Circulaires 357

Charles-Raphaël

1963-05-24

CONSERVATION ET ACCROISSEMENT DE L'INSTITUT.
Constitutions : article 205
Moyens négatifs - Moyens positifs
CE QUE NOUS DEVONS EXCLURE DE L'INSTITUT :
1° Pas d'ambition admise
2° Pas de sujets sans vocation
A - Un recrutement suffisamment nombreux est nécessaire
B - La qualité d'abord
C - Connaître et suivre les directives de l'Eglise
D - Suivre les directives pratiques données dans notre Institut
E - L'expérience enseignera à faire un choix sérieux et sévère en même temps que prudent et charitable
F - L'heure du choix définitif
G - La responsabilité de tous est engagée dans le choix des vocations
H - L'heure de la séparation.
3° Pas de petites négligences volontaires.
A - L'importance de la fidélité totale à la Règle dans la tradition religieuse
B - L'enseignement de notre Bienheureux Fondateur
C - Deux conséquences de la négligence habituelle des petits devoirs : recrutement tari, persévérance compromise
D - Les responsabilités
E - Quelques sophismes dangereux
Conclusion
Frères sacristains : Indult particulier
Elections .
Statistique de l'Institut au 1ier janvier 1963
Liste des défunts

357

V. J. M. J.

 Fête de Notre-Dame Auxiliatrice

Rome, le 24 mai 1963

 Conservation et accroissement de l'Institut

         MES BIEN CHERS FRÈRES,

 « Un des principaux et des plus importants devoirs des Supérieurs qui sont au gouvernement de l`Institut, des provinces et des maisons, c'est de travailler de toutes leurs forces à la conservation et à l'accroissement du corps entier de l'Institut :

1° En évitant soigneusement tout ce qui pourrait contribuer à sa décadence ;

2° En observant fidèlement tout ce qui peut en assurer la prospérité » (Constitutions, article 205).

 Dans sa substance, l'Etat religieux est d'institution divine. Jésus-Christ, qui a proclamé les préceptes et sanctionné leur observation, a également exalté et recommandé les conseils évangéliques. Toujours et partout, ceux-ci seront offerts par l'Eglise aux âmes de bonne volonté comme le témoignage le plus authentique de leur amour pour Dieu. Et cette invitation trouvera un écho parmi les chrétiens jusqu'à la fin des temps (cf. L. Choupin, Nature et Obligations de l'Etat religieux, tout le chapitre IV).

Récemment, l'Episcopat néerlandais, dans sa Lettre collective sur le Concile, a rappelé clairement cet enseignement traditionnel dans l'Eglise. « Il nous faut plus que jamais aimer Dieu au-dessus de tout, de toute notre personne, de tout notre cœur et de toutes nos forces, et le prochain comme nous-mêmes ». C'est pourquoi la  « vie selon les Conseils évangéliques » ou, selon l'appellation traditionnelle dans l'Eglise, « L'état de perfection », continuera, tout en renouvelant peut-être ses formes extérieures, de jouer un rôle important dans le réveil actuel d'un christianisme authentique et vivant. A une condition : c'est de vivre la vie religieuse avec sincérité et conséquence. Puisse-t-elle demeurer pour nous tous une exhortation incessante, proclamant bien haut que l'Eglise, incarnée dans ce monde, n'est pourtant pas "de ce monde" et qu'elle attend impatiemment la venue glorieuse du Seigneur » (cf. La Documentation Catholique, 18 juin 1961, p. 198).

La condition signalée ci-dessus nous rappelle que, si l'Etat religieux comme tel est indéfectible, il n'en est pas de même pour toutes les formes de vie religieuse qui ont apparu dans l'Eglise au cours de son histoire. Actuellement, il existe un très grand nombre d'Instituts religieux. Quelle sera leur durée ? La réponse peut être : Ils dureront aussi longtemps qu'ils répondront à un besoin réel au sein de l'Eglise. Ou encore : Ils dureront aussi longtemps qu'ils seront fidèles à leur mission dans l'Eglise, c'est-à-dire qu'ils seront fidèles à toute la volonté divine sur eux.

Nos Constitutions renferment un chapitre dont la présence a étonné plus d'un « consulteur », à qui nous avons fait connaître ce livre fondamental pour nous. Il s'agit du chapitre IX de la deuxième partie. On peut le considérer comme le dernier chapitre des Constitutions, car les articles qui suivent appartiennent plutôt aux Règles communes, comme les capitulants de 1958 l'ont d'ailleurs signalé. Ce chapitre final ne traite pas de l'organisation de l'Institut, mais envisage son avenir, sa conservation et son accroissement. C'est comme une petite synthèse de ce qu'il faut faire et ne pas faire pour que la famille continue de vivre et de prospérer. Etonnés tout d'abord de le rencontrer dans un livre de Constitutions, les consulteurs, après examen, l'ont généralement trouvé bien à sa place.

Ce chapitre nous propose dix-huit moyens de favoriser la prospérité de notre famille religieuse : six moyens «négatifs », c'est-à-dire des choses qu'il ne faut pas faire ou qu'il ne faut pas laisser faire ; ensuite, douze moyens « positifs ». Il rappelle que l'emploi de ces moyens constitue une obligation grave pour ceux qui sont revêtus de quelque autorité dans la Congrégation. Mais il laisse sous-entendre clairement que tous les Frères doivent avoir à cœur de veiller sur les vrais intérêts de leur famille religieuse.

En effet, comme nous l'avons déjà dit dans une Circulaire précédente, chaque Frère tient entre ses mains, dans une mesure qui dépend de son influence en communauté, l'avenir de l'Institut tout entier. Chacun d'entre nous doit savoir qu'il est forcément pour toute sa famille religieuse : ou un principe de vie, de santé, de force, de fécondité toujours plus grande, ou une cause d'affaiblissement, de décadence progressive, de ruine et de mort.

Cette grave vérité est à bien méditer en tout temps, plus particulièrement en temps de retraite. Il importe de bien comprendre que nos exemples ne restent jamais sans influence dans notre communauté : ils tendent à favoriser la vie intérieure et le zèle apostolique de nos confrères, ou tout le contraire. Parlant de la joie de la vie religieuse, le Père H. Holstein note qu'elle « est peut-être le trait le plus constant et le plus efficace de son témoignage ». Et il ajoute immédiatement cette fine observation psychologique : « Précisément parce que cette joie se manifeste d'elle-même, sans que nous y prenions garde, sans que nous fassions quoi que ce soit pour l'imposer à ceux que nous rencontrons » (conférence sur « Le mystère de la vie religieuse » : cf. Revue des Communautés Religieuses, 15 avril 1961).

Sans que nous y prenions garde, nous aussi, nous fortifions ou nous affaiblissons l'Institut tout entier. Nous construisons ou nous démolissons. Personne d'entre nous ne peut échapper à sa responsabilité de membre de la grande famille d'enfant de la maison. Daigne notre Bienheureux Fondateur nous faire comprendre toujours mieux ce qu'il attend de nous pour que son œuvre vive et prospère !

Dans cette Circulaire, et dans quelques autres qui suivront, nous tâcherons de développer quelque peu ce chapitre important de nos Constitutions.

Ramenés à leur idée essentielle, les «moyens» qu'il énumère peuvent être résumés comme suit :

Moyens négatifs : Dans l'Institut, il ne faut :

1. Pas d'ambition.

2. Pas de sujets sans vocation.

3. Pas de négligence volontaire des petits devoirs.

4. Pas d'oisiveté.

5. Pas de rapports irréguliers avec le monde.

6. Pas de fondations imprudentes.

 Moyens positifs :

1. Le recours constant à la prière.

2. La fidélité à notre esprit mariste.

3. La pratique constante de la pauvreté religieuse.

4. La bonne formation des novices et des jeunes Frères.

5. Le souci de la formation d'une élite.

6. Le bon choix des supérieurs.

7. L'union des cœurs et des volontés dans l'Institut.

8. Le zèle apostolique.

9. La valeur personnelle.

10. L'exacte observance des Constitutions.

11. La vigilance paternelle des supérieurs et la pratique délicate de l'avertissement fraternel.

12. Par-dessus tout, une ardente dévotion à la Bienheureuse et Immaculée Vierge Marie. 

PREMIERE PARTIE 

Ce que nous devons exclure de l'Institut

(art. 206 des Const.)

 1° Pas d'ambition admise.

 « A cette fin, ils s'appliqueront donc d'abord :

1° A fermer la porte à l'ambition, en éloignant des charges quiconque serait reconnu les avoir recherchées par intrigues » (art. 206, 1°).

Tout d'abord, on peut s'étonner que l'ambition soit considérée comme « possible » dans une Congrégation dont l'esprit propre est précisément l'humilité, la simplicité et la modestie, dont l'idéal est de faire toujours le bien sans bruit et de fuir les éloges du monde… Mais, partout et toujours, l'homme reste homme. N'a-t-on pas vu, dans le Collège Apostolique, les fils de Zébédée faire réclamer par leur mère, et pour eux-mêmes, les deux premières places dans le royaume du Messie ? Quelques heures avant la mort du divin Maître, à la dernière Cène, les disciples discutent encore la question de savoir qui serait le plus grand dans ce royaume.

