Circulaires 362

Charles-Raphaël

1965-12-01

Introduction : L'article 15 de nos Constitutions appliqué à la fidélité aux enseignements du Concile
A. Les buts : du Concile - du Chapitre Général :
1. Ceux du Concile : L'idée de S.S. Jean XXIII
Amplitude et richesse prises par l'œuvre du Concile Précisions de S. S. Paul VI .
2. Ceux du Chapitre : L'article 175 des Règles du Gouvernement

B. Enseignements du Concile pour notre Chapitre :
I. Sur la manière de procéder pendant la période de préparation
1. Tous en sont responsables
2. Du travail et de la collaboration
3. Manières de tenir nos réunions de travail
4. Autres leçons du Concile
5. Un effort de simplification
6. Le Chapitre même

II. Trois directions de notre effort de rénovation
1. Notre réponse généreuse au Concile, en tant que chrétiens
Ce que le Concile attend des chrétiens nous concerne directement
2. Quelques directives du Saint-Père sur l'unité interne de l'Eglise et notre manière d'y répondre .
3. Quelques problèmes chrétiens de l'heure actuelle
Note de transition
1 et 2 : Réponse comme religieux et éducateurs chrétiens : autre Circulaire

Conclusion : Ce travail de préparation, tout comme le Chapitre lui-même, devra se faire dans un climat marial
Considérations et vœux à l'approche d'une nouvelle année
Fidélité aux décisions du Concile - Santé et malades - Succès dans notre travail apostolique - Bonheur et esprit de famille
DECRET sur la rénovation adaptée de la vie religieuse
Elections
Liste des défunts

362

V. J. M. J.

 Rome le 1 décembre 1965  

Concile Vatican II

et préparation de notre Chapitre Général

                 MES BIEN CHERS FRÈRES,

 L'article 15 de nos Constitutions a codifié l'une des directives capitales que notre Bienheureux Fondateur nous a léguées : « L'obéissance et la soumission à notre Très Saint Père le Pape et à toutes les décisions de la Sainte Eglise catholique, apostolique et romaine, un amour filial et un dévouement absolu pour le Saint-Siège, le respect et la soumission pour les Evêques et une grande union avec les Pasteurs des paroisses doivent faire un des caractères particuliers de l'Institut des Petits Frères de Marie ».

Il est donc dans nos traditions maristes d'orienter la préparation du prochain Chapitre Général, comme d'ailleurs l'ensemble de notre effort d'adaptation et de rénovation, dans le sens indiqué par le Concile Vatican II. Au moment où nous écrivons ces lignes, la quatrième et dernière session est sur le point de finir. Elle terminera le temps des grandes discussions et des décisions conciliaires proprement dites. Mais leur mise en application portera sur de longues années. Cette période postconciliaire sera d'une importance capitale pour l'Eglise et pour le monde. Tous les chrétiens y auront leur rôle à jouer, mais plus particulièrement les religieux, sur le dévouement desquels l'Eglise comptera plus que jamais.

Récemment,  dans une audience générale (Castel Gandolfo, 28-7-1965), S. S. Paul VI disait aux pèlerins : « Il faut nous mettre dans un état de vigilance spirituelle, si nous voulons que le Concile atteigne ses buts et devienne un temps de rénovation et de décision  dans la vie de l'Eglise ». Nous croyons donc répondre pleinement aux désirs du Saint-Père en vous invitant à collaborer. de toutes vos forces, selon notre mission propre et selon nos possibilités, à cette immense tâche apostolique que le Concile nous laissera comme héritage.

D'autre part, la date de notre Chapitre Général approche rapidement. En cette grande période historique de l'Eglise, lui aussi prendra une importance exceptionnelle pour nous. Tous, nous sommes invités à le préparer sérieusement, au niveau des Provinces et des Districts, afin de faciliter le plus possible le travail des futurs capitulants. Au préalable, par une étude sérieuse des « textes officiels » déjà parus, nous nous serons imprégnés profondément de l'esprit du Concile, ce qui nous permettra de bien comprendre les fins qu'il s'est proposées. Ainsi seulement, nous pourrons adapter notre famille religieuse à toutes les exigences de l'apostolat moderne, sans courir le risque de nous écarter de l'idéal mariste.

Comme toutes nos Circulaires précédentes, celle-ci ne veut être qu'une simple « lettre de famille », et non une sorte de petit traité sur la préparation de notre Chapitre… Après avoir rappelé brièvement les buts essentiels du Concile Vatican II, nous verrons ce que l'Eglise, l'Institut, les Frères sont en droit d'attendre de la part de nos futurs capitulants. Ensuite, nous dégagerons quelques-unes des « leçons » que nous pouvons tirer du Concile pour la préparation et la réalisation de notre Chapitre, et cela en envisageant notre vie de chrétiens, notre vie de religieux et notre apostolat comme éducateurs chrétiens de la jeunesse d'aujourd'hui.

 A. LES BUTS.

 1. Ceux du Concile.

 Nous nous rappelons, sans doute, par quelles formules simples et heureuses S. S. Jean XXIII a livré sa pensée sur le Concile. Celui-ci devait manifester au monde « le vrai visage de l'Eglise », en la rendant de nouveau, ici-bas sur terre, « telle que vraiment Jésus-Christ l'a conçue et voulue »… Il devait, en quelque sorte, amener « de l'air frais dans l'Eglise ». L'aggiornamento, dont aimait à parler le Saint-Père après l'annonce du Concile, devait être un véritable renouvellement, une sorte de rajeunissement de l'Eglise.

C'est d'ailleurs ce que la Constitution LUMEN GENTIUM, la première Constitution dogmatique sur l'Eglise, affirme solennellement  dans son Introduction : « Comme le Christ est la lumière des nations, le Saint Concile, réuni dans le Saint-Esprit. désire vivement éclairer tous les hommes de la lumière du Christ, qui brille sur la face de l'Eglise… S'appuyant sur l'enseignement des Conciles précédents, (l'Eglise) entend déclarer de façon plus précise à ses fidèles et au monde entier sa nature et sa mission universelle. Les conditions de notre temps donnent à ce devoir de l'Eglise une urgence plus vive, afin que tous les hommes unis aujourd'hui plus étroitement par des liens sociaux, techniques, culturels, parviennent aussi à une pleine unité dans le Christ ».

A l'annonce du Concile. une question a pu nous "venir spontanément sur les lèvres : « Mais l'aggiornamento pourra-t-il toucher à la constitution même de l'Eglise ? » Nous connaissons la réponse de principe : « Ce qui vient de Jésus-Christ et des Apôtres est intangible ; ce qui vient des hommes, non » (cf. Vie Spirituelle, octobre 1965, p. 408). Le Père J. Daniélou, eu quelques phrases, précise nettement ce point délicat : « Le but du Concile est de mettre l'Eglise mieux à même d'accomplir sa mission de salut dans le monde contemporain. Elle doit pour cela tenir compte de ce qu'est ce monde. C'est l'aggiornamento dont a parlé Jean XXIII. Mais il est clair que l'Eglise peut être d'autant plus hardie dans cet affrontement que ses fondements inébranlables sont assurés et que ce dialogue avec le monde moderne ne met rien en question de ce qui en constitue l'essentiel » (cf. Christus, juillet 1965, p. 356).

Aujourd'hui, nous pouvons nous rendre compte que l’œuvre entreprise par le Concile Vatican II est d'une amplitude, d'une richesse et d'une profondeur telles qu'on ne peut songer à l'exprimer en quelques formules, si bien frappées qu'elles soient. Toutefois, un regard attentif sur le travail déjà fait révèle l'orientation essentielle du renouveau souhaité : un élargissement de la charité, tant à l'intérieur de la communauté ecclésiale que dans ses rapports avec l'extérieur. Loin de proposer aux chrétiens des solutions de facilité pour aborder le monde actuel, l'Eglise attend d'eux un désir impatient et généreux de renouvellement par une plus grande fidélité à l'idéal évangélique.

Dans la suite, S. S. Paul VI a tenu à bien préciser le but du Concile, tout particulièrement quand il s'adressait à des auditoires choisis. Qu'il nous soit permis de citer un assez long passage de son allocution aux membres du Chapitre Général des Salésiens (le 21 mai 1965). Par delà les capitulants présents, le Saint-Père se proposait évidemment d'atteindre tout le monde des religieux… « Nous voudrions conclure ces modestes observations sur une dernière recommandation, également digne de vous : progressez ! C'est la recommandation que tout professeur fait à ses élèves et que tout maître spirituel fait à ceux qui recherchent la perfection chrétienne. Nous la répéterons en rappelant le grand effort que l'Eglise accomplit avec le Concile oecuménique. C'est un effort de fidélité toujours plus grande aux enseignements du divin Maître ; un effort de plus grande vigueur dans son esprit et  dans ses formes ; un effort d'authenticité et de sainteté de vie chrétienne ; c'est un effort de plus grande compréhension de l'histoire du salut ; c'est une possibilité plus fraternelle et apostolique d'approche de l'homme moderne, de ses problèmes, de ses faiblesses, de ses ressources, de ses aspirations. Il se tromperait celui qui verrait dans le Concile un relâchement de l'attachement intérieur de l'Eglise à sa foi, à sa tradition, à son ascèse, à sa charité, à son esprit de sacrifice, à la parole et à la croix du Christ ; qui y verrait comme une complicité avec la fragile et inconstante mentalité relativiste d'un monde sans principes et sans fins transcendantes, comme un christianisme plus commode et moins exigeant ! Le Concile tend, certes, à une discipline plus sage et à une manière plus moderne pour l'Eglise d'entrer en contact avec l'âme de l'homme et de la société d'aujourd'hui. Mais ce qu'il veut, ce n'est pas l'affaiblissement, c'est l'affermissement du généreux témoignage de l'Eglise, ainsi que de sa fidélité intime envers le Christ » (cf. La D. C., 20 juin 1965, col. 1078-1079).

Quel splendide programme de travail nous est esquissé en ces quelques lignes si denses ! Nous souhaitons que chacun d'entre nous le médite pendant cette longue période de préparation au Chapitre Général, et que, plus tard, tous les Frères capitulants l'aient constamment devant les yeux.

Envisageant le temps qui suivra le Concile, Paul VI, dans l'Exhortation apostolique « Quarta sessio » du 28 août 1965, en entrevoit les répercussions lointaines : « Il est vrai également que le Concile exercera une influence incalculable surtout dans la vie de l'Eglise, par le stimulant qu'il doit offrir aux pasteurs, au clergé, à tous les fidèles, pour vivre leur vocation de façon plus consciente ; par les modifications qu'il demandera d'apporter à certaines règles canoniques ne correspondant plus au bien des âmes et par d'autres développements dans les structures et l'action qui répondent mieux aux exigences des temps ; et par l'élan missionnaire qui doit intensifier et étendre dans les âmes le message de paix et de libération pour le monde, ce message qui annonce le royaume spirituel de vérité, de justice et d'amour du Christ » (cf. La D. C., 5 septembre 1965, col. 1454).

 2. Buts de notre Chapitre Général.

 A. la lumière de ces enseignements, l'article 175 de nos Règles du Gouvernement acquiert une singulière richesse de sens. C'est au Chapitre qu'il appartient « de maintenir et de conserver la forme, le but et l'esprit de l'Institut ; il peut prendre, pour cela, toutes les mesures et faire tous les statuts jugés nécessaires suivant les temps et les circonstances, soit pour corriger les abus, soit pour entretenir la ferveur ». En tenant compte des directives et suggestions déjà données par le Concile, de celles qui viendront encore dans la suite, des problèmes nombreux que suscite un monde en constante évolution, il est facile de comprendre que le prochain Chapitre devra être soigneusement préparé, non seulement par un groupe de Frères spécialement choisis ou responsables, niais encore par tout l'Institut.

