Circulaires 349

Charles-Raphaël

1959-05-24

I. Introduction à la Circulaire
II. Voeux et souhaits
III. Les membres du XV° Chapitre Général
IV. Les élections
V. Rapport statistique de l'Institut
VI. Constitutions. Règles Communes
VII. Prières. Missions. Dévotion au Bienheureux Fondateur. Dévotion à la Sainte Vierge
VIII. Observance régulière. Vœux. Cinéma. Radio.. Télévision. Livres. Revues. Périodiques
IX. Recrutement. Persévérance des Frères
X. Formation des Frères. Centres universitaires. Seconds Noviciats
XI. Formation catéchistique. Etudes religieuses. Formation pédagogique. Etudes profanes
XII. Santé des Frères. Soin des vieillards. Voeux et desiderata .
XIII. Formation chrétienne des élèves. Associations pieuses. Action Catholique. Anciens élèves
XIV. Enseignement. Sports. Scoutisme
XV. Finances et administration
XVI. Statuts Capitulaires
XVII. Dédoublement de Province
XVIII. Elections de Provinciaux
XIX. Liste des défunt.

349

V.J.M.J.

 Saint-Genis-Laval, le 24 mai 1959.

Fête de Notre-Dame Auxiliatrice.

MES BIEN CHERS FRÈRES,

 Plus de six mois se sont écoulés depuis que les capitulants ont quitté Grugliasco. Ne commencerions-nous pas à oublier quelque peu le Chapitre ? Il y eut d'abord l'attente fébrile de la Circulaire, puis une recherche curieuse des modifications ou innovations. A une lecture rapide succéda chez quelques-uns une sorte de déception : « On a trop peu fait dans la voie de l'adaptation. » Chez d'autres, au contraire, une certaine inquiétude a pu se manifester : « On a fait trop de changements d'un seul coup. » Dans l'ensemble pourtant, les propositions du dernier Chapitre ont été favorablement accueillies.

On peut se demander toutefois si la plupart de nos Frères ont eu le souci (ou le loisir) de se pencher sur le texte de la Circulaire pour en extraire la quintessence. Combien se sont réellement demandé : « Qu'a donc voulu le XV° Chapitre Général ? Quelle idée maîtresse a pu guider les capitulants à travers le dédale des suggestions et le labyrinthe des études et discussions ? Sans une lecture attentive, méditée, de la dernière Circulaire, le souhait que nous formulions en décembre pour l'année 1959 resterait lettre morte : « Que notre mot d'ordre pendant cette année soit la mise en application sérieuse et généreuse des décisions du Chapitre, dans le sens et dans l'esprit qui ont été indiqués, non seulement de celles qui nous sont agréables et que nous souhaitions, mais également des autres, qui contrecarrent la nature humaine ou qui ne répondent pas à nos désirs. » (Circ. p. 222.)

Parmi les décisions du Chapitre, quelques-unes, d'une application immédiate, sont déjà entrées en vigueur dans la plupart des Provinces. D'autres requièrent un travail de longue haleine ; leur mise en train demande une préparation sérieuse, des étapes successives, progressives, si l'on veut construire solidement. Mais pour les unes comme pour les autres, il importe de bien saisir la pensée des capitulants dans leur élaboration. C'est cette pensée profonde que nous voudrions analyser et préciser. 

Ce qu'a voulu le XV° Chapitre Général

 Après y avoir mûrement réfléchi, en essayant de revivre l'atmosphère du Chapitre et en étudiant à nouveau les textes qu'il nous a laissés, nous croyons pouvoir l'exprimer ainsi : Le XV° Chapitre Général a voulu une revivification parmi nous de l'esprit du Bienheureux Fondateur :

par une ferveur religieuse plus intense ;

par un zèle apostolique plus éclairé et plus efficace ;

par une vie de famille plus intime en dépit des tâches multiples qui nous accablent souvent.

Les capitulants avaient reçu de Rome un mot d'ordre qui correspondait d'ailleurs à leurs sentiments intimes. Mgr Dell'Acqua les invitait à profiter « des dispositions d'esprit favorables et d'une occasion propice pour méditer à nouveau et pour vivifier l'esprit de l'Institut, tel qu'il a été voulu par le Fondateur au début du dernier siècle, a été soutenu par les Souverains Pontifes et approuvé par l'Eglise ».

Cette invitation a été entendue, comprise et sentie par les capitulants. Les conclusions des Commissions et les vœux du Chapitre la transmettent clairement à tous les membres de l'Institut.

Nous présentons aujourd'hui quelques considérations sur le premier moyen, réservant à plus tard de parler des deux autres. Ces réflexions pourront devenir l'objet de nos méditations pendant les prochaines retraites. 

Ferveur religieuse plus intense.

 Le Chapitre nous appelle d'abord à une ferveur religieuse plus intense. C'est le but primordial de toutes les décisions adoptées, but qui correspondait au désir exprimé par la plupart des notes présentées par les Frères des quatre coins du monde.

Sous l'influence des idées du jour, on eût pu craindre une tendance marquée vers la vie facile et la liberté mal comprise. Au contraire, la cinquième Commission, par exemple, constate, au dépouillement des notes, qu'elles « manifestent chez leurs auteurs un grand esprit sérieux… Tous recherchent la gloire de Dieu, une vie plus religieuse, un but apostolique très net, voulant assurer à nos religieux la persévérance et diminuer d'autant les défections » (Rapport au Chapitre.)

A une époque où l'on prône l'activisme, « de partout on réclame un plan d'ensemble de formation religieuse pour l'unité de l'esprit mariste, formation basée sur la mortification, l'abnégation, l'humilité pratiquée surtout intérieurement » (Rapport au Chapitre). Abnégation, mortification, humilité : trois vertus fort décriées parfois de nos jours et sans doute en tout temps, mais vertus essentiellement maristes, vertus que le Bienheureux Fondateur a posées à la base même de toute perfection dans son Institut.

Le Chapitre a répondu à ces aspirations par le dixième Statut Capitulaire : « Vu que les conditions de vie et les nécessités d'apostolat plongent les Frères dans l'atmosphère du confort moderne, le Chapitre rappelle à chaque Frère la nécessité du détachement intérieur et de l'esprit de mortification ; il exhorte ceux qui sont préposés à leur formation à enraciner profondément cet esprit dans les jeunes religieux. »

Cette ferveur de vie religieuse coûte à notre pauvre nature. Elle exige constamment l'aide toute-puissante de la grâce, humblement sollicitée dans les prières de chaque jour, mais il faudra toujours y joindre l'effort personnel. En nous référant habituellement aux résolutions ou vœux du Chapitre, aux notes parvenues aux diverses Commissions, ainsi qu'à la vie de notre Bienheureux Fondateur, nous allons voir comment nous pourrons réaliser cette « ferveur plus intense » dont il est question. 

1. Nos prières en général.

 En insistant fortement sur l'importance des prières dans notre vie, les capitulants se sont sentis tout près du Bienheureux Fondateur. En effet, le vénéré F. Jean-Baptiste écrit : « Ce qu'il avait le plus à cœur, c'était d'inspirer à ses Frères l'amour de la prière, de leur en bien montrer la nécessité et les avantages et de les former à ce saint exercice. Dans ses instructions, il revenait souvent sur ce point qu'il appelait le ''point capital'' » (Vie, p. 351).

Mais, diront peut-être quelques-uns, les décisions du dernier Chapitre semblent plutôt céder au plus facile, au laisser-aller, semblent avoir brisé ces cadres vénérables qui rendaient notre vie de prière généreuse et en garantissaient la solidité. On adopte un nouvel Office : on suit donc le courant qui entraîne vers les nouveautés. La méditation et la lecture spirituelle deviennent personnelles ; ne glissera-t-on pas rapidement vers la dispersion, le dilettantisme spirituel, ou tout simplement vers la suppression de ces exercices ?

Jamais les capitulants n'ont voulu diminuer la vie de prière. Leur souci constant a été de la rendre plus sentie, mieux comprise, plus intensément vécue. On veut que nos prières soient plus attentives, qu'en évitant autant que possible la routine et la monotonie, nous arrivions à y mettre plus d'âme, plus d'amour, et par le fait même, à en tirer un plus grand profit. La quantité n'a de valeur que si elle est jointe à la qualité. Si, en dosant sagement la quantité, on permet à chacun de mieux comprendre, de mieux goûter sa prière, on arrive normalement à un plus grand amour, à mieux servir Dieu, donc à une meilleure vie de prière. Dieu ne compte pas les mots, mais Il « sonde les reins et les cœurs ». Une prière mieux comprise et mieux goûtée pourra plus facilement devenir une prière vécue, une prière qui se continue dans l'action faite pour Dieu. 

2. Notre méditation.

 Ferveur plus intense par toutes nos prières mieux faites, mais spécialement par la méditation. On a tout dit sur la valeur et l'importance de l'oraison dans la vie d'un religieux. Récemment encore, dans la Revue des Communautés Religieuses, le R. P. Bergh n'hésitait pas à écrire :

« Si étonnante que la proposition puisse paraître, nous ne craignons pas de dire que la partie la plus importante et la plus difficile de la tâche des maîtres et maîtresses des novices c'est la formation à l'oraison mentale. » (Février 1959, p. 27.) Nous connaissons tous l'affirmation catégorique de notre Bienheureux Fondateur : « Si vous êtes fidèles à bien faire votre méditation, je réponds de votre salut et je vous assure que tôt ou tard vous deviendrez de bons religieux. » (Vie, p. 355.) La méditation, en effet, conditionne la valeur religieuse de toute la journée.

Mais que de fois on a déploré le peu de fruit que nos Frères en retirent ! On a signalé les raisons : manque de préparation ; manque de méthode ; trop grande fatigue du corps ou de l'esprit ; impossibilité pratique de suivre une lecture pas toujours bien faite ; sujets mal choisis ou du moins peu adaptés aux besoins individuels, etc. … En apportant certaines modifications à la manière de faire, le Chapitre a voulu faciliter la prière mentale et permettre à tous d'en tirer un meilleur profit.

 a) D'abord « le choix du sujet de méditation sera personnel, sauf une ou deux fois par semaine… Le choix du sujet personnel se fera après la prière du soir. » (Circ. p. 248.)

Choix personnel, donc possibilité d'employer de façon active toute la demi-heure consacrée à cet exercice. Chacun lit pour soi, pas des yeux seulement, mais avec son intelligence et son cœur. Les vérités surnaturelles peuvent ainsi éclairer et réchauffer. Puis chacun va à son pas. Dès qu'il a pris contact avec Dieu, il peut adorer, s'humilier, supplier, implorer aide et soutien, ou tout simplement s'abandonner sur le cœur ou dans les bras du divin Maître. Pas de longueur déterminée dans la lecture, pas de considérations purement théoriques, mais possibilité d'une conversation amicale, d'un cœur à cœur qui se continue jusqu'à épuisement du sujet. Puis, s'il y a lieu, on repart ; on reprend sa lecture jusqu'à ce qu'un nouveau contact se produise.