D'autre part, il suffit de parcourir l'histoire de l'Eglise pour rencontrer, à tous les siècles et dans tous les pays, l'ambition qui relève la tête et fait des ravages sous une forme ou sous une autre : des hérésies. des schismes, quelque élection d'indigne sur un siège épiscopal… L'histoire de tous les Ordres religieux démontre clairement que l'ambition a provoqué, à tel moment ou en tel monastère, du relâchement, des ruines, une décadence plus ou moins prolongée. Chez nous, tout le monde connaît l'histoire de l'abbé Courveille…

On comprend donc que nos Constitutions nous mettent en garde contre l'infiltration de l'ambition et qu'elles prescrivent d'écarter résolument des charges ceux qui seraient reconnus les avoir « recherchées par intrigues ». Dans un Institut à forte vie familiale, comme c'est le cas chez nous, de pareilles intrigues ne pourraient guère se présenter que sous des formes mitigées : de petites cabales pour se faire élire soi-même ou pour faire élire un candidat préféré ; des dans qui se proposent de faire « triompher » tel ou tel candidat, sans se préoccuper en premier lieu des qualités religieuses et des aptitudes gouvernementales de l'intéressé ; des manœuvres plus ou moins loyales pour écarter « a priori » des candidats qui offrent pourtant les meilleures garanties pour un sage gouvernement. D'autres fois, une certaine ambition peut se manifester sous des formes encore plus larvées. Le mécontentement de toutes choses, perpétuellement traduit en paroles ou en actes et les critiques amères de toutes les décisions et mesures de l'autorité peuvent trahir parfois une sorte de « dépit orgueilleux ». « On ferait tellement mieux si l'on était soi-même à la tête ! ».

Evidemment, il convient de ne pas généraliser. On ne doit jamais tirer des conclusions trop brutales des critiques que l'on a entendu formuler, même quand elles visaient les responsables du gouvernement. Bien d'autres explications sont possibles. Ces critiques peuvent même être totalement sincères et manifester une réelle volonté du bien et du progrès. Toute œuvre humaine est perfectible quand il y a collaboration fraternelle, quand il y a un authentique esprit d'équipe chez tous ceux qui doivent s'y intéresser. Toute bonne critique mérite d'être écoutée. Elle est souvent nécessaire pour que la vie religieuse du groupe progresse, comme pour le meilleur rendement de notre effort apostolique. « Il faut être plusieurs pour être intelligent », notait plaisamment le grand Cardinal Saliège.

La bonne critique est habituellement délicate : on sent chez celui qui la formule la crainte de blesser, de faire quelque peine, d'être mal compris. Elle reste humble et laisse même deviner une certaine répugnance à se mettre en avant, à s'opposer en quelque sorte à ses confrères. Elle s'exprime toujours avec modération et avec politesse : aucune prétention d'imposer ses idées personnelles envers et contre tous. Notons aussi qu'elle vient à son heure, c'est-à-dire avant qu'il soit pratiquement trop tard ; quand on veut réellement aider à construire, on tâche de suggérer des améliorations avant que l'entreprise ait été réalisée. Enfin, quand on veut « améliorer », on s'adresse directement à ceux qui peuvent effectivement profiter des remarques faites. Les critiques « constructives » sont d'abord présentées aux responsables. Toute autre manière de faire doit généralement être considérée comme suspecte.

A l'opposé, les critiques intéressées, passionnées, trop personnelles sont ordinairement faites sur un ton agressif, parfois hautain et péremptoire. Elles continuent encore, alors qu'une décision proprement dite a déjà été prise, alors même que l'heure de la collaboration franche et totale a sonné depuis longtemps. Elles s'expriment trop souvent à huis clos, dans un petit cercle fermé, et tendent, par le fait même, à semer la zizanie, à diviser dangereusement les esprits. Très souvent, elles n'admettent aucun échange de vues vraiment fraternel : on affirme toujours, on n'écoute jamais ! C'est le cas de répéter avec le Père Voillaume : « Affirmer est une façon de déguiser son ignorance. Plus les gens sont primitifs, plus leurs opinions sont tranchées ».

Il convient de le répéter : Chez nous, l'ambition, même à close minime, serait peut-être plus dangereuse que dans d'autres familles religieuses. Elle est, en effet, en opposition directe avec l'esprit d'humilité, de simplicité et de modestie qui doit nous caractériser. Par le fait même, elle tendrait rapidement à saper les bases mêmes de l'Institut. En introduisant la division dans la famille, elle en préparerait la ruine.

Par contraste, il convient de dire un mot de veux qui craignent trop les charges et qui prennent parfois toutes sortes de moyens pour les éviter coûte que coûte. Pour un Frère Mariste, se croire indigne d'une charge est une disposition fort louable. Mais il doit aussi savoir se confier pleinement à la volonté divine, quelles qu'en soient les exigences. Il doit, le cas échéant, savoir accepter, humblement mais résolument, toute « obédience » qui lui est transmise par la voie régulière.

D'ailleurs, la crainte des charges ou des responsabilités ne dérive pas toujours d'une humilité profonde. Elle peut tout aussi bien provenir d'une certaine timidité, voire d'une certaine lâcheté, qui recule instinctivement devant l'effort, les difficultés, les complications du gouvernement, les échecs possibles, les douloureuses incompréhensions devant la « croix », en un mot. Normalement, pour un Frère Mariste, accepter résolument une charge providentielle, ce n'est pas courir derrière les honneurs, mais c'est accepter loyalement et courageusement de « servir », de travailler et de lutter, souvent de souffrir un peu plus qu'avant, uniquement pour la gloire de Dieu et pour le bien de ses Frères et des âmes en général. C'est parce qu'on ne médite pas suffisamment sur cet aspect essentiel du « supériorat » qu'on peut se trouver, dans notre famille religieuse, en face de deux attitudes opposées : les uns semblent aspirer à « monter », alors que les autres reculent instinctivement devant la croix et les responsabilités.

Ne perdons jamais de vue la règle d'or que nous propose, en ce domaine comme en beaucoup d'autres, l'article 57 de nos Constitutions : « Qu'ils se rendent capables de tout et toutefois qu'ils ne désirent rien, ne demandent rien et ne refusent rien ».

Comment écarter les intrigues, les ambitions possibles ? II faut évidemment que ceux qui ont la responsabilité du « choix », lors des élections aux différentes charges de l'Institut, soient à la fois vigilants et fermes pour écarter ceux qui ne conviennent pas.

Mais on peut prévenir aussi le danger des intrigues ambitieuses en se montrant raisonnablement sévère dans le choix des sujets, comme nous le dirons plus loin. Il ne faudra jamais hésiter à écarter, pendant les années de préparation (juvénat et noviciat) ceux qui révèlent une nature orgueilleuse. Ils sont relativement faciles à dépister. Ils manquent de docilité ; ils n'arrivent pas à se soumettre aux exigences de l'obéissance de tous les jours. Parfois, leur instinct de domination, leur soif de commander, se révèle dans les petits détails de la vie ordinaire avec une clarté aveuglante. On ne peut les confondre avec certains caractères vigoureux et fermes, qui savent déjà s'imposer aux autres par suite de leur force même, mais qui sont simples, droits, toujours dociles et respectueux. Un éducateur attentif ne s'y trompe pas.

Terminons ce premier point par un vœu qui doit tenir au cœur de tout vrai Petit Frère de Marie : Que tous les supérieurs de notre famille religieuse s'efforcent d'imiter le Bienheureux Fondateur par une humilité profonde, qui s'inspire constamment des admirables exemples de Notre Dame, par une affection vraiment paternelle pour tous ceux qui leur sont confiés, et par une indomptable énergie en face de toutes les difficultés de leur lâche !

 2° Pas de sujets sans vocation.

 Les responsables s'appliqueront :

« 2° A écarter les sujets sans vocation et à n'admettre à la profession que ceux qui offrent des garanties suffisantes pour la piété, l'aptitude, la bonne conduite et le bon jugement» (art. 206, 2°). 

A.  UN RECRUTEMENT SUFFISAMMENT NOMBREUX EST NÉCESSAIRE.

 Toute famille religieuse qui veut vivre et prospérer doit se préoccuper de recruter de nouveaux membres. D'un côté, il faut absolument préparer la relève du personnel en fonction, surtout dans les Congrégations qui, comme la nôtre, se vouent complètement à l'éducation chrétienne : le manque de Frères a déjà provoqué, plus d'une fois hélas ! la suppression de très bonnes écoles dont le rôle apostolique ne pouvait être mis en doute. D'un autre côté, des appels angoissants pour de nouvelles fondations parviennent souvent aux Frères Provinciaux comme à la Maison Généralice. Il serait dur et pénible de les écarter tous. D'ailleurs, ce ne serait pas normal : le statu quo permanent, l'immobilité totale signifierait qu'une Congrégation est menacée dans son existence même. De plus, en supposant qu'aucune fondation nouvelle ne puisse être envisagée, il faut tenir compte du fait que presque toutes les écoles actuellement existantes requièrent un personnel plus nombreux par suite de l'afflux des élèves et des exigences grandissantes de l'enseignement.

Aussi, l'Eglise, qui souhaite que la vie religieuse s'étende de plus en plus, qui attend des Instituts religieux un apostolat toujours plus riche et plus efficace, invite-t-elle fréquemment les Supérieurs à intensifier le recrutement de leur famille religieuse. C'est ainsi qu'en 1938, le Pape Pie XI, parlant au Chapitre Général des Capucins, avant d'insister sur une certaine sévérité dans le choix, avait noté qu'une famille religieuse « devrait toujours tendre à augmenter le nombre de ses membres ».

 B.   LA QUALITÉ D'ABORD.

 Si le nombre des sujets est loin d'être négligeable, la qualité doit toujours primer. Dans une Instruction récente aux Supérieurs religieux (1961), la Sacrée Congrégation des Religieux leur rappelle qu'il faut veiller avant tout à ce que l'effort immodéré en vue d'accroître leur quantité ne nuise pas au choix et à la qualité : « Que tous soient persuadés que le souci excessif du nombre des candidats que n'égalerait pas celui de les bien former, loin d'avoir les résultats espérés, en produirait de tout opposés ».

Puisque c'est Dieu qui donne la vocation à qui Il lui plaît, Il peut évidemment donner des vocations à qui Il voudra. Mais, à travers les temps, les « faits » ont suffisamment mis en relief qu'Il les accorde généreusement aux Congrégations qui s'efforcent de les mériter par la ferveur de leur vie religieuse, par leur fidélité à l'esprit du Fondateur et par l'ardeur de leur zèle apostolique.

