Circulaires 343

LĂ©onida

1956-12-08

Les Triduums-Souhaits, 621. - Charité envers les élèves : Notre charité doit s'étendre à tous les élèves; ennemis de la charité, 625. - L'Action Catholique dans nos écoles, 644. - Visite aux Provinces d'Espagne, 651. -   Faveurs attribuées au Bienheureux Fondateur, 664. -  Fête de notre Bienheureux Père Fondateur, 671. - Cause du Vénéré Frère François, 672. - Fête de saint Pierre-Louis-Marie Chanel, 675. - Union avec notre Congrégation des Frères de saint Pierre Claver, du Nigeria, 675. - Lettre de la Secrétairerie d'État, 678. - Élections de Frères Provinciaux, 679. - Liste des défunts, 681.

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V. J. M. J.

 Saint-Genis-Laval, le 8 décembre 1956

 Fête de l'Immaculée Conception.

             MES BIEN CHERS FRÈRES,

 L'année qui va finir a été, comme toutes celles qui l'ont précédée, mêlée de peines et de joies, mais, dans l'ensemble, nous pouvons dire qu'elle a été, comme 1955, une année de consolation et de sainte allégresse.

Après les cloches de Rome ce sont celles de nos chapelles et celles des plus humbles, comme des plus riches paroisses où nous avons des écoles, qui ont appelé les fidèles à se joindre aux fils spirituels du Bienheureux Fondateur pour rendre gloire à Dieu qui a daigné l'exalter.

Si les fêtes de la Béatification furent à Rome exaltantes, incomparables, celles des Triduums ont eu également, dans toutes les Provinces, un grand éclat, avec cette particularité que, si aux premières, ne put assister qu'un nombre limité de Frères, les secondes permirent à tous et à chacun de donner libre cours à l'enthousiasme et à l'amour filial. A mesure que nous parvenaient programmes, comptes-rendus, panégyriques, photographies, compositions musicales et littéraires, etc. … , s'affirmait en nous la conviction, que vous reconnaissez tous que nous sommes les fils d'un saint, et que vous éprouvez une légitime fierté d'être les continuateurs de son oeuvre.

Partout, quel empressement à s'unir à nous de la part du clergé, des autorités, de nos élèves et de leurs parents ! Combien d'évêques et même de Cardinaux ont, par leur présence, et souvent par leur parole, ajouté de l'éclat à nos cérémonies !

Avec quelle éloquence ont été retracés la vie, les vertus et les mérites de notre Bienheureux Père ! Et en combien de langues ces louanges n'ont-elles pas été chantées ! Les orateurs, les poètes, les musiciens ont rivalisé de bonne volonté, d'inspiration et de cœur. Vraiment, nous pouvons dire du Bienheureux Marcellin ce que l'Église proclame dans sa liturgie : « Votre louange ne cessera plus dans la bouche des hommes. »

Les âmes consacrées à Dieu ont pu admirer ce héros, hier presque inconnu, leur livrant le secret de sa sainteté personnelle et de la fécondité de son apostolat dans sa devise : « Tout à Jésus par Marie, tout à Marie pour Jésus » ainsi que dans le Nisi Dominus par lequel il exprimait les humbles sentiments qu'il avait de lui-même et sa confiance absolue en Dieu.

Les fidèles ont eu comme une révélation de ce que peut la faiblesse quand elle s'appuie sur Dieu et comment, d'un humble foyer peut surgir un homme supérieur, un saint, lorsque la première éducation est foncièrement chrétienne.

De même, nos élèves, en célébrant le nom et la mémoire du Bienheureux Père, ont-ils sans doute mieux compris combien grand est pour eux le bienfait d'avoir, grâce à lui, des maîtres religieux qui leur montrent la voie de la vertu et du salut.

Et pour nous, quelle leçon se dégage de la façon admirable dont le bon Dieu a pris soin de la gloire de cet humble prêtre qui, toute sa vie, n'a cherché qu'à être oublié et redisant fréquemment que c'est Dieu et la Sainte Vierge qui ont tout fait dans notre Institut.

Tant de grâces accordées à la Congrégation en général et à chacun de ses membres en particulier, doivent produire des fruits durables de sainteté personnelle et de zèle apostolique. Il faut que, si l'année Champagnat a fini officiellement le 6 juin dernier, l'intention proposée pour la sanctifier survive à la brièveté des jours. Dans ce but, nous nous appliquerons à croître de plus en plus dans l'esprit de notre Fondateur et dans l'imitation de ses vertus de manière qu'on puisse dire de nous en toute vérité : tel père, tels fils.

Je ne crois pas pouvoir vous exprimer de meilleur souhait que celui-là pour 1957, en y ajoutant les vœux habituels de santé, de bonheur ainsi que de succès dans l'emploi.

Soyons bien persuadés que Dieu nous bénira dans la mesure où nous conserverons l'esprit dé notre Fondateur comme, à travers les siècles, il a béni l'Église dans la mesure où les Apôtres et leurs successeurs ont conservé et transmis fidèlement le message que le Christ leur avait confié. Rameaux secs et dépourvus de sève ont été dans l'Église ceux qui se sont privés du courant vital qui venait de Notre-Seigneur ; rameaux étiolés, de même, les familles religieuses, les Provinces et les communautés qui n'adhèrent plus suffisamment au Fondateur et à son programme de vie spirituelle et d'action.

Grâce à une parfaite collaboration de la part des Frères et à une généreuse contribution des élèves du monde entier, les restes mortels du Bienheureux Père sont gardés dans un beau reliquaire, dans une chapelle très bien conçue. Avec un même ensemble, élevons à notre Fondateur un monument qui lui sera bien plus agréable en faisant revivre les temps du vénéré Frère François et de tous les saints religieux qui, comme lui, s'étaient proposé d'être les portraits vivants du Bienheureux Père.

Nous assurerons ainsi à la Congrégation une ère de prospérité croissante et, à chacun de nous, la paix et le bonheur qui sont le partage du religieux fervent.

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*     *

 Dans les diverses circulaires que je vous ai adressées jusqu'ici, mes bien chers Frères, je vous ai engagés à être fidèles à telle ou telle de nos obligations. Dans le même but je crois bon, utilisant des notes et des faits d'expérience, de vous entretenir aujourd'hui d'un sujet qui mérite de retenir toute notre attention : la charité envers les élèves.

Un tel sujet entre bien dans les vues du Bienheureux Fondateur qui nous a si souvent recommandé cette charité comme élément indispensable de succès dans l'éducation. Puisse-t-il bénir ces considérations dont l'objet est de nous rendre, comme lui, de fidèles imitateurs du divin Maître dans son tendre amour pour l'enfance. 

 Charité envers les élèves.

 C'est une vérité universellement admise, en matière d'éducation, que rien de solide ni de durable ne saurait être fait sans une étroite collaboration entre le maître et l'élève. De part et d'autre, surtout chez le maître, il doit exister une affection sincère et constante.

On demandait un jour à saint Jean Bosco le secret de son ascendant extraordinaire sur les enfants et les jeunes gens. Le saint se contenta de répondre : « Ma pédagogie est fille de l'amour. » Et il ajoutait, s'adressant à ses collaborateurs : « Il faut que non seulement vos élèves soient aimés de vous, mais qu'ils se sentent aimés. Et comment le sentiront-ils ? Écoutez votre cœur, il vous répondra. »

Notre Bienheureux Fondateur ne parlait pas autrement : « Pour bien élever les enfants, disait-il, il faut les aimer, et les aimer tous également. »

Mais de quel amour s'agit-il ici ? Ce n'est pas un sentiment naturel fondé sur les qualités extérieures ou les dons de l'esprit de nos élèves, ni même cette sollicitude des parents envers leurs enfants, inspirée par un grand amour, certes, mais où interviennent avec plus ou moins d'intensité des motifs d'ordre sensible. Notre Règle nous dit clairement : « Les Frères aimeront chrétiennement tous leurs enfants (art. 326), d'un amour saint et qui n'ait que Dieu pour objet » (art. 151), « ne voyant en eux que les membres de Jésus-Christ et des âmes rachetées au prix de son sang » (art. 329). Donc, amour spirituel, à base d'esprit de foi et de dévouement, c'est-à-dire, selon le mot du Bienheureux Père Champagnat, « avec des intentions surnaturelles : la gloire de Dieu, le bien de la religion et le salut éternel des élèves ».

Ce n'est que lorsqu'on aime d'un amour surnaturel qu'on possède l'amour de charité et c'est seulement sur ce plan surnaturel que l'on peut employer l'un pour l'autre ces deux termes amour et charité, comme nous le faisons dans les considérations suivantes.

Par une disposition providentielle, ceux qui, parmi les hommes, exercent l'autorité : parents, maîtres ou autres, doivent s'appliquer à servir leurs subordonnés et à leur faire du bien… C'est Notre-Seigneur qui a donné ce sens et cette mission à l'autorité et qui nous en instruit par son exemple : « Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi mais pour servir et il a tellement aimé les hommes qu'Il a donné sa vie pour eux. »

Non seulement Il a été Seigneur et Maître mais, de plus, Bon Pasteur, allant avec la plus tendre sollicitude à la recherche des brebis égarées. Revêtons-nous de la charité du Christ à l'égard de nos élèves et voyons en chacun d'eux l'image de Dieu ; sans oublier que, généralement, chez les enfants, cette image est plus ressemblante que chez les adultes, parce qu'ils ont moins commis de fautes et moins abusé de la grâce.

En outre, ces enfants ont non seulement la beauté de l'innocence, mais ils sont, de plus, l'espoir de l'Église et de la société qui espèrent voir surgir de leurs rangs des héros, des apôtres, des saints. Si nous sommes animés de tels sentiments, notre amour pour nos élèves sera surnaturel de telle façon que, sans rien négliger de ce qui est pour leur bien, nous nous préoccuperons avant tout de leur avenir éternel et notre apostolat nous apparaîtra, non comme un métier quelconque, comme une corvée, mais comme un véritable exercice de zèle très agréable à Dieu.

En effet, notre premier devoir vis-à-vis de nos. élèves est de les édifier, de prier pour eux, de les instruire à fond des vérités de la religion et de leur donner une solide éducation chrétienne. C'est là, la charité par excellence que nous devons pratiquer à leur égard, selon la consigne que notre Bienheureux Père donnait à ses Frères dans une lettre-circulaire datée du 19 janvier 1836 : « Nous désirons et nous souhaitons qu'à l'exemple de Jésus, notre Divin Modèle, vous ayez une tendre affection pour les enfants. Rompez-leur avec un saint zèle le pain spirituel de la Religion. Faites tous vos efforts pour les former à la piété, et pour graver profondément dans leurs jeunes cœurs des sentiments de religion qui ne s'effacent jamais » (Recueil des Circulaires vol. I, pp. 7-8.)

Nous bornant, mes bien chers Frères, à rappeler cet aspect fondamental de notre mission d'éducateurs de la jeunesse, nous voulons surtout faire aujourd'hui quelques considérations pratiques sur la charité qui doit animer nos rapports avec ceux dont l'éducation nous est confiée.

Combien facilement nous négligeons ce devoir de charité envers les élèves ! Lorsque nous nous oublions sur ce point envers les Supérieurs et les Confrères, nous finissons généralement par reconnaître nos torts ; mais il n'en est pas toujours de même quand il s'agit des élèves. C'est peut-être parce que les Supérieurs et les Confrères nous font palper, au besoin, ces sortes de fautes, tandis que les élèves n'ont souvent d'autre ressource que de se taire. C'est aussi, sans doute, parce que les livres parlent trop peu de cette sorte de charité. 

Notre charité doit s'étendre à tous les élèves.