Choix personnel, donc possibilité d'avoir un sujet toujours adapté à nos besoins particuliers. Toutes les âmes ne vont pas à Dieu par le même chemin. Toutes ne sont pas touchées par les mêmes vérités. Toutes ne sont pas en même temps dans les mêmes dispositions physiologiques, psychiques, émotionnelles ou morales. Enfin, toutes n'ont pas les mêmes tentations ou les mêmes défauts. En spiritualité, impossible de réduire les âmes au lit de Procuste. Chaque religieux doit avoir son propre programme de sanctification, s'insérant dans le programme général tracé par les Règles.

A la retraite, on dresse le plan pour l'année. A chaque récollection, on le repense. La méditation de chaque matin permet de frapper sur le même clou, de diriger les efforts, de renouveler à temps les résolutions fondamentales, de délimiter le programme du jour. L'examen du soir permettra de contrôler ce qui a été fait et pourra orienter vers le choix adéquat du sujet de méditation pour le lendemain. Ainsi, il y aura plus d'unité dans notre vie ; on évitera cet éparpillement qui rend stériles tant d'efforts généreux. Ce seront de petits pas, sans doute, mais comme ils sont toujours faits dans la même direction, nous finirons par progresser.

Pour les jeunes spécialement se pose un nouveau problème : le choix du sujet. Ils n'ont pas été habitués à ce système qui fait plus large la part de l'initiative personnelle. Jusqu'à maintenant la responsabilité du choix retombait sur le Frère Directeur. Les Frères Directeurs, qui comprenaient fort bien l'importance d'un choix judicieux et qui ne s'en remettaient pas à la simple routine ou au hasard du premier livre qui tombait sous la main, vont peut-être se croire totalement déchargés. Il faut plutôt dire que leur responsabilité a changé d'aspect : il leur revient de conseiller le choix des Frères, surtout des plus jeunes. Cela requiert du tact, de la psychologie, de solides connaissances religieuses et ascétiques. D'autre part, le Frère Directeur devra veiller à mettre à la disposition de la communauté tous les livres de méditation nécessaires.

 b) « Le choix sera personnel, sauf une ou deux fois par semaine », demande le Chapitre. Certains thèmes de méditation peuvent être indiqués par les Supérieurs majeurs, spécialement par le Frère Provincial, ou par le Frère Directeur de la communauté. S'il n'y a qu'un seul exemplaire du texte proposé, la lecture devra se faire à haute voix. Si chaque Frère disposait d'un exemplaire, la lecture silencieuse, bien personnelle, serait sans doute plus indiquée. Dans les deux cas, chacun s'efforcera d'insérer son effort personnel de méditation dans ce travail d'équipe, dans cette sorte de méditation collective.

D'autre part, un choix exclusivement personnel risquerait de laisser dans l'oubli total des thèmes de méditation dont la nécessité s'impose pourtant à tous, par exemple le péché, surtout les péchés qui nous menacent particulièrement dans notre vocation, les grandes vérités, certaines vertus difficiles et exigeantes qu'on est facilement tenté d'escamoter. Les sujets proposés en communauté nous rappelleront opportunément ce que nous serions portés à négliger.

 c) Enfin position libre pendant la méditation.  Est-ce une concession à la paresse ? Ce n'est certainement pas ce que les capitulants avaient en vue. Ils ont voulu simplement favoriser la méditation, en mettant chacun dans la position qui donne le plus de liberté à son esprit. Trop de fatigue physique empêche la concentration des facultés trop de mollesse peut porter au sommeil ou à la rêverie. Voilà pourquoi «la Commission est d'avis que la posture soit libre pendant la méditation ; mais elle fait remarquer qu'il ne convient pas d'être assis pendant toute la demi-heure » (Circ. p. 250)… à moins d'infirmité, bien entendu. 

3. Notre lecture spirituelle.

 On a voulu que la lecture spirituelle nourrisse vraiment l'âme, qu'elle devienne vraiment profitable.

Le rapport de la Commission distingue « deux lectures spirituelles : la lecture spirituelle documentaire et la lecture spirituelle ascétique. Lire dans le Bulletin de l'Institut les nouvelles de fondations, est une lecture documentaire. Lire « L'âme de tout apostolat » est une lecture ascétique. La première s'écoute volontiers, mais ne nourrit pas l'âme. La seconde nourrit l'âme, mais, en fin de journée, elle demande trop d'attention et risque d'endormir, quand elle est faite en public » (Rapport de la deuxième Commission).

Le Chapitre demande donc « la fidélité à la lecture spirituelle d'un quart d'heure. Celle-ci pourra être personnelle mais faite en communauté. On lira publiquement, en communauté, les documents tels que les circulaires de nos Supérieurs, les Constitutions et les Règles ou des textes émanés des autorités ecclésiastiques » (Circ. p. 247).

Ici encore on sauvegarde un double avantage : assurer un profit personnel à tous et maintenir l'esprit de communauté. La lecture spirituelle reste donc un exercice communautaire : certaines lectures qui transmettent des directives, des mots d'ordre ou des devoirs généraux, se font en public ; mais, même la lecture privée se fait normalement en communauté.

Ordinairement la lecture sera donc privée, personnelle. Chacun choisit le livre selon son attrait et ses besoins généraux ou particuliers. La lecture spirituelle doit être nourriture ou remède. Tous les estomacs ne s'accommodent pas des mêmes mets pris au même rythme ; toutes les maladies ou faiblesses ne requièrent pas les mêmes remèdes : aux uns, il faut des stimulants ; aux autres, des calmants ou des sédatifs. D'où l'on voit l'importance du bon choix des lectures spirituelles. Il ne s'agit pas de prendre un volume au hasard, mais de choisir après un examen sérieux : c'est un travail important pour le temps de la récollection et même de la retraite annuelle. Après mûre réflexion, éventuellement avec l'aide d'un directeur spirituel ou d'un Supérieur, on détermine à l'avance les volumes à lire pendant le mois ou même pendant l'année.

Le Frère Directeur peut avoir ici, comme pour la méditation, un devoir de direction et de formation à remplir, surtout à l'égard des jeunes Frères.

Notons que la lecture spirituelle doit être posée, réfléchie, méditée. Chacun va à son pas : à tel jour une page peut être suffisante ; à tel autre, il faudra la synthèse d'un chapitre entier ou au moins plusieurs pages pour constituer une nourriture profitable.

Le but ultime de la lecture spirituelle est de nourrir l'esprit, de réchauffer le cœur et de rapprocher de Dieu. Un autre but à ne pas négliger, but indirect pour atteindre le premier, c'est de préparer la méditation. Le rapporteur de la deuxième Commission disait : « Chaque Frère aurait ainsi toujours un moment pour préparer très sérieusement sa méditation du lendemain », surtout si la lecture spirituelle a lieu le soir.

On voit alors l'avantage de choisir une lecture spirituelle ayant quelque rapport avec le sujet de méditation, complétant ainsi l'unité des efforts vers un but précis : la tendance à la perfection étant centrée sur un objet bien défini pour le mois ou pour l'année. Notre Bienheureux Père usait déjà largement de , cette unité d'efforts

« Il employait tout le Carême à la méditation des souffrances du divin Sauveur ; et, estimant ce sujet plus que suffisant pour occuper les Frères et nourrir leur piété, il ne leur en donnait pas d'autre pour leurs méditations, pour lecture spirituelle, et souvent même, pour les lectures du réfectoire. » Vie, p. 369.)

Le Chapitre a laissé aux Conseils provinciaux, la latitude d'ordonner l'horaire de la journée pour que, compte tenu des règlements scolaires et des conditions particulières de chaque pays, on place les exercices religieux, l'étude religieuse, la lecture spirituelle aux moments où ils peuvent être le plus fructueux. Ce n'est peut-être pas nécessairement en sortant de classe ou après une heure et demie de prières et d'étude religieuse, que la lecture spirituelle donnera tout son fruit. En fixant l'horaire, on doit avoir en vue de faciliter « une ferveur religieuse plus intense ».

A chacun ensuite de tirer tout le parti possible pour son avancement spirituel, de cet exercice éminemment précieux, en y mettant toute son âme et tous les efforts qu'il requiert. 

4. Notre étude religieuse.

 Le Chapitre ne pouvait négliger ce que le P. Desurmont appelait « l'article fondamental » de nos Règles et dont l'article 273 des Règles Communes parle en ces termes : « L'étude religieuse étant d'une importance capitale, tant pour le profit spirituel des Frères que pour la formation chrétienne des élèves… » Aussi le Chapitre demande-t-il « la fidélité à l'heure intégrale de l'étude religieuse » (Deuxième Commission, Circ. p. 247).

Or la deuxième Commission avait la charge des prières ; on range donc l'étude religieuse parmi les exercices religieux ou au moins, parmi ceux qui sont susceptibles d'intensifier et de maintenir la ferveur. Voilà qui montre son importance ; c'est parce que le Chapitre comprend cette importance qu'il insiste sur l'intégrité de l'heure prescrite.

Trop souvent on entame l'heure par les deux bouts : on retarde ou l'on traîne pour commencer… et facilement on devance la fin. Ne peut-on pas dire qu'en certaines maisons, c'est la grande sacrifiée ? On l'immole sans scrupule sur tous les autels et à tous les dieux : apostolat, organisations, travaux spéciaux, études, détentes, etc. … On l'immole de gaieté de cœur parce qu'on n'en comprend pas ou en comprend mal la valeur et l'importance ; mais hélas ! c'est trop souvent au prix d'un attiédissement progressif, de la stérilisation de l'apostolat et, parfois même, de la perte de la vocation.

Voilà pourquoi la quatrième Commission, chargée d'étudier les moyens d'assurer la persévérance des Frères, insiste à son tour :

« Etude religieuse : Que les Frères Directeurs fassent tout leur possible pour permettre aux Frères leur étude religieuse de chaque jour, et qu'ils veillent à ce qu'elle soit faite comme il se doit » (Circ. p. 266.)

La deuxième Commission demande à tous l'heure: intégrale ; la quatrième rappelle aux Frères Directeurs leur double responsabilité à ce sujet :

 1° « Faire leur possible pour permettre aux Frères leur étude religieuse de chaque jour. » C'est, en effet, sur les Frères Directeurs que retombe, en grande partie, cette responsabilité de l'intégrité de l'heure. A eux de prévoir, à eux de faire la répartition des charges afin que tous soient habituellement libres pendant ce temps. A eux peut-être de suggérer au C. F. Provincial une modification du coutumier afin de choisir un moment propice pour tous. A eux surtout de présider l'étude religieuse et de faire en sorte que tous les Frères soient présents dès le début et y restent jusqu'à la fin. Il leur faudra, sans doute, revenir souvent sur le sujet, s'efforcer d'en faire comprendre l'importance et d'en faire sentir la nécessité, avertir en direction, stimuler, etc. … ; mais, surtout, ils devront faciliter l'étude religieuse en écartant tous les obstacles.

2° « Veiller à ce qu'elle soit faite comme il se doit. » Le fait d'être assis à son bureau, ne constitue pas nécessairement une étude religieuse véritable. L'article 273 des R. C. demande qu'on « emploie sérieusement l'heure qui lui est consacrée à la préparation du catéchisme, à une étude ascétique personnelle ou selon les indications des Supérieurs ».

