de nos défunts, de parents peu fortunés, de notre Institut, etc. … Aucune modification à la disposition initiale des revenus, ne serait licite sans la permission du Frère Supérieur Général ou de ceux auxquels il délègue ses pouvoirs. Par esprit de pauvreté recourons le moins possible à ces permissions, tenons-nous-en fidèlement, sauf motif grave, à ce que nous avons stipulé au sujet de nos revenus.

Présents. Faisons quelques remarques d'abord à propos des présents reçus, puis des cadeaux offerts, sans nous borner strictement au seul point de vue de la pauvreté.

Présents reçus  : Certains, ne les remettent pas toujours au Supérieur de la maison. D'autres, qui le font, ne voient en cela qu'un geste symbolique et s'étonneraient fort si, tout, et en particulier ce qui vient de leur famille, n'était pas laissé à leur disposition personnelle.

Si l'acceptation de dons ou cadeaux requiert une autorisation, il en faut une également pour en disposer. On ne peut que blâmer ceux qui, en cela, se montrent égoïstes ou utilisent préférablement les présents pour « leurs amis », en petit comité, au détriment du véritable esprit de famille. Ceci se produit en particulier quand il s'agit de comestibles ou de boissons et alors, à l'égoïsme s'ajoute la sensualité. Ces sortes de présents doivent être servis à toute la communauté aux heures des repas selon que le Frère Directeur le jugera opportun.

Il en est qui possèdent, dit-on, « l'art de susciter les cadeaux », soit pour eux-mêmes, ce qui est triste, surtout s'ils prétendent satisfaire ainsi des habitudes contraires à la Règle, soit pour la communauté, ce qui, à moins de motifs sérieux, peut lui faire du tort, car il est des cadeaux qui, dans la suite, se font payer chèrement par diverses faveurs ou concessions.

N'abdiquent-ils pas leur dignité, les éducateurs qui se laissent influencer dans leur comportement vis-à-vis de quelques élèves par cette question de présents reçus ? Ils aliènent trop facilement leur indépendance et ruinent, sans qu'ils s'en rendent compte, leur travail apostolique auprès des autres enfants. Même des maîtres austères réputés impartiaux, ne sont pas toujours insensibles à ces sortes d'attentions de leurs disciples.

II y a tendance, chez les jeunes Frères surtout. à demander divers objets à leurs parents, en particulier des montres. Parfois ils les mettent ainsi dans la gêne et ils oublient qu'une permission est nécessaire tant pour solliciter un présent que pour en faire usage.

 Présents offerts  : Signalons d'abord les abus auxquels donnent lieu à ce sujet les visites de famille pour certains religieux. Ils ne se bornent pas à donner de simples petits souvenirs que l'usage autorise ; ils distribuent souvent des objets qui ont une grande valeur et qui ne sont pas même dans le genre religieux. Un Frère peut ainsi apparaître aux yeux de ses parents et de ses connaissances, qui sont souvent des gens du peuple, comme un riche, ce qui est aux antipodes de la vocation religieuse. Outre la faute contre la pauvreté il peut y avoir scandale. C'est ce que faisait remarquer un Curé qui, voyant la prodigalité de deux religieux que l'on tenait pour missionnaires simplement parce qu'ils venaient d'Outre-Mer, disait  : « Devant de tels exemples je suis fort embarrassé pour engager mes paroissiens à être généreux à la quête que je ferai le dimanche des Missions. »

Il est admis que les professeurs donnent quelques petites récompenses à leurs élèves ils doivent s'entendre pour cela avec le Frère Directeur. Celui-ci, à son tour, doit, pour les prix de fin d'année, s'en tenir à ce qui est approuvé par le Conseil Provincial. Des abus peuvent se glisser dans les deux cas. Il est d'expérience que les récompenses valent plus par la façon de les faire apprécier que par leur valeur commerciale.

Parfois des Frères qui petit à petit accumulent des objets, voulant s'en débarrasser, ne les remettent pas à qui de droit, c'est-à-dire au Supérieur, mais plutôt, faisant acte de propriété, ils les donnent à des confrères, à des parents, voire à des élèves ou autres personnes.

Il est des Frères Directeurs ou Économes qui sont portés à faire trop de cadeaux  : 

a) À des Frères, ce qui est un moindre mal, s'il s'agit de choses de peu de valeur, mais cela rend certaines successions fort difficiles, car on ne peut pas toujours continuer dans cette ligne et il est des religieux qu'il est difficile de contenter à moins de faire de fortes dépenses, trop souvent pour des superfluités.

Quand les Frères ont réellement besoin de quelque objet, il faut le leur donner, non sous forme de présent, mais comme quelque chose de normalement dû à un enfant de la famille.

b) A des gens de service ou autres. Cela peut convenir dans certains cas ; c'est l'abus qu'il faut écarter résolument. Ces sortes de présents, quand ils sont motivés, doivent être faits au nom de la communauté et non pas au nom de celui qui donne.

Dans diverses Provinces, les maisons de formation tâchent d'obtenir des dons des autres maisons, soit à l'occasion de certaines fêtes, Nouvel An et Noël surtout, soit pour tel achat ou tel aménagement. Certains Frères Directeurs, puisant dans leur caisse, donnent volontiers et largement, on les tient pour généreux ; d'autres, estimant qu'ils n'ont pas le droit de faire de pareils cadeaux sont trouvés peu compréhensifs. Ces jugements sont-ils équitables ? Disons qu'en général, à moins qu'il ne s'agisse de donner, avec la permission du Frère Provincial, des objets reçus en présent et dont la communauté peut se passer, les versements à la Caisse Commune sont le meilleur moyen de subvenir aux vrais besoins des maisons de formation. Les autres dons risquent d'habituer la jeunesse de ces maisons à des superfluités pendant qu'elle manque de choses indispensables ou du moins plus utiles.

 Prêts d'argent  : Il ne s'agit pas des prêts peu importants que l'on est amené à faire occasionnellement à des auxiliaires ou a des serviteurs qui méritent qu'on leur consente, en cas de besoin, une simple avance limitée de leur salaire. Nous voulons parler des sommes prêtées à des solliciteurs qui abusent du bon cœur, de l'ingénuité ou de l'amour du lucre de certains religieux.

C'est par bonté de cœur que des religieux s'apitoient sur des misères réelles ou feintes ; voulant y remédier, ils accordent d'abord de petites aumônes, ce qui, dans bien des cas, sera dans l'ordre, mais, dans la suite, leurs largesses peuvent dépasser les limites de leurs attributions comme aussi leur attirer bien des solliciteurs auxquels leurs premiers protégés auront fait connaître ces libéralités.

C'est encore par bonté de cœur que des religieux prêtent de l'argent à leurs parents ou à leurs amis. La peine qu'ils éprouvent dans la suite à réclamer de telles dettes, les expose parfois, non seulement à ne jamais rentrer dans leurs fonds, mais à faire encore de nouveaux prêts, n'ouvrant les yeux que lorsque la dette est élevée et que, devant l'évidence qu'on ne sera pas payé, la conscience proteste plus fort qu'à l'ordinaire.

Les parents ou amis auxquels on a prêté peuvent être effectivement dans l'impossibilité de rembourser, mais n'y a-t-il pas trop souvent, de la part de quelques-uns, une complète méconnaissance des devoirs que le vœu de pauvreté impose à un religieux ? ou bien, ne s'imaginent-ils pas que celui-ci est riche et par conséquent, peut et doit améliorer la condition des siens ? C'est à la fois une des grandes peines et un des grands mérites pour ceux qui ont embrassé la vie religieuse de ne pouvoir faire pour leurs proches tout ce qu'ils souhaiteraient. Mais un religieux dont le père, la mère ou les grands parents auraient vraiment besoin d'être secourus, devrait en toute confiance le faire connaître à ses Supérieurs, qui, devant un besoin réel, ne resteraient pas indifférents.

Le fait suivant, quoique bien connu, mérite d'être rappelé  : « Un jour, un frère du Vénérable Fondateur étant dans un grand besoin, vint le trouver et le pria avec instances de lui prêter une certaine somme d'argent. Le Père avait le cœur extrêmement bon et sensible, il. se laissa gagner et lui remit la somme qu'il désirait. Mais son frère était à peine parti, que, se reprochant d'avoir trop écouté la nature et craignant que cette faiblesse ne fût un mauvais exemple donné aux membres de son Institut, il fit aussitôt courir après son frère pour réclamer la somme qu'il venait de lui prêter, et celui qu'il envoya avait l'ordre de ne pas rentrer à la maison sans l'apporter. Le bon Père ne fut tranquille que quand il vit cet argent sur sa table » (Vie, page 421).

Tenez-vous en garde contre les quémandeurs qui se disent parents de Frères ou même de Supérieurs. En général ils présentent tant de preuves, fausses d'ailleurs, de ce qu'ils affirment, qu'on est fort exposé à se laisser tromper.