 Y a-t-il une vraie charité chez le maître qui témoigne des préférences, qui, pour certains, exagère les qualités et pour d'autres les défauts ? qui a égard aux prévenances et même à ]'adulation dont il est l'objet pour classer ou récompenser les élèves au lieu de le faire selon le mérite qui provient de la vertu, du savoir ou des efforts ?… Le cœur du maître doit être comme celui d'une mère qui se donne également à chacun de ses enfants. Qu'il combatte toute indifférence, froideur ou antipathie, afin de n'exclure aucun de ses disciples des soins qu'il doit à tous. Si parfois il excédait, ce devrait être en faveur des moins fortunés en qualités ou en ressources. D'ailleurs, ces élèves, quand on leur témoigne de l'intérêt, sont généralement les plus reconnaissants ; tandis que les mieux doués sont plus exposés à se montrer infatués de leur excellence et à trouver tout naturels une estime et des égards qu'ils croient leur être dus. Nous aurons, dans la suite, l'occasion de revenir sur ce point.

Il faut bien admettre cependant qu'il y a des élèves qui mettent à une rude épreuve la charité du maître ; mais, même dans ces cas, il doit éviter avec soin d'exagérer leurs défauts pour ne pas s'exposer à porter atteinte à son enthousiasme et à. sa charité. Qu'il s'applique par charité à attribuer à l'irréflexion, plutôt qu'à la malice des enfants, la plupart de leurs fautes.

On entend des Frères répéter : « Tel élève est insupportable, tel autre paresseux ; celui-ci est indocile, cet autre effronté ; il n'y a que quatre ou cinq bons élèves dans la classe… ceux de l'année dernière étaient bien mieux… ; la plupart devraient répéter le cours, etc. … etc. … ». Dans ces propos et autres semblables l'exagération saute aux yeux et, en les entendant, on est porté à plaindre, non le professeur, mais les élèves. Il est, en effet, à craindre qu'un tel maître n'en arrive à se persuader qu'il dit juste et, dès lors, ne traite plus ses élèves avec la charité voulue.

Les élèves qui mettent le plus à l'épreuve la charité du maître sont les arriérés ou lents à apprendre, les turbulents et les orgueilleux.

Les arriérés ou lents à apprendre. Plus un élève est en retard, plus il est dépourvu de moyens et plus aussi on le rend malheureux si on ne le traite pas avec charité. Le reprendre d'une façon excessive, en faire l'objet des moqueries des autres, finit par l'irriter et l'aigrir… Un mauvais professeur a vite fait de le convaincre qu'il est condamné à rester à tout jamais dans l'ignorance, car il ne se fait pas faute de le lui répéter. Ce pauvre enfant en vient ainsi à croire que ses efforts sont vains et souvent se décourage.

Le véritable éducateur, au contraire, minimise pour un tel élève l'idée de difficulté ; il lui inspire confiance en lui-même ; il le persuade qu'il est capable d'apprendre et de se corriger, que le succès est assuré s'il fait son possible. De plus, la charité lui suggère des industries pour se mettre à la portée de tous et leur rendre l'étude facile et agréable. Imitons un tel maître, n'éteignons pas la mèche qui fume encore.

Etre patient envers les élèves arriérés est le meilleur moyen de réveiller leur intelligence. Notre Bienheureux Fondateur eut besoin de maîtres patients et charitables pour vaincre les difficultés qu'il rencontra, surtout au commencement de ses études cléricales… Gladstone était le pire élève de sa classe en mathématiques et cependant il dut faire de grands progrès puisque, plus tard, étant ministre, il fut à même de parler de chiffres et de nombres pendant des heures entières à la Chambre des Communes… Newton était l'avant-dernier de sa classe quand il commença ses études, mais, grâce à sa constance, il conquit la première place… Nous verrons parfois réussir, d'une façon semblable, bien des élèves que nous croyions, tout d'abord, dépourvus d'intelligence.

Qu'aurait bien pu obtenir de ses Apôtres Notre-Seigneur s'Il ne les avait instruits avec charité ? Combien de fois n'eut-Il pas à leur expliquer les mêmes choses ? Ils ne comprirent guère la parabole de l'ivraie, moins encore ce qu'était le levain des pharisiens contre lequel Il les mettait en garde, etc. … Et cependant, y a-t-il eu meilleur maître que Notre-Seigneur ? Quant à nous, n'est-il pas vrai que trop souvent nous ne sommes pas compris parce que nous ne savons pas nous mettre à la portée dès élèves, ou parce que nous n'avons pas assez préparé les explications ? Et nous trouvons plus commode de nous en prendre au manque d'intelligence de nos auditeurs plutôt qu'à notre négligence et à notre incapacité.

Autres élèves qui mettent à l'épreuve notre charité : les turbulents.  Leur conduite n'est pas mauvaise, mais ils ont besoin de remuer, de poser des questions, d'exprimer leur opinion sans qu'on la leur demande ; ce que l'on doit attribuer plutôt à leur tempérament impulsif qu'à de la mauvaise volonté. On les avertit, ils se surveillent un moment, mais voilà que, sans même y prendre garde, ils rechutent. Pour leur nature ardente, l'immobilité est un supplice. La charité est indispensable pour former de tels élèves, il ne faut pas vouloir tout corriger en un moment ; il faut savoir passer, sans les relever, bien des petits manquements qui ne tirent pas à conséquence et pour lesquels il n'y a pas de meilleur remède que le temps et l'âge.

Si le maître ne cherche que sa tranquillité, il a naturellement intérêt à n'avoir que des élèves bien sages et pacifiques ; mais s'il a pleine conscience de sa mission qui est de préparer des hommes, il doit favoriser la manifestation des caractères, au lieu de les paralyser, même si cela lui donne un surcroît de travail et d'effort.

Si les élèves remuants, à cause de leur vivacité naturelle, sont inscrits aux listes noires, si on les punit plus qu'il ne faut, si on les prive trop facilement des récréations dont ils ont plus besoin que les autres pour détendre leurs nerfs, il est à craindre qu'au lieu de les corriger on ne leur déforme la conscience au sujet de la culpabilité de leur conduite, qu'on leur ôte toute idée de dignité personnelle, qu'on les rende stupides. Ce sont souvent des natures riches, que leur activité destine, peut-être, à jouer un rôle de premier plan dans le milieu où ils seront placés ; quel dommage si, n'étant pas compris, leur formation était manquée !

Nous avons dit également que les élèves orgueilleux, hautains sont difficiles à conduire, car parfois ils ne veulent pas reconnaître leurs torts, n'acceptent pas les avis et les réprimandes, se mettent facilement en colère et en arrivent même aux insultes quand la passion les aveugle. Le maître qui, dans ces circonstances, ne saurait pas rester calme, élèverait la voix plus qu'il ne faut et emploierait des termes offensants, n'obtiendrait aucun bon résultat, car il ferait croire qu'il en veut au coupable et non à sa faute, qu'il prétend se venger et non corriger. Il est plus commode de s'irriter que de se posséder, mais quel bon résultat peut-on attendre des cris et des menaces ? Alors qu'on ferait taire le coupable, il est fort douteux qu'on lui fasse du bien. Auparavant le mal, malgré ses excès, n'était qu'à la surface, maintenant il est bien possible que, malgré le silence de l'élève, il n'ait fait que se replier dans son cœur et le tienne fermé à toute influence bienfaisante.

Si le professeur, animé d'une vraie charité, eût dominé son humeur, s'il eût attendu que le délinquant se fût calmé, celui-ci aurait fini, sans doute, par reconnaître sa faute et aurait accepté la sanction méritée.

Pensons au mal qu'un maître à tête chaude aurait causé à l'infortuné Thomas durant la semaine d'incrédulité, s'il eût voulu obtenir immédiatement un aveu ; il en aurait peut-être fait un Judas. Le bon Maître ne presse rien et Il obtient tout ; imitons-le. Soyons comme Lui, de Bons Pasteurs. 

Ennemis de la charité

 Ces ennemis sont nombreux. Bornons-nous à parler de trois principaux : un amour trop naturel, une sévérité excessive et le manque de discrétion.

Aimer les élèves d'une façon trop naturelle, pour des motifs humains, fait qu'un sentiment, en soi noble et élevé, devient dangereux, non seulement pour celui qui l'éprouve et ceux qui en sont l'objet, mais encore porte préjudice à toute la classe.

Les qualités des enfants, surtout leur air ingénu, leur physionomie, la situation de leur famille, la confiance que l'on arrive souvent à leur inspirer, provoquent, chez certains maîtres, un sentiment de tendresse qui tend à se manifester par une sollicitude exagérée.

Si l'élève qui a éveillé ces sentiments est absent, on s'en afflige, on s'en préoccupe, même aux heures de plus grand recueillement, et l'on s'enquiert du motif de cette absence avec une hâte peu commune. S'il est présent, on s'intéresse à lui plus qu'aux autres élèves. On aime sa compagnie, sa conversation. Cette affection, désordonnée donne lieu aisément à une indulgence excessive qui suscite la jalousie des autres et favorise l'indiscipline de la classe ainsi que les passions de celui qui en est l'objet. Celui-ci ne comprendra que plus tard le mal que lui fait un tel maître et il le jugera sévèrement, se plaignant peut-être comme ce prince qui, attribuant ses mécomptes aux précepteurs qui avaient toléré ses caprices, s'écriait : « N'y avait-il pas des verges dans mon royaume ? »

Le maître doit être père, sachant allier la dignité et la bonté, afin que celle-ci ne dégénère pas en faiblesse. Notre Bienheureux Fondateur n'aimait pas les Frères bourreaux, mais il n'aimait pas davantage ceux qui flattent bassement les enfants. Ceux-ci ne sont pas des jouets dont on puisse s'amuser sans compromettre leur avenir ; c'est pourquoi saint Antonin donnait ce sage conseil : « Traitez l'enfant de sept ans comme l'homme de vingt-cinq. »

Le maître qui ne combat pas ses préférences est souvent injuste. De quelle patience ne fait-il pas preuve à l'égard des uns en leur faisant réciter les leçons et en les reprenant, lui, qui pour d'autres, a tant de peine à dominer sa nervosité ! Quels motifs, tous bien fondés, n'invoque-t-il pas pour améliorer leurs notes ou leurs places et Ieur octroyer les récompenses ! Comme il est avenant et abordable pour eux ! Ils n'ont pas à insister pour obtenir des permissions refusées à d'autres dans les mêmes conditions. Il leur réserve certaines attributions honorables et tranche aisément, en leur faveur, les petits conflits qui opposent parfois les élèves.

Les confrères eux-mêmes ne tardent pas à remarquer que certains noms viennent trop souvent en conversation, prononcés avec une sympathie difficile à dissimuler. D'autre part, il est aisé de comprendre que les autres élèves, qui peut-être souffrent déjà d'être moins favorisés quant au talent, à la fortune et aux grâces extérieures, voient de la sorte leur condition empirer.

Une autre atteinte, peut-être la plus grave, portée à la charité, par les privautés, c'est qu'elles font obstacle à l'apostolat, à l'action de la grâce, à la formation chrétienne des élèves, en leur faisant perdre toute confiance dans leur maître. En effet, les enfants et jeunes gens, très perspicaces pour découvrir ces préférences, sont portés à les interpréter défavorablement et en arrivent souvent à douter de la vertu du maître qui se les permet.

Il y a, d'ailleurs, des élèves qui, par orgueil, se vantent de l'affection particulière qu'on leur porte. D'autres, dans un moment de dépit, font connaître les témoignages personnels d'affection que leur a donnés leur professeur. Il en est, enfin, qui pour éviter l'hostilité de leurs compagnons, rejettent sur le maître toute la faute des égards exagérés qu'il a pour eux et, dans la pratique, le traitent, comme on en arrive, tôt ou tard, à traiter tout adulateur : ils se montrent à son égard de plus en plus exigeants et mécontents. Quelle formation peut-on attendre d'un tel état de choses !