On y distingue donc habituellement deux parties : la préparation du catéchisme et l'étude ascétique. C'est nécessaire pour qu'elle remplisse sa double fin : profit spirituel des Frères, formation chrétienne des élèves. Formation chrétienne des élèves par la préparation éloignée et immédiate du catéchisme ; profit spirituel des Frères, particulièrement par les études ascétiques.

 C'est en vue d'assurer l'une et l'autre que la sixième Commission « tenant compte des désirs exprimés dans les notes, propose :

1° Que dans chaque Province, on prépare un programme d'études religieuses bien défini et approuvé par le Conseil Général, programme que les Frères suivront dès les maisons de formation.

2° Que la théologie et la mariologie occupent la première place dans ce programme.

3° Qu'on révise et développe l'histoire de l'Institut pour aider nos Frères à le mieux connaître et à se mieux pénétrer de son esprit » (Circ. p. 277).

De son côté, la huitième Commission demande que l'on « intensifie la préparation des Frères à leur mission de catéchistes » et, comme moyen d'arriver à cette fin, elle ajoute « que le programme d'études religieuses soit adapté à la préparation d'excellents catéchistes et, si possible, en conformité avec les programmes des Instituts catéchistiques » (Rapport au Chapitre).

On souhaite aussi « dans les programmes une place plus large à l'étude de la Bible et de la liturgie » (Circ. p. 276).

Le Chapitre veut donc l'élaboration d'un programme solidement établi, en vue d'une ferveur religieuse plus intense et d'un zèle apostolique plus éclairé et plus efficace. Les Provinces, qui n'auraient pas mis leur programme à point, devraient le faire au plus tôt, en s'inspirant des suggestions faites par le Chapitre. Il serait même à souhaiter que des cours réguliers soient organisés en théologie, en catéchétique (vœux du Chapitre) et même en ascétisme afin « que la formation religieuse aille de pair avec l'intensification des études profanes » (Circ. p. 276).

Une fois les programmes élaborés, reste le point important : en tirer profit. C'est le travail de chacun. Mais le Chapitre rappelle aux Frères Directeurs leur obligation de « veiller à ce que l'étude religieuse se fasse comme il se doit ». Il faut d'abord établir cette atmosphère de calme, de tranquillité, presque de recueillement, qui favorise l'étude et la concentration.

Au compte de conduite, il pourra s'enquérir où les Frères en sont de leur programme, comment ils emploient leur temps, les difficultés qu'ils rencontrent, etc. … Il encouragera, stimulera, dirigera selon le cas.

L'étude religieuse doit être une véritable étude. Une lecture plus ou moins distraite d'un livre, ou d'une revue qui souvent n'a de religieux que le titre, ne constitue pas une véritable étude. Etude implique attention, réflexion, assimilation ; suppose un travail réel et approfondi, la plume à la main. Alors seulement l'heure sera profitable… et le temps paraîtra court. Voilà ce que le Frère Directeur prêchera par son exemple personnel, par sa fidélité à être des premiers à la salle d'étude, car le Chapitre demande « que partout l'étude religieuse soit maintenue à la salle commune » (Circ. p. 282), par sa fidélité à un travail en profondeur afin de donner lui-même à ses élèves ou à ses Frères une nourriture vivifiante. C'est le temps tout désigné pour la préparation sérieuse de l'explication de la Règle du dimanche suivant, une explication adaptée aux besoins de sa communauté ; elle aurait une tout autre saveur et une autre portée que les quelques mots improvisés dont quelques-uns se contentent. 

5. Notre retraite.

 Même idéal d'intensification de ferveur dans les suggestions faites au sujet de la retraite et de la récollection. On veut en faire des moments de véritable rénovation spirituelle et d'un élan de ferveur qui doit se continuer durant l'année ou durant le mois ou le trimestre.

On y demande plus de temps pour la réflexion et la prière personnelles. Trop souvent, hélas ! on compte davantage sur les talents du prédicateur ou du Supérieur pour assurer la valeur d'une retraite ; trop facilement nos retraites sont passives. Rappelons-nous ces paroles de notre Bien-heureux Père : « Les instructions les plus fortes n'ont aucun effet durable ,si Dieu ne parle au cœur, et il n'y a que sa grâce qui puisse vous toucher, vous donner des sentiments de componction et vous changer. Si vous voulez faire une bonne retraite, priez et mettez votre confiance en Dieu. » (Vie, p. 335.)

Le Chapitre désire que nos retraites soient plus actives : ce doit être, avant tout, un travail personnel en collaboration avec la grâce de Dieu. Méditation approfondie des grandes vérités ; mais aussi examen sérieux sur son état d'âme, sur la façon dont on a réalisé son idéal de vie généreuse et donnée, son idéal d'amour ; élaboration d'un programme précis et détaillé d'action pour l'année qui commence. La retraite est un arrêt entre deux étapes : un coup d'œil sur l'étape qui finit afin de déceler les causes d'erreurs, de faiblesses ou de défaillances ; mais surtout une préparation détaillée de l'étape future en mettant à profit l'expérience acquise. Voilà pourquoi le Chapitre demande plus de temps libre et prévoit que les instructions ne couvriront pas toute l'heure de la méditation.

Si l'on donne la liberté de finir la méditation hors de la salle de réunion, cela indique précisément que la méditation doit se continuer. Plusieurs trouvent profit à noter les inspirations qui surviennent ; ils ont donc la possibilité de se retirer dans leur chambre ou à la salle d'étude. Parfois, c'est un élan de prière qui se fait sentir ou le besoin impérieux d'appeler le secours de Dieu ou de se jeter dans les bras de la Mère toute-puissante ; alors, c'est devant le Tabernacle ou au pied de la statue de la Sainte Vierge, qu'on se retire tout naturellement. Une demi-heure plus tard, la même démarche n'aurait pas le même effet : « Il faut battre le fer pendant qu'il est chaud », dit le proverbe.

C'est aussi pour favoriser la piété et aider à la ferveur qu'on demande plus de vie liturgique pendant la retraite : messe dialoguée, messe chantée, etc. … Il ne s'agit pas de certaines innovations qui distraient et empêchent de prier, mais d'une participation réelle et active au sacrifice et à la vie de l'Eglise. Prier avec l'Eglise, c'est répondre aux désirs du Bienheureux Fondateur, qui veilla avec tant de soin à ce que les offices religieux se fassent avec solennité et selon les rites de l'Eglise. Par exemple, nous dit le vénéré Frère Jean-Baptiste, « les trois derniers jours de la Semaine Sainte, les offices de l'Eglise avaient lieu en leur entier, avec toute la piété et la solennité possibles » (Vie, p. 369). « Le profond respect et le tendre amour que le Bienheureux Père Champagnat avait pour Jésus-Christ au Saint-Sacrement de l'autel, le portait à faire avec solennité les offices de l'Eglise et à observer les rubriques avec la plus minutieuse exactitude. Sous ce rapport, la petite chapelle de la communauté ressemblait à l'église primatiale et à celle du grand séminaire. » (Vie, p. 374.)

Sans courir après toutes les nouveautés, il est certain que notre piété gagnerait à être plus liturgique, particulièrement pendant les retraites. Ce serait revenir à l'esprit du Fondateur et, en même temps, nous mieux préparer à l'apostolat.

En effet, la huitième Commission demande que « les Frères s'efforcent d'initier leurs élèves à la vie liturgique en la leur faisant comprendre et aimer. Ils apporteront une attention particulière au soin de la chapelle, au service des autels et au chant liturgique, afin de prier sur de la beauté » (Circ. p. 287). Les Frères auront donc l'occasion, eux aussi, de « prier sur de la beauté ».

Le désir d'intensifier la ferveur en vivant avec l'Eglise se retrouve aussi dans la suggestion « de mieux adapter les mystères du Rosaire aux temps liturgiques ». Le même esprit d'une prière plus personnelle et plus sentie a inspiré la modification de l'offrande de la journée : «Afin d'éviter la routine, les intentions de l'Apostolat de la Prière et les intentions missionnaires seront énoncées dans leur teneur exacte, à l'offrande du matin. » (Circ. p. 248.) Comme ces intentions se renouvellent chaque mois, il faut nécessairement y porter son attention, d'où la possibilité d'y mettre plus de ferveur et plus de générosité. 

6. Nos récollections.

 Parmi les moyens propres à soutenir la ferveur, il faut mettre en bonne place les récollections. On a dû constater, cependant, qu'en certains endroits il est difficile de se libérer suffisamment pour qu'on puisse faire une bonne récollection mensuelle. En vue d'assurer le maintien de cette pratique salutaire et pour qu'on puisse y trouver réellement un accroissement de ferveur, on suggère une formule qui consacrerait une demi-journée à la prière et à la réflexion, en même temps qu'elle pourrait donner l'occasion à une direction spirituelle sérieuse. Le choix de la formule est laissé à la responsabilité du Conseil provincial. 

7. Notre fidélité à la Règle.

 Ferveur religieuse plus intense par une régularité plus consciente, donc plus généreuse et plus méritoire. Moins de formalisme peut-être et plus d'amour : « Je ne vous appellerai plus serviteurs mais amis. » Ne perdons pas de vue la parole du Maître : « Si vous m'aimez, gardez mes commandements. » (Jean, XIV.)

N'introduit-on pas l'irrégularité en modifiant les Constitutions et en bouleversant les Règles, comme on semble nous le promettre ? C'est, au contraire, pour faciliter la vie régulière qu'on veut, non des bouleversements, mais certaines adaptations. Les modifications, apportées ou en perspective, ne touchent nullement aux principes fondamentaux de notre vie mariste. Après la nouvelle impression des Règles, on pourra encore dire avec les membres du deuxième Chapitre Général : « Toutes n'ont pas été écrites de la main de notre Bienheureux Père Fondateur, mais elles sont toutes de lui… Elles sont l'expression fidèle de sa volonté et contiennent son esprit, c'est-à-dire sa manière de pratiquer la vertu, de diriger, de former les Frères et de faire le bien parmi les enfants. »

Le but du Chapitre a été de rendre plus intégrale la fidélité à la Règle. L'Institut étant devenu universel, les Frères se trouvant aujourd'hui sous tous les méridiens et sous toutes les latitudes, il n'est plus possible de maintenir des horaires uniformes partout : ce serait au détriment de la vie religieuse et de l'apostolat. L'Institut s'étendant sans cesse, une certaine décentralisation de l'administration s'impose ; d'où ces responsabilités plus grandes laissées aux Conseils provinciaux, toujours – sous le contrôle de l'Administration Générale en vue de maintenir une certaine unité dans toute la Congrégation. Mais, insiste la troisième Commission, « qu'on aménage les horaires… de façon à faciliter au maximum l'observance de la Règle » (Circ. p. 255).

On insiste surtout sur une observance personnelle et par amour : « Le but de l'observance, nous dit la troisième Commission, est d'abord de favoriser l'épanouissement spirituel des Frères et de les rendre parfaitement libres et disponibles au service de Dieu et du prochain. Ils doivent donc la considérer, non comme une contrainte imposée de l'extérieur, mais comme une exigence profonde de leur vocation. Acceptant courageusement les sacrifices qu'elle impose, ils s'y porteront donc avec générosité et joie, comme à la forme concrète que prend quotidiennement leur amour de Dieu et du prochain. » (Circ. p. 255.)