Disons encore que si nos anciens élèves méritent tous nos égards, cette qualité ne saurait exclure la prudence sur le point que nous venons de traiter et dans les autres rapports d'affaires avec eux. Les exemples malheureusement ne manquent pas pour le prouver.

C'est généralement par naïveté ou par l'espoir d'un gain que des religieux avancent de l'argent à des aventuriers qui en ont besoin, disent-ils, pour une affaire qui rapportera de gros bénéfices. C'est un héritage à recevoir, moyennant quelques dépenses ; ce sont des marchandises à dédouaner ; des valeurs à rendre effectives, etc. … Ceux qui s'y laissent prendre se sont abstenus, la plupart du temps de consulter leurs Supérieurs ou leurs conseillers, ils craignaient de perdre, en le faisant, une si belle occasion. Probablement ont-ils entendu raconter, ou ont-ils lu dans les journaux, des cas devenus classiques de gens pris au piège qu'on leur tendait, mais à eux aussi le gain en perspective a caché le danger. Quand ils découvrent la supercherie, il leur est parfois tellement pénible de faire un aveu sincère, qu'une faute en appelant une autre, ils sont exposés à fausser les livres de comptes.

Quand il semble plus difficile d'écarter les solliciteurs à cause de leur qualité ou des rapports obligés que l'on a avec eux  : parents, amis, prêtres, anciens élèves, etc. …, il reste toujours à un religieux cet argument décisif, ou tout autre semblable : « Je n'ai rien à moi, je ne suis qu'un simple administrateur ; pas plus que le caissier d'une banque ou d'une maison de commerce, je ne puis, sans la permission de mes Supérieurs, disposer de l'argent dont j'ai la garde. »

 Voyages  : La Règle indique en divers articles la façon de sauvegarder la pauvreté dans les voyages. Citons-en quelques-uns accompagnés d'un bref commentaire  : 

« Les Frères ne feront aucun voyage, ni même aucune visite dans les maisons de leur Province respective sans une autorisation régulière du Frère Provincial. Pour tout voyage extraordinaire, ils devront être munis d'une permission du Frère Supérieur Général » (Art. 410). Il est aisé de comprendre que les manquements à cet article peuvent être contraires à la fois à la pauvreté et à l'obéissance. Faisons observer cependant, qu'il peut exister dans les Provinces une coutume légitime, qui dispense de demander une permission spéciale au Frère Provincial, pour visiter les maisons situées à peu de distance.

Notre vénéré prédécesseur voulant réagir contre l'abus des voyages et des visites de famille avait ordonné aux Frères Provinciaux de tenir un registre ou carnet de permissions et d'en envoyer le relevé complet au Frère Supérieur Général le 31 décembre de chaque année (Circ. Vol. XV, page 545 280). Les listes de la plupart des Provinces nous arrivent régulièrement, d'autres, manquent ou sont incomplètes.

L'automobile est un excellent instrument de travail, mais bien des constatations ont été faites sur la facilité avec laquelle peuvent en exagérer l'usage ceux qui, en raison de leur emploi, en ont une à leur disposition. Certains, à cause de la commodité qu'elle offre pour les commissions à faire ne veillent pas à grouper celles-ci en nombre suffisant pour justifier la sortie. D'autres, font des visites nullement indispensables dont ils s'abstiendraient s'ils ne disposaient pas de ce moyen de transport. Ils oublient qu'ainsi ils portent atteinte à la pauvreté aussi bien que s'ils empruntaient sans nécessité les véhicules publics et devaient payer leur billet à chaque voyage.

Serait-ce exagéré de dire que la tentation d'avoir une automobile toujours plus moderne n'est pas chose tellement chimérique ?

« Par esprit de mortification et de pénitence et pour imiter Notre-Seigneur Jésus-Christ, les Frères dans les voyages, seront fidèles à l'esprit de pauvreté de leur état » (Art. 414). Pour cela nous devons voyager comme les gens de condition moyenne et non pas comme les riches. Ainsi, dans les voyages par mer cela variera avec la catégorie des bateaux et, dans les trains, avec les pays. Personne ne s'étonne de ne pas nous voir voyager comme les riches, on s'étonnerait qu'il en fût autrement.

Dans les villes où nous n'avons pas de maison et où il n'y a pas de centre d'accueil pour prêtres et religieux, tout en évitant de prendre des logements nullement recommandables pour des religieux, on ne doit pas aller non plus dans des hôtels ou des restaurants d'une catégorie trop élevée. Il pourrait y avoir en cela, outre la faute contre la pauvreté, un scandale pour le public, comme l'a fait remarquer récemment, en ces termes le R. P. Larraona, Secrétaire de la S. C. des Religieux  : « Le cas n'est pas rare de religieux qui fréquentent des hôtels de luxe, ce qui n'est pas édifiant, même de la part de religieux venant de pays riches. »

A signaler encore les frais considérables que font certains religieux dans les voyages. Les uns se servent trop facilement de porteurs ou de véhicules soit parce qu'ils craignent de se rabaisser en portant eux-mêmes leurs bagages, soit parce que ceux-ci sont, sans motif suffisant, trop pesants ou trop volumineux. D'autres voyagent en vrais touristes, multiplient les arrêts et les visites, achètent un peu partout des souvenirs parfois coûteux, prennent toutes sortes de photos avec des appareils pour lesquels ils ont rarement une autorisation valable. On voit dès lors, la différence qu'il peut y avoir, et qu'il y a en effet, à la fin d'un voyage, entre le total des frais de divers confrères pour un même itinéraire. Et cependant c'est le même vœu qu'ils ont émis et les mêmes obligations qu'ils ont contractées.

Il est des Frères qui gardent l'argent qui leur reste de voyage au lieu de le remettre au Frère Directeur ou au Frère Économe. Cela constitue non seulement un acte de propriété, mais encore une tentation constante pour de nouvelles fautes. D'autres, quelque importante que soit la somme reçue, la dépensent en totalité. Ils oublient qu'ils ne peuvent légitimement dépenser que ce qui est vraiment justifié.

« Ils noteront, dit encore la Règle, toutes les dépenses et en feront connaître le détail au Frère Provincial» (Art. 424). Il s'agit là de voyages importants. Pour les autres, il suffit de rendre compte au Frère Directeur. Le fait-on et l'exige-t-on, partout ?

Les Chapitres Généraux de 1932 et de 1946 ont insisté en ces termes sur le même point des voyages  : « Aucun Frère ne peut effectuer de voyages proprement dits sans une obédience régulière indiquant les endroits où il peut s'arrêter. Si le Frère qui part ne doit pas revenir, le Frère Directeur notera sur l'obédience la somme qui lui est remise » (Vol. XVI, p. 755). « Dans les voyagés on doit s'en tenir au trajet indiqué par l'obédience. On ne peut faire que les dépenses nécessaires et l'on doit en rendre compte à l'arrivée à destination ». « Les Frères appelés au Second Noviciat se conformeront fidèlement pour l'itinéraire à suivre et les dépenses, aux indications portées sur leur lettre de convocation » (Vol. XIX, p. 550, 324.).

Pour mieux comprendre cette décision capitulaire invitant les Grands Novices à ne pas s'écarter de la pauvreté, il faut tenir compte que, pour un bon nombre de ces Frères le voyage est particulièrement long et se prête à bien des dépenses qui exigent une délicatesse de conscience que, malheureusement, on ne trouve pas toujours. Le cas s'est présenté de religieux qui, non contents de l'argent qui leur a été fourni par ordre du Frère Provincial, en ont obtenu d'une façon pas toujours régulière, du Frère Directeur ou du Frère Économe, de leurs parents, élèves ou anciens élèves. On nous a même parlé de religieux ayant pris sur leur patrimoine. C'est ainsi que parfois des Frères se mettent en voyage avec trois on quatre fois plus d'argent qu'ils ne devraient en avoir et le dépensent sans paraître se soucier du vœu et de la vertu de pauvreté.

On ne peut, malgré soi, s'empêcher de voir en cela l'occasion de fautes nombreuses auxquelles s'ajoute un mauvais exemple d'esprit jouisseur, facilement contagieux pour des religieux à faible vertu. Il m'est pénible de toucher ce sujet, mais je ne puis, en conscience, m'abstenir de signaler de tels abus qui engagent la responsabilité, non seulement des coupables, mais encore celle de tous les Supérieurs qui devraient prévenir ou combattre de telles fautes.

Une question qui ne manque pas d'analogie avec les voyages est celle des promenades. Au lieu de choisir comme rendez-vous un endroit agréable où l'on se délassera vraiment, certains cherchent avant tout à parcourir de longues distances. Il en résulte souvent de la fatigue au lieu de repos, ainsi qu'une trop forte dépense pour un simple passe-temps et parfois encore, un mauvais exemple pour les autres communautés. D'autre part, la nature étant insatiable, la tendance à aller toujours plus loin ne fait que s'accentuer dans la mesure où on la satisfait. Les Conseils Provinciaux devraient établir des limites bien précises sur ce point et les Frères Directeurs se faire un devoir de s'y conformer pleinement.