« C'est un fait indéniable que les vocations fleurissent là où d'authentiques hommes de Dieu, convaincus eux-mêmes et passionnés des réalités très hautes qu'ils traitent, font resplendir dans son charme virginal l'idéal qu'ils prêchent, et, agissant comme des pôles d'attraction, provoquent l'étincelle de l'appel divin dans le cœur d'âmes généreuses, sensibles, plus qu'aux paroles, à l'exemple de la vie ainsi vécue » (cfr. Lettre de la Sacrée Congrégation des Séminaires, 27 septembre 1960).

Le 11 février 1958, S.S. Pie XII, parlant aux Supérieurs religieux présents à Rome, l'avait dit très nettement : «Si vous êtes fidèles aux règles proposées jusqu'ici par l'Eglise, vous ne vous adjoindrez que des sujets vraiment dignes ; c'est Dieu qui prendra soin de susciter de telles vocations, et l'honneur qui vous en reviendra parmi les hommes, préparera en beaucoup d'âmes le chemin de la grâce divine. Confiez-vous en Dieu : si vous le servez aussi dignement que possible, c'est lui qui prendra soin de vous et de vos Instituts pour les garder et leur assurer la prospérité ».

Evidemment, l'Eglise ne nous invite pas à être trop exigeants dès le point de départ de la 'vie religieuse. Elle sait très bien que les jeunes aspirants seront toujours imparfaits, même après plusieurs années d'une bonne formation. Mais elle entend nous rappeler fortement la nécessité d'un choix à la fois prudent et ferme, tant pour le bien des candidats que pour la paix, le bonheur et la fécondité apostolique des Instituts religieux. C'est ce que le Pape Pie XI avait vigoureusement exprimé en 1938 : « Si l'on veut conserver la vie religieuse dans sa splendeur, il faut être sévère surtout quant aux vocations, parce que la grâce divine aide, mais ne détruit pas la nature humaine, et que demeure ainsi la nécessité de la lutte, qui, dans la vie religieuse, est encore d'un plus grand enjeu. C'est pour cela qu'il faut éloigner le péril apporté par des éléments troubles, s'infiltrant dans une famille religieuse, d'autant plus que ces apports inutiles ne lui serviront de rien, qu'ils constitueront, au contraire, un obstacle, une pierre d'achoppement, d'où dériveront des tares.

« Ce n'est pas l'exagération mais l'expérience qui nous dit que dans toutes les agglomérations de personnes, même restreintes, se produisent inévitablement des déficiences… Lorsque plusieurs hommes se réunissent, les bonnes qualités, spécialement les plus hautes, ne s'additionnent point, chacun les gardant pour soi ; tandis qu'au contraire les déficiences, les mauvaises qualités s'ajoutent les unes aux autres et se fondent ensemble » (cf. Allocution au Chapitre Général des Capucins, rapportée dans nos Circulaires, volume XVIII, pp. 105-108. 305).

Dans cette grave question du « choix des vocations », il faut que nous connaissions bien la pensée actuelle de l'Eglise et que nous la suivions fidèlement. Il importe aussi que nous ne négligions jamais les normes pratiques de nos Constitutions et de nos Règles du Gouvernement, qui précisent des exigences propres à notre Congrégation. Enfin, il faut tirer profit des leçons, parfois dures mais toujours utiles, que l'expérience nous donne assez souvent.

 C. CONNAITRE ET SUIVRE LES DIRECTIVES DE L'EGLISE.

 La voix des Papes : Pendant tout le dernier siècle, les Papes ont souvent rappelé cette nécessité d'un bon choix d'aspirants pour la vie religieuse. Signalons seulement quelques témoignages.

Dans la Lettre « Illud Saepius », Benoît XV fait remarquer que si l'on observait mieux les prescriptions du Concile de Trente et des Pontifes romains, « on n'admettrait pas des novices sans vocation et on ne laisserait pas prononcer des vœux des sujets qui ne sont pas aptes à l'état religieux… ».

Dans l'Allocution déjà citée, S.S. Pie XI s'exprime très fortement à ce sujet : « Cette recommandation dont nous prenons toute la responsabilité, doit être tenue comme un mot tout paternel qui ne s'inspire pas d'autre chose que du bien de toutes les familles religieuses. Et ce mot est le suivant : soyez rigoureux. Parole dure, sans doute, mais pleine d'amour… Nous n'entendons pas, par ces paroles, faire seulement allusion à la sévérité de la discipline en général, mais surtout et d'une manière très spéciale, à la sévérité dont il convient de faire preuve en acceptant les postulants. Si certains devaient faire remarquer que l'on est déjà trop sévère, Nous vous autorisons à répondre que c'est le Pape qui le veut ainsi, parce que de son poste, et avec ses responsabilités, il peut en voir clairement le besoin ».

S.S. Pie XII le redit aux Supérieurs Généraux, le 11 février 1958 : « Pour que vos Instituts répondent toujours à ces vœux du Vicaire du Christ, il vous appartient de n'admettre dans les rangs de ces Instituts que des jeunes gens bien disposés en tout point, ce qui signifie qu'ils doivent être choisis en raison de leur vertu et autant qu'il le faut, de leur intelligence et des autres qualités. Gardez-vous d'un trop grand zèle pour réunir une foule de membres dont il y aurait à craindre qu'ils ne se montrent un jour indignes de votre haute vocation ; car ils seraient pour l'Eglise non un honneur et un profit, mais un dommage et une honte ».

Enfin, S.S. Jean XXIII, écrit aux Evêques Philippins : « Nous vous demandons de continuer à veiller d'une façon exemplaire au choix des sujets ; faites preuve d'une sévérité prudente pour accepter les candidats au séminaire et ne conférez les ordres qu'avec précaution ». Le conseil vaut évidemment pour toutes les « admissions » religieuses.

Les directives de la Sacrée Congrégation des Religieux : Le 31 mai 1956, la S. C. des Religieux publiait la Constitution Apostolique SEDES SAPIENTIAE sur la formation religieuse, cléricale, apostolique à donner aux Clercs dans les états de perfection, et la faisait suivre d'explications et d'applications pratiques sous le nom de « Statuts Généraux ». Ces directives s'appliquent également, en tenant compte des situations, aux Instituts religieux hors cléricature. Parmi ces prescriptions, nous pouvons lire : «Que les candidats aux Etats de perfection ne soient pas admis trop hâtivement en groupe (Pie X, Lettre apostolique Cum Primum), mais après un sérieux examen et une enquête diligente (cc. 544, 545), que ceux-là seuls soient reçus qui ne sont retenus par aucun empêchement légitime, sont mus par une intention droite et sont aptes à porter les obligations de l'Institut (c. 538)» (art. 31, par. 2).

Et plus loin, nous trouvons, à l'article 33, cette précision : « Les signes particuliers d'une vocation authentique ainsi que ses motifs doivent être pesés attentivement, selon leur âge et leur condition, chez ceux qui désirent être admis au noviciat… ».

Le 2 février 1961, la S. C. des Religieux publiait encore une Instruction sur le choix et la formation des candidats aux Etats de perfection et aux ordres. Elle rappelle, en particulier, que « ne peuvent être admis que les candidats libres de tout empêchement canonique et qui donnent en même temps les signes d'une vocation divine authentique ».

 D. SUIVRE LES DIRECTIVES PRATIQUES DONNÉES DANS NOTRE INSTITUT.

 Rappelons tout d'abord l'article 20 de nos Constitutions : « Rien de plus important que le choix des sujets : de là dépendent l'avenir de l'Institut, le maintien de la régularité et de l'esprit religieux, la paix, le bonheur des individus et la prospérité de tout le corps. Ceux qui sont chargés de ce choix ne sauraient prendre trop de précautions pour n'admettre que des sujets qui aient les conditions requises ».

Nos Règles du Gouvernement, à l'article 29, précisent cette exigence : « Comme c'est le bon choix des sujets qui maintient les communautés dans leur esprit primitif, et y conserve la régularité, la ferveur et toutes les vertus de l'état religieux, le plus grand préjudice que l'on pourrait causer à l'Institut serait d'y admettre des aspirants sans vocation, irréguliers ou incapables des fonctions propres aux Frères. Les Conseillers et surtout le Frère Provincial se rendraient donc très coupables si, en connaissance de cause ou même par négligence de s'enquérir des qualités et de la conduite des aspirants, ils donnaient leur voix à des sujets indignes, comme s'ils en rejetaient sans motifs suffisants ».

La Quatrième Commission du dernier Chapitre Général, après avoir étudié le problème de la persévérance des Frères dans leur vocation, formule cette remarque pratique qui concerne directement tous les « formateurs » : « Plusieurs rapports inclinent à proposer une sélection plus poussée dans les maisons de formation et durant la profession temporaire, tendant à écarter les sujets douteux, les caractères trop mous, ou ceux dont l'amendement reste incertain. Mieux vaut un excès de sévérité qu'une indulgence aveugle ». L'idéal se situe évidemment dans le « juste milieu» : ni trop de sévérité, ni trop d'indulgence.

 E.   L'EXPÉRIENCE ENSEIGNERA À FAIRE UN CHOIX SÉRIEUX ET SÉVÈRE,

EN MEME TEMPS QUE PRUDENT ET CHARITABLE.

 De tout ce qui précède, on doit conclure que le choix des vocations religieuses doit être sérieux, et même plutôt sévère. Le sérieux porte sur la manière de choisir : chaque cas particulier doit être étudié à part, en toute objectivité, comme nous le dirons plus loin. La sévérité porte sur le choix lui-même : sans exiger trop de qualités d'un aspirant, il faut être d'une fermeté inflexible pour écarter ceux qui ne présentent ni les qualités ni les dispositions requises.

Par ailleurs, on n'a pas plus le droit de refuser des candidats idoines qu'on n'a celui de recevoir des inaptes. C'est là une obligation de justice et de charité, non seulement envers l'Eglise et l'Institut, mais également à l'égard des candidats eux-mêmes. Qui ne voit, en effet, la responsabilité de ceux qui, par négligence ou pour quelque autre raison, priveraient l'Eglise et leur Congrégation d'un religieux, appelé par Dieu à être un saint et un apôtre ! Et quel tort spirituel on causerait à une âme bien disposée en la détournant du chemin providentiel qui lui avait été marqué !