C'est d'ailleurs ce qu'avait demandé la première Commission en des termes presque similaires : « Les articles traitant de la pratique des vertus devront faire ressortir et mettre en évidence l'aspect réel des Règles qui est d'être le moyen facile et irremplaçable de nous rapprocher du Christ par Marie. » (Circ. p. 244.)

Le Chapitre insiste donc sur le côté affectif de l'observance. Si tous nos Frères considéraient réellement et pratiquement la Règle comme « la forme concrète que prend quotidiennement leur amour de Dieu et du prochain », comme « le moyen facile et irremplaçable de nous rapprocher du Christ par Marie », on n'entendrait plus personne traiter de minuties les prescriptions régulières ; on se ferait scrupule de manquer aux points les plus minimes : rien n'est petit quand on aime, rien, « pas même une inclination de tête ».

Que l'on serait loin de ces religieux dont parle notre Bienheureux Père, « qui croient pouvoir se dispenser, sans aucun danger des petites observances… Ces sortes de religieux, en se rendant infidèles dans les petites choses, commettent une foule de fautes légères, résistent sans cesse à la grâce et profitent peu des sacrements et des exercices de piété. Ils tombent finalement dans la tiédeur, sans s'en apercevoir, et perdent le goût et l'amour de leur vocation » (Vie, p. 543).

Aussi la quatrième Commission, après avoir constaté que « tous les points signalés comme causes de défection ou comme moyens de persévérance sont déjà indiqués dans les Règles Communes et dans les Règles du Gouvernement »  (Circ. p. 264), en arrive à la conclusion que la véritable cause des défections « n'est pas tant au dehors, dans les circonstances extérieures, les confrères, les Supérieurs, mais bien davantage au dedans, dans la faiblesse, l'amour-propre, le manque de générosité, l'absence d'esprit religieux » (Circ. p. 268).

Voilà, à plus d'un siècle de distance, des constatations qui se rapprochent singulièrement de celles du Bienheureux Père : c'est par le manque de fidélité à la Règle que l'on arrive «à perdre le goût et l'amour de sa vocation ».

« Le seul remède, tout au moins le remède essentiel, consistera à armer tous les Frères pour la lutte, à renforcer par tous les moyens leur esprit de sacrifice, leur générosité, leur vie intérieure, en un mot leur amour de Dieu. » (Quatrième Commission, Circ. p. 268.)

La troisième et la quatrième Commission se rejoignent donc pour affirmer les mêmes vérités :

1° « L'observance régulière favorise l'épanouissement spirituel et rend parfaitement libre et disponible au service de Dieu et du prochain. »

« Observer la Règle, c'est marcher à grands pas dans la voie de la perfection, c'est se procurer toutes les consolations de la religion, c'est assurer, autant qu'il est possible, son salut. » (Bienheureux Champagnat, Vie p. 545.) « Vous y trouverez la paix de l'âme et vous recevrez le centuple de biens, de grâces et de consolations que Notre-Seigneur promet à ceux qui ont tout quitté pour le suivre. Gardez votre Règle, observez-la bien et je vous assure le paradis… Vous me demandez quels moyens vous devez prendre pour avancer dans la vertu je n'en connais pas de meilleur pour vous, que la fidélité à votre Règle. » (Vie, p. 545.)

Avancer dans la vertu, marcher à grands pas dans la voie de la perfection, centuple de biens, de grâces et de consolations : n'est-ce pas là le véritable épanouissement du religieux ? Le Chapitre ne fait donc que résumer la pensée et l'esprit du Fondateur.

« Epanouissement » est un mot à la mode ; il répond d'ailleurs aux légitimes aspirations des hommes. Epanouir sa vie, épanouir sa personnalité, c'est leur faire donner pleine valeur, c'est leur faire atteindre la perfection. Le religieux ne peut être satisfait que s'il parvient à réaliser pleinement son but, que s'il fait donner à sa vie sa pleine valeur, que s'il assure son salut et sa perfection. Pas de moyens plus courts ni plus faciles, pas d'autres moyens que la fidélité à la Règle, à l'esprit et à la lettre, dans les petits détails comme dans les grandes prescriptions.

Le but de la vie religieuse, c'est d'aimer Dieu, de servir Dieu et le prochain. Or la Règle « nous rend libres et disponibles au service de Dieu et des hommes ».

« Celui qui vit selon la Règle, nous dit notre Bienheureux Père, vit selon Dieu. Comprenez-vous bien cela ? Il vit, non pas selon l'homme, c'est-à-dire selon la chair, les passions, les caprices et l'humeur, non pas selon soi-même et sa volonté propre, non pas selon le monde, moins encore selon Satan ; mais selon Dieu, mais selon les exemples de Jésus-Christ et des Saints. » (Vie, p. 439.)

L'observance régulière nous libère donc de la chair, des passions, des caprices, de l'humeur, de la volonté propre, de l'esclavage du monde et de Satan ; elle nous libère des soucis, de l'inquiétude de savoir si nous faisons la volonté de Dieu, si nous en faisons assez. « Si vous m'aimez, vous garderez mes commandements. » (Jean, XIV, 15.) Et, pour nous, les commandements du Maître sont clairement exprimés, jusque dans les détails, dans notre Règle ; Dieu lui-même par la voix de l'Eglise qui a approuvé nos Règles et Constitutions, nous en donne la garantie.

Ainsi libérés, nous devenons disponibles : plus d'obstacles, plus d'attaches ; nous pouvons dire en toute sincérité comme Notre-Seigneur : « Voilà que je viens pour faire votre volonté. » Dieu pourra disposer de nous comme il lui plaira, pour sa gloire et le salut des âmes.

 2° « L'observance régulière n'est pas une contrainte imposée de l'extérieur, mais une exigence profonde de notre vocation. »

Trop souvent hélas ! nous trouvons des religieux qui considèrent les prescriptions régulières comme des entraves imposées par une volonté arbitraire. Ils y voient la volonté ou les caprices des Supérieurs, au lieu d'y voir la volonté de Dieu : ce seraient alors des brimades injustifiées et injustifiables.

Cependant, n'est-ce pas « volontairement et librement », « en pleine connaissance de cause et après mûre réflexion », que nous avons pris nos engagements ? Engagements non de faire notre volonté, non de suivre nos caprices ou les inspirations de la nature, mais d'observer la Règle. Nous avons donc accepté la Règle telle qu'elle est, sans faire de réserve, après avoir certifié que nous la connaissions. Ce n'est donc pas la volonté du Supérieur qui s'impose à nous, c'est la volonté de Dieu ; c'est même notre volonté puisque nous avons voulu obéir. Nous voulons être religieux ; on ne peut être religieux sans une Règle qui nous relie à Dieu.

Si l'observance régulière est une exigence pro-fonde de notre vocation, si c'est par une adhésion libre et volontaire que nous avons accepté la Règle, la fidélité à ses prescriptions devient une responsabilité personnelle, indépendamment du contrôle du Supérieur. Voilà pourquoi la troisième Commission insiste pour que nous en fassions une affaire personnelle : « Il est donc important que les Frères aient le sens de leur responsabilité personnelle quant à l'observance de la Règle ; qu'ils ne s'attendent pas à ce que le Règlement ou les ordres du Frère Directeur leur indiquent à chaque moment ce qu'ils ont à faire ; mais que, ayant à cœur, personnellement, l'observance de la Règle, leurs exercices de piété en particulier, ils s'ingénient après accord avec le Frère Directeur, à trouver le temps de les faire, malgré la diversité de leurs occupations et les imprévus. En un mot, qu'ils sachent, dans leur vie religieuse, faire preuve de maturité, de personnalité, comme ils en font preuve dans leur emploi. » (Circ. p. 255.)

Faire preuve de maturité, de personnalité : le Chapitre nous invite donc à agir par nous-mêmes, à devenir adultes spirituellement. C'est habituellement au nom de la personnalité à respecter, à épanouir, c'est parce qu'on croit manifester une personnalité forte qu'on s'oppose à la Règle et aux Supérieurs. Et voilà qu'au nom de la même personnalité, au nom de l'épanouissement spi-rituel, on nous invite à une observance plus rigoureuse, plus généreuse. C'est le monde renversé, dira-t-on. Oui, si l'on entend par « le monde » ce que Notre-Seigneur désignait en disant : «Malheur au monde, à cause de ses scandales ! » « Vous êtes dans le monde, mais vous n'êtes pas du monde. » Justement nous ne devons plus être du monde mais à Dieu. Les jugements selon le monde, l'esprit du monde nous écartent de Dieu en nous éloignant de la Règle. C'est l'esclavage du monde qui nous empêche de jouir de «la sainte liberté des enfants de Dieu ».

Les vrais religieux, ceux qui ne sont pas du monde, comprennent aisément les exigences profondes de leur vocation et savent faire preuve de maturité religieuse, de personnalité parfaitement épanouie, par une fidélité inspirée par l'amour, volontaire et personnelle, à toutes les prescriptions régulières. Avec le Bienheureux Fondateur, ils savent « qu'observer exactement la Règle, c'est faire continuellement la volonté de Dieu » (Vie, p. 545). Ils l'acceptent donc avec joie et s'y portent avec élan. Voilà ce que nous demande le Chapitre.

 3° « Ils s'y porteront avec générosité et joie, comme à la forme concrète que prend quotidiennement leur amour de Dieu. »

«Mon joug est doux et mon fardeau est léger », nous dit le Seigneur. C'est certain, mais on ne peut le sentir que si on le considère sous l'angle de la foi et si on l'accepte pleinement, de toute son âme et par amour. Tout fardeau, si petit soit-il, semble lourd si on le traîne, car il s'accroche à toutes les aspérités du sol, à tous les obstacles de la route. Mais c'est une tout autre chose, lorsqu'on le porte avec courage, lorsqu'on l'embrasse avec amour. « Tout est facile à celui qui aime… même les peines se changent en joie.

« Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure. » (Jean, xiv, 23.) Nous nous porterons à l'observance avec générosité car selon le Bienheureux Champagnat « la fidélité à la Règle immole à Dieu le religieux par un sacrifice perpétuel qui se répète à chaque instant de la journée. On comprend, en effet, que pour être fidèle à toutes les prescriptions de la Règle, il faut avoir continuellement en main le glaive de la mortification et se faire une perpétuelle violence » (Vie, p. 438).

C'est pour suivre le Christ que nous avons voulu devenir religieux. Or le Christ a dit : « Prenez votre croix et suivez-moi. » La croix de tout Frère Mariste, c'est, avant tout, sa Règle. Générosité donc !

Joie aussi, car nous servons le meilleur des maîtres ; joie parce que par là nous manifestons notre amour. Pour qui aime, les peines elles-mêmes se changent en joies. La joie est une autre forme de l'amour : on est toujours heureux de faire plaisir à celui que l'on aime. D'ailleurs la promesse du divin Maître est toujours vraie : « Nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure. » Qui pourrait être triste lors-qu'il héberge de tels hôtes : le Père, le Fils et le Saint-Esprit, l'Esprit qui est lumière, chaleur et force ?