La charité sera bien mieux assurée par les Frères qui s'appliqueront à suivre les très sages conseils de nos règles à ce sujet. « Ils éviteront, disent-elles, avec le plus grand soin, de s'attacher aux élèves d'une manière trop humaine, ils n'auront aucune familiarité avec eux, et bien qu'ils donnent à tous un libre accès auprès d'eux, ils les tiendront toujours dans les bornes du respect et de la réserve qui conviennent à des élèves à l'égard de leurs maîtres. » « Ils auront pour tous les élèves la même affection, les mêmes attentions et les mêmes soins. Libres de tout préjugé et de toute vue humaine, ils n'auront aucun égard à la fortune et aux dons de la nature, tels que les talents, les qualités extérieures, etc. …, et ils ne verront dans tous les enfants que des membres de Jésus-Christ et des âmes rachetées au prix de son sang. » (Art. 328, 329)

Une sévérité excessive n'est pas moins opposée à la charité que les privautés. – C'est être trop sévère que d'avoir toujours l'aspect d'un juge au lieu d'un air bon, gai et grave tout ensemble, comme le veut la Règle. Il faut s'habituer à n'être professeur qu'en classe ; en dehors de celle-ci, tout en étant digne, il faut savoir se montrer père, frère, ami des élèves.

C'est être trop sévère que d'exiger d'une façon absolue la lettre du règlement alors que quelque concession serait nécessaire ; disons-en autant du fait de s'opposer systématiquement à ce qui intéresse les élèves ou peut leur faire plaisir. On en arrive de la sorte à créer en classe une atmosphère de prison qui déforme les enfants, lesquels, pour se soustraire à une telle rigueur, tombent aisément dans les vices des peuples opprimés : la fourberie, l'hypocrisie, la rancune et l'adulation.

C'est être trop sévère que de ne rien trouver de son goût dans les leçons, les devoirs, et la conduite des élèves, quand la règle dit de se montrer facilement satisfait, ce qui est, d'ailleurs, le fait d'une grande habileté, car on donne ainsi un surcroît de courage aux élèves et l'on obtient d'eux de grands efforts. Un mot d'approbation, bien accentué, une bonne note, sont beaucoup plus efficaces pour la généralité des élèves que les reproches et les punitions passés en habitude.

Les adultes eux-mêmes acceptent volontiers les sacrifices quand on les encourage. Ainsi, lorsqu'il fallut faire l'assaut de Malakoff, en Crimée, le général en chef dit à ses soldats, : «Soldats, on vous confie une grande tâche parce que vous en êtes dignes. » Il les envoyait à la mort ; ils y allèrent mais il en resta assez pour emporter la position.

Il y a une sévérité excessive chez le maître qui reproche aux élèves ce qui ne peut se corriger, par exemple le peu d'intelligence, un défaut physique, etc. … en est de même, s'il se permet des allusions défavorables à la famille, s'il est moqueur, s'il emploie des expressions blessantes ou méprisantes… De telles expressions sont souvent plus pénibles aux élèves que les coups, et ils les pardonnent plus difficilement.

D'ailleurs, aussi bien dans les insultes que dans les coups, il y a une certaine lâcheté de la part du maître qui sait que l'élève ne peut se défendre contre de tels abus d'autorité. Rappelons ce que dit la Règle à ce sujet et mettons-le en pratique.

« Ils seront toujours polis avec les enfants, et se garderont bien de leur donner des sobriquets, de se servir en leur parlant ou en les reprenant de termes durs et offensants, comme aussi de les humilier, de les mortifier, de leur faire de la peine sans raison. » (Art. 330) « Jamais de pénitences afflictives, disait saint Jean Bosco, jamais de paroles humiliantes, ni de reproches en présence des autres. Que dans nos classes résonnent les paroles empreintes de douceur, de charité, de patience. »

Si un élève frappé ou insulté a, pour son maître, des termes grossiers, le Supérieur auquel on en réfère est tenu de sévir pour laisser sauf le principe d'autorité, mais en pareil cas, le maître n'est-il pas le plus coupable ?

On objectera, peut-être : De peur de manquer de charité, faudra-t-il s'abstenir de punir ? Nullement, ce serait une grave erreur que de vouloir supprimer les punitions en éducation pour faire uniquement appel à la raison et à la conscience des enfants et jeunes gens. Si, comme le conseille la pédagogie moderne, nous savons éveiller l'intérêt des enfants, nul doute qu'ils n'acceptent avec bonne volonté, et même enthousiasme, bien des efforts pour l'acquisition du savoir et de la vertu. Mais il est impossible, malgré tout, qu'il n'y ait pas des élèves qui restent passifs en face du devoir et il faudra bien les contraindre à le remplir. D'ailleurs, dans ce cas, c'est la charité elle-même qui nous commande de recourir aux sanctions, sous peine de compromettre l'avenir de tels enfants, victimes de leur paresse ou de leurs caprices… Ceux qui, par principe, proclament qu'ils ne veulent pas punir, sont des naïfs ou tiennent trop à leur tranquillité. D'ordinaire, ils se rattrapent en distillant l'ironie blessante, les reproches humiliants dont nous avons déjà parlé. Ce n'est pas là faire œuvre d'éducateur.

Puisqu'il nous faut, malgré tout, punir, que ce soit avec charité. Assurons-nous, d'abord, de la réalité et de la gravité de la faute, pour ne pas nous exposer à infliger une punition imméritée ou exagérée. C'est précisément en punissant qu'il faut témoigner de l'affection et il serait indigne d'un religieux de vouloir se faire craindre par des punitions excessives. Il en est qui, à force de sévir, trouvent bientôt insuffisante l'échelle des notes et des sanctions établie. C'est la sévérité que prônait Dracon, mais elle ne convient pas à un éducateur, car un tel système de gouvernement n'est propre qu'aux peuples qui n'ont pas de codes et dont les chefs sont des tyrans, ne connaissant d'autre loi que leur caprice.

C'est en particulier dans les cas, d'ailleurs rares, où deviendrait inévitable l'exclusion d'un élève, qu'il faudrait se montrer plein de charité, s'appliquant à éviter tout ressentiment des familles, et à ne pas rendre impossible l'admission du coupable dans une autre école où il pourra s'amender.

Celui qui punit avec charité sait pardonner à l'élève qui témoigne du repentir ; il se réjouit de ses bonnes dispositions ; il lui promet d'oublier sa faute et parfois même lève la punition ou la réduit, s'il peut le faire sans crainte qu'on abuse de sa bonté. En certains cas exceptionnels, il convient de faire des avances de pardon. Il y a, en effet, des enfants timides qui feraient des excuses, mais l'aspect sévère, irrité du maître leur fait craindre d'être mal reçus. C'est alors leur faire un grand bien, si les circonstances le permettent, que de leur accorder le pardon avant qu'ils le demandent.

Peut-être, dira-t-on, il en est qui multiplient les promesses, mais ne les tiennent pas. C'est fort possible ; aussi, n'est-ce pas d'une façon habituelle qu'il faut lever les sanctions. Combien de fois, nous-mêmes, ne formons-nous pas de très fermes propos d'amendement qui restent sans effet ? Et malgré nos rechutes réitérées nous trouvons toujours Notre-Seigneur disposé à nous faire grâce. « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés », disons-nous ; la mesure de ce pardon ne serait pas bien grande parfois si nous n'avions à faire à Celui dont la, miséricorde et la charité sont infinies.

Celui qui punit avec charité ne garde pas rancune : il ne s'obstine pas à voir dans les fautes des élèves des offenses personnelles et renonce absolument à toute idée de vengeance. Il évite tout zèle déplacé qui voudrait surprendre en faute le coupable qui a fait réparation. « Je pardonne, mais je n'oublie pas », disait un professeur. La belle façon de pardonner ! Quand la charité est sincère, on ne pardonne pas à demi et l'on évite de rappeler, sans nécessité, les fautes passées. Le maître doit pouvoir dire au coupable en toute sincérité, ce que saint Bernard disait à son neveu Robert : « Si tu as changé de conduite, tu me trouveras également changé de la mauvaise opinion que j'avais de toi ; non seulement je te pardonnerai, mais j'aurai pour toi la même estime qu'auparavant. »

N'y a-t-il pas des maîtres qui ne pardonnent qu'à demi ? Les élèves n'ont pas toujours raison quand ils disent que le maître leur en veut, mais il est des professeurs qui leur fournissent parfois des motifs pour le dire avec fondement.

C'est être trop sévère et manquer de charité que d'être soupçonneux, de voir des fautes dans les moindres gestes ; de croire facilement les enfants capables du pire ; d'être jaloux de son autorité au point de n'admettre aucune réclamation. Reportons-nous à notre enfance et à notre jeunesse et demandons-nous comment nous aurions interprété une telle façon de juger et d'agir qui ne tient pas compte de la légèreté des enfants et surtout de ce principe fondamental en éducation : « Il faut supposer bon celui qu'on veut rendre tel. »

Ne disons pas que la sévérité fait les hommes de caractère et que l'indulgence porte à la mollesse. La charité indulgente qui nous occupe, ne renonce pas à corriger, mais elle maintient dans les bornes voulues l'autorité qui, livrée à elle-même, risquerait d'écraser au lieu d'éduquer. Elle substitue à la contention et à la réserve excessive des élèves, un esprit vraiment filial d'où seule est bannie la crainte servile et nullement la crainte salutaire.

D'autre part, n'est-ce pas un fait d'expérience qu'à l'armée, à l'usine et même dans les prisons, l'autorité tend sans cesse à devenir plus humaine ? que l'on a, de moins en moins, recours à la rigueur et à la violence ? L'être le plus faible, l'enfant, serait-il le seul à être traité sans ménagement ? C'est surtout envers lui qu'il faut imiter le Père céleste qui répand ses bienfaits sur tous les hommes, même sur les plus indignes de les recevoir.

Chose étrange ! Il faut longtemps pour comprendre que les enfants sont des enfants et que les adolescents n'ont pas encore atteint leur pleine maturité, mais quand on l'a bien compris, on est davantage porté à l'indulgence à leur égard. On re renonce pas à les corriger, mais c'est avec plus de calme et de patience et avec moins d'illusions sur ce que l'on peut leur demander et en obtenir…

Si les deux défauts déjà signalés : les préférences et l'excès de sévérité, portent atteinte à la charité envers les élèves, ils ne donnent généralement pas lieu à des fautes aussi graves dans leurs conséquences que le manque de discrétion qui publie ou fait connaître, sans besoin, certaines fautes des élèves.

Le premier devoir de celui qui a connaissance d'un manquement grave est de corriger le coupable et, si la chose n'est pas de son ressort, il doit en prévenir qui de droit, mais non pas en parler à tout venant. Un manque de discrétion de cette nature, constitue une médisance dont la gravité est proportionnée à celle de la faute divulguée. Et, ne disons pas : « C'est un élève pervers qui ne mérite pas de considération », car ce sont précisément les plus pauvres qui ont le plus besoin qu'on respecte le peu qu'ils ont. Tout pécheur, tant qu'ils n'est pas pécheur public, a droit à ce que l'on respecte sa réputation à plus forte raison devons-nous reconnaître ce droit à l'élève dont on peut espérer l'amendement : il n'est pas nécessairement pervers parce qu'il a commis une faute. Peut-être y a-t-il gravité matérielle dans l'acte incriminé, sans qu'il y ait, devant Dieu, entière responsabilité.

Si l'indiscret n'avait fait connaître la faute qu'au Frère Directeur, celui-ci aurait étudié le cas et il aurait pu le faire avec d'autant plus de liberté que l'on aurait agi avec plus de réserve ; mais la faute étant connue, l'intervention du Frère Directeur devient chose fort délicate. Chacun fait ses commentaires, plus ou moins fondés, ou même dicte déjà la sentence, tâchant, peut-être, de la faire prévaloir parmi les confrères, au lieu d'attendre que le Frère Directeur donne la sienne que tous devraient ensuite accepter.

