Circulaires 342

LĂ©onida

1956-05-24

Importance de la retraite, 565. - Intention proposée : Développer en nous la vertu de force à l'école du Bienheureux Fondateur, 570. - Revenons à l'esprit du Bienheureux Fondateur « dans les rapports avec les personnes du sexe », 585. - Office du Bienheureux Fondateur, 594. - Chapelle et châsse du Bienheureux Fondateur, 594. - Faveurs attribuées au Bienheureux Marcellin Champagnat, 597. - Cause du vénéré Frère Alfano, 603. - Renseignements à obtenir lors d'une guérison attribuée à un Serviteur de Dieu, 610. - Second noviciat de Campinas, 614. - Télégramme de félicitations au Saint-Père, 615. - Élection de Frères Provinciaux, 616. - Liste des défunts, 617.

342

V J M J

 Saint-Genis-Laval, le 24 mai 1956.

 Fête de Notre-Dame Auxiliatrice.

               MES BIEN CHERS FRÈRES,

 Comme chaque année, à pareille époque, je me fais un devoir de vous engager à donner la plus grande importance aux Exercices de la retraite.

Nous pourrons accumuler en leur faveur les témoignages des saints, les appels réitérés faits par nos Supérieurs depuis les premiers jours de l'Institut ainsi que les enseignements de nombreux Papes. Qu'il nous suffise de rappeler brièvement deux documents de grande valeur dus aux deux derniers Souverains Pontifes.

Pie XI, dans l'encyclique Mens Nostra, du 20 décembre 1929, que vous trouverez in extenso dans la collection des Circulaires (vol. XVI, page 424, 287), nous présente comme modèle Notre-Seigneur lui-même se préparant, à Nazareth et au désert, à sauver le monde par la retraite, ainsi que les Apôtres se disposant à la venue de l'Esprit-Saint et à la conversion du monde par dix jours de silence.

Deux exhortations, qu'il emprunte à des Docteurs de l'Église, méritent plus spécialement d'être rappelées. L'une est de saint Jérôme écrivant en ces termes à une noble dame romaine : «Choisis-toi un lieu propice que n'atteignent pas les bruits de la famille ; tu t'y réfugieras comme dans un port. Tu n'y penseras qu'aux saines lectures, tu y répéteras tant tes prières et tu y réfléchiras si profondément sur la vie future que cette évocation compensera toutes les occupations qui absorbent le reste de ton temps. » Nous trouvons dans ces lignes, mes bien chers Frères, tout ce qui constitue essentiellement les Exercices, à savoir le climat nécessaire : laisser les occupations ordinaires ; le fondement : les vérités éternelles ; le fruit : un meilleur accomplissement du devoir.

La seconde exhortation est de saint Pierre Chrysologue : « Nous avons donné une année au corps, dit-il, accordons à l'âme quelques jours… Vivons un peu pour Dieu, nous qui donnons toute notre vie au monde… Que la voix divine retentisse à nos oreilles ; que les bruits familiers ne troublent pas notre ouïe… Ainsi armés, mes Frères, ainsi formés, déclarons la guerre au péché… certains de la victoire. »

Le Pape fait remarquer également comment dans tous les siècles et surtout en des temps troublés, où ils ont vu tomber leurs vaines espérances, les hommes se sont volontiers réfugiés dans les saintes retraites pour y trouver la vraie paix du cœur. Après avoir parlé des Exercices Spirituels faits par le personnel du Vatican et avoir loué les évêques qui les font avec leur clergé, il nous dit à tous, religieux, que : «c'est là que nous puiserons, selon nos besoins particuliers, le désir d'une plus haute perfection et que nous obtiendrons toutes les grâces nécessaires pour parcourir allègrement la voie des Conseils évangéliques. La retraite annuelle est, en effet, le mystique arbre de vie dont le fruit, pour les individus et les communautés, sera cette renommée de. sainteté dont doit jouir toute famille religieuse ».

Pie XI se plaît à rappeler les grâces célestes et les ineffables consolations que lui-même a souvent goûtées durant les Exercices Spirituels. Ces saintes retraites ont marqué comme autant de degrés sa carrière sacerdotale, lui apportant lumière et force pour connaître et accomplir le bon vouloir divin. Il montre également le bien produit par cette pratique dans les âmes qui l'ont adoptée.

Pensons de même, mes bien chers Frères, avec des sentiments de profonde gratitude ; aux fruits que nous ont apportés, par le passé, nos retraites bien faites : un plus grand amour pour notre saint état, la force dans les tentations violentes, un accroissement de ferveur, etc., en un mot, une abondance de grâces qui doit nous encourager à nous livrer toujours avec le plus grand soin aux Saints Exercices.

Le second document dont j'ai parlé et qui est dû à Sa Sainteté Pie XII, glorieusement régnant, est une lettre, adressée le 31 juillet dernier, au Très Révérend Père Général de la Compagnie de Jésus. Le motif en a été l'ouverture de l'Année Ignatienne qui doit marquer le quatrième Centenaire de la mort, le 31 juillet 1556, de saint Ignace de Loyola. Je me plais à reproduire le passage qui a trait aux Saints Exercices :

«Nous savons que toutes vos Provinces dans le monde entier, se sont proposé spontanément de célébrer cette année jubilaire avant tout par l'étude et la pratique plus fidèle et par le développement plus intense des Exercices Spirituels de leur Père et Législateur. Saint Ignace, en effet, n'a laissé en héritage à ses fils rien de plus précieux, de plus utile, de plus durable, que ce livre d'or auquel, depuis Paul III, les Souverains Pontifes et de très nombreux saints dans l'Église n'ont cessé de décerner les plus grands éloges. Si le P. La Palma put écrire en vérité que le livre des Exercices Spirituels était le premier-né de saint Ignace, on peut dire avec autant de raison que le saint auteur lui-même fut le premier-né de ces Exercices. Ce sont eux en effet, qui ont fortifié son âme d'une vie nouvelle, guidé ses premiers pas dans la voie de la perfection, accru ses forces et l'ont amené à prendre le parti du Divin Roi accablé de peines, déchiré d'outrages et torturé jusqu'à la mort pour le service de son Père éternel, à le suivre jusqu'au comble de l'amour, à désirer, dans l'ardeur de la divine charité qui le dévorait, non seulement venir lui-même aux pieds du Christ Sauveur, mais y conduire le monde entier. Pour avoir expérimenté leur force, Ignace déclara un jour : ils contiennent tout ce que je peux penser, sentir et comprendre de meilleur en cette vie, aussi bien pour l'utilité personnelle de chacun que pour faire du bien, servir et être utile à beaucoup d'autres.

«Aussi personne ne s'étonnera que votre saint Fondateur ait voulu voir éprouver à fond par ces Exercices tous ceux qui désiraient combattre pour Dieu sous l'étendard de la croix et servir uniquement Dieu et l'Église son Épouse sous l'autorité du Pontife Romain, Vicaire du Christ en terre. Il voulait, en effet, que ses fils puisent à la même source que lui l'esprit qui fut à l'origine de sa Compagnie : cette merveilleuse et sainte ardeur suscitée par la grâce de Dieu durant les Exercices qui les rende non seulement pleins de désirs, mais encore généreux et prompts à procurer la gloire de Diu et à entreprendre énergiquement les travaux qu'elle requiert. »

Si je me suis permis de donner cette longue citation, c'est parce que je suis persuadé que les paroles du Pape peuvent être profitables à nous tous, et non pas seulement aux fils de saint Ignace qui, d'ailleurs, sont heureux de faire profiter tous ceux qui le désirent du précieux héritage que leur a légué leur Père et Fondateur. Les saints qui ont trouvé leur voie dans les Exercices sont innombrables ; mettons-nous à leur suite, profitant des prochaines retraites pour mieux nous unir à Dieu, pour rendre ainsi plus féconde notre vie religieuse et apostolique.

La plante a besoin de soleil pour former les tissus, élaborer la sève, le parfum, le coloris ; jusqu'à un certain point, elle n'est que de la lumière transformée. De même notre âme deviendra de la divinité transformée, c'est-à-dire deviendra plus sainte, dans la mesure où elle recevra la lumière du soleil divin. Nul moyen n'est plus apte à produire cet heureux changement que la retraite bien faite : elle nous purifiera du contact du monde et de ses jugements, nous donnera une connaissance plus exacte de nos devoirs et nous fera vivre dorénavant d'une façon plus conforme aux enseignements de Notre-Seigneur.

Demandons, les uns pour les autres, cette grâce insigne d'une bonne, d'une excellente retraite. Ayons recours, pour cela, à la puissante intercession de saint Ignace de Loyola, patron de toutes les retraites, et à celle de notre Bienheureux Fondateur auquel nous avons promis de mieux reproduire son esprit et ses vertus. 

Intention proposée pour les retraites :

 Développer en nous la vertu de force

à l'école du Bienheureux Fondateur.

 En embrassant la vie religieuse nous nous sommes engagés à tendre à la perfection ; nous en avons étudié les principes ainsi que la voie à suivre et les moyens d'y parvenir. Mais la connaissance et même le désir du bien ne suffisent pas à le réaliser, car il s'agit d'une ascension qui exige un effort continu, d'une conquête où nulle mollesse n'est de mise. C'est pourquoi nous sommes souvent contraints de redire avec saint Paul : « Je ne fais pas le bien que je voudrais et je fais le mal que je ne voudrais pas. »

C'est que nos ennemis ne désarment pas : la chair n'est jamais parfaitement matée, le monde s'ingénie à nous présenter sans cesse de nouveaux appâts, le démon rôde infatigable autour de nous, prêt à nous dévorer. Pour affronter et vaincre ces ennemis il faut une grande énergie et une courageuse décision ; or trop souvent nous sommes desservis par le tempérament, la santé, l'éducation reçue, le manque d'esprit de sacrifice et bien d'autres causes encore. De là le besoin d'acquérir la vertu de farce, c'est-à-dire, une grande volonté du bien dont la triple caractéristique est. d'après saint Thomas d'Aquin, l'énergie pour entreprendre, l'ardeur pour continuer et la persévérance pour savoir finir.

Cette vertu dûment cultivée nous affermira dans la poursuite du bien et nous rendra inébranlables au milieu des dangers les plus redoutables et même devant la mort. C'est, en effet, le propre des âmes fortes d'élever instinctivement leur courage à la hauteur de l'obstacle quand, dans les mêmes circonstances, les âmes faibles s'affaissent et parfois descendent jusqu'à la lâcheté.