Puis la joie fait oublier la peine et la fatigue. La route est poussiéreuse, l'étape est déjà longue, les routiers ralentissent le pas sous le poids de la fatigue et de la chaleur ; mais voilà quelqu'un dans les rangs qui entonne un refrain entraînant. Faiblement, d'abord, puis progressivement le chœur reprend la mélodie. Les visages se détendent, les pas s'affermissent, la marche reprend son rythme et l'on couvre la dernière étape presque sans s'en apercevoir : la joie a soutenu les courages et ranimé l'ardeur. Si parfois la Règle nous semble plus lourde, portons-nous-y avec joie, « comme à la forme que prend quotidiennement notre amour de Dieu » et comme naturellement, nous couvrirons l'étape et atteindrons le but. 

8. La direction chez nous.

Régularité plus généreuse et ferveur plus intense, par la direction ! Parmi les moyens propres à intensifier la ferveur et à mesurer la persévérance, le Chapitre insiste, en effet, sur l'entrevue ou compte de conduite dans l'emploi.

La troisième Commission constate qu'une « certaine négligence s'est introduite en ce qui con-cerne l'entrevue avec le Frère Directeur, si importante, spécialement pour les jeunes Frères.

Le Chapitre rappelle la nécessité de cette entrevue » (Circ. p. 255). C'est ce qu'il a fait d'une manière plus précise par le huitième statut capitulaire

« Etant donné la grande importance de l'entrevue de Règle pour le bon esprit des Frères et leur persévérance ainsi que pour la bonne marche des communautés et des écoles, les Supérieurs Majeurs veilleront à ce que les Frères Directeurs disposent d'un temps bien déterminé pour s'en acquitter et à ce que tous les Frères y soient fidèles. » (Circ. p. 312.)

La quatrième Commission avait particulièrement insisté sur ce sujet : « La plupart des rapports envoyés à la Commission insistent sur l'importance de l'entrevue, de la « direction » avec le Frère Directeur, et se plaignent de ce que cette entrevue ait lieu trop rarement ou pas du tout. Le Frère Directeur devrait non seulement recevoir les Frères quand ils se présentent, mais, comme le demande la Règle, les voir tous régulièrement, avec éventuellement un tour de faveur pour les jeunes. Ce point est d'importance capitale pour les jeunes Frères que le Frère Directeur saura encourager à propos, qu'il tiendra à conseiller pour la classe ; il écoutera leurs doléances, leurs projets, en discutera avec eux, et en orientant leurs lectures, saura pallier à toute influence néfaste sur leur esprit religieux. » (Circ. p. 267.)

Le Chapitre rappelle donc leur devoir à trois groupes :

a) aux Supérieurs Majeurs, qui ont l'obligation d'insister, d'encourager, de prendre des mesures pour que la direction se fasse partout ;

b) aux Frères Directeurs, qui doivent être à la disposition de tous leurs Frères, spécialement des jeunes ; il leur trace un programme de travail pour cette entrevue ;

c) aux Frères en général, pour qu'ils y soient fidèles.

Régulièrement, les Supérieurs reviennent sur ce sujet, insistent et rappellent leurs devoirs aux Frères Directeurs. La neuvième Commission demande « la reconnaissance officielle de la fonction de « Préfet des études », dans les écoles importantes, afin de laisser au Frère Directeur, son rôle de Supérieur de la communauté » (Circ. p. 298). Ordinairement aussi, les CC. FF. Provinciaux veilleront à ce qu'un temps soit réservé pour la direction.

Ce sont surtout les Frères Directeurs qui ont en main la clé du succès de ce point de Règle. Si tous arrivaient à comprendre quelle puissance ils peuvent exercer sur leurs Frères par cette entrevue, nul ne consentirait à la négliger. Ils seraient prêts à sacrifier tout le reste mais pas cela. Hélas ! le diable est fin ; c'est habituellement la première chose qu'il arrive à faire négliger.

Les Frères aussi ont leur part de responsabilité et de travail : ils doivent d'abord se présenter au temps marqué, préparer ce qu'ils veulent traiter, exposer personnellement leurs problèmes – il s'agit naturellement du compte de conduite : la façon dont ils observent extérieurement les Règles et les Constitutions, dont ils remplissent leur emploi, etc. … Nul ne peut les obliger à exposer leurs problèmes intérieurs qui sont réservés au directeur spirituel ; ils sont libres cependant de s'ouvrir spontanément à qui ils voudront et, parfois, ils trouveront de grands avantages à en parler à leur Supérieur.

Le Chapitre a exhorté également à la direction spirituelle proprement dite, faite à un prêtre : « Que le Frère Directeur veuille bien mettre tout en oeuvre pour faciliter au maximum, à qui la veut, la dite direction et ce, avec toute la délicatesse et la discrétion souhaitables » (Quatrième Commission, Circ. p. 268), même si parfois cela implique quelques déboursés. Les récollections de deux ou trois jours en cours d'année, que l'on souhaite pour les jeunes Frères (Circ. p. 268) fournissent une occasion favorable. Dans certaines Provinces, on arrive à obtenir un religieux-prêtre qui se met à la disposition des Frères à l'occasion de chaque récollection. Il est à souhaiter que cette mesure se généralise.

Un dernier mot au sujet de l'entrevue : elle a un ennemi mortel qui la stérilise complètement et la rend même impossible dans certains établissements : c'est le manque de discrétion, soit de la part du Frère Directeur, soit de la part des Frères, soit des deux côtés. Ce manque de discrétion tue la spontanéité et écarte toute confiance et tout épanchement. 

9. Le Second Noviciat.

Ferveur renouvelée et intensifiée par le Second Noviciat. C'est parce que le dernier Chapitre, comme les précédents, a reconnu l'importance du Second Noviciat, qu'il insiste sur :

a) La préparation des instructeurs ;

b) L'élaboration des programmes ;

c) La possibilité pour tous les Frères d'en profiter (Circ. p. 272).

Mais, quelle que soit l'organisation, le succès de ces saints exercices dépend avant tout et surtout de celui qui les fait ou les suit. On doit y aller avec l'intention d'en profiter au maximum, y vivre avec une réelle volonté de perfectionnement et en repartir avec la résolution d'en vivre. Sans ces dispositions, le Second Noviciat n'a que peu de valeur et peut même produire des effets contraires : on ne résiste pas impunément à la grâce.

Les exercices du Second Noviciat doivent être bienfaisants non seulement pour le sujet qui s'y adonne, mais aussi pour la Province qui fait des sacrifices pour les faciliter. Elle s'attend, l'Institut tout entier s'attend à ce que les Frères, revenant du Second Noviciat, soient des ferments de ferveur, le levain qui soulève la pâte de la routine ou de la tiédeur. Ils doivent être les apôtres de la régularité, de la piété, du zèle apostolique ; profondément imprégnés de l'esprit mariste, ils doivent le rayonner autour d'eux. S'ils ne répondent pas à cette attente, ils deviennent une cause de scandale, parce que, inconsciemment sans doute, ils entraînent les confrères à la routine et à la tiédeur. 

10.  La formation des Frères.

Pour arriver à une ferveur plus intense, il importe que les Frères soient bien formés. Le Chapitre s'est arrêté longuement sur la question des maisons de formation et sur la formation des frères.

Des premiers pas dans la vie religieuse dépendent, pour une grande part, la persévérance et la ferveur. La cinquième Commission insiste donc sur le sérieux et la solidité de la formation aux différentes étapes :

« Juvénat : Que l'on inspire à nos juvénistes, l'estime d'une vie plus élevée et l'esprit de notre Congrégation… qu'on les forme, avant tout, à une vie profondément morale, sociale et chrétienne.

« Noviciat : Dans la formation des novices, qu'on s'en tienne aux grands principes de notre spiritualité mariste, en cherchant surtout à former des convictions bien assises. Qu'on évite de tomber dans l'excès des formules dites modernes, se méfiant des concessions à cet esprit qui tendrait à diminuer l'esprit de sacrifice et la volonté des jeunes.

« Scolasticat : Au scolasticat, il faut renforcer la vie de piété. Si l'on insiste sur une vie profondément mariale et mariste, le jeune Frère, vivant dans la ferveur un genre de vie assez rapproché de celui de nos établissements, trouvera plus facile, à la sortie du scolasticat, l'adaptation à la vie apostolique réelle. » (Circ. p. 270.)

Comme nous le disions au début de cette circulaire, ce que l'on réclame, c'est un plan de formation basée sur la mortification, l'abnégation, l'humilité, « pratiquées surtout intérieurement » ; par conséquent, un édifice religieux reposant sur des bases solides : les vertus qui, avec la charité, constituent les fondements de toute vie religieuse sérieuse.

Mais l'on veut que cette formation soit réellement constructive, qu'elle entraîne les jeunes à vouloir personnellement leur perfection : ils doivent y être actifs et non pas seulement passifs ; y travailler et non pas la subir. « On doit apporter un soin spécial à l'éducation d'une saine liberté, au développement du sens de la responsabilité dans le but de former la personnalité des jeunes, d'orienter leurs initiatives. » (Circ. p. 269.)

On peut facilement verser dans les excès – il est si facile de s'écarter du juste milieu : in medio stat virtus – si l'on ne sait modérer la culture de la liberté personnelle par le sens des responsabilités. Il faut rendre nos jeunes responsables de leur propre perfection et de leur vie religieuse, les yeux fixés sur leur idéal et sur leurs modèles : Jésus, Marie et notre Bienheureux Père. Entre le « tout laisser faire » et l'autoritarisme qui est le « ne rien laisser faire », il y a l'éducation qui est « direction de croissance », comme dit Jean Rimaud. C'est plus difficile, cela requiert un doigté particulier et une longue patience, mais c'est de nos jours la seule méthode pour former des hommes, encore plus pour former des religieux.

« Mais le jeune Frère sortant du scolasticat n'est pas entièrement formé. Il est indispensable que le Frère Directeur, ou quelque Frère ancien, continue sa formation, non seulement professionnelle et pédagogique, mais aussi religieuse et spirituelle. » (Quatrième Commission, Circ. p. 265.)

Ce n'est pas la responsabilité du seul Frère Directeur, mais bien celle de tous les Frères de la communauté. Ce travail de formation continuée se fera d'abord par l'exemple. Si le jeune Frère arrive dans une communauté fervente, où il y a une atmosphère de charité et une véritable émulation pour une vie religieuse sérieuse et généreuse, une régularité stricte sans être tatillonne, il prend le pas comme naturellement et est porté vers les sommets. Or les premiers pas ont une importance souvent décisive. Comme une plante de serre, il subit le choc ou l'élan de la température dans laquelle il est transplanté : un vent glacial peut être mortel. Même s'il échappe à la mort, son épanouissement en est gravement entravé et risque d'être à jamais ruiné.

Formation continuée par l'influence personnelle de tel ou tel confrère au cours des conversations. Que de problèmes se résolvent comme naturellement au contact d'un religieux fervent et d'esprit apostolique ! Cela complète ou prépare le travail du Frère Directeur au cours de la direction.

La direction, voilà le grand moyen, l'indispensable moyen de continuer et de parfaire la formation religieuse de nos jeunes : éducation, direction de croissance. Est-ce qu'on le comprend toujours et partout ?