En agissant d'une façon discrète, on aurait peut-être évité un renvoi, sanction qui, maintenant s'impose. Et si l'on n'en arrive pas à cette mesure extrême, il est fort possible qu'il se soit créé, autour du coupable, une atmosphère tellement défavorable que son séjour à l'école soit rendu impossible. Celui qui aura donné lieu à cet état de choses par son indiscrétion, pourra-t-il être tranquille ?

Qui sait si l'élève dont il s'agit ne traverse pas quelqu'une de ces crises propres de son âge où le bien et le mal se disputent son âme ! Un peu de bonté lui eût redonné courage et lui aurait permis de traverser la crise sans trop de mal ; mais voilà qu'une lamentable indiscrétion rend impossible l'indulgence. Quel souvenir pourra bien garder cet élève du maître qui ne sut pas lui tendre la main opportunément ? Ne le tiendra-t-il pas pour injuste, pour cruel ? Ne concevra-t-il pas pour lui une rancune qu'il sera porté à étendre à l'école, à la communauté qui la dirige et à la religion elle-même ?

Et si, chose bien possible, ce jeune homme se perd parce qu'on lui a fermé la porte d'une école catholique, le maître qui aura contribué à ce malheur n'a-t-il pas encouru une très grave responsabilité ? Jusqu'ici nous avons supposé qu'il s'agissait d'une faute avérée dont, malgré la gravité, on aurait pu, si l'on avait été discret, réduire les conséquences, mais il n'est pas chimérique de dire qu'il est des cas où l'on attribue à tort une faute aux élèves. Il y a eu une accusation fausse, une interprétation erronée ; sera-t-il facile, quand on découvrira l'erreur, de réparer le mal produit par l'indiscrétion ?

Évitons, non seulement d'être indiscrets en des choses graves, mais abstenons-nous même de faire connaître les petites fautes habituelles des élèves pour ne pas donner une mauvaise opinion d'eux aux autres maîtres. On est trop porté, en général, à parler des élèves soit en bien soit en mal, en récréation, à table, etc. … certains trouvent tout naturel d'en parler longuement : il faut s'abstenir complètement d'en dire du mal sans une nécessité absolue et il faut être très sobre pour en dire du bien, de peur de céder à des sentiments trop personnels et à des préférences qui impliquent une injustice à l'égard des autres élèves.

Dans l'acte de charité nous disons que nous aimons Dieu plus que tout et notre prochain comme nous-mêmes. Ne manquons pas de voir dans nos élèves notre prochain, nos frères dans la foi. Pour' savoir si réellement nous les aimons comme nous-mêmes, demandons-nous si nous voudrions toujours être traités comme nous les traitons.

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 L'action Catholique dans nos écoles.

 A propos de l'article 230 de nos Règles.

 Nos Règles s'expriment ainsi : « Un religieux éducateur doit attacher la plus grande importance aux directives pontificales concernant l'Action Catholique. Les Frères en étudieront avec soin l'esprit, l'organisation, les méthodes et le fonctionnement pour les appliquer, dès les classes élémentaires, à leur enseignement catéchistique et former leurs élèves à ce genre d'apostolat. »

Il est évident qu'un effort a été fait dans ce sens ; pourtant un rappel semble s'imposer afin d'éviter tout fléchissement. Avec le temps, les choses les plus importantes peuvent perdre de l'intérêt à nos yeux et nous sommes portés à nous laisser ronger par la routine ou' bien à courir après des nouveautés. Ainsi donc, que chacun d'entre nous, du premier au dernier, fasse un examen sérieux sur ce point de nos Règles ; certains seront portés à éviter cette question sous prétexte qu'ils ne sont pas directement chargés d'un mouvement d'Action Catholique ; précisément une réaction est nécessaire contre une telle mentalité laquelle est fausse et préjudiciable.

 1° Comprenons le rôle des religieux en général.

Ce rôle est triplé :

Tout religieux, quel qu'il soit, du simple fait qu'il est religieux, sans tenir compte des œuvres auxquelles il s'adonne, doit prier, et cela chaque jour, en faveur de cet apostolat irremplaçable qu'est l'Action Catholique. Plus l'Action Catholique pourra s'appuyer sur les prières et les sacrifices des religieux, plus sera fécond l'effort des militants. Même nos Frères cloués sur un lit d'infirmerie doivent et peuvent s'intéresser à l'Action Catholique.

En plus de cela, chaque religieux doit manifester son estime de l'Action Catholique ; mais pour cela, ne faut-il pas que chacun d'entre nous soit au courant de toutes les directives pontificales et hiérarchiques touchant la question, comme de la vie des mouvements d'Action Catholique dans le monde ? A ne regarder que son secteur, forcément restreint, 'on ne peut pas avoir une estime suffisante. Cette estime suppose donc une connaissance sérieuse, c'est-à-dire un réel esprit de compréhension et un désir de collaboration. Sur un point aussi important, nous devons juger comme l'Église elle-même et faire taire notre amour-propre ou nos petits intérêts.

Enfin, tout religieux doit favoriser l'Action Catholique. Il n'est pas nécessaire, pour cela, de faire de gros efforts d'imagination. De nombreux services peuvent être rendus soit par nos Frères soit par nos maisons, à des groupements spécialisés ; qu'aucune administration diocésaine ne puisse se plaindre de nous et dire que nous avons été réticents ou peu complaisants ou trop peu serviables. Mais surtout que, non seulement en principe mais en pratique aussi, l'organisation de l'Action Catholique soit à la première place de nos préoccupations ; elle doit l'emporter sur les autres associations, et nous ne devons pas reculer devant les sacrifices que cela impose. Les membres de tout mouvement d'Action Catholique ont droit à. notre sympathie et à nos encouragements ; ils ont besoin de nos services mais aussi d'une place dans nos maisons et dans notre mentalité.

 2° Comprenons le rôle des éducateurs religieux.

L'un des principes que le Pape Pie XI voulait inculquer à tous les éducateurs est le suivant : « la formation à l'apostolat propre à l'Action Catholique est un élément essentiel de l'éducation en ces temps nouveaux ; c'est un sûr rempart de la vie chrétienne… Un sage éducateur ne peut l'oublier ». Notre rôle est donc très important et nos Règles ont raison de nous demander d'appliquer les méthodes de l'Action Catholique « dès les classes élémentaires » dans notre enseignement catéchistique. On voudrait attirer l'attention sur ce point.

Bien des méthodes d'enseignement religieux sont à l'ordre du jour ; la diversité s'est introduite dans ce domaine avec une telle exubérance que certains ont oublié la sage lenteur nécessaire à toute évolution sérieuse ; quoi qu'il en soit, nous devons tous faire un effort pour que nos élèves soient préparés et formés à l'Action Catholique dans toutes nos classes. La Règle nous le demande au nom de l'Église elle-même ; ce n'est pas là un point quel-conque de règlement, c'est un appel de l'Église parce que c'est une nécessité du monde actuel.

Pour assurer cette préparation et cette formation il nous faut donner, plus que jamais, un enseignement solide sur les principes de la vie chrétienne ; que par des leçons de catéchisme adaptées, vivantes et pratiques, on insiste sur la grâce, l'église, l'apostolat, la responsabilité chrétienne, la communion des saints, la charité etc. … Puis on donnera aux élèves tous les renseignements nécessaires afin qu'ils comprennent l'Action Catholique et s'y adonnent en pleine connaissance de cause.

Et sur ce point, il faudrait noter que cela regarde tout maître chrétien ; donc, à plus forte raison, tout religieux enseignant. On dit parfois : « L'Action Catholique regarde celui qui en est chargé » ; non, car nous en sommes tous responsables par l'enseignement donné, la mentalité créée et les convictions mises au fond des cœurs. Le responsable officiel ne peut pas grand chose s'il n'est pas soutenu par tous les éducateurs des enfants ; l'Action Catholique réussit d'autant mieux qu'elle est appuyée par la coordination des efforts. En un mot, tous nous devons regarder l'Action Catholique comme un élément essentiel de l'éducation chrétienne actuelle ; désormais, on ne prépare pas les enfants à être des catholiques de valeur sans l'Action Catholique ; à chacun donc d'en infuser les principes par un enseignement mis au point et efficace. L'Action Catholique repose sur une vie chrétienne profonde et sur un souci constant de rédemption du monde ; ayons et donnons cette conviction.

Cependant le grand moyen de former la jeunesse à l'Action Catholique est l'organisation des groupements dans nos maisons. C'est en participant aux groupements de leurs institutions respectives que nos élèves se préparent, deviennent aptes à participer aux mouvements qui les attendent à la sortie de l'école, du collège ou de l'université. Nous profiterons, par conséquent, de toutes les occasions pour organiser l'Action Catholique et pour la favoriser par tous les moyens possibles ; et nous prendrons à cœur de faire prolonger l'éducation que nous donnons par l'entrée de la majorité de nos anciens élèves dans les mouvements spécialisés d'Action Catholique. L'idéal serait non pas la majorité mais la totalité ; nous en sommes loin, aussi bien n'avons-nous pas le droit d'être satisfaits ni sans inquiétude.

A ce sujet, quelques remarques particulières sont à faire. Faisons-nous suffisamment pour préparer nos Frères à promouvoir l'Action Catholique dans nos maisons ? Il semble que certaines Provinces pourraient faire davantage. Emportés par le souci et même la passion des études, par le soin de la formation scientifique et professionnelle, il en est qui paraissent négliger un peu la formation apostolique. Il nous faut des maîtres capables et compétents ; nul n'en doute. Mais si ces maîtres n'ont pas en eux l'enthousiasme et l'esprit apostoliques, ils feront de médiocres éducateurs ! Que le souci de la culture ne fasse jamais oublier la formation à l'apostolat ; on doit sortir de nos scolasticats en se redisant sans cesse : « Malheur à moi si je n'évangélise pas. » Nos jeunes Frères doivent être, quant à l'Action Catholique, mieux informés, mieux préparés et davantage exercés. Déployons dans ce sens toutes nos ressources apostoliques. De plus, qu'aucun préjugé ne circule parmi nous à ce sujet ; et même, il serait excellent que nos revues de famille ou nos périodiques pour élèves eussent soin de parler plus souvent des problèmes concernant ce thème de l'Action Catholique.

 3° Comprenons notre rôle de Maristes.

Ces quelques lignes n'avaient pas pour but de donner des précisions sur la manière de procéder pour organiser ou préparer un groupement d'Action Catholique ; elles ne sont qu'une indication afin d'attirer l'attention de tous sur un problème de plus en plus grave. Elles sont à la fois un bref rappel à l'ordre et un appel ; à chacun de voir comment, dans la pratique et le concret, il peut y répondre. Il nous faut arriver à ce que chacun de nous connaisse, aime et favorise l'Action Catholique ; à ce que tous nous assurions dans nos maisons non pas seulement l'existence mais le développement et le rendement du mouvement organisé sous la dépendance de la hiérarchie. Il était nécessaire de redire qu'une maison d'éducation où il n'y a pas d'Action Catholique organisée et active, est une maison où la parole du Pape n'est ni écoutée ni mise en pratique ; c'est une maison où l'on méconnaît l'article 15 de nos Constitutions qui fait de notre soumission au Saint-Siège, de notre soumission à toutes les décisions de l'Église, un de nos caractères particuliers.