Pour mieux nous instruire de l'importance de l'intention proposée et de l'excellence du modèle à suivre, le Bienheureux Père Champagnat, nous cèderons la parole au regretté Frère Avit, car il est du nombre de ceux qui parlent même après leur mort par les enseignements et les exemples qu'ils nous ont légués.

La vertu de force était remarquable en lui ; ni pour lui-même ni pour les autres il ne voulait d'une vie de facilité ; son tempérament ardent ne pouvait se donner à Dieu à demi. C'est ce qui nous a portés à utiliser une conférence trouvée parmi les rares papiers qu'il nous a laissés. Il l'a donnée plusieurs fois aux grands Novices, ces dernières années. Aussi bien ses anciens disciples que tous ceux qui l'ont entendu à divers titres, seront heureux de retrouver dans ces lignes un souvenir du maître vénéré, du religieux à fortes convictions auquel nous souhaitons de nombreux imitateurs.

Après un court préambule le cher défunt divise son esquisse en trois parties. Nous omettrons la première qui est un rappel des données psychologiques et théologiques sur la vertu de force et nous citerons à peu près in extenso les deux autres, qui ont trait : 1° aux manifestations de la force d'âme chez le Bienheureux Fondateur ; 2° aux conclusions pratiques à en dégager pour nous. 

I – Manifestations de la force d'âme

du Bienheureux Marcellin Champagnat

 Les deux Procès, sur la réputation de sainteté et sur les vertus, nous livreront les manifestations authentiques de la force d'âme de Marcellin Champagnat.

Pour bien la mettre en relief, les témoignages de treize témoins y sont formulés en cinquante-trois attestations. Le rédacteur du Procès, s'appuyant sur l'enseignement des Docteurs rappelle d'abord les deux actes essentiels de la vertu de force : 1° Entreprendre des œuvres difficiles et 2° endurer des épreuves en réglant sagement l'audace et en réprimant la crainte. 

Force d'âme du Bienheureux Père dans l'entreprise d’œuvres difficiles.

Pour prouver l'énergie manifestée dans les entreprises difficiles pour la gloire de Dieu et le salut du prochain, le Procès passe en revue les diverses formes d'activité :

D'abord celle déployée au cours des études : se croyant appelé par Dieu à l'état ecclésiastique. Marcellin commence les études cléricales et les poursuit en dépit des oppositions de sa famille et des premiers insuccès.

Durant la longue période de formation, il s’impose un programme de vie spirituelle et d'ascèse qu'il observe avec une ténacité et une énergie extraordinaires.

Force magnanime déployée dans le ministère paroissial : De multiples témoignages attestent les efforts variés, les travaux épuisants, les initiatives courageuses, les fatigues de l'abbé Champagnat, vicaire à La Valla. Avec une sainte audace, il déclare la guerre aux abus et aux vices qu'il parvient, par son zèle industrieux, à extirper en peu, d'années de la paroisse.

Sans crainte, il expose sa vie dans des courses périlleuses pour assister les malades des hameaux écartés.

Avec un désintéressement complet, une générosité admirable, sans fortune personnelle, il trouve les moyens de secourir les indigents et les orphelins.

Il déploie une surprenante activité pour l'instruction des ignorants et pour la direction des âmes.

Sa grandeur d'âme, son élévation de pensées et de sentiments se manifestent avec un plus vif éclat encore dans l'organisation et la conservation de l'Institut des Petits Frères de Marie. « L'histoire de la fondation depuis le commencement jusqu'à la mort du Fondateur est une série de difficultés et d'entraves » lit-on dans le Sommaire de la Cause (p.411).

Il entreprend, sans aucune ressource, une immense construction à Notre-Dame de l'Hermitage, ce qui fait taxer inconsidérément sa conduite de témérité, de présomption, d'arrogance, d'orgueil et d'entêtement opiniâtre.

Il multiplie les visites, les voyages pénibles, les démarches auprès des autorités régionales et, à la capitale, au Ministère de l'Instruction publique, pour obtenir l'autorisation gouvernementale de la Congrégation.

Il déploie une ardeur admirée de ses confrères dans l'organisation et le maintien de la Société de Marie dans le diocèse de Lyon

Force d'âme du Bienheureux Père manifestée par son endurance héroïque :

Si l'énergie de caractère du Bienheureux Père Champagnat se manifeste avec magnificence dans le premier acte de la force qui est d'entreprendre des choses ardues et d'agir avec entrain et ardeur, elle apparaît plus éclatante encore dans l'acte d'endurance qui, de l'aveu des moralistes et des théologiens, est principal.

Il a surmonté par une invincible patience les obstacles rencontrés sur sa route, ainsi :

Il n'a pas perdu courage dans les études commencées tardivement. Il n'a pas été déconcerté par les moqueries de compagnons mal élevés, mais s'est imposé à eux par sa sérénité d'âme et ses procédés affables et simples.

Il a supporté patiemment, à La Valla, les contradictions, les critiques, les interventions choquantes et maladroites de son curé.

Il a enduré avec calme et égalité d'âme, sans se plaindre, les oppositions, les contradictions, les rapports défavorables, de la part d'un Vicaire Général du diocèse, du curé de La Valla, du curé-archiprêtre, de Saint-Chamond, de ses confrères dans le sacerdoce, de gens mal intentionnés ou mal informés.

Il accueillit avec sérénité d'âme les intrigues de l'abbé Courveille, les dénonciations malveillantes faites à l'Archevêché, les abandons de son confesseur et de son collaborateur l'abbé Terraillon..

Il éprouva des contradictions plus douloureuses et plus intimes de la part de Frères qu'il avait formés et dont plusieurs le quittèrent.

Il fit face, sans se laisser déconcerter, aux mesures menaçant la vie de son oeuvre : révolution politique de 1830, lois scolaires vexatoires de 1833, proposition de l'autorité diocésaine de fusionner avec les Clercs de Saint-Viateur, insuccès des démarches pour l'autorisation légale.

L'endurance dans les adversités se manifesta par la résignation admirable et l'égalité d'âme avec lesquelles il accepta et supporta les souffrances de la maladie depuis 1825 jusqu'à la mort. Ce qui permit à un témoin d'affirmer : « Il fut toujours égal à lui-même en tout événement » (Sommaire, p. 406). 

Le Bienheureux Père à la fois modèle et maître de force d'âme

Les témoins aux deux Procès attestent que le Serviteur de Dieu se signalant par sa force d'âme et sa ferme constance, soit dans l'accomplissement d'actes ardus difficiles, soit dans l'exercice de toutes les vertus, il n'est pas étonnant qu'il soit devenu un modèle admirable et un maître d'énergie pour ses disciples…

Par ses paroles, il apprenait aux Frères à être courageux sur le chemin de la perfection chrétienne et religieuse et à ne pas se laisser accabler par les circonstances et les événements contraires. C'est ainsi que dès 1825, après sa maladie, il adresse une vive exhortation aux Frères de l'Hermitage qui s'étaient découragés…

C'est dans ses lettres qu'il remontait les religieux dont le moral était ébranlé par les difficultés qu'ils rencontraient dans les écoles. Toute sa vie il a combattu dans ses Frères, avec une persévérante énergie, 'toutes les formes de pusillanimité et de paresse. Sur son lit de mort il se reprochait encore de n'avoir pas assez lutté contre ce manque de force… 

Comment le Bienheureux Père Champagnat est-il parvenu à cette maîtrise héroïque de lui-même, à cette sérénité imperturbable et dans les plus troublantes circonstances ?

C'est à cette question qu'il s'agit maintenant de donner une réponse. Tout le monde sait que les psychologues et les éducateurs s'accordent à considérer la force de volonté comme l'élément dominant d'un caractère idéal. Incontestablement, le jeune Marcellin Champagnat a prouvé de bonne heure qu'il était doué, par la Divine Providence, d'une volonté ferme et tenace. Elle s'est affirmée en des attitudes décidées durant sa jeunesse ; mais au cours de sa formation sacerdotale et dans toute la suite de sa vie, il sut employer les moyens naturels et surnaturels propres à développer au maximum cette énergie native.

Des principes et des convictions inébranlables, dictés par la raison et la foi, s'installèrent dans son esprit.

Une discipline ascétique rigoureuse régla ses efforts.

Mais il compta surtout sur la grâce de Dieu.

En des vues de foi puissamment illuminatrices, il vit clairement la volonté de Dieu lui indiquant l'idéal de sa vie. Les longues études du séminaire, d'abord, puis les méditations assidues de la vie de Notre-Seigneur, de Notre-Dame et de saint Joseph ; la supplication quotidienne de l'oraison appelant en lui «la vie de Jésus avec la plénitude de sa force » ; les pèlerinages à Notre-Dame de Fourvière, à l'humble sanctuaire de Notre-Dame des Sept-Douleurs à La Valla, au tombeau de saint Jean-François Régis à La Louvesc, pour implorer lumière et force  incrustent, pour ainsi dire, dans l'âme de Marcellin Champagnat une inconfusible confiance en Dieu.

D'autre part, il entreprit une lutte systématique contre l'orgueil sous toutes ses formes et, pour mieux y réussir, il s'imposa une tactique mortifiante de tous les sens. Cette ascèse, cette gymnastique morale d'une singulière efficacité trempa sa volonté et son caractère.

Une humilité profonde, conquise de haute lutte, neutralisa à elle seule les vices opposés à la magnanimité : la présomption, l'ambition, la vaine gloire avec la nuée de défauts qui en dérivent et jeta dans l'âme de Marcellin Champagnat un profond sentiment de défiance de soi.