En tout cas, tous tant que nous sommes, avant  de jeter la pierre aux jeunes qui se découragent, faisons un sérieux examen de conscience pour trouver quelles sont nos responsabilités ; ne nous en lavons pas les mains trop facilement. Nous pourrions être douloureusement surpris d'entendre le divin Juge nous dire : « Qu'as-tu fait de ton frère ? »

Ces considérations sur la première des grandes intentions du dernier Chapitre n'épuisent pas le sujet. Elles nous semblent toutefois propres à dissiper quelques préjugés, à mieux faire comprendre le travail sérieux qui a été fait, à exciter notre zèle à vivre en authentiques disciples du Bienheureux Marcellin Champagnat. Puissions-nous obtenir, par son intercession et par celle de tous les saints Frères qui nous ont précédés, la grâce de garder intact l'esprit de notre chère Congrégation.  

Nos Causes de Canonisation

et de Béatification

 Le 29 mai 1955 a été pour tout l'Institut un jour de gloire, de réconfort et de joie profonde. L'étape décisive de la Cause du Fondateur, celle de la béatification, était définitivement franchie. Mais déjà la Circulaire du 8 décembre suivant donnait des directives et des conseils pour la préparation de la canonisation. Grâce à Dieu, la ferveur des Frères ne s'est pas ralentie : les neuvaines se succèdent chaque mois. Qu'on veille à ne pas se laisser envahir par une certaine routine, qui pourrait naître précisément de cette succession régulière des neuvaines. Plusieurs Frères ont suggéré de marquer, surtout dans nos maisons de formation, le 6 de chaque mois par quelque cérémonie particulière en l'honneur de notre Bienheureux Fondateur. Cette manière de faire sou-tiendrait les efforts de nos jeunes et ferait naître ce climat d'enthousiasme qui favorise grandement la prière et le sacrifice.

D'autre part, nous ne devons pas négliger nos autres « Causes » : celles de nos martyrs de Chine et de nos nombreux martyrs d'Espagne, celle du Vénéré Frère Alfano et plus particulièrement celle du Vénéré Frère François. Bien qu'en certaines maisons de formation, cette dernière Cause soit chère à tous, il semble qu'en général nos Frères ne sont pas suffisamment informés à son sujet. C'est pour cette raison que nous donnons ci-après une vue d'ensemble sur l'historique de cette Cause.

La canonisation de notre Bienheureux Fondateur et la béatification de son disciple intime et premier successeur provoqueraient certainement dans la Congrégation une explosion de joie, dont l'ampleur dépasserait encore celle de mai 1955. Nul doute que ces deux grandes faveurs stimule-raient merveilleusement le zèle de tous les Frères et qu'elles procureraient à notre famille religieuse de nombreuses vocations de choix. 

Historique

de la Cause du Vénéré Frère François.

 Frappé d'apoplexie au moment de l'Angélus de midi, le Vénéré Frère François rendit sa belle âme à Dieu le soir du même jour, à 6 heures ; c'était le samedi, 22 janvier 1881.

« Pour satisfaire la piété des habitants du voisinage qui vénéraient, avec raison, le R. Frère François comme un saint, on dut l'exposer dans une des salles du parloir momentanément transformée en chapelle ardente. Pendant deux jours, un grand concours de Frères et de pieux fidèles eut lieu auprès de la dépouille mortelle du vénéré défunt. Chacun voulut lui faire toucher des croix, des chapelets et autres objets de piété. Déjà, il semblait que l'on pût appliquer au Révérend Frère ces paroles de l'Eglise : « Le Seigneur l'a aimé et l'a revêtu d'honneur » (Office d'un Confesseur non' Pontife). Aussi se sentait-on beaucoup plus porté à l'invoquer qu'à prier pour lui. C'est assurément ce que plusieurs ont fait. » (Circ. du R. F. Nestor, 19 mars 1881.)

Pendant longtemps, on parla d'introduire la Cause du Vénéré Frère François ; mais on perdit un temps précieux. La laïcisation d'abord, puis la dispersion de 1903, en portent partiellement la responsabilité.

En 1909 – il y a juste un demi-siècle le R. Frère Stratonique décida de passer aux actes. Il soumit la question à plusieurs cardinaux et autres dignitaires ecclésiastiques : partout l'accueil fut excellent. Le Cardinal Ferrata, alors notre Cardinal protecteur, poussait fortement à commencer la Cause du Serviteur de Dieu. En conséquence, le Frère Candidus, Procureur auprès du Saint-Siège, remit à l'avocat, Mgr Salotti, la Vie du Frère François écrite par l'abbé Ponty. Monseigneur devait la lire en vue des articles à composer. Ces avant-préparatifs terminés, la Circulaire du 25 avril 1909 communiqua la nouvelle à tous les Frères de l'Institut, leur demandant officieusement de recueillir des notes sur le successeur du Père Champagnat.

 I. Le Procès Informatif de l'Ordinaire de Lyon (20 juin 1910-24 avril 1924).

a) Procès sur la réputation de sainteté (20 juin 1910-automne 1914).

Nommé Postulateur de la Cause, le Frère Candidus s'activa ; le 22 janvier 1910, il signait les 180 articles de la Vie du Frère François. Mais ce ne fut que le lundi 20 juin, à 10 heures, que s'ouvrit officiellement le Procès, dans la chapelle archiépiscopale de Lyon. Après avoir entonné le Veni Creator, S. Em. le cardinal Coullié prononça une allocution pathétique, suivie de la procédure canonique : lecture de la nomination du Frère Marie-Junien comme vice-postulateur, nomination des membres du tribunal ecclésiastique, prestation solennelle du serment par Son Eminence et par le tribunal.

Parmi les membres de ce tribunal, nous relevons avec plaisir, le nom de l'abbé André Jullien, professeur de droit au Grand Séminaire de Lyon ; l'illustre Cardinal, aujourd'hui doyen de la Rote, n'était alors que simple notaire adjoint.

Avec un zèle et un dévouement au-dessus de tout éloge, le tribunal se mit à recevoir les dépositions. Le 27 juin et le 2 juillet, pourtant jours de fête, il entendit le Frère Sindulphe, infirmier. On renvoya du 2 au 13 octobre l'audition du second témoin, le Frère Amphien ; hélas, il mourut deux jours avant la date fixée. Mais la Commission qui, en dépit d'un temps affreux et de la grève des chemins de fer, s'était déplacée de Lyon à Notre-Dame de l'Hermitage, profita de ce voyage pour faire un pieux pèlerinage au cimetière et pour interroger plusieurs témoins des environs. Durant toute l'année 1911, les témoins, au nombre de 90, déposèrent à tour de rôle. Enfin, le 18 mai 1912, le dossier était porté à Rome par le chanoine Huy, promoteur diocésain ; quatre jours plus tard, on obtenait le Décret d'Ouverture pour exécuter la Copie dite Publique. Elle était achevée en automne 1914 et remise à l'avocat, Mgr Salotti, en vue de l'établissement du Sommaire, c'est-à-dire du résumé des dépositions classées vertu par vertu.

Jusqu'ici donc, la Cause avait marché bon train ; la mort du vice-postulateur et la guerre la ralentirent singulièrement. Huit années passèrent.

b) Recherche des écrits (4 août 1922-juillet 1923.)

La succession du Frère Marie-Jurien échut au T. R. Frère Stratonique, ancien Supérieur Général. La Cause reprit son train ; le 4 août 1922, le Cardinal Maurin publia l'Ordonnance sur la Recherche des Ecrits du Serviteur de Dieu. Un nouveau tribunal était constitué pour examiner vingt carnets ou manuscrits, deux mille lettres et les Circulaires. Dès juillet 1923, le Frère Stratonique pouvait porter le dossier à Rome.

c) Procès de non-culte (13 février-24 avril 1924).

Le 13 février 1924 fut institué le troisième tribunal pour le procès de non-culte. Tous les témoins ainsi que les membres du tribunal furent admirables d'empressement. Le 20 mars, la Commission procéda à l'exhumation des restes du Vénéré Frère François : le crâne se présenta tout entier et en parfait état de conservation ; le reste du squelette et les habits formaient un tout. Les formalités canoniques remplies, les restes précieux furent déposés dans la chapelle, à côté de ceux du Père Champagnat. Enfin, le 16 avril 1924, dans la chapelle archiépiscopale de Lyon, le Cardinal Maurin signait, avec les membres du tribunal, le procès de non-culte, qui fut porté à la Sacrée Congrégation des Rites huit jours après.

Le procès Informatif du diocèse de Lyon était achevé ; il avait duré quatorze ans.

 II. Introduction de la Cause auprès de la Sacrée Congrégation des Rites (1925-14 novembre 1934).

On commença par examiner les écrits du Serviteur de Dieu : le 25 avril 1927, la Congrégation Ordinaire des Cardinaux porta un jugement favorable sur l'orthodoxie de la première partie, et deux années plus tard, le 4 juin 1929, sur la seconde.

Le Pape Pie XI ratifia le jugement des cardinaux, le 12 juin suivant.

Tout allait très bien, lorsqu'on s'aperçut que le Sommaire et l'Information de 1917 avaient été égarés. On fit des recherches ; finalement on retrouva une copie ; on se hâta de l'imprimer à cent exemplaires.

Au mois d'avril 1930, on requérait les lettres postulatoires, c'est-à-dire les demandes officielles émanées de dignitaires ecclésiastiques pour l'introduction de la Cause. Près de soixante-dix Cardinaux, Archevêques, Evêques, etc. …, répondirent à l'appel, donnant par là un magnifique témoignage de vénération au Serviteur de Dieu.

Le 13 mars 1931, le volume comprenant Sommaire, Informations et Lettres postulatoires fut remis au Promoteur Général de la Foi pour rédiger les objections auxquelles répondit victorieusement l'avocat. Et le 14 novembre 1934, le lendemain de la réunion de la Commission de la Sacrée Congrégation des Rites, le Décret d'Introduction de la Cause du Frère François termina la deuxième étape et commença le Procès Apostolique.

Dans l'ancienne procédure, celle suivie pour le bienheureux Père Champagnat, le Frère François aurait eu droit désormais au titre de Vénérable.

 III. Le Procès Apostolique sur l'Héroïcité des Vertus (1935-196…).

Le Frère Emery obtint d'abord la dispense de l'enquête sur la réputation de sainteté en général. Puis, le 31 juillet 1935, S. S. le Pape Pie XI approuva le procès de non-culte examiné par la Sacrée Congrégation des Rites dans sa séance du 23 ; le 9 août, il en signa le Décret.

Fin août, les Lettres Rémissoriales donnèrent à l'Archevêché de Lyon les pouvoirs et les instructions nécessaires pour l'ouverture, dans le diocèse, du Procès Apostolique sur les vertus en particulier. La séance d'ouverture eut lieu le 17 octobre 1935, à 9 heures, toujours dans la chapelle archiépiscopale. Un nouveau tribunal, le quatrième, fut nommé ; il commença ses activités dès le 26. Sur les quatre-vingt-dix témoins du Procès Informatif (1910-1912) deux seulement vivaient encore : le R. Frère Diogène, Supérieur Général et le C. Frère Flamien, A. G. Cependant le vice-postulateur put encore faire défiler vingt témoins de visu et de auditu.

