Circulaires 355

Charles-Raphaël

1962-05-24

1. L'indifférence et la froideur. 2. L'opposition entre les générations. 3. Le parti pris. 4. La partialité. 5. La rancune.. 6. Les paroles contre la charité. 7. Le manque de discrétion. 8. Le contact trop fréquent avec l'esprit du monde
B. Comment doit se manifester la volonté d'union .
I. Dans l'Institut
1. Fidélité aux Constitutions et à l'esprit de la Congrégation.
2. L'obéissance de tous. 3. Une charité sans exception.
II. La volonté d'union dans nos relations avec le «dehors» .
1. Avec nos proches collaborateurs.
2. Avec le clergé diocésain et paroissial.
3. Avec les autres religieux, spécialement avec les autres Frères enseignants.
C. Conclusion .
Directives et Conseils. Références et Citations
1. Une indulgence extraordinaire
2. Invitation à la prière pour le Concile
3. Vocation religieuse
4. L'esprit qui doit animer l'apostolat
5. Action Catholique: primauté du surnaturel ; collaboration
6. Un enseignement religieux vaste et profond
7. La formation religieuse des fidèles .
8. La préparation du Concile concerne tous les fidèles
9. Les Congrégations religieuses laïques
10. Le sacerdoce des laïcs et leur place dans l'Eglise
11. Les tâches de l'intellectuel catholique dans le monde d'aujourd'hui .
12. Sur l'école chrétienne formatrice des âmes . 13. Sur les Congrégations enseignantes .
Division de Province
Erection de District autonome
Elections
Statistique de l'Institut au 31 décembre 1961
Liste des défunts

355

V. J. M. J.                                                              

 Fête de Notre-Dame Auxiliatrice

 Rome, le 24 mai 1962.

 LA VOLONTE D'UNION

               MES BIEN CHERS FRÈRES,

 L'importance du prochain Concile apparaît de plus en plus comme exceptionnelle. Son but essentiel est évidemment la rénovation interne de l'Eglise. Mais, dans le passé, les Conciles ont égale-ment contribué à renforcer l'unité de l'Eglise, à réaliser toujours plus parfaitement le vœu suprême du divin Maître : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé » (Jn. 17, 21). Ce but lointain, la réunification de tous les chrétiens, a été entrevu par les fidèles avec une intensité telle que beaucoup ont pensé que l'intention première du Saint-Père avait été le rétablissement de l'unité chrétienne.

Le deuxième Concile du Vatican est maintenant tout proche. Il aura été précédé d'un immense travail de préparation, que les progrès actuels de la technique et des moyens de communication ont rendu possible. L'ampleur et l'importance des tâches du Concile se révèlent déjà clairement. En particulier, le thème de l'unité du monde chrétien a été souvent abordé par d'éminents hommes d'Eglise, et même par des conférenciers remarquables en dehors de l'Eglise. Et que de prières sont montées et continuent de monter vers Dieu, afin que le vœu d'unité du Christ se réa-lise en notre temps !

A la prière, les chrétiens doivent ajouter l'exemple de leur union fraternelle. Par leur attitude d'accueil, toute cordiale, ils peuvent favoriser grandement le climat d'unité que le Saint-Père dé-sire si vivement. Tous les chrétiens, sans doute, mais les prêtres et les religieux plus encore que les chrétiens engagés dans le monde. Eux surtout doivent se montrer partout comme les « témoins de la Cité de Dieu ».

Il semble donc opportun de revenir, dans une circulaire, sur l'union qui doit régner dans toute notre famille religieuse. Occasionnellement, nous en avons déjà parlé. C'est ainsi que la circulaire du 8 décembre 1958, prévoyant le lendemain du Chapitre, conclut ainsi : « En bref, la cause profonde, unique même, de l'insuccès de certaines mesures, serait à rechercher dans le manque d'union. Une chaîne n'est jamais plus forte que son maillon le plus faible » (p. 220).

La même circulaire précise d'ailleurs que le simple désir de l'union, qui doit animer tous les Frères, ne suffit pas pour faire naître cette union en profondeur dont parle notre Bienheureux Fondateur dans son émouvant Testament spirituel. Il faut en arriver à la « volonté d'union », que nous voudrions analyser aujourd'hui.

En effet, si le simple désir de l'union reste trop souvent stérile, la volonté d'union est efficace. Elle ne recule pas devant l'effort, devant le sacrifice. Elle n'est pas l'esprit moutonnier ; elle est bien une « volonté ». Elle suppose, dès le point de départ, qu'elle ne peut admettre aucune lâcheté, aucun respect humain dans la conduite, aucune compromission avec le devoir proprement dit. Mais elle sait également que l'individualisme est plus que jamais stérile en apostolat, que la collaboration fraternelle entre apôtres du Christ est absolument requise, et que cette collaboration exige normalement qu'on renonce franchement à tout ce qui peut opposer ou diviser. Ces exigences fondamentales de la volonté d'union se révèlent surtout dans une Congrégation, qui, comme la nôtre, a une intense vie familiale et une forme d'apostolat où le travail en commun est de rigueur.

Nous verrons brièvement quelles sont, chez nous, les causes qui peuvent compromettre l'union. Nous verrons ensuite comment la volonté d'union se manifeste dans les diverses circonstances de notre vie de Frère Mariste, dans notre vie de communauté comme dans nos multiples relations avec le « dehors ». 

A) DES CAUSES QUI PEUVENT COMPROMETTRE

L'UNION DANS L'INSTITUT.

 Tout d'abord, il faut éviter d'introduire dans l'Institut certaines causes de désunion. Dans les Congrégations de Frères Enseignants, il est essentiel de maintenir un très grand esprit d'union entre tous les membres de la famille : la vie commune y est exceptionnellement forte, comme nous l'avons déjà dit, et leur mission apostolique requiert une collaboration intime et de tous les moments. Il faut en tenir compte dans la sélection des vocations qui se présentent. On peut repérer assez facilement ceux que leur tempérament ou leur caractère ne prédisposent pas à mener notre genre de vie. Ils sont habituellement de bonne foi ; ils peuvent avoir de belles qualités qui les rendent sympathiques à leurs formateurs. Mais ils n'arrivent pas à surmonter certaines « difficultés », par exemple, une aversion prononcée contre l'une ou l'autre exigence de la vie commune, la répugnance à admettre l'obéissance dans les petits détails de la journée, la tendance à s'isoler facilement… On peut, on doit même patienter pendant un temps raisonnable. Mais, s'il n'y a pas d'amélioration suffisante sur les points précis qu'on a signalés à ces aspirants, il convient de les orienter vers une autre forme de vie. Il y va de leur intérêt à eux, comme du bien de la Congrégation et de son rayonnement apostolique.

C'est en réunissant toutes les informations de leurs collaborateurs que les supérieurs responsables peuvent arriver à un diagnostic assez sûr dans ce domaine délicat de la sélection des vocations. Des négligences sur ce point important ont pu engager dans la vie mariste des natures trop peu aptes à comprendre ou à accepter résolument les exigences de l'esprit d'union. De là, des ennuis et des difficultés multiples, pour les uns comme pour les autres. Le meilleur supérieur peut se trouver désorienté devant des causes de division en communauté sur lesquelles il ne peut absolument rien. Ces cas sont actuellement rares, semble-t-il. Comme il y a plusieurs étapes dans la formation et que celle-ci dure des années, il est relativement facile d'éviter des erreurs.

Dans cette circulaire, nous envisagerons seulement les causes de désunion qui peuvent se rencontrer chez des Frères, dont la vocation mariste ne peut pas être mise en doute. Au fond de toutes, il y a notre orgueil, qui ne meurt jamais, et cet égoïsme foncier, dont les ramifications sont tellement variées qu'il est parfois difficile de les reconnaître. Nous nous bornerons à analyser rapidement quelques formes concrètes :

1. l'indifférence ou la froideur ;

2. l'opposition entre les « générations » ;

3. le parti pris ;

4. la partialité ;

5. la rancune ;

6. le manque de charité dans les paroles ;

7. le manque de discrétion ;

8. enfin, les contacts trop fréquents avec l'esprit du monde.

 1. L'INDIFFÉRENCE OU LA FROIDEUR. On ne la décèle pas facilement comme cause de désunion dans une communauté mariste. Celui qui est indifférent aux joies et aux peines de ses confrères est exposé à ne se reprocher aucun manquement à la charité. Il n'a rien contre ses confrères. Il ne les contrecarre pas dans leurs projets. Mais il n'est pas disposé à les aider. Il y a tant de moyens, pour une âme vigilante et vraiment fraternelle, d'aider autour de soi : par un mot de sympathie, par un geste d'affection ou de compréhension, par un sourire, en attendant le moment où il faudra traduire en actes ces dispositions d'amitié, qui sont de tous les jours et de toutes les heures. Dans la vie de communauté, on éprouve d'ailleurs plus souvent le besoin d'être compris et aimé que celui d'être aidé matériellement.

Les tempéraments trop froids, qui ne réagissent pas suffisamment contre leur nature et qui s'isolent trop facilement, contribuent ainsi, sans s'en rendre compte peut-être, à ruiner progressivement l'esprit d'équipe dans une communauté. Un Frère Directeur attentif peut normalement arriver à rapprocher ces Frères des autres membres de la communauté. Trop souvent, en effet, la cause initiale de ces indifférences, plus apparentes que réelles, remonte à des formes de timidité mal combattues, à quelque déception amère à des maladresses regrettables de certains confrères de jadis. Lorsqu'un jeune homme a accepté courageusement de s'engager dans notre humble vie de Frère Mariste, il a prouvé nettement, par cette seule démarche, qu'il était capable d'aimer et de se dévouer. Il convient donc de lui faire crédit, de l'aider résolument à déployer ses qualités de générosité et de don de soi qui risquent de rester toujours endormies dans son âme.

 2. L'OPPOSITION ENTRE LES GÉNÉRATIONS. Elle est de tous les temps et de tous les milieux ; la vie religieuse ne peut prétendre y échapper. Il ne faut pas trop s'en étonner, moins encore s'en scandaliser. Il importe toutefois de veiller à ce qu'elle ne se transforme pas en une sorte de fossé infranchissable entre les deux groupes, les « vieux » et les « jeunes ».