C'est pourquoi, nous nous rappellerons l'exemple de notre Bienheureux Fondateur prenant tous les moyens possibles pour transformer sa paroisse, pour grouper les jeunes gens, les préserver, les guider, les former peu à peu à un véritable apostolat sur leur entourage. Le Frère Jean-Baptiste nous dit de lui : « lorsqu'il s'agissait de procurer le bien ou de faire éviter le mal, il ne calculait pas ce qu'il lui en coûtait, et il donnait sans aucune peine tout ce qu'il avait » (Vie p. 79). Serions-nous les dignes fils de notre Bienheureux Père si nous ne faisions pas tout notre possible pour suivre les directives pontificales dans le domaine de l'apostolat ? Écoutons-le nous répéter : « n'épargnez rien pour former vos enfants à la vertu »… Et cette consigne évoquera à nos yeux la silhouette de la Très Sainte Vierge partant en hâte vers sa cousine et lui portant le Christ ; notre effort pour l'efficacité de l'Action Catholique est un véritable prolongement du mystère de la Visitation ; Notre-Dame ne peut que nous bénir et multiplier les bonnes vocations venues de nos écoles, si nous ne reculons devant aucun sacrifice de repos, de temps, d'idées et de goûts pour faciliter et appuyer le travail de l'Action Catholique.  

Visite aux Provinces d'Espagne

 Ces deux dernières années, j'ai eu le plaisir de présider quelques-unes des retraites de nos Frères d'Espagne. C'est ainsi qu'en 1955 j'ai consacré six semaines à celles des Provinces, de Levante et de Norte et que, cette année-ci, j'ai donné le même temps à celles de León et de Bética.

De la sorte, j'ai pu voir les Frères et avoir un entretien avec eux aux retraites de Barcelone, Mataró, Logroño, Burgos, León (deux), Villalba, Bonanza et Murcie.

J'ai pu, de même, visiter rapidement bon nombre de maisons et saluer les Frères qui ont fait leur retraite dans d'autres centres.

Il m'a été donné également de passer quelques heures dans toutes les maisons de formation si particulièrement dignes de l'intérêt de tous les Frères et surtout des Supérieurs.

Inutile de dire que l'accueil a été partout bien filial. J'en conserve le meilleur souvenir et je me fais un devoir d'en exprimer de nouveau mes sincères remerciements à tous ceux qui y ont contribué, en particulier aux Frères Provinciaux.

Je ne prétends pas raconter tout au long cette visite, en donner l'itinéraire complet, ni parler en détail de ce que j'ai vu et entendu ; je me bornerai à signaler quelques points qui me paraissent plus dignes d'intérêt et pouvant le mieux vous aider à connaître un secteur qui, après être passé par le creuset de la persécution sanglante, est devenu l'un des plus prospères de la Congrégation.

L'Espagne a réalisé de grands progrès dans l'immense travail spirituel et matériel entrepris dès le lendemain de la guerre de libération pour relever les ruines accumulées par les événements de cette période de révolution et de guerre civile. L'Église et le Gouvernement profitent de leur mieux de la paix et de la liberté si chèrement reconquises pour faire œuvre féconde. C'est un bonheur de les voir poursuivre un même idéal en donnant la primauté aux besoins des âmes.

L'Action Catholique, aussi bien que le clergé séculier et régulier, déploient une grande activité, tandis que les Séminaires, Juvénats et Noviciats se multiplient et regorgent d'élèves.

Nos Frères ne se sont pas tenus à l'écart de ce mouvement, de cette croisade pacifique faisant suite à la croisade par les armes ; il sera facile de le déduire des quelques données qui suivent.

Lorsque, en 1936, éclata la guerre civile, nous avions trois Provinces en Espagne dont une, appelée Grande Province, comptait plus de sujets que les deux autres réunies. Elles avaient atteint leur apogée en 1930 avec 92 maisons, 1.126 Frères, 552 aspirants et 25.026 élèves. Le Régime Républicain ayant rendu, dès son instauration, la vie religieuse plus difficile, il s'ensuivit bien vite une diminution sensible dans ces effectifs.

En 1936, la guerre civile et la persécution qui sévirent dans une partie du pays réduisirent à 49 les écoles qui purent fonctionner. A mesure que les troupes nationalistes chassaient l'ennemi, on s'empressa soit de rouvrir les maisons fermées, soit de faire de nouvelles fondations ; mais, à cause du nombre élevé des martyrs, des Frères morts à la guerre et de ceux qui ne surent résister à l'épreuve, il n'y avait plus, en 1940, que 790 Frères. Ce chiffre ramenait à celui de 1919 et encore faut-il remarquer que cette année-là on ne comptait que 16.308 élèves, alors qu'en 1940, pour un nombre sensiblement égal de Frères, on en comptait 24.294.

Ces 8.000 élèves de plus donnent une idée du dévouement qu'une telle disproportion exigea des Frères et expliquent pourquoi, pour faire face à la crise du personnel, ils durent engager un grand nombre de maîtres civils. Dieu merci, cette situation s'améliora rapidement et, depuis lors, l'accroissement des sujets en formation ou en exercice a été constant, de sorte qu'en janvier 1955, les quatre Provinces totalisaient : 85 maisons, 1.450 Frères 778 aspirants et 35.360 élèves. 44 écoles donnent à la fois l'enseignement primaire et secondaire ; 32 se bornent à l'enseignement primaire avec, parfois, des cours d'enseignement commercial ou professionnel. Il y a en outre 12 maisons pour la formation de nos sujets.

Aux maisons des Provinces d'Espagne il faut ajouter celles de Carrión de los Condes et de Pontós, pour les juvénistes et les novices destinés à la Province de Cuba-Amérique Centrale, et celle de Valladolid qui abrite un juvénat pour les Provinces d'Argentine, du Chili et du Pérou. Ensemble ces trois maisons comptent environ 340 aspirants.

Grâce aux facilités que donnent les Caisses d'Épargne pour des emprunts à long terme et à un taux d'intérêt très abordable, on a pu construire une dizaine d'écoles bien adaptées aux exigences modernes de la pédagogie et l'on a fait des aménagements importants à une dizaine d'autres.

Les maisons de formation n'ont pas été négligées sous ce rapport ; c'est ainsi que celles de Córdoba (Noviciat), Castilleja de la Cuesta (Scolasticat), Villalba (Juvénat), Valladolid (Juvénat) ont été construites récemment et que celles de Carrión, Pontós, Tuy et Venta de Baños ont subi d'importantes transformations.

Mais ce n'est là, somme toute, qu'un aspect secondaire des progrès réalisés. La formation religieuse et professionnelle de nos Frères a été l'objet de soins assidus et je dois déclarer, en toute vérité, que les Supérieurs qui se sont succédé à la tête des quatre Provinces ont eu de plus, en général à un haut degré, le souci constant de faire un meilleur choix des sujets depuis le recrutement jusqu'à la profession perpétuelle, obtenant ainsi une plus grande fidélité à l'observance régulière et une meilleure persévérance.

Le recrutement est encore facile en Espagne, surtout dans certaines régions où abondent les familles nombreuses et foncièrement chrétiennes.

C'est ce qui a peut-être, fait négliger pendant des années la recherche de vocations dans nos écoles. On s'en préoccupe davantage depuis quelque temps ; il est à souhaiter que ce mouvement s'intensifie, la jeunesse nombreuse et excellente qui nous est confiée permettant les plus grands espoirs. Les élèves de nos écoles qui ont embrassé notre genre de vie, et dont plusieurs sont entrés au Juvénat ou au Noviciat ayant déjà le baccalauréat, se sont généralement adaptés très vite à nos usages et règlements, et les statistiques accusent une moyenne de persévérance bien supérieure à celle du recrutement fait ailleurs.

Celui-ci n'est nullement à délaisser, mais l'autre est à intensifier par un mouvement d'ensemble au moyen de la prière, de l'exemple et de la parole. J'y convie tous nos Frères, aussi bien ceux d'Espagne que d'ailleurs. L'amour que vous avez pour l'Institut, mes bien chers Frères, pour votre vocation et pour les âmes doit vous y porter, de même que les récompenses assurées à ceux qui, non contents d'être apôtres, en suscitent d'autres qui peut-être, comme les ouvriers de l'Évangile, n'entendraient pas l'appel divin si personne ne les conviait à une vocation supérieure.

Il y a quelques années, la hiérarchie avait tendance à vouloir confier exclusivement à des prêtres désignés par elle l'enseignement religieux dans les classes secondaires. Actuellement, elle fait confiance à nos Frères à peu près partout, ce qui constitue pour eux l'obligation d'une meilleure préparation par des études religieuses plus poussées et plus méthodiques.

Il y a deux baccalauréats en Espagne : l'un, élémentaire, se conquiert après la quatrième année d'enseignement secondaire et l'autre, supérieur, après la sixième. Il faut encore, après ce dernier, une année d'études sanctionnée par un examen officiel pour être admis dans les écoles universitaires. Nos écoles jouissent, à peu près partout, d'une excellente réputation pour ce qui est des succès obtenus aux examens. Pour tout établissement reconnu par le Ministère d'Éducation. Nationale – et c'est le cas de tous les nôtres, sauf trois ou quatre de fondation récente n'ayant pas encore tous les cours -, un Frère fait, de droit, partie du jury d'examen.

La préparation professionnelle de nos jeunes Frères est très satisfaisante et s'améliore sans cesse. Le Scolasticat dure un minimum de deux ans et la plupart des jeunes Frères en sortent pourvus soit du diplôme d'instituteur, soit du baccalauréat. Une fois dans les écoles, ils poursuivent les études surtout par des cours de vacances ; mais il y a de plus actuellement une soixantaine de Frères qui suivent régulièrement les cours universitaires tandis que, en attendant que le même avantage leur soit accordé, un nombre encore plus élevé préparent en leur particulier et présentent aux examens les matières qui exigent moins l'assistance aux cours. Tous les Frères inscrits à l'Université ont joui ces dernières années d'une bourse d'études.

Les études religieuses sont bien organisées et contrôlées chaque année par un examen qui a lieu le jour de l'ouverture de la retraite. Les résultats en sont proclamés le jour de la clôture, de même que les succès obtenus dans les examens officiels.

A titre de renseignement et, au besoin, de suggestion, voici la liste de ce qui a été lu dans l'une de ces séances que j'ai présidée ; c'est, avec quelque petites variantes, ce qui se fait dans les quatre Provinces :

 1° Résultat des examens pour les Frères de vœux temporaires, sur le programme de religion étudié pendant l'étude religieuse, comme l'ordonne l'article 273 des Règles communes.

 2° Résultat des examens d'études religieuses et ascétiques distribuées sur dix ans, à raison de quatre matières par année.

 3° Appréciation de la thèse exigée des Frères ayant fini les dites études et remise du diplôme correspondant.

 4° Résultat des examens officiels subis par les sujets en formation et par les Frères des établissements.

 5° Résultat obtenu, par chaque école, dans ces mêmes examens, avec indication du nombre d'élèves ayant suivi le cours, ainsi que du nombre de ceux qui se sont présentés et ceux qui ont réussi.

Il est également fait mention des vocations sacerdotales, religieuses et maristes fournies par chaque école, ainsi que du travail fort méritoire réalisé par l'Action catholique des collèges pour l'enseignement du catéchisme aux enfants pauvres.

Ces leçons de catéchisme sont données par des Frères, secondés par les grands élèves qui s'y engagent volontairement. D'après les données fournies par les Frères Provinciaux, cette œuvre existe dans 32 écoles. 91 Frères et 662 élèves s'y emploient pour 4.853 catéchisés. Il est souhaitable que les collèges qui ne possèdent pas cette organisation ne tardent pas à l'établir. C'est un moyen de réaliser, en partie du moins, le travail apostolique qui se faisait avant 1936 dans les écoles gratuites qui n'ont pu être encore rouvertes.

En diverses occasions, surtout à l'époque de Noël et de la Première Communion, tous les élèves des collèges sont invités à fournir du linge, des denrées alimentaires, de l'argent pour venir en aide à ces enfants et à leurs familles. Certains centres donnent chaque dimanche aux enfants du catéchisme ce que les élèves ont pu leur fournir en se privant, dans ce but, du goûter du samedi et y ajoutant ce que d'autres âmes généreuses leur ont fourni à cet effet.