 Unité d'administration. Cette unité est une garantie d'ordre et fait éviter bien des fautes contre la pauvreté. Dans les maisons où le Frère Directeur est secondé par un Frère Économe, l'unité souhaitable ne peut exister que si tous deux, s'en tiennent aux attributions que leur reconnaissent les Règles et la coutume. Mais si le Frère Directeur se substitue sans besoin au Frère Économe ou si celui-ci oublie, dans la pratique, qu'il doit administrer sous la dépendance du Frère Directeur, tous deux, agissant sans entente, seront exposés à des dépenses nullement nécessaires et à des pertes d'argent pouvant charger la conscience.

On trouve parfois des Frères Économes, surtout parmi ceux qui restent longtemps dans cet emploi, qui s'habituent à ne plus faire connaître l'état des comptes et de la caisse, ils placent de l'argent, achètent des valeurs sans permission au point qu'on n'est bien au courant de l'administration de la maison que lorsqu'ils sont déplacés.

Il est normal que le Frère Directeur ait de l'argent à sa disposition, mais il doit provenir de la caisse de la maison et non pas de certaines entrées qu'il s'attribuerait. Il marquera avec soin ses dépenses pour en transmettre la liste au Frère Économe qui les relèvera dans les livres de comptes. Le Frère Économe, de son côté, doit s'abstenir de donner de sa propre autorité à ses confrères ce qu'il appartient au Frère Directeur de leur accorder, comme il doit éviter de trouver à redire à ce qui a été autorisé par le Frère Directeur. C'est à ce dernier qu'en privé il doit, s'il y a lieu, faire les observations qu'il juge opportunes. Pour ses besoins personnels il doit se pourvoir des mêmes permissions que les autres membres de la communauté.

L'unité manque encore lorsque dans une maison il y a plusieurs caisses. N'envisageons ici que le cas où l'on croit ne pas devoir inscrire dans les livres de comptes certaines ressources venues par des voies autres que les habituelles, c'est-à-dire distinctes des rétributions, pensions, ventes d'articles scolaires, droits d'inscription et autres semblables. Ce sont des dons, des produits de leçons particulières, de droits d'examen, de certificats, de fêtes, bénéfices sur excursions, ventes diverses, loteries, etc. …

Il n'y a pas généralement en cela l'intention de soustraire une partie des comptes au contrôle des Supérieurs, mais, de fait, c'est ce qui arrive souvent. On a voulu recueillir, soit pour la maison soit pour la Province, de l'argent pour un but précis ou à déterminer dans la suite, parfois avec la louable intention de ne pas trop puiser dans la caisse ordinaire, mais il n'est pas rare qu'à la longue on cherche à augmenter les ressources par des moyens plus ou moins réguliers. Ayant des fonds on sera exposé à entreprendre des aménagements ou à faire des achats nullement urgents et cela souvent sans consulter son Conseil et sans demander les permissions requises, alors même que les sommes engagées dépassent les attributions du Conseil local et parfois du Conseil Provincial.

La ligne de conduite à suivre consiste à inscrire dans les comptes toutes les sommes reçues, de quelque part qu'elles viennent, ainsi que toutes les dépenses, se munissant toujours des autorisations nécessaires. Quand il s'agit de travaux ou d'achats à effectuer avec de l'argent obtenu par d'autres moyens que les habituels ou par des sacrifices que l'on s'est imposés, rien n'empêche de le faire connaître en sollicitant l'autorisation. Ceci, sans constituer un droit, peut éclairer ceux qui auront à étudier la demande.

L'unité manque encore souvent dans les établissements importants où l'on trouve, outre le Frère Directeur et le Frère Économe, plusieurs autres Frères participant à l'Administration. L'un perçoit et gère les fonds destinés aux sports, un autre, ceux qui proviennent des œuvres missionnaires ou charitables ; celui-ci est chargé de la vente des articles scolaires, cet autre prête des livres ou encore vend des bonbons, des rafraîchissements, etc. … L'emploi de certains de ces auxiliaires est parfaitement justifié mais un contrôle sérieux s'impose. Il faut éviter que des Frères, pour le simple désir de disposer d'argent, créent de nouveaux services dont ils s'adjugent l'administration. Il faut de même veiller à ce que l'argent perçu ne soit pas détourné de son but, car il est prouvé que des religieux qui se feraient scrupule de disposer de l'argent de la communauté sont parfois moins délicats quand il s'agit de celui des divers services mentionnés ou autres semblables. Ils font sans permission des achats pour l’œuvre qui leur est confiée et parfois aussi pour eux-mêmes ou pour d'autres. Le cas ne s'est-il pas présenté également de religieux qui en abandonnant la Congrégation ont emporté des sommes parfois importantes, soustraites aux œuvres dont ils avaient la charge ?

Bon nombre de ces fautes seraient évitées si on ne s'écartait pas des règles établies et si tous les Supérieurs veillaient à ce qu'elles soient respectées. « Les Frères, dit la Règle, ne garderont jamais de l'argent en leur particulier de quelque part qu'il vienne. L'argent reçu pour les jeux et les œuvres par ceux qui en sont chargés, sera remis au Frère Directeur ou au Frère Économe » (Art. 141). Le XIII° Chapitre Général a précisé ce point en demandant que cet argent soit remis (le la sorte au moins chaque semaine.

Bien des maisons, pour se conformer à ces dispositions ont adopté un carnet spécial où le Frère chargé d'une œuvre, marque, au fur et à mesure, l'argent qu'il verse à la caisse de la maison et celui qu'il en retire. Cette pratique, sans exclure le besoin d'une conscience délicate, diminue le danger d'administrer d'une façon irrégulière. Ce carnet, tenu à jour, permet au Frère Économe de porter périodiquement dans le livre journal et dans le grand livre ces recettes et ces dépenses. Certains Frères ont pris la louable habitude de faire signer ce carnet par le Frère Provincial à l'occasion de sa visite ou de la retraite annuelle ; on ne peut qu'encourager cette pratique.

Objets personnels. L'article 49 des Constitutions dit que  : « Tout dans l'Institut sera en commun, excepté les habillements et le linge de corps dont l'usage sera personnel. » L'article 138 des Règles Communes énumère, de son côté, les autres objets dont chaque Frère aura l'usage et qu'il pourra également emporter en quittant une maison pour aller dans une autre. Cette liste n'est pas longue, ne l'allongeons pas indûment, à la faveur de la condescendance des Supérieurs ou par des moyens irréguliers. La pauvreté exige également que nous prenions un soin raisonnable des objets dont nous avons l'usage, le soin que prend de ses biens un bon père de famille. Que penser d'un religieux qui, parce que la Congrégation ne le laisse manquer de rien, prendrait moins de soin des biens qui lui sont confiés que s'il était resté dans le monde.

La Commission de la Régularité du XIV° Chapitre Général a émis le vœu suivant  : « Dans le but de dresser une barrière à l'esprit du monde qui assaille de toutes parts le vœu de pauvreté et la pratique de cette vertu, les Frères Provinciaux réduiront autant qu'il sera en leur pouvoir les occasions d'en violer la lettre et l'esprit, telles que l'usage de kodaks, de stylos de luxe, de promenades coûteuses, d'itinéraires de voyages inspirés par le tourisme, de collections de timbres et autres, avec achats ou ventes profitables, etc. … » En réunion plénière les Capitulants ont jugé ce texte tellement important que, par un vote unanime ils l'ont incorporé au Statut Capitulaire N° 9, entièrement consacré à la pauvreté. On s'étonne que des religieux connaissant une telle décision se croient régulièrement autorisés à avoir en propriété et emportent avec eux des appareils photographiques, des bicyclettes ou autres objets prohibés d'une façon expresse ou tacite par ce statut. Quant aux appareils individuels de radio qu'il suffise de dire qu'ils sont formellement prohibés par le Statut N° 11.

Remarquons en passant que l'origine de l'argent qui a servi à. se procurer ces objets ou autres semblables viendrait-il même des parents, ne change rien à la loi générale  : les objets ainsi achetés appartiennent à la communauté. Il y aurait bientôt toute une classe de privilégiés chez nous s'il en était autrement et des religieux peu scrupuleux sauraient facilement s'ingénier pour trouver des ressources. Disons également que le manque de promptitude à fournir aux Frères ce que leur accorde la Règle peut les porter à se le procurer eux-mêmes. C'est pourquoi je ne saurais trop engager les Frères Directeurs et les Frères Economes à ne pas donner lieu à cet abus et à être aussi prompts à accorder ce qui est nécessaire et légitime qu'à s'opposer à des exigences non justifiées.