C'est encore le rôle spécial d'un Frère Directeur, quel que soit son âge à lui, de prévenir les erreurs, les heurts, les maladresses. Si la communauté est nombreuse, il doit pouvoir compter sur l'appui des Frères « entre les deux âges », comme aussi des plus compréhensifs des deux groupes. Il est relativement facile, dans la vie religieuse du moins, de faire comprendre à la génération qui monte, quels sont les mérites et les valeurs profondes des aînés. Quant à ceux-ci, on doit pouvoir attendre d'eux que leur expérience de la vie et leur amour pour la famille tout entière leur gardent cette jeunesse d'âme, qui rendront aisés les rapports mutuels. Tel Frère, septuagénaire puis octogénaire, optimiste et perpétuellement de bonne humeur, séparé de tous les autres membres de sa communauté par, un « fossé de quarante ans » (selon son expression), est resté longtemps le centre d'union des deux groupes et a exercé sur les plus jeunes un étonnant rayonnement apostolique. Lorsque, dans une communauté dont les âges s'échelonnent entre vingt et soixante ans, ou même plus, on remarque une opposition trop accentuée entre les « jeune temps » et les « vieux temps », on doit en conclure qu'il y a, de part et d'autre, un sérieux examen de conscience à faire. On s'enferme dans les limites de son seul groupe ; on ne veut pas comprendre l'autre ; on n'aime pas assez…

 3. LE PARTI PRIS. La marche normale d'une communauté et celle d'une école requièrent que tous se conforment aux mesures prises, à ces multiples prescriptions de détail que l'ordre exige. C'est une question d'obéissance et de charité. Et le succès du travail collectif en dépend pour une grande partie. Assez souvent, certaines mesures sont discutables en elles-mêmes : on aurait pu faire autrement. Personne n'en doute. Mais il faut agir, tout de suite quelquefois. Les rencontres, les carrefours, les échanges de vues ne peuvent s'éterniser. Une solution a été adoptée ; tous doivent l'accepter et l'appliquer résolument. Il arrive que quelqu'un s'y refuse obstinément. Ce parti pris risque de compromettre le résultat des efforts de tous. Quand plusieurs adoptent cette attitude d'opposition par parti pris, l'échec est irrémédiable. On l'attribuera à l'inopportunité des mesures prises. Tout homme d'expérience mettra l'échec, en premier lieu, sur le compte du manque de collaboration, dû au « parti pris » de ceux qui ne veulent jamais aller au-delà de leurs propres lumières.

 4. LA PARTIALITÉ. Elle choisit ses intérêts, ses points de vue. Elle limite son effort de collaboration à tel groupe, à tel confrère, à tel supérieur. Elle ignore pratiquement tous les autres. Par là, elle divise, elle tend à ruiner tout esprit de famille.

On est partial pour des raisons politiques, par nationalisme ou régionalisme. On est partial pour des raisons de sympathie ou d'antipathie. On peut l'être pour tant de raisons…

Tout éducateur sérieux sait les ravages que provoquerait sa partialité en classe. Il sait qu'il doit faire régulièrement son examen de conscience sur ce point, être d'une loyauté totale et ne pas reculer devant des questions très concrètes, s'il veut se préserver de dangereuses illusions. A cet égard, les exigences d'une saine vie de communauté vont encore plus loin. Nous nous appelons Frères ; nous sommes vraiment des Frères entre nous. Il ne peut y avoir deux catégories de Frères dans la famille : ceux qui le sont effectivement, et ceux qui ne le seraient que de nom… Un véritable amour fraternel doit unir tous les membres de la famille et engendrer une collaboration efficace et constante avec tous.

 5. LA RANCUNE. On n'aime jamais de parler de la rancune dans un milieu de religieux, comme nous l'avons déjà noté dans une autre circulaire. Ce défaut a pourtant été signalé, à travers les siècles, dans tous les groupements religieux. Cette constatation doit nous faire réfléchir. Si la rancune n'atteint pas, au couvent, les formes virulentes qu'elle prend trop souvent dans le monde, où elle engendre des vengeances et des représailles terribles, elle peut quand même faire beaucoup de mal dans une communauté religieuse, dans toute une Province.

Chez nous, en dehors du mauvais exemple, du scandale même qu'elle provoque trop souvent, car elle est vite remarquée par les gens du dehors, surtout par nos élèves, elle est très dangereuse par les divisions permanentes qu'elle crée. Avec une tranquille assurance, on déclare ne pas manquer à la charité, puisqu'on a pardonné à son Frère (en supposant que c'était à celui qui parle ainsi qu'il appartenait vraiment de pardonner !), mais on n'a pas oublié, on continue de refuser toute collaboration, tout rapprochement fraternel. Il est à noter également qu'elle s'étend facilement à d'autres personnes ; progressivement, elle englobe toutes les personnes qui composent l'entourage habituel de celui qui est directement l'objet de la rancune, et même ceux qui blâment nettement un comportement si opposé au christianisme.

Contre la rancune, il n'y a pas de demi-mesures. Il faut l'arracher de notre cœur, sans hésiter, et remonter en quelque sorte le courant en reprenant immédiatement un contact fraternel avec « l'autre » ou « les autres ».

 6. LES PAROLES CONTRE LA CHARITÉ. Toute la tradition ascétique signale les ravages que commettent dans une communauté religieuse ceux qui pèchent contre la charité dans leurs paroles, plus exactement dans toutes les manifestations de leurs pensées et de leurs sentiments. On n'insistera jamais trop sur l'importance de ce point au cours des retraites annuelles et pendant la formation des jeunes à la vie religieuse. Il appartient à chacun de ne pas oublier ce point d'examen, régulière-ment, chaque soir, plus à fond pendant une récollection ou pendant une retraite. Si l'on est porté à manquer à la charité dans ses paroles, sous une forme ou sous une autre, il n'y a pas lieu d'hésiter sur le choix d'un sujet d'examen particulier : c'est par celui-là qu'il importe de commencer. Et c'est sur celui-là qu'il faudra s'obstiner jusqu'à ce que le résultat obtenu puisse être considéré comme suffisant.

La langue divise. Les paroles contre la charité, tout simplement les paroles maladroites peuvent diviser rapidement la meilleure des communautés. On peut ainsi arriver à diviser les supérieurs et les inférieurs, les Frères entre eux, et même les Frères et leurs élèves. Les paroles contre la charité resteront toujours la grande cause de division, parce qu'elles sont si vite exprimées et qu'elles ne s'envolent pas, quoi qu'en dise une maxime connue. Il importe donc que l'entraînement à la charité dans les paroles commence le plus tôt possible, et que les responsables soient très vigilants et très fer-mes pour écarter à temps ceux qui ne veulent pas, ou ne peuvent pas gouverner suffisamment leur langue. En religion, plus qu'ailleurs, ils sèmeraient perpétuellement la discorde.

 7. LA MANQUE DE DISCRÉTION Tout homme a ses secrets personnels. Mais il sent parfois le besoin de se confier ; il veut être compris, conseillé, aidé… S'il s'ouvre à quelqu'un, il entend bien que celui-ci ne communiquera pas à d'antres ce qui lui est confié. Or, les hommes vraiment discrets sont rares. On devrait pourtant ne rencontrer que des hommes discrets dans une Congrégation vouée spécialement à l'éducation, où la discrétion est à la fois un devoir rigoureux et l'un des principaux facteurs d'influence sur les élèves. Qu'elle est belle la communauté dans laquelle supérieurs et inférieurs sont d'une réserve, d'une discrétion absolue, dès qu'il s'agit de la personne et de la réputation de leurs confrères ou de leurs élèves ! Comme les cœurs sont alors fortement unis ! Comme le rayonnement apostolique de cette communauté peut devenir profond et durable !

Il y a la discrétion du confrère qui ne fait jamais allusion à ce qu'il sait de moins édifiant sur ses confrères. Il y a la discrétion rigoureuse de celui qui a reçu une véritable confidence d'un confrère ou d'un élève. Il y a la discrétion du supérieur, qui a été consulté, mis au courant de la situation d'âme d'un des siens ou d'une situation familiale un peu délicate. Il y a la discrétion de tout éducateur par rapport à tout ce qu'il peut savoir sur ses élèves, sur les familles de ses élèves.

La discrétion et la parfaite charité dans les conversations créent rapidement autour d'un Frère ce climat de confiance, qui lui permet de faire du bien à tous ceux qui lui sont confiés. Et quand tous sont discrets, on peut être sûr de rencontrer dans la communauté une union étroite des cœurs et des volontés.

Ubi caritas et amor, Deus ibi est !

 8. LES CONTACTS TROP FRÉQUENTS AVEC L'ESPRIT DU MONDE. Nous savons tous que les rapports irréguliers avec le monde sont une menace permanente pour les vocations religieuses et pour l'union dans les communautés. Ce n'est pas de ce genre de relations qu'il va être question dans la suite.

En ce moment, nous voulons attirer l'attention sur le fait que des contacts trop fréquents, non justifiés, avec « l'esprit du monde » peuvent à la longue compromettre l'union dans une famille religieuse. Ces contacts ont lieu par les entretiens, au-dedans comme au dehors du couvent, par la radio, la télévision, le cinéma, par des lectures qui ne sont pas mauvaises en elles-mêmes, mais qui inclinent tout doucement l'esprit d'un religieux à penser, à raisonner, à réagir trop naturellement, à la manière des gens du monde. Sans qu'on s'en aperçoive, il peut se produire ainsi un glissement progressif vers une conception fausse de la vie religieuse. Les notions de régularité, d'obéissance, d'humilité, de renoncement et d'abnégation s'estompent peu à peu ; elles finissent par ne plus trouver leur place normale dans les jugements, les actions, le comportement habituel en communauté. Une opposition d'abord larvée, puis de plus en plus nette, aux directives des Supérieurs, voire de l'Eglise même, peut quelquefois se manifester au terme de cette évolution.

On ne l'avait pas prévue. Mais on devait la prévoir. La technique de la propagande, sous toutes ses formes, est bien connue de nos jours. Elle est exploitée dans tous les domaines de la vie. Celui qui veut penser et agir droitement, religieusement, selon les exigences de sa vocation doit savoir défendre son esprit et son cœur contre les mauvaises influences. Croire qu'on soit immunisé, personnellement, contre ces influences, par exemple contre l'influence de certaines lectures, serait faire preuve d'une impardonnable légèreté. Il faut avoir des convictions très fortes et très nettes pour affronter, impunément, le choc de certains livres. Ajoutons qu'il y faut, pour un religieux, cette protection spéciale que confèrent l'obéissance et l'accomplissement du devoir d'état.