Et voilà le secret des ascensions spirituelles merveilleuses de notre Père en Dieu. Toute la sainteté, toute la grandeur d'âme se ramène à ces deux mots, si connus des auteurs ascétiques et mystiques : se défier, se confier! Plus le Bienheureux Champagnat s'est vu sans ressources naturelles, plus il a compté sur le secours de la grâce divine… Il n'avait qu'un souci, celui de connaître la volonté de Dieu sur lui et sur ses desseins. Les témoins aux Procès attestent que cette volonté divine étant connue, aucune difficulté ne pouvait le détourner d'une oeuvre entreprise. Il en poursuivait l'accomplissement avec une imperturbable sérénité et une constance inébranlable. De là, des propos comme ceux-ci :

« Toute la terre serait contre moi que je ne reculerais pas. Il me suffit de savoir que Dieu veuille la chose, que mes Supérieurs l'approuvent. Après cela, les contradictions et les difficultés m'importent peu ; je n'y fais aucune attention. » Dans une circonstance, il s'exclamait : « Que pourrais-je craindre, je mets ma confiance dans Celui qui s'appelle le Dieu fort ! » Menacé de devenir le jouet et la risée du public en cas d'échec, il répond : « Je crains plutôt d'être infidèle à Dieu que d'être méprisé des hommes. » (Vie, p. 339.)

Animé par sa confiance surnaturelle en la Toute-Puissance et en la Providence divines il se plaisait à exciter, à soutenir, à relever le courage par des paroles telles que celles-ci : « Les cheveux de votre tête sont tous comptés : il n'en tombera pas un seul sans la permission de votre Père Céleste », et il ajoutait aussitôt : « Quand toute la terre serait contre nous, nous ne devrions rien craindre si la Mère de Dieu est pour nous. »

Le Procès Apostolique remarque que l'héroïcité de la force du Serviteur de Dieu apparaît plus manifeste par sa persévérance dans les chemins ardus. C'est à la seule persévérance qu'est accordée la couronne : « Sois fidèle jusqu'à la mort et je te donnerai la couronne de la vie. » (Apoc., XI, 10.) Or, Marcellin Champagnat ne tomba jamais sur les âpres sentiers de la vie, jamais il ne s'arrêta ou se reposa et jusqu'au dernier moment il combattit contre l'adversité : « Sur son lit de mort il poussa ce cri d'une grande âme : « Mon Dieu, ayez pitié de moi ; je vous offre ce que je souffre ; donnez-moi votre grâce puis envoyez-moi toutes les souffrances que vous voudrez. »

Et l'Information s'achève sur cette citation d'un témoin particulièrement documenté : « Ma conviction est que la vie du Bienheureux Père Champagnat a été une suite ininterrompue de difficultés ; il les a héroïquement et patiemment surmontées. Toujours persécuté, il ne s'est jamais plaint et n'a pas cherché à se justifier à moins que ce ne fût absolument nécessaire pour le maintien de son oeuvre. »

C'est pourquoi, conclut le rédacteur, à juste titre, nous pouvons lui appliquer ces paroles de la Sainte Écriture : «Le sentier des justes est comme la brillante lumière du matin dont l'éclat va croissant jusqu'à ce que paraisse le jour. » (Prov., IV, 18.) Dans le chapitre XXIV qui achève la deuxième partie de la Vie du Bienheureux Père, l'auteur affirme que le Père Champagnat s'est montré constant en tout et partout, dans les petites choses comme dans les grandes… Mais la ténacité du Serviteur de Dieu ne dégénéra jamais en témérité ni en entêtement. Sa prudence surnaturelle et sa magnanimité modéraient l'audace entreprenante pour ne pas se briser inutilement devant l'obstacle.

Le Bienheureux Champagnat sut admirablement employer les moyens qu'il conseillait à ses Frères pour surmonter les difficultés. Il les jugeait souverainement efficaces : la longanimité qui temporise et la résistance passive par la patience silencieuse.

Dans l'instruction-programme que le Bienheureux donne à ses disciples sur la constance, pierre de touche de la vertu d'un homme, vertu renfermant toutes les autres qui ne serviraient de rien sans elle, ta vie du chrétien et du religieux est décrite comme un combat continuel. Il s'agit, dit-il, d'une lutte violente contre tout ce qui nous entoure :

Contre nous-mêmes, nos passions, nos sens pour les assujettir.

Contre le démon rugissant et rôdeur.

Contre le monde, ses vanités, ses maximes, ses scandales.

Contre les mauvais exemples des confrères relâchés.

Contre les parents et amis qui voudraient nous détourner de Dieu.

Contre ceux qui se font nos ennemis.

Contre les créatures environnantes, sources possibles d'attaches.

Contre Dieu même, lui faisant violence par de ferventes prières,

supportant avec patience les épreuves de la Providence. 

Notre Père a écrit l'abrégé de sa vie dans cette page. II nous livre le secret de son incomparable maîtrise de soi. Mais, notons-le bien, une telle maîtrise n'était pas l'effet de la seule vertu de force. La théologie nous enseigne que pour les actes suprêmes de force tels que le martyre, pour la patience perpétuelle qui supporte sereinement toutes les souffrances et épreuves, pour la patience héroïque qui jamais ne murmure une plainte et reçoit tout avec reconnaissance de la main de Dieu, pour la persévérance dans les tentations violentes qui préservera du péché et conservera dans l'état de grâce, pour cette inlassable confiance qui ne se décourage jamais, il faut une intervention extraordinaire du Saint-Esprit par le don de Force. Et notre Bienheureux Père, par son ardente dévotion à Notre-Dame, en a obtenu une infusion en plénitude. 

II. – Conclusions pratiques à dégager pour nous

 Dans les desseins éternels de la Très Sainte Trinité, le Bienheureux Marcellin Champagnat est le prototype de sainteté proposé à l'imitation des Petits Frères de Marie. Comment reproduire la force d'âme déployée dans le double travail de sa sanctification personnelle et du ministère auprès des âmes ?

Dieu lui assigna un idéal splendide. Nous puiserons le nôtre aux mêmes sources que lui. Comme notre Père, nous étudierons, contemplerons, aimerons passionnément Notre-Seigneur Jésus-Christ, l'exemplaire parfait de toute vertu. L'Évangile, nous l'avons dit, est le code de la force ; à chaque page, pour ainsi dire, affleure la doctrine et la pratique du renoncement et du sacrifice.

Comme notre Père, nous étudierons, contemplerons, aimerons la vie de Notre-Dame, la plus parfaite copie du modèle divin… Elle est intimement associée aux mystères de Notre-Seigneur Jésus-Christ.

Comme notre Père, nous trouverons dans saint Joseph (Joseph très courageux, miroir de patience), le modèle de courage calme, réfléchi, modeste, mais magnanime quand les circonstances le demandent, patient, persévérant et s'appuyant en Dieu. (Sorret, Vertu de force, p. 384.)

Comme notre Père, nous puiserons l'esprit de force dans la vie des Apôtres et des Saints qui ont pratiqué le courage, soit pour l'action, soit pour l'endurance jusqu'à l'héroïsme.

Cet idéal de perfection proportionné à nos possibilités nous le verrons dans nos Règles et nos Constitutions considérées sous la lumière d'une foi vivante. Il s'agit de le réaliser courageusement en des ascensions toujours plus hautes :

En surmontant les obstacles intérieurs : tentations, lassitude, aridités, faiblesses et fautes.

Sans nous laisser déconcerter et abattre par les obstacles extérieurs : infirmités, épreuves, contrariétés multiples venant providentiellement des événements ou des hommes.

 2° Notre Bienheureux Père tendit méthodiquement et sans répit vers l'idéal conçu dans la lumière de la foi. Comme lui, nous cultiverons en nous la force d'âme en organisant systématiquement le plan de combat moral qui s'appelle, en langage ascétique, examen particulier. Pour être efficace, le combat doit être mené avec vigueur. Il implique un régime de vie exigeant, des actes de volonté, c'est-à-dire des renoncements, des sacrifices. Cet exercice en de mille petits détails quotidiens est des plus propres à une culture rationnelle, énergique de la volonté, au développement de la force de caractère.

 3° Au point de vue apostolique, Notre Bienheureux Père fut stimulé dans ses entreprises magnanimes pour la gloire de Dieu et le salut des âmes, par la connaissance des misères morales de son époque et il se sacrifia pour tâcher d'y apporter d'efficaces remèdes. Et nous, maintenant, nous sommes les témoins attristés du désarroi des consciences, de l'abaissement des caractères, du manque de générosité et de volonté, suite lamentable de la perte du sens du péché, du sens du sacré et de Dieu. Nous devons dans notre apostolat réagir contre le désordre moral. « L'une de nos préoccupations, écrivait, il y a quelques années le Père Sorret, supérieur général des Marianistes, doit être de semer et de cultiver des habitudes de fermeté et de courage dans l'âme de nos élèves et de tous ceux auprès desquels nous sommes appelés à exercer une action apostolique, par exemple dans les maisons de formation ou dans le gouvernement de nos communautés. » (La vertu de force, p. 415.)

Dans l'atmosphère de sensualisme qui menace l'âme des enfants et jeunes gens, la formation plus virile de la volonté et du caractère semble s'imposer plus que jamais dans nos juvénats, noviciats et scolasticats. Sans la vertu de force, les habitudes de foi, de piété et la vocation religieuse elle-même ne résistent pas à la poussée des passions et la bonté qui n'est pas soutenue par la fermeté devient faiblesse et débonnaireté.

 4° Autre conclusion importante à tirer pour des éducateurs et formateurs d'éducateurs : Par l'emploi des moyens naturels et surnaturels ils doivent tendre à réaliser la maîtrise de soi.

Ce n'est que par une longue et méthodique ascèse que s'acquièrent la bonté et la fermeté, l'égalité d'humeur, la sérénité qu'un auteur laïque estime la plus haute vertu de l'éducateur. (René Hubert, Pédagogie Générale, p. 644.)

Le Frère Léon-Stanislas, dans une belle page de son traité, « Pour tremper les caractères », met en relief cette heureuse qualité, et il ajoute : « Un homme qui réprime les saillies de son humeur, qui inhibe tout mouvement désordonné, qui ne profère que des paroles de bon sens, qui n'ordonne que ce que la raison approuve… Cet homme vaut son pesant d'or, c'est un homme, une énergie dans toute l'acception du mot… Malheureusement, ces hommes sont rares, si tant est qu'il en existe. La perfection n'est pas de ce monde (p. 261). »

En effet, la conquête de soi est une oeuvre qui dure toute la vie. Il n'y a pas de. palier où l'on s'arrête dans la montée vers les cimes de la vertu. Parlant des vertus théologales et morales qui confèrent un équilibre permettant à la grâce de s'épanouir sans entraves, le chanoine Jacques Leclerc écrit : « Jamais on n'arrive en cette vie à un ordre stable ; les vertus à peine acquises tendent à s'effacer ; l'effort lasse et aussitôt qu'on abandonne la garde vigilante, les défauts percent à nouveau. En toutes choses, c'est la fin qui compte : la persévérance seule assure la fin. » (Essai de morale catholique. La vie en ordre, p. 440.)