Le 18 juin 1936, seconde reconnaissance des restes du Serviteur de Dieu. La Circulaire du 25 décembre 1936 (t. XVII, p. 593; 301) en donne un inventaire détaillé. Signalons simplement qu'il ne reste plus rien des mains.

Le Cardinal Maurin, qui s'intéressait vivement à nos Causes, porta lui-même le dossier à Rome ; c'était quelques jours avant sa mort. Puis la Cause resta stationnaire pendant dix ans.

Ce ne fut qu'après la guerre, le 20 juillet 1946, que l'impression des six cent soixante-douze pages du Summarium fut achevée et le volume mis entre les mains des avocats. Le 4 août 1950, le Promoteur Général de la Foi, Mgr Natucci, donna connaissance de ses objections ; le 7 octobre de l'année suivante, l'avocat de la défense les réfuta victorieusement. La postulation se trouvait alors entre les mains du Frère Alessandro.

La Congrégation Antépréparatoire pour l'examen des vertus du Frère François put enfin se réunir le 12 juin 1956 et ses conclusions furent entérinées le 8 octobre suivant par le Pape Pie XII.

Depuis cette date, le Promoteur Général de la Foi a dû faire les nouvelles objections et l'avocat de la défense, la nouvelle réponse. La Cause en est actuellement à ce stade. Restent pour la reconnaissance de l'héroïcité des vertus, qui, dans la nouvelle procédure, donne seule droit au titre de Vénérable, la Congrégation Préparatoire, les dernières objections et les dernières réfutations, la Congrégation Générale et le Décret. Comme la Cause ne présente pas de difficultés sérieuses, il est à espérer que cette troisième étape sera franchie sans trop tarder.

Mais, dès maintenant, il faut activement songer à la quatrième : le Procès des Miracles. Plus tôt nous aurons les deux miracles, plus tôt nous fêterons la nouvelle béatification. Au demeurant, cette Cause est des plus belles ; le Vénéré Frère François reste un modèle pour tous les âges de la vie du Frère Mariste. On ne peut lire sa vie sans en être enthousiasmé et porté à devenir meilleur. Souhaitons qu'elle trouve une meilleure place dans nos lectures spirituelles et dans la formation de notre jeunesse.

Rappelons qu'il existe, à l'heure actuelle, deux Vies fondamentales du Vénéré Frère François

1. Celle écrite en 1899 par l'abbé Ponty, biographie inachevée puisque sa seconde partie n'a jamais vu le jour ;

2. Celle écrite en 1948 par un écrivain de talent, Guy Chastel, ouvrage qui utilise pour la première fois, les documents du Procès de Béatification.

Enfin, pour commémorer le 50e anniversaire de la décision d'introduire la Cause du Frère François, le Centre Champagnat (Notre-Dame de l'Hermitage, Izieux, Loire) publie un petit recueil de fragments de lettres inédites, écrites par le Serviteur de Dieu avant les célèbres ouvrages du Frère Jean-Baptiste. Spécialement destiné aux amis et aux pèlerins de Notre-Dame de l'Hermitage, il ne manquera pas d'attirer l'attention de tous les Frères ; il leur permettra de mieux se pénétrer de la spiritualité mariste.

(F. L.-L.) 

Chronologie de la Cause de Béatification

du Vénéré Frère François.

 I. – Période préparatoire.

1881 22 janvier, samedi, décès à Notre-Dame de l'Hermitage du Serviteur de Dieu, Gabriel RIVAT, dit Frère François.

1909 Plusieurs Cardinaux sont d'avis de commencer la Cause de Béatification du Frère François, retardée par la persécution de 1903. Le Cardinal Ferrata surtout insiste fortement. 25 avril, une Circulaire du R. Frère Stratonique rend publique la décision d'introduire la Cause du Serviteur de Dieu et invite officieusement à recueillir des notes.

Le Frère Candidus est nommé Postulateur Général par la Sacrée Congrégation des Rites.

1910 22 janvier, les 180 articles sur le Frère François sont achevés à Rome et imprimés à Lyon.

24 février, le Frère Marie-Junien est nommé Vice-Postulateur de la Cause.

 II. – Le Procès Informatif de l'Ordinaire de Lyon (20 juin 1910-24 avril 1924).

                    1. Enquête sur la réputation de sainteté du Frère François.

1910, 20 juin, à 10 heures, dans sa chapelle archiépiscopale, le Cardinal Coullié ouvre le Procès Informatif du diocèse de Lyon. Le futur Cardinal Jullien, de Pélussin, fait fonction de notaire adjoint.

13 octobre, pèlerinage du tribunal à Notre-Dame de l'Hermitage.

1912, 18 mai, le Procès sur la réputation de sainteté est porté à Rome ; 90 témoins ont été interrogés.

22 mai, ouverture dudit Procès à la Sacrée Congrégation des Rites, en vue de sa transcription.

1914, Octobre, remise de la Copie Publique du Procès et début de la rédaction du Sommaire (résumé des dépositions des témoins classées par vertus).

1917, Impression de l'Information (résumé historique).

2. Recherche des écrits du Vénéré Frère François.

1922, 31 janvier, le R. Frère Stratonique, ancien Supérieur Général, remplace comme Vice-Postulateur le Frère Marie-Junien décédé. 4 août, S. Em. le Cardinal Maurin publie l'Ordonnance de la recherche des écrits du Serviteur de Dieu. Un nouveau tribunal est nommé pour examiner une vingtaine de carnets ou manuscrits, 2.000 lettres et les Circulaires.

1923, Juillet, le dossier est porté à Rome par le Vice-Postulateur. Le Cardinal di Belmonte est nommé Ponent de la Cause du Frère François.

3. Le procès de non-culte.

1924, 13 février, ouverture du procès de non-culte par la constitution d'un nouveau tribunal, 20 mars, exhumation et déposition dans la chapelle de Notre-Dame de l'Hermitage des précieux restes du Serviteur de Dieu.

24 avril, le procès de non-culte est déposé à la Sacrée Congrégation des Rites.

III. – Introduction de la Cause auprès de la Sacrée Congrégation des Rites (1925-14 novembre 1934).

1925, 12 décembre, le Frère Emery est nommé Postulateur Général en remplacement du Frère Candidus décédé.

1927, 25 avril, la Congrégation Ordinaire des Cardinaux porte un jugement favorable sur l'orthodoxie de la première moitié des écrits du Frère François.

1929, 4 juin, jugement favorable sur la seconde moitié des écrits.

12 juin, le Pape Pie XI ratifie le jugement des Cardinaux relatif aux écrits du Serviteur de Dieu.

1930, Entre temps, le « Sommaire » et « l'Information » ont été égarés à Rome ; en mars, une copie est retrouvée et immédiatement imprimée en 100 exemplaires.

Près de 70 Cardinaux, Archevêques et Evêques envoient leur lettre postulatoire, c'est-à-dire une demande officielle de pro-céder à la béatification du Frère François. Ces lettres sont imprimées en septembre.

1931, 13 mars, le dossier complet, imprimé, est remis au Promoteur Général de la Foi, dit « l'Avocat du Diable ».

1934, 10 avril, le Frère Joseph-Philippe est nommé Vice-Postulateur.

13 novembre, réunion de la Commission de la Sacrée Congrégation des Rites permet-tant de continuer la Cause.

14 novembre, le Pape Pie XI signe le décret d'Introduction de la Cause auprès du Siège Apostolique. Dans l'ancienne procédure, le Frère François aurait eu droit au titre de « Vénérable ».

IV. – Procès Apostolique sur l'Héroïcité des vertus du Frère François.

1935, Le Frère Emery obtient la dispense de l'enquête sur la réputation de sainteté.

23 juillet, la Sacrée Congrégation des Rites examine le Procès de non-culte.

31 juillet, le Pape Pie XI approuve l'examen de la Sacrée Congrégation des Rites. 9 août, le Pape signe le décret de non-culte.

17 octobre, début du Procès Apostolique à Lyon, par la nomination d'un nouveau tribunal, le quatrième.

1936 18 juin, seconde reconnaissance des restes du Frère François et ré-inhumation à la chapelle de Notre-Dame de l'Hermitage. 11 octobre, S. Em. le Cardinal Maurin porte lui-même le Procès Apostolique à Rome, où il est paraphé le 25 novembre.

18 novembre, ouverture du dossier à Rome.

1945, Le Frère Henri-Noël devient Vice-Postulateur.

1946, 20 juillet, achèvement de l'impression du « Summarium » de 672 pages ; les avocats vont l'étudier.

1949, Le Frère Alessandro remplace le Frère Emery comme Postulateur.

1950, 4 août, le Promoteur Général de la Foi fait connaître ses objections.

1951, 7 octobre, le défenseur de la Cause réfute victorieusement les objections de l'Avocat du Diable.

1956, 12 juin, Congrégation Antépréparatoire pour l'examen des vertus du Vénéré Frère François.

8 octobre, le Pape Pie XII approuve la décision de la Congrégation Antépréparatoire. 

Dédoublement de Provinces

 Formation de Districts autonomes.

 V. J. M. J.

 Saint-Genis-Laval, le 25 mars 1959.

Très Saint-Père,

Le Supérieur Général de l'Institut des Petits Frères de Marie, humblement prosterné aux pieds de VOTRE SAINTETÉ, expose ce qui suit :

1. – La Province actuelle des ETATS-UNIS ayant plus de 500 Profès, de nombreux sujets en formation et un grand nombre d'élèves dans les écoles (14.008), est devenue de gouvernement difficile pour un seul Frère Provincial.

Après étude de cette question, le Conseil Général a émis un vote unanime en faveur du dédoublement de cette Province sur les bases suivantes : 

Province d'Esopus :                                Province de Poughkeepsie :

Augusta, Ga.                                               Japan (Mission).

Bayonne, N. J.                                             Lawrence, Mass.

Brownsville, Texas.                                     Lowell, Mass.

Center Ossipee :                                        Plattekill, N. Y. : Camp

Camp Marist.                                              Sunset.

Esopus, N. Y.                                               Poughkeepsie, N. Y. :

Haverstraw, N. Y.                                        Holy Trinity.

Our Lady of Lourdes                                   Marian College

Laredo, Texas.                                            New York, N. Y

Manhasset, N. Y.                                         Cardinal Hayes

New York, N. Y.:                                          Dubois High.

Archbishop Molloy.                                     Mount St. Michael.

Resurrection-                                               St. Agnes.

Ascension.                                                   Tyngsboro, Mass.

St. Helena                                                    Washington, D. C.

Philippine Islands                                        Wheeling, W. Va.

(Mission).                                                    

 

Indult est respectueusement sollicité pour l'érection de ces deux Provinces d'Esopus et de Poughkeepsie.

Et que Dieu… 

II. – Par Indult No 1351/42 du 17/4/1942, ont été constituées, en Espagne les quatre Provinces de BETICA, LEON, LEVANTE, NORTE, totalisant alors 900 Frères Profès.

Grâce à Dieu, le personnel religieux a constamment augmenté depuis et arrive aujourd'hui à 1.542 Profès avec, en plus, près de 1.000 sujets en formation.

Vu, d'autre part, le grand nombre d'élèves (36.770) et l'importance des œuvres, il apparaît nécessaire d'augmenter le nombre de Provinces pour en faciliter l'administration.