Par ailleurs, les statistiques indiquent qu'il y a, au total, dans les quatre Provinces, 4.082 élèves gratuits, soit dans des écoles à eux destinées, soit comme boursiers dans les collèges. Dans quelques villes, il y a, à côté du collège, l'école tantôt gratuite, tantôt à rétribution plus modique et à la portée des familles de condition moyenne. C'est le cas de Bilbao, Burgos, Córdoba, Gerona, Lérida, Logroño et Mataró. Il n'est pas exagéré de dire que là, aussi bien que dans diverses villes d'autres Provinces de l'Institut, ces écoles ont attiré aux Frères une sympathie dont ils ne jouiraient pas au même degré s'ils n'avaient pas fait la part des pauvres. Cette part duit être généreuse, effective, car Dieu qui en connaît l'importance avec exactitude, saura récompenser selon le mérite réel qu'implique cette 'forme de charité.

Combien je souhaite que certaines villes, où nous avons des écoles payantes particulièrement prospères, possèdent bientôt, si ce n'est déjà fait, des écoles pour les enfants moins fortunés ! C'est avec plaisir que j'ai appris qu'il y a divers projets dans ce sens. Dieu veuille qu'ils se réalisent sans trop tarder !

Dans le même ordre d'idées, je me plais à mentionner les deux écoles de Durango et de Zalla qui donnent aux élèves, pour la plupart fils d'ouvriers, des cours d'apprentissage leur assurant l'admission, avec un salaire rémunérateur, dans les fabriques de la région. Plus que jamais, l'enseignement professionnel, sous toutes ses formes, est partout à l'ordre du jour et les gouvernements le développent de plus en plus. Il doit préoccuper toutes nos Provinces, tant pour répondre aux désirs de l'Église que pour ne pas nous exposer à un retard qui nous ferait du tort.

Il y a deux ans, Mgr Angel Herrera, évêque de Málaga, nous a confié la direction d'une École Normale Rurale qui semble appelée à faire un grand bien. Après trois ans d'études, les élèves-maîtres seront placés à la tête d'écoles établies en des endroits qui en étaient dépourvus jusqu'ici. Ainsi des enfants, vivant dans des maisons éparses de la campagne, seront groupés pour recevoir, de maîtres recrutés dans leur propre milieu, l'inappréciable bienfait de l'instruction et de l'éducation chrétiennes.

Pour les écoles de filles, les maîtresses seront recrutées et formées d'une façon identique.

Les Frères espagnols, qui ont pris une grande part à l'extension de l'Institut dans les pays où l'on parle leur langue, ont également aidé les missions par l'envoi de nombreux sujets à l'Œuvre Saint-François-Xavier. En outre, à la Province de Norte est confié le district de Vénézuéla qui compte trois maisons prospères, et le Conseil Général vient d'assigner aux autres Provinces d'Espagne un territoire dans les trois pays de l'Amérique du Sud où nous ne sommes pas encore établis. C'est ainsi que la Bolivie a échu à Bética, l'Équateur à León et le Paraguay à Levante. Cette décision a été prise dans le but très apostolique de travailler avec l'Église à répandre dans ces pays la doctrine de l'Évangile par l'éducation chrétienne de la jeunesse, en un temps où le protestantisme fait de si grands efforts pour y accroître ses conquêtes. Cette mesure, qui coïncide avec le 70ième anniversaire de l'arrivée de nos Frères en Espagne, veut être un témoignage de reconnaissance pour les innombrables faveurs que, durant cette période, la divine Providence et Notre-Dame del Pilar se sont plu à répandre sur l’œuvre mariste dans ce pays.

Les quatre Provinces assurent la marche et ont part aux bénéfices de la maison d'Éditions « Luis Vives » si avantageusement connue par le nombre et la qualité de ses livres. Celle-ci, après avoir été fondée à Barcelone et y avoir fonctionné jusqu'en 1936, fut brûlée par les marxistes. Le Frère Nicóstrato d'abord et ensuite le Frère Tarsicio, bien secondés par des Frères capables et dévoués, l'ont réorganisée à Zaragoza où elle possède, avec une résidence bien commode pour une communauté de 22 Frères, de vastes magasins fort bien installés et des ateliers disposant de machines très modernes.

L'entreprise, où travaillent environ 120 ouvriers ou contremaîtres, produit annuellement plus d'un million de livres scolaires dont la présentation aussi bien que le contenu sont des plus soignés. Ces livres sont autant de messagers qui portent à de nombreux élèves d'Espagne et des pays de langue espagnole, avec un excellent instrument de travail, une doctrine bien conforme aux enseignements de Notre-Seigneur et de l'Église.

Les employés sont, en général, animés d'un grand esprit de famille. Il ne saurait en être autrement, étant donné les avantages dont ils jouissent : leur salaire est supérieur à celui d'autres entreprises similaires ; leurs enfants sont éduqués gratuitement dans les écoles de leur choix et, s'ils ont de bonnes notes et des aptitudes suffisantes, ils peuvent poursuivre, dans les mêmes conditions, les études secondaires et même universitaires. Les fournitures scolaires sont également payées par la maison d'Éditions qui, de plus, leur donne un habit chaque année.

Chaque ouvrier est pourvu d'un livret où en diverses circonstances, et surtout à la fin de chaque année, l'entreprise lui crédite un secours dont le montant est en rapport avec les années de service. Le titulaire ne peut disposer de cet argent à discrétion, mais seulement en cas de besoin urgent et cela afin que, lorsqu'il prendra sa retraite, il trouve là un supplément appréciable s'ajoutant à sa pension de vieux travailleur.

L'instruction religieuse est assurée à tout le personnel. Les autorités ont reconnu, l'année dernière, l'action éminemment chrétienne et sociale de la maison d'Éditions en lui décernant, à l'occasion de la Fête du Travail, le diplôme d'Institution modèle. Ajoutons que dans les milieux ouvriers de Zaragoza, le personnel de la maison Vives est tenu pour particulièrement fortuné, ce qui fait que les demandes d'emploi dans l'entreprise dépassent de beaucoup le nombre des places à pourvoir.

Les quatre Provinces viennent également d'ouvrir à Madrid une maison appelée centrale qui assurera certains des services qui leur sont communs. Son rôle se précisera avec le temps, à mesure que surgiront des occasions d'une collaboration plus étroite.

Comme partout ailleurs, la Béatification de notre Fondateur a donné lieu en Espagne à des cérémonies particulièrement brillantes. Impossible de dire qui a le mieux fait les choses, soit dans ce pays, soit clans l'ensemble de la Congrégation. Il semble bien que chacun ait mis tout son cœur à tirer le meilleur parti des moyens dont il disposait. Cette unanimité était à signaler et je le fais volontiers.

Pendant l'Année Bienheureux Champagnat, des concours ont eu lieu, tant pour les Frères que pour les élèves. On a organisé, de même, des expositions provinciales ou locales où j'ai pu admirer les travaux les plus divers et dont beaucoup sont d'un réel mérite. Je signalerai comme particulièrement propre à faire connaître le Bienheureux Fondateur, son œuvre et sa doctrine, le Cahier Champagnat tiré à cinq mille exemplaires par une Province. En tête de chaque page il y a, pour que l'élève l'explique et la commente, une gravure ou une pensée ayant trait au Bienheureux Père.

La plupart de nos chapelles ont des vitraux du Fondateur ; certaines, de construction récente, en possèdent plusieurs : celle de Tuy, quatorze ; celle d'Alicante, six ; celle de Salamanca, quatre avec des scènes rappelant les cérémonies de la Béatification. Le collège récemment construit dans cette dernière ville, a pris le nom de Champagnat que celui de Palencia porta jusqu'à l'avènement de la République en 1931. Encore à Salamanca, le Conseil Municipal a décidé que la rue qui passe devant notre école s'appellera, désormais, « Avenida de los Maristas ». Un vitrail a été également placé à l'une des fenêtres de la basilique élevée en l'honneur du Sacré-Cœur sur la colline du Tibidabo, à Barcelone. C'est saint Jean Bosco lui-même qui, obéissant à une inspiration du Ciel, lança l'idée de cette magnifique église. Le vitrail est dû à la générosité d'un admirateur de notre Bienheureux Père et qui a voulu garder l'anonymat.

A Tuy, à l'occasion de mon passage, un monument élevé devant la façade de la maison a été béni par Mgr l'Évêque. Le Bienheureux Fondateur y est représenté en train de catéchiser trois enfants de races différentes.

J'ajouterai que la maison d'Éditions a fait reproduire un buste fort bien réussi du Bienheureux Père ; la plupart des maisons d'Espagne en ont fait l'acquisition et lui ont donné une place d'honneur. De plus, elle a publié une traduction espagnole très soignée de la Vie du Bienheureux Fondateur par le Frère Jean-Baptiste, ainsi qu'une petite Vie en tableaux à deux couleurs, très goûtée surtout de nos élèves.

Nos œuvres d'Espagne, comme j'ai voulu le dire dans ce bref aperçu, jouissent actuellement d'une ère de prospérité qu'elles n'avaient jamais connue. C'est en continuant à honorer de leur mieux le Bienheureux Fondateur, par une plus grande conformité à son esprit et à ses vertus, que nos Frères mériteront, autant qu'il dépend d'eux, que le Ciel les bénisse encore davantage à l'avenir. 

Faveurs attribuées

au Bienheureux Fondateur 

Guérison d'un Frère de Saint-Gingolph (Suisse)

 Mon Très Révérend Frère Supérieur Général,

Le cher Frère Directeur m'a dit que vous aimeriez avoir un récit circonstancié de ma maladie et de ma guérison. Je suis heureux de pouvoir le faire moi-même.

Depuis une année, je me sentais de plus en plus. fatigué. Le 10 novembre, le médecin consulté me fit immédiatement transporter à l'hôpital de Monthey. Ici, le médecin constata d'abord une pneumonie ; la fièvre montait à plus de 40°. A partir de cette date, je souffris de grandes douleurs et les crises commencèrent, m'arrachant des cris, malgré moi. Le 19 novembre, vers le soir, j'eus fa crise la plus forte. Ce même soir on avertit le Frère Directeur que mon état était grave. Le dimanche matin, la crise reprit à 10 heures, mais cette fois-ci dans la région du cœur, ce dernier battant à 160 pulsations.

C'est alors que le Frère Directeur arriva avec une relique de notre Bienheureux Fondateur. Il me l'attacha au cou, comme une médaille. Une demi-heure plus tard, en mesurant la fièvre, on nota seulement 37°. A. partir de ce moment je n'eus plus de crises.

Depuis le début de la maladie, jusqu'à Noël, on m'a radiographié au moins une fois par semaine afin de suivre la localisation du pus.

Le médecin déclara le 21 novembre que l'on se trouvait en face d'une septicémie des plus graves. D'après les radiographies, le pus s'était logé dans des poches différentes entre le poumon droit et les côtes. A plusieurs reprises j'ai expectoré du pus. Par plusieurs ponctions effectuées entre les côtes, on a réussi à en tirer plus d'un demi-litre. Les poches comprimèrent jusqu'à la moitié du poumon droit, ce qui rendait la respiration assez pénible.

Le rétablissement après les ponctions fut plutôt extraordinaire. Le poumon se dilatait parfaitement, de manière qu'un radiologue spécialiste s'exclama : « Vous avez de la chance, ce n'est pas ainsi que guérissent ordinairement les septicémies. » Le médecin qui me soignait déclara, en présence de la Sœur infirmière : « Cela (la guérison du poumon) ne s'explique pas. » Bien qu'on m'ait prédit trois mois d'hôpital, ensuite trois mois de repos absolu, et plus tard une reprise progressive du travail, je suis de nouveau en classe, et je me sens bien.

Très Révérend Frère Supérieur Général, ce n'est certes pas une guérison instantanée, mais néanmoins une grâce extraordinaire obtenue par l'intercession de notre Bienheureux Père Fondateur. Les confrères et les élèves du Collège, les Révérends Pères et les Sœurs des Communautés voisines ont fait plusieurs neuvaines en l'honneur du Bienheureux Père Champagnat.