Bien entendu, il ne s'agit ici que de l'abus dans les relations multiples que nous avons, que nous devons même avoir avec le monde dans lequel nous vivons. S'il appartient aux supérieurs responsables de prendre des mesures dans ce domaine, en tenant compte d'ailleurs des directives formelles de l'Eglise à ce sujet, il est également du devoir personnel de chacun de s'imposer à soi-même des limites précises, qu'on ne franchira jamais. En dernier lieu, chacun est responsable de sa vie intérieure, par le fait même de la paix et de l'harmonie de toute sa famille religieuse. 

B) COMMENT SE MANIFESTE

LA VOLONTE D'UNION.

 La volonté d'union est efficace. Celui qui en est animé veut réellement l'union ; il la veut de toutes ses forces ; il accepte généreusement les efforts et les sacrifices que cette union pourrait exiger de lui. Il la veut avant tout à l'intérieur de sa famille religieuse tout entière ; mais il entend également être un homme d'union dans toutes ses relations avec le « dehors ».

 1 – DANS L'INSTITUT.

 Trois exigences sont fondamentales pour que l'union existe au sein de toute la Congrégation : 1. que la base même de son organisation soit toujours respectée : Constitutions, Règles, esprit caractéristique ; 2, que les obligations qui résultent de l'obéissance religieuse soient fidèlement observées par tous, supérieurs et inférieurs ; 3. qu'une parfaite charité fraternelle règne dans toute la famille.

 1. Fidélité aux Constitutions, à l'esprit de la Congrégation.

a) Avant tout, la volonté d'union conduit à une grande fidélité à la « loi » même de toute famille religieuse, c'est-à-dire à l'observance courageuse des Constitutions et des Règles que l'on s'est engagé à prendre comme programme de vie. Cette fidélité n'est pas seulement due à l'Institut qui nous a accueillis dans ses rangs, ou au Fondateur qui nous a adoptés comme l'un des siens, mais à l'Eglise elle-même. Seule l'Eglise peut approuver un Institut religieux. Tant qu'elle n'est pas intervenue officiellement, il n'y a pas encore de vie religieuse proprement dite dans un groupement qui se propose de tendre vers la perfection évangélique. A partir du moment où l'Eglise a donné son approbation, elle prend ce groupement sous sa protection spéciale, lui et toute son organisation ; elle en fait- définitivement une nouvelle famille religieuse.

Il est difficile, pour quelqu'un qui ne s'occupe pas directement du gouvernement pratique d'un Institut religieux, de se rendre compte de l'étendue et de la profondeur de cette action de l'Eglise sur la vie religieuse. On peut s'en faire une idée en lisant attentivement les textes officiels, par exemple le Code de Droit canonique, les déclarations des derniers Papes, si nombreuses en ces dernières années, les fréquentes directives pratiques de la Sacrée Congrégation des Religieux.

b) S'il est du devoir des Supérieurs responsables de se conformer rigoureusement à ce qui est demandé d'eux par le magistère de l'Eglise, il appartient également à chaque religieux de prendre conscience de cette obligation de fidélité et d'y répondre généreusement. Toute négligence volontaire, toute lâcheté consentie dans la réalisation du programme commun tend à paralyser l'effort des autres, à compromettre le résultat final, à ruiner, au moins sur un point déterminé, l’œuvre du Fondateur.

L'un des aspects essentiels du vœu de stabilité se trouve précisément dans cette volonté de fidélité aux principes qui régissent la Congrégation, à son esprit caractéristique. Lorsqu'un Frère compte plus de dix années de profession perpétuelle, son expérience de la vie religieuse doit être suffisante pour qu'il puisse juger de la nécessité de cette fidélité et en comprendre la fécondité surnaturelle.

Bien entendu, on ne doit pas se reprocher anxieusement les « faiblesses » personnelles par rapport à cette fidélité. Qui dit « faiblesse » exclut toute mauvaise volonté, toute opposition systématique au plan d'ensemble ou à l'action des confrères. Il en va tout autrement d'une attitude délibérée d'opposition, soit qu'on la manifeste nettement, de vive voix ou par écrit, soit qu'elle ressorte tout aussi nettement du comportement habituel d'un Frère en communauté.

c) Toute fidélité implique nécessairement l'acceptation de sacrifices. Le Frère qui veut sincère-ment l'union dans son Institut sait quelle est l'importance de la fidélité à la « loi » fondamentale, et il sait également qu'il devra lutter, toute sa vie, pour ne pas dévier de la voie droite. Comme tout autre, il a ses points de vue personnels ; il éprouve parfois des répugnances très fortes à se conformer à certaines prescriptions. Il peut passer par des moments où il préférerait « résister » plutôt que de collaborer franchement avec ses confrères ou avec ses supérieurs. Mais il place toujours la fidélité à son engagement au-dessus de son amour-propre. Les plus fidèles à l'esprit de leur famille religieuse ne sont pas nécessairement ceux qui rencontrent le moins de difficultés sur leur route, mais sont assez souvent ceux qui, avec une grande lucidité d'esprit, admettent sans discussion que l'unité de vue est essentielle, dès qu'il s'agit de l'organisation même de l'Institut, que cette unité exige normalement des sacrifices de chaque membre,, et qui ont le courage de les accepter résolument pour eux-mêmes. On n'expliquera jamais trop clairement aux jeunes religieux que la discipline régulière, librement et fermement acceptée jusqu'au terme de la vie, témoigne hautement de la vigueur d'âme et de la ferveur réelle d'un Frère.

d) Cette fidélité n'empêchera pas un Frère le cas échéant, de mettre en avant ses propres idées sur telle ou telle question concernant notre vie mariste, de formuler ses objections contre une mesure qui a été prise. Il y a simplement le temps et la manière de le faire. D'ailleurs, le gouvernement de notre Institut est de type nettement familial. C'est ainsi que, dans toute maison formée, il faut un « conseil », dont les attributions sont précisées par les Constitutions ou par les Règles du Gouvernement, éventuellement par le dernier Chapitre. Une Province, l'Institut lui-même, sont gouvernés, non par un supérieur unique, mais par un conseil, dont le rôle apparaît de plus en plus comme capital à leur bonne marche. Enfin, l'autorité suprême, à l'intérieur de notre Congrégation, est assumée par le Chapitre Général, où tous sont « inter pares », puisque le vote personnel décide de toutes les questions proposées.

En passant, nous nous permettons de rappeler combien il est important, pour la bonne marche des communautés et des provinces, que les conseils se tiennent régulièrement, et qu'ils soient effectivement des « conseils », c'est-à-dire des réunions fraternelles, où les problèmes sont bien présentés, bien étudiés ensemble, où chaque conseiller sait qu'il peut exposer franchement et objectivement son propre point de vue. Les exigences d'un véritable conseil nous sont connues : une grande fermeté chez tous sur les principes, de la souplesse et de la largeur d'esprit dans leur application, une grande confiance mutuelle entre les membres, une discrétion absolue en dehors des réunions…

e) Il ne doit y avoir aucune raideur dans notre fidélité à l'esprit qui a présidé à la fondation de notre Institut. A travers les siècles, les différentes familles religieuses, qui se sont maintenues jus-qu'à nos jours, ont su s'adapter, sans pour cela renoncer à leur esprit. Les autres ont disparu… D'ailleurs, aujourd'hui plus que dans le passé, l'Eglise, spécialement par la Sacrée Congrégation des Religieux, contrôle discrètement et affectueusement la marche des familles religieuses, et, par des directives générales ou particulières, leur indique la meilleure route à suivre. Il y a une garantie absolue de fidélité à l'esprit du Fondateur : c'est de suivre attentivement la pensée de l'Eglise, de solliciter, quand il y a lieu, des précisions, puis d'aller résolument de l'avant. L'Eglise, maîtresse de vérité, de perfection et d'apostolat, a seule mission d'interpréter les « signes de Dieu » pour tous les Instituts religieux. En se laissant toujours conduire par elle, la « lettre » ne tuera jamais, et « l'esprit » vivifiera toujours…

 2. L'obéissance de tous.

 La volonté d'union conduit tout naturellement à une pratique ferme et constante du vœu et de la vertu d'obéissance.

Tous les religieux savent quelle est l'importance de l'obéissance dans leur Congrégation, comme dans leur vie de tous les jours. L'enseignement formel de l'Eglise, les leçons et les exemples des Fondateurs, la tradition universelle de tous les Ordres et de toutes les Congrégations, et, peut-on ajouter, l'expérience de tous les jours dans les communautés du inonde entier, sont là pour confirmer cette importance de l'obéissance, spécialement en ce qui concerne l'union des volontés. Il faut en conclure que toute infraction délibérée à l'obéissance est toujours inquiétante.

Pour que l'obéissance unisse les volontés, il faut que tous les religieux la pratiquent, à commencer par les supérieurs eux-mêmes. Leur charge est avant tout un « service » et non un honneur. Ils doivent obéir filialement aux directives de l'Eglise, sans commencer par faire des distinctions ; ils doivent même s'efforcer de pénétrer le mieux possible l'esprit qui a dicté telle ou telle directive officielle. Ils doivent appliquer, avec respect, fidélité et esprit de suite, les décisions des Chapitres Généraux. Ils doivent gouverner selon les Constitutions, les Règles, l'esprit de leur famille religieuse.

Dans les Provinces, comme dans les communautés, les différents supérieurs devront faire de même, tenant également compte de l'obligation de suivre les directives éventuelles de l'autorité centrale de l'Institut. Ces dernières sont habituellement des applications plus ou moins immédiates des ordres que le Conseil Général lui-même a reçus, soit de l'Eglise, soit du Chapitre. En ce qui concerne les statuts et vœux du Chapitre, il faut même souhaiter que les capitulants disposent, à l'avenir, du temps nécessaire pour laisser au Conseil Général, qui devra continuer leur travail important, des indications assez nettes et assez complètes pour éviter toute hésitation au sujet des applications qui seront à faire dans la suite.

Pratiquement, toute la force interne d'une fa-mille religieuse dérive de la fidélité à cette loi de l'obéissance. On ne saurait trop l'expliquer dans les maisons de formation. Il convient toujours d'y revenir pendant les retraites, ou même pendant l'une ou l'autre récollection. Chaque Frère devra méditer, de temps en temps, sur le sens, l'étendue, la nécessité et la fécondité de l'obéissance religieuse. Personne ne peut s'illusionner : il ne sera jamais facile d'obéir. Cette vertu reste difficile, surtout quand elle entre dans les détails de la vie de communauté ou du travail quotidien, comme c'est le cas dans notre Institut.