Puisqu'il n'y a pas d'équilibre moral stable, que jusqu'au dernier jour, à la dernière heure, à la dernière minute nous pouvons tourner mal ou bien, que notre vertu se fixe au moment où nous fermons les yeux pour toujours, nous devons jusqu'à la fin recommencer le travail de la vie. Ce travail, c'est de nous grandir, oeuvre pour laquelle Dieu nous a mis sur la terre.

————————————————

 Revenons à l'esprit du Bienheureux Fondateur

 dans les rapports avec les personnes du sexe

 De toutes les Provinces nous parviennent les échos des brillantes cérémonies auxquelles donnent lieu les Triduums célébrés en l'honneur de notre Bienheureux Père. C'est un débordement fort consolant d'amour filial. Mais ce qui nous réjouit encore le plus, c'est de savoir que ces solennités s'accompagnent d'une vie religieuse plus fervente et plus mariste. Combien nous souhaitons que ce mouvement de renouveau spirituel, loin de s'arrêter ou de décroître après l'année Bienheureux Champagnat, ne cesse de s'intensifier.

Si les grands biens que nous pouvons attendre d'un effort d'ensemble dans ce sens, m'engagent à faire appel de nouveau à la bonne volonté de vous tous, je me permets d'insister plus particulièrement auprès des Frères qui détiennent une parcelle quelconque d'autorité dans l'Institut. Je les prie instamment, qu'aussi bien par leurs actes que par leurs discours, ils encouragent et entraînent leurs subordonnés à une plus grande fidélité aux Constitutions et aux Règles. Qu'ils les mettent en garde contre les graves dangers que le relâchement fait courir à la vertu et à la vocation. Qu'ils saisissent toutes les occasions propices pour leur rappeler que le grand devoir de chacun est de ne rien refuser au bon Dieu et que la prospérité de la Congrégation est, avant tout, dans la sainteté de ses membres, sainteté dont l'observance régulière est un élément essentiel.

Après avoir attiré, dans la dernière Circulaire, votre attention sur certains points relatifs à la pauvreté, je veux vous rappeler maintenant, avec notre Bienheureux Fondateur, l'extrême prudence que nous devons apporter dans les rapports, même obligés, avec les personnes du sexe. Il en a été déjà parlé dans la Circulaire du 8 décembre 1953 qui nous présente Marie comme « Modèle et protectrice de la belle vertu » et dans celle du 8 décembre 1954, au sujet des « Visites actives et passives ». Si j'y reviens c'est parce que je constate avec peine, par des demandes de dispense de vœux, que les imprudences sur ce point n'ont pas complètement cessé. Ce sont, le plus souvent, les religieux eux-mêmes qui se mettent volontairement dans l'occasion prochaine de succomber, mais ce sont également, parfois, des Supérieurs qui accordent des permissions ou assignent des emplois où la vertu des Frères est fort exposée. Il peut arriver de même qu'ils mettent trop de lenteur à prendre les mesures qu'exige la situation délicate dans laquelle se trouve un religieux.

Je me suis confirmé dans l'idée de faire ce rappel, en relisant une lettre qui, sans être récente, est toujours d'actualité. Elle provient d'un religieux qui nous a prêché bien des retraites et qui a une grande estime pour notre Congrégation. Il dit, entre autres choses : « Me serait-il permis de vous signaler un point qui entre bien dans la mentalité de votre saint Fondateur ? C'est celui de l'emploi de femmes dans vos maisons. Sans doute, c'est là une tolérance exigée par les circonstances, mais c'est là aussi une grande épreuve pour les vocations. Combien sombrent à cause de cela ! C'est pourquoi j'admire l'insistance du Bienheureux Champagnat pour éloigner le plus possible les personnes du sexe de vos communautés et je vous assure que je prie tous les jours pour que les Supérieurs prennent des mesures efficaces pour entrer dans ses vues. »

Permettez-moi d'abord, mes bien chers Frères, de vous rappeler le Statut suivant, donné par le Chapitre Général de 1932 et renouvelé par celui de 1946 :

« Les personnes du sexe ne peuvent être employées comme personnes de service que dans les cas d'une absolue nécessité et après avoir obtenu l'autorisation du Conseil Général. »

« Même dans ce cas, on est tenu d'observer les prescriptions du Droit Canonique qui interdit aux personnes de l'autre sexe de pénétrer dans les parties de la maison réservées aux religieux (réfectoire, dortoir, salle de communauté). »

« De plus, on ne peut employer en cas de nécessité que des personnes suffisamment âgées (40 ans) et qui jouissent d'une bonne réputation. »

S'est-on partout conformé fidèlement à ces normes ? Y avait-il vraiment nécessité d'employer des femmes ? A-t-on demandé et obtenu la permission du Conseil Général ? A-t-on pris les mesures de prudence voulues par le Droit canonique et par nos règles ? Il est à souhaiter qu'on régularise, au plus tôt, les situations qui seraient en désaccord avec ce qui est prescrit.

Ce statut capitulaire ne fait que confirmer les traditions de l'Institut basées sur la pensée du Bienheureux Fondateur. Nous lisons, en effet, dans sa Vie, qu'il regardait comme un point très important que les Frères prissent eux-mêmes soin du temporel, que tout se fît en famille et que les personnes du sexe ne fussent pas admises dans l'intérieur des maisons.

Plusieurs curés, pour soulager les Frères et diminuer les dépenses, le prièrent de permettre à des personnes pieuses et charitables de se charger de la cuisine, mais il s'y refusa catégoriquement. Ce fut le cas notamment, avec M. Douillet, curé, fondateur de l'établissement de La Côte-Saint-André, qui lui fit à cet effet de pressantes instances accompagnées des raisons les plus fortes. Le Bienheureux Père se montra inflexible, comprenant qu'une seule exception à la Règle créerait un précédent fâcheux, dont on ne manquerait pas de se prévaloir dans la suite.

M. Douillet, voulant à tout prix imposer sa volonté, le Père Champagnat lui déclara formellement qu'il préférait, plutôt, retirer les Frères de cette maison à laquelle il tenait cependant beaucoup parce qu'elle était une pépinière de vocations. Il écrivit même à l'évêque de Grenoble une lettre si raisonnable et si pleine d'esprit religieux que M. Douillet fut obligé d'abandonner son projet.

Il arriva aux Frères de demander des exceptions. Ils n'eurent pas plus de succès que les ecclésiastiques.

Un Frère sollicita un jour la permission de laisser entrer dans la maison une dame bienfaitrice qui désirait visiter le mobilier, et qui, à cette condition, promettait de le réparer et de l'entretenir. Le Bienheureux Père lui répondit : « J'estime l'observation de la Règle plus importante que tout le bien que pourrait vous faire cette pieuse dame. L'Institut sera perdu dès le jour où nous mettrons nos intérêts temporels au-dessus de la Règle. D'ailleurs, les personnes qui veulent nous faire du bien y seront d'autant plus portées que nous serons plus fidèles à Dieu et à nos devoirs, car Notre-Seigneur a dit ; Cherchez le Royaume de Dieu et sa justice et le reste vous sera donné par surcroît. » (Luc, XII, 31.)

Une autre fois, au milieu d'une conférence sur le même sujet, un Frère demande s'il n'y avait pas d'exceptions à cette règle.

– Je n'en connais pas.

– Mais si c'est une dame du plus haut rang ?

– Si c'est la reine, recevez-la, répondit le Père avec vivacité. Puis il ajouta d'un ton calme et ferme : « L'entrée de nos maisons est interdite aux personnes du sexe ; et ceux qui, sous de spécieux prétextes, manquent à cette règle, se rendent très coupables. » Et pour éviter toute hésitation dans la suite, il fit insérer dans la Règle de sages prescriptions qui sont aujourd'hui les articles 155 et 391 des Règles Communes, où nous lisons : « Les personnes du sexe ne pénétreront pas dans l'intérieur de la maison, ni dans les classes… à moins qu'elles ne soient accompagnées de quelque personne d'autorité. »

Les Supérieurs Généraux maintinrent l'esprit du Bienheureux Fondateur. Entre tous se distingua le Vénéré Frère François. Il ne voulut jamais permettre aux femmes de pénétrer dans la clôture, à l'Hermitage, à l'occasion des processions. Il se montra là-dessus intraitable, dit un témoin au procès de béatification, malgré les instances des aumôniers.

Dans une lettre à M. Cholleton, du 11 décembre 1840, quelques mois après la mort du Bienheureux Fondateur, le Frère François nous apprend ses difficultés au sujet de la cuisine de l'établissement de Chavanay : M. le Curé de cette localité pensait à se retirer dans la maison qu'il avait fait construire pour les Frères. Ces derniers avaient les classes au rez-de-chaussée, et la cuisine avec les autres appartements, au premier étage. M. le Curé voulait avec sa servante prendre possession du second et du troisième. Comme il n'y avait qu'une entrée et un escalier commun, les Frères se seraient trouvés à chaque instant en contact avec la servante et avec les personnes qui viendraient la visiter.

Le Frère François vit dans cet arrangement une brèche très importante à la Règle. Il rappela la conduite du Fondateur dans un cas identique, à La Côte-Saint-André, et réussit enfin à convaincre M. le Curé que ses prétentions étaient inacceptables.

La conduite du Bienheureux Père Champagnat et de son successeur ne saurait être taxée de sévérité outrée : ils connaissaient la faiblesse humaine, ils savaient que la chasteté à laquelle s'oblige le religieux et qu'on appelle vertu angélique, ne peut se conserver sans une extrême défiance de soi-même, accompagnée des plus grandes précautions.