La certitude exigée par un choix prudent n'est pas « mathématique » ; elle n'exclut pas toute possibilité d'erreur. Il s'agit d'une certitude simplement morale, celle, par exemple, à laquelle peut aboutir un bon père de famille quand il est question pour lui d'orienter l'avenir de ses enfants. S'il y a des contre-indications très nettes, la conduite des responsables du choix est clairement indiquée. Mais, le plus souvent, il ne s'agit que de contre-indications relatives. On s'appuie alors sur les leçons de l'expérience, on examine la courbe des efforts et des progrès du candidat, et, avec la grâce de Dieu, on décide pour le mieux.

Il convient de se rappeler que les prescriptions du Code, les directives répétées de la Sacrée Congrégation des Religieux et l'enseignement unanime des maîtres de la vie spirituelle aboutissent à la même conclusion devant les cas vraiment douteux : « Chaque fois que subsiste un doute prudent sur l'aptitude d'un candidat, il est interdit de l'admettre à contracter un engagement (c. 571, par. 2), surtout définitif. » (cc. 575, par. 1, et 637)

 F.   L'HEURE DU CHOIX DÉFINITIF.

 Le plus tôt possible sera toujours le mieux. C'est l'enseignement de l'Eglise. Voici les directives qu'a données à ce sujet le Pape Pie XI dans l'Encyclique AD CATHOLICI SACERDOTII ; elles s'appliquent également à la vie religieuse : « Bien qu'il soit plus indiqué d'arriver à un renvoi sans trop de retard, — en pareil cas, en effet, le retard comporte ordinairement des erreurs et des inconvénients., – quelle qu'ait pu être la cause du retard, dès qu'il apparaît clairement qu'on s'est écarte du droit chemin, que l'on porte remède au mal, sans aucun égard pour personne ».

De la part de l'Eglise, cette fermeté intransigeante, qui peut paraître dure de prime abord à ceux qui ne se placent pas sur le plan surnaturel, est en harmonie avec le concept même de la vocation religieuse : celle-ci exige l'« appel » divin et la réponse volontaire et libre du sujet. Dès que les supérieurs compétents ne peuvent constater la présence de ces éléments essentiels de la vocation, le départ s'impose.

Mais cette fermeté protège également les vrais intérêts du candidat lui-même. Plus on retarde l'heure du départ pour un non-appelé ou pour celui qui n'arrive pas à « se décider », plus on lui rendra difficile la réadaptation à un genre de vie très différent. On doit donc s'efforcer de bien connaître les sujets pendant tout le temps de leur formation, et n'admettre à une nouvelle « étape » (noviciat, professions successives) que ceux pour lesquels on est arrivé à une certitude morale suffisante.

Tout formateur expérimenté sait que ses jugements restent toujours réformables. Par exemple, quel que soit le sérieux de la formation et du choix dans un noviciat, il arrivera que certains sujets, bien disposés pourtant, ne se connaîtront eux-mêmes que très imparfaitement pendant leur période de formation, et qu'ils ne se feront vraiment connaître aux autres que bien plus tard. Certaines contre-indications psychiques ou caractérielles ne se manifestent qu'avec l'âge et ne se révéleront peut-être dans leur plénitude que vers les vingt ans. D'autre part, en ce qui concerne la vie professionnelle, il faudra attendre l'heure de l'action avant de pouvoir dire le dernier mot sur les aptitudes d'un jeune homme. Mais ce sont plutôt des cas d'exception.

Il est certain qu'une expérience suffisamment longue est précieuse pour tous ceux qui doivent intervenir directement dans la formation des jeunes, et, par là même, dans le choix des vocations. En règle générale, il convient donc de maintenir une certaine stabilité dans le personnel des maisons de formation. Le temps est un grand maître de sagesse…

 G.  LA RESPONSABILITÉ DE TOUS EST ENGAGÉE DANS  LE CHOIX DES VOCATIONS.

 Si le choix proprement dit incombe aux supérieurs et aux « maîtres de formation », il convient de rappeler également que tous les Frères ont une part de responsabilité dans ce choix. Nul ne pourra jamais dire : « Suis-je le gardien de mon frère ? ».

Les responsables directs du choix doivent se renseigner sur les aptitudes des candidats. Par conséquent, tous ceux qui peuvent donner quelque information utile à ce sujet doivent avoir à cœur de la donner à qui de droit.

Cette remarque nous amène à parler des « billets de vœux », comme on les désigne habituellement chez nous. Les fait-on toujours ? Les fait-on avec tout le sérieux qu'ils exigent ? Comprend-on toujours et partout qu'il s'agit d'un devoir proprement dit, et non d'une simple formalité ?

L'instruction de la Sacrée Congrégation des Religieux sur le choix des sujets fait une obligation de demander le témoignage « de tous ceux qui, par suite de leurs relations plus fréquentes avec les candidats, pourraient connaître mieux leur vie et leurs mœurs. Elle demande que ces témoignages ne soient pas accueillis à la légère, mais qu'ils soient examinés avec soin, en tenant compte de la prudence, de la sincérité, de la maturité de jugement de ceux qui les apportent» (cf. art. 39). Nos Règles du Gouvernement nous font la même obligation.

Devons-nous insister sur la sincérité totale qu'il faut apporter pour rédiger ces billets de vœux, sur leur objectivité (des faits et non des sentiments), sur leur « valeur d'information » pour les membres du Conseil ? Par exemple, est-il admissible qu'on ne parle que des défauts d'un candidat, comme le cas s'est déjà présenté plus d'une fois ? En ne signalant que les faiblesses et les manquements d'un homme, on commet une injustice à son égard. Chacun a ses bons côtés, et il suffira souvent de noter rapidement telle ou telle qualité d'un sujet pour contrebalancer certains défauts de caractère. Il importe aussi de faire connaître les efforts faits et les progrès réalisés. La volonté de se corriger est un facteur essentiel dans l'évolution spirituelle d'un candidat à la vie religieuse.

Encore une fois, ne perdons jamais de vue que les membres du « Conseil des vœux» ne pourront prendre un vote sur l'admissibilité d'un candidat que d'après les renseignements dont ils disposent. A eux d'examiner attentivement ces renseignements, de les peser, de les comparer en vue d'éclairer leur conscience au sujet du vote qu'ils donneront ensuite. A tous les Frères d'une Province de remplir, au préalable, leur devoir d'in. formateurs.

Les capitulants de 1958 avaient fortement recommandé la fidélité à ce devoir. « A ce propos, il serait nécessaire que tous les Frères profès perpétuels se rendent compte de l'importance des informations qu'ils doivent fournir au sujet des profès temporaires, informations qui constituent pour les Frères du Conseil Provincial la base la plus importante d'appréciation » (cf. Circulaire, p. 265). Si les billets de vœux étaient rédigés, partout et toujours, selon les sages directives de l'Eglise et de nos Règles, il y aurait relativement peu d'erreurs dans cette très grave question de l'admission dans l'Institut.

Il semble inutile d'insister sur le sérieux qu'il faut apporter à tout ce qui touche, de près ou de loin, à la vocation, d'un homme, d'un de nos jeunes aspirants en particulier. Comme nous l'avons déjà fait remarquer plus haut, les véritables intérêts de chaque candidat sont en jeu, tout aussi bien que le bien de l'Institut et le salut des âmes. On ne plaisante jamais, quand il est question de la destinée d'un homme. C'est avec un respect profond et un amour vraiment fraternel pour chaque candidat qu'il convient d'assumer notre propre responsabilité dans le choix des vocations.

 H.   L'HEURE DE LA SÉPARATION.

 Il peut donc arriver qu'un aspirant ou un jeune Frère nous quitte de son propre gré, ou qu'il soit invité à se retirer de notre Congrégation, de cette famille qu'il avait choisie librement et qui l'avait considéré jusqu'alors comme l'un des siens. Trop souvent, on parle encore de « renvoi », quand il faudrait simplement dire départ, séparation, changement de direction.

Lorsqu'un juvéniste, un postulant ou un novice se retire, quelle que soit la cause de son départ, il convient toujours de procéder avec la plus grande délicatesse, soit à l'égard du jeune qui part, soit à l'égard de sa famille. Lorsqu'un jeune profès se décide à ne pas renouveler ses vœux ou qu'on l'invite à ne pas les renouveler, qu'on soit encore plus délicat à son égard, car il avait déjà contracté des liens plus intimes avec l'Institut. Il faut savoir conseiller prudemment, pour l'avenir qui l'attend, celui qui s'en va ; il faut l'aider à faire les premiers pas dans sa nouvelle vie, surtout s'il ne peut compter sur l'appui moral d'une famille toute disposée à le recevoir à nouveau dans son sein. Il faut que notre affection fraternelle révèle alors toute sa sincérité et toute sa profondeur.

D'autres départs de profès peuvent nous peiner encore plus profondément. A mesure que les années de travail et de vie en commun se sont multipliées, les «liens de famille» se sont faits plus intimes. Il est dur de les rompre, des deux côtés, il faut l'espérer. Il ne nous appartient jamais de « juger » les cas particuliers. En toutes circonstances, rappelons-nous la loi de l'Evangile, qui est avant tout une loi d'amour. Et l'amour chrétien ne peut jamais cesser.

 3° Pas de petites négligences volontaires.

 Ils s'appliqueront :

« A empêcher, à réprimer et même à punir la négligence et le mépris des petites choses, et la facilité à violer les Constitutions ; car un Institut est sur le penchant de sa ruine quand on y fait peu de cas des petites observances, qu'on y tolère les petites fautes et qu'on laisse impunis les manquements aux Constitutions et à l'obéissance » (art. 206, 3°).

 A.   L'IMPORTANCE DE LA FIDÉLITÉ TOTALE À LA RÈGLE

DANS LA TRADITION RELIGIEUSE.