« Aimez l'Eglise à l'heure du Concile », disait encore récemment le Saint-Père (audience du 13 octobre dernier). « Aimons notre famille religieuse à l'heure du Chapitre Général », pourrions-nous ajouter. Soyons prêts, résolument, à entreprendre, sous la conduite de l'Esprit Saint et sous la direction de l'Eglise, toutes les adaptations nécessaires ou opportunes, mais sachons aussi garder intactes toutes les richesses traditionnelles de notre Institut, celles qui ont constitué jusqu'ici, et qui devront toujours constituer, sa raison d'être dans l'Eglise.

Analysant le chapitre VI de la Constitution LUMEN GENTIUM, le Père H. Holstein, écrit : « Le Concile se plaît à retrouver, dans la diversité des vocations, les divers aspects de l'imitation du modèle unique, Jésus-Christ, et assigne à l'apostolat des religieux la charge de "manifester le Christ"… Cette considération doit donner aux religieux un grand amour pour leur vocation propre, et leur inspirer la détermination d'en garder l'originalité. Non "par esprit de rivalité ou attachement possessif, assurément, mais parce que chaque Institut possède la grâce de bien faire ce pourquoi il a été institué, et ne rend vraiment service à l'Eglise et au monde que dans la ligne authentique de sa vocation » (cf. Revue des communautés religieuses, septembre-octobre 1965. pp. 204-205).

C'est donc par une méditation profonde sur le but même de l'aggiornamento de notre Institut que devrait débuter le travail des capitulants. Elle les convaincra que, quels que soient les changements à introduire, la tradition spirituelle de notre famille religieuse devra être sauvegardée. C'est ce que dit avec force la Constitution LUMEN GENTIUM : Si l'Eglise « accorde la protection de son autorité vigilante aux Instituts érigés de toute part pour l'édification du Corps du Christ », c'est « pour qu'ils croissent et fleurissent de toute façon selon l'esprit des fondateurs » (cf. ch. VI, n. 45).

 B. QUELQUES ENSEIGNEMENTS DU CONCILE POUR NOTRE CHAPITRE.

 1. Sur la manière de procéder.

 1. Nous sommes tous « responsables ». – Nous souhaitons que le prochain Chapitre Général réussisse, c'est-à-dire qu'il puisse introduire dans l'Institut les changements et adaptations que les temps actuels réclament, sans toutefois rien sacrifier de ce qui constitue l'originalité et la force interne de notre famille religieuse. Il ne suffit évidemment pas de formuler ces vœux de succès. Nous devons être prêts à consentir les efforts et les sacrifices que cette grande oeuvre exige.

Ensemble, les chrétiens constituent l'Eglise. Dès la première notification du Concile, on a demandé à tous les chrétiens de se sentir « en état de concile ». Ensemble aussi, nous constituons la grande famille mariste ; nous sommes donc tous responsables de la bonne marche de notre Institut.

Dans la situation actuelle de l'Eglise et du monde, et en tenant compte des récentes décisions conciliaires, la préparation d'un Chapitre Général est encore plus qu'autrefois un « travail d'équipe ». A la dernière réunion des Frères Provinciaux et Visiteurs, en mai de cette année, les participants ont vite reconnu que l’œuvre projetée demandait le concours de tous les Frères. L'étude attentive de nos Constitutions et de nos Règles du Gouvernement, leur mise à jour de manière à ce qu'elles correspondent pleinement à l'extension de notre Institut, les grands problèmes d'organisation et d'adaptation que pose, un peu partout, notre apostolat auprès de la jeunesse, la variété et la complexité toujours croissantes de nos écoles et de nos oeuvres, et, il convient de ne jamais l'oublier, toutes les questions qui se rattachent à la bonne formation de notre « jeunesse », tous ces points du programme exigent une collaboration aussi étendue que possible. A chaque Frère d'apporter sa part personnelle dans cet effort collectif. En, échangeant nos points de vue sur toutes ces questions, telles qu'elles se posent à nous dans notre secteur particulier, en unissant nos idées et nos suggestions, en les discutant fraternellement entre nous, nous pouvons et nous devons même arriver à une préparation sereine, lumineuse et équilibrée du prochain Chapitre Général.

 2. Travail nécessaire. Cela n'ira pas sans un travail sérieux et méthodique. Chacun d'entre nous est invité à étudier à fond les problèmes qui le concernent particulièrement ou pour lesquels il est plus compétent. Il devra s'informer et se documenter, trouver parfois le temps d'assister à une réunion, à un « carrefour ».

Le Concile nous laisse à ce sujet des exemples admirables. Il a commencé seulement après une longue et minutieuse préparation, pour laquelle des milliers d'hommes avaient été mobilisés. Pendant les sessions, en dehors des Congrégations Générales qui occupaient toutes les matinées, que de réunions spéciales pour des groupes déterminés de Pères conciliaires ! Entre les sessions, quel formidable travail s'est fait au sein des Commissions, sans parler du long et dur labeur fourni par les nombreux experts du Concile, les « periti » ! En mesurant l'extraordinaire dépense d'énergie qu'ont suscitée les sessions conciliaires, la revue Christus note : « On reconnaît l'importance du travail : le rôle des experts en témoigne assez ; et la foi, loin de nous épargner l'effort intellectuel et le labeur, les rend possibles et les anime. Le travail paie ; c'est l'une des grandes leçons du Concile » (juillet 1965„ p. 305).

Nous aussi, sur un terrain plus modeste, nous essayerons de faire du bon travail. Avant de parler ou d'écrire, nous aurons soin de nous informer sérieusement. Nous ne présenterons pas de propositions ou de projets mal étudiés… Notre critique sera objective et résolument constructive : il ne s'agit pas seulement de transformer ou de « démolir ». mais d'aboutir à des solutions « réelles » et « pratiques ». Nous devrons fixer souvent les yeux sur le but à atteindre pour ne pas dévier  dans nos efforts.

Ce ne sera pas toujours facile. Il faudra nous astreindre à un travail supplémentaire, régulier et constant. Le temps, on le trouve quand on le veut, mais il faut le vouloir réellement. D'ailleurs, d'où viendraient les lumières dont nous avons besoin, si nous ne devions pas les découvrir à force de travail ? Car la grâce suppose normalement notre petit effort personnel. Le regretté Daniel-Rops, qui fut un travailleur acharné en dépit d'une santé plutôt fragile, ne croyait pas, disait-il, à une sorte cl'« inspiration », qui supprimerait l'effort personnel. D'autre part, il affirmait aussi que le « vrai » travail ne fatigue jamais…

Nos efforts devront être coordonnés le plus possible, ce qui suppose tout d'abord une bonne distribution de ce travail de préparation… Personne d'entre nous ne peut se dire très bien informé sur tous les aspects du Concile, ni même sur tous les problèmes de notre famille religieuse. D'ailleurs, il est pratiquement impossible à un homme isolé de suivre de près l'immense effort de réflexion et d'organisation qui s'est fait pendant le Concile Vatican II, et qui se fera encore dans la suite. Il n'y a pas de « periti » universels.

Cependant, nous devons avoir à cœur d'être bien au courant de tout ce qui concerne directement notre vie mariste et notre forme d'apostolat. Nous pouvons y arriver par la coordination de nos efforts. Dans les diverses communautés, dans les Provinces ou  dans les Districts, il y a toujours moyen de faire une bonne répartition du travail ; ensuite, on devra pouvoir compter sur l'effort loyal et obstiné de chaque Frère. Une collaboration franche et cordiale peut aboutir à des résultats magnifiques dans ce domaine de la préparation collective. « Il faut être plusieurs pour être intelligent », selon le mot spirituel du cardinal Saliège.

 3. Nos réunions de travail. Quant à la manière de tenir nos réunions d'étude et nos carrefours, l'exemple des membres du Concile peut nous être très profitable. Que le programme de chaque réunion ne soit pas trop chargé et qu'il soit, chaque fois, aussi précis que possible… Que chacun arrive suffisamment préparé à la réunion pour qu'on ne dévie pas du thème central et pour qu'on ne perde pas le temps, ce temps qui est tellement précieux dans une vie de religieux enseignant… Que chacun évite de s'enfermer dans ses propres limites, maintienne en soi une grande largeur de vues, sache écouter attentivement et respectueusement la parole des autres, soit prêt à discuter « avec chaleur » pour défendre son point de vue, mais sans jamais passer à la « dispute »…

 4. Autres «leçons» du Concile. – Combien d'autres enseignements nous donnent encore les grands « ouvriers » du Concile ! C'est leur souci d'une information aussi exacte que possible, qui tienne compte de tous les grands problèmes actuels de l'Eglise et du monde. On aura noté le nombre et la variété des consulteurs et des experts, en plus de la présence de l'épiscopat tout entier. C'est leur volonté d'objectivité et leur rigoureuse sincérité, avec lesquels contrastait, parfois si péniblement, la manière dont certains du « dehors » présentaient ou interprétaient les actes et les paroles du Concile. C'est la prudence et l'équilibre qui apparaissent si nettement dans les discussions, les votes et les décisions finales du Concile. Sur ce dernier point, il convient d'insister quelque peu.

Dans la vie de l'Eglise, on ne change pas au hasard, on n'innove pas à la légère. Récemment encore, Mgr Jenny, membre du CONSILIUM pour la Liturgie, déclarait à ce sujet : « …c'est avec beaucoup de prudence, parfois d'hésitation, et avec, je peux le témoigner, une grande conscience de l'importance de l'enjeu, que le Consilium décidera ».

En une période d'évolution très rapide, alors que de multiples changements sont à introduire presque simultanément, l'équilibre ou « le sens de la mesure » s'impose tout particulièrement chez les responsables. Comme le dit très bien le cardinal Suenens : « Tout approfondissement d'une vérité, si précieuse soit-elle, entraîne presque inévitablement des déformations lorsqu'on ne veille pas de près à l'équilibre. Il est difficile, en période de progrès, de maintenir ensemble et en équilibre deux ou trois vérités, parce que le caractère complémentaire de ces vérités n'est pas toujours immédiatement perçu. Nous avons grand besoin à l'heure actuelle, dans l'Eglise, et à tous les niveaux, de chrétiens qui veillent à tenir simultanément des choses complémentaires. Certaines idées mises en relief ne doivent pas laisser les autres traîner dans l'ombre… » (octobre 1965). Une ferme volonté d'équilibre nous est nécessaire, si nous voulons contribuer efficacement à la réussite du prochain Chapitre Général.

« Tout cela est bien complexe et bien difficile », diront peut-être quelques-uns… Les situations spirituelles  dans lesquelles nous nous trouvons aujourd'hui peuvent nous paraître exceptionnelles. En réalité, il n'y a jamais eu de période « tranquille » dans la vie de l'Eglise… « On dit : "Aujourd'hui, la foi est difficile". Comme si jamais le christianisme, le vrai, avait été "facile" ! Le travail de la foi est constant. On ne peut rêver d'une Eglise qui aurait "résolu" ses questions » (Maurice Bellet).

5. Un effort de simplification. – Peut-être convient-il aussi d'insister sur la nécessité d'un grand effort de simplification dans notre travail de préparation. Chez nous, la durée d'un Chapitre Général ne peut être que limitée, car tous les participants sont des hommes engagés dans des travaux qui n'admettent guère des absences prolongées. Il s'agit clone de concilier deux « conditions » qui paraissent tout d'abord s'exclure : programme bien réalisé, temps plutôt mesuré…

Or, il est possible de diminuer notablement la durée des réunions sans que les affaires à traiter soient expédiées trop vite… Que les « dossiers » envoyés avant l'ouverture soient clairs et précis. Qu'il en soit de même de ceux qu'apporteront encore les députés élus, et que ces derniers aient eu soin de s'informer exactement des problèmes de leur secteur respectif… On n'insistera jamais trop sur la nécessité de préparer des rapports bien étudiés, clairs et complets, mais ramenés le plus possible aux lignes essentielles pour éviter toute perte de temps. L'énorme travail de transformation des « schémas conciliaires » peut nous servir ici de lumineux exemple. « Une journée bien préparée vaut double » (Albert Mahaut). « Pour celui qui sait prévoir et organiser son temps, une journée en vaut trois » (Lyautey)… Et un Chapitre sérieusement préparé doit aboutir à de meilleurs résultats que deux ou trois autres plus ou moins improvisés.