Tels étaient les sentiments et la pratique des saints. Saint Philippe de Néri ne s'écriait-il pas : « Mon Dieu défiez-vous de Philippe, autrement il vous trahirait ! » N'avons-nous pas plus qu'eux raison d'être sur nos gardes ? Les plus jeunes doivent craindre parce que leurs passions sont généralement plus vives. Eussent-ils conservé leur innocence, la crise peut venir un jour ou l'autre. La moindre imprudence suffit à la provoquer et elle sera d'autant plus redoutable qu'ils n'ont pas l'expérience de la lutte. L'âge mûr et la vieillesse ne peuvent non plus se dispenser d'une exacte et continuelle vigilance sur leurs sens. Salomon n'était plus jeune quand, donnant trop de liberté à ses yeux il laissa l'amour impur entrer dans son cœur. Et ne trouve-t-on pas, malheureusement, des religieux dont la chute est d'autant plus scandaleuse que leur âge aurait dû les rendre plus prudents et plus fidèles à leurs vœux ? Tant qu'il reste un peu de chaleur vitale, le feu de la concupiscence peut, même dans les âmes les plus saintes, se rallumer avec une ardeur nouvelle.

C'est que faire tomber une âme consacrée à Dieu est, pour l'enfer, un triomphe du plus haut prix. Cette haine satanique d'une part, et notre concupiscence jamais complètement éteinte d'autre part, portait saint Jérôme à conclure qu'on ne peut, sans imprudence, compter ni sur sa sagesse ou sa vertu, ni même sur de longues années passées dans la chasteté pour se croire à couvert de toute chute. Qu'on ne trouve donc pas exagérées les sages précautions de nos Règles pour la sauvegarde de la plus délicate vertu et que chacun s'applique à y être constamment fidèle.

Je ne voudrais pas m'étendre davantage sur ce qui n'a voulu être qu'un simple rappel, mais je ne puis m'empêcher de citer deux faits dont vous saisirez aisément la portée. L'un est relaté dans la vie du Bienheureux Fondateur, l'autre concerne saint Jean-Baptiste de la Salle. On proposa au bon Frère Antoine, malade à Bourg-Argental, de faire venir une femme âgée pour le servir. «Gardez-vous-en bien, répondit-il : je préfère mourir plutôt que de manquer à la Règle en laissant entrer une femme dans la maison et en acceptant ses services. » Et comme on insistait : «Vous perdez votre temps, ajouta-t-il, je vous déclare que, si elle vient, quelque malade que je sois, je m'enfuirai dans les classes (p. 461) ».

De son côté, saint Jean-Baptiste de la salle, malade, est averti que sa grand'mère, venue pour le visiter, insiste pour monter dans sa chambre. Il n'y voulut pas consentir et, quoique très faible, il descendit au parloir. Aux remontrances de sa grand'mère il répondit : «Sans doute il n'y a aucun inconvénient à ce que vous veniez vous, ma grand'mère, me voir dans ma chambre de malade, mais c'est un grand exemple que de ne pas permettre à vous et à moi cette liberté. Nul Frère dans la suite ne pourra trouver mauvais que l'entrée de sa chambre soit interdite aux femmes et même à ses proches parentes, lorsqu'il saura que ma grand'mère n'a pas eu le privilège de me voir ailleurs qu'au parloir. »

Ne voyons pas, mes bien chers Frères, dans ce qui précède des minuties comme pourraient y être portés des esprits superficiels plus ou moins gagnés aux maximes du monde. Gardons la Règle, ne nous en écartons que pour des raisons valables et toujours avec les permissions requises, si nous voulons persévérer au service de Dieu et sauvegarder l'honneur de la Congrégation.

Ces derniers mots ont pour objet de bien préciser ma pensée en ôtant à cet exposé ce qui pourrait paraître trop absolu. Il est bien évident, en effet, qu'une conduite uniforme dans nos rapports avec les personnes du sexe n'est guère possible. Il est des circonstances de temps, de lieux et autres, où nous ne pouvons adopter les mêmes procédés que notre Bienheureux Fondateur. Mais jamais nous ne devons nous écarter des règles de prudence si souvent rappelées. Partout et toujours nous devons faire acte de dépendance et nous pourvoir, le cas échéant, des autorisations voulues. De la sorte, nous serons mieux à l'abri des entraînements de la mode, de l'esprit propre et du caprice. En cela comme en tout, lorsque nous doutons sur la conduite à tenir, appliquons-nous à capter la pensée de notre Père et Modèle, afin d'adopter le parti que lui-même adopterait à notre place. 

Office du Bienheureux Fondateur

 Cet office a été préparé par d'excellents liturgistes. Il faut attendre maintenant qu'il soit approuvé d'abord, par la Commission liturgique de la S.C. des Rites et, ensuite, par la S.C. du Saint-Office.

Le C. F. Alessandro, postulateur général, tâche d'obtenir l'approbation d'un office complet, mais les deux Congrégations l'accordent difficilement pour un Bienheureux. Elles se bornent, en général, à autoriser l'oraison, la secrète, la postcommunion de la messe et les leçons de l'office divin. Quel que soit le résultat de ces démarches, dont je recommande le succès à vos prières si, au 6 juin prochain, vous ne possédez pas encore le propre de notre Bienheureux, vous pourrez demander que soit célébrée la messe d'un Confesseur non Pontife.

————————————————

 La chapelle et la châsse du Bienheureux.

 Le travail de maçonnerie a subi quelque retard à cause d'un hiver particulièrement rigoureux. Malgré tout, l'inauguration pourra se faire comme prévu, à l'occasion du Triduum de Notre-Dame de l'Hermitage, les 25, 26 et 27 de ce mois, sous la présidence de Son Éminence le Cardinal Gerlier, archevêque de Lyon.

Bien que les Frères Provinciaux vous aient, sans doute, communiqué la lettre suivante, du 2 février, je crois opportun de la reproduire ici : 

BIEN CHER FRÈRE PROVINCIAL,

Par la présente, j'ai le plaisir de vous accuser réception des fonds recueillis par votre Province pour la Châsse et la Chapelle de notre Bienheureux Fondateur.

Après avoir loué votre esprit de famille ainsi que celui de vos Frères, et vous avoir exprimé ma vive gratitude, je crois vous être agréable en vous donnant une idée des travaux actuellement en cours à Notre-Dame de l'Hermitage, lesquels, s'il plaît à Dieu, seront bénits et inaugurés à la fin du mois de mai prochain.

Je dois vous dire, tout d'abord, que les plans ont pris de plus en plus d'ampleur, à mesure que votre enthousiasme et votre générosité nous y encourageaient. Ils comprennent trois parties bien distinctes : la Chapelle, l'Autel et la Châsse.

La Chapelle, est située sur le côté droit de la chapelle actuelle, en face de la porte d'entrée de la communauté. Son architecture et ses dimensions seront semblables à celles du chœur actuel. Sept baies de cinq mètres de hauteur lui fourniront une lumière abondante tamisée par la polychromie de vitraux d'art moderne. Chaque vitrail, excepté celui du centre, contiendra deux scènes superposées de la vie du Bienheureux, séparées par des motifs allégoriques représentant la foi, l'espérance, la charité, la pauvreté, la chasteté et l'obéissance.

L'Autel de cette chapelle sera d'une grande sobriété, mais de style monumental, en granit gris et rose. Placé au centre, il permettra aux pèlerins de circuler tout autour.

La Châsse sera en bronze doré. Surmontant l'autel, elle portera sur les deux faces principales, des émaux dont l'un représentera la dévotion confiante du Bienheureux Fondateur à la Sainte Vierge, et l'autre, le Bienheureux au milieu des enfants. Les côtés, qui seront semi-cylindriques, seront ornés de lettres en relief formant ces deux inscriptions : «TOUT A JÉSUS PAR MARIE », et « TOUT A MARIE POUR JÉSUS ». Des frises en émaux décoratifs et des pierres de couleur rehausseront cet ensemble. Le tout sera d'un très bel aspect et bien de nature à réaliser son objet qui est de porter l'esprit et le cœur au respect et à la vénération pour les précieuses reliques de notre Bienheureux Père.

Notre Seigneur, par son Vicaire sur la terre, a daigné exalter la mémoire de son fidèle serviteur. C'est pourquoi, le cœur débordant de joie et de reconnaissance, nous avons voulu élever un monument à la gloire de celui que nous proclamons notre Père et notre Guide.

Nous avons la confiance que, de la sorte, satisfaction complète sera donnée à l'ardent amour des fils spirituels du Bienheureux Marcellin Champagnat. De son côté, la communauté de Notre-Dame de l'Hermitage continuera à se faire un honneur de veiller sur le trésor confié à sa garde et à accueillir de son mieux les pèlerins qui deviennent de plus en plus nombreux…

 Je me plais, mes bien chers Frères, à vous renouveler l'expression de ma gratitude pour la collecte. Si l'empressement et le résultat n'ont pas été partout identiques, je crois pouvoir assurer que, dans l'ensemble, on a fait preuve d'une bonne volonté peu commune et d'un grand esprit de famille.

Sans vouloir établir de comparaison il est juste de dire, que la Province de Chine, dans son secteur extérieur, bien que la grande majorité de ses élèves soient païens, a dépassé nos prévisions.

Daigne, notre Bienheureux Fondateur, lui obtenir, comme à vous tous, d'abondantes bénédictions. Qu'il veille sur tous ses membres, en particulier sur les soixante-trois Frères qui sont sous la domination communiste. Qu'il, protège plus spécialement encore ceux qui sont en prison. Aux douze que nommait le Bulletin de l'Institut de janvier, nous devons ajouter, selon toute probabilité, le C. F. Aristonique qui faisait fonction de Provincial.

Accompagnons tous ces martyrs, prisonniers ou non, dans leur rude Calvaire ; offrons pour eux nos prières et nos sacrifices. 

Faveurs attribuées au Bienheureux

Marcellin Champagnat

 L'annonce d'un bon nombre de faveurs nous est parvenue de divers pays : Canada, Congo Belge, Espagne, Italie, Liban, Madagascar, etc. … Nous publions le récit de quelques-unes. Nous ne les présentons pas comme des miracles, seule l'Église pourrait le faire si elle y reconnaissait l'intervention divine. Nous les portons à votre connaissance tant pour la joie qu'y trouvera votre amour filial que pour l'accroissement qu'en recevra votre confiance envers notre Bienheureux Fondateur. Nous remercions les Frères qui nous communiquent les faveurs obtenues. 

Guérison d'un élève de Gênes

grièvement blessé

 Le 30 novembre 1955, Ezio Pusone, un petit élève de nos Frères de Gênes, fut violemment projeté à terre par une grosse auto. Le garçon, qui avait perdu connaissance, fut transporté d'urgence à l'hôpital. Après un examen sérieux du blessé, les médecins ne cachèrent pas leurs inquiétudes.  Entre temps, les compagnons de classe d'Ezio, sous l'impulsion de leur professeur, avaient commencé une neuvaine au Bienheureux Fondateur, et leurs prières furent d'une ferveur émouvante. Au petit blessé, le Frère avait également porté une relique du Bienheureux.