Des Frères emportent parfois des livres, des instruments de travail ou autres objets appartenant à la communauté qu'ils laissent. Il peut y avoir de bonnes raisons pour agir ainsi  : livres que l'on a annotés, outils que l'on est seul à utiliser, etc. …, mais la permission est indispensable, elle sera sans doute accordée si le motif est fondé et s'il n'y a pas de préjudice pour les autres confrères. Faisons observer cependant, que les besoins des communautés étant pour la plupart identiques, il est rare qu'on ne puisse pas y trouver ou s'y procurer ce qui est nécessaire. Il ne semble pas inutile de dire qu'il y a également des Frères qui à l'opposé des précédents, abandonnent trop facilement, en changeant de maison, des objets personnels, surtout des effets de vestiaire encore en bon état, et en demandent d'autres peu après leur arrivée dans leur nouveau poste.

Disons pour les collectionneurs de timbres qu'ils sont plus exposés qu'on ne pense généralement à manquer au vœu de pauvreté par des achats, des ventes ou des échanges faits sans une permission préalable. C'est au Frère Provincial à donner, s'il le juge opportun la permission de collectionner, mais il devrait la retirer en cas d'abus tels que des rapports irréguliers avec l'extérieur, véritable commerce, excès de rapports épistolaires, etc. … Le produit de la vente d'une collection appartient à l'Institut ; il serait bien employé si on le destinait aux missions, aux œuvres de formation, aux écoles pauvres, etc. … Mais bien des collectionneurs sont tellement attachés à leur collection que la mort les surprend sans qu'ils aient pu réaliser leurs beaux projets. Il n'est pas rare qu'ensuite leurs timbres s'éparpillent et ne produisent aucun profit. C'est le cas de redire  : 

Le bien qu'on a, la mort le prend,

Le bien qu'on fait, la mort le rend.

Que dans les chambres et les cellules on évite les objets ou ornements superflus. Quand on n'y prend pas garde on les multiplie, on s'habitue à les voir avec satisfaction, oubliant ce souhait de notre Bienheureux Fondateur  : « Que la propreté la simplicité soient le seul ornement de nos maisons et, par conséquent, de nos chambres » (Vie, p. 417).

Que chacun examine s'il ne possède rien de trop et si, pour le reste, il s'est pourvu de permissions renouvelées à chaque retraite. Si, en cas de changement, n'ayant rien à cacher, il est prêt à faire sa valise devant ses confrères ou même ses Supérieurs. Si à l'heure de la mort, il ne trouverait pas encombrants certains objets en sa possession. Sans doute est-on généralement disposé alors à se défaire de tout mais nous avons fait le vœu, non de mourir pauvres, chose qui est inévitable, mais de vivre pauvres.

Pratiquons l'esprit de détachement de toutes choses dont notre Bienheureux Père nous a donné l'exemple, ce sera un excellent moyen de l'honorer et de contribuer à sa glorification. Nous lisons dans sa vie que depuis le jour où il vint habiter avec ses Frères il n'eut rien à lui. A un Frère qui s'était servi du mot vôtre, il répliqua  : « Que me parlez-vous de vôtre ou de mien ? Cet objet est autant à vous qu'à moi ; il est à la communauté, c'est-à-dire à tous les Frères qui en ont besoin » (Vie, p. 404). « Chaque année à la retraite il s'assurait par lui-même si aucun Frère n'avait rien en propre. Il se faisait apporter tous les petits objets qu'on s'était procurés sans permission ou sans nécessité reconnue, de même que ceux qui, par leur qualité s'écartaient de l'esprit de la règle  : tels que livres reliés trop élégamment, portefeuilles et canifs de prix trop élevé, etc. …»

De nos jours il ne proscrirait certainement pas les stylos, les montres, les rasoirs mécaniques, les lunettes à présentation plus élégante que celles de son temps, ni autres objets devenus d'un usage courant ; mais il condamnerait aussi bien l'esprit d'indépendance et les manquements à la pauvreté de ceux qui les acquièrent ou les gardent sans permission, que la vanité de ceux qui en possèdent de luxueux ou trop voyants.

 Repas. Bien d'autres points concernant la pauvreté pourraient donner lieu à des remarques opportunes, j'ajouterai seulement quelques mots sur les repas pour engager à s'en tenir dans toutes nos Provinces à la lettre et à l'esprit du Statut suivant adopté par le XIIl° Chapitre Général  : 

« Il est recommandé de se conformer partout à l'article 74 des Constitutions accordant aux Frères une nourriture saine, abondante et convenablement préparée, mais commune et ordinaire sans que l'inégalité des ressources établisse une distinction entre les communautés. »

« Les Frères Provinciaux veilleront à cette uniformité dans le régime ; ils détermineront en Conseil ce qui doit être servi au goûter. Dans chaque Province, un coutumier réglera le nombre et la catégorie des fêtes pour lesquelles une modification peut être apportée à l'ordinaire. Si l'on ne peut s'en tenir absolument à ce que déterminent les Règles pour la nourriture, on demandera au Conseil Général lés autorisations jugées nécessaires. »

Dans ce coutumier, les Frères chargés de la dépense trouvent une ligne de conduite précise. Ils sont moins exposés à manquer de prévision à l'occasion d'une fête, à donner trop ou trop peu ou à subir l'influence de ceux qui voudraient leur faire suivre leurs goûts plutôt que la Règle. Les Provinces où ce coutumier a été établi n'ont eu qu'à s'en féliciter. Elles l'ont modifié, au besoin après expérience.

Il est à souhaiter que l'on ne perde pas de vue que les obligations de la pauvreté restent en vigueur les jours de fête ; c'est surtout ces jours-là que l'on doit, tout en donnant largement le nécessaire, éviter toute exagération. Qu'en tout temps, conformément aux Constitutions, chacun s'en tienne pour les repas à la vie commune mais que le Frère Directeur veille paternellement à. ce que le nécessaire soit donné aux Frères malades et à ceux qui éprouvent un besoin réel (Art. 79).  

IV. – Quelques remarques sur la permission.

 Maintes fois, dans ce qui précède, nous avons mentionné la permission. Son importance est telle que quand elle est obtenue et donnée dans les conditions voulues, elle exclut l'acte de propriété et, par conséquent, la faute contre le vœu, le religieux agissant comme simple délégué de son Supérieur. Faisons quelques remarques à son sujet sans entrer dans les multiples détails qu'elle comporte et que chacun aurait cependant tout intérêt à relire dans les traités de vœux.

Ce serait une erreur de tenir pour valide et licite toute permission. Elle ne l'est de la part du Supérieur que lorsqu'elle ne dépasse pas ses droits, lesquels sont déterminés par le Code Canonique, les Constitutions, les Règles ou la coutume légitime. Un Supérieur Général, Provincial ou local ne peut s'écarter de ces normes sous peine de commettre des abus de pouvoir et de manquer de même que ses sujets, au vœu de pauvreté.

« Nulle également, dit le Père Colin, dans le Culte des Vœux, toute permission obtenue par fraude, surprise, ou sur un faux exposé. Rien de plus beau et de plus sûr que d'agir toujours avec simplicité droiture et loyauté. Ruser, dissimuler, user de voies tortueuses et surtout mensongères, pour arriver à ses fins  : conduite peu digne d'un religieux et qui n'est jamais exempte de péché et plus tard de remords » (p. 180).

Les permissions obtenues, non par fraude, mais par une insistance importune, des menaces, des murmures, des pressions du dehors, etc. …, sont également illégitimes et on ne peut les utiliser en sûreté de conscience car le Supérieur a cédé à contre-cœur, parfois pour éviter un plus grand mal.

Signalons encore un cas qui, sans avoir la gravité de ceux que nous venons de citer ne devrait pas se produire. C'est celui de religieux dont on sollicita et apprécie les services mais, qui au lieu d'imiter ceux qui se dévouent en s'oubliant, croient avoir droit à des faveurs en retour de leur travail. C'est ainsi qu'un Frère Directeur, auquel on faisait remarquer combien lui était utile un Frère de talent, répondait  : « C'est vrai, mais il revient cher », voulant dire par là qu'on aurait trouvé ce religieux moins dévoué si on ne l'avait traité avec de grands ménagements et si on ne lui avait pas accordé ce qu'il demandait parfois sans un réel besoin.

Rien ne vaut la permission expresse et, si possible, écrite, surtout pour des choses importantes, la plume étant un excellent instrument de précision.

Pour s'épargner des inquiétudes et des regrets, mieux vaut ne recourir à la permission tacite que pour des choses évidemment impliquées dans la permission expresse. Quant à la permission présumée elle n'est pas sans danger, car il est facile de se faire illusion sur le besoin d'en user et sur les conditions de temps, de lieu ou de mode qu'exigerait le Supérieur dans le cas même où il serait disposé à l'accorder. Pour avoir la certitude morale qu'on peut présumer une permission il est indispensable que se réalisent simultanément les conditions suivantes  : 

a) Que le Supérieur soit éloigné ou absent.

b) Qu'il y ait nécessité ou grande utilité d'agir immédiatement.

e) Qu'on croie avec probabilité que la permission serait accordée si on pouvait la demander.