 6. Le Chapitre même. Ce que nous venons de dire se rapporte surtout à la période de préparation… Nous n'avons pas la prétention de vouloir tracer une ligne de conduite aux futurs capitulants. Mieux que nous, ils seront à même d'organiser toutes choses pour que le travail en commun soit fructueux. Mais il est certain que la marche du Concile Vatican II pourra souvent leur donner de précieuses indications.

II. Trois directions de notre effort de rénovation.

Avant d'être des « religieux », nous sommes des « chrétiens ». Il n'est pas toujours inutile de nous le rappeler. Beaucoup de directives ou d'orientations données par le Concile nous concernent, tout d'abord parce que nous sommes chrétiens. Il importe donc de bien les connaître, de les méditer, d'en tenir compte pour la conduite de notre vie, tout comme les « laïcs » chrétiens. Mais nous sommes aussi des « religieux » et des « éducateurs chrétiens ». De là, les trois axes de notre effort de rénovation. Notre réponse à l'invitation du Concile sera généreuse  dans les trois domaines.

1) Réponse généreuse comme chrétiens.

1. Au Concile, on a parlé souvent de la vie chrétienne, des droits et des devoirs des chrétiens, des nobles exemples qu'ils devraient donner à ce monde en perpétuelle évolution,  dans lequel ils vivent et agissent. Il est donc indispensable que nous sachions exactement ce que le Concile attend des chrétiens comme tels, et que nous soyons prêts, nous aussi, à faire notre « révision de vie », sur tous les points qui nous concerneraient.

Si les « gens du monde » nous surprennent dans des attitudes qui ne correspondent pas à ce qu'ils attendent même de la part de simples chrétiens, leur jugement peut devenir terriblement sévère. Nous nous souvenons de ce mot dur, malheureusement un peu justifié, dit à un religieux par le maire d'une commune : « Ce que vous dites là n'est pas chrétien » ! Les « consacrés au Seigneur» ont toujours dû tenir compte de ces exigences du peuple chrétien ; ils le doivent encore plus de nos jours…

Que nos paroles, nos jugements, notre comportement habituel, tous nos actes répondent le mieux possible à l'idéal chrétien. Ces derniers temps, S. S. Paul VI est revenu plusieurs fois sur ce que l'Eglise attend des fidèles. Plus loin, nous rappellerons l'une des fortes allocutions du Saint-Père sur ce thème. D'autres « leçons » du Concile seraient à reprendre sérieusement, à méditer, à vivre avec ferveur ; brièvement, nous en indiquerons quelques-unes.

 2. Directives du Saint-Père.

Dans l'audience générale du 31 mars 1965, le Pape Paul VI a fait une allocution remarquable sur l'unité interne de l'Eglise. Citons-en quelques passages qui nous invitent fortement à réfléchir sur notre vocation et notre responsabilité de « chrétiens ».

« Cette unité est un des principes constitutifs de l'Eglise, laquelle ne peut pas ne pas être intrinsèquement unie. Elle la définit, elle montre qu'elle est animée d'un souffle intérieur, celui de l'Esprit-Saint, qui lui confère cette surprenante capacité de réunir les hommes les plus disparates – tout en respectant, et même en mettant en valeur, leurs caractéristiques spécifiques, pourvu qu'elles soient positives, c'est-à-dire vraiment humaines, – c'est-à-dire la capacité d'être catholique, d'être universelle. Mais l'unité n'est pas seulement une prérogative de l'Eglise catholique, elle est un devoir, une loi, une tâche. L'unité de l'Eglise, en effet, doit être une chose reçue et reconnue par tous et chacun des membres de l'Eglise. Tous et chacun doivent la développer, l'aimer, la défendre. Se dire catholique ne suffit pas, il faut encore être effectivement unis ».

Plus loin, le Saint-Père observe : « Peut-être avons-nous aujourd'hui particulièrement besoin de cette unité… Les nouvelles qui nous parviennent, au sujet de la fidélité des catholiques au devoir de l'unité intérieure du corps de l'Eglise, ne sont pas toujours bonnes. Nous ne voulons pas parler de la recommandation, si souvent faite aux catholiques, d'être unis  dans leur action pour la défense et l'affirmation de leurs principes et de leurs droits  dans le domaine civique. Ce dont nous voulons parler, c'est de l'obligation, urgente pour tous, d'entretenir ce sens de la solidarité, de l'amitié, de la compréhension mutuelle, du respect pour le patrimoine commun de doctrine et de vie, de l'obéissance et de la foi sans équivoque, qui doit distinguer le catholicisme. C'est cela qui constitue sa force et sa beauté. Son authenticité, est démontrée lorsque se réalise  dans cet esprit de concorde et d'amour la parole de Jésus : " C'est à ceci que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l'amour les uns pour les autres "» (Jean, 13, 35).

Et le Pape conclut par ces paroles que nous devrions méditer : « Nous ne voulons certes pas censurer le processus de purification et de rénovation qui aujourd'hui est à l'œuvre dans l'Eglise et la régénère, et que celle-ci est la première à réclamer et à promouvoir. Nous voulons seulement inviter tous ceux qui sentent la dignité et la responsabilité du nom de catholique à aimer fortement et profondément le mystère de son unité intérieure, à le vénérer en paroles et en actes, pour donner à l'Eglise la joie d'être ce qu'elle est, magnifiquement une, et pour accroître la splendeur que cela lui vaut et qui est destinée à éclairer le monde » (cf. La D. C., 18-4-1965, col. 677-678).

Pour répondre à cette ardente invitation du Saint-Père, dans toute la mesure de nos forces : a) nous nous efforcerons d'approfondir ce mystère de l'Eglise par une étude sérieuse, courageuse et constante ; b) nous serons toujours prêts à suivre, avec générosité et fermeté, les directives de ceux qui ont la mission de nous guider ; c) nous tâcherons de vivre et de rayonner, partout et toujours, notre amour filial pour l'Eglise.

a) En cette période postconciliaire qui va commencer, nous aurons à cœur d'étudier attentivement la pensée de l'Eglise, spécialement toutes les questions qui se rapportent à notre vie religieuse et à notre apostolat, mais sans jamais nous limiter à ces dernières. C'est toute la vie de l'Eglise qui doit nous passionner.

Pour connaître exactement ce que le Concile veut de nous, en tant que chrétiens, il faut nous pencher sur les textes « officiels » pour en découvrir la véritable portée. C'est à la source même qu'il nous faudra puiser en premier lieu. La lecture des interventions, des discussions et des articles plus importants sur les thèmes conciliaires peut souvent nous aider à mieux comprendre les Constitutions et les Décrets du Concile, mais il importe avant tout que nous les connaissions le mieux possible dans leur texte original. Une certaine « aridité », qui tient surtout à leur exceptionnelle densité, ne doit pas nous rebuter. Une lecture rapide, et donc superficielle, ne sera jamais suffisante pour nous ; il faut les étudier, les creuser, les méditer parfois.

Le temps nous manquerait-il ? Nous le trouvons bien pour des occupations dont l'importance et la nécessité peuvent être fort discutables… Ou est-ce que nous nous déclarerions toujours « en état de fatigue » ? Dans la revue Christus de juillet dernier, M. Bellet conclut avec force : « Aussi bien, le témoignage que le monde attend de nous… Non ! le témoignage que le Christ attend de nous  dans le monde, pour les hommes et pour Dieu, c'est que les croyants soient des travailleurs, des chercheurs,  dans la région même de la foi » (p. 318).

Quelle vigoureuse apologie de notre heure obligatoire d'étude religieuse ! Qu'on veuille se reporter à un article du Bulletin de l'Institut pour bien saisir les « exigences » de cette étude : « (Elle) exclut le superficialisme, le dilettantisme, les analyses sommaires, les explications simplistes, les absences de nuances, les engouements pour des opinions non contrôlées, les ignorances de la pensée des adversaires… Ce lent travail, ce coûteux travail de reprise et de maturation, ce travail à faire en toute pureté d'intention, avec un recours fréquent au Saint-Esprit, nous y livrons-nous avec une ténacité et une patience suffisantes ? » (cf. tome XX, pp. 99-100). Il y a de « vieux » conseils qui sont toujours d'actualité…

b) Notre étude et notre effort d'adaptation aux décisions conciliaires se feront toujours sous la direction des interprètes officiels de l'Eglise, de ceux qui sont investis de son autorité. Maintes fois, en ces derniers mois, le Saint-Père a jugé opportun de rappeler aux chrétiens la nécessité de cette obéissance de base. Toute l'allocution prononcée à l'audience générale du 14 juillet 1965 se rapporte à ce thème important. Signalons seulement ce passage : « L'obéissance, c'est-à-dire la reconnaissance cordiale et pratique de l'autorité, est continuellement mise en question comme contraire au développement de la personne humaine, comme indigne d'êtres libres, mûrs et adultes, perpétuant dans les temps modernes des principes de rapports sociaux dépassés. Certains pensent qu'il est méritoire d'affronter le risque de la désobéissance libératrice, qu'il est louable de mettre l'autorité devant le fait accompli » (cf. La D. C., août 1965, col. 1351). Le Saint-Père dit ensuite qu'il convient de se faire une idée exacte de l'autorité dans l'Eglise, et il termine par cette paternelle recommandation : «     Que l'obéissance et la collaboration ne vous pèsent pas, mais qu'elles vous rendent fiers et heureux de coopérer à l'accroissement du Royaume de Dieu ; qu'elles vous fassent participer à ses mérites, dont veut être le gage Notre Bénédiction apostolique ».

Dans le Bulletin ecclésiastique de son diocèse, Mgr Weber, évêque de Strasbourg, a donné récemment une note brève, mais très substantielle, sur «           l'unité des catholiques » en ces temps conciliaires. Parlant de l'obéissance due à la hiérarchie, il dit : « Dans l'exposé de la Constitution sur l'Eglise, on a tendance à insister sur les chapitres I et II (" Le mystère de l'Eglise ", et " Le peuple de Dieu ") au détriment du chapitre III, qui traite de la hiérarchie dans l'Eglise et de l'obéissance qui lui est due. C'est cependant une partie essentielle de la doctrine conciliaire. Il y a dans l'Eglise et dans tout organisme qui fait partie de l'Eglise une autorité légitime, qui dérive directement ou indirectement du Christ. C'est le Pape, président du collège épiscopal, avec ses prérogatives. C'est, dans le diocèse, l'évêque autour duquel se groupent les prêtres, partageant à des degrés divers les pouvoirs de leur chef et père. Ce sont les supérieurs et supérieures des congrégations, qui, en vertu des Constitutions de leurs instituts, exercent l'autorité au nom du Siège apostolique ou de l'évêque, selon les cas » (cf. La D. C. du 1ierseptembre 1965, col. 1505).

Nous savons tous que cette autorité est limitée par le droit naturel ou divin, comme aussi par le droit établi par l'Eglise ; que,  dans l'Eglise, elle est un service en vue du droit commun, et nullement une domination ; que tout supérieur doit avoir à cœur de réaliser les dispositions d'ouverture qu'exigent spécialement les conditions actuelles… Toutefois, sans une ferme volonté d'être toujours fidèle à l'autorité légitime, il n'y a pas d'union et d'unité possible dans l'Eglise.