La nuit qui suivit l'accident fut agitée. La journée suivante fut plutôt calme ; le soir de ce même jour, le garçon demanda à manger au très grand étonnement des médecins et des infirmières. Le troisième jour, il accusa un peu de mal de tête, qui cessa complètement le cinquième jour. Le troisième jour également, il put déjà se lever et se rendre à la messe du premier vendredi, et même faire la communion. Le septième jour, il resta debout plusieurs heures de suite. Le huitième, il fit sa promesse d'aspirant à l'A.C. Le dixième, il retourna à ses jeux habituels. Et le quinzième, il revint tranquillement à l'école, sans plus rien ressentir du terrible accident par lequel il avait passé. Il semble même mieux portant qu'avant l'accident.

Ci-après les grandes lignes des constatations médicales qui furent faites :

1. Grave état de choc traumatique.

2. Excoriations aux deux genoux, aux lèvres, au nez, hémorragie bilatérale.

3. Contusions au thorax et à l'abdomen ; les radiographies révèlent un déplacement des deux reins de l'ordre de 90° et la rupture de plusieurs vaisseaux sanguins : faits graves, selon les médecins.

4. Hémorragies à plusieurs reprises durant les premières heures qui ont suivi l'accident ; sang perdu : environ 2 litres et demi.

5. Lésion à l'os frontal, bien visible dans la radiographie du 9 décembre 1955.

6. Examen de l'urine : le premier jour pas de sang, le deuxième et troisième jours, présence de sang (fait grave) ; le quatrième jour, plus de trace de sang.

Les médecins estiment que le fait de la guérison d'Ezio dépasse les possibilités humaines et se situe bien au-delà des soins qui lui ont été appliqués. Ils avaient peu d'espoir de sauver le blessé, et ils furent grandement étonnés de le voir guéri dès le quatrième jour. 

Deux guérisons au Congo belge.

 Le Frère Directeur de Nya-Ngezi nous écrit, en date du 3 mars dernier :

« Guérison d'un Frère : Fin novembre 1955, un de nos Frères congolais, Joseph-Cassien, se réveilla brusquement pendant la nuit et ressentit aussitôt une vive douleur au ventre. Envoyé à Bukavu, il fut examiné par deux médecins qui constatèrent une éventration. Une opération était indispensable. Mais le Frère insista pour l'ajourner jusqu'aux vacances de Noël. En attendant ce terme, le Frère continuait de souffrir beaucoup ; il marchait courbé et prenait de grandes précautions pour éviter toute complication. En communauté et au juvénat, on fit une neuvaine au Bienheureux Marcellin Champagnat pour obtenir la guérison du malade ; celui-ci portait constamment l'image-relique du Fondateur sur lui. Le troisième jour de la neuvaine, le Frère, en se réveillant, ne ressent plus aucune douleur ; l'éventration a totalement disparue. Comme c'est un jour d'excursion des juvénistes, le Frère accompagne ses élèves en promenade, fait une marche d'une vingtaine de kilomètres dans les montagnes voisines, ose même traverser à la nage la Ruzizi (environ 200 m.) : toujours pas de douleur. Quelques semaines plus tard, les deux médecins examinent le Frère et ne trouvent plus trace de l'éventration. »

 « Un cas de cancer : Mme Ahn, femme d'un colon de la région de Nya-Ngezi, se trouvait à l'hôpital de Bukavu ; les médecins craignaient un cancer aux intestins. Une première neuvaine que nous fîmes pour elle ne donna lieu à aucune amélioration. La malade avait toujours une forte fièvre, souffrait de maux de tête et de ventre. Nous lui fîmes remettre une image-relique du Bienheureux. Dès qu'elle l'eut reçue, la fièvre tomba brusquement de 40° à 36o, et les maux de tête disparurent complètement. Mais le cancer restait… L'intestin se ferma même complètement ; une opération fut jugée indispensable pour prolonger la vie de la malade. Le chirurgien constata que tout le ventre ne formait plus qu'une seule tumeur ; il pratiqua une ouverture sur le côté, referma la plaie et donna encore une semaine de vie à la malade. Depuis lors, les neuvaines se succèdent à Nya-Ngezi et dans d'autres communautés du District. Il y a maintenant cinq semaines que l'opération a eu lieu : Mme Ahn vit toujours, se lève, se promène, n'éprouve aucun malaise particulier.

« On attend, on continue de prier, on espère que la guérison totale pourra être constatée par les médecins. » 

Témoignage d'un médecin

de Mondéjar (Espagne)

 Le petit Luis Carlos Villalba González, âgé de dix ans, se sentant malade le 21 mai dernier, accusait en fait de symptômes fondamentaux, des vomissements, une légère diarrhée, et des douleurs dans le bas ventre qui s'irradiaient jusqu'à la fosse iliaque gauche.

Ces états symptomatiques ne disparaissant pas, l'enfant fut conduit à Madrid et admis dans une clinique. On y constata que ce syndrome était bien dû à des maux d'intestins, ainsi qu'on l'avait soupçonné et l'on détermina qu'une opération urgente devenait nécessaire.

Après examen sérieux par le chirurgien de la clinique, celui-ci pensa que l'enfant était trop mal pour subir, à ce moment, une intervention chirurgicale. Après cinq jours d'hôpital, le malade empirant sans cesse, on procéda, dans la nuit du 28, à l'opération prévue.

La laparotomie que le chirurgien pratiqua ne fut pas terminée, jugeant que les foyers de gangrène aux intestins étaient trop généralisés, la plaie fut refermée par des points de suture. Le praticien annonça la mort pour cette nuit même. (L'enfant fut reconduit chez lui.)

Le malade éprouva cette nuit, de grandes souffrances : douleurs, accentuation marquée des vomissements, météorisme empêchant l'enfant de respirer aisément. Le pouls, quoique rythmique, battait à une vitesse de 140 à 160 pulsations à la minute. Tous nous pensions qu'allait s'accomplir d'un moment à l'autre, le pronostic fatal prononcé lors de l'opération. Mais vint l'aube du 29 ; le malade vivait toujours, dans les mêmes conditions, et voici qu'approchait le moment qui permettrait de voir se réaliser la demande de tous ceux qui étaient présents : le miracle. (On avait, en effet, recommandé le mourant au Père Champagnat, béatifié le matin même.)

A cinq heures du soir, quelques amis de la famille vinrent voir le moribond et pensèrent qu'attendre ainsi la mort n'était pas sage. Il convenait, affirmèrent-ils, de demander un chirurgien qui voulût prendre soin du malade ; effectivement, tous se rangèrent à cet avis en quelques minutes. Malgré que ce fût jour de fête (dimanche de la Pentecôte) et difficile d'atteindre un chirurgien, l'opinion que l'enfant devait subir une nouvelle opération, quitte à le faire transporter à une autre clinique de confiance, fut admise.

C'était neuf heures et demie du soir quand le malade fut transporté dans la salle d'opération. On enleva les points de suture de la première opération. Cette nouvelle intervention permit de constater ce qui se passait. Il ne restait que deux très petites plaques de gangrène et une hernie para-duodénale invaginée. On enleva cette hernie et l'on referma la plaie. Aujourd'hui, l'enfant a repris sa vie normale.

Signé : FLORENTINO DE CUÉLLAR. 

Cause du Vénéré Frère Alfano.

 Elle a franchi dernièrement, devant le tribunal constitué par l'Ordinaire de Vintimille, l'étape préparatoire à son introduction en cour de Rome.

Ce tribunal de cinq membres a tenu sa première séance le 7 avril 1949, sous la présidence de Monseigneur l'évêque diocésain qui, dans la suite, a délégué habituellement l'un des juges pour présider. Un autre membre du tribunal faisait office de Promoteur de la Foi et un troisième, celui de Notaire. Le C. F. Martino Giuseppe, vice-postulateur de la cause, remplissait les fonctions de Postulateur.

Le tribunal : 1° S'est occupé de la recherche des écrits du Serviteur de Dieu.

Il a instruit le procès sur la réputation de sainteté, les vertus et les miracles.

Il a instruit le procès de non-culte

1. – Recherche des écrits.

 Monseigneur l'évêque avait fait publier opportunément un décret ordonnant à tous ceux qui possédaient des écrits du Frère Alfano, de les remettre au Postulateur. On a réuni ainsi bien des cahiers de notes religieuses et profanes, des conférences et de nombreuses lettres gardées pieusement, comme des reliques, par leurs destinataires. Le tribunal n'a retenu que les écrits intéressant l'étude de la cause et cela a suffi pour remplir une valise de bonnes dimensions. Le 7 novembre 1950, après avoir dressé la liste détaillée de son contenu, on l'a confiée au Postulateur de même que ]es procès-verbaux des séances.

Le tout fut porté à Rome aux premiers jours de décembre et remis à la S.C. des Rites qui confiera l'examen des écrits à des théologiens, pris parmi ses Consulteurs, et dont les noms seront tenus secrets. Dans les deux premières réunions le Postulateur avait dû donner aux juges l'assurance que toutes les mesures voulues avaient été prises pour réunir le plus grand nombre possible d'écrits.

Comme détails intéressants disons que, parmi les écrits retenus par le tribunal, il y a 140 lettres adressées à des confrères ou à des membres de sa famille et, parmi ceux qui nous ont été laissés, se trouvent, entre autres, des milliers de versions latines occupant 2.130 pages d'une écriture serrée.