Il faut, en outre, être disposé à rendre compte au Supérieur, aussitôt qu'on le pourra, de l'acte de propriété qu'on a fait en présumant la permission.

La permission donnée par un Supérieur est valable sous son successeur mais celui-ci doit en être informé par l'inférieur. Si un Supérieur a refusé une permission, on ne peut la demander à un autre, qu'en lui faisant connaître le refus et les motifs qui y ont donné lieu. Une permission est toujours révocable par celui qui l'a donnée ou par son successeur.

Parmi les vertus qui ont le plus frappé chez le regretté Frère Avit, Secrétaire Général, nous pouvons signaler son grand esprit de pauvreté : il avait les effets de vestiaire indispensables et il demandait les moindres permissions : achat d'un simple opuscule, don d'un chapelet à des parents, etc. … 

Conclusion.

 Ce qui vient d'être dit de la pauvreté est très incomplet, il ne pourrait en être autrement étant donnée l'étendue du sujet. C'est dire que cette vertu et le vœu qui la protège, peuvent donner lieu à de nombreux actes méritoires comme à des manquements fréquents. Nous ne saurions par conséquent, en prendre à notre aise avec la sainte pauvreté sans négliger le but principal de notre vocation, notre sanctification.

Gardons-nous donc, comme d'un très grand mal, des calculs indignes qui consisteraient à vouloir se permettre bien des libertés au sujet de la pauvreté, avec le seul souci de ne pas en arriver au péché mortel, car ce serait obéir à un esprit servile à l'égard de Dieu et l'on dépasserait facilement les limites qu'on pensait marquer à la sensualité. Gardons-nous également, par amour pour Notre-Seigneur, d'invoquer les prétextes auxquels ont recours ceux qui recherchent le superflu ou même veulent justifier les plus graves accrocs à la pauvreté.

On raisonne à faux ou à vide quand on prône une pauvreté qui n'exige pas de privations. Ces raisonnements, dit le P. Chevrier, le Fondateur du Prado, tuent l'Évangile et ôtent à l'âme cet idéal qui nous porterait à suivre le Christ. Les saints ne raisonnaient pas tant, et c'est parce qu'il y a tant de raisonneurs qu'il y a si peu d saints. »

Renonçons, non seulement à ce qui n'est pas indispensable mais, de plus, comme le veut la Règle  : « Préservons-nous de toute affection, de toute attache pour les objets qui sont à notre usage, ne retenant que ceux qui nous sont vraiment nécessaires » (Art. 145, 3°). Le mot à mettre en vedette est attache  : quand nous aurons compris que la pauvreté doit nous détacher, nous délier, nous observerons le vœu et nous pratiquerons la vertu. Nous viderons non seulement la main mais encore le cœur où Dieu trouvera ainsi plus de place. La pauvreté sera alors réellement devenue pour nous une libération et donc, une grandeur.

————————————————

 Lettre Apostolique

de sa Sainteté Pie XII

 Pape par la divine Providence

par laquelle le Vénérable Serviteur de Dieu

Marcellin Joseph Benoît CHAMPAGNAT

prêtre, fondateur

de l'Institut des Petits Frères de Marie est déclaré BIENHEUREUX.

              PIE XII, Pape,

Pour perpétuelle mémoire.  

C'est bien une œuvre remarquable de charité de s'appliquer au soin corporel des indigents et de les soulager. Mais c'est travailler davantage au bien d'autrui que de former les cœurs à la piété et à la science comme le dit justement saint Bernard, docteur de l'Eglise, dans ce mot sorti de ses lèvres, plus douces que le miel  : «Si, c'est une œuvre pie que de donner la nourriture au corps, c'est bien plus généreux d'assurer la nourriture de l'âme, ce qui est l'œuvre propre des maîtres » (Sermon I. de Noël, P. L. , CLXXXIV, 829).

Cet art, s'il s'accompagne de la vertu, est habituellement d'une grande utilité pour les hommes, et ceux qui s'y adonnent par devoir de religion, en reçoivent un éloge public mérité.

Parmi ceux-ci occupe une place de choix Marcellin Joseph Benoît Champagnat, fondateur de la Congrégation des Petits Frères de Marie, à qui nous avons décidé d'accorder les honneurs des Bienheureux du ciel. Que ceux qui ont pour but d'instruire dans les sciences les adolescents, en ces temps surtout où les âmes des enfants sont captivées par les fables des idées fausses et les séductions des mœurs dépravées, le prennent donc pour modèle et l'imitent fidèlement. Ce maître pieux et expérimenté vit le jour, le 20 mai 1789, dans le bourg de Marlhes qui appartenait alors au diocèse du Puy et fait partie maintenant de l'archidiocèse de Lyon. Ses parents, Jean-Baptiste Champagnat et Marie Chirat, petits propriétaires, veillaient avec soin à l'éducation de leurs dix enfants et tenaient les vertus domestiques comme la principale sauvegarde de la famille. Ils prirent soin que le lendemain, alors qu'on célébrait la fête de l'Ascension du Sauveur, la grâce du baptême purifiât leur enfant, et ce fut un heureux présage, semble-t-il, que cela se fit en ce jour de fête, puisque ce nouvel enfant de l'Eglise devait rechercher, non pas les richesses périssables de ce Inonde mais celles du ciel, les biens éternels.

Sa mère et surtout sa tante paternelle eurent à cœur de modeler son âme encore tendre par d'excellentes leçons, et de la former à la sagesse chrétienne. C'est en profitant de cette éducation domestique que Marcellin Joseph Benoît, dès le premier âge, avança dans la vie et se distingua des autres par sa vertu jusqu'à être leur modèle.

Cet enfant, bien élevé et pieux, était donc prêt, quand il eut ses onze ans, à recevoir, avec une riche abondance de fruits, l'aliment divin de son âme. Après avoir reçu un peu d'instruction à la maison, il aidait ses parents aux travaux de la campagne et exploitait un modeste commerce avec intelligence. Il ne pensait guère s'adonner au saint ministère, quand Dieu l'appela, pour lui faire gagner comme son ministre des biens insignes et sans mesure.

Sur le conseil d'un prêtre, l'adolescent qui avait seize ans, décida d'entrer dans la cléricature. Après être resté quelque temps chez son beau-frère pour s'instruire des rudiments des lettres, il se rendit au séminaire (le Verrières, pour y commencer ses études. Pendant sept ans, il s'y appliqua de tous ses soins, sans oublier – ce qui pour lui était le plus important – d'enrichir son âme d'une insigne piété. A la fin de son cours, il entra au grand séminaire, où il devait faire de grands progrès dans la science des choses divines.

Tout en s'appliquant joyeusement à ses études, il prit l'habitude de détourner son esprit des choses du monde pour l'élever aux réalités célestes, par le silence et le recueillement, méditant les choses du ciel. Lui qui, dès la plus tendre enfance, avait cherché à honorer de toute façon la Bienheureuse Vierge Marie, se montra, au séminaire, très actif à l'honorer et à propager sa dévotion. Alors des séminaristes – les meilleurs, et le serviteur de Dieu en était – avaient entre eux de fréquents entretiens sur la Sainte Mère de Dieu ; ils projetèrent de fonder une société qui aurait pour but de la glorifier de plus en plus et de propager au loin la religion, soit par l'éducation des enfants, soit par les missions chez les peuples infidèles. Au cours de ces réunions, Marcellin Joseph Benoît suggéra de s'adjoindre des frères religieux laïques pour accomplir cette œuvre d'élite, en particulier pour l'enseignement des premiers éléments des lettres et surtout de la doctrine chrétienne. Ses pieux compagnons le chargèrent de mener à bonne fin ce projet.

Il avait donc mérité d'être estimé comme un excellent séminariste, lorsque le 22 juillet 1816, il fut élevé à la dignité sacerdotale. Avant d'entreprendre son œuvre apostolique il se rendit au sanctuaire insigne du culte marial du nom de Fourvière, et tout en larmes il voua et consacra sa vie à la Vierge Sainte.

Peu après, par ordre de ses Supérieurs, il fut envoyé à la cure de La Valla pour y aider le curé dans son ministère. Il est à remarquer que le saint ministère s'y trouvait entravé par bien des difficultés du fait que ce village est comme accroché au flanc de la montagne et que plusieurs hameaux qui s'y rattachaient étaient situés dans une région impraticable. De ce fait encore, il arrivait que les habitants étaient souvent dans l'ignorance des vérités chrétiennes.

Le jeune prêtre, qui venait d'être ordonné, travailla avec tout son zèle pour former les enfants aux rudiments de la foi, il se mit assidûment à la disposition des fidèles désireux de se confesser, et il expliqua, dans des instructions d'un style simple et captivant les choses divines. Pasteur vigilant, il s'efforça également de supprimer les mauvaises habitudes, surtout le plaisir immodéré de la danse, la lecture des ouvrages condamnés, l'ivrognerie, et enfin cette très mauvaise coutume de proférer d'exécrables blasphèmes contre Dieu.