C'est avec cette ferme volonté de correspondre pleinement à l'attente du Saint-Père et du Concile que nous nous conformerons à toutes les décisions qui nous concernent. C'est par là surtout que nous traduirons notre attachement filial à l'Eglise, que nous serons vraiment « fils de l'Eglise ».

c) Car, notre amour pour l'Eglise doit nécessairement se traduire par des actes. La « révision de vie », de laquelle on a parlé si souvent pendant cette période conciliaire, doit être résolument entreprise par chacun de nous. Il faut que nous ayons la loyauté et le courage d'entreprendre un examen sérieux de notre manière de vivre, de notre comportement habituel dans un monde qui essaie trop souvent de grossir les moindres défaillances des « chrétiens »…

Dans la Constitution dogmatique sur l'Eglise, nous aurons lu attentivement le chapitre V, intitulé : La vocation universelle à la sainteté dans l'Eglise. En voici la conclusion : « Tous les fidèles sont donc invités à poursuivre la sainteté et la perfection de leur état, et ils y sont tenus. Que tous clone veillent à diriger droitement tous leurs sentiments, pour que l'usage des choses du monde et l'attachement aux richesses contraire à l'esprit de pauvreté évangélique, ne les empêchent pas de poursuivre la charité parfaite : l'Apôtre les en avertit : " Que ceux qui usent de ce monde ne s'y arrêtent pas, car la figure de ce monde passe " » (cf. 1 Co., 7, 31 gr.).

Comme S. S. Paul VI l'a déclaré nettement, lors de l'audience générale du 18 août dernier, le Concile a souvent insisté, et en des termes magnifiques, sur « l'authenticité de la vie chrétienne ». Et il ajoute immédiatement : « Avons-nous la notion de cette authenticité ? La pratiquons-nous ? ». Une vie chrétienne, menée avec fermeté et constance, conduit tout droit à la sainteté. Nous le savons, mais, comme le Pape le dit encore : «…Il nous arrive de confondre l'idée chrétienne avec tous les courants de pensée et de mœurs les plus divers qui traversent le monde dans lequel nous vivons. Nombreux sont les chrétiens qui absorbent les idées de leur temps, surtout les idées nouvelles, les doutes, les négations, les utopies, particulièrement lorsque ces idéologies sont professées par des esprit forts et intelligents et lorsqu'elles sont à la mode, cette mode qui exerce une si grande fascination sur les esprits grégaires qu'elle fabrique en série. L'éducation chrétienne a souvent du mal à donner une empreinte précise et robuste aux nouvelles générations qui, parce qu'elles minimisent le contenu de l'engagement de la vie chrétienne, finissent par en sentir davantage le poids que la réalité, la plénitude et la joie » (cf. La D. C., 5-9-1965, col. 1450).

Plus que jamais peut-être, le moment est venu pour nous, en tant que « fils de l'Eglise », de nous montrer vraiment des chrétiens, dans toute la force et la richesse de ce nom glorieux. D'autre part, notre prochain Chapitre, qui aura lieu en pleine période postconciliaire, le temps des applications immédiates, ne pourra ignorer cet aspect de notre vie, d'autant plus que, comme éducateurs chrétiens de la jeunesse, nous devrons donner témoignage de cette intégrité spirituelle à laquelle la vocation chrétienne appelle tous les hommes.

Précisément, dans la même allocution, le Saint-Père termine en mettant en relief les belles qualités qu'on rencontre aujourd'hui chez beaucoup de jeunes gens : « Un besoin de sincérité absolue, une exigence de logique vécue, – un courage méprisant le respect humain, le vil conventionalisme, les veules et indolents repliements sur soi, – et un indéfinissable attrait intérieur pour la perfection, pour l'authenticité chrétienne, poussent aujourd'hui les âmes des jeunes à une franchise chrétienne, à une fidélité catholique, à une originalité spirituelle qui remplissent de surprise et d'émotion ceux qui les regardent. Est-ce le souffle de l'Esprit ? "L'Esprit souffle où il veut" (Jean, 2, 8). C'est un de ces "signes des temps" qui font que l'on est heureux d'appartenir à notre époque, grande et tourmentée, et qui nous donnent de nouvelles espérances pour l'avenir » (ibid., col. 1451).

Comme ces paroles du Saint-Père sont loin de toute vision pessimiste sur l'avenir ! Savons-nous discerner ces aspirations, plus ou moins conscientes mais réelles, de la jeunesse de nos écoles, tout particulièrement de celle de nos maisons de formation ? Savons-nous favoriser l'épanouissement de ces belles dispositions par la justesse, la clarté et la vigueur de notre enseignement, par notre dévouement total et surtout par nos exemples de tous les jours ?

Un bon moyen de nous maintenir « en état de Chapitre» serait de lire attentivement les décisions conciliaires et les paroles du Saint-Père qui analysent et précisent nos devoirs de chrétiens dans les temps actuels. Bien entendu, notre effort ne s'arrêtera pas là ; nous savons que le Concile nous a placés également en face de nos devoirs de religieux et d'éducateurs. Mais n'aurions-nous pas la tentation de glisser trop facilement sur les exigences de notre simple vie de « chrétiens ». C'est à tous les « fils de l'Eglise » que le Concile demande d'être d'« authentiques chrétiens »…

 3. Beaucoup de problèmes « chrétiens » de l'heure actuelle sont à repenser par nous à la lumière des enseignements du Concile Vatican II. Nous serons forcés de reprendre la plupart d'entre eux lorsque nous parlerons de notre vie religieuse et de notre action d'éducateurs chrétiens. Signalons toutefois, brièvement, quelques-uns de ces problèmes.

a) Il y a tout d'abord la fidélité à la loi de la prière et la pleine correspondance aux directives liturgiques. « La Mère Eglise désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques » (cf. Constitution sur la Liturgie, n. 14). Avons-nous « étudié » sérieusement cette Constitution ? Nous efforçons-nous de suivre exactement toutes les directives déjà données ? Sommes-nous filialement disposés à nous mettre en marche, dans « notre » diocèse, du même pas que l'Eglise, c'est-à-dire selon les indications de l'autorité compétente ?

Comme il serait peu édifiant, de notre part, de garder « nos » idées personnelles sur ces points ! Même si nous ne les exprimions pas, elles seraient vite perçues par ceux qui nous entourent, et surtout par nos jeunes qui nous observent et nous jugent d'un regard à qui rien n'échappe.

Cette fidélité ne sera pas seulement « d'exécution », mais avant tout « d'intention ». L'épiscopat français le déclarait  dans la Lettre pastorale sur la sainte Liturgie, en janvier 1964 : « C'est pourquoi n'attendons pas un résultat magique et spectaculaire : sans l'esprit qui doit les animer, les réformes seraient vite usées et inefficaces. La grande oeuvre qui nous sollicite demandera du temps parce qu'elle sera vraie, vitale, vivante, parce qu'elle exige, comme la vie, accroissement et maturation » (cf. La D. C., 1964, col. 255). Soyons de ceux qui savent patienter, attendre le temps de la maturation, mais en faisant déjà dès aujourd'hui tout ce qui est en leur pouvoir…

Notons que s'il faut nous intégrer mieux que jadis dans la prière « commune » de l'Eglise, nous ne devons pas renoncer pour autant aux richesses de la prière « privée ». La Constitution sur la Liturgie le note expressément : « Cependant, la vie spirituelle n'est pas enfermée dans la participation à la seule liturgie » (cf. n. 12). Cela vaut pour tous les chrétiens, plus encore pour nous, religieux.

b) Il est des exigences chrétiennes sur lesquelles notre génération est plus particulièrement sensible… Au Concile et plus encore autour du Concile, on a parlé souvent de la pauvreté des chrétiens, des religieux et des prêtres, de toute l'Eglise… Allons au cœur de la question et demandons-nous loyalement si notre témoignage de « pauvres du Christ » est recevable de nos jours : notre témoignage personnel (simplicité de vie, esprit de travail, sentiments d'accueil pour les humbles et les vrais pauvres, etc.) ; témoignage collectif également (genre de nos écoles, constructions, etc.)… C'est évidemment un « point » important pour les travaux du Chapitre.

Le Concile a encore insisté souvent sur la justice sociale, sur la solidarité, l'entraide, la charité (qui n'est pas seulement l'aumône), sur le respect de la vérité, etc. Quel immense champ d'investigation nous est ainsi ouvert sur le plan chrétien !

c) De même, le Concile s'est préoccupé des grands problèmes de l'Eglise et du monde : l'œcuménisme, l'unité de tous les chrétiens, le souci missionnaire, la paix dans le monde… Nous devons être attentifs à ces grandes préoccupations de l'Eglise. S. S. Pie XII disait déjà en 1957 : « Rien n'est plus étranger à l'Eglise de Jésus-Christ que la division, rien n'est plus nocif à sa vie que l'isolement, le repli sur soi et toutes les formes d'égoïsme collectif qui font se refermer sur elle-même une communauté chrétienne particulière, quelle qu'elle soit ».

Il y a, dans le monde actuel, des chrétiens qui brûlent d'ardeur et de zèle pour l'extension du règne du Christ. Si nous étions « froids », pourrions-nous dire que notre christianisme est « authentique » ? 

Note de transition.

 1) Réponse généreuse comme religieux.

2) Réponse généreuse comme éducateurs chrétiens.

Nous laisserons ces deux points pour une autre Lettre circulaire. Dans l'intervalle, on aura eu le temps de lire deux nouveaux documents qui nous intéressent particulièrement : Le Décret sur le renouveau et l'adaptation de la vie religieuse et la Déclaration sur l'Education chrétienne. Nous croyons même opportun de joindre à cette Lettre le texte du premier de ces documents. Avec le chapitre VI de la Constitution LUMEN GENTIUM, il nous présente une doctrine de la vie religieuse qui doit nous devenir familière par une étude approfondie. On ne « glisse » pas rapidement sur de pareils documents.

Dans la Revue des communautés religieuses de septembre-octobre 1965, on peut lire un excellent article intitulé : La vie religieuse d'après la Constitution « LUMEN GENTIUM » ; il est de la plume autorisée du Père H. Holstein, S.J. Nous ne saurions trop en recommander la lecture.

 CONCLUSION.

 Dans son excellent livre « Notre-Dame dans ma vie », le Père Bernadot a écrit, il y a déjà de longues années : « Une des réalités que l'Eglise a senties le plus vite, c'est qu'elle est guidée par l'action invisible et imprégnée de l'influence maternelle de Notre-Dame » (p. 58 de l'édition 1937). Et il dit encore plus loin : « Cette présence spirituelle de Marie dans les âmes et dans le Corps mystique est une des plus grandes et des plus douces réalités de la vie de l'Eglise » (p. 60).

Dans l'allocution de clôture de la troisième session du Concile (21 novembre 1964), S. S. Paul VI exprime la sincère et filiale reconnaissance de tous les Pères concilaires à « celle que nous aimons considérer comme la protectrice du présent Concile, témoin de nos efforts, notre très aimable conseillère, car c'est à elle, comme à notre patronne céleste, en même temps qu'à saint Joseph, que le Pape Jean XXIII confia, dès le début, les travaux de nos assises oecuméniques » (cf. La D. C., 1964, col. 1543).

Ces deux citations nous placent d'emblée dans ce climat marial qui doit toujours être le nôtre, mais qui doit l'être tout particulièrement en cette période tellement importante pour l'avenir de notre famille religieuse. Dès nos premiers pas dans la vie mariste, nous avons entendu rappeler par nos formateurs cette constatation fondamentale : « C'est Marie qui a tout fait chez nous »… A peu de distance de la mort du Bienheureux Fondateur, le vénéré Frère François le rappelait déjà à ses Frères : « Oui, c'est à Marie que la Société doit son origine, sa conservation et ses progrès. C'est sa main qui conduit tout, qui soutient tout, qui dirige tout » (Circulaires, vol. I, 74).