Cette obéissance sera toujours filiale, franchement cordiale, marquée de cette simplicité dans les relations ordinaires entre supérieurs et inférieurs et de cette fraternité sans affectation, qui caractérisent notre Congrégation, et qui remontent directement à notre Bienheureux Fondateur. L'humilité, selon nos Règles, « doit nous être si naturelle qu'elle ne se fasse pas remarquer » (Règles Communes, article 105). Ainsi pourrait-on caractériser l'idéal de l'obéissance mariste.

Cette obéissance simple, filiale, constante, suppose tout d'abord que chaque supérieur se conforme lui-même à l'esprit que nous venons de rappeler brièvement. L'autoritarisme n'est nullement dans nos traditions. Il a pu y avoir des supérieurs portés à gouverner et à commander d'une manière trop autoritaire, trop personnelle, et qui ont ainsi rendu plus difficile le devoir de l'obéissance. Des déviations de ce genre peuvent encore se produire. Dans l'immense majorité des cas, on ne peut y trouver, comme dans le monde, une véritable volonté de dominer les autres. Il faut tenir compte du tempérament et du caractère de certains supérieurs. Des timides par nature peuvent être portés à trop s'isoler, une fois qu'ils sont obligés de diriger les autres, et peuvent alors donner l'impression d'être distants, hautains, jaloux de leur autorité. Quelques-uns peuvent se tromper de bonne foi, croire que leur charge entraîne automatiquement l'obligation de s'isoler quelque peu des autres, que la cordialité habituelle dans les directives et ordres de tous les jours risque de diminuer leur autorité et de mettre en péril la vertu d'obéissance des Frères. Nous sommes tous enfermés dans les limites de notre pauvre nature humaine. Ceux qui s'en étonnent devraient peut-être commencer par méditer sérieusement sur leurs propres limites.

Il est remarquable de constater, dans la série déjà assez longue de ceux qui ont exercé quelque charge dans notre Institut et qui sont entrés dans leur éternité, à quel point ils ont voulu faciliter l'obéissance à ceux qui leur étaient confiés. Il y a des figures de supérieurs qu'on aimerait à rappeler en ce moment. Chacun d'ailleurs n'a qu'à glaner des exemples dans sa propre expérience, surtout quand celle-ci est déjà longue. En particulier, la simplicité avec laquelle nos supérieurs rentrent généralement dans les rangs, une fois que leur mandat est terminé, émeut toujours ceux qui en sont témoins. Toute nouvelle obédience est acceptée sans la moindre difficulté. Quelle édification pour tous, même pour les gens du monde ! Et quelle puissance d'union dans la famille !

Ce n'est pas dans une petite circulaire occasionnelle qu'on peut analyser, en détail, les grands dangers que fait courir à une communauté, à une Province, et même à toute une famille religieuse, l'opposition systématique et prolongée à la loi de l'obéissance. Citons simplement cette remarque qui vient de nous tomber sous les yeux : « Rien de grand ne se fait dans l'Eglise sans une humble sou-mission au souffle de l'Esprit, dont l'obéissance est le signe qui ne trompe pas » (Semaine religieuse du diocèse de Lyon, 6 avril 1962). C'est cette humble soumission qui répugne parfois, même à des religieux qui devraient suivre de près les exemples de Jésus-Christ. « Il est spécialement scandaleux pour un religieux de cacher un cœur orgueilleux sous un humble vêtement, de s'élever au-dessus des autres, de se préférer à eux, de vouloir, par présomption ou obstination, suivre son propre chemin » (Cum Ecclesia., pp. 403-404, méditation pour le Dimanche des Rameaux).

 3. Une charité sans exception.

 Toute charité authentique trouve son origine dans l'esprit de foi. Le prochain est, pour un chrétien, un « autre Christ ». Il faut en conclure : Toute charité qui admettrait des exceptions délibérées ne serait qu'un simulacre de charité chrétienne. Ce même esprit de foi fait que la charité fraternelle est constante : elle ne cesse pas parce qu'il y aurait, à la suite de certaines difficultés, des raisons suffisantes de ne plus aimer l'autre. L'union du Christ et du prochain n'est pas interrompue par « nos » difficultés.

Les mots ne sont que des mots, mêmes quand ils sont charitables. C'est le comportement habituel, au fil des jours et des heures, qui établit la valeur de notre charité. Tout nouveau venu dans un « poste » a tôt fait de savoir s'il est effectivement aimé par les « siens », c'est-à-dire par tous les Frères de sa communauté. Les apparences ne trompent pas longtemps.

Il importe donc que chacun contrôle régulièrement, loyalement, fermement, sa manière de se comporter à l'égard de tous ses Frères. Lorsqu'on fait ce tour d'horizon, par exemple à l'occasion d'une retraite fervente, on peut être tout aussi surpris de découvrir en soi des « choses » inconnues que lorsqu'on explore, un jour de vacances, un grenier ou une cave où l'on n'avait plus pénétré depuis longtemps. On peut ainsi découvrir, surtout si l'on appartient à une communauté nombreuse, qu'on vit avec des Frères à qui l'on ne parle pas assez souvent, que l'on évite plus ou moins instinctivement à la suite de quelque froissement, à qui l'on n'a jamais rendu un service d'ami… Comme la véritable obéissance, une charité authentique exige la lutte constante, et, pour commencer, une vigilance de tous les jours.

Qu'il soit encore permis de rappeler l'importance de la politesse dans toutes nos relations en famille, par exemple dans les malentendus, les discussions un peu vives, les petits conflits d'intérêts. C'est dans ces occasions surtout qu'il importe de ne pas oublier que notre « opposant » est un « alter Christus », que nous devons le traiter comme tel, et donc le respecter souverainement, même si, pour un temps, nous ne sommes pas d'accord avec lui… Cette politesse devrait être doublée de ce tact exquis, qu'on aime à rencontrer en un religieux-éducateur, qui sait ménager la sensibilité de ses confrères, qui sait se mettre instinctivement à la place des autres, pour les comprendre, pour ne pas les froisser maladroitement, pour leur faire réellement du bien, pour les rendre heureux. 

II. – LA VOLONTÉ D'UNION DANS NOS RELATIONS

AVEC LE « DEHORS ».

 1. Avec nos proches collaborateurs.

 Ils sont nombreux, et leur nombre tend à augmenter rapidement. Ce sont les professeurs civils qui travaillent avec nous à l'éducation chrétienne et à la formation humaine des mêmes élèves. Ce sont les parents de nos élèves, car à notre époque, pour des raisons multiples qui nous sont bien connues, il importe que la famille et l'école travaillent plus que jamais la main dans la main, afin que l'éducation des jeunes soit bien conduite et qu'elle soit aussi efficace que possible. Il y a nos anciens élèves ; hier, ils étaient formés par nous ; aujourd'hui, surtout quand ils restent dans le voisinage de leur ancienne école, ils peuvent intervenir très utilement dans notre apostolat et nous rendre d'inappréciables services.

Ces trois groupes sont tout disposés à travailler avec nous. Il importe, non seulement que nous soyons prêts à accepter leur aide, mais que nous nous montrions franchement heureux de pouvoir compter sur elle, que nous leur réservions volontiers les tâches qu'ils peuvent assumer, que nous leur fassions vraiment confiance. Il y aura ainsi, pour nous, gain de temps, ce qui nous permettra de mieux accomplir notre propre tâche, tout en menant sérieusement notre vie religieuse. Il y aura parfois économie de personnel religieux ce qui rendra possible le maintien de certaines écoles, et, dans quelques Provinces, permettra de continuer la formation de nos jeunes Frères dans de meilleures conditions qu'auparavant. Il y aura, habituellement, plus de garanties pour un apostolat fructueux auprès de nos élèves, car nos sources d'information et nos possibilités d'influence sur eux auront augmenté considérablement. Enfin, il peut y avoir, dans la localité ou même dans toute la région, une réelle édification pour le public, qui est témoin de cette collaboration étroite et cordiale entre les Frères et les civils.

Quelques-uns d'entre nous mettront peut-être en avant les difficultés ou les inconvénients de cette action commune. Certains parleront même d'impossibilité pratique. Sans doute qu'il faudra du doigté, de la patience, beaucoup de tact. En fait, là où cette collaboration a déjà commencé, elle a don-né de très bons résultats. Demandons-nous simplement si nous sommes disposés à faire notre possible pour qu'elle soit efficace et durable ; puis, mettons-nous à l'œuvre. Nous devons faire crédit à la bonne volonté de la très grande majorité des collaborateurs dont nous venons de parler. La défiance et la pusillanimité risqueraient de paralyser toute action en commun.

 2. Avec le clergé du diocèse et de la paroisse.

 Sur ce point, nos Constitutions nous disent clairement notre devoir : « …le respect et la soumission pour les Evêques et une grande union avec les Pasteurs des paroisses doivent faire un des caractères particuliers de l'Institut des Petits Frères de Marie » (article 15). « Les Supérieurs s'efforceront d'en donner l'exemple en toute occasion et veilleront avec soin à ce que les Frères ne s'en écartent jamais ni par paroles, ni autrement » (article 16),

Le chapitre 45 de nos Règles Communes précise nos relations avec le clergé : « En toute occasion, les Frères donneront au clergé des preuves de leur soumission, de leur respect et de leur attachement ; c'est en agissant de concert qu'ils feront le bien et édifieront les fidèles. Ils s'efforceront d'inspirer les mêmes sentiments à leurs élèves » (article 464). Cette attitude nous est d'ailleurs dictée par les conseils et par les exemples de notre Bienheureux Fondateur lui-même.

Il peut arriver des divergences d'opinions. Il est assez normal qu'il en surgisse par suite de la diversité des points de vue au sujet de notre participation aux activités paroissiales ou diocésaines. Les Frères devront parfois refuser, très respectueusement mais fermement, quelque travail supplémentaire qui leur est présenté, mais la bonne entente habituelle ne doit jamais être compromise. En règle générale, on doit pouvoir y arriver, Plusieurs fois de suite, on avait proposé à un Evêque la fermeture d'une école dans son diocèse. Puis vint la proposition définitive de fermeture, faite de vive voix par le Frère délégué à cet effet. Voici la belle réponse de l'Evêque : « Je comprends très bien, cher Frère, que vous soyez obligé de sauvegarder avant tout la vie religieuse de vos Frères. A votre place, je n'agirais pas autrement. Puis-je formuler seulement une humble prière de pasteur responsable ? S'il vous est possible de maintenir cette école en vie pendant une année encore, je vous en serais très reconnaissant ; il me resterait alors le temps d'assurer la reprise de l'école par un autre groupe. Dans tous les cas, je tiens à vous remercier des services que vous avez rendus pendant tant d'années à cette paroisse et de votre patience jusqu'à ce jour ».