 A travers les temps, l'importance de la fidélité aux petits devoirs, aux petites choses, aux détails des prescriptions de la Règle a été constamment mise en relief par tous les auteurs qui ont traité de la vie spirituelle, plus particulièrement par ceux qui ont étudié la vie religieuse. Tous les « Fondateurs » ont insisté sur cette fidélité intégrale, soit dans la formation pratique de leurs disciples, soit dans les consignes qu'ils leur ont laissées. Enfin, l'expérience des siècles a amplement démontré que la négligence volontaire des petites observances a toujours entraîné les plus fâcheuses conséquences dans les Ordres et les Congrégations.

Au préalable, tâchons de prévenir tout malentendu au sujet de cette fidélité aux petites choses. Dans la vie religieuse, pas plus qu'ailleurs, il n'a jamais été question de mettre sur le même plan le grand et le petit, l'essentiel et l'accessoire.

Les religieux qui, consciencieusement et courageusement, se sont obstinés à respecter toutes les prescriptions de leurs Règles, grandes et petites, ont su distinguer entre les unes et les autres. Mais ils ont également su voir la volonté de Dieu sur eux dans les unes comme dans les autres. Ils savaient fort bien que devant Dieu compte surtout l'intensité de l'amour, la pureté d'intention, la rectitude de la volonté. Ils savaient fort bien que la moindre action de Marie, à Nazareth par exemple, avait été plus agréable à Dieu que ne le seraient les grands efforts ascétiques des saints de tous les temps. Aussi, les religieux vraiment réguliers se sont-ils toujours efforcés de mettre dans leurs actions tout l'amour dont ils étaient capables.

Mais, ces mêmes religieux connaissaient également les dangers que présentent les petites infidélités non combattues. En effet, pour un religieux qui, en vertu de son engagement même, doit tendre vers la perfection, toute négligence volontairement admise, est une porte ouverte à la tiédeur. Elle tend rapidement à s'installer en habitude, et, par cette voie, elle peut arriver à ruiner complètement la ferveur d'une âme, tout d'abord bien disposée.

Dans la vie spirituelle, il importe de ne jamais perdre de vue la puissance des habitudes, ainsi que la manière dont elles se forment en nous. Comme le note un psychologue : « Rien ne se perd en notre vie psychologique : la nature est un comptable minutieux. Nos actes les plus insignifiants en apparence, pour peu que nous les répétions, forment avec les semaines, les mois, les années, un total énorme qui s'inscrit dans la mémoire organique sous forme d'habitudes indéracinables » (J. Pavot). Aucun religieux, en commettant au début telle ou telle petite irrégularité volontaire, n'a eu la pensée de devenir progressivement un « irrégulier » proprement dit. Mais il aurait dû se rappeler (ou on aurait quelquefois dû lui rappeler) que « souveraine et sûre du triomphe, l'habitude procède d'une marche insidieuse, et comme sans se presser ». Et c'est ainsi qu'on a entendu, maintes fois, cet aveu de faiblesse : « Je voudrais bien réagir contre mon irrégularité, mais c'est plus fort que moi ».

D'autre part, la tiédeur d'un seul devient facilement contagieuse dans un groupe. Or, quand toute une communauté s'engage sur cette pente glissante des négligences acceptées, c'est la vie spirituelle de tous qui s'étiole et s'anémie rapidement. Pour finir, c'est l'influence apostolique de l'école qui est dangereusement compromise, car, sans la bénédiction divine, les efforts humains sont stériles…

 B.   L'ENSEIGNEMENT DE NOTRE BIENHEUREUX FONDATEUR.

 Il est revenu maintes fois sur ce point, et, grâce au vénéré Frère Jean-Baptiste, nous sommes bien au courant de sa pensée. Son enseignement simple et familier, riche en comparaisons tirées de la vie de tous les jours, a dû faire une forte impression sur nos premiers Frères. Rappelons ici quelques passages :

« L'infraction d'une règle n'est pas un petit mal, quand il y a l'habitude, surtout pour les suites que peuvent avoir ces infractions souvent réitérées. Rompre une seule veine, c'est mettre en danger la vie d'un homme ».

« Il ne faut qu'une étincelle pour produire un incendie. Il ne faut qu'une petite brèche pour donner entrée à l'ennemi et pour faire prendre une place ».

« Il suffit qu'une pierre se détache d'une voûte pour faire tomber toute la voûte ».

« Il suffit de la plus petite ouverture à un bassin pour en laisser écouler toute l'eau ».

Toutes ces comparaisons nous apprennent que les petites fautes affaiblissent l'âme, la privent de la grâce et la conduisent aux fautes graves, au péché mortel, à la mort ; ce qui confirme cet oracle de Jésus-Christ : « Celui qui est fidèle dans les petites choses, le sera aussi dans les grandes » (Luc XVI, 10) – (Avis p. 70).

Un Institut vaut, devant Dieu et devant les hommes, ce que valent ses membres. Quelle est notre valeur personnelle ? Notre Bienheureux Fondateur nous répond : « Le Frère qui observe bien sa Règle est un saint religieux ; celui qui n'en fait nul cas et la néglige habituellement est un mauvais religieux » (Avis, p. 68).

 C.  DEUX CONSÉQUENCES DE LA NÉGLIGENCE HABITUELLE DES PETITS DEVOIRS :

RECRUTEMENT TARI, PERSEVERANCE COMPROMISE.

 Le Bienheureux Père expliquait encore à ses Frères : « Pour connaître le degré de santé spirituelle ou de perfection d'un Religieux, tâtez-lui le pouls de la régularité et vous ne vous trompez pas si vous prenez pour thermomètre de sa vertu, sa fidélité à la Règle » (Avis, p. 68). Cette appréciation lui avait été dictée par son expérience personnelle des hommes.

Il nous est permis de l'étendre à toute une communauté, à toute une Province. Si le pouls de la régularité bat mal, si les petites choses sont généralement peu respectées, on peut et l'on doit être très inquiet au sujet de la santé de tout le groupe. On doit trembler pour son avenir.

Tout d'abord, le recrutement commence à se tarir. « De fait, l'expérience nous apprend que Dieu accorde une abondance de vocations aux Instituts où fleurit l'observance stricte et qui remplissent leur fonction spéciale dans le Corps Mystique du Christ. Au contraire, ceux dont les membres n'acquiescent pas fidèlement à ses divins conseils, souffrent d'une pénurie de recrutement » (Instruction de la S. C. des Religieux, p. 16).

Non seulement le recrutement se fait de plus en plus rare, mais, la sève vitale manquant de plus en plus dans l'arbre, les fruits tombent. On se plaint en plusieurs pays, et avec raison, de « départs » trop nombreux, de l'inconstance des jeunes, parfois de moins jeunes. Quelquefois, les juvénats promettent ; ils sont bien peuplés ; les aspirants paraissent bien disposés. Les années passent, et la Province reste stationnaire, quand les effectifs ne tendent pas tout doucement à diminuer.

Evidemment, tous les responsables s'efforcent d'en déterminer les causes, afin de pouvoir agir sur elles, si possible. Ces causes peuvent être multiples et varier très fort d'un pays à un autre : éducation familiale trop peu chrétienne, service religieux insuffisant dans la région d'où proviennent les enfants, attachement naturel trop fort à la famille, conditions politiques ou sociales qui peuvent désorienter les esprits…

Mais il convient toujours de nous demander, franchement, loyalement, résolument, si la vie intérieure de chacun et du groupe tout entier correspond à ce que Dieu attend de nous. Et pour être bien concrets, nous devons nous poser la question très simple : Sommes-nous des religieux vraiment réguliers ? Entraînés par le torrent des occupations et des « distractions », nous sommes facilement portés à mésestimer certaines règles, à les négliger d'une façon habituelle. Nous sommes surtout préoccupés de notre bien-être matériel, parfois même de nos petits caprices. Peu à peu, à notre insu, nous nous habituons à juger et à agir à la manière des gens du monde. Alors, les branches de l'arbre sèchent et meurent, les fruits avortent ou tombent, parce que la sève vivifiante de la grâce n'arrive plus jusqu'à eux. « Sans Moi vous ne pouvez rien faire ». Dieu ne peut bénir une communauté, une Province, un Institut, où on lui est devenu infidèle, où l'on ne respecte pas Sa volonté, où chacun veut interpréter à sa manière, la Règle qui est pourtant l'expression pratique de la volonté divine sur les religieux.

 D. LES RESPONSABILITÉS.

 Assez souvent, pour ne pas dire presque toujours, elles sont générales. Sont plus directement responsables ceux qui, par leurs paroles ou par leurs exemples, tendent à diminuer autour d'eux l'estime des Règles, à plus forte raison ceux qui, ouvertement, fomenteraient l'irrégularité et afficheraient un réel dédain (on n'ose pas dire «mépris ») des petites observances.

Porteraient encore une plus lourde responsabilité les Frères Directeurs, tous les Supérieurs, à quelque échelon qu'ils puissent se trouver dans la hiérarchie, qui manqueraient à leur double devoir d'observer eux-mêmes toute la Règle et de la faire observer fidèlement.

Rappelons-nous ce que le Frère Jean-Baptiste dit au sujet du songe du Bienheureux Père : « L'ensemble de ces manquements peut causer la ruine de l'esprit religieux parmi les Frères et amener la perte de l'Institut, comme la quantité de pierres détachées de la maison l'a fait crouler et n'a laissé qu'un tas de ruines.

« Ces mêmes hommes qui jettent les pierres à la tête des jeunes Frères me représentent les Frères Directeurs irréguliers qui abandonnent les Frères à leur volonté, les laissant vivre sans règle, leur rendant les pratiques religieuses comme impossibles, et, par leur mauvais exemple, tuent leur vocation et leur âme, comme les pierres que vous avez vues tomber sur les jeunes Frères tuaient leur corps… Ils ont manqué au premier de leurs devoirs qui est de maintenir la Règle et de la faire pratiquer fidèlement » (Bon Supérieur p. 11, 12).