Dans cette perspective, on comprend que les Constitutions de notre Institut nous présentent ce recours constant et filial à Marie comme la « règle d'or » de notre survie : « Enfin, comme dernier et souverain moyen de conserver l'Institut, d'y maintenir la ferveur et toutes les vertus religieuses, que tous les Frères soient remplis d'une grande dévotion envers la Bienheureuse et Immaculée Vierge Marie, et apportent tout le zèle possible à répandre cette précieuse dévotion parmi les enfants » (article 207, 120)

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Considérations et vœux

à l'approche d'une nouvelle année

 En son style charmant, saint François de Sales caractérise fort bien la fuite du temps : « Elles s'en vont, ces années, et courent à la file imperceptiblement les unes après les autres ; et, en dévidant leur durée, elles dévident aussi notre vie mortelle ; et, se finissant, elles finissent nos jours ». Dans une autre occasion, il conseille de bien employer «ces petits moments périssables ».

Une année n'est pas encore complètement finie que déjà les hommes se présentent mutuellement leurs vœux pour la suivante. Les souhaits entre chrétiens finissent traditionnellement par une note « spirituelle » qui leur confère une valeur d'éternité. Il convient que les nôtres soient franchement orientés vers le « règne du Christ », tout particulièrement à l'entrée de cette grande période postconciliaire de laquelle nous venons de parler.

a) D'emblée, nous commencerons par une « résolution » commune, celle de traduire en actes, immédiatement et résolument, toutes les décisions du Concile, aussi bien celles qui concernent notre vie de chrétiens en ce monde, que celles se rapportent directement à notre vie religieuse et à nos activités apostoliques. Plus que jamais, nous tâcherons donc de suivre attentivement la « pensée » de l'Eglise. Nous aurons à cœur d'étudier toutes les directives conciliaires, pour les creuser, les approfondir, les vivre  dans leur plénitude. Nous accepterons également,  dans la joie et l'amour, celles qui suivront, qu'elles nous plaisent ou bien qu'elles heurtent des idées ou des habitudes personnelles. D'autres « réformes » suivront sans doute, en liturgie, en pastorale, en catéchétique, etc. ; elles nous trouveront toujours « disponibles ».

Nous resterons ouverts au Saint-Esprit et à l'Eglise hiérarchique. Il est normal que des « discussions » se produisent sur la meilleure interprétation de certaines décisions. La réalité humaine est tellement complexe qu'aucun texte n'arrive à s'y ajuster parfaitement… Mais quand l'Eglise nous indiquera d'une manière précise le chemin à suivre, nous nous engagerons résolument dans cette direction. L'infaillibilité n'appartient qu'à l'Eglise. « Mieux vaut suivre le Concile que le précéder », a-t-on dit : il est si difficile parfois de revenir en arrière.

b) Nous tenons également à vous redire, au nom de tous les membres de l'administration générale de l'Institut, nos vœux traditionnels de santé, de succès et de bonheur.

Normalement, une santé suffisante nous est nécessaire pour accomplir convenablement la tâche qui nous incombe. La maladie ou l'infirmité peuvent toujours nous surprendre. Nous saurons les accueillir chrétiennement,  dans un grand esprit de foi, convaincus que nous ne serons pas alors des « serviteurs inutiles ». On a écrit : « Apostolat et souffrance requièrent une même vocation. Dans la mesure où nous acceptons la souffrance, nous sommes apôtres ; dans la mesure où nous la fuyons, nous devenons des serviteurs de notre " moi " et arbres stériles ». Habituellement, cette souffrance résulte de notre travail de tous les jours, de nos efforts parfois si pénibles, de nos multiples petits échecs. Elle peut aussi se présenter, « à l'état pur » pourrions-nous dire, dans les impuissances de certaines infirmités. Nous savons qu'un malade n'est jamais une charge dans notre famille religieuse, mais plutôt une source de bénédictions. Cette allusion à nos chers malades voudrait être, en même temps qu'un fraternel encouragement pour eux, une cordiale invitation aux « bien portants » de soigner le mieux possible les membres souffrants de l'Institut.

Mais nous voudrions aussi rappeler que nous avons tous une réelle obligation de veiller sur notre santé. Sachons prendre les précautions nécessaires pour ne pas nous épuiser avant le temps. Tenons compte des indications de nos Règles, des leçons de notre expérience personnelle… Ce n'est pas tant le travail qui épuise que les mauvaises conditions dans lesquelles on travaille. C'est dans ce sens que Daniel-Rops pouvait dire que le vrai travail ne fatigue jamais… Essayons toujours de dominer nos tâches ; ne nous laissons jamais dominer par elles, car alors nous serions habituellement préoccupés et inquiets. Or, «un jour de larmes consume plus de forces qu'un an de travail ». Tâchons de garder intacte notre bonne humeur pour que le moindre échec ne prenne pas, à nos yeux, l'ampleur d'une catastrophe.

c) En second lieu, nous souhaitons à tous de réussir le mieux possible dans leur tâche apostolique… C'est bien pour « réussir » que nous prions, travaillons et peinons. Ce succès, dont nous rêvons tous, n'a jamais été facile. Plus encore que dans le passé, semble-t-il, il exige de nous de durs efforts. Il y a d'abord cette longue préparation à notre mission ; nos jeunes la trouvent parfois désespérément longue, mais elle est nécessaire… Puis, il y a l'effort de notre formation personnelle, qu'il faut continuer tout le long de notre vie, qu'il faut orienter parfois dans de nouvelles directions, au point que nous pouvons avoir l'impression de devoir tout « recommencer »… Un Frère Mariste sérieux est toujours disposé à compléter, patiemment et obstinément, les lacunes inévitables qui ont pu se glisser dans sa première formation. Il sait que toute compétence proprement dite ne s'acquiert que par un travail appliqué, méthodique et constant, et il ne s'en effraye pas.

Dans tous les pays, on adjure ceux qui sont responsables de l'éducation des jeunes de former avant tout des « hommes », dans le plus noble sens de ce mot. Nous complétons évidemment le souhait par « et qui soient en même temps de vrais chrétiens ». Trop souvent peut-être, on renouvelle les programmes d'études, mais ceux-ci, quel qu'en soit le mérite intrinsèque, devront être réalisés et « vivifiés » par des éducateurs compétents, qui aiment leurs élèves, ne désespèrent jamais d'eux, et leur donnent toujours la plus efficace des leçons, celle de l'exemple…

Si nous nous sommes permis cette petite excursion dans le domaine de l'éducation, c'est parce qu'elle répond à l'un des aspects de la Déclaration sur l'éducation chrétienne, dont nous devrons tous nous inspirer.

d) Nous terminons par des vœux de bonheur. L'une des grandes richesses de notre spiritualité mariste, c'est cet esprit de famille que nous devrions trouver en toutes nos communautés. Nous connaissons par cœur l'adjuration ardente du Bienheureux Fondateur : « Je vous prie aussi, mes biens chers Frères, de toute l'affection de mon âme et par toute celle que vous avez pour moi, de faire en sorte que la sainte charité se maintienne toujours parmi vous. Aimez-vous les uns les autres comme Jésus-Christ vous a aimés. Qu'il n'y ait entre vous qu'un même cœur et un même esprit… C'est le vœu de mon cœur le plus ardent, à ce dernier moment de ma vie » (Testament spirituel).

Selon l'esprit de notre Bienheureux Père, tout l'Institut ne devrait être qu'une seule famille, dont tous les membres seraient intimement associés par l'affection, la confiance et le respect mutuels : dans chaque communauté, pour commencer ; ensuite,  dans chaque Province ou dans chaque District ; et enfin, par delà toutes les frontières, il devrait en être de même de l'ensemble des Frères… Pareil résultat suppose évidemment que la formation de tous nos jeunes ait été orientée  dans ce sens, à travers toutes les étapes qu'elle comporte : juvénat, noviciat, scolasticat… Il suppose également, et nous devons le constater encore une fois, qu'on sache écarter à temps ceux qui n'arrivent pas à comprendre ou à accepter les exigences fondamentales de cet esprit de famille…

Si l'on se donne la peine de lire attentivement l'histoire de notre Institut, on pourra facilement se rendre compte que quelque chose de grand a été fait chez nous, par nos prédécesseurs, non à force de belles paroles, mais par des efforts obstinés et conjugués. Nos biographies nous ont fait connaître beaucoup de Frères qui ont voulu et su réaliser la tâche apostolique qui leur avait été confiée. Nos bonnes communautés du passé ont constitué d'excellentes « équipes » de travail, bien avant que ce mot ait pénétré dans notre vocabulaire habituel. Parlant de, son camarade, Saint-Exupéry note : « Sa grandeur c'est de se sentir responsable ». Et il conclut : « Etre homme, c'est précisément être responsable ». Il serait facile de montrer comment notre esprit de famille, compris tel qu'il doit l'être, tend à développer en nous un sens aigu de la responsabilité…

En particulier, il exclut toute forme d'égoïsme. Il doit nous sembler tout naturel de prier souvent pour nos Frères éprouvés, pour nos Frères éloignés ou « séparés » de force de la grande famille mariste, pour nos défunts, pour les secteurs de l'Institut qui luttent pour leur existence même. pour nos missions, pour le recrutement de bonnes vocations, pour nos élèves et nos anciens élèves, pour tous ceux qui comptent sur nous…

Quelqu'un a dit plaisamment : « On est vieux dès qu'on ne s'intéresse qu'à soi-même ». Un Frère Mariste se doit de rester « jeune ». 

Décret sur la rénovation adaptée

de la vie religieuse 

PAUL EVEQUE

SERVITEUR

DES SERVITEURS DE Dieu

AVEC LES PÈRES

DU SAINT CONCILE

POUR QUE LE SOUVENIR

S'EN MAINTIENNE À JAMAIS

DÉCRET « PERFECTAE CARITATIS »[1]

 1. Dans la Constitution « Lumen gentium », le Concile a précédemment montré que la recherche de la charité parfaite par les conseils évangéliques a sa source dans la doctrine et l'exemple du Divin Maître et apparaît comme un signe éclatant du Royaume de Dieu. Maintenant, il se propose de traiter de la vie et de la discipline des Instituts dont les membres font profession de chasteté, de pauvreté et d'obéissance, et de pourvoir à leurs besoins, selon les exigences de l'époque actuelle.

Dès les origines de l'Eglise, il y eut des hommes et des femmes qui voulurent, par la pratique des conseils évangéliques, suivre plus librement le Christ et l'imiter plus fidèlement et qui, chacun à sa manière, menèrent une vie consacrée à Dieu. Beaucoup parmi eux, sous l'impulsion de l'Esprit-Saint, vécurent dans la solitude, ou bien fondèrent des familles religieuses que l'Eglise accueillit volontiers et approuva de son autorité. A partir de là se développa providentiellement une admirable variété de sociétés religieuses qui contribuèrent beaucoup à ce que l'Eglise non seulement fût apte à toute bonne oeuvre (cf. 2 Tim 3, 17) et prête à remplir toute activité de son ministère en vue de l'édification du Corps du Christ (cf. Eph. 4, 12), niais encore apparût embellie des dons variés de ses enfants comme une épouse parée pour son époux (cf. Apoc. 21, 2). et que par elle fussent manifestées les ressources multiples de la sagesse de Dieu (cf. Eph. 3, 10).

Dans une telle variété de dons, tous ceux que Dieu appelle à la pratique des conseils évangéliques et qui en font profession, se vouent au Seigneur de façon spéciale en suivant le Christ chaste et pauvre (cf. Matt. 8, 20 ; Le. 9, 58), qui par son obéissance jusqu'à la mort de la croix (cf. Phil. 2, 8) a racheté les hommes et les a sanctifiés. Poussés dans cette voie par la charité que l'Esprit-Saint répand dans leurs cœurs (cf. Rom. 5, 5), ils vivent toujours davantage pour le Christ et pour son Corps qui est l'Eglise (cf. Col. 1, 24). C'est pourquoi, plus fervente est leur union au Christ par cette donation d'eux-mêmes qui embrasse toute leur existence, plus riche est la vie de l'Eglise et plus fécond son apostolat.