Pour renforcer l'œuvre entreprise, surtout en ce qui concerne la formation religieuse de la jeunesse, il chercha le secours dévoué de frères laïques. Ce projet, comme il a déjà été dit, avait préoccupé son esprit alors qu'il débutait dans la sainte milice. Un jour qu'il assistait, comme il le devait, un enfant mourant, il se rendit compte que celui-ci ignorait les principales vérités de la doctrine chrétienne. Il le prépara à bien mourir ; mais, sans plus tarder, il remédia à ce mal. Il s'adjoignit donc un adolescent, Jean-Baptiste Audras, recommandable par ses mœurs chastes et son amour pour la vertu, qui, avec Jean Marie Granjon, fut le premier membre de la Société des Petits Frères de Marie. C'est dans une humble maison dépourvue de tout, proche du presbytère, qu'il l'établit, tendre rejeton qui devait devenir un grand arbre. Par un bienfait de Dieu, en effet, il arriva que d'autres, de jour en jour plus nombreux, vinrent les rejoindre partageant le même dessein, s'associant pour le même labeur. Le prêtre pieux ayant réuni ses disciples, comme un père aimant les guida, et, par ses leçons, ses conseils, et surtout par son exemple les entraîna à rechercher la sainteté et à s'acquitter comme il faut de leur charge, «car la parole, comme le dit saint Grégoire le Grand, Notre prédécesseur, pénètre plus facilement le cœur des auditeurs, quand la vie de l'orateur lui donne son prix» (Reg. Past. , c. 3 ; P. L. LXXVII, 28).

II ouvrit donc des écoles en plusieurs lieux, où les enfants avaient comme maîtres, pour leur plus grand bien, des Petits Frères de Marie. Mais la Société de ceux-ci prenait de tels développements que le Serviteur de Dieu choisit une demeure plus grande qui serait comme le centre et la tête, dans un lieu retiré qu'on appela l'Hermitage. Pour achever cet ouvrage il n'hésita pas, comme maçon, à s'accabler de travail.

Comme on passe l'or au creuset pour en éprouver la qualité, de même la vertu et la constance du Serviteur de Dieu furent fortement mises à l'épreuve. Il fut plus d'une fois en butte à la malveillance, et incrimine. Accablé par ces épreuves, il manifesta une patience et une modestie exemplaires.

En 1824, après qu'on lui eut permis de se démettre de sa charge de vicaire, il s'occupa avec toute son intelligence et tout, son zèle à organiser et à accroître sa Société. Il ne fut détourné de l'œuvre noblement commencée ni par les ennuis d'une santé chancelante ni par le départ de quelques-uns des confrères, ni par les dettes parfois écrasantes, et ses efforts réduits à rien ne brisèrent pas l'espérance de celui qui s'appuyait sur Dieu seul quand il traitait de faire reconnaître sa Société. Pour la consolider, il en rédigea les Règles pleines de prudence, et, en 1826, il se lia à Dieu avec ses fils par l'engagement des vœux.

Il aida également d'une façon extraordinaire, Jean-Claude Colin, – avec qui il s'était lié d'amitié lorsqu'ils vivaient tous deux au grand séminaire de Lyon, – à établir la Société de Marie, de sorte qu'il en est regardé comme co-fondateur : car il désira ardemment qu'une grande famille religieuse embrassant les prêtres de cette Société et les Petits Frères, militant sous l'étendard de la Mère de Dieu en propageât de tous côtés la gloire. Dans la suite, on fut d'avis que chaque partie de cette association mariale serait indépendante et que chacune aurait son Supérieur Général.

Cependant ses forces faiblissaient, sa maladie s'aggravait et l'infatigable Serviteur de Dieu et de sa divine Mère, se hâtait vers son terme. Avant qu'il y parvînt, les Frères élirent celui qui devait être leur chef afin qu'il organisât tout, avant la mort de leur Père et Législateur.

Non seulement Marcellin Joseph Benoît dans sa vie active a réalisé tant de choses remarquables et mémorables, mais encore, si on observe les sentiments intimes de son âme, il s'est montré un homme d'une vertu parfaite et complète. Il avait coutume, en effet d'employer beaucoup de temps à la contemplation' des choses divines et d'orienter ses pensées vers Dieu seul. Il n'entreprit aucune œuvre sans avoir recours à d'instantes prières, citant souvent ce verset  : « Si le Seigneur ne bâtit pas la maison ceux qui la bâtissent travaillent en vain» (Ps. CXXVI, 1). Riche également des dons du ciel, zélé pour la vie religieuse, il en cultiva au plus haut degré les vertus de premier ordre, la pauvreté, la chasteté, l'obéissance. Bien plus, il poussa la pauvreté volontaire jusqu'à écarter énergiquement pour les siens toute recherche dans le vêtement, la nourriture et l'ameublement. Etranger à tout orgueil et à toute prétention, il eut une humble opinion de lui-même, et il avait pris l'habitude de se mortifier par des pénitences de tout genre en particulier le jeûne, le froid, les incommodités des voyages qu'il faisait toujours à pied. Réfléchi et prudent, conséquent avec lui-même, il conforma toute sa vie à la volonté de Dieu seul ; également joyeux dans la prospérité et dans le malheur, il voulut que les membres de sa Société servent Dieu avec une joie cordiale.

Un amour impétueux le portait vers sa Mère du ciel. dont il fit comme la première Supérieure de sa Famille religieuse et qu'il appelait sa «Ressource Ordinaire».

Ce fut Elle qui, le 6 juin 1840, un samedi, la veille de la Pentecôte, le reçut dans ses bras, lui, son fils, muni de tous les secours de la religion aux derniers instants de sa vie, et récompensa son fidèle serviteur de grâces de choix. Ses Frères, qu'avant de mourir et comme il faisait son testament, il avait encouragés à l'amour de la vertu, pleurèrent dans leur douleur commune la mort de ce prêtre très pieux. Son corps fut enseveli dans le cimetière voisin d'où il fut transporté en 1899 à la chapelle.

Dieu paraissait confirmer par des miracles célestes la renommée singulière de sainteté qui rendait de plus en plus célèbre chaque jour le nom du Serviteur de Dieu. C'est pourquoi on introduisit sa cause pour lui accorder les honneurs des Bienheureux du Ciel, et après le procès qu'on appelle ordinaire, Léon XIII, Notre Prédécesseur d'immortelle mémoire, signa le 9 août 1896, l'introduction de sa cause que devait instruire la Sacrée Congrégation des Rites. Puis, après le procès Apostolique régulièrement fait, eut lieu le procès des vertus théologales et cardinales du Vénérable Marcellin-Joseph Benoît Champagnat ; et Notre Prédécesseur. d'heureuse mémoire, le pape Benoît XV, par un décret porté le 11 juillet 1920, déclara que le Vénérable les avait pratiquées d'une manière héroïque.

Après le procès des miracles qu'on rapportait avoir été accomplis par Dieu à l'invocation de son nom, tout ayant été examiné avec soin dans les délibérations accoutumées, Nous-même, le 3 mai de cette année 1955, Nous avons déclaré que deux de ces miracles étaient reconnus.

Il ne restait qu'une chose à discuter : si le Serviteur de Dieu devait être inscrit en toute sûreté parmi les Bienheureux du ciel. Ce qui fut nettement établi. En effet. tous les Cardinaux préposés à la sauvegarde des Rites sacrés, et les Pères Consulteurs affirmèrent à l'unanimité qu'on pouvait le faire. Ayant recueilli leurs suffrages Nous avons édicté le 19 mai de cette année, qu'on pouvait en sûreté procéder à la Béatification du Vénérable Serviteur de Dieu Marcellin Joseph Benoît Champagnat.

Toutes choses étant ainsi, Nous, accueillant les vœux de l'Institut des Petits Frères de Marie, en vertu des présentes Lettres et de Notre autorité Apostolique, accordons que le Vénérable Serviteur de Dieu Marcellin Joseph Benoît Champagnat prêtre, soit appelé désormais du nom de Bienheureux et que son corps et ses restes ou reliques soient proposés à la vénération publique des fidèles du Christ  mais non qu'ils soient portés dans les processions solennelles  et que les images de ce Bienheureux soient ornées de rayons.

En vertu de Notre Autorité, Nous accordons encore que chaque année on puisse réciter en son honneur l'office du commun des confesseurs non Pontifies avec des leçons propres approuvées par Nous, et qu'on célèbre la Messe du même Commun avec les oraisons propres approuvées, suivant les rubriques du Missel et du Bréviaire romain. Mais nous n'accordons la récitation de son Office et la célébration de sa Messe qu'aux seuls diocèses du Puy, dont faisait autrefois partie le lieu de sa naissance, et de Lyon, sur le territoire duquel mourut le Bienheureux ; et de même, dans toutes les églises et chapelles, du monde entier dont l'Institut des Petits Frères de Marie et la Société de Marie ont l'usage, à tous les fidèles qui sont tenus à la récitation des heures canoniques, et, en ce qui concerne les Messes à tous les prêtres qui se réuniront dans les églises ou chapelles ou doit se célébrer la fête de ce Bienheureux.

Nous accordons enfin que les Solennités de la Béatification du Vénérable Serviteur de Dieu Marcellin Joseph Benoît Champagnat soient célébrées, en observant les rubriques de règle, dans les églises ou chapelles dont nous avons parlé, aux jours fixés par l'autorité légitime, au cours de l'année après que ces solennités auront été célébrées dans la sainte Basilique Patriarcale du Vatican.

Nonobstant les Constitutions et Ordonnances Apostoliques, les décrets portés de non-culte et tous autres actes contraires. Nous voulons de plus, qu'aux exemplaires des présentes Lettres, même imprimés, pourvu qu'ils soient signés de la main du Secrétaire de la Sacrée Congrégation des Rites et munis du sceau de cette Congrégation, on ajoute foi, comme on le ferait sur présentation de ces Lettres, à l'expression de Notre volonté.

Donné à Rome, près de Saint-Pierre, sous l'anneau du Pêcheur, le 29 mai, dimanche de la Pentecôte, l'an 1955, le dix-septième de Notre Pontificat.

Par mandat spécial de sa Sainteté.

Pour Son Eminence le Cardinal des Affaires Ecclésiastiques d'Etat,

Gildo BRUGNOLA.

Chancelier des Brefs Apostoliques.

————————————————

 Consécration à la Sainte Vierge

 Elle a été faite par les Supérieurs, aux pieds de la Vierge de l'Hermitage, le 18 juin, lors du pèlerinage qui a clôturé leur retraite annuelle.

 Très Sainte Vierge Marie, Mère de Dieu, Reine des Anges et des hommes, en ce lieu béni, témoin des premières années de notre Institut qui vous est consacré et sur lequel, depuis plus d'un siècle, vous avez veillé avec une sollicitude maternelle, nous venons à vos pieds nous consacrer de nouveau à Vous, au nom de tout l'Institut que nous représentons.

C'est ici que, selon une indication maternelle de votre part, notre Bienheureux Fondateur a placé la maison qui porte votre nom.

C'est ici qu'il a tant travaillé, qu'il s'est sanctifié et qu'il est mort un samedi au chant du Salve Regina dont il a fait notre bouclier.

Que de bienfaits il a obtenus par votre puissante intercession, en invoquant votre nom miraculeux dont il a paré ses enfants ! Et que de faveurs ne nous avez-vous pas accordées depuis sa bienheureuse mort Vous nous avez gardés au milieu de bien des tempêtes vous nous avez répandus dans le monde entier : vous nous avez multipliés et nous vivons en assurance sous votre protection maternelle.

C'est pourquoi, Très Sainte Vierge, notre Mère, notre Reine, notre Ressource Ordinaire, venus de tous les points du monde et réunis à vos pieds, nous vous remercions de vos bienfaits innombrables, et en particulier de la glorification de notre Bienheureux Père et Fondateur.

Nous vous louons, ô Vous, la Mère de Dieu et la nôtre. Nous nous consacrons à votre service, non seulement pour vous aimer et vous servir nous-mêmes, mais pour vous faire connaître, aimer et servir par nos Frères et nos élèves.

Bénissez, ô tendre Mère, cette Famille religieuse qui est la vôtre, bénissez les Supérieurs, les Frères, les Novices, Postulants et Juvénistes, nos élèves et spécialement nos Missions et nos Provinces éprouvées de Chine et d'Argentine. Bénissez-nous tous et sanctifiez-nous pour que nous soyons vos dignes enfants et des apôtres zélés de votre divin Fils Jésus.

Bénissez notre Saint Père le Pape, notre cardinal Protecteur, les Evêques des diocèses où nos Frères se dévouent, le clergé paroissial où nous avons des maisons, nos Aumôniers.

Écoutez nos promesses, ô Marie et rendez-nous-y fidèles.

Nous vous promettons, ô Vierge Sainte, de vous aimer toujours de plus en plus et de vous faire aimer.

— Oui, nous le promettons.

 Nous vous promettons de marcher sur les traces de notre Bienheureux Fondateur en pratiquant les vertus dont il nous a donné l'exemple.

Oui, nous le promettons.

 Nous vous promettons de travailler sans relâche à nous sanctifier dans l'esprit d'humilité, de charité et de zèle propres à notre sainte vocation, pour être votre honneur, ô notre aimable Mère du Ciel.

Oui, nous le promettons.

 Et, qu'à l'imitation de leur Bienheureux Fondateur, tous les Petits Frères de Marie aiment et servent à jamais Jésus et sa Sainte Mère.

Ainsi soit-il

L’œuvre Pontificale

des vocations religieuses

 Nous empruntons ce qui suit à la Revue des Communautés Religieuses (Juillet-Août 1955). Nous aurons l'occasion de revenir sur ce très important sujet.

 Pour aider au développement de la vie religieuse, le Saint-Siège vient de constituer une Œuvre importante. Les résultats en seront d'autant plus féconds qu'elle rencontrera plus de sympathie intelligente et industrieuse.

«C'est par Motu proprio du 11 février 1955 que S.S.Pie XII a établi auprès de la S. Congrégation des Religieux l'Œuvre pontificale des vocations religieuses. Le même jour, la S. Congrégation en a donné les Statuts, accompagnés des Normes d'exécution.

«Le but poursuivi est avant tout de diffuser une connaissance exacte de la nature des Etats de perfection, de leur utilité, de leur excellence, à la lumière des documents pontificaux récents. En second lieu, l'Œuvre suscitera la pratique d'exercices de piété, de pénitence et de charité, destinés à obtenir de Dieu de nombreuses et excellentes vocations aux Etats de perfection. Enfin elle s'emploiera à développer les couvres du même genre déjà existantes en diverses régions ou à en constituer là où il n'en existe pas encore. Etablie en forme d’œuvre «primaire», elle pourra «agréger» tous les Instituts religieux, les Sociétés sans vœux publics, les Instituts séculiers, les monastères et toutes les maisons religieuses, les Conseils de Supérieurs majeurs constitués maintenant en plusieurs pays, les Œuvres spécialement établies en vue de favoriser les vocations religieuses. Elle acceptera aussi comme membres, les collèges ecclésiastiques, les associations catholiques, les fidèles, clercs ou laïques. Les demandes d'agrégation ou d'inscription collective devront être faites par les chefs des divers groupements. Un diplôme leur sera remis, tout comme un témoignage d'inscription aux membres isolés. Une modeste contribution annuelle sera demandée.

« Puisqu'il s'agit avant tout d'obtenir de la grâce divine de très bonnes vocations pour tous les Etats de perfection et les secours nécessaires pour que ces vocations pal viennent à maturité, les pratiques suivantes sont vivement recommandées  : 

 1. L'abstinence et le jeûne aux vigiles de l'Assomption et de Noël, en vue spécialement de l'Œuvre des vocations.

2. La prière ininterrompue organisée régulièrement dans les divers Etats de perfection.

3. La célébration de la Journée des vocations religieuses, avec un exercice de piété à déterminer par la S. Congrégation des Rites et qui sera enrichi d'indulgences.

4. La journée des malades, au cours de laquelle ils uniront leurs souffrances et leurs peines à l'offrande du Très Précieux Sang de N. S.

 « L’œuvre embrassera de multiples activités  : 

a) L'impression et la diffusion d'écrits destinés à faire mieux connaître et estimer la dignité et l'utilité de la vocation religieuse.

b) L'invitation faite aux prêtres de saisir toutes les occasions d'exposer cette doctrine (par exemple dans les prédications de carême, les retraites, les neuvaines, les catéchismes d'adultes).

c) L'exhortation adressée aux fidèles d'étudier les documents du Saint-Siège, les écrits des Pères et des auteurs spirituels sur les états de perfection évangélique et la vie religieuse.

d) Le développement de l'estime de la vie religieuse et l'entretien des désirs intimes de vie parfaite chez les enfants et les adolescents, surtout parmi ceux qui sont confiés aux soins des membres des Etats de perfection.

e) La convocation de congrès spéciaux ou au moins le souci de faire aborder la question de la vocation religieuse dans d'autres Congrès.

f) L'établissement de relations entre les divers organismes agrégés, l'aide à leur apporter, la coordination des efforts. Dans ce but, l'œuvre pontificale devra être renseignée de façon exacte et succincte sur les activités et les résultats des groupements affiliés.

«L'Œuvre pontificale des vocations religieuses est mise sous le patronage de la Sainte Famille de Nazareth qui a fourni à tous les Etats de perfection «le modèle d'une union suave et efficace de la vie contemplative avec la vie active».