Qu'il y ait toujours une très grande politesse dans les procédés des Frères, surtout quand ils se verront obligés de refuser quelque service. Que le respect ne soit jamais compromis. Que la bonne volonté et la droiture parfaite des Frères ne puissent pas être mises en doute. Et, s'il se produit quand même quelque malentendu, qu'on soit extrêmement réservé dans les paroles, plus encore dans les écrits, et qu'on soit d'une patience à toute épreuve. Les nuages finissent toujours par passer. Et l'union en sortira plus forte qu'avant.

 3. Avec les autres religieux, spécialement avec les Frères Enseignants.

 Ici encore, le Bienheureux Fondateur nous a tracé nettement la route à suivre. Dans son Testament spirituel, nous pouvons lire les conseils suivants : « Je désire, mes bien chers Frères, que cette charité, qui doit vous unir tous ensemble comme les membres d'un même corps, s'étende aussi à toutes les autres congrégations. Ah ! je vous en conjure par la charité sans bornes de Jésus-Christ, gardez-vous de porter envie à personne et surtout à ceux que le bon Dieu appelle à travailler cor me vous, dans l'état religieux, à l'instruction de la jeunesse. Soyez des premiers à vous réjouir de leurs succès et à vous affliger de leurs disgrâces. Recommandez-les souvent au bon Dieu et à la divine Marie. Cédez-leur sans peine. Ne prêtez jamais l'oreille à des discours qui tendraient à leur nuire. Que la seule gloire de Dieu et l'honneur de Marie soient votre unique but et toute votre ambition ». Peu de familles religieuses auront reçu, en un moment si solennel, des instructions aussi claires et aussi émouvantes sur la manière de se comporter à l'égard des autres religieux.

Il nous appartient de relire souvent ce message de notre Bienheureux Père et de nous y conformer en toute occasion. Aujourd'hui, les tâches apostoliques des religieux se croisent et s'entrecroisent souvent. Une collaboration étroite s'impose donc pour que l’œuvre apostolique, qui est devenue réellement « commune », soit féconde. Sur le plan local ou régional, comme sur le plan de tout un pays ou même de toute l'Eglise, soyons disposés à faire ce qui est dans les limites de nos possibilités. Dans les cas douteux, sachons nous adresser à nos supérieurs pour ne pas nous tromper. Il peut être opportun de signaler que nous-mêmes, dans l'administration générale, n'hésitons jamais à consulter la Sacrée Congrégation des Religieux chaque fois qu'un engagement, qui nous est proposé, nous paraît difficile à concilier avec les devoirs professionnels et les obligations religieuses de nos Frères. Les réponses que nous recevons en pareil cas nous sont très utiles pour orienter notre attitude générale.

Cette collaboration loyale et généreuse doit être encore plus intime à l'égard des autres Frères Enseignants. En unissant nos efforts, en nous prêtant mutuellement service, en nous réunissant régulièrement pour régler notre attitude devant les grands problèmes communs, nous pouvons faire plus de bien, et même remédier aux inconvénients d'un certain manque de personnel. Dans quelques pays, on envisage des formes de collaboration plus étroites, par exemple des centres de formation inter-congréganistes. D'ailleurs, l'Institut « JESUS MAGISTER » de Rome est déjà suffisamment connu et continue de donner d'excellents résultats. Aux supérieurs responsables, il appartient de bien étudier les formes concrètes de cette collaboration fraternelle. Comme la bonne volonté et la droiture d'intention des supérieurs de toutes ces Congrégations ne donnent lieu à aucun doute, on peut être rassuré sur la sagesse des mesures qui sont prises à la suite de ces réunions.

Il y a deux domaines où cette bonne entente doit être particulièrement forte aujourd'hui : dans le recrutement, et dans les « missions ».

En ce qui concerne le recrutement, qu'on ne se dispute jamais les vocations. Qu'on s'entende fraternellement avec tous les autres recruteurs sur la manière de procéder, afin d'éviter même l'ombre d'un conflit sérieux. Qu'on oriente loyalement les vocations dans le sens des demandes qui nous sont faites, et même dans le sens qui nous paraît répondre le mieux aux dispositions des jeunes qui nous consultent. Que notre prière habituelle pour les vocations embrasse les besoins de toutes les familles religieuses, de tous les diocèses… Nous serons ainsi dans le véritable esprit du Bienheureux Fondateur.

Il en va de même dans toute notre action missionnaire. Plus qu'ailleurs, on risque de se contre-carrer mutuellement, si l'on ne marche pas la main dans la main. De plus, il peut arriver que la ré-partition des écoles de missions ne réponde pas aux besoins réels de l'Eglise dans un pays déterminé. Sans cesse, ceux qui sont responsables sur le plan supérieur des missions rappellent qu'il faut se hâter pour faire du travail apostolique utile dans les pays les plus menacés. Soyons donc attentifs et dociles aux invitations de l'Eglise, toujours disposés à aider là où la chose est possible, toujours soucieux, de collaborer loyalement avec les autres apôtres du Christ.

Nous croyons être fidèles à la pensée profonde de notre Bienheureux Père, et nous croyons également répondre à un désir souvent manifesté dans l'Institut, en rappelant que nous devons être particulièrement unis de cœur et de volonté à la Congrégation des Pères Maristes. La séparation extérieure en deux familles ne doit jamais nous faire oublier le vœu suprême et ardent du Bienheureux Père Champagnat : « Qu'un même esprit, un même amour vous unisse à eux, comme des branches à un même tronc, et comme les enfants d'une même famille à une bonne Mère, la divine Marie » (cf. Vie du Bienheureux Fondateur, par le Fr. Jean-Baptiste, éd. 1931, page 279). Nous prierons donc toujours pour cette famille religieuse, qui doit nous être doublement chère à cause de nos origines communes. Nous nous intéresserons de près à leur développement, ayant à cœur de favoriser leur recrutement. Nous serons toujours disposés à collaborer fraternellement avec eux, chaque fois que nous le pourrons. Du ciel, le Bienheureux Père Champagnat doit unir, dans une même prière d'intercession, les deux familles religieuses auxquelles il avait consacré toutes les forces de sa vie terrestre. 

CONCLUSION.

 La charité et l'union, l'union dans la charité, sont des thèmes souvent abordés par le Bienheureux Fondateur au cours de sa vie. Il suffit de relire attentivement sa biographie en se plaçant à ce seul point de vue. On peut encore s'en rendre compte en étudiant les Avis, Leçons, Sentences et Instructions. Sur les quarante et un chapitres du livre, dix se rapportent au thème de notre circulaire d'aujourd'hui. Citons, en particulier, le chapitre XXVII : L'unique moyen pour établir et maintenir l'union dans une Communauté (le chapitre des petites vertus) ; et le chapitre XXXIII : L'union fait la force. Nous aurions pu y renvoyer très sou-vent. Nous préférons engager tous les Frères à les relire de temps en temps, en faisant les transpositions qu'exigent les changements de temps et de lieux pour mieux saisir l'enseignement éternel qui s'y trouve caché. Il peut être très indiqué de choisir un de ces chapitres comme sujet de méditation. Il s'en dégagera peu à peu un parfum spécial, qui fera qu'on y retournera volontiers dans la suite. C'est par deux citations du chapitre XXXIII que nous terminerons cet entretien fraternel :

« Pourquoi tant tenir à cette union ? Parce que l'union, c'est la vie, et que le dualisme c'est la mort ; parce que l'union c'est la vertu, et que le dualisme c'est le péché et le désordre. Parce que l'union, c'est la force, la prospérité et le progrès, et que le dualisme, c'est la faiblesse, la décadence, le néant » (éd. 1927, page 345).

« O sainte Unité ! dont nos premiers Frères nous ont laissé de si touchants exemples, nous sommes disposés à faire toute espèce de sacrifices pour te conserver ! Sois toujours avec nous ; fais que nous n'ayons tous qu'un cœur et qu'une âme, et qu'on puisse toujours dire de nous : « Voyez comme ils s'aiment, comme ils sont unis ! » (page 347). 

DIRECTIVES ET CONSEILS

 REFERENCES ET CITATIONS 

1. UNE INDULGENCE EXTRAORDINAIRE ACCORDÉE PAR S. S. JEAN XXIII.

 S. S. JEAN XXIII, au cours d'une audience accordée le 7 octobre 1961 au Cardinal Larraona, alors Grand Pénitencier de l'Eglise romaine, a daigné concéder de précieuses indulgences. Le Grand Pénitencier les a publiées par un décret en date du 25 novembre 1961 :

« Dans l'esprit de l'Encyclique ‘Mater et Magistra', S. S. JEAN XXIII a accordé les indulgences suivantes :

« Afin que le travail humain soit davantage empreint de noblesse et d'esprit surnaturel par l'offrande qui en est faite à Dieu, au cours de l'audience accordée le 7 octobre de cette année au Cardinal Grand Pénitencier soussigné, S. S. JEAN XXIII, Pape par la divine Providence, a bien voulu accorder :

Une indulgence plénière pouvant être gagnée dans les conditions habituelles par les fidèles qui, le matin, offrent à Dieu le travail, manuel ou intellectuel, de toute leur journée, quelle que soit la formule utilisée ;

« 2° Une indulgence partielle de cinq cents jours pouvant être gagnée chaque fois que, avec piété et contrition, on offre ce même travail au moment où on l'accomplit, quelle que soit la pieuse invocation utilisée.

« Le présent décret a une valeur perpétuelle, nonobstant toutes choses contraires.

Donné à Rome, à la Sacrée Pénitencerie apostolique, le 25 novembre 1961 ».

Arcadio, Card. LARRAONA Grand Pénitencier.

G. Rossi, Substitut.

(Cf. A. A. S., Vol. LIII, 28-12-1961, p. 827)

 Il y a lieu de remarquer que le Saint-Père a accordé ces faveurs en la fête du Saint-Rosaire, dont la récitation méditée place devant nos yeux les travaux de la Sainte-Famille et l'inauguration parmi les hommes, au jour de Noël, de la vie de souffrance et de labeur de l'Homme-Dieu.