J'espère obtenir une déclaration du médecin m'ayant traité à l'hôpital, mais ce n'est pas possible pour le moment, vu que celui-ci se trouve pour quelque temps à l'armée.

Je suis avec un profond respect et une entière soumission,

Mon Très Révérend Frère Supérieur Général,

Votre très humble et très obéissant serviteur.

FRÈRE MARIE-RUPERT.

Saint-Gingolph (Suisse), le 28 avril 1956. 

Témoignage de la religieuse infirmière.

 La soussignée a soigné le cher Frère Marie-Rupert pendant tout le cours de sa maladie. Le cher Frère souffrait d'une très grave septicémie, d'une pleurésie et d'une pneumonie. Son état était très grave. Après l'application d'une relique du Bienheureux Père Champagnat, son état s'est sensiblement amélioré. Je partage l'opinion du médecin, que la guérison du cher Frère ne s'explique pas.  

Monthey, le 28 avril 1956.

Sœur SAINTE-MARGUERITE. 

Guérison du père d'un Frère en Écosse

 Mon Très Révérend Frère Supérieur,

Ayant ; reçu des détails plus précis, le C. F. Provincial m'a prié de vous mettre au courant de la maladie de mon père et de sa guérison, apparemment miraculeuse, d'une tumeur cancéreuse au poumon, à la suite de l'application d'une relique de notre Bienheureux Fondateur.

Mon père, que par pure coïncidence vous avez rencontré lors de ma profession perpétuelle, en août 1950, fut transporté à l'hôpital Royal de Glasgow, le 3 mars dernier, souffrant d'une pneumonie. Sur le point de quitter l'hôpital, il fut radiographié. La maladie avait à peu près disparu, mais la radiographie accusait une tache à laquelle les docteurs ne s'attendaient pas. A la suite d'un examen plus minutieux, ils virent qu'il s'agissait d'une tumeur maligne.

De peur de m'effrayer, mon père donna ordre à la famille de ne rien me dire au sujet de sa maladie. Le 16 mars, je reçus une relique de notre Bienheureux Fondateur. Dans la soirée de ce même jour, les nouvelles étant mauvaises, mes parents me mirent au courant de l'état de santé de mon père. Je lui envoyai tout de suite la relique et je commençai une neuvaine au Père Champagnat. Mon père reçut la relique le 19 mars et, le lendemain, il subit une bronchoscopie longue et douloureuse. Quelques jours plus tard, il m'avouait, dans une lettre, que jamais il n'aurait pu supporter cet examen s'il n'avait eu sur lui cette relique. Cet examen et l'analyse d'un prélèvement fait dans le poumon montrèrent sans le moindre doute qu'il avait une tumeur et que cette tumeur était maligne. Le docteur consulté était le médecin en chef, Dr McEwen, réputé pour être très réservé dans ses jugements. Il est prêt à certifier ce que cet examen a révélé.

A mon grand étonnement, on décida de faire subir à mon père une opération, dans le but de lui extraire un des lobes du poumon. Vu son âge, (il a 64 ans) c'était, évidemment, une opération sérieuse et qui pouvait facilement être fatale. Il demanda si je ne pourrais pas venir le voir avant l'opération. La permission me fut accordée. En arrivant, il me parla de la grande foi qu'il avait en la relique et ajouta qu'il croyait fermement que « l'obstruction » avait disparu et qu'il n'y aurait aucun besoin de faire l'opération. Il ignorait la véritable nature de sa maladie. Comme le lendemain il devait être transféré à la section de l'hôpital réservée aux personnes devant subir une opération, j'attribuais à la peur ce qu'il venait de me dire.

Le 2 avril, lundi de Pâques, mon père fut donc porté à là salle d'opération. On lui enleva deux côtes afin de faciliter l'ablation d'un des lobes du poumon, mais en regardant le poumon, on n'aperçut plus aucune trace de tumeur. Le poumon était regonflé et avait repris ses proportions normales. Il n'existait donc aucune raison de l'enlever. Huit jours plus tard, mon père était à la maison en parfaite santé. Persuadé qu'on lui avait enlevé le poumon, il était fort étonné de sa guérison si rapide et il en attribuait le résultat à la relique.

Le 11 juin, il retourna à l'hôpital pour un nouvel examen bronchoscopique. Celui-ci ne fit que confirmer le diagnostic précédent. Mon père ne se doutait pas du caractère merveilleux de sa guérison.

Deux jours plus tard, le médecin de la famille, un catholique, vint visiter mon père et lui dit toute la vérité. Comme il connaissait déjà l'intervention de la relique, il demanda et, naturellement, obtint de mon père l'autorisation de mettre les Frères au courant de la chose. Le Frère Conrad, Directeur de St. Mungo's, en informa le C. F. Provincial qui le chargea de faire une enquête minutieuse avec l'aide du médecin catholique.

C'est là, mon Révérend Frère Supérieur, une relation toute simple des faits. Le C. F. Conrad et le Dr Cassidy préparent un rapport plus précis et plus détaillé qu'ils ne manqueront pas de vous envoyer en temps opportun. Ils sont quelque peu en retard du fait que ce sont maintenant les vacances et que plusieurs de ceux qu'ils veulent questionner sont absents de Glasgow. Nous ne nous sommes pas encore procuré les radiographies, mais le Dr Cassidy, comme médecin privé de mon père, a accès à l'hôpital et nous assure qu'au moment voulu il pourra les emprunter.

Bien que par un sentiment de piété filiale je me réjouisse de la complète guérison de mon père, je me sens comme transporté à la pensée qu'elle pourra peut-être servir la Cause de Canonisation de notre Bienheureux Fondateur pour qui je sens la plus grande affection et vénération. Je ne sais si la sainte Eglise acceptera cette guérison comme un miracle. Quant à moi, je ne cesserai de remercier et louer le Bienheureux Champagnat pour la grâce qu'il a obtenue à mon père.

Je suis…

Juvénat de Hetiand, Dumfries, le 12 juillet 1956.

FRÈRE CYRIL GÉRARD.  

Guérison d'un élève du Collège Laval, (Canada)

 Notre fils, Paul, 12 ans, élève au Collège Laval, des Frères Maristes, venait de commencer, ses vacances et, comme tous les jeunes, se promettait de beaux jours quand, le : mercredi, 22 juin dernier, au cours d'un tour de bicyclette, il fut heurté par un camion. A l'hôpital Sainte-Justine, où on le transporta immédiatement, la radiographie révéla une fracture du bassin et de trois côtes, compliquée de lésions internes et son état fut considéré comme désespéré. On lui donnait au plus une semaine. En pareille conjoncture, il est aisé de s'adresser au ciel. Averties, les autorités du Collège Laval conseillèrent une neuvaine simultanée de la Communauté et de la Famille, au Bienheureux Champagnat. Son image-relique fut remise à notre Paul, qui entra de tout cœur dans nos intentions. Quelques jours après, son professeur lui faisait vénérer un reliquaire même du Bienheureux apporté de Rome par l'aumônier du Collège, M. l'abbé Bernard Barrette. A l'étonnement général, le mieux commença tout de suite et la semaine achevée, nous eûmes la joie d'apprendre que notre enfant était hors de danger, tandis qu'un voisin de lit moins chanceux, quoique moins touché, mourait au bout de trois jours. Nos prières n'eurent alors qu'un seul but, demander que notre Paul ne reste pas trop infirme. Là encore, nous avons été exaucés au-delà de nos espérances. Son plâtre enlevé, Paul s'est mis à marcher normalement. Il a même voulu reprendre sa bicyclette, ce que nous n'avons pas permis. Nous l'avons emmené à la mer, pour que les bains d'eau salée raffermissent ses chairs. Il gambade sur la plage comme s'il n'avait pas été blessé. En septembre il reprendra ses classes, complètement remis. « Une guérison si prompte dépasse nos prévisions, nous ont déclaré les docteurs. Vous avez dû bien prier et votre céleste protecteur est certainement puissant.»

Ce protecteur, c'est le nouveau Bienheureux que l'Église vient de faire monter sur ses autels. Gloire et merci au Bienheureux Champagnat

M. et Mme GASTON DUFAULT,

Longueil.  

Fête de notre Bienheureux Père Fondateur.

 S. CONGRÉGATION

  DES RITES.

Rome, 18 octobre 1956.

                      Rév. F. ALESSANDRO,

Procureur Général des Petits Frères de Marie,

Dans votre lettre du 7 courant, vous demandiez à la S.C. des Rites si le Décret du 23 décembre 1932 (A.A.S.XXV, 1933, p. 41) concernant les privilèges liturgiques des Saints Fondateurs, était encore en vigueur.

A ce sujet, j'ai le devoir de vous dire que ledit Décret est toujours en vigueur, mais qu'il ne concerne que les Fondateurs canonisés, non les Bienheureux. Pour ces derniers, leur Fête est du rite de deuxième classe là où leur corps est conservé.

Pour les autres Maisons de l'Institut et dans les diocèses mentionnés dans le bref de Béatification, la Fête se célèbre sous le rite double.

Et que…

A. CARINCI,

Arch. Tit. de Séleucie, Secrétaire.  

Cause du Vénéré Frère François

 En date du 29 mai dernier, je vous adressais la lettre suivante :

Mes bien chers Frères,

J'ai la satisfaction de vous annoncer que le 12 juin prochain, se tiendra à Rome, la Congrégation Anté-Préparatoire pour la reconnaissance de l'héroïcité des vertus du Vénéré Frère FRANÇOIS.

C'est là un pas important dans la marche de la cause de béatification du premier successeur du Bienheureux Fondateur qui doit nous remplir de joie et dont on ne saurait trop désirer le succès. Car une fois cette épreuve surmontée, on peut espérer que les deux autres Congrégations la Préparatoire et la Générale, ne sauraient tarder beaucoup, après quoi le serviteur de Dieu serait déclaré Vénérable.

Voilà pourquoi, mes bien chers Frères, en vous communiquant cette nouvelle, je viens vous demander de vous associer à tous les membres de l'Institut et à nos sujets en formation pour faire monter vers Dieu nos instantes prières accompagnées de nos sacrifices, pour le succès de cette Congrégation.

Comme suggestions pratiques, je vous engage à faire des efforts pour une observance plus fidèle et plus surnaturelle de la Règle : pauvreté, silence, ponctualité, etc. … Je vous demande également de bien vouloir offrir à cette même intention, vos communions les trois jours qui précèdent le 12 juin.

Daigne la Vierge Immaculée à la fin du mois qui lui est consacré nous obtenir de son Divin Fils cette grande faveur pour notre Institut.

Votre tout dévoué frère et serviteur en J. M. J.

Frère LÉONIDA,

Supérieur Général

 Vous serez heureux d'apprendre que le résultat de cette Congrégation a été favorable, comme en fait foi le document ci-joint. De nouvelles animadversions seront présentées par le Promoteur de la Foi, auxquelles il faudra répondre en vue de la Congrégation Préparatoire qui, étant données les nombreuses Causes en cours, risque de se faire attendre plus que nous ne voudrions. Nos prières peuvent en hâter le jour et en rendre l'issue heureuse.  

S.C. DES RITES                                                                         Prot. N. 181-20/956. 

Béatification et Canonisation

du Serviteur de Dieu François Rivat,

de l'Institut des Petits Frères de Marie.

 A la demande du Rév. F. Alessandro, Postulateur Général de l'Institut des Petits Frères de Marie, le 12 juin dernier eut lieu au Palais de la S.C. des Rites la réunion Antépréparatoire pour l'examen des vertus du Serviteur de Dieu François RIVAT du susdit Institut, dans laquelle les Rmes. Prélats Officiels, ainsi que les Rmes. Consulteurs théologiens émirent chacun son vote.