Mais pour que l'Eglise, dans les circonstances présentes, profite davantage de l'excellence de la vie consacrée par la profession des conseils évangéliques et de son rôle nécessaire, le Concile a statué ce qui suit et qui concerne seulement les principes généraux de la rénovation adaptée de la vie et de la discipline des Instituts religieux, et, compte tenu de leur caractère propre, des Sociétés de vie commune sans vœux et des Instituts séculiers. Les normes particulières de la mise en oeuvre et de l'application de ces principes généraux devront être établies après le Concile par l'autorité compétente.

 2. Principes généraux d'une rénovation adaptée.

 La rénovation adaptée de la vie religieuse comprend à la fois le retour continu aux sources de toute vie chrétienne ainsi qu'à l'inspiration originelle des Instituts et, d'autre part, la correspondance de ceux-ci aux conditions nouvelles d'existence. Une telle rénovation doit s'accomplir, sous l'impulsion de l'Esprit-Saint et la direction de l'Eglise, selon les principes suivants :

a) la norme ultime de la vie religieuse étant de suivre le Christ selon l'enseignement de l'Evangile, cela doit être tenu par tous les Instituts comme leur règle suprême.

b) Le bien même de l'Eglise demande que les Instituts aient leur caractère et leur fonction propres. C'est pourquoi on mettra en pleine lumière et on maintiendra fidèlement l'esprit des Fondateurs et leurs intentions spécifiques de même que les saines traditions, l'ensemble constituant le patrimoine de chaque Institut.

c) Tout Institut doit communier à la vie de l'Eglise et, tenant compte de son caractère propre, faire siennes et favoriser de tout son pouvoir ses initiatives et ses intentions ; ainsi dans le domaine biblique, dogmatique, pastoral, oecuménique, missionnaire et social.

d) Les Instituts doivent promouvoir chez leurs membres une suffisante information de la condition humaine à leur époque et des besoins de l'Eglise, de sorte que, discernant avec sagesse, à la lumière de la foi, les traits particuliers du monde d'aujourd'hui, ils soient à même de porter aux hommes un secours plus efficace.

e) Comme la vie religieuse est ordonnée avant tout à ce que ses adeptes suivent le Christ et s'unissent à Dieu par la profession des conseils évangéliques, il faut bien voir que les meilleures adaptations aux exigences de notre temps ne produiront leur effet qu'animées par une rénovation spirituelle. A celle-ci on doit toujours attribuer le rôle principal, même dans le développement des activités extérieures.

 3. Critères pratiques de rénovation adaptée.

 L'organisation de la vie, de la prière et de l'activité doit être convenablement adaptée aux conditions physiques et psychiques actuelles des religieux et aussi,  dans la mesure où le requiert le caractère de chaque Institut, aux besoins de l'apostolat, aux exigences de la culture, aux circonstances sociales et économiques ; cela en tout lieu, mais particulièrement dans les pays de mission.

D'après les mêmes critères, on soumettra aussi à l'examen le système de gouvernement des Instituts.

Il faut donc réviser convenablement les Constitutions, les « directoires », les coutumiers, les livres de prières, de cérémonies et autres recueils du même genre, supprimant ce qui est désuet et se conformant aux documents du Concile.

 4. Ceux qui doivent mener à bien cette rénovation adaptée.

 Une rénovation efficace et une juste adaptation ne peuvent s'obtenir qu'avec le concours de tous les membres de l'Institut.

Mais fixer les normes et légiférer dans ce but, ou admettre une expérience suffisante et prudente, relève uniquement de l'autorité compétente, notamment des chapitres généraux, avec l'approbation. si c'est nécessaire, du Saint-Siège ou de l'Ordinaire du lieu, aux termes du droit. De leur côté, les Supérieurs devront, s'il s'agit de questions intéressant tout l'Institut, en consulter les membres de manière opportune et entendre leur avis.

Pour ce qui concerne la rénovation adaptée des monastères de moniales, on pourra recueillir également les vœux et les avis des assemblées des Fédérations ou d'autres réunions légitimement convoquées.

Cependant, l'on se souviendra que l'espoir d'une rénovation doit être mis dans une observance plus consciencieuse de la règle et des constitutions, plutôt que dans la multiplicité des lois.

 5. Eléments communs à toutes les formes de vie religieuse.

 Les membres de tout Institut se rappelleront principalement que par la profession des conseils évangéliques ils ont répondu à une vocation divine de sorte que, non seulement morts au péché (cf. Rom. 6, 11) mais encore renonçant au monde, ils ne vivent que pour Dieu seul. Ils ont en effet dédié entièrement leur vie à son service ; et ceci constitue précisément une consécration particulière qui s'enracine intimement dans la consécration du baptême et l'exprime avec plus de plénitude.

Comme cette donation d'eux-mêmes a été acceptée par l'Eglise, qu'ils se sachent également liés à son service.

Ce service de Dieu doit exiger et favoriser en eux l'exercice des vertus, surtout de l'humilité et de l'obéissance, de la force et de la chasteté, qui les rendent participants de l'anéantissement du Christ (cf. Phil. 2, 7-8) et en même temps de sa vie dans l'Esprit (cf. Rom. 8, 1-13).

Que les religieux donc, fidèles à leur profession, abandonnant tout pour le Christ (cf. Mc. 10, 28), le suivent, Lui, comme l'unique nécessaire (cf. Lc. 10, 42 ; Matt. 19, 21), écoutant ses paroles (cf. Lc. 10, 39), occupés de ce qui le concerne (cf. 1 Cor. 7, 32).

C'est pourquoi, il faut que les membres de tout Institut, ne cherchant avant tout que Dieu seul, unissent la contemplation par laquelle ils adhèrent à Lui de cœur et d'esprit, et l'amour apostolique qui s'efforce de s'associer à l’œuvre de la Rédemption et d'étendre le royaume de Dieu.

 6. Primauté de la vie spirituelle.

 Que ceux qui professent les conseils évangéliques cherchent Dieu et l'aiment avant tout, Lui qui nous a aimés le premier (I Jn 4, 10), et qu'en toutes circonstances ils s'appliquent à se tenir  dans la vie cachée en Dieu avec le Christ (cf. Col. 3, 3), d'où s'épanche et se fait pressante la dilection du prochain pour le salut du monde et l'édification de l'Eglise. Par cette charité aussi est vivifiée et commandée la pratique elle-même des conseils évangéliques.

En conséquence, les religieux cultiveront avec un soin constant l'esprit d'oraison et l'oraison elle-même, puisant aux vraies sources de la spiritualité chrétienne. Tout d'abord, que chaque jour la Sainte Ecriture soit en leurs mains pour retirer de sa lecture et de sa méditation « l'éminente science de Jésus-Christ » (Phil 3, 8). Ils célébreront la sainte Liturgie, surtout le Mystère de la Très Sainte Eucharistie, priant selon l'esprit de l'Eglise, du cœur et des lèvres, et ils alimenteront leur vie spirituelle à cette source inépuisable.

Restaurés ainsi à la table de la Loi divine et du saint autel, qu'ils aiment fraternellement les membres du Christ, qu'ils aient pour les pasteurs révérence et dilection dans un esprit filial, qu'ils vivent et pensent toujours plus avec l'Eglise et se consacrent totalement à sa mission.

 7. Les Instituts intégralement ordonnés à la contemplation.

 Les Instituts intégralement ordonnés à la contemplation, en sorte que leurs membres vaquent uniquement aux choses de Dieu  dans la solitude et le silence, dans la prière assidue et une joyeuse pénitence, conservent toujours, si urgente que soit la nécessité d'un apostolat actif, une place de choix  dans le Corps mystique du Christ dont « les membres n'ont pas tous la même fonction » (Rom. 12, 4). Ils offrent en effet à Dieu un sacrifice éminent de louange ; ils illustrent le peuple de Dieu par des fruits abondants de sainteté, ils l'entraînent par leur exemple et procurent son accroissement par une secrète fécondité apostolique. Ils sont ainsi l'honneur de l'Eglise et une source de grâces célestes.

Cependant, leur genre de vie doit être revu d'après les principes et les critères susdits de rénovation adaptée, mais en conservant inviolablement leur séparation du monde et les exercices propres à la vie contemplative.

 8. Les Instituts voués à la vie apostolique.

 Très nombreux sont dans l'Eglise les Instituts cléricaux ou laïcs voués aux diverses oeuvres d'apostolat. Ils sont pourvus de dons différents selon la grâce qui leur a été donnée : le service en servant, l'enseignement en enseignant, l'exhortation en exhortant, le don sans calcul, la miséricorde rayonnante de joie (cf. Rom. 12, 5-8). « Il y a diversité de dons spirituels, mais c'est le même Esprit » (1 Cor. 12, 4).

Dans ces Instituts, à la nature même de la vie religieuse appartient l'action apostolique et bienfaisante, comme un saint ministère et une oeuvre spécifique de charité à eux confiés par l'Eglise pour être exercés en son nom. C'est pourquoi toute la vie religieuse de leurs membres doit être pénétrée d'esprit apostolique et toute l'action apostolique doit être animée par l'esprit religieux. Si donc les sujets veulent répondre avant tout à leur vocation de suivre le Christ et servir le Christ Lui-même dans ses membres, il faut que leur activité apostolique dérive de leur union intime avec Lui. De là résulte un accroissement de la charité elle-même envers Dieu et le prochain.

Ces Instituts doivent donc adapter judicieusement leurs observances et usages aux nécessités de l'apostolat qui leur incombe. Mais comme la vie religieuse consacrée aux oeuvres apostoliques revêt des formes multiples, il faut que sa rénovation adaptée tienne compte d'une telle diversité et que, dans les différents Instituts, la vie des religieux au service du Christ soit soutenue par les moyens qui leur sont propres et leur conviennent.

 9. Maintien de la vie monastique et conventuelle.

 Que l'on conserve fidèlement et que l'on fasse toujours mieux ressortir  dans son véritable esprit, tant en Orient qu'en Occident, la vénérable institution monastique qui, tout au long des siècles, a si bien mérité de l'Eglise et de la société. Le principal office des moines est l'humble et noble service de la divine Majesté dans l'enceinte du monastère, soit qu'ils se consacrent entièrement dans une vie cachée au culte divin, soit que légitimement ils prennent en charge quelque oeuvre d'apostolat ou de charité chrétienne. Sauvegardant donc leur caractère propre, qu'ils renouvellent leurs antiques traditions de bienfaisance et les adaptent aux besoins actuels des âmes, de sorte que les monastères soient comme des centres vivants de l'édification du peuple chrétien.

De même les sociétés religieuses qui, de par leur règle ou leur institution, associent intimement la vie apostolique à l'office choral et aux observances monastiques, harmoniseront leur genre de vie avec les exigences de l'apostolat qui leur convient de façon à conserver fidèlement leur forme de vie pour le plus grand bien de l'Eglise.

 10. La vie religieuse laïque.

 La vie religieuse laïque, qu'il s'agisse des hommes ou des femmes, constitue en soi un état complet de la profession des conseils évangéliques. Cette vie si utile à la charge pastorale de l'Eglise dans l'éducation de la jeunesse, le soin des malades et d'autres formes d'apostolat, le Concile la tient en grande considération, confirme ses sujets  dans leur vocation et les exhorte à adapter leur vie aux exigences du monde actuel.

Le Concile déclare que dans les Instituts de Frères rien n'empêche que, de par une disposition du Chapitre Général, étant fermement maintenu le caractère laïc de ces Instituts, quelques membres reçoivent les ordres sacrés pour subvenir aux besoins du ministère sacerdotal  dans leurs maisons.

 11. Les Instituts Séculiers.

 Les Instituts séculiers, bien qu'il ne soient pas des Instituts religieux, comportent cependant une profession véritable et complète des conseils évangéliques dans le monde, reconnue comme telle par l'Eglise. Cette profession confère une consécration à des hommes et à des femmes, à des laïques et à des clercs vivant dans le monde. Par conséquent, il faut qu'ils tendent avant tout à se donner entièrement à Dieu  dans la charité parfaite et que leurs Instituts gardent le caractère séculier qui leur est propre et spécifique afin de pouvoir exercer partout et efficacement l'apostolat dans le monde et comme du sein du monde, apostolat pour lequel ils ont été créés.