Après étude de cette question, le Conseil Général a envisagé la création de trois nouvelles Provinces en Espagne et d'un District autonome au Vénézuéla : ce District a été jusqu'à présent Mission de la Province de NORTE, mais son éloignement et l'importance des œuvres militent en faveur d'une dépendance directe du Conseil Général avec Conseil de District nommé par le Conseil Général et ayant les pouvoirs d'un Conseil Provincial.

Les trois nouvelles Provinces et le District devront avoir, pour quelque temps, les maisons de formation communes avec les Provinces mères.

La nouvelle répartition des Provinces serait alors :

Province de BETICA : sud de l'Espagne (Andalousie, Ciudad-Real, Badajoz) et Missions au Maroc et en Bolivie.

Province de MADRID : centre de l'Espagne (Prov. de Madrid, Tolède, Guadalajara, Caceres) et Iles Canaries.

Province de LEON : nord-ouest (Galice, Asturies, Prov. de Leon, Zamora) et Mission de l'Equateur.

Province de CASTILLE : plateau de Castille (Prov. de Santander, Burgos, Soria, Segovia, Avila, Salamanca, Valladolid, Palencia) et Mission en Guinée espagnole.

Province de LEVANTE : est de l'Espagne (Prov. De Valence, Castellon, Alicante, Murcie, Albacete, Cuenca, Teruel) et Mission au Sahara espagnol.

Province de CATALOGNE : région catalane (Prov. de Barcelone, Gerone, Lerida, Tarragone, Baleares) et Mission au Paraguay.

Province de NORTE : région pyrénéenne (Prov.  d'Alba Alaver), Guipuzcoa, Viscaya, Navarre, Logroño, Sarragosse, Huesca).

District autonome du VÉNÉZUÉLA : maisons situées au Vénézuéla et une maison de formation à Arceniega (Espagne).

Indult est humblement sollicité pour procéder à cette nouvelle organisation des œuvres en Espagne et au Vénézuéla.

Et que Dieu…

 III. – Les Districts de MADAGASCAR et LIBAN-SYRIE font actuellement partie de la Province

de VARENNES-ORIENT.

Vu le développement et les besoins particuliers de ces Districts, il y aurait de grands avantages à ce qu'ils soient autonomes, dépendant directe-ment du Conseil Général.

Il en est de même de la Mission de CEYLAN qui fait partie de la Province de CHINE, mais qui doit normalement, en être séparée pour cause d'éloignement et de diversité d'intérêts.

C'est pourquoi le Conseil Général envisage unanimement, pour ces trois Districts, un fonctionnement autonome avec un Frère Visiteur et un Conseil de District de quatre membres nominés par le Conseil Général et ayant les pouvoirs d'un Conseil Provincial.

Indult est humblement demandé pour constituer l'autonomie des dits Districts qui, grâce à Dieu, sont en progrès constant mais n'ont pas encore les effectifs suffisants pour former des Provinces.

Et que Dieu… 

RÉPONSE DE ROME

 SACRA CONGREGAZIONE DEI RELIGIOSI : 

Prot. 894/59, 896/59, 895/59.

Vigore facultatum a Ss.mo Domino Nostro concessarúm, Sacra Congregatio Negotiis Religiosorum Sodalium præposita, attentis expositis, benigne pro gratia, iuxta preces, adnuit, servatis servandis.

Contrariis quibuslibet non obstantibus.

Datum Roma, die 2 februarii 1959.

P. A LARRAONA, Secr.

 En vertu des pouvoirs concédés par Notre Saint-Père, la Sacrée Congrégation préposée aux Affaires des Ordres Religieux, vu les faits exposés, accorde bénignement la faveur selon la demande, étant sauvegardées les prescriptions du Droit.

Nonobstant toutes choses contraires.

Donné à Rome, le 2 février 1959.

 (Place du sceau.)         P. A. LARRAONA, Secr

Elections

Dans la séance du 23 janvier 1959, le Conseil Général a élu :

Pour un premier triennat :

C. F. DONALD, Provincial de Melbourne, en remplacement du C. F. DAMIANUS, décédé.

Dans la séance du 11 février 1959, le Conseil Général, mettant en application les Indults 894f 59 et 896/59, a élu :

Pour un troisième triennat :

C. F. LINUS WILLIAM, Provincial d'Esopus.

C. F. RAMÓN SEBASTIÂN, Provincial de BÉTICA.

Pour un premier triennat :

C. F. JoHN LAWRENCE, Provincial de Poughkeepsie.

C. F. INOCENCIO JOSÉ, Provincial de LEVANTE. C. F. JAIME BASILIO, Provincial de MADRID. C. F. JOSÉ SERAFÍN, Provincial de CASTILLE. C. F. Blas EDUARDO, Visiteur au VÉNÉZUÉLA. 

Dans la séance du 25 mars 1959, le Conseil Général, mettant en application l'Indult 895/59, a élu :

Pour un premier triennat :

C. F. JULES-HENRI, Provincial de Varennes-Orient, en remplacement du C. F. VICTOR-GABRIEL arrivé en fin de mandat.

C. F. CALLIXTE, Visiteur à MADAGASCAR.

C. F. MARIO-RAFFAELE, Visiteur de LIBAN-SYRIE. 

Dans la séance du 29 mars 1959, le Conseil Général a élu

Pour un premier triennat :

C. F. JOCHE-PHILIPPE, Provincial de CHINE, en remplacement du C. F. ANDRÉ-GABRIEL, arrivé en fin de mandat.

C. F. PETER BERCHMANS, Visiteur à CEYLAN. 

Statistiques Générales de l'Institut

 

Au 31 décembre 1958

 Maisons Personnel       et Elèves

 

Gén. et S.F.X                       8          12        20        40        61        21        11        133      4

:le du Sud                 24        51        27        102      15        3          7          127      10        555      3.394

Allemagne                33        66        53        152      87        9          6          254      7          529      1.479

Argentine                  35        190      86        311      162      3 21     497 20             406      7.949

Beaucamps                          40        66        40        146      89        3          1          239 16             949      3.310

Belgique et Congo     68        210 116           394 168 22 15            599 44             2.699 20.352

Betica                                    107 250           75        432 236 25 19           712 25             875 11.536

Brésil Central           99        244      90        433 233 31 18            715 22             l.698 11.162

Méridional                91 228             66        385 351 21 25            782 32             1.542 13.794

Septentrional                        45 158             61        264 204 18 12            498 17             965      7.883'

                                               36        83        44        163      88        3 12     266 13             248      5.459

et Ceylan                  14 113             60 187             50        1          4          242 17             165 11.080

hie                                          59        95        105 259           170 10 14       453 23             170      8.720

Cuba-Amérique Centr.        65 146             85 296 258 12 14       580 22             121      9.143

-Unis

–        Phlippines       133 274 95 502 147 51 32 732 27 281 14.088

Grande-Bretagne, Irlande

et Nigéria                 63 108             42 213             99        7 26     345 30             960 11.031

IberviIleet Rhodésie    99        208      92 399 432 24 20       875 35             1.158 16.386

–                                              44 75 61 180 135 18 5 338 9 146 2.672

94         209      60 363 201 25 29       618 18             881      8.186

Levante                     76        221      61        358      138 20             8          524 23             541      9.519

et Nyassaland          107 207           85 399 347     5 12     763 41             949 11.699

Melbourne                42        83        35        160      65        16        241 25             1.269   7.622

_que                                      128      171      109 408 264 23 28    723 30             340 17.873

et Vénézuéla                        92 220             77 389 195 17 15       616 28             812 10.063

de l'Hermitage et

Nouvelle-Calédonie38 11867 223 100     6          4          333 26             l.521    5.333

Nouvelle-Zélande    50 104             49 203             95 24 16          338 27             616      8.901

                                               22        47        44        113      80        3          7          203 11             404      4.821

St-Genis-Laval         58 181             96 335 130 25            6          496 40             1.682   5.707

Catarina                   52 171             36 259 258 23 23       563 24             1.761   9.165

-1 st                           15        74        62 151             65        5          2          223 15             644      2.895

Sud-Ouest                18        55  25  98        40        10        148      9          451      1.920

–        Sydney                         90 178 54 322 96 28 21 467 38 1.590 12,643

Uruguay                                 13        22        22        57        47        5          109      7          56        l.698

Varennes, Grèce, Liban,

Grèce et Madagascar         43        114      121      278 174 15 12            479 29             1.318 10.255

TOTAUX                   2.001 4.752 2.221 .8.974 5.280 501 476 15.231 768 28.302 287.744 

 

LISTE DES FRÈRES

 dont nous avons appris le décès

depuis la circulaire du 8 décembre 1958

 

Nom et âge des Défunts                Lieux de Décès                     Dates des Décès

 

F. Michael Damian       28 Profès perp. New York (Etats-Unis)         28 nov. 1958

F. Ysice                       93        StablePorto Alegre (Brésil)  15 déc.

F. Justin                      89        »          Timaru (Nouvelle-Zélande)     25

F. Damianus                  51        Adelaide (Australie)   31

F. Ponciano                    75        »          Avellanas (Espagne)  5 janv. 1959

F. Marie-Pémen           80        Iberville (Canada)       5

F. Eligio                       87        St-Paul-Trois-Châteaux (France)      13

F. León Kostka          43   Profès perp. Lujàn (Argentine)     14

F. Ninian                   85        StableKinharvie (Ecosse)     26

F. Hippolyte              66        Poughkeepsie (Etats-Unis)   26

F. Marcellin-Benoìt        76        Château-Richer (Canada)     5 fév.

F. Joseph-Paternien     42 Profès perp. Alep (Syrie)  5 »       »

F. Léon-Aimé             66        Stable   Mendes (Brésil)          11       

F. Joseph-Léonore       76        Saint-Genis-Laval (France)   12

F. Aloysio                   80        Mendes (Brésil)          12

F. Chad                   69 Profès perp. Langside (Ecosse)  14

F. José Bento          53        Farroupilha (Brésil)    15

F. Joseph-Donat           79        StableSanta Maria (Brésil)   22

F. Ivo                      28 Profès perp. Cachoeira (Brésil)   23

F. Louis Antonio            79        Apipucos (Brésil)        1 mars

F. Josias                  79        StablePopayàn (Colombie)  4

F. Joseph-Julien            57        Bains-s.-Oust (France)           14

F. Céréas                 81 Profès perp. Péruwelz (Belgique)            28

F. Crescendo            22 Profès temp. Avellanas (Espagne)          31

F. Anselmo José           58  Stable  Huacho (Pérou)          4 avril =

F. Marius-Eloi             73        Notre-Dame-de-Lacabane (France)6

F. Johann Alexis            45 Profès perp. Walmer (Afrique du Sud)    9

F. Albert-Régis         77        Stable   St-Paul-Trois-Châteaux (France)      21

F. Enrico-Maria         73        Mondovi (Italie)           8 mai

 

La présente circulaire sera lue en communauté à l'heure de la lecture spirituelle.

Recevez, mes bien chers Frères, l'assurance du religieux et affectueux attachement en J. M. J. de

Votre humble et tout dévoué serviteur,

Frère CHARLES-RAPHAEL, Supérieur Général.

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