Par ces indulgences précieuses, JEAN XXIII a voulu nous encourager à nous tenir unis au Christ dans notre labeur quotidien et à enrichir ainsi notre travail" d'une incomparable valeur rédemptrice.

 2. INVITATION A LA PRIÈRE POUR LE CONCILE.

 Dans la bulle « Humanae Salutis », du 25 décembre 1961[1], convoquant le Concile pour l'année 1962, S. S. Jean XXIII nous invite de façon particulière à prier pour le succès du Concile.

« Nous demandons enfin à tous les fidèles et à tout le peuple chrétien de porter toute leur attention au Concile et de vouloir bien prier intensément le Dieu tout-puissant pour qu'il daigne accompagner cette entreprise si importante, désormais imminente, et qu'il l'affermisse de sa force pour qu'elle devienne un juste sujet d'honneur. Que ces prières communes jaillissent continuellement de la foi, comme une source d'eau vive ; qu'elles soient accompagnées de sacrifices corporels volontaires pour qu'elles soient plus agréables à Dieu et souverainement efficaces ; qu'elles s'enrichissent aussi d'un généreux effort de vie chrétienne qui montrera que tous sont disposés à appliquer les décisions et les décrets qui seront pris par le Concile.

« Cet appel, Nous l'adressons à Nos très chers fils de l'un et l'autre clergé, répartis dans le monde entier, et à toutes les catégories de fidèles mais particulièrement aux enfants, dont l'innocence et les prières ont tant de poids auprès de Dieu, comme chacun le sait, ainsi qu'aux malades et à ceux qui souffrent, car Nous avons la certitude que leurs souffrances, leur vie semblable à une hostie se transforment par la croix du Christ en bonne prière, en salut, en source de vie plus sainte pour l'Eglise universelle » (Doc. Cat., 21 janv. 1962, No. 1368, col. 103).

 3. VOCATION RELIGIEUSE.

 Le 16 décembre 1961, S. S. Jean XXIII recevait en audience privée, les participants au Congrès international sur les Vocations aux états de perfection.

« Aujourd'hui Notre voix paternelle veut souligner la beauté de la vocation sacerdotale et religieuse.

« Ce charme, nous le présentons particulièrement aux jeunes, plus sensibles aux exigences de l'extension du royaume de Dieu et soucieux de leur propre perfection et du salut des âmes. Nous leur rappelons que la voix du Christ retentit toujours dans le monde, pour attirer à sa suite avec force et douceur tous ceux qui veulent devenir, par la prière, le service apostolique et la souffrance, des entraîneurs d'âmes. Jésus demande qu'on le suive : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; viens, suis-moi » (Matth. XIX, 21).

« C'est une perte pour un gain que de se donner à Lui, car il sait rendre le centuple ici-bas et la vie éternelle dans le temps à venir (cf. Matth. X, 30), en même temps que des énergies pour l'âme et le corps, des talents et des possibilités pour l'avènement de son règne…

« Suivre cette voie qui appelle, c'est retrouver sa propre vie en la consacrant au Christ et à l'Evangile (cf. Marc VIII, 35)…

« Très vastes sont les champs de la perfection religieuse, car c'est de la recherche généreuse de Dieu seul, dans la fidélité à. sa grâce et dans un incessant travail de perfectionnement intérieur que provient l'élan généreux vers l'apostolat. Voici les régions où les moissons jaunissantes attendent la main-d’œuvre apostolique, la main-d’œuvre secourable ; l'apostolat missionnaire, qui requiert de nombreuses vocations, formées aux exigences accrues de la diffusion de l'Evangile dans le monde ; le ministère des âmes dans les grandes cités, dans les paroisses confiées avec tant de résultats égale-ment aux familles religieuses ; l’œuvre très délicate de l'enseignement dans la préparation religieuse et morale, passant avant la préparation intellectuelle, de la jeunesse, pour laquelle les familles font confiance aux religieux et aux religieuses, confiance qui ne peut être déçue ; les applications de la charité, dans l'exercice des oeuvres de miséricorde, où se distinguent les ordres et congrégations bien méritants, perpétuant ainsi le passage sur terre de la charité de Notre-Seigneur de qui il est écrit : « Il passa en faisant le bien et en guérissant tout le monde » (Act., X, 38 ».

(Doc. Cath., 7 janv. 1962, No. 1367, col. 30-31)

 4. L'ESPRIT QUI DOIT ANIMER L'APOSTOLAT.

 Le 5 janvier 1962, S. S. Jean XXIII s'adressant aux présidents diocésains de l'Union italienne des hommes d'Action Catholique, leur rappela quelques pensées extraites du VIII° sermon prononcé par S. Léon le Grand à l'occasion de la fête de l'Epiphanie :

« Elles donnent des indications précieuses sur l'esprit qui doit animer les chrétiens dans l'apostolat : liberté de cœur, pureté d'intention, charité généreuse ».

1. – Prééminence des valeurs surnaturelles : liberté de cœur…. « Le cœur libre, détaché des choses sensibles, doit suivre la lumière de l'intelligence comme une étoile qui le guide ». Telle est donc la première exigence de l'apostolat ; cœur détaché des consolations terrestres passagères ; débarrassé des accommodements et des attaches du monde, libéré des vanités sans consistance. Il faut certes, connaître et apprécier les réalités au milieu desquelles on vit ; mais le cœur doit demeurer libre, ancré, avec une tranquille assurance, aux divines promesses du Christ et à une vision surnaturelle de la vie et du monde. La hâte de réussir pourrait cacher le piège du désir de paraître, et elle est bien difficilement conciliable avec l'action de la Providence qui semble et veut enseigner le calme, la confiance, la mesure.

Vous le voyez, il s'agit encore et toujours de la prééminence des valeurs surnaturelles que nous ne nous lasserons jamais d'inculquer au laïcat catholique…

2. – Désintéressement, droiture, sincérité, pureté d'intention. C'est le signe et la condition indispensable de toute vraie liberté intérieure. Saint Léon le Grand poursuit… : « Celui qui désire ardemment savoir si Dieu habite en lui – ce Dieu dont il est dit qu'il est : admirable dans ses saints (Ps. LVII, 36), – doit scruter et examiner sincèrement l'intime sanctuaire de son cœur, en se de-mandant bien sérieusement avec quelle humilité il résiste à l'orgueil, avec quelle bienveillance il lutte contre l'envie, et s'il est indifférent aux mensonges des flatteurs et content du bien d'autrui ».

C'est là, chers fils, l'esprit avec lequel il faut aller vers les frères, même les plus éloignés et les moins disposés à comprendre. On ne peut parler avec vérité et conviction, si l'on a dans le cœur de l'envie ou de l'orgueil ; si l'on fait preuve de vaine complaisance en soi-même, d'égoïsme, de zèle intéressé ou excessif. Le témoignage qui est requis des chrétiens est fait, avant tout, de désintéressement, de droiture, de sincérité. Parfois c'est précisément cette déficience, dont peut-être on ne se rend pas bien compte, qui porte préjudice aux résultats et empêche les progrès, pourtant préparés avec tant de soin.

3. – Le divin message de l'amour. Cœur libre et pureté d'intention conduisent à la charité généreuse, qui est l'âme de toute vertu et le soutien de tout sacrifice. Ipsam matrern virtutum omnium, caritatem in secretis mue mentis inquirat, continue saint Léon : « Et afin que l'examen sévère de soi-même ne s'épuise pas sur trop de questions, recherchez dans le secret de votre conscience la mère de toutes les vertus : la charité, et si vous la trouvez attentive à aimer Dieu et le prochain de tout votre cœur, soyez certains que Dieu vous mène et habite en vous… Cultivez donc la charité de manière que les âmes de tous les fidèles se fondent dans un même et pur amour ».

4. – Tout entreprendre à la lumière de Dieu….Après l'aide toute-puissante de Dieu et de sa grâce, le moyen le plus efficace pour surmonter les dangers de la méfiance réciproque, du matérialisme théorique et pratique, ainsi que de l'indifférence religieuse, c'est l'estime renouvelée et vécue du surnaturel, jointe à la pratique de la charité. C'est l'amour envers Dieu et le prochain, toto corde, selon les paroles de Saint Léon ; envers Dieu afin que son nom soit sanctifié, que son règne s'étende toujours davantage et que sa volonté domine avec douceur sur la terre comme au ciel ; envers les hommes, pour être présents à toutes les nécessités du temps, dans la vérité, pour ne pas se tromper, mais dans la charité prête à tout véritable sacrifice pour édifier. Tel est le message qui touchera les cœurs et saura rappeler à une plus consciente fidélité à l'Eglise tous ceux qui croient trouver sans elle ou en dehors d'elle la réponse à leurs profonds désirs de justice et de paix ».

(Doc. Cath., 4 fév. 1962, No. 1369, col. 163, 164)

 5. ACTION CATHOLIQUE.

 Primauté du surnaturel dans l'Action Catholique :

« …le secret de tout succès et la mesure de la profondeur et de la valeur de son oeuvre résident dans la formation intérieure de ses membres, dans le degré de grâce et d'union avec Dieu atteint par chacun d'eux dans la vie spirituelle.

« Dans la rencontre du 3 novembre dernier, il Nous a plu de souligner la place primordiale que la prière doit avoir dans nos idéals : « Celle-ci, en effet, avons-Nous dit – est la base et le soutien de l'action ; elle donne douceur et parfum au sacrifice. Sans la prière, l'action devient quelque chose d'extérieur et de vague qui, sous d'éphémères succès, cache le vide et la stérilité ; sans la prière, on ne comprend pas la valeur du sacrifice, par-ce qu'il devient âpre et froid ».

« C'est donc la vie surnaturelle alimentée aux grands moyens de sanctification, qui inspire à chacun de vous des idées fortes, de chaudes convictions, de généreuses résolutions. Sans parler de tout ce qui en découle : délicatesse et amabilité, jugement mûr, obéissance prompte, charité ardente. C'est là le secret d'une vraie et durable efficacité dans l'apostolat ; c'est à partir de là que se développe toute cligne entreprise, bénie de Dieu.

« Cette vie surnaturelle est l'application des grandes demandes que nous a suggérées Jésus dans le Pater Noster : que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive, que votre volonté soit faite ».