Tous les Supérieurs ont doue le devoir de réagir, et de réagir le plus tôt possible, dès qu'ils constatent une négligence proprement dite sur quelque point de la Règle. Attendre, c'est laisser le temps aux mauvaises habitudes de se former et de s'enraciner. Remettre à plus tard, c'est souvent permettre au mal de s'étendre plus loin qu'on ne pense.

Il ne faut jamais confondre l'indulgence et la patience, qui sont de belles vertus pour un supérieur, avec la faiblesse et le manque de décision, qui sont inadmissibles.

Comme la sainteté, la médiocrité est contagieuse. Mais, il faut le reconnaître, bien que ce soit humiliant pour l'humanité, la médiocrité s'étend plus rapidement que la sainteté, non pas qu'elle soit plus « rayonnante», mais tout simplement parce qu'elle trouve en nous-mêmes des complicités, parce qu'il sera toujours plus facile à notre pauvre nature de descendre que de monter.

 E.   QUELQUES SOPHISMES DANGEREUX.

 Nous admettons que tous nos Frères, au commencement de leur vie religieuse, étaient sincèrement désireux de mener une authentique vie de perfection, et donc une vie conforme aux exigences des Règles de la Congrégation. Nous croyons également que, dans la très grande majorité des cas, chez tous ceux qui persévèrent, cette disposition fondamentale d'un vrai religieux reste au fond de l'âme, et cela malgré certaines faiblesses. Mais il arrive qu'on essaie, plus ou moins consciemment, plus ou moins loyalement, d'excuser, de justifier certaines irrégularités répétées par des «principes» qu'il faut bien qualifier de sophismes.

Premier sophisme : Un religieux « adulte » ne doit pas se préoccuper des petites prescriptions, des « minuties » de la Règle.

Le Bienheureux M. Champagnat a prononcé des paroles très fortes au sujet des religieux qui croient pouvoir se dispenser des petites observances : « Ces religieux, en se rendant infidèles dans les petites choses, commettent une foule de fautes légères, résistent sans cesse à la grâce, et profitent peu des sacrements et des exercices de piété. Ils tombent finalement dans la tiédeur sans s'en apercevoir, et perdent le goût et l'amour de leur vocation. Quelquefois la chose va si loin qu'ils se jettent hors de la bonne voie sans le savoir, sans s'en douter. Oh ! que j'en ai connu qui n'ont vu l'abîme que lorsqu'ils étaient au fond » (Vie, p. 543).

Nous avons déjà noté le processus de désagrégation des forces vives d'une âme religieuse qui accepte les petits manquements dans sa vie. Les petites concessions à la sensualité, au bien-être personnel, à la vie facile, aux usages du monde, diminuent progressivement la force de volonté, la maîtrise de soi. Peu à peu on fait des concessions plus nombreuses et plus dangereuses. Les fautes se multiplient. La chute grave reste toujours possible.

Pour un religieux fervent, les petites exigences de la Règle ne seront jamais des minuties. En effet, celui qui aime sincèrement est attentif à utiliser tous les moyens qui se présentent à lui pour témoigner son amour. La vraie charité est perspicace et toujours en éveil. Elle trouve toujours des occasions favorables pour s'exprimer. Or, pour des religieux, l'observance régulière « est la forme concrète que prend quotidiennement leur amour de Dieu» (Règles Communes, art. 207).

Et ajoutons que la même observance régulière est habituellement la forme concrète que prend leur amour du prochain. Il serait très profitable d'étudier, sous cet aspect, beaucoup d'articles de nos Règles : il serait facile de montrer combien leur observance fidèle peut favoriser la pratique délicate et efficace de la charité fraternelle. Certains rêvent de grandes occasions où ils pourraient démontrer l'intensité de leur amour pour Dieu et pour le prochain. Avec humour, un livre de méditations remarque : « Suis-je… un presbyte dont le regard s'adapte merveilleusement aux lointains horizons, mais qui ne sait pas lire les prescriptions du devoir quotidien ? » (Noël, notre espérance, p. 41).

Est-ce que notre Bienheureux Fondateur, qui a tant tenu à la fidélité aux détails de la Règle. n'a pas été une âme grande et large au service de Dieu et des hommes ? Est-ce que nos Frères qui ont donné, jusqu'au terme d'une vie parfois très longue, l'exemple d'une fidélité inébranlable à la Règle, à toutes les exigences de la Règle, ont rapetissé leur idéal religieux à l'observance de simples minuties ?

S'inspirant d'une pensée du P. Auguste Valensin : « De l'homme à Dieu, tracez une ligne droite, c'est la ligne de l'amour », on a pu intituler « LA LIGNE DROITE », une belle biographie du vénéré Frère Alfano. Et cette ligne droite de l'amour fut tracée, d'une main ferme, par un religieux qui a toujours respecté la volonté divine dans toutes les prescriptions des Règles de sa chère Congrégation.

Deuxième sophisme : Avant tout, dans toutes les circonstances de notre vie religieuse, il faut un très grand esprit de compréhension.

L'Evangile nous conduit à une large compréhension dans nos relations avec les hommes. Tout l'enseignement de l'Eglise, à travers les siècles, a rappelé qu'il fallait bien comprendre le sens d'une « loi». Peu avant sa mort, dans son Radio-message aux moniales du monde entier, S. S. Pie XII l'avait exprimé très nettement : « La portée de chaque loi doit être appréciée exactement, selon qu'elle est de droit divin ou humain, essentielle ou non. Mettre la loi au-dessus de l'homme, comme un absolu et non comme un moyen pour lui d'atteindre sa fin, est une erreur. Jésus avait (lit des pharisiens : « Ils attachent aux épaules des gens des fardeaux pesants et insupportables » (Mat. XXIII, 4) ».

Mais cette large et saine compréhension de la vie religieuse ne supprime jamais la loi, ne diminue pas le respect profond qu'on doit avoir pour la Règle. Il n'en est plus ainsi lorsqu'on veut excuser, en s'appuyant sur cette exigence de compréhension, ses faiblesses, ses lâchetés, sa peur de l'effort et du sacrifice.

Un auteur contemporain (P. Léo Boismenu, S.S.S., dans Montée spirituelle), dans un style plutôt mordant et quelque peu ironique, note jusqu'à quels excès peut aboutir ce sophisme de l'esprit de compréhension : « On partage volontiers les humains, surtout ses frères en religion, en deux groupes : les compréhensifs et les… non compréhensifs. Les premiers ont toute notre admiration, notre confiance, notre support ; ce sont des hommes aux vues larges, des hommes qui savent de quel .limon nous sommes faits, donc des hommes indulgents, tolérants, accommodants, ni étroits, ni exigeants, fermant volontiers les yeux sur nos faiblesses, voire sur nos faux pas et nos lâchetés. En face de nos manquements, ils ne réclameront jamais, car en le faisant ils pourraient contrister le coupable. A leurs yeux tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Voilà un homme compréhensif ; voilà le seul qui puisse avec succès, gouverner notre barque ».

Mais l'homme vraiment compréhensif se comporte tout autrement. Il voit juste dans les multiples problèmes que font naître ses relations avec les autres hommes, avec ses confrères et ses supérieurs tout particulièrement. Il appuie ses jugements pratiques sur les principes de la foi et de la charité. Il respecte la hiérarchie des valeurs, en mettant le bien commun et les intérêts spirituels avant tous les autres intérêts… Lorsqu'un religieux ferme les yeux sur des fautes ou des faiblesses, contre lesquels il devrait réagir vigoureusement, il n'est pas un homme compréhensif et indulgent, mais un aveugle volontaire, un faible qui craint d'affronter la résistance ou la contradiction. Il fait du tort à sa communauté, à toute sa famille religieuse. Et il n'aime pas ses confrères comme il le devrait. Notre Bienheureux Fondateur nous le dit très clairement :

« Celui qui par crainte d'affliger son Frère, néglige de l'avertir ou de faire connaître sa faute au Supérieur, ne l'aime pas véritablement ; on peut même dire qu'il le hait puisqu'il le laisse périr, quand il pourrait le sauver ». « Si votre Frère, dit saint Augustin, est atteint d'une fièvre ardente, vous employez pour le guérir tous les moyens imaginables ; s'il faut des remèdes violents, il a beau prier, résister et se débattre, vous ne tenez aucun compte de sa résistance ni de ses cris ; VOUS le faites attacher, s'il le faut, pour faire sur lui les opérations rigoureuses que le médecin a jugées nécessaires… Ne savez-vous pas que l'amour a une sainte sévérité, sévérité qui porte remède au mal, bon gré, mal gré ? Faites donc pour l'âme de votre Frère, ce que vous faites pour son corps, sans quoi vous êtes cruel, vous manquez à la charité et vous êtes coupable de la perte de l'âme de celui dont vous dissimulez les fautes et les défauts » (Avis, p. 250). L'Ecriture Sainte maudit les « chiens muets ».

« Etre compréhensif ! », la formule plaît beaucoup. Elle vient facilement sur les lèvres, dès qu'il y a des difficultés dans une communauté, dans une Province. Mais, comme on l'a dit de la fraternité, de laquelle il est si souvent question dans le monde actuel, « répéter le mot ne change rien à la difficulté de la chose ». Il faut être bien maître de soi et profondément charitable pour se montrer, en toutes occasions, un homme vraiment compréhensif.

Et tout d'abord, la compréhension doit être des deux côtés. Facilement, je suis porté à dire que mes confrères ne me comprennent pas, que mes supérieurs ne me comprennent pas comme ils le devraient. Cela peut être. Il m'est plus difficile de « réaliser » que je ne comprends peut-être pas mes supérieurs, mes confrères. Si nos difficultés et nos peines sont réelles, ce que nous savons très bien. trop bien quelquefois, celles des autres peuvent l'être tout autant. Et précisément, il peut arriver que les autres aient bien de la peine à vivre tranquillement avec moi, à s'accommoder à mon humeur changeante ou à tes caprices personnels.