Voyant que certains de ses résumés de littérature ou autres circulaient parmi les Frères, le Frère Alfano avait laissé une note qui peut se résumer ainsi : « J'ai quantité d'écrits qu'il me faudrait brûler, mais je ne les tiens pas pour miens car je dois tout à la Congrégation. C'est, par conséquent, aux Supérieurs d'en disposer librement. La plupart de ces pauvres papiers sont des notes, extraits, résumés, tirés de sources très diverses. Quelques-uns sont l'expression d'idées personnelles, parfois mal rendues à cause de mon ignorance ; d'autres, sont des travaux scolaires sur divers sujets ; ils ont peu de valeur et devraient être détruits. Si, cependant, parmi ces papiers, il en est qui peuvent être de quelque utilité, je dirai : tant mieux ! Laus Deo ! D'autre part, je déclare détester, répudier, ce qui ne serait pas édifiant ou en tout conforme à l'enseignement et à l'esprit de l'Église, ce qui n'aurait pu m'arriver que par ignorance ou inadvertance. Je crois, en effet, en conscience, n'avoir jamais rien voulu écrire par malice ou par manque d'amour pour la vérité très sainte. Cette disposition n'a été en moi que l'effet d'un don que Dieu, dans sa bonté, m'a accordé. » 

II. – Procès sur la réputation de sainteté,

les vertus et les miracles.

 La première séance de ce procès qui est le plus important des trois que nous relatons, s'est tenue le 3 juillet 1951. Elle avait été précédée par la préparation des articles que le Postulateur devait présenter pour l'examen des témoins. De son côté, le Promoteur avait rédigé les interrogatoires auxquels ils seraient également soumis. Il avait fallu, de même, dresser et faire agréer la liste des témoins : vingt ont été présentés par le Postulateur et, dans la suite, trois autres ont été choisis directement par les juges.

Dans la séance préliminaire présidée par l'évêque, celui-ci et les membres du tribunal, comme d'ailleurs dans le procès précédent, ont dû promettre par serment d'accomplir leurs fonctions avec diligence et fidélité et, sous peine d'excommunication réservée au Pape, de garder le secret sur les interrogatoires et les dépositions. Le Postulateur ayant présenté les articles dont il a été parlé plus haut, a dû s'engager, par serment, à ne pas apporter de fausses preuves, à répondre en toute sincérité sur ce qu'on lui demanderait, à ne corrompre personne, à n'avoir recours à aucune mesure dilatoire intéressée, et à ne rien faire de contraire à la pure et simple vérité.

Dans la séance suivante a commencé l'examen des témoins. Ceux-ci, avant d'être interrogés, ont prêté serment de dire la vérité et de ne parler à personne, en dehors des membres du tribunal, du contenu des questions et des dépositions, et cela sous peine d'excommunication réservée au Souverain Pontife.

Certains témoins ont été interrogés dans trois, quatre et même cinq séances ; après chacune d'elles, le Notaire en rédigeait le procès verbal. Le témoin avait la faculté de modifier ou de corriger sa déposition, après quoi il la signait et renouvelait son serment. Pour entendre des témoins résidant à Mondovi, une commission rogatoire a été adressée à l'évêque de cette ville. Semblable démarche a été faite auprès de l'évêque d'Aoste pour recevoir la déposition d'un chanoine, cousin du Serviteur de Dieu. Copie de ces deux procès a été envoyée au tribunal de Vintimille qui, en séance spéciale, en a pris connaissance. Le procès de Mondovi occupe 200 pages. Ajoutons qu'au total, l'examen des témoins a exigé 86 séances.

Ce travail terminé, le Postulateur a dû verser au dossier les documents suivants du Frère Alfano : extrait de naissance, acte de baptême, de confirmation, de profession religieuse et les diplômes officiels. Ensuite, le tribunal a confié toutes les pièces du procès au Postulateur pour qu'il en fil, faire une copie exacte destinée à la S.C. des Rites. Deux Frères anciens ont passé quatre mois à cette transcription qui occupe 850 pages d'un papier d'excellente qualité. Enfin, la copie a été confrontée par les juges avec l'original, ce qui a exigé encore dix séances. 

III. – Procès de non-culte.

 Ce procès a eu lieu pendant qu'on faisait la transcription du précédent. Il avait pour but de s'assurer que le Serviteur de Dieu n'était honoré par aucun culte public proprement dit, comme celui dont sont l'objet les saints ou les bienheureux. Après la désignation des juges et la prestation du serment, le Postulateur a présenté les articles pour les nouveaux interrogatoires. Dans la suite on a entendu les témoins, six au total : quatre désignés par le Postulateur et deux, par le tribunal. Une séance a été consacrée à visiter le tombeau au cimetière de Vintimille ainsi que la Maison Provinciale et, en particulier, la chambre qu'y avait occupée le Serviteur de Dieu. Une fois ce procès terminé il a été déclaré public, c'est-à-dire que les témoins et les juges ont été déliés du secret et on a procédé à sa transcription qui occupe une cinquantaine de pages. Il y a eu, en tout, sept séances dont la dernière a coïncidé avec la clôture du procès de réputation de sainteté.

Cette séance a eu lieu à la Maison Provinciale le 11 octobre, fête de la Maternité de la Bienheureuse Vierge Marie. Elle a été présidée par Monseigneur l'évêque. Les documents du procès de réputation de sainteté, des vertus et des miracles : déclaration des témoins et procès-verbaux ont été réunis en un paquet lequel, dûment scellé à la cire par Monseigneur, a été placé dans un coffret destiné à protéger les cachets. Le précieux dépôt a été ensuite remis au Postulateur pour qu'il le fasse parvenir à la S.C. des Rites. Il a dû auparavant prêter le serment de remplir fidèlement sa mission.

Après cela, le Notaire a rédigé l'acte de clôture qui, scellé à son tour, a été également transmis à Rome ainsi que trois lettres : l'une de l'évêque à la S.C. des Rites pour lui exposer comment s'est déroulé le procès ; une autre, des juges à la même Sacrée Congrégation sur la manière régulière dont ils ont procédé, eux et les témoins ; la troisième, du Promoteur au Promoteur Général de la Foi pour l'informer comment, sous son contrôle, tout s'est fait de la façon requise.

Avec des formalités semblables on a procédé ensuite à la clôture du procès de non-culte. Tout étant fini, le Frère Postulateur dit notre reconnaissance à Monseigneur et aux membres du tribunal ; après quoi, le prélat reçut les hommages de la communauté et la journée mémorable se termina par un vibrant Magnificat suivi de la Bénédiction du Saint-Sacrement.

Sans perte de temps, dès le 22 octobre, tous les documents étaient portés à la Sacrée Congrégation. Il convenait de se hâter car, les causes étant examinées selon l'ordre de leur arrivée, tout délai risque de retarder l'examen du dossier. Ce jour-là même, le C.F. Alessandro, postulateur général, obtenait que l'on pût ouvrir les dossiers. C'est maintenant chose faite. Quand les copies publiques, travail confié à des religieuses par la Sacrée Congrégation, seront prêtes, les Consulteurs en feront l'étude et les discuteront. Ce travail pourrait bien demander des années. Si tout va bien et si l'avis de la S.C. des Rites est favorable, Notre Saint-Père le Pape décrétera l'Introduction de la cause.

Prions pour que cet heureux terme ne soit pas trop différé afin que par là, soit ranimée, s'il en était besoin notre estime pour une vocation qui, prise au sérieux, comme le fit le vénéré Frère Alfano, est à même de nous conduire à une haute sainteté. J'ajouterai encore qu'une procédure semblable fut suivie pour aboutir à l'Introduction des causes du Bienheureux Fondateur et du vénéré Frère François. La première, fut décrétée le 9 août 1896 et la seconde, le 14 novembre 1934.

Pour les martyrs, le procès sur la réputation de sainteté est remplacé par le procès sur la réputation de martyre et les causes du martyre. 

Les autres causes.

 Rien à signaler sur la cause de nos martyrs d'Espagne. Pour celle des martyrs de Chine le C.F. Alessandro, postulateur général, a prié un expert d'examiner le dossier pour voir s'il y a lieu d'en poursuivre l'instruction.

Pour la cause du vénéré Frère François, on nous fait espérer, à Rome, que dans le courant de l'année nous pourrons avoir la Congrégation Antépréparatoire pour l'héroïcité des vertus. S'il en est ainsi, comme nous le souhaitons, vous en serez prévenus opportunément, mais, dès maintenant, je recommande cette intention à vos prières. 

Renseignements à obtenir lors d'une

 guérison attribuée

 à un Serviteur de Dieu

 1° Nom, prénoms, âge, adresse de la personne guérie.

2° De quelle maladie s'agit-il ?

3° Quel médecin a soigné le malade ? Quel a été son diagnostic ?

4° Quels ont été les symptômes de la maladie ? Quand a-t-elle commencé ?

5° Quel a été le processus de la maladie et l'évolution de la fièvre ?

6° Quels remèdes ont été ordonnés et quels ont été leurs effets ?

7° Quel était le développement de la maladie au moment de l'amélioration inattendue ?

8° Le cas était-il considéré comme grave ? comme désespéré ?

9° Depuis combien de temps durait l'extrême gravité du mal ?

10° Quel jour et à quelle heure la guérison a-t-elle eu lieu ?

11° Qu'a éprouvé le malade au moment de la guérison ?

12° La guérison a-t-elle été instantanée ? exempte de crise ? Ne pourrait-elle pas être attribuée à l'efficacité de quelque remède ?

13° Si la guérison n'a pas été instantanée, préciser le moment du commencement de l'amélioration, le progrès et la guérison complète. Le malade était-il encore visité par le médecin ?

14° Quels changements a-t-on observés chez le malade comme conséquence de la guérison ? A-t-il repris les forces, la couleur et les autres marques de santé ? Ces changements ont-ils été immédiats ou progressifs ? Dans quel espace de temps ?

15° Le malade a-t-il été contrôlé par le médecin après la guérison ? Le médecin a-t-il fait des radiographies, des analyses, etc., au cours de la maladie et après la guérison ?

16° Est-il resté quelque trace de la maladie ?

17° Quelles autres maladies la personne guérie avait-elle eues auparavant ?

18° Parmi les membres de sa famille, y a-t-il eu dans le passé quelqu'un atteint de cette même maladie grave ou d'une autre maladie ?

19° Avant cette dernière maladie, quel était l'état général de santé de la personne que l'on dit guérie de façon extraordinaire ?

20° Quels autres médecins ont été consultés et quels ont été leurs diagnostics ?

21° Nature et date des consultations, des analyses, des examens histologiques et des radiographies.

22° A qui le malade attribue-t-il sa guérison ?

23° A-t-il invoqué le Serviteur de Dieu ? Si oui, de quelle manière ? (Confiance, prières vocales ou mentales, neuvaines, triduums, invocations, vœu, application des images-reliques, etc. …)

24° Quand a commencé l'invocation au Serviteur de Dieu et quand a-t-elle fini ?