Collaboration à l'action hiérarchique :

« Ce qu'attendent de vous l'Eglise et les évêques, c'est que vous soyez des missionnaires et des apôtres. Les tâches pastorales, la multiplicité des exigences, les formes mêmes de la vie actuelle ne permettent pas toujours aux prêtres d'être partout présents par la parole et l'action. L'Action Catholique est donc appelée à apporter son aide précieuse aux nécessités apostoliques.

« Missionnaires et apôtres : dans la vie privée comme dans la vie publique, dans les écoles et dans les usines, dans la culture et dans ses multiples manifestations ; jusqu'aux délicats domaines des spectacles, des divertissements et des loisirs. Présence discrète, sereine, agissante, qui répugne aux polémiques, exprime des jugements prudents et réfléchis sur les faits et les personnes ; présence qui n'éloigne ni ne décourage les frères, mais les attire par la force de la vérité, de l'exemple et de la charité.

« Missionnaires et apôtres : c'est ce qui constitue votre valeur et votre responsabilité. Accueil-lez cette consigne du Pape ; faites-la connaître à tous ceux que vous représentez aujourd'hui ; c'est là ce que Nous désirons pour une affirmation toujours plus lumineuse du règne du Christ dans le monde : Adveniat regnum tuum ! » (Au Congrès de l'Action Catholique, le 10 décembre 1961 ; cf. Doc. Cath., 7 janvier 1962, No. 1367, col. 26 et 27).

 6. UN ENSEIGNEMENT CATECHETIQUE VASTE ET PROFOND.

 On peut relire sur ce sujet, les consignes du Saint-Père au clergé et aux prédicateurs de Carême, lors de l'audience générale du 22 février de cette année : voir La Documentation Catholique du 18 mars 1962, N. 1372, col. 355-366.

Qu'on retienne cette affirmation : « Le catéchisme est, en effet, la préoccupation constante de l'Eglise ».

 7. LA FORMATION RELIGIEUSE DES FIDÈLES.

Dans la Lettre de S. S. Jean XXIII à l'épiscopat d'Amérique latine, qu'on veuille noter le passage suivant : « Appliquez-vous surtout à enseigner les éléments de la doctrine chrétienne, à infuser les préceptes de la religion dans l'âme des enfants, des adolescents et des jeunes gens, à favoriser autant que cela est possible les écoles catholiques, à donner, pour toutes les catégories de fidèles, des prédications, des missions, une formation religieuse plus approfondie, adaptées à leurs besoins et à leur intelligence » (La Documentation Catholique, 1ier avril 1962, N. 1372, col. 418).

 8. LA PRÉPARATION DU CONCILE CONCERNE TOUS LES CATHOLIQUES.

« C'est là un aspect de la préparation du Concile que l'on a facilement tendance à oublier : le Concile est un événement qui concerne tout le monde, clercs et laïcs, et qui doit donc être préparé par tout le monde, chacun selon ses propres responsabilités, dans un effort quotidien pour être meilleur… ». « Le Concile aura en effet l'efficacité spirituelle rénovatrice que le Saint-Père souhaite continuellement dans la mesure où, dès maintenant, tous les catholiques feront leurs ses grands objectifs. Le Concile ne pourra pas agir comme une force uniquement extérieure en pré-sentant de nouvelles constitutions et de nouveaux décrets, mais il doit devenir, dès le temps plus ou moins long qui nous sépare de sa réunion, comme un ferment qui incite à un renouveau de vie. Le Saint-Père est plus explicite sur ce sujet : « Nos efforts et nos travaux pour que le Concile soit un grand événement pourraient être vains si cet effort collectif de sanctification était insuffisamment unanime et décidé » (La Doc. Cath., N. 1366, col. 1574).

 9. LES CONGRÉGATIONS RELIGIEUSES LAIQUES.

 Des comptes rendus des travaux de la IV° session de la Commission centrale du Concile, signalons les remarques suivantes :

« Le schéma présenté ce matin à la Commission centrale a souligné l'importance particulière des congrégations religieuses qui s'occupent de l'instruction et de l'éducation des jeunes, sans cependant aborder à proprement parler le problème de l'enseignement. Il s'agit d'une « vocation spéciale venant de Dieu qui doit être cultivée et favorisée avec beaucoup de soins ».

« C'est précisément parce que la mission des religieux laïcs éducateurs est difficile et délicate qu'ils doivent s'y préparer également par des études théologiques susceptibles de leur permettre de donner un enseignement sur les vérités à croire et les vertus à pratiquer qui soit toujours plus clair, plus profond et plus complet » (La Documentation Catholique, 18 mars 1962, N. 1372, col. 381-382).

 10. LE SACERDOCE DES LAÏCS ET LEUR PLACE DANS L'EGLISE.

 Voir la conférence de S. Em. le cardinal Cento au II° Congrès de théologie, organisé par le

Centre d'études dominicain de Bologne, en septembre 1961 (cf. La Doc. Cath., du 17 décembre 1961, N. 1366, col. 1599-1604).

Voir aussi l'excellent opuscule de Mgr De Smedt, évêque de Bruges : « Le Sacerdoce des fidèles ».

 11. LES TÂCHES DE L'INTELLECTUEL CATHOLIQUE DANS LE MONDE D'AUJOURD'HUI.

Conférence de Son Eminence le cardinal Koenig, archevêque de Vienne, au Congrès de « Pax Romana », à Fribourg, en Suisse, en juillet 1961 (cf. La Doc. Cath., du 3 décembre 1961, N. 1365, col. 1525-1533). Notons, pour nous tous, mais spécialement pour nos jeunes Frères et pour nos grands élèves, la valeur et l'opportunité de cette conférence magistrale ; en particulier, relevons la leçon d'apologétique que contient le troisième point : La solution des problèmes qui opposent la religion et la science : col. 1529-1532.

 12. SUR L'ÉCOLE CHRÉTIENNE.

Dans la Lettre des évêques d'Autriche sur l'Encyclique « Mater et Magistra », il convient de relire les réflexions suivantes :

« L'école doit redevenir à un degré élevé une communauté où se forment les âmes. Cela ne vaut pas seulement pour les écoles obligatoires, mais aussi, et particulièrement, pour les écoles ultérieures, professionnelles ou de spécialisation. C'est précisément à cet âge que l'on a besoin d'une formation plus approfondie, religieuse et morale. Que l'on se débarrasse à ce sujet de tous les préjugés, de quelque nature qu'ils soient. Les temps ont changé. Notre époque de socialisation croissante, avec ses organisations obligatoires, connaît aussi un appauvrissement croissant sur le plan de la formation des consciences et de la solidarité humaine.

C'est pourquoi tout ce qui contribue à la formation des consciences – donc l'enseignement religieux – est un gain.

Nous voudrions inviter spécialement les instituts religieux à créer également chez nous des écoles professionnelles formatrices des âmes. Ce n'est que dans de telles écoles, déjà nombreuses dans d'autres pays, qu'il sera possible de « maintenir lucide et vivante la conscience de la hiérarchie des valeurs » chez les jeunes générations, comme le demande le Pape. Sinon, dit-il, on verra toujours « le contraste existant entre l'immense progrès scientifique et technique et un recul effrayant de l'humanité »… Sinon, on verra se vérifier la parole du psalmiste : « Simulacra gentium argentum et aurum, opera manuum hominem», ce que l'on pourrait traduire aujourd'hui : « Les idoles des païens sont la technique et le progrès, elles sont l'œuvre de leurs mains » (cf. La Doc. Cath., 4 février 1962, N. 1369, col. 173).

 13. SUR LES CONGRÉGATIONS ENSEIGNANTES.

« Elles (les Congrégations enseignantes) furent dans le passé la charpente de notre enseignement chrétien. Son avenir est lié à leur maintien, à leur essor, car nul mieux qu'elles, n'est capable de comprendre les visées spécifiques d'une éducation conforme à l'Evangile » (Mgr Gouyon, évêque de Bayonne ; cf. La Croix du 9 mars 1962, page 5). 

DIVISION DE PROVINCE

 V.J.M.J.

 Rome, le 9 avril 1962.

 Très Saint Père,

 Le Supérieur Général de l'Institut des Frères Maristes des Ecoles, humblement prosterné aux pieds de Votre Sainteté, expose ce qui suit :

La Province de Belgique-Congo ayant pris un grand développement (391 Profès, 188 sujets en formation, 39 écoles, 21 406 élèves), il apparaît opportun, pour en faciliter le gouvernement, de la diviser en deux Provinces distinctes, l'une comprenant Belgique – Hollande – Grand Duché de Luxembourg et l'autre Congo – Rwanda – Burundi.

Après étude de cette question, le Conseil Général ayant émis un vote unanimement favorable, l'Indult requis est respectueusement sollicité.

Et que Dieu      

 SACRA CONGREGATIO

   DE RELIGIOSIS

                              Prot. N. 944/62.

 Vigore facultatum a SS.mo Domino Nostro concessarum, Sacra Congregatio Negotiis Religiosorum Sodalium praeposita, attentis expositis, benigne adnuit pro gratia iuxta preces, cauto tamen ut omnia habeantur, quae de iure requiruntur ad normam Sacrorum Canonum et Apostolicarum Constitutionum servatisque ceteris servandis. Contrariis quibuslibet non obstantibus.

Datura Romae, die decirna prima aprilis, 1962.

 (Sceau)                                                J.-B. Verdellis, Sub.

 

En vertu des pouvoirs concédés par Notre Très Saint-Père le Pape, la Sacrée Congrégation préposée aux Affaires des Ordres religieux, vu les faits exposés, accorde bénignement la faveur selon la demande, étant observées exactement toutes les prescriptions demandées par le Droit et par les Constitutions Apostoliques.

Nonobstant toutes choses contraires.

Donné à Rome, le 11 avril 1962.

J.-B. Verdellis, Sub

ERECTION DU DISTRICT AUTONOME

DE SUISSE-MISSIONS

  V.J.M.J.

 Rome, le 9 avril 1962.

 Très Saint Père,

 Le Supérieur Général de L'Institut des Frères Maristes des Ecoles, humblement prosterné aux pieds de Votre Sainteté, expose ce qui suit :

Tant pour le développement des oeuvres en Suisse que pour la formation de sujets pouvant être destinés aux Missions, il semble opportun de former un District autonome Suisse-Missions comprenant les maisons de Suisse et notamment celle de Lausanne qui fait actuellement partie de la Province de Saint-Genis-Laval et celle de Saint-Gingolph qui appartient à la Province d'Allemagne, en y joignant aussi la maison de Bairo où se trouve actuellement le Noviciat de l'Œuvre missionnaire internationale St. François-Xavier.