Or, c'est la fidélité intégrale aux sages directives de notre Règle qui nous permettra de surmonter toutes les difficultés de la vie en commun, qui arrivera à former un véritable esprit d'équipe dans une communauté dont les âges et les caractères peuvent tellement varier, qui fera naître dans toute une Province ce bel esprit de famille mariste, qui attire les bonnes vocations et soutient admirablement tous les religieux à l'heure des épreuves possibles.

Tâchons de toujours mieux comprendre la signification profonde de nos Règles. Par là, nous arriverons sûrement au véritable esprit de compréhension qui doit être le nôtre, dans nos relations avec toutes les personnes que Dieu placera sur notre route.

Troisième sophisme : Dans la vie religieuse, il faut éviter tout formalisme ; il faut toujours se défier du conformisme.

En effet, dit-on, la vie religieuse doit être à base de sincérité, de spontanéité, d'initiative personnelle. Il faut en écarter tout ce qui peut paraître forcé, imposé, emprunté, routinier. Le religieux s'est engagé totalement au service de Dieu et des âmes, mais sa personnalité ne doit jamais être étouffée…

Constatons d'abord que le formalisme n'a jamais été admis dans la vie religieuse. Contentons-nous de rappeler, en ce moment, quelques pensées de S.S. Pie XII dans son Radio-message aux moniales du monde entier : « Le dévouement généreux ne s'accommode pas d'une tension constante, de contrainte, d'une lutte continuelle avec des obligations péniblement supportées et qu'on rejetterait, si on le pouvait ». « La joie et la gaieté constante sont des traits typiques d'un don sincère de soi ». « Dans cette interaction (connaissance et pratique) incessante, qui conditionne normalement le progrès régulier d'une vie religieuse, l'élément prédominant sera toujours la vie intérieure, qui confère aux gestes extérieurs leur sens et leur valeur ».

Jamais la seule fidélité extérieure aux prescriptions de la Règle, l'obéissance routinière, toutes les formes de « conformisme » sans âme n'ont été prônées dans la vie religieuse. Au contraire, tous les « Fondateurs » ont été très exigeants pour tout ce qui concerne les dispositions intérieures de leurs disciples. Qu'on relise, par exemple, en se plaçant à ce seul point de vue, la Vie de notre Bienheureux Fondateur, ou encore les Avis, Sentences, Leçons, on sera surpris de l'admirable portrait du Petit Frère de Marie qui se dégagera de cette lecture.

Comme l'écrit encore le P. Boismenu, dans le livre déjà cité : « Par ailleurs, on n'a pas le droit de taxer de formalisme, encore moins de pharisaïsme, celui, par exemple, qui est ponctuel aux exercices de communauté. Le formalisme est une chose et la ponctualité en est une autre, une très belle chose, qui s'appelle une vertu. Ce n'est pas du formalisme que de demander toutes ses permissions, que d'exécuter à la lettre les ordres reçus

dans le lieu indiqué, au temps fixé, et durant le temps exigé. Ce n'est pas du formalisme que de rendre compte de l'argent dépensé avec autorisation en voyage. Ce n'est pas du formalisme que d'être présent à tous les exercices de communauté. Ce n'est pas du formalisme que d'exécuter les sanctions stipulées par la Règle, coulpes, etc. pour les manquements commis. Ce n'est pas du formalisme que de rester fidèle à la fin première de l'Institut et à la pensée du Fondateur » (P. Léo Boismenu,  o.c.).

Sous prétexte d'éviter le formalisme, le « conformisme » comme on dit parfois, on glisse facilement vers une attitude de réelle lâcheté. On tend à faire comme les autres, c'est-à-dire trop souvent comme ceux qui reculent devant les hautes exigences de la vie évangélique, et cela pour ne pas se singulariser (dit-on), pour ne pas provoquer des plaisanteries ou des railleries à son égard. Même une fausse conception de la charité fraternelle peut conduire quelques-uns à adopter ce comportement peu héroïque. Le P. Sertillanges observe à ce sujet : « Elle (c'est-à-dire la sympathie pour les autres) est une force et elle peut devenir une faiblesse, si elle vous porte à transiger, à vous conformer et à suivre, là où vous devez donner le ton ou en tout cas demeurer vous-même. C'est bien, pour plaire, de mettre de l'eau dans son vin : encore faut-il qu'il reste du vin ».

Si nous refusons de suivre certaines « idées du jour », le monde qui nous entoure ne comprendra pas toujours notre conduite, mais ce n'est pas aux maximes du monde que les religieux doivent « se conformer » : ce serait là un « conformisme » absolument inadmissible de la part d'une âme qui s'est totalement donnée à Dieu, qui a entendu se libérer de la sujétion du siècle. Parlant aux membres du Chapitre Général des Rédemptoristes, S. S. Jean XXIII disait récemment (février 1963) : « Il ne s'agit cependant. pas de plier votre Règle et vos Constitutions aux modes et aux vanités du siècle, mais c'est le siècle, c'est-à-dire le vieil homme, qui doit être mis en mesure de parvenir plus aisément à la sainteté ».

N'oublions jamais que c'est dans l'Evangile, dans la vie du divin Maître que nous devrons toujours chercher notre règle de vie. Le P. J. M. Faux écrit dans la revue CHRISTUS (N. 28, p. 452) : « La carrière du Christ, antithèse de la carrière des pécheurs, est une énigme posée aux hommes, qui les oblige à renverser leur échelle des valeurs ». Sachons dire, nous aussi, comme saint Paul. « Non, je n'ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié» (I Cor., Il, 2). Au fond, c'est ce que le monde chrétien attend de nous. C'est là un aspect essentiel de notre vie de « consacrés ».

 Conclusion.

 Dans son très beau livre : Le Christ, idéal du moine, D. Columba Marmion montre comment la fidélité quotidienne aux petits devoirs que prescrit la Règle réclame du religieux une endurance, une maîtrise de soi et une fermeté singulières. Et il ajoute : « Aussi la Règle fidèlement observée devient-elle principe de force ; en disciplinant la volonté, elle la trempe ; en l'ordonnant, elle décuple ses énergies et la soustrait à la dissipation. Il est devenu banal de parler de la patience des vrais moines au travail, de leur sainte obstination et de leur fidélité à leur tâche. Ils ont donné l'exemple du travail consciencieux. et persévérant sous toutes ses formes ; aussi sont-ils devenus, au moyen-âge, les pionniers de la civilisation chrétienne en Europe » (pp. 192-193, édition 1929).

C'est par cette même fidélité à toute notre Règle que nous ferons de notre vie entière un « témoignage constant et rayonnant de la beauté et de la fécondité de notre humble vocation ». (Cire. du 8 décembre 1960, p. 515).

Et c'est en comptant humblement sur la constance de notre régularité de Petit-Frère de Marie que nous espérons entendre un jour l'invitation du divin Maître : « C'est bien, serviteur bon et fidèle, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t'établirai ; entre dans la joie de ton Seigneur » Mt. 25, 21).  

Indult permettant à nos Frères Sacristains

de purifier les linges sacrés

 SACRA CONGREGAZIONE

DEI RELIGIOSI       

N. 15141/63

 Beatissime Pater :

Procurator Generalis Instituti Fratrum Maristarum a Scholis, ad pedes Sanctitatis Vestrae provolutus, humillime implorat dispensationem super vetito Can. 1306 par. 2, ut fratres, sacristiae servitio addicti, abluere possint purificatoria, pallas et corporalis adhibita in Sacrificio Missae.

Et Deus, etc. …  ……..        

Vigore facultatum a SS.mo Domino Nostro eoncessarum, Sacra Congregatio Negotiis Religiosorum Sodalium praeposita, attentis expositis a liev.mo Fr. Superiori Generali benigne committit ut, pro suo arbitrio et conscientia, petitam gratiam concedat, ad QUINQUENNIUM. ea tamen lega ut tiqua primae lotionis mittatur in sacrarium vel, si hoc desit, in ignem, servitatis ceteris de iure servandis.

Contrariis quibuslibet non obstantibus. Datum Romae, die 21 Februarii A.D. 1963. 

SACREE CONGREGATION

DES RELIGIEUX

N. 15141/63

Très Saint Père,

Le Procureur Général de l'Institut des Frères Maristes des Ecoles, prosterné aux pieds de Votre Sainteté, implore humblement la dispense de l'empêchement du Can 1306, par. 2, pour que les Frères sacristains puissent laver les purificatoires, pales et corporaux ayant servi au Sacrifice de la Messe.

Et que Dieu, etc. … ..          

 En vertu des pouvoirs concédés par Notre Saint-Père le Pape, la Sacrée Congrégation préposée aux Affaires des Ordres religieux, vu les faits exposés, accorde bénignement au R. F. Supérieur Général, pour cinq ans, que, à son jugement et conscience, soit concédée la grâce demandée, avec l'obligation toutefois, que l'eau du premier lavage soit jetée dans le "sacrarium-" ou, à défaut, dans le feu.

Nonobstant toutes choses contraires.

Donné à Rome, le 21 février 1963.

J. B. Verdellis

 En vertu des pouvoirs concédés par cet Indult, nos Frères sacristains peuvent procéder au lavage des purificatoires, pales, corporaux, sous la responsabilité des Frères Directeurs, les conditions exigées par l'Indult étant dûment remplies. 