25° Qui a suggéré l'invocation au Serviteur de Dieu et quelles personnes se sont unies pour l'invoquer ?

26° La guérison est-elle survenue immédiatement après le commencement des prières ? Sinon, combien de temps après ?

27° N'a-t-on pas invoqué un autre intercesseur : Saint, Bienheureux, etc. ?

28° Si oui, pourquoi attribue-t-on la guérison au Serviteur de Dieu et non à une autre intervention ? 

N.-B. – 1° La succession chronologique de toutes les étapes de la maladie (ans, mois, jours) mérite une attention spéciale. De même le nom et l'adresse de tous les docteurs ayant soigné le malade.

2° La maladie doit être reconnue très grave. Il est extrêmement important de recueillir les documents suivants : diagnostics, prescriptions de remèdes, radiographies, certificats d'analyses, bulletins d'hôpital, etc.

Envoyer le tout au Postulateur le plus tôt possible.  

RAPPORT DU MÉDECIN ET RENSEIGNEMENTS QU'IL DOIT

COMPORTER

 a) Description détaillée qui résulte de l'examen objectif du malade et de sa maladie. Dire par conséquent :

1° Le nom et la nature de la maladie, ses causes, ses effets et sa durée, en général (diagnostic complet).

2° Quels ont été les symptômes chez le malade ?

3° En quelle année, en quel mois et, s'il est possible de le préciser, quel jour ont commencé ces symptômes ?

4° Quel est le développement de la maladie, quelles sont ses manifestations et ses caractères ?

5° Quand est-elle arrivée à son plus haut degré de gravité chez le patient ?

6° A quel degré et avec quelles manifestations extérieures ? (enflure, couleur de la peau, douleurs, etc.). Quel a été le pronostic du médecin ?

7° Des radiographies ont-elles été prises avant et après la maladie ? A-t-on fait des analyses avant et après ?

8° Si l'opération a été faite, décrire en détail comment se présentaient les organes malades.

b) Une description détaillée de tous les soins donnés, par exemple :

1° Quels remèdes ont été ordonnés ? 2° Quels en furent les effets ?

3° Y a-t-il eu consultation de plusieurs médecins ?

4° A-t-on fait des analyses, des examens radiographiques ? Si oui, combien de fois ? Si non, pourquoi ne les a-t-on pas faits ?

 c) Une description détaillée de la guérison et pour laquelle le docteur pourrait se servir du questionnaire suivant :

1° Quels furent les soins donnés immédiatement avant l'amélioration ? Quel était l'état général du malade et des organes atteints par le mal ?

2° Quel jour et à quelle heure le malade a-t-il commencé à aller mieux ?

3° Combien de temps a duré la période d'amélioration ?

4° La guérison a-t-elle été complète ? si oui, ne craint-on pas une rechute ? si non, quels sont les restes de la maladie et l'état actuel du malade ?

5° De l'avis du docteur, quelles conséquences laissera la maladie lorsque la guérison sera complète ?

6° Le docteur juge-t-il que la guérison ou l'amélioration peut s'expliquer scientifiquement ? Pour quels motifs ?

N.-B. – Il est à conseiller que les démarches auprès des médecins qui ont soigné le malade ne soient pas faites par un Frère, mais qu'on en charge un médecin ami, de toute confiance et foncièrement religieux. La prudence et la compétence sont nécessaires, surtout si l'on se trouve en face de docteurs incroyants ou non pratiquants.

Il est extrêmement important de recueillir les documents dont il est parlé ci-dessus : diagnostics, prescriptions de remèdes, etc. …

Lorsqu'on demande la livraison de ces documents, ne jamais dire qu'ils serviront pour instruire un procès apostolique ou à prouver un miracle, mais qu'ils sont nécessaires pour d'autres motifs, par exemple : pour vérifier les dépenses qu'a occasionnées la maladie ou pour la nouvelle situation de l'ancien malade, etc. … Si le médecin comprend le motif de l'enquête, il faut lui dire qu'il ne lui est pas demandé de déterminer s'il y a miracle ou non, mais de déclarer simplement et sincèrement ce qu'il a observé avant et après la guérison et si celle-ci peut s'expliquer par les lois naturelles ou non. 

Second Noviciat de Campinas, Brésil

 Le 5 février dernier, en présence de Son Ém. le Cardinal Carlos Vasconcelos Motta, archevêque de Sâo Paulo, et du C.F. Désiré-Alphonse, A.G. et Délégué du R.F. Supérieur Général, s'est ouvert le Second Noviciat de Campinas.

Il est installé dans un local ad hoc dont la Province du Brésil Central a bien voulu faire les frais. Elle a droit à la reconnaissance de l'Institut et je suis heureux de la lui exprimer.

Ce quatrième Second Noviciat répond à un vœu du XIV° Chapitre Général. Il est à souhaiter qu'il s'y forme de nombreux religieux à fortes convictions, capables d'accroître l'esprit religieux et apostolique de leurs communautés et de leurs Provinces.

Dieu fasse que d'autres centres semblables puissent s'établir, dans la suite, afin d'offrir à plus de Frères que par le passé, l'avantage d'exercices dont les fruits spirituels sont immenses pour ceux qui s'y adonnent de toute leur âme. 

Télégramme de félicitations

au Saint-Père

 Saint-Genis-Laval, le 2 mars 1956.

Sa Sainteté le Pape Pie XII

Cité du Vatican

                   Très Saint-Père,

Le Supérieur Général des Petits Frères de Marie, au nom de ses 14.000 religieux ou sujets en formation et de leurs 250.000 élèves, Vous adresse, en cet heureux anniversaire, un filial hommage de vénération, d'amour et de soumission.

Il saisit cette occasion pour Vous redire la reconnaissance de tous pour la Béatification de leur Fondateur, Marcellin Champagnat et, priant Dieu de conserver longtemps encore Vos jours précieux, implore Votre paternelle bénédiction.

Frère LÉONIDA. 

Réponse.

 Cité du Vatican, le 7 mars 1956.

Frère Léonida,

Supérieur des Petits. Frères de Marie,

Saint-Genis-Laval.

Saint-Père envoie tout cœur Congrégation Petits Frères de Marie, gage paternelle gratitude pour vœux et prières, faveur implorée : bénédiction apostolique.

DELLACQUA, substitut

Election de Frères Provinciaux

 Dans la séance du 2 novembre 1955, le Conseil Général a élu, pour une première période triennale, le cher Frère LOUIS-ANTOINE, provincial de Notre-Dame de l'Hermitage, à la place du cher Frère JOANNÉS-LOUIS, arrivé au terme de son mandat. Il entrera en fonction à la Noël..

Dans la séance du 12 mars 1956, le Conseil Général a élu le cher Frère PEDRO MARCELO, provincial du Pérou, pour une première période triennale, à la place du cher Frère CARMELO, arrivé au terme de son mandat. 

Dans la séance du 25 mars 1956, le Conseil Général a élu, pour une nouvelle période :

Le cher Frère RAMÓN SEBASTIAN, Provincial de Bética,

Le cher Frère LINUS WILLIAM, Provincial des États-Unis,

Le cher Frère CIPRIANO, Provincial de Norte,

Le cher Frère VICTOR-GABRIEL, Provincial de Varennes-Orient.

.————————————————

LISTE DES FRÈRES

dont nous avons appris le Décès depuis

la Circulaire du 8 Décembre 1955

 

 Nom et âge des Défunts                               Lieux de Décès                 Dates des Décès

 

F. Columban          75            Profès perp.  Bowral (Australie)                    22 juil.  1955

F. Gerásimo          64            Stable           Toledo (Espagne)                    28 nov. »

F. Rufo                   50            »                    Córdoba (Espagne)                29 »      »

F. Louis-Citinus     83            »                    Saint-Genis-Laval (France)    4 déc. »

F. Timothy Daniel 26            Profès perp.      Hartford, hôpital (États-Unis)  6 »        »

F. Giuliano             66            Stable           Las Avellanas (Espagne)        9 »       »

F. Domin.-Louis    62            »                    Iberville (Canada)                     11 »      »

F. Mateo                67            »                    Popayán (Colombie)               12 »      »

F. Theodore Mary 59            »                    Kilmore (Australie)                   26 »      »

F. Nestor                71            »                    Saint-Genis-Laval (France)    2 janv. 1956

F. Jules-Berchmans69             »                    Varennes-sur-Allier (France)  6 »       »

F. Alfrid-Joannès  90            »                    Varennes-sur-Allier (France)  11 »      »         

F, Marie-Sidoine   81            Profès perp.St-Paul-Trois-Châteaux (France)    18 »      »

F. Gabriel-Alphonse  56            »                    Paris (France)                          26 » »

F. Joseph-Valérien   76            Stable           Varennes-sur-Allier (France)  4 fév.   »

F. André-Marie      68            Profès perp.    Lagny (France)                         11 »      »

F. Dalmiro              72            »                    Las Avellanas (Espagne)        16 »      »

F. Benolt-Gabriel 67            Stable           Mont-Saint-Guibert (Belgique)             18 »     »

F. Marcien             84            »                    Mendes (Brésil)                        ?

F. Tertius                92            Profès perp.  Aubenas (France)                    21 »      »

F. Honfroy              81            Stable           N.-D.-de-Lacabane (France)  29 »      »

F. Joseph-Perpétue  76            »                    St-Paul-Trois-Châteaux (France)    2 mars »

F. Ceferino            77            »                    Barcelona (Espagne)              4 »       »

F. Gauzelin            72            »                    Bourg-de-Péage (France)      12 »      »

F. Victor-Aimé       57            »                    Lawrence (Etats-Unis)             20 »      »

F. Marie-Exupère 72            »                    N.-D. de l'Hermitage (France)7 Avril             »

F. Augustine Th.    49            Profès perp.   Lawrence (Etats-Unis)             7 »       »

F. Gilles-Marie      20            Profès temp.         Sainte-Anne-de-Beaupré (Canada) 7 »                                    »

 

 

La présente circulaire sera lue en communauté à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

Recevez, mes bien chers Frères, la nouvelle assurance du religieux attachement avec lequel je suis, en J.M.J.

Votre très humble et tout dévoué serviteur.

             Frère LEONIDA,    Supérieur Général.

————————————————

RETOUR

Circulaires 341...

SUIVANT

Circulaires 343...