Après étude de cette question, le Conseil Général ayant émis un vote unanimement favorable, l'Indult requis est respectueusement sollicité pour la création de ce District autonome Suisse-Missions avec un Frère Visiteur et un Conseil de District nommé par le Conseil Général et ayant les pouvoirs d'un Conseil Provincial.

   Et que Dieu …..         

 SACRA CONGREGATIO

   DE RELIGIOSIS 

Prot. N. 943/62.

 

Vigore facultatum a SS.mo Domino Nostro concessarum, Sacra Congregatio Negotiis Religiosorum Sodalium praeposita, attentis expositis, benigne adnuit pro gratia iuxta preces, cauto tamen ut omnia habeantur, quae de iure requiruntur ad normam Sacroruni Canonum et Apostolicarum Constitutionum servatisque ceteris servandis.

Contrariis quibuslibet non obstantibus.

Datura Romae, die decima prima aprilis, 1962.

               (Sceau)                        J.-B. Verdellis, Sub.

 En vertu des pouvoirs concédés par Notre Très Saint-Père le Pape, la Sacrée Congrégation préposée aux Affaires des Ordres religieux, vu les faits exposés, accorde bénignement la faveur selon la demande, étant observées exactement toutes les prescriptions demandées par le Droit et par les Constitutions Apostoliques.

Nonobstant toutes choses contraires.

Donné à Rome, le 11 avril 1962.

J.-B. Verdellis, Sub.  

ELECTIONS

  

Le Conseil Général a élu :

a) Dans la séance (lu 5 janvier 1962 :

Pour un deuxième triennat :

C. F. DONALD, Provincial de Melbourne.

C. F. JOHN LAWRENCE, Provincial de Poughkeepsie

Pour un premier triennat :

C. F. LEO SYLVIUS, Provincial d'Esopus

b) Dans la séance du 8 janvier 1962 :

Pour un premier triennat :

C. F. FLAMIEN, Provincial du Sud-Ouest

c) Dans la séance du 10 février 1962 :

Pour un deuxième triennat :

C. F. JOSE SERAFIN, Provincial de Castille 

Pour un premier triennat :

C. F. JUAN CRUZ, Provincial de Bética.

C. F. ARMANDO TEOFILO, Provincial, de Levante.

C. F. RAMON SEBASTIAN, Provincial de Madrid

d) Dans la séance du 3 avril 1962 :

Pour un deuxième triennat :

C. F. JOCHE PHILIPPE, Provincial de Chine.

C. F. JULES-HENRI, Provincial de Varennes.

C. F. PETER BERCHMANS, Visiteur de Ceylan.

C. F. CALLIXTE, Visiteur de Madagascar

e) Dans la séance du 4 avril 1962 :

Pour un premier triennat :

C. F. GIL MARIANO, Provincial du Brésil Septentrional

A prorogé pro tempore :

C. F. MARIO RAPHAËL, comme Visiteur de Liban-Syrie

f) Dans la séance du 9 avril 1962 :

Pour un premier triennat :

C. F. CHRISTIAN, Provincial du Congo.

C. F. PROSPER-VICTOR, Visiteur de Suisse-Missions

 

Statistique Générale de l’Institut

au 31 décembre 1961

  

Provinces         

et District          

  

                            1          2          3          4          5          6          7          8          9          10        11

Adm. Gen. & S.F.X. –         8          9          7          7          18        32        49        –           –           4

Afr. du Sud               14        3          10        34        53        29        116      143      3413.   3          12

AIlemagne                102      5          8          45        64        59        168      283      1527    5          7

Argentine                  179      17        11        54        174      91        319      526      8427    0          21

Beaucamps                          113      4          8          36        78        57        171      296      4799    1          20

Belgique-Congo      151      17        20        76        190      125      391      579   21406    3          43

Bética                       227      15        16        51        175      63        289      547      7752    0          19

Brés. Mérid              362      20        27        78        231      61        370      779      145684          27

Brés. Sept                165      19        12        74        99        66        239      435      8178    1          15

astilla                        156      28        10        48        139      32        219      413      4639    1          13

Cataluna                   152      12        10        39        162      43        244      418      6919    2          17

Chili                           112      9          7          33        87        45        165      293      5510    2          13

Chine                        30        3          3          3          94        45        142      178      7657    1          12

Colombie                 212      9          8          59        94        109      262      491      9081    0          23

Cuba-Am. Cent.      211      16        26        74        143      89        306      559      4479    3          13

Desbiens                  192      10        8          23        91        35        149      359      4588    1          14

Esopus                     70        37        21        67        132      53        252      380      6905    0          13

G. Bret. & Irl              129      19        21        69        117      49        235      404      123651          30

Iberville                     394      30        11        87        209      113      409      844      169151          35

Italie                                       124      5          8          42        67        70        179      316      2767    0          9

Léon                          144      13        7          42        143      44        229      393      5903    0          15

Levante                     74        10        9          34        90        33        157      250      4905    0          7

Lévis                         287      11        11        40        125      70        235      544      8016    0          28

Madrid                      170      13        17        49        81        35        165      365      3526    0          8

MIelbourne               33        15        14        55        87        36        178      240      9442    0          26

Mexique Cent          142      26        17        50        93        57        200      385      9889    4          14

Mexique Occ            109      30        20        59        105      58        222      381 1   1412    0          22

Norte                         158      18        18        64        160      52        276      470      6794    3          18

N D. Hermitage .     111      4          8          38        109      53        200      323      4698    4          22

N.Zélande                 72        17        13        73        107      48        228      330      9581    1          28

Pérou                        100      6          9          26        48        48        122      237      5077    1          11

Poughkeepsie         42        22        18        69        141      83        293      375      7740    2          15

Rio                            261      27        16        29        93        79        201      505      5527    0          13

St. Genis-Laval        155      6          9          83        188      102      373      543      6020    5          42

Sta. Catarina           352      41        17        82        166      43        291      701      102261          28

São Paulo                285      11        –           46        117      56        219      515      8509    0          14

sud-Est                     74        2          4          14        76        62        152      232      2908    3          14

sud-Ouest                 27        –           1          12        56        24        92        120      2260    4          9

Sydney                      45        30        22        109      182      70        361      458      131712          36

Varennes                  110      3          3          25        61        72        158      274      2847    3          14

Ceylan                      16        –           –           12        14        9          35        51        3600    1          5

Liban-Syrie              17        1          1          2          25        28        55        74        5066    1          8

Madagascar            61        3          1          13        28        21        62        127      3855    1          8

Philippines               –           4          5          11        17        11        39        48        3764    0          8

Portugal, etc. …        118      9          5          17        39        21        77        209      1868    0          11

Uruguay                    50        3          –           18        24        24        66        119      1920    0          7

Venezuela                79        9          9          31        30        14        75        172      1888    0          3

         TOTAL             6187      1620      508       2102      4811      2505      9418  16733  311207   66794

 

[1 : Juvénistes ; 2 : Postulants ; 3 Novices ; 4 : Profès temp. ; 5 : Profès perp. ; 6 : Stables ; 7 : Total Profès ; 8 : Grand total ; 9 : Elèves ; 10 : Décès en 1961 : 11 : Maisons.]

 

LISTE DES FRERES

dont nous avons appris le décès

depuis la Circulaire du 8 décembre 1961

                                                                                                                    

Nom et Age des Défunts                       Lieu de Décès                                       Date   du Décès

 

F. Déat Jean-Bapt.     80 Profès perp.    Château-Richer (Canada)                   17 oct. 1961

F. Armand Elle             71  Stable              Furth ( Allemagne)                                28 nov.             »

F. Gilduin                      84  »                       Mont. St. Guibert (Belgique)                7 déc.               »

F. Louis Gervase         81  »                       Saint-Genis-Laval (France)                 20         »          »

F. Arthaud                    81 Profès perp.    Burgos (Espagne)                                28         »          »

F. Jules Raphaël         80  Stable              Saint-Genis-Laval (France)                 30         »          »

F. Marie Eparque        83  »                       Château-Richer (Canada)                   7 janv. 1962

F. Denis Adrien           71  »                       Mont. St. Guibert (Belgique)                14         »          »

F. Pétrus Eugène        65  »                       Franca (Brésil)                                      15         »          »

F. Garcia Fortun.         20 Profès temp.   Barcelona (Espagne)                           16         »          »

F. Ludovico                  67  Stable              Anzuola (Espagne)                               20         »          »

F. Gilbert Francis        60 Profès perp.     Kinharvie (Ecosse)                               24         »          »

F. Ananias                    51  Stable              Mendes (Brésil)                                    25         »          »

F. Joseph Adolphe      88  »                       Saint-Genis-Laval (France)                 31         »          »

F. Luis Beltrân             65 Profès perp.    Erandio-Bilbao (Espagne)                  3 fév.                »

F. Joseph Romain       75  Stable              Saint-Genis-Laval (France)                 15         »          »

[ F. Grégoire                54 Profès perp.    Issenheim (France)                               21         »          »

F. Camille Ant.             75  »                       Mont St. Guibert (Belgique)                 28         »          »

F. Denis Félix              79  »                       Château-Richer (Canada)                   8 mars              »

F. Frasse Camille       88  »                       N.-D. de l'Hermitage (France)             11         »          »

F. Fidentius                  74  Stable              Amchit ) Liban)                                   11         »          »

F. Anastasius Pb.        74  »                       Macedon (Australie)                             11         »          »

F. Palladius                  87  »                       N : D. de l'Hermitage (France)            12         »          »

F. Wilfrid Joseph         71 Profès perp.    Dumfries (Ecosse)                               14         »          »

F. Restituto                   73  »                       Avellanas (Espagne)                          19         »          »

F. Paul Henri                41  »                       Saint Félicien (Canada)                       28         »          »

F. Elle Marie                39  »                       Lyon (France)                                       30         »          »

F. Luis Felipe               65  Stable              Pamplona (Espagne)                           16 avril             »

F. Marie Clarent          69  »                       Aubenas (France)                                 22         »          »

F. Leon André              70 Profès perp.    Iberville (Canada)                                 3 mai   »          »

 

La présente Circulaire sera lue en communauté à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

Recevez, mes bien chers Frères, la nouvelle assurance du religieux attachement avec lequel je suis, en J.M.J.

Votre très humble et tout dévoué serviteur.

 

F. Charles-Raphaël, Supérieur Général.

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[1]: et non 1962 comme le marque l’original des Circulaires. NDLR

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