Qu'ils sachent bien cependant qu'ils ne pourront accomplir cette tâche que si les membres reçoivent une solide formation dans les choses divines et humaines afin d'être vraiment dans le monde un levain pour la vigueur et l'accroissement du Corps du Christ. Que 'les Supérieurs veillent donc sérieusement à ce qu'une formation, surtout spirituelle, leur soit donnée et se poursuive ultérieurement.

 12. La chasteté.

 La chasteté « pour le royaume des cieux » (cf. Matth. 19, 18), dont les religieux font profession, doit être regardée comme un grand don de la grâce. Elle libère singulièrement le cœur de l'homme (cf. 1 Cor. 7, 32-35) pour qu'il brûle de l'amour de Dieu et de tous les hommes ; c'est pourquoi elle est un signe particulier des biens célestes, ainsi qu'un moyen très efficace pour les religieux de se consacrer sans réserve au service divin et aux oeuvres de l'apostolat. Ils évoquent ainsi aux yeux de tous les fidèles cette admirable union établie par Dieu et qui doit être pleinement manifestée  dans le siècle futur, par laquelle l'Eglise a le Christ comme unique Epoux.

Que les religieux clone, soucieux de la fidélité à leur profession, croient aux paroles du Seigneur et, confiants dans le secours de Dieu, qu'ils rie présument pas de leurs forces et pratiquent la mortification et la garde des sens. Qu'ils ne négligent pas non plus les moyens naturels propices à la santé de l'âme et du corps. De cette façon, ils ne se laisseront pas émouvoir par les fausses théories qui présentent la continence parfaite comme impossible ou nuisible à l'épanouissement humain ; et, comme par un instinct spirituel, ils repousseront tout ce qui peut mettre en péril la chasteté. Tous se rappelleront, surtout les Supérieurs, que cette vertu se garde plus facilement lorsqu'il y a entre les sujets une véritable charité fraternelle dans la vie commune.

Etant donné que l'observance de la continence parfaite intéresse intimement dés inclinations particulièrement profondes de la nature humaine, les candidats à la profession de la chasteté ne doivent s'y décider ou y être admis qu'après une probation vraiment suffisante et s'ils ont la maturité psychologique et affective nécessaires. On ne se contentera pas de les prévenir des dangers qui menacent cette vertu, mais on les formera de manière qu'ils assument le célibat consacré à Dieu en l'intégrant au développement de leur personnalité.

 13. La pauvreté.

 La pauvreté volontaire en vue de suivre le Christ, ce dont elle est un signe particulièrement mis en valeur de nos jours, doit être pratiquée soigneusement par les religieux et même, au besoin, s'exprimer sous des formes nouvelles. Par elle, on devient participant de la pauvreté du Christ qui s'est fait indigent à cause de nous, alors qu'il était riche, afin de nous enrichir par son dépouillement (cf. Cor. 8. 9 ; Matth. 8, 20).

Pour ce qui est de la pauvreté religieuse, il ne suffit pas seulement de dépendre des supérieurs dans l'usage des biens, mais il faut que les religieux soient pauvres effectivement et en esprit, ayant leur trésor dans le ciel (Matth. 6, 20).

Que chacun d'eux, dans sa tâche, se sente astreint à la loi commune du travail et, tout en se procurant ainsi le nécessaire pour leur entretien et leurs oeuvres, qu'ils rejettent tout souci excessif et se confient à la Providence du Père des cieux (cf. Matth. 6, 25).

Les congrégations religieuses peuvent permettre par leurs constitutions que les sujets renoncent à leurs biens patrimoniaux présents ou à venir.

Les Instituts eux-mêmes s'efforceront, compte tenu de la diversité des lieux, de fournir en quelque sorte un témoignage collectif de pauvreté ; volontiers ils prendront de leurs biens pour subvenir aux autres besoins de l'Eglise et soutenir les indigents que tous les religieux doivent aimer dans le cœur du Christ (cf. Matth. 19, 21 ; 25, 34-46 ; Jac. 2. 1546 ; Jn. 3, 17). Les provinces et les maisons des Instituts doivent partager les unes avec les autres leurs biens matériels, les plus aisées secourant les plus démunies.

Bien que les Instituts, sauf dispositions contraires des règles et constitutions, aient le droit de posséder tout ce qui est nécessaire à la vie matérielle et aux oeuvres, ils doivent néanmoins éviter tout luxe, tout gain immodéré ou cumul de biens.

 14. L'Obéissance.

 Par la profession d'obéissance, les religieux font l'offrande totale de leur propre volonté, comme un sacrifice d'eux-mêmes à Dieu, et par là ils s'unissent plus fermement et plus sûrement à sa volonté de salut. A l'exemple du Christ qui est venu pour faire la volonté du Père (cf. Jn. 4, 34 5, 30 ; Heb. 10, 7 ; Ps. 39, 9) et. « prenant la forme d'esclave » (Phil. 2, 7), a appris en souffrant l'obéissance (cf. Heb. 5, 8), les religieux, sous la motion de l'Esprit-Saint, se soumettent  dans la foi à leurs Supérieurs, représentants de Dieu, et sont guidés par eux au service de tous leurs frères  dans le Christ comme le Christ lui-même qui, à cause de sa soumission au Père, s'est fait serviteur de ses frères et a donné sa vie pour la rédemption de la multitude (cf. Matth. 20, 28 ; Jn. 10, 14-18). Ils sont liés ainsi plus étroitement au service de l'Eglise et tendent à parvenir à la mesure de l'âge de la plénitude du Christ (cf. Eph. 4, 13).

Que les religieux donc se soumettent avec révérence et humilité à leurs Supérieurs, selon la Règle et les Constitutions, en esprit de foi et d'amour envers la volonté de Dieu, apportant les forces de leur intelligence et de leur volonté, tous les dons de la grâce et de la nature à l'accomplissement des ordres et à l'exécution (les tâches qui leur sont confiées, dans la certitude qu'ils travaillent à l'édification du Corps du Christ selon le dessein de Dieu. Ainsi l'obéissance religieuse, loin de diminuer la dignité de la personne humaine, la conduit à la maturité en faisant grandir la liberté des enfants de Dieu.

Quant aux Supérieurs, responsables des âmes confiées à leur soin (cf. Héb. 13, 17), dociles à la volonté de Dieu  dans l'accomplissement de leur charge, ils exerceront l'autorité dans un esprit de service pour leurs frères, de manière à exprimer l'amour que le Seigneur a pour eux. Qu'ils gouvernent comme des enfants de Dieu ceux qui leur sont soumis, avec le respect dû à la personne humaine et suscitant leur soumission volontaire. Ils leur laisseront, notamment quant au Sacrement de Pénitence et à la direction spirituelle, une juste liberté. Ils amèneront leurs subordonnés à collaborer par une obéissance responsable et active dans les tâches à accomplir et les initiatives à prendre. Ils les écouteront donc volontiers, ils stimuleront leur effort commun pour le bien de l'Institut et de l'Eglise, se réservant néanmoins fermement le droit de décider et de commander ce qui est à faire.

Les Chapitres et les Conseils rempliront fidèlement la fonction qui leur est dévolue  dans le gouvernement ; que ces organes, chacun à sa manière, expriment la participation et l'intérêt de tous les membres au bien de toute la communauté.

 15. La vie commune.

 La vie à mener en commun doit persévérer dans la prière et la communion d'un même esprit, nourrie de la doctrine évangélique, de la Sainte Liturgie et surtout de l'Eucharistie (cf. Act. 2, 42), à l'exemple de la primitive Eglise dans laquelle la multitude des fidèles n'avait qu'un cœur et qu'une âme (cf. Act. 4, 32). Membres du Christ, les religieux se préviendront d'égards mutuels, dans une vie de fraternité (cf. Rom. 12, 10), portant les fardeaux les uns des autres (cf. Gal. 6, 2). Dès là en effet que la charité de Dieu est répandue dans les cœurs par l'Esprit-Saint (cf. Rom. 5, 5), la communauté, telle une vraie famille réunie au nom du Seigneur, jouit de sa présence (cf. Matth. 18, 20). La charité est la plénitude de la loi (cf. Rom. 13, 10) et le lien de la perfection (cf. Col. 3, 14), et par elle nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie (cf. I Jn. 3, 14). En outre, l'unité des frères manifeste que le Christ est venu (cf. Jn. 13, 35 ; 17, 21), et il en découle une puissante vertu apostolique.

Afin que soit plus intime entre les membres le lien de la fraternité, on associera étroitement à la vie et aux oeuvres de la communauté ceux que l'on appelle « convers », « coadjuteurs » ou d'autres noms. A moins que les circonstances n'invitent vraiment à' procéder d'une autre manière, il faut tendre à ce que dans les Instituts féminins on en arrive à une seule catégorie de sœurs. En ce cas, l'on maintiendra seulement entre les personnes la diversité exigée par les oeuvres différentes auxquelles les religieuses sont destinées soit par une vocation spéciale de Dieu, soit par des aptitudes particulières.

Quant aux Instituts ou monastères d'hommes qui ne sont pas purement laïques, ils peuvent, selon leur caractère propre, et comme le détermineront les constitutions, accepter des clercs et des laïques, au même titre, avec les mêmes droits et les mêmes obligations, sauf ce qui découle des ordres sacrés.

 16. La clôture des moniales.

 La clôture papale pour les moniales de vie uniquement contemplative sera fermement maintenue, mais on l'adaptera aux circonstances de temps et de lieux, supprimant les usages périmés, après avoir entendu les vœux des monastères eux-mêmes.

Quant aux autres moniales qui s'adonnent par institution à des oeuvres extérieures d'apostolat, elles seront exemptées de la clôture papale pour qu'elles puissent mieux accomplir les tâches apostoliques qui leur sont confiées ; elles garderont cependant une clôture fixée par leurs constitutions.

 17. L'habit religieux.

 L'habit religieux, signe de la consécration à Dieu, doit être simple et modeste, à la fois pauvre et décent, adapté aux exigences de la santé et accommodé aux circonstances de temps et de lieux ainsi qu'aux besoins de l'apostolat. On modifiera l'habit soit masculin soit féminin qui ne correspond pas à ces normes.

 18. La formation des sujets.

 La rénovation adaptée des Instituts dépend surtout de la formation de leurs membres. C'est pourquoi il ne faut pas affecter immédiatement aux oeuvres apostoliques dès leur sortie du noviciat les sujets non clercs et les religieuses, mais on poursuivra dans des maisons bien équipées à cet effet, leur formation spirituelle, apostolique, doctrinale et technique, en prévoyant même l'obtention de diplômes appropriés.

Mais pour que l'adaptation de la vie religieuse aux besoins de notre temps ne soit pas purement extérieure et pour que ceux qui s'adonnent par état à un apostolat externe ne soient pas inférieurs à leur tâche, il faut leur donner, selon leur capacité intellectuelle et leur caractère personnel, une connaissance suffisante des règles en vigueur ainsi que des manières de voir et de penser dans la vie sociale actuelle. Par une fusion harmonieuse de ces éléments, la formation doit se faire de telle sorte qu'elle aboutisse chez le religieux à l'unité de la vie.

Tout au long de leur existence, les sujets devront chercher à parfaire soigneusement cette culture spirituelle, doctrinale et technique et, dans la mesure du possible, les Supérieurs leur en procureront l'occasion, les moyens et le temps nécessaires.

De même, les Supérieurs ont le devoir de veiller au choix le meilleur et à la préparation sérieuse des Directeurs, des Maîtres spirituels et des Professeurs.

 19. La fondation de nouveaux Instituts.

 – Pour la création de nouveaux Instituts, on doit en évaluer sérieusement la nécessité, ou du moins la grande utilité et leur possibilité de développement ; on évitera ainsi de voir surgir imprudemment des sociétés inutiles ou dépourvues de la vigueur indispensable. Il y a une raison particulière dans les nouvelles chrétientés de promouvoir et développer les formes de vie religieuse qui correspondent au caractère et aux mœurs des habitants, aux conditions de vie et aux coutumes.

 20. Le maintien, l'adaptation ou l'abandon des oeuvres propres à l'Institut.

 Les Instituts doivent conserver fidèlement et poursuivre leurs oeuvres spécifiques, et attentifs à l'utilité de l'Eglise universelle et des diocèses, ils les adapteront aux nécessités des temps et des lieux par l'emploi de moyens opportuns ou même nouveaux et en abandonnant les oeuvres qui ne correspondent plus aujourd'hui à leur esprit et à leur nature véritable.

Il faut absolument conserver  dans les Instituts religieux l'esprit missionnaire et, compte tenu du caractère de chacun d'eux, l'adapter aux conditions actuelles pour que l'Evangile soit prêché plus efficacement parmi tous les peuples.

 21. Les Instituts et Monastères en décadence.

 Aux Instituts et Monastères qui, de l'avis des Ordinaires des lieux et au jugement du Saint-Siège, ne donnent pas l'espoir fondé d'une nouvelle prospérité, il sera défendu de recevoir à l'avenir des novices et, si c'est possible, on les unira à un autre Institut ou Monastère plus florissant dont le but et l'esprit se rapprochent des leurs.

 22. L'union entre Instituts religieux.

 Selon l'opportunité et avec l'approbation du Saint-Siège, les Instituts et les Monastères autonomes établiront entre eux des fédérations, s'ils appartiennent en quelque sorte à la même famille religieuse ; ou des unions, s'ils ont presque les mêmes constitutions, les mêmes usages et le même esprit, surtout s'ils sont trop faibles ; ou encore des associations, s'ils s'occupent d'œuvres extérieures identiques ou similaires.

 23. Les Conférences de Supérieurs Majeurs.

 On favorisera les conférences ou conseils de Supérieurs majeurs érigés par le Saint-Siège et qui sont de grande utilité pour atteindre plus parfaitement le but de chaque Institut, pour susciter une plus efficace collaboration au bien de l'Eglise, pour répartir plus équitablement les ouvriers de l'Evangile dans un territoire déterminé et pour traiter les affaires communes aux religieux. On instaurera une coordination et une collaboration convenables avec les conférences épiscopales eu ce qui regarde l'exercice de l'apostolat.

De telles conférences peuvent être établies également pour les Instituts séculiers.

 24. Les vocations religieuses.

 Les prêtres et éducateurs chrétiens doivent faire de sérieux efforts pour donner, à proportion des besoins de l'Eglise, un nouvel accroissement de vocations religieuses choisies avec soin et discernement. Même dans la prédication ordinaire, on traitera plus souvent des conseils évangéliques et du choix de l'état religieux. Dans l'éducation chrétienne de leurs enfants, les parents doivent s'efforcer de cultiver et de protéger en leurs cœurs la vocation religieuse.

Il est permis aux Instituts de se faire connaître pour favoriser les vocations et de chercher des candidats, pourvu qu'ils le fassent avec la prudence requise et en observant les normes établies par le Saint-Siège et l'Ordinaire du lieu.

Cependant, que leurs membres se rappellent que l'exemple de leur propre vie constitue la meilleure recommandation des Instituts et la plus efficace invitation à embrasser la vie religieuse.

 25. Conclusion.

 Les Instituts pour lesquels sont établies ces normes de rénovation adaptée, auront vivement à cœur de répondre à leur divine vocation et à leur mission dans l'Eglise à l'époque actuelle. Le Concile tient en grande estime leur genre de vie chaste, pauvre et obéissante, dont le Christ lui-même est le modèle, et il met un ferme espoir dans la fécondité de leurs oeuvres, obscures ou connues de tous. Que tous les religieux donc, par l'intégrité de la foi, la charité envers Dieu et le prochain, l'amour de la Croix et l'espérance de la gloire future, répandent la bonne nouvelle du Christ  dans l'univers entier, pour que leur témoignage soit visible à tous et que notre Père qui est aux cieux soit glorifié (cf. Matth. 5, 16).

Ainsi, par l'intercession de la très douce Vierge Marie, Mère de Dieu, « dont la vie est pour tous une règle de conduite »[2], ils connaîtront de continuels accroissements et porteront des fruits de salut plus abondants.

 Tout l'ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans ce Décret ont plu aux Pères du Concile. Et Nous, par la puissance apostolique à Nous confiée par le Christ, en union avec les Vénérables Pères, Nous les approuvons dans l'Esprit Saint, les décrétons, les établissons et Nous ordonnons que ce qui a été établi en Concile soit promulgué à la gloire de Dieu.

Rome, près Saint-Pierre, le 28 octobre 1965.

Moi PAUL, Evêque de l'Eglise Catholique.

            Suivent les signatures des Pères.

Pour les nouvelles lois contenues en ce Décret, le Saint-Père a fixé une vacatio legis jusqu'au 29 juin 1966, fête des Ss. Apôtres Pierre et Paul.

Rome, le 28 octobre 1965. 

ELECTIONS 

Le Conseil Général a élu :

a) Dans la séance du 27 août 1965 :

Pour un premier triennat :

F. Joseph-Roland (Roland BOURASSA), Provincial d'Iberville.

F. Giuseppe (Rolando PICCIONI), Provincial d'Italie.

Pour un deuxième triennat :

F. Gall (Hugh HANLEY), Provincial de Grande-Bretagne-Irlande.

F. José Gustavo (José SANCHO), Provincial de Norte. 

Note rectificative

 

Dans la Circulaire du 1iermai 1965, pp. 292, 293, lire :

a) Dans la séance du 21 décembre 1964 :

Pour un premier triennat :

……

F. Maximien (André VANHALST), Provincial du Congo-Rwanda.

……..

d) Dans la séance du 28 mars 1965 :

Pour un premier triennat :

F. Jaune Francisco (Luis ALVAREZ R.), Provincial de Castille.

e) Dans la séance du 2 avril 1965 :

Pour un premier triennat :

F. Paul Nizier (H. FERNANDO), Visiteur de Ceylan.

 

LISTE DES FRERES

dont nous avons appris le décès

depuis la Circulaire du 1ier mai 1965

 

Nom et âge des Défunts                             Lieu du décès                      date du décès

 

F. Domitian (P. Short)                       38 P     Sydney (Australie)                 17 avr. 1965

F. Patrick Joseph (Finnegan)          73 P     Clondalkin (Irlande)               19 »     »

F. Tarcisio Maria (A. Palacios)        55 S     Avellanas (Espagne)                 26 »     »

F. Gentil (L. Vacquier)                       87 S     St.-Paul-3-Châteaux ( France)   1 mai             »

F. Climacus (W. Daly)                       48 S     Bendigo (Australie)               3 »      »

F. Claudian (F. Swallow)                  49 S     Roselle (Etats-Unis)              14 »     »

F. Joannès Marius (A. Bergeron)        78 S     Lawrence (Etats-Unis)          14 »     »

F. Benoît Allyre (A. Lamontagne)       64 S     Giffard (Canada)                   23 »     »

F. Casildo Luis (A. Amor(                 71 P     Castilleja de la Cuesta(Esp.) 28 »     »

F. Henrick (M. Peoples )                   88 S     Timaru (Nouvelle-Zélande)   30 »     »

F. Owen (W. Gallagher)                  60 S      Port Elizabeth (Afr. du Sud)  5 juin »

F. Edwin Leo (J. McGurk)               54 S      Stellenbosch (Afr. du Sud)    17 »     »

F. Achaire Joseph (J. Thibaut)         79 P     Louvain (Belgique)                25 »     »

F. René Gustave (G. Velghe)           59 S     Mont St. Guibert (Belgique)  29 »     »

F. Louis Maxime (A. Meurisse)              90 S         Mont St. Guibert (Belgique)   1 juil    »

F. Aquinas Joseph (M. Breen)         76 P     Randwick (Australie)              3 » »

F. Oswald Mary (J. Wall)                   63 S     Auckland (Nouvelle-Zélande)  6 »      »

F. Marie Vital (A. Aureille)                89 S     Walmer (Afr. du Sud)            20 »     »

F. Pierre Nicolas (J. Ernst)               60 S     Stanleyville (Congo)              20 »     »

F. Fridolinus (J Gutiérrez)                 83 S     Avellanas (Espagne)                         22 »     »

F. Marie Pastor (E. Schmidt)           81 S     St.-Genis-Laval (France)      25 »     »

F. Maximène (C. Faure)                   79 S     St.-Paul-3-Châteaux (France)  5 août  »

F. Henri François (J. Declereq)       87 S     Mont St. Guibert (Belgique) 10 »     »

F. Marie Arsène (J.-B. Celle)           76 P     N.-D. de l'Hermitage (France) 12 »     »

F. Giovanni Pasquale (G. Garda)    66 S     Carmagnola (Italie)                14 »     »

F. Henricus (J. Etiévant)                   84 S     St.-Genis-Laval (France)      23 »     »

F. Innocencio (M. Pérez)                   76 S     Pamplona (Espagne)            27 »     »

F. Daniel Théodose (K. Steimel)     82 S     Santa Maria (Brésil)              27 »     »

F. Sergio Maria (A. Arisi)                 54 S     Erexim (Brésil)                       4 sept.»

F. Miguel Jerónimo (L. Vergara)     68 S     San Sebastiân (Espagne)    7 »      »

F. Louis Armand (A. Messier)          62 S     Montréal (Canada)                8 »      »

F. Louis Salvatoris (F. Berthollier)   83 S     St.-Genis-Laval (France)      13 »     »

F. Louis Théodat (J. Troillard)          83 S     St.-Genis-Laval (France)      15 »     »

F. Cyprien Edouard (E. McMullin)   86 S     Langside (Ecosse)                25 »     »

F. Jean Albert (J. De Conninck)      53 S     Léopoldville (Congo)                         27 »     »

F. Daniel Nugent                                20 T     Melbourne (Australie)            30 »     »

F. Félix Valentin (A. Ibàûez)             62 S     Buenos Aires (Argentina)     4 oct.  »

F. Louis Marcellin (N. Bard)             51 P     St.-Genis-Laval (France)      7 »      »

F. Joseph Noël (J. Chignier)            79 S     St.-Genis-Laval (France)      11 »     »

F. Michel Felipe (F. Garcia)             63 S     Pietermaritzburg(Afr. du Sud) 13 »     »

F. Marie Antoine (A. Guigne)           53 S     St -Genis-Laval `(France)     15 »     »

F. Couran (J. O'Reilly)                       55 S     Clondalkin (Irlande)               18 »     »

F. Abel Etienne (J.-B. Fraisse)        79 S     N.-D. de l'Hermitage (France) 26 »     »

F. Marie Quintilien (M. Samijn)        79 S     Mont St. Guibert (Belgique) 26 »     »

  

       Soit 7.002 depuis le commencement de l'Institut.

 

NB : Dans la Circulaire du 1 mai 1965, à la liste des Défunts, lire :

          23e ligne : F. Polyène décédé à St.-Genis-Laval.

           24e ligne : F. Raimundo José décédé à Viamâo.

           25e ligne : F. Tomâs Antonio décédé à Cali.

 

La présente Circulaire sera lue en communauté à l'heure (le la lecture spirituelle.

Recevez, mes bien chers Frères, la nouvelle assurance du religieux attachement avec lequel je suis, en J. M. J.

Votre très humble et tout dévoué serviteur.

                                                      Frère CHARLES RAPHAËL, Supérieur Général

————————————————

 


[1]: Traduction parue dans l'Osservatore Romano, Ed. française, 5 nov. 1965.

[2]: S. Ambroise, ‘de la Virginité’, liv. II, Chap. II, n. 15.

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