ELECTIONS

 Le Conseil Général à élu :

 a) Dans la séance du 24 janvier 1963 :

Pour un deuxième triennat :

C. F. JOSE HERMENEGILDO, Provincial du Mexique Occidental. 

b) Dans la séance du 24 février 1963 :

Pour un troisième triennat :

C. F. EDWIN LEO, Provincial d'Afrique du Sud.

C. F. FILOGONIO, Provincial du Mexique Central.

C. F. JAVIER RAFAEL, Provincial de Cataluña

Pour un premier triennat :

C. F. FRANCISCO REGIS, Provincial de Colombie.

 

STATISTIQUE GENERALE DE L'INSTITUT

au 1 janvier 1963

 

                                   1               2               3               4              5               6              7                            8              9              10            11

Adm. générale.        —          –            –            —          –            14        14        14        –                     –           3

Af. du Sud.               15        –            4           10        53        28        121      140      36672          12

Allemagne                111      7           6           44        57        57        153      282      14792       6

Argentine                 101      2           10        53        179      93        325      438      84882          2

Beaucamps              107      5           4           43        77        54        174      290      48292          19

Belg. Holl.                 70        11        9           40        134      93        267      357      91554          31

Bética                        260      12        12        51        177      65        293      577      7762-           19

Brésil Mérid              348      –            35        76        227      77        380      763      14701           –           1

Brésil Sept                115      21        16        64        89        70        223      375      85542          1

Castilla                      150      25        26        44        143      34        221      422      4691-           13

Cataluna                  174      10        10        37        161      47        245      439      70923          17

Chili                           152      14        9           31        91        47        169      344      54691          13

Chine.                       29        2           3           8           74        11        123      157      871510        11

Colombie                  180      13        5           46        103      108      237      455      98031          23

Congo-Rwanda      21        1           7           22        60        31        113      142      12173           –           14

Cuba-Am. Cent.      186      27        15        68        149      90        307      535      47121          15

Desbiens                  147      9           5           21        91        35        147      308      38853          11

Esopus                     71        34        38        79        132      59        270      413      7114-           14

Gde. Br. Ir. N.           117      17        14        78        116      49        243      391      12365           3          32

Iberville                     349      28        19        80        208      112      400      796      17154           3          34

Italie                           136      8           2           31        76        67        174      320      2890-           9

Leon                          146      11        12        38        145      46        229      401      61461          15

Levante                     107      12        12        36        92        35        163      294      4852             –           8

Lévis                          239      17        6           37        123      71        231      493      78762          27

Madrid                       173      19        11        52        78        36        166      369      3740 –                        9

Melbourne                23        18        8           60        94        34        138      237      89502          28

Mex. Central.           169      42        21        53        97        56        211      443      10454           1          17

Mex. Occid               133      28        28        68        109      63        240      429      12734           –           24

Norte                         163      15        15        67        160      54        281      474      70995          18

N : D. Hermit             117      1           4           43        96        61        200      322      48494          22

N. Zélande               75        23        25        73        109      52        234      357      94411          31

Pérou                        130      14        10        32        49        51        132      286      5614             –           13

Poughkeepsie         46        23        15        74        145      80        299      383      88433          18

Rio                             293      37        25        34        91        76        201      556      70453          13

St-Genis-L                166      16        5           80        177      104      361      548      56565          41

Sta. Catarina            381      36        29        90        164      42        296      742      11151           1          29

Sâo Paulo                274      1           21        24        110      60        194      490      89802          15

Sud-Est                     72        5           1           15        75        60        150      228      28474          13

Sud-Ouest                36        –            –            11        51        25        87        123      18901          8

Sydney                     54        24        125      97        196      72        365      168      13331           2          35

Varennes                 111      2           2           22        56        73        151      266      29452          13

               DISTRICTS

Ceylan                      17        4           –            9           13        12        34        55        3928             –           5

Liban-Syrie              41        2           1           3           26        27        56        100      55132          8

Madagascar             68        6           3           14        27        18        59        136      39072          9

Philippines               8           3           4           11        22        11        44        59        4436             –           10

Portugal                    148      –            8           20        42        25        87        243      1917             –           12

Suisse-Missions     39        6           6           18        17        20        55        106      319   –           4

Uruguay                   60        2           2           18        22        26        66        130      2089             –           7

Venezuela               82        7           8           35        34        15        84        181      1879             –           3

 

TOTAL . . .                 6210        623          556           2095         4817         2576         9488  16877          323129       83           813

 

[1  : Juvénistes  ; 2  : Postulants  ; 3  ; Novices  ; 4  : Profès temp.  : 5  : Perp.  ; 6  : Stables  ; 7 Total Prof.  ; 8  : Total Gén.  ; 9 Elèves  ; 10  : décès en 1962  ; 11  : Maisons.]

 

LISTE DES FRERES

 dont nous avons appris le décès

depuis la Circulaire du 8 décembre 1962

 

Nom et âge des Défunts                     Lieu de Décès                                         Date du Décès

 

F. David José (D. Reinoso)         44  P Tuy (Espagne)                                           22 sept.        »

F. Andrés Domiciano (D. Cosio)       61 SFranca (Brésil)                                     11 nov.                      »

F. Albano (P. Rollandin)              36 P  Alep (Syrie)                                                 15     »          »

F. Joseph Quentin (N. Wullepit)    77 S  Santa Maria (Brésil)                                   19     »          »

F. Marie Georges (G. Lesage)     68 P  St. Vincent de Paul (Canada)                      23     »          »

F. Sennen (P. Plantevin)             85 P  St.-Paul-3-Châteaux (France)                        29     »          »

F. Xaverius (G. Lang)                   76 S  Viamâo (Brésil)                                           30     »          »

F. Elias José (A. Gonzâlez)         69 S  Santiago (Chili)                                   2 déc.                   »

F. Joseph Edouard (A. Arsenault)  58 P  Chicoutimi (Canada)                                 5       »          »

F.  Marie Nicet (CI. M. Thomas)   83 S Mendes (Brésil)                                          18     »          »

F. Léon Ferdinand (L. Causse)   76 S Grahamstowm(Afr. du Sud)                        29     »          »

F. Tomâs (J. Albéniz)                    74 S  S. Lùcar la Mayor (Espagne)                   5 janv.          »

F. Marie Ferdinandus (J. Smet)   76 S  Mont-St : Guibert (Belgique)                     11     »          »

F. Ireneu Camilo (L. Pasuch)      41 P  Antonio Prado (Brésil)                              12     »          »

F. Joseph Ludwig (J. Sattel)        67 S  Furth (Allemagne)                                     16     »          »

F.  Oduwald (Th. Granger)           90 S  Esopus (Etats-Unis)                                  18     »          »

F. Ulrico (L. Antan)                        70 P  Castilleja de la Cuesta(Esp.)                        19     »          »

F. Philogone (J. Contesse)         42 P  Beaucamps (France)                                24     »          »

F.  Emile Julien (M. Lyoen)         74 S  Mouscron (Belgique)                                30     »          »

F. Déicole (L. Filliat)                      77 S  N.-D. de Lacabane(France)                        30     »          »

F. Felan (A. Hansen)                    85 S  Claremont (N. Zélande)                            1 fév.       »

F. Louis Alexandre (L. Decoux) 85 S  Caussade (France)                                   3       »          »

F. Louis Ferdin. (F. Debouvere)    34 P    Bruxelles (Belgique)                                6   »       »

F.  Marie Odulphe (J.B. Villez)    91 S  St.-Genis-Laval (France)                          9       »          »

F. Lietbert (C. Deconninck)         91 S  Pont Ste. Maxence(France)                        10     »          »

F. Marie Symphorien (G. Vernay) 46 P  N : D. de l'Hermitage(France)                      10     »          »

F. Buenaventura Maria (P. Garcia)       61 SMiraflores (Pérou)                                11     »          »

F. Victor Joaquin (P. Rosas)       68 S Morelia (Mexique)                                      14     »          »

F. Pablo Miguel (I. Pellicer)         77 S  Zaragoza (Espagne)                                 14     »          »

F. Joseph Isidore (J. Neyret)       85 S  N : D. de l'Hermitage(France)                      15     »          »

F. Tertullien (V. Bouthère)           75 S  Lowell (Etats-Unis)                                    20     »          »

F. Anobertus Jos. (M. Lesbros)   87 S  St.-Paul-3-Châteaux(France)                      21     »          »

F. Apollone (P. Bernaud)             78 S N : D. de l'Hermitage (France)                        22     »          »

F. Firmat Joseph (J. Sévajol)       77 S  St.-Paul-3-Châteaux (France)                        23     »          »

F. Joseph Emile (A. Vial)             94 S  St.Genis-Laval (France)                           25     »          »

F. Rodolphe Léon (L. Deschacht)        78 SMont St. Guibert (Belgique)               25     »          »

F. Camillus Joseph (J. Hofbauer) 57 P     Furth (Allemagne)                               1 mars »

F. Julien Rémi (H. Besson)         75 P  N : D. de Lacabane (France)                    12     »          »

F. Elie Régis (J. Berlioz)              91 P  St : Genis-Laval (France)                            6      »          »

F. Simon Victor (J. Krauth)          80 P  Aulnois-sur-Seille (France)                     13     »          »

F. Gregory Mary (R. Mackechnie)   71 S  Drummoyne (Australie)                            14     »          »

F. Silas (F. Hill)                              48 S  Richmond (Australie)                                27     »          »

F. Joseph Florent (J. Charmoille) 78 S     Païta (N. Calédonie)                           30     »          »

F. Auguste Henri (A. Doyon)      73 S  Château Richer (Canada)                       3 avril             »

F. Edward (W. Holmes)                59 S Wellington (N. Zélande)                           9       »          »

F. Louis Marie (L. Boffy)               85 S  St : Genis-Laval (France)                          11     »          »

F. Conon (D. Thibon)                   88 S  Apipucos (Brésil)                                       11     »          »

F. Florien (F. Clair)                        84 S  Varennes-s-Allier (France)                      16     »          »

F. Ernest Régis (J.M. Gonon)     89 S  Varennes-s-Allier (France)                      18     »          »

F. Eleâzaro (L. Simon)                 79 S  Avellanas (Espagne)                                23     »          »

 

                                   Soit 6.799 depuis le commencement de l'Institut.

 

La présente Circulaire sera lue en communauté à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

Recevez, mes bien chers Frères, la nouvelle assurance du religieux attachement avec lequel je suis, en J.M.J.

Votre très humble et tout dévoué serviteur. 

                                                F. CHARLES RAPHAËL, Supérieur Général

Tout à Jésus par Marie, tout à Marie pour Jésus.

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