Une relation de cela ayant ensuite été faite à Notre Très Saint Père le Pape Pie XII par le soussigné Cardinal Préfet de la S.C. des Rites, en vue de la poursuite de la même Cause, Notre Très Saint Père le Pape, après avoir mûrement examiné toutes choses, a bien voulu donner son approbation.

8 octobre 1956.

L. S.                                                         G. Card. CICOGNANI,

Préfet

Henri DANTE,                                                               A. CARINCI,

  Substitut.                                 Arch. de Séleucie, Secrétaire.  

Fête de Saint-Pierre-Louis-Marie Chanel

 A la demande du Cher Frère Alessandro, Postulateur Général, la Sacrée Congrégation des Rites, par le rescrit 1,15/956, du 5 juin 1956, signé par le Cardinal Cicognani, Préfet, et Mgr Carinci, secrétaire, a bien voulu permettre que, dans notre Institut, la fête de Saint-Pierre-Louis-Marie Chanel fixée au 28 avril, soit célébrée sous le rite double de Seconde Classe, comme dans la Société de Marie.

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SACRÉE CONGRÉGATION

DES RELIGIEUX

No 13363/56

Union, avec notre Congrégation,

des Frères de Saint-Pierre Claver, du Nigeria

 DÉCRET

La Sacrée Congrégation préposée aux affaires des Religieux, afin de pourvoir à un plus grand bien spirituel et temporel de la Congrégation de Saint-Pierre-Claver, a pensé devoir l'unir à la Congrégation des Frères Maristes des Ecoles dont la maison-mère s'élève à Lyon, France.

En conséquence, le vœu de la Sacrée Congrégation de la Propagande et aussi de Son Excellence Mgr l'Évêque d'Owerri, ayant été entendu, du consentement des Supérieurs Généraux dé l'un et de l'autre Institut et après mûr examen de toutes choses, cette même Sacrée Congrégation des Religieux, par la teneur du présent décret, décide et déclare que la Congrégation de Saint-Pierre-Claver est unie, par une union extinctive, à la Congrégation des Frères Maristes des Écoles.

Mais pour que l'union arrive plus facilement à son effet, par la teneur du même décret, ce Sacré Dicastère établit et nomme Son Excellence et Révérendissime Joseph B. Whelan, évêque d'Owerri, son délégué à l'affaire qu'il s'agit d'exécuter, soit par lui-même, soit par un autre religieux approuvé par lui suivant les instructions spéciales données par la Sacrée Congrégation à lui-même.

Une fois l'union achevée, il aura soin d'en faire le rapport à cette Sacrée Congrégation.

Nonobstant toutes choses contraires.

Donné à Rome, du Palais de la Sacrée Congrégation des Religieux, le 13 juin 1956.

P. ARC. LARRAONA,               VALERIO CARD. VALERI,

  Secrétaire.                                            Préfet.

  

SACRÉE CONGRÉGATION

  DES RELIGIEUX

  No 1.3363/56. 

Rome, le 13 juin 1956.

Très Cher Frère Supérieur Général,

La Sacrée Congrégation des Religieux vous communique en même temps que le Décret d'Union de l'Institut des Frères de Saint-Pierre-Claver avec celui des Frères Maristes, les instructions envoyées à S. Exc. Monseigneur l'Évêque d'Owerri.

1. – La date d'entrée en vigueur des dispositions contenues dans le Décret sera fixée par V. E. à qui la Sacrée Congrégation en confie l'exécution.

2. – Les Frères de Saint-Pierre-Claver profès et novices pourront à cette date être admis à prendre l'habit des Frères Maristes.

3. – Après plusieurs mois de vie régulière dans la Congrégation qui les accueille, les profès de Saint-Pierre-Claver pourront être admis par leurs nouveaux Supérieurs à renouveler leurs vœux selon les Constitutions des Frères Maristes.

4. – Les postulants et les novices poursuivront leur formation selon les Constitutions des Frères Maristes..

5. – Les membres de l'Institut de Saint-Pierre-Claver qui n'accepteraient pas l'Union, pourraient demander l'autorisation de rentrer dans le monde ou de passer à un autre Institut.

6. – Tous les biens meubles et immeubles de la Congrégation de Saint-Pierre-Claver deviennent, une fois l'Union exécutée, la propriété des Frères Maristes, compte tenu des prescriptions du can. 533, par. 1, nn. 3, 4.

En accord avec les Supérieurs des Frères Maristes, Votre Excellence voudra bien prendre toutes les mesures que la sollicitude pastorale exige pour l'assistance spirituelle des Frères établis dans son diocèse… »

Agréez, je vous prie, mon Très Cher Frère, avec mes remerciements, l'assurance de mon religieux dévouement en .Notre-Seigneur.

Signé : VALERIO CARD. VALERI,

Praefectus.

Très Cher Frère Supérieur Général,

Frères Maristes,

Saint-Genis-Laval, Rhône,

France.

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 Lettre de la Secrétairerie d'État

No 365587        .

Dal Vaticano, li17 Avril 1956.

Très Honoré Frère Supérieur Général,

Parmi les nombreux témoignages de vénération et d'attachement qui sont parvenus au Souverain Pontife à l'occasion de Ses récents anniversaires, il fut particulièrement agréable à Sa Sainteté de constater la place de choix tenue par les Instituts religieux. De toutes parts ont afflué en hommage vers le Père commun les prières et les généreuses offrandes, tandis que des manifestations diverses étaient organisées en Son honneur dans les couvents et dans les établissements d'éducation ou d'assistance tenus par les religieux.

Dans ce geste unanime de piété filiale votre Congrégation eut sa large part, et je suis heureux de pouvoir vous assurer que le Souverain Pontife a eu connaissance de la Relation que vous adressiez récemment à la Sacrée Congrégation des Religieux pour l'informer de la contribution empressée des membres de votre Institut. Il me charge de vous exprimer Sa vive gratitude et, par votre entremise, c'est à chacun de vos religieux qu'Il désire faire parvenir Ses paternels remerciements. Au milieu des lourdes responsabilités qui pèsent aujourd'hui sur le Chef de l'Église, tant de prières et de sacrifices offerts généreusement à Ses intentions Lui sont un précieux réconfort.

Aussi, est-ce d'un cœur reconnaissant que le Saint-Père appelle en retour sur votre Congrégation, sur ses membres et sur leurs oeuvres une large effusion de grâces, vous accordant, en gage de Sa constante bienveillance, une paternelle Bénédiction Apostolique.

Veuillez, je vous prie, agréer l'expression de mon religieux dévouement.

  A. DELL'ACQUA.

Substitut.

 Elections de Frères Provinciaux

 Dans la séance du 21 mai 1956, le Conseil Général a élu, pour un nouveau triennat,

Le cher Frère JOAO DE DEUS, provincial du Brésil Central,

Le cher Frère ANDRÉ-GABRIEL, provincial de Chine,

Le cher Frère LAMBERT ADRIAN, provincial de Nouvelle-Zélande. 

Dans la séance du 8 octobre 1956, le Conseil Général a élu le cher Frère NILO PONCIANO provincial de León, pour une première période triennale, à la place du cher Frère JULIO BENJAMIN, arrivé au terme de son mandat. 

Dans la séance du 18 octobre 1956, le Conseil Général a élu,

Pour une nouvelle période, le cher Frère HILARY-MARY, provincial de Sydney ;

Pour un premier triennat, le cher Frère CONRAD JAMES, provincial de Grande-Bretagne et Irlande, à la place du cher Frère KENNY MARY, arrivé au terme de son mandat, et le cher Frère DAMIANUS, provincial de Melbourne, à la place du cher Frère PLACIDUS MARY, arrivé au terme de son mandat.

 

Par un oubli bien involontaire, il n'a pas été fait mention, dans les circulaires de l'élection, le 21 juin 1954, du cher Frère MARIE-BASILIDE, comme provincial de Saint-Genis-Laval, pour un troisième triennat, ni de l'élection, le 26 septembre 1956, du cher Frère GILDO, comme provincial d'Italie, pour un deuxième triennat.

 

LISTE DES FRÈRES

dont nous avons appris le Décès depuis

la Circulaire du 24 Mai 1956

 

Nom et âge des Défunts                                   Lieux de Décès                       Dates des Décès

 

F. Roberto Teódulo 32     Profès perp.       New-York (États-Unis)                20 avril 1956

F. Joseph Benedict   65      Stable              Glasgow (Écosse)                        21     »       »

F. Alphonsus Mary   91     »                           Suva (Fidji)                                   24  »          »

F. Auguste-Léon      65     »                           St-Didier-s.-Chalaronne (France)       3 mai         »

F. Tobie                     68     »                           Saint-Chamond (France)           4    »          »

F. Théodose             47     Profès perp.       Stanleyville (Congo belge)         16  »          »

F. Anacleto               72     Stable                  Lujan (Argentine)                         20  »          »

F. José-Tomás         59     »                           León (Espagne)                          21  »          »

F Albert-Ferdin.        71     Profès perp.       Porto Alegre (Brésil)                   24  »          »

F. Sanctus                 71     »                           Esopus (États-Unis)                    28  »          »

F. Louis-Claudius     68     Stable                  Decize (France)                          10 juin        »

F. Aglibert                 48     Profès perp.       Hongkong (Hongkong)               2 juil.          »

F. Adalbéron             71     Stable                  Saint-Geniez-d'Olt (France)       5    »          »

F. Nivard                   37     Profès perp.       Sydney (Australie)                       8    »          »

F. Joseph-Maixent   75     Stable                  Beaucamps (France)                  13  »          »

F. Marie-Alexis         65     »                           Saint-Amand (France)                15  »          »

F. Adrien-Bernard    70     »                           Furth (Allemagne)                        16  »          »

F. Simon-Adolf         46     Profès perp.       Rosario (Argentine)                    17  »          »

F. Augustin-Léon      61     Stable                  Furth (Allemagne)                        23  »          »

F. Próspero-Maria   23     Profès temp.       Popayán (Colombie)                  30  »          »

F. Allia no                  64     Stable                  Anzuola (Espagne)                     31  »          »

F Symphorianus       76     »                           Porto Alegre (Brésil)                   5 août         »

F. Gébuin                  51     Profès perp.       Auderghem (Belgique)               8    »          »

F. Finbar                   89     »                           Mittagong (Australie)                  8    »          »

F. Feliclsimo             64     Stable                  Jaén (Espagne)                           23  »          »

F. T M.-Théophane 82     »                           Pékin (Chine)                               26  »          »

F. Conrad                  70     »                           Mont-Saint Guibert (Belgique)   28  »          »

F. Emilas                   76     »                           Bukavu (Congo belge)                1 sept.       »

F Tharsice                 82     »                           Saint Genis Laval (France)        8    »          »

F. Jean-Berchmans 81     »                           Saint-Genis Laval (France)        11  »          »

F. Mary Gilbert          76     Profès perp.       Melbourne (Australie)                 15  »          »

F. IIipólMaria             58     Stable                  Rio de Janeiro (Brésil)               17  »          »

F. Adrien Emile        64     »                           Toulouse (France)                       16 oct.        »

F. Friedrich               70     »                           Vaduz (Liechtenstein)                 23  »          »

F. Silvérus                 88     Profès perp.       N.-D. de l'Hermitage (France)   27  »          »

F. Louis-Gustave      77     Stable                  St Hyacinthe (Canada)               29  »          »

F. Louis-Placide       69     Profès perp.       Iberville (Canada)                        30  »          »

F. José Isidoro         82     Stable                  Popayán (Colombie)                  14 nov.       »

F. Pascal-Louis        81     »                           Negombo (Ceylan)                      16  »          »

F. Marius                   44     profès perp.        Saint-Genis-Laval (France)        29 »          »

 

La présente circulaire sera lue en communauté à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

Recevez, mes bien chers Frères, la nouvelle assurance du religieux attachement avec lequel je suis, en J.M.J.

Votre très humble et tout dévoué serviteur.

      Frère LÉONIDA,  Supérieur Général.

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