Circulaires 393

Charles Howard

1986-12-25

Récents contacts avec les Frères


Zimbabwe et Afrique du Sud
Brésil
États-Unis
Nigeria
Irlande
Grande-Bretagne
Nos Nouvelles Constitutions
Le mandat donné par l’Église
Notre identité au sein de l’Église
Un don de l’Esprit-Saint
Histoire de l’évolution de notre texte
Un appel à la conversion et à une vie nouvelle
Amour de nos Constitutions
Lire et prier les Constitutions
Lire les Constitutions
Prier les Constitutions
Moyens pratiques pour la Lectio Divina
Partager l’Écriture et les Constitutions
Une méthode de partage
Autres méthodes de travail
La Loi
Le nouveau Code de Droit canonique
Loi pour les religieux
Conclusion

393

V. J. M. J.

 CIRCULAIRES DES SUPÉRIEURS GÉNÉRAUX

DE

L’INSTITUT DES FRÈRES MARISTES DES ÉCOLES 

  Vol. XXIX

«CONSTITUTIONS ET STATUTS.   

NOTRE RÈGLE DE VIE» 

Maison Généralice

Rome, 25 décembre 1986

         Mes bien chers Frères,

Je suis très heureux de vous informer que nos nouvelles Constitutions ont été présentées à l’Église et qu’elles en ont reçu l’approbation définitive. L’aboutissement de ce travail est pour nous tous une occasion spéciale de manifester une grande joie. C’est l’aboutissement d’un travail fait par amour et qui nous apporte quelque chose de très précieux pour notre vie de Maristes, un cadeau qui sera source d’encouragement et d’inspiration dans notre quête d’une plus grande fidélité à vivre en fils de Marcellin Champagnat. C’est pourquoi, soyons tous unis pour célébrer ensemble cet événement dans la prière, dans l’action de grâce pour ce don de l’Esprit-Saint, transmis par le Bienheureux Marcellin et par des générations de Frères dont les vies ont inspiré ce texte.

Nous vivons une période de transition, sans doute plus complexe et plus difficile qu’aucune autre dans l’histoire de l’Institut, à l’exception peut-être des premières années de ce siècle, avec l’expulsion des Frères de France. Le renouveau de nos vies personnelles, de nos communautés, de notre apostolat, est un formidable défi. Comme Paul VI le disait prophétiquement voici une quinzaine d’années : «C’est une tâche exaltante, à la mesure des difficultés». (ET 51.)

Nous avons tous fait des erreurs, nous avons trébuché parfois sur notre chemin : pourtant, une chose est certaine : une Province, un Institut, ne peut être renouvelé que par ceux qui y restent, par ceux qui sont prêts à faire face aux difficultés et aux tempêtes d’un temps qui change. Je n’ai pas l’intention de critiquer ou de juger ceux qui ont quitté l’Institut, quelques-uns pour de bonnes raisons. Mais, à vous qui avez persévéré pendant ces temps très éprouvants et qui vous êtes efforcés avec générosité de renouveler vos vies personnelles et la vie de l’Institut, j’exprime de tout cœur mes remerciements et mon estime.

A présent, grâce à la vie et aux efforts, directs et indirects, de beaucoup d’entre vous, nous avons des Constitutions qui peuvent, tout à la fois, nous guider et nous inspirer dans notre volonté commune de «suivre le Christ, comme Marie l’a suivi, dans son amour pour son Père et pour tout homme».

Les Constitutions sont pour nous un texte qu’il faut vivre, non pas à cause d’un décret donné par Rome, non pas en raison d’un attachement nostalgique au passé, mais à cause de l’Esprit-Saint qui agit dans le monde et dans nos vies, tout comme jadis, dans la vie du Bienheureux Marcellin. La présence de l’Esprit repose en nous d’une manière spéciale : elle est un don destiné à renouveler et enrichir nos cœurs et le cœur de tous ceux que nous approchons, à nous aider à soulager leurs peines, à accroître leur espérance et à nourrir leur foi.

Dans la seconde partie de cette lettre, partie la plus importante, je proposerai à votre réflexion et à votre prière quelques pensées sur les Constitutions. Mais auparavant, je voudrais raconter brièvement mes récents contacts avec quelques Provinces, contacts qui m’ont permis de vivre avec les Frères, de parler avec eux, de les écouter et de constater leurs efforts généreux pour vivre les Constitutions.

Récents contacts avec les Frères

Ces derniers mois, j’ai eu le bonheur de visiter nos Frères du Brésil, d’Irlande, de Grande-Bretagne, des États-Unis et du Nigeria. J’ai eu également un court mais très heureux contact avec les jeunes Frères européens réunis en Espagne. Et ces rencontres m’ont apporté chacune leur grâce particulière. Je me permets donc de partager avec vous quelques idées que me suggèrent ces visites.

Zimbabwe et Afrique du Sud

Ma première sortie de Rome a eu lieu en avril et le suis allé au Zimbabwe pour participer au Chapitre du District et rencontrer les Supérieurs de dix pays d’Afrique qui venaient planifier la formation postérieure au Noviciat, pour l’Afrique et Madagascar.

 Malgré les barrières des langues et autres difficultés, cette rencontre a été un succès et elle a été marquée par un véritable esprit de discernement. On a pris la décision de créer à Nairobi un Centre qui serait affilié à l’Université «Urbaniana» de Rome. Vous trouverez ultérieurement des détails à ce sujet dans notre publication, «FMS-MESSAGE».

Quant à nos centres au Zimbabwe, il est impossible de les visiter sans être très frappé des initiatives, du labeur et de là générosité de nos confrères Canadiens et des Frères d’autres Provinces qui oeuvrent là-bas.

Aujourd’hui, au Zimbabwe, les Frères affrontent des exigences nouvelles. il y a quinze ans, ils étaient six Frères. Maintenant, ils sont trente-deux. Dans les années 70, onze Frères étaient africains. Tous, sauf un, ont quitté, à cause surtout des pressions et des complications dérivées de la guerre et de l’indépendance.

Le plus urgent est évidemment de s’occuper activement des vocations et de la formation des jeunes qui veulent devenir maristes. Ensuite, de s’assurer que ces jeunes vont trouver l’ambiance voulue pour constituer de vraies communautés maristes zimbabwéennes.