Les principales fêtes de l'Œuvre seront  : 

L La fête de la Sainte Famille, dimanche dans l'octave de l'Epiphanie.

2. La fête de tous les Saints Fondateurs.

3. La fête des SS. Apôtres Pierre et Paul, le 29 juin.

4. La fête patronale du Souverain Pontife, Chef suprême de tous les Etats de perfection.

« C'est avec une vive reconnaissance que tous les Instituts religieux verront dans l'Œuvre pontificale des vocations un nouveau témoignage de l'intérêt que le Saint-Siège leur a manifesté de façon si nette au cours des dernières années. Dépassant généreusement leurs préoccupations particulières en matière de vocations, ils songeront avant tout à la plus grande gloire de Dieu dans la réponse que tant d'âmes bien disposées pourraient faire à une grâce insigne qui jamais ne tarira.

 «Déjà dans la relation quinquennale, les Supérieurs ont été invités à faire connaître au Saint-Siège leurs difficultés et leurs initiatives à ce point de vue. Par leur agrégation à l'Œuvre pontificale, les Instituts religieux se retrouveront étroitement unis avec les autres Etats de perfection, non seulement dans leurs légitimes désirs de développement, mais dans une action d'ensemble, à la fois spirituelle, doctrinale et pratique pour un nouveau développement du plein idéal évangélique ».  

Précieuses indulgences accordées

à nos croix de profession

 Secrétairerie d'Etat de Sa Sainteté.

Du Vatican, le 18 juin 1955.

           Très Cher Frère,

 La généreuse offrande remise au Saint Père à l'occasion de la Béatification du Vénérable Marcellin Champagnat, a profondément touché le cœur paternel de Sa Sainteté, qui voit dans cet acte filial et dévoué la louable intention de contribuer à l’œuvre charitable à laquelle s'est voué le Saint Siège.

C'est pourquoi le Vicaire du Christ me charge de vous exprimer les sentiments de sa vive gratitude.

De plus, Sa Sainteté elle-même confirme, pour tous les Religieux profès perpétuels à la date du 29 mai 1955, les privilèges suivants accordés de vive voix « le soir de la cérémonie de ladite Béatification, privilèges attachés au Crucifix qu'ils portent sur la poitrine  : 

1° Indulgence de 1.000 jours chaque fois que, par eux ou par d'autres, il sera baisé dévotement.

2° Indulgence plénière à l'article de la mort.

3° Les indulgences du Chemin de la Croix, en faisant, avec le même Crucifix, ce pieux exercice.

Enfin, le Souverain Pontife, formant des vœux pour le développement croissant de l'Institut sous tous les rapports, envoie à tous, particulièrement au Révérend Frère Léonida, Supérieur Général, la Bénédiction Apostolique, gage des

faveurs divines.

Veuillez agréer, Très Cher Frère, les sentiments de religieux respect avec lesquels je suis Votre tout dévoué en Notre-Seigneur,

 ANGELO DELL'ACQUA, Substitut.

             Très Cher Frère ALESSANDRO,

Procureur Général des Frères Maristes, Rome.  

ÉLECTION

DU FRÈRE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL

 Dans la séance du 28 juin 1955, le Conseil Général a élu Secrétaire Général, en remplacement du Cher Frère Avit, décédé, le Cher Frère REGIS-AIMÉ, cette nouvelle charge n'étant pas incompatible avec celle d'Assistant Général (Constitutions, art. 171). 

ÉLECTION DE FRÈRES PROVINCIAUX

 Dans la séance du 16 mai 1955, le Conseil Général a élu pour une première période triennale, selon les Constitutions, le Cher Frère PABLO DE LA CRUZ, provincial de Cuba-Amérique Centrale, à la place du Cher Frère BRAULIO, arrivé au terme de son mandat.

Dans la séance du 28 juin, le Conseil Général. a élu le Cher Frère PIERRE-FERDINAND, provincial de Lévis, à la place du Cher Frère LORENZO, arrivé au terme de son mandat.

Dans la séance du 26 septembre, le Conseil Général .

1° A élu le Cher Frère FELIZIANUS, provincial d'Allemagne pour une première période triennale, à la place du Cher Frère JOSEPH-LUDWIG, arrivé au terme de son mandat.

2° A élu, pour une première période triennale, le Cher Frère IGNACIO GABRIEL, provincial du Chili, à la place du Cher Frère LUCINIO MARIA, arrivé au terme de son mandat.

3° A élu, pour une première période triennale, le Cher Frère ANDRÉ-ÉTIENNE, provincial du Sud-Ouest, à la place du Cher Frère HENRI-NOËL, arrivé au terme de son mandat.

4° A réélu, provincial d'Argentine, pour une troisième période triennale, le Cher Frère FELIX-VALENTIN ; provincial de Beaucamps pour une seconde période, le Cher Frère JEAN-LÉON ; provincial de Belgique, pour une seconde période, le Cher Frère CHARLES-VICTOR ; provincial de N.-D. de l'Hermitage, pour un temps, le Cher Frère JOANNES-LOUIS.

Dans la séance du 14 octobre, le Conseil Général a réélu le Cher Frère EMILE-ANTOINE, provincial du Sud-Est pour un troisième triennat.

———————————————— 

LISTE DES FRÈRES

dont nous avons appris le Décès depuis

la Circulaire du 7 Mai 1955 

            

Nom et âge des Défunts                            Lieux des Décès                Dates des Décès

 

F. Liévin                    82     Stable           Porto Alegre (Brésil)                   16 maiI955

F. Joseph-Hilaire     68     »                    Varennes-sur-Allier (France)     26 »      »

F. André-Célestin     68,    »                    N-D. de l'Hermitage (France)    26 »      »

F. Marie-Héronide   82     Profès perp.N.-D. de I'Hermitage (France)   31 »      »

F. Tiburcio                 74     Stable           Camaguey (Cuba)                      2 juin   »

F. Marie-Antoni        81     Profès perp.Beaucamps (France)                 4 »       »

F. Léon-François     70     »                    Carmagnola (Italie)                     4 »       »

F. Mamertus             68     »                    Lille (France)                               6 »       »

F. Joseph-Francia   77     Stable           Péruwelz (Belgique)                   15 »      »

F. Stanislaus             74     »                    Dumfries (Ecosse)                      20 »      »

F. Gabriel-Léon        75     Profès perp.Getulio Vargas (Brésil)               21 »      »

F. Félicité                  51     »                    Château Richer (Canada)          28 »      »

F. Bérard                   87     Stable           St-Paul-Trois-Châteaux (France)  11 juil.  »

F. Lucio Antonio       60     »                    San Bernardo (Chili)                   18 »      »

F. Marie-Aloysius     81     »                    Beaucamps (France)                 19 »      »         

F. Leandro Pedro    47     Profès perp.   Burgos (Espagne)                      20 »      »

F. Edmundo José    63     »                    Barcelona (Espagne)                 25 »      »

F. Astlon                    76     Stable           Habana (Cuba)                           28 »      »

F. Firme                    74     »                    SI-Paul-Trois-Châteaux (Franc() 29 »    »

F. Clemente              75     »                    Lucena (Espagne)                      1 août   »

F. Jules-Alfred          77     »                    Saint-Genis-Laval (France)       18 »      »

F. Manuel Santiago   55    »                      Venta de Baños (Espagne)    25 »       »

F. Joseph-Marcel     75     »                    Rio de Janeiro (Brésil)               28 »      »

F. Antibe                   83     »                    St-Paul-Trois-Châteaux (France) 17 sept. »

F. Luis Vicence        55     »                    Curitiba (Brésil)                           18 »      »

F. Benito                   73     »                    Anzuola (Espagne)                     13 oct. »

F. Hermellus             79     Profès perp.   Mont-S'-Guibert (Belgique)        4 oct.   1955

F. Émery                   87     Stable           Rome (Dalle)                               20 »      »         

F. Jordanus               88     »                    Iberville (Canada)                        2 »       »

F. Pierre-Damien     90     »                    Tlalpan (Mexique)                       4 »       »

F. Zéphyrinus            74     »                    Ipauarana (Brésil)                       5 »       »

F. Marie-Ostent        84     Profès perp.   Cassel (France)                          6 »       »

F. Marie Otto            75     Stable           Kinbarvie (Écosse)                     1 nov. »

F. Guido Léoncio     37     »                    Miraflores (Pérou)                       11 »      »

F. Fermin Alfonso    22     Profès. perp. Anzuola (Espagne)                    14 »      »

 

La présente circulaire sera lue en communauté à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

Recevez, mes bien chers Frères, la nouvelle assurance du religieux attachement avec lequel je suis, en J. M. J.,

           Votre très humble et tout dévoué serviteur,

Frère LÉONIDA, Supérieur Général.

————————————————

 

RETOUR

Circulaires 340...

SUIVANT

Circulaires 342...