Les Frères du District ont bien conscience des perspectives nouvelles. Actuellement, il y a un Frère de vœux annuels, un novice, cinq postulants et quatorze aspirants. Je vous demande de prier avec eux et pour eux et pour tous les Frères qui s’attaquent à rebâtir le District, tâche vitale pour les jeunes de ce beau pays.

En allant au Zimbabwe, j’ai pu faire un bref séjour à Johannesburg, en Afrique du Sud. Malgré la situation tragique et très complexe, je ne sors jamais d’une visite à ces Frères sans y trouver un grand encouragement.

Plus tôt que d’habitude, cette année, le Provincial, les membres de son Conseil et quelques Frères se sont réunis pour discuter de la crise de l’éducation dans le pays. ils ont ensuite envoyé une lettre aux Frères de la Province avec un résumé de leurs discussions et suggestions. J’ai trouvé que c’était un excellent document et je suis très heureux de vous en donner quelques fragments pour votre réflexion et votre prière.

Extraits du document

1. Il faut d’abord penser que l’avenir est entre les mains de Dieu. Malgré des perspectives pessimistes, notre foi doit nous aider à donner à autrui une vision d’espoir. En fin de compte, ce n’est pas pour notre justice ou pour la justice humaine que nous devons nous battre mais pour la justice de Dieu.

2. Il est important que nos efforts pour la justice soient animés par une spiritualité équIlibrée et profonde : donc, que nous ne fassions pas la double erreur, d’abord de nous cacher la tête dans les nuages, en négligeant le réel de la situation et ensuite de gaspIller nos énergies dans des efforts humanistes mal dirigés.

3. Tout en luttant pour nous libérer, nous-mêmes et d’autres, du péché (personnel et structurel), nous n’oublions pas que la plus haute valeur est «la liberté des enfants de Dieu» et non pas une liberté inventée par l’homme.

4. La plus grande partie de notre travaIl éducatif et de nos efforts comme religieux devrait nous amener fréquemment à examiner les valeurs pour lesquelles nous combattons. Nous avons besoin d’aiguiser constamment notre vision sur ce qui se passe dans la société qui nous entoure, de bien faire nôtres les valeurs qui mènent à Dieu, combattant, pour les rejeter, celles qui mènent ailleurs. A cet égard, nous devons parfois nous demander si les structures que nous avons établies nous aident à suivre le Christ ou au contraire nous en empêchent : ce qui a rendu service naguère peut, à un autre moment, devenir nuisible.

5. Il faut apporter, face à la crise actuelle, ce que nous donne notre spiritualité mariste. Parfois, cela voudra dire attendre patiemment que Dieu agisse à travers nous : parfois aussi, nous mettre à l’écoute des inspirations de l’Esprit qui nous pousse à agir avec courage et confiance. Nos nouvelles Constitutions (art 84) s’expriment ainsi en parlant de Marie : «Nous la contemplons, inconnue et cachée dans le monde, fidèle à sa mission de donner Dieu aux hommes. Dans la simplicité, l’enthousiasme et la charité, elle porte le Christ au Précurseur et le révèle aux bergers et aux mages. Avec patience, elle attend l’heure de Dieu, prête cependant à intervenir pour obtenir le premier signe qui suscite la foi des disciples».

Spécialement dans la situation actuelle, Il y a dans notre spiritualité, un refus des moyens de puissance et une pauvreté qui sont spécifiquement maristes : Ils nous disent que nous n’avons pas toutes les réponses, mais que notre présence et notre soutien ont beaucoup de valeur pour ceux qui souffrent, comme c’était le cas quand Marie était au pied de la Croix.

Le charisme mariste peut aussi nous mettre dans une certaine insécurité et nous rendre aptes à prendre des risques. Selon le mot du Frère Charles Howard, dans son discours de fin de Chapitre général, «la fidélité à notre Fondateur exige presque inévitablement de la hardiesse, des initiatives, de la créativité».

 Les Frères d’Afrique du Sud complètent ce texte en donnant des suggestions pratiques pour leur action. Ce n’est pas le lieu ici de citer ces points, mais j’en mentionnerai quand même deux, à cause de leur application possible qui peut être importante pour tous.

Ils parlent du besoin «d’avoir un contact réel et vécu avec ceux qui sont le plus victimes de la crise». C’est très facile, en effet, de vivre dans un monde irréel, bien enfermés dans notre petit ghetto et de ne rien comprendre de ce qui se passe autour de nous. Leur lettre parle aussi du besoin «d’arriver à une meilleure compréhension du problème en cherchant, par la lecture, une information assez large et en échangeant là-dessus entre nous, ou mieux encore avec des gens qui viennent de l’autre côté de la frontière raciale».

Je remercie Dieu de l’exemple donné par ces Frères et, d’une manière particulière, de leur volonté, en dépit des difficultés, de discerner consciencieusement leurs priorités apostoliques.

Brésil

En mai, avec les Frères Benito et Claudio, j’ai eu la chance d’une réunion avec soixante Frères brésiliens : Provinciaux, Conseillers Provinciaux, Économes et Frères qui avaient des responsabilités dans la formation et le travail pastoral.

Les cinq premiers jours ont été consacrés à une étude des réalités de l’Église au Brésil, avec des personnalités de haut niveau, comme Dom Ivo Lorscheiter, Président de la Conférence épiscopale, Frère Claudio Falquetto, FMS, Président des Supérieurs Majeurs, Père Bastos Avila et d’autres encore, qui nous ont donné un aperçu extrêmement riche de la situation actuelle.

Une autre semaine a été consacrée à étudier les implications de cet échange pour les Provinces maristes. Malgré bien des complications, il m’a semblé que les Frères étaient ouverts et courageux pour affronter l’avenir. Évidemment, après un si bref séjour, on ne peut donner que des impressions assez superficielles : cependant, voici ce que j’ai pu ressentir :

Un très fort attachement des Frères au Père Champagnat, à son charisme et à son esprit. Ceci est vital pour nous tous, parce que nous sommes porteurs aujourd’hui de ce don que l’Esprit a transmis à l’Église par Marcellin.

Une manière de penser en Église de la part des Frères. Ce devait être un des aspects les plus consolants de ces journées. il est si facile de vivre isolés, presque coupés de l’Église.

Le haut niveau du dialogue, le degré d’ouverture et la volonté de s’écouter réciproquement.

Le Pape a affirmé que notre époque était un moment historique pour l’Église du Brésil qui essaie de faire face à deux grandes exigences : l’évangélisation et l’effort pour créer une société plus juste.

Nos Frères, avec leur générosité et leur créativité, détiennent une bonne partie de la réponse de l’Église à ces exigences, dans cet immense pays qui est maintenant au dixième rang dans l’économie mondiale et au huitième dans le marché mondial. Nous ne pouvons évidemment pas répondre à tous les besoins, mais notre réponse doit, en tout cas, refléter le charisme de notre Institut avec un accent particulier mis sur l’éducation chrétienne des jeunes, spécialement des plus défavorisés.

Seulement un chiffre pour indiquer la grandeur du problème, face au pays et à l’Église. Avant d’arriver à São Paulo, un des Frères m’avait dit qu’il y avait cinq cent mille jeunes à l’abandon dans cette ville de quelque quinze millions d’habitants. Je me demandais s’il n’exagérait pas. «Non, affirma un autre Frère, vivant dans la ville, très au courant du problème, le chiffre est probablement plus près de six cent mille».

Alors, mes Frères, rendons grâce pour tout ce que nos confrères ont réalisé dans ce pays extraordinaire. Et prions avec eux afin qu’ils trouvent les décisions à prendre, si difficiles qu’elles soient pour l’avenir.

États-Unis

En août, j’ai eu la joie de participer aux célébrations du centenaire de nos deux Provinces des États-Unis : Esopus et Poughkeepsie. C’était un joyau de célébration : pas de triomphalisme, mais un heureux mélange de prière, de fraternité, de partage. Je crois qu’il aurait été impossible de ne pas être profondément remué et encouragé par ces journées de vie communautaire.

La liturgie finale de la rencontre comportait l’«envoi en mission» de trois Frères qui allaient quitter les États-Unis pour lancer une nouvelle fondation mariste au Libéria, en Afrique occidentale. Monseigneur Dalieh, évêque de Cap Palmas où travaillent les Frères, était présent ainsi que quelques membres de la famille des Frères. C’était une occasion exceptionnelle d’être avec les Frères qui recevaient leur envoi en mission de leur Évêque, de leur Supérieur général et de quelque quatre cents autres Frères, soit de leur Province, soit d’autres Provinces maristes.

L’impact de la cérémonie fut remarquable. À mon avis – et d’autres, je pense, ont eu la même idée— cela allait plus loin que l’envoi de ces trois Frères. Tous ceux qui étaient présents étaient impliqués, et pas seulement dans l’envoi ou dans une promesse de soutien, d’encouragement et de prière. il y avait plus. Ces Frères, seuls, quittaient leur patrie pour aller annoncer la Bonne Nouvelle au nom de Jésus-Christ, mais nous pouvions tous, durant cet événement, sentir notre cœur animé du désir de continuer la mission de Jésus et d’y consacrer toutes ses puissances.

Chacun a eu des moments de défaillance où il a été moins que généreux et où il a pris conscience de sa faiblesse. Mais cela n’empêche pas de prendre conscience aussi d’être appelés à suivre Jésus pour continuer sa mission. Dans ces Frères prêts à quitter leur pays, leur communauté, leurs amis, nous nous retrouvions nous-mêmes avec nos désirs, et le meilleur de nous-mêmes. Que nous vivions notre vocation au Libéria, à New-York, au Texas ou à Rome, ce n’est pas là ce qui importe. L’important c’est que nous essayions de la vivre avec un cœur généreux et aimant.

A la fin d’une célébration, on m’a fait docteur Honoris Causa en Lettres Humaines. J’ai dit aux Frères qu’un tel honneur mettait mon esprit dans une certaine confusion, pour bien des raisons que je n’arrivais pas à expliciter, sauf une peut-être. La voici. Il y a quelques années, alors que j’étais Directeur d’un grand pensionnat, les parents me félicitaient et me remerciaient pour la bonne éducation que recevaient leurs enfants. Or, j’étais tout à fait conscient que les héros dignes de ces louanges étaient les Frères qui se dévouaient à fond en classe, au dortoir et sur les terrains de jeu. Dans le cas actuel, il était bien clair aussi, qu’une des raisons de mon doctorat Honoris Causa était de reconnaître, à travers moitié le travail des Frères des États-Unis et, plus largement, la contribution qu’ils apportent en bien d’autres pays dans le domaine de l’éducation. Donc, à ce titre, j’ai été très heureux d’accepter cet honneur, au nom de tous les Frères qui avec générosité se donnent à fond, sans bruit, et sont des éléments-clé du succès de l’œuvre mariste.

Nos Frères des États-Unis ont traversé deux décennies plutôt troublées. Cela a été dû à des changements et à des soubresauts dans la société en général et dans l’Église. Souvenons-nous de la guerre du Vietnam et du mouvement pacifiste, du mouvement pour les droits civiques, des bouleversements dans les universités et dans les lycées, du mouvement féministe, des changements de l’après-Concile, etc. … Ce fut une période difficile qui a exigé sa rançon de déviations et d’anomalies diverses.

Cependant, je quitte toujours les États-Unis avec un sentiment de gratitude pour l’élan des Frères, pour leur zèle envers les jeunes, leur enthousiasme pour la mission de Jésus-Christ et, en général, pour la volonté de beaucoup d’entre eux d’affronter les réalités. Prions ensemble, nous unissant à eux, au seuil de leur second centenaire, pour qu’ils répondent avec générosité aux appels du Saint-Esprit dans leurs vies et dans la vie de leurs deux Provinces.

Nigéria

Pas de doctorat Honoris Causa au Nigeria. J’ai néanmoins reçu deux beaux cadeaux des Frères qui étaient réunis pour la retraite basée sur les Constitutions. Le premier est une carte d’Afrique, avec des incrustations sur bois, indiquant les seize pays où nous sommes. Le second était encore plus précieux. Chaque communauté du district s’était arrangée pour établir systématiquement des réunions de partage sur la Bible et les Constitutions. Je sais que les communautés y seront fidèles, et je suis sûr que ces réunions enrichiront leur vie et leur union. Que ce cadeau des Frères du Nigeria et du Ghana soit pour nous tous un exemple et un encouragement !

La première fondation des Frères Maristes au Nigeria a été réalisée par les Frères de Grande-Bretagne en 1949. En 1956, les membres d’une congrégation diocésaine (Frères de Saint Pierre Claver) se sont unis à nous. Le district a maintenant deux communautés au Ghana, et il y a déjà quatre Frères ghanéens : le district, lui, compte un total de quatre-vingt-trois membres.

Les points forts du district sont : un merveilleux esprit de famille, l’intérêt pour les pauvres et un grand esprit de prière communautaire.

Les Frères souffrent un peu de ce que leur vocation dans l’Église n’est pas bien comprise par la plupart des gens et même par les évêques et les prêtres. Évidemment, cela ne facilite pas leurs efforts pour trouver des vocations. Malgré cela, ils manifestent une grande espérance. Et ils envisagent d’arriver au statut de Province.

Irlande

Il y a quelques années, j’avais passé un certain temps en Irlande, appréciant grandement l’hospitalité des Frères. C’est pourquoi, j’ai été très heureux de revoir ce pays pour être avec les Frères, au cours de leur retraite annuelle.

Si je m’en réfère au rapport des Supérieurs Majeurs de l’année passée, l’Église d’Irlande, avant le Concile Vatican pp, était caractérisée par les termes de certitude, de passivité et de sécurité. Le rapport faisait une intéressante description du rôle des religieux dans la société irlandaise :

«Les religieux étaient rarement, voire jamais, critiqués. ils étaient universellement estimés par les gens, et leur style de vie admiré. Leur travail, spécialement dans les écoles et les hôpitaux suscitait la vénération. La vie religieuse était toujours proposée aux jeunes comme un haut et noble idéal : la réponse était généreuse et enthousiaste. Les noviciats étaient pleins et rien n’indiquait que cela pourrait changer. Les religieux ne remettaient pas en question leur genre de vie ni leur spiritualité. En conséquence, la sainteté faisait partie de leur état de vie. Bien sûr, d’autres pouvaient devenir saints mais cela semblait moins évident. Personne n’avait de doute sur ces points».

Cependant, dans les deux dernières décennies, il y a eu des mutations sociales considérables, avec d’importantes répercussions sur la vie religieuse et tout particulièrement sur les vocations. L’Église d’Irlande avait une forte tradition missionnaire et bien des pays en tiraient un grand bénéfice. C’était une terre riche en vocations : mais tout cela a rapidement changé.

La retraite a été un très bon moment pour réfléchir avec les Frères au sujet de nos Constitutions. Pour tâcher aussi de discerner comment renouveler notre identité et notre mission, et les remodeler en vue de l’avenir. J’ai confiance que la tradition de foi et d’esprit fraternel des Frères les rendra capables de relever le défi, quelles que soient les implications que cela puisse supposer pour l’avenir.

Grande-Bretagne

La Province de Grande-Bretagne a toujours eu une attention particulière pour les défavorisés, et cela continue, dans des oeuvres apostoliques diverses.

Pour bien des raisons – restructuration du système scolaire, pléthore d’enseignants, prise de conscience de nouveaux besoins chez les jeunes, spécialement les chômeurs -, il y a eu de notables changements de priorités chez les Frères de Grande-Bretagne. Un de ces changements c’est que les Frères s’engagent dans des projets concernant les jeunes, en dehors du cadre scolaire.

Les Frères ont aussi un Secteur en plein essor au Cameroun, avec douze Frères de vœux annuels et cinq novices.

Les trois grandes priorités que la visite a mis en évidence sont :

1. La prière personnelle et communautaire.

2. L’amour fraternel avec partage et don de soi réciproque, tel que le décrit le chapitre 3 des Constitutions.

3. Le besoin d’une réflexion sur la mission qui fasse voir clairement les priorités apostoliques.

Que Dieu bénisse les Frères et leur travail en faveur des jeunes, en Grande-Bretagne et au Cameroun !

Dans toutes ces Provinces, beaucoup de Frères vivent des situations d’héroïsme, faisant le bien sans bruit, dans la fidélité à l’Évangile, au Fondateur et à ceux au service de qui ils sont. Vous aurez sans doute remarqué que ces Provinces ont à faire face à des défis importants. Ces défis réclament des changements et la conversion du cœur. Nous ne voulons pas pécher par suffisance ni cacher les points faibles de notre vie et de celle de nos Provinces. Certes, il y a des faiblesses, des limites, des lacunes : il y a des manques de fidélité à l’Évangile, aux signes des temps, à ceux au service de qui nous sommes et à nos propres idéaux.

Mais «nous avançons ensemble, guidés par le Père Champagnat, encouragés par le témoignage de fidélité des Frères qui nous ont précédés». (Const 46.)

Ainsi donc, dans notre prière communautaire spécialement, prions avec et pour les Frères, pour qu’ils restent sensibles et pleins de foi aux appels du Seigneur dans leur vie et celle de leur Province.

Notre identité au sein de l'Église et les responsabilités qui en découlent pour nous

Notre Institut a été fondé sous l'inspiration du Saint-Esprit pour exercer, par sa vie, son témoignage et son action apostolique, une influence vivifiante dans l'Eglise et dans le monde. II s'agit là d'un don particulier à l'Eglise; et donc le peuple de Dieu qu'est l'Eglise a le droit d'être informé sur notre fondation et d'examiner nos documents afin de voir s'ils sont fidèles à l'Evangile et à l'Eglise. Ainsi quand nous présentons nos Constitutions à l'Eglise, nous affirmons que nous sommes d'Église. Nos Constitutions ne concernent pas seulement les Frères Maristes. EIIes appartiennent à un organisme plus large et nous donnent une place au sein de l'organisme ecclésial. C'est une déclaration, que nous faisons à l'Eglise, de notre origine, de nos traditions, de notre esprit, de nos aspirations et de nos dons.

La nouvelle rédaction de nos Constitutions engageait notre responsabIlité puisque ce don de l'Esprit-Saint à l'Eglise d'aujourd'hui se transmet par les Frères d'aujourd'hui. Oui, nous avions la responsabilité de l'entreprendre, de l'approfondir et de le partager, étant les mieux placés pour le comprendre, l'apprécier et l'adapter à l'Eglise.

Un don de l'Esprit-Saint

Pour apprécier parfaitement nos nouvelles Constitutions, il est indispensable d'examiner la notion de charisme. Le terme charisme est employé dans le sens paulinien d'une grâce spéciale pour le service des autres. Avant Vatican II, les charismes paraissaient s'être Iimités à la primitive Église. Le Concile a modifié cette opinion théologique et reconnu que l'Esprit-Saint distribue des charismes parmi les fidèles de tous les temps.

Dans sa lettre aux Religieux «Evangelica Testificatio», en 1971, le Pape Paul VI emploie «charisme» en parlant de la vie religieuse et aussi en parlant des Fondateurs. De nos jours, des théologiens parlent de «charismes collectifs», de «charisme du Fondateur», de «charisme de fondation», mais il n'est pas utile de nous étendre sur ce point.

L'enseignement de Paul VI a été développé ultérieurement dans un autre document, en 1978. Je reconnais que les Frères ne peuvent pas être au courant de tous les textes publiés par la hiérarchie, mais ce document «Directives pour les relations mutuelles entre évêques et religieux, dans l'Eglise», ou plus simplement «Mutuae Relationes», fait partie de ceux qu'il ne faudrait pas ignorer.

II a été le fruit d'une consultation avec les Conférences nationales d'évêques et religieux, et aussi avec les Unions internationales de Supérieurs généraux. Une assemblée plénière mixte a eu lieu entre la Congrégation pour les Évêques et la Congrégation pour les Religieux et les Instituts Séculiers (CRIS).

Voici les trois questions principales qui ont été abordées :

1. Ce que les évêques attendent des religieux.

2. Ce que les religieux attendent des évêques.

3. Que peut-on faire pour assurer une fructueuse coopération entre évêques et religieux à tous les niveaux.

Le document «Mutuae Relationes» qui constitue la réponse à ces questions est très riche pour l'Eglise.

En référence à la théologie de ce document, nous pouvons établir que le charisme de Marcellin Champagnat est une expérience de l'Esprit, et par conséquent, la source de sa spiritualité et de son zèle apostolique et donne un caractère distinctif à notre communauté religieuse. «Ce caractère distinctif entraîne aussi un style particulier de sanctification et d'apostolat. II crée sa tradition à lui, avec comme résultat que l'on peut très vite en voir les éléments subjectifs». (MR 11.)

Le discernement évangélique du Fondateur, son insistance particulière sur certaines valeurs évangéliques, constituent une partie importante de son charisme et sont en relation avec son expérience de l'Esprit-Saint. Chez Marcellin, un exemple évident de cela est l'amour de Jésus et de Marie pour chacun d'entre nous et le fait que nous soyons saisis par cet amour.

Nous pouvons affirmer, dès lors, que le charisme de Marcellin Champagnat est une inspiration claire de la part de l'Esprit-Saint, pour fortifier le peuple de Dieu. Ce charisme nous est transmis à nous, Frères, pour être vécu, maintenu, approfondi, développé et partagé. (MR 11.) Le charisme renferme le pouvoir d'attirer d'autres personnes dans la poursuite de la mission.

II s'en suit que nous, les Frères, qui partageons ce don, avons une sérieuse responsabilité envers l'Institut, l'Église et tout le peuple de Dieu. Être fidèle à ce don, sans avoir le sens de l'Eglise est, évidemment, un leurre.

De leur côté, «les Supérieurs religieux ont le grave devoir – pour mieux dire, c'est leur responsabilité majeure – d'assurer la fidélité de leurs Frères au charisme du Fondateur, en les stimulant au renouveau que prescrit le Concile et dont notre époque a besoin». (MR 14.)

Donc, depuis le Concile, nous étions invités à réécrire nos Constitutions à la lumière de la théologie dont nous venons de parler. Et c’était notre responsabilité majeure de tout faire pour approfondir l’inspiration charismatique du Bienheureux Marcellin Champagnat.

Voici les deux principales méthodes que nous avons mises en oeuvre à cet effet :

1. Recherche, réflexion, méditation sur la vie de Marcellin et de nos premiers Frères. L’Institut a une grande dette de gratitude à l’égard de tous les Frères qui ont travaillé dans ce sens avec tant de ferveur, et il s’est vraiment enrichi de tous les travaux accomplis, ces quelque vingt dernières années.

2 . Réflexion sur notre expérience comme Frères Maristes, sur l’expérience des Frères avec qui nous avons vécu, sur l’action de l’Esprit dans leur vie. Il pourrait bien se faire que l’on sous-estime l’importance de cette méthode qui, pourtant, nous fait accéder à une compréhension plus claire de la présence de l’Esprit-Saint dans la vie de notre institut.

Les Frères qui, de 1965 à 1985, ont contribué au résultat actuel, étaient profondément pénétrés de ce contact avec l’esprit et la tradition de nos origines maristes.

L’effort accompli par les Capitulants du Chapitre général de l’an dernier pour traduire ce charisme, cet esprit et cette tradition par des mots vivants, est patent. J’ai félicité tous les intéressés pour l’excellent travail et le grand esprit d’unité que manifeste la présente rédaction des Constitutions. J’ai seulement ajouté une petite nuance en rappelant le dicton : «C’est Dieu qui a dessiné le cheval avec toute la beauté de ses formes et de ses mouvements, mais c’est une commission qui a dessiné le chameau». Et nous étions effectivement conscients des erreurs de parcours que nous avions faites, de nos tentatives pour marquer nos différences face à la loi, de nos mentalités et cultures bien diverses et des problèmes de communication. Tout cela cependant ne nous empêchait pas de vouloir être fidèles à l’Esprit-Saint et au Fondateur, mais avec la préoccupation d’être compris, dans soixante-dix pays, par les Frères d’aujourd’hui et aussi par ceux de demain.

C’est donc, en définitive, un travail d’amour et de respect qui a été accompli avec un grand sens de collaboration fraternelle, dans l’esprit de Champagnat qui lui-même a dû lutter pour donner forme humaine à l’inspiration dont l’Esprit l’avait investi.

Entrer plus à fond dans le mystère de ce don de l’Esprit à Marcellin, dans sa vision du mystère de Jésus-Christ, dans son zèle apostolique, c’était, à la fois, un privilège et un devoir d’amour.

Le résultat est maintenant un document qui peut nous faire entrer davantage dans l’intimité de Jésus, de Marie et de notre Fondateur. Ce n’est pas un document à ranger précieusement dans les archives. Non, il est fait pour être aimé, prié, vécu.

C’est un document qui nous oblige à un nouveau départ, à mesure que nous réaffirmons avec confiance, non seulement la valeur du religieux mariste dans l’Église, mais aussi le besoin d’apôtres maristes convaincus, pour l’Église et le monde d’aujourd’hui. Comme le rappelait Jean-Paul II dans son adresse personnelle à nos Capitulants : «Votre mission auprès de la jeunesse est indispensable».

Je profite donc de cette occasion pour remercier très sincèrement tous les Frères qui ont participé de quelque façon au travail des Constitutions. Ce qu’ils nous ont donné est une interpellation, un document qui nous aidera à approfondir notre amour du Seigneur, notre consécration mariste, notre mission au milieu du monde, surtout le monde des jeunes et des pauvres.

Histoire de l’évolution de notre texte

Il vaut la peine d’examiner l’évolution du texte actuel. Ce qui suit est un bref résumé des étapes successives qui l’ont amené à l’approbation, par la Congrégation pour les Religieux et les instituts séculiers (CRIS), au nom de l’Église, le 7 octobre 1986.

* 9 janvier 1863. Pie IX approuve l’Institut des Petits Frères de Marie. Nos Constitutions sont également approuvées (per modum experimenti) pour cinq ans, approbation qui sera régulièrement renouvelée jusqu’à l’approbation définitive par Léon XIII, le 27 mai 1903.

* Les Constitutions de 1903, après révision selon le nouveau Code et modifications par le Chapitre général de 1920, sont approuvées par le Pape Pie XI, le 4 avril 1922.

* Pendant le Concile Vatican pp, le Conseil général prépare un brouillon de nouvelles Constitutions, à discuter par la Conférence des Provinciaux en mai 1965, en vue du XVIième Chapitre général.

Les Provinciaux demandent que soit formée une Commission, avec des représentants des divers groupes linguistiques, pour préparer un troisième projet, en utIlisant les deux premiers, les documents conciliaires, les avis et suggestions des Frères des Provinces.

Une commission de douze Frères est nommée. Elle est présidée par le Frère Oliver Sentenne. Ces Frères se réunissent à Rome, pendant deux mois, en 1966. Le texte qu’ils mettent au point est envoyé à toutes les Provinces pour étude, et dans la perspective du Chapitre général qui doit commencer en septembre 1967.

* La première session du Chapitre général (septembre-novembre 1967) a été tellement occupée par la préparation d’autres documents que le temps à manqué pour examiner le projet des nouvelles Constitutions. Le Chapitre a donc demandé qu’une nouvelle commission soit créée pour préparer un nouveau texte, en vue de la seconde session qui devait commencer en septembre 1968. Il était demandé à cette commission de tenir compte des projets précédents, des documents préparés par les diverses commissions du Chapitre général et des notes envoyées par les Frères des Provinces.

* Les Frères de cette commission étaient : Les Frères Olivier Sentenne (Canada), Gabriel Michel (France), Juan Marla (Espagne), Léonard Voegtle (États-Unis). Ce dernier, devenu Provincial, fut remplacé par le Frère Quentin Duffy.

Profitant de la publication des Normes d’«Eccleslae Sanctae», de l’expérience et des suggestions de nombreux Frères, de l’aide d’experts en théologie et autres experts, Ils allaient préparer un quatrième texte pour q’ouverture, en septembre, de la seconde session du Chapitre général. Ce brouillon serait la base du texte discuté, article par article, avec les amendements proposés par les commissions et par l’Assemblée générale. C’est presque à j’unanimité que le texte final fut voté et ainsi, ces Constitutions «ad experimentum» devaient nous guider jusqu’au Chapitre général suivant, en 1976. (Ce que nous avions dans ces Constitutions correspondait à la fois aux Constitutions de 1920 et aux Règles Communes.)

* Le XVIIième Chapitre Général de 1976 avait bien pensé réviser le texte de 1968, en tenant compte des remarques envoyées par les Frères et les communautés, et des désirs du Chapitre. Mais il fut vite évident que l’on ne pourrait pas faire, au cours d’une session, tout le travail que cela représentait. Il fut donc décidé de mettre à profit la possibIlité que l’on avait de prolonger là période d’expérimentation jusqu’au prochain Chapitre général. Frère Basilio Rueda faisait d’ailleurs très justement remarquer, à la fin de la session, que cela donnerait le temps d’«approfondir davantage nos Constitutions dans la prière et de les amener au niveau d’une expérience vécue».

Il était demandé au Conseil général de nommer, en temps opportun, avant 1985, une commission pour préparer un projet de Constitutions, en vue de l’Assemblée capitulaire.

* En octobre 1982, le Conseil général, suivant la proposition du Chapitre général, nommait les quatre Frères qui devaient être le noyau de cette commission : les Frères Alain Delorme (France), Fergus McCann (Australie), Aleixo Autran (BrésIl) et José Vera Lopez (Espagne). Ces Frères commencèrent leur réflexion avec Frère Quentin Duffy, en juillet 1983.

* En mai 1983, huit autres Frères furent nommés avec j’idée d’apporter une vision globale de l’Institut : les Frères Peter Berchmans Appuhamy (Sri Lanka), Majella Bouchard (Canada), Aureliano BrambIla de la Mora (Mexique), George Fontana (États-Unis), Juliàn Garcia RIlova (Argentine), Emmanuel Ramaroson (Madagascar), Paul Sester (France) et Quentin Duffy (Australie).

Les douze membres de la commission se réunirent pendant deux semaines en novembre 1983. Ensuite le noyau, avec le Frère Brambila, s’attaqua à la rédaction d’un texte préliminaire qui fut révisé par la commission au complet, en mai 1984. Après les dernières retouches, Il était envoyé aux communautés en juillet 1984. On demandait aux Frères et aux communautés de faire leurs observations et suggestions avant le 1ermars 1985.

* De novembre 1984 à février 1985, sept membres de la commission travaillèrent à réviser les Normes d’Application, en vue de les présenter aux capitulants en même temps que le projet des Constitutions.

* De mars à mai, la commission toute entière travailla pour arriver à un projet final, en tenant compte des observations envoyées par les Frères, à titre individuel ou en groupes. Ce projet concernait à la fois les Constitutions et les Statuts (ce dernier terme remplaçait celui de Normes d’Application). Il fut envoyé à tous les capitulants, en juin 1985.

* Présenté à l’Assemblée générale des capitulants, le 2 septembre, Il était proposé comme base d’étude pour le Chapitre et Il allait être approuvé, comme tel, le 16 septembre par un vote de 123 oui, 7 non et 2 abstentions.

Sur les sept semaines que dura le Chapitre, la plus grande partie du temps des capitulants allait être consacrée à la préparation des Constitutions actuelles. Le travail initial était fait en commission, puis Il venait à l’Assemblée générale pour présentation et explication. Cela donnait j’occasion de suggérer des amendements. Ceux-ci étalent discutés par les commissions : ensuite l’Assemblée les discutait et votait.

Avec des commissions qui travaillent presque indépendamment les unes des autres, il était évident qu’Il y aurait des répétitions, un manque d’uniformité dans l’emploi des termes, et quelques autres faiblesses. Le Chapitre allait donc être amené à sentir le besoin de nommer une Commission de rédaction pour mettre au point la forme du texte sans rien changer au contenu.

Le Chapitre donna, au Supérieur général et à son ConseIl, mandat pour superviser la mise au point définitive du texte et pour demander son approbation par le Saint-Siège.

* Les Frères nommés à la Commission de rédaction furent : Aureliano Brambila (Mexique), Alain Delorme (France), Quentin Duffy (Australle), Juan Moral (Espagne), Alexis Paquet (Canada) et Jean ThouIlleux (France).

Ces Frères travaillèrent sans relâche de la mi-décembre 1985 à la mi-janvier 1986.

Comme le dernier mot de la question revenait au Conseil général qui devait assurer une réponse fidèle aux vœux du Chapitre général, les Conseillers consacrèrent trois semaines à examiner le travail de la Commission de rédaction. Ils apprécièrent grandement la qualité de son travail. Après quelques modifications jugées nécessaires, Ils soumirent le texte des Constitutions et des Statuts à la Sacrée Congrégation pour les Religieux et les Instituts Séculiers (CRIS), le 11 mars 1986.

* La Congrégation répondit le 30 mai disant qu’elle était «heureuse de noter le soin et le sérieux avec lesquels le texte avait été préparé, l’accent mis sur le charisme et la spiritualité distinctives de l’Institut, ainsi que sur l’attention apportée à unir judicieusement normes juridiques et dimension spirituelle».

* Le Conseil général examina aussi les remarques de la Congrégation et lui retourna le texte amendé, le 25 juin 1986.

* Ce texte fut approuvé par le «Congresso» (réunion des hautes autorités de la CRIS), le 25 septembre 1986, assorti d’une condition concernant d’éventuelles modifications ultérieures. Le secrétaire de la CRIS disait encore dans une lettre datée du 3 octobre : «Les membres du ‘Congresso’ ont exprimé leur satisfaction au sujet de la manière dont les Constitutions expliquent la vocation des Frères, leur identité spirituelle et leur mission apostolique».

* Les derniers amendements étant décidés par le Conseil générai, le résultat fut le Décret d’approbation par l’Église, le 7 octobre 1986, fête de Notre-Dame du Rosaire.

Alléluia !

Et encore merci à tous les Frères qui ont contribué à cette oeuvre d’amour envers l’Institut.

Un appel à la conversion et à une vie nouvelle

Nous avons vu comment, en donnant aux instituts religieux le mandat de rédiger de nouvelles Constitutions, l’Église répondait à une motion du Saint-Esprit. Cette rédaction n’était pas un quelconque exercice technique, mais bien plutôt une collaboration avec le Seigneur, une invitation à nous servir de cette révision comme d’un moyen pour accéder à plus d’intimité avec lui, pour renouveler notre vie, personnellement et en groupe. Il est important pour nous tous de bien nous rendre compte de cela. Et en nous en rendant compte, de proclamer notre gratitude.

Le charisme donné par j’Esprit à Champagnat provoque de façon spéciale notre réponse au Père. C’est un appel qui s’adresse à chacun de nous. Le Christ nous dit «Suis-moi». Et cette invitation est un appel à la conversion qui se manifeste à nous tous„ spécialement dans nos nouvelles Constitutions.

Dans toute vie spirituelle, Il y a implicitement la notion de conversion. Le mot lui-même signifie changement de direction, retournement, éveil. La croissance spirituelle implique une conversion continuelle, un changement aussi dans le choix que nous faisons d’une relation de plus en plus authentique avec Dieu et avec les autres, un éveil à une vision nouvelle et à de nouvelles valeurs.

La conversion est une grâce, parce que c’est Dieu qui prend l’initiative en nous appelant. Quand nous recevons cette grâce avec humIlité et ouverture, notre cœur change et nous devenons plus réceptifs à q’appel de Dieu. Dans la vie de quelques saints, Il semble qu’il y ait eu des moments de conversion soudaine. Pensez à Saint Paul ou à Saint Augustin. Mais même chez eux, Il est certain qu’il y a eu conversion progressive dans leur manière de vivre. Nous sommes toujours capables d’un plus grand amour, d’une réponse plus généreuse.

«Tout ce que je désire, c’est de connaître Christ, avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, qui devenant conforme dans sa mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d’entre les morts. Non que je sois déjà au but, ni déjà devenu parfait, mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus. Non, Frères, je ne me flatte point d’avoir déjà saisi». (Ph. 3, 10-13.)

En écrivant ces mots de Saint Paul, je repense à cette belle histoire que me racontait un Frère. Il était allé voir un autre Frère mourant d’un cancer. Celui-ci était jeune, 35 ans environ. Face à un dialogue difficile, le visiteur commence à parler d’un match de cricket qu’Il avait suivi un peu avant dans l’après-midi. Et Il accompagnait la description du match de moulinets avec son parapluie. Ceci allait lui valoir une réplique du Frère alité : «Ne fais pas le fou : prends plutôt ça et lis». Et il lui indiquait les versets qui sont juste avant le texte cité plus haut :

«Je considère tout comme désavantageux à cause de la supériorité de la connaissance du Christ Jésus mon Seigneur. A cause de lui, j’ai accepté de tout perdre : je considère tout comme déchets, afin de gagner le Christ et d’être trouvé en lui». (Ph 3,7-9.)

L’article 166 de nos Constitutions, concernant la conversion du cœur, parle du besoin que nous avons de nous convertir sans cesse, de façon que, peu à peu, le Christ devienne Seigneur de nos vies. C’est le but de toutes nos vies : c’est là que nous demandons à Marle de nous conduire.

Un autre article (46) parle magnifiquement du voyage à accomplir au sein de notre consécration, voyage qui peut, par moments, connaître le doute, la perte d’enthousiasme, la sécheresse du cœur. Il parle aussi de la nécessité où nous sommes de nous frayer une route à travers tout cela, sans craindre le combat, sûrs de trouver en Marle et dans nos Frères la force inépuisable.

Il y a des Frères qui sont un peu lassés des termes «renouveau», «aggiornamento», et qui tout de suite se mettent à penser «Chapitres, Conférences, articles», etc. … On peut les comprendre jusqu’à un certain point. Mais si nous acceptons, comme Il se doit, qu’une conversion «toujours recommencée» est un point essentiel de toute vraie vie spirituelle, pour les individus et les groupes, je crois qu’Il faut nous réjouir d’avoir, dans nos nouvelles Constitutions, un puissant appel à la conversion et au renouveau. Refuser cela, c’est, à mon avis, refuser le rôle du Saint-Esprit dans l’Institut des Petits Frères de Marle.

Cet appel est pour chacun de nous un appel à une vie nouvelle dans le Christ, à une transformation progressive, à une intensification de la vie du Christ en nous. «Si quelqu’un est en Christ, Il est une nouvelle création : l'être ancien a disparu, un être nouveau est là.» (2 Co 5, 17.)

Pour réaliser cette conversion, nous ne sommes jamais seuls. Le Seigneur est toujours à nos côtés. Il y a une lecture du bréviaire, au Samedi Saint, qui exprime ceci parfaitement bien. L’écrivain imagine Jésus descendant aux enfers, à la rencontre d’Adam. Le saisissant par la main, Il le relève et lui dit : «RéveIlle-toi, Dormeur, et lève-toi de la mort : le Christ te donne la lumière. Je ne t’ai pas fait pour te voir ici prisonnier dans les profondeurs. Dresse-toi de la mort, lève-toi, oh homme !, pétri de mes mains. Lève-toi et sortons d’ici, car toi en moi et moi en toi, nous sommes une seule et même personne».

Beaucoup d’entre vous vont trouver que ce qui est écrit est vraiment ce qu’ils vivent déjà, ce qu’Ils ont déjà intériorisé. Nous nous en réjouissons et cela nous aidera à donner une réponse tout à fait cordiale à ces articles qui nous interpellent aujourd’hui de manière particulière. Par exemple, l’article 34 : «L’amour préférentiel des pauvres», qui unit j’appel que nous adressent nos traditions et j’appel actuel de l’Église formulé par Paul VI et Jean-Paul II.

Aussi, mes chers Frères, je vous invite très fort à accepter ces Constitutions comme un don du Saint-Esprit, un don de Marcellin Champagnat, de tous ceux qui nous ont précédés et de tous ceux qui font le voyage avec nous aujourd’hui, un don quitté à la fois, nous confortera et nous interpellera.

Amour de nos Constitutions

Au cours de sa visite en Grande-Bretagne, en 1981, le Pape Jean-Paul II lançait ce vigoureux défi aux Religieux de ce pays :

«Croyez au Seigneur Ressuscité.

Croyez en votre vocation personnelle.

Croyez que je Christ vous a appelés parce qu’il vous aimait.

Croyez dans j’inspiration spécifique et le charisme de votre Institut. Croyez en votre mission dans l’Église».

Si, effectivement, nous avons une foi ferme dans notre appel à servir le peuple de Dieu comme Frères Maristes, si nous croyons en la présence et en j’inspiration du Saint-Esprit dans notre vie d’aujourd’hui, Il s’ensuit que nous aurons respect et amour pour nos Constitutions. C’est jà, c’est dans cette parole écrite que se trouve condensée l’expérience du Saint-Esprit acquise par Marcellin, celle des premiers Frères et celle des générations suivantes, jusqu’à la nôtre. Et je prie avec ferveur pour que nous parvenions tous à avoir un grand amour de nos Constitutions. Je vous invite à joindre vos prières à la mienne.

Mes Frères, nous avons été appelés à suivre Jésus et à servir les autres d’une certaine façon. Cet appel est un don. Avec ce don, Il y a une consécration qui nous vient par Dieu, et c’est la vocation à faire partie d’une famille religieuse, celle des Frères Maristes. Nos Constitutions peuvent être comparées à un portrait de famille qui nous montre le meilleur de nous-mêmes : oui, ce qu’Il y a de meilleur en nous comme groupe, les valeurs et les idéaux que nous chérissons, alors même que nous avons bien conscience de ne pas être à la hauteur. Elles restent pour nous la meilleure expression que nous avons de l’expérience de notre Fondateur et des générations de Frères, jusqu’à nous. Elles contiennent la sagesse accumulée de milliers de Frères Maristes et nous pouvons tous voir en elles une grande partie de notre propre expérience et de nos propres aspirations. Il n’est donc pas étonnant que nous ayons à manifester beaucoup de respect pour ce style de vie qui est nôtre, et pour q’expression particulière de ce style de vie que sont les Constitutions. C’est là une part importante de q’amour que nous portons à l’Institut, ce groupe d’hommes conduits par l’Esprit et vers qui le Seigneur, dans son amour, nous a attirés.

Au cours de ces dernières semaines, la communauté de la maison généralice a reçu un beau témoignage d’amour envers l’Institut, dans la personne du Frère Alexandre Bai, un Frère chinois de 83 ans qui a pu passer de Chine en Allemagne, à q’invitation de son cousin. La présence de ce Frère parmi nous est un vigoureux rappel de ces Frères de Chine qui sont restés fidèles à leur vocation mariste, malgré l’absence de la plupart des soutiens habituels. Je suis heureux de profiter de cette occasion pour remercier ces Frères du beau témoignage d’amour qu’ils nous ont donné.

A mesure que nous avançons dans la vie, normalement nous progressons vers une meilleure compréhension de l’amour de Dieu pour nous et nous apprécions plus pleinement les mots d’amour si beaux que nous transmet Isaïe :

« Sion disait : ‘Me voilà délaissée. Le Seigneur m’abandonne’. L’enfant qu’elle a porté, une femme peut-elle j’oublier ? Eh bien ! si toutes oubliaient leurs fils, moi, je ne t’oublierai jamais, Jérusalem, car tes remparts sont toujours sous mes yeux et j’ai gravé ton nom sur mes deux paumes». (Is. 49, 14-16.)

Nous arrivons donc à mieux comprendre notre rédemption et, pour mieux imiter le Christ dans sa Pâque, nous nous efforçons de vivre les valeurs qu’il a vécues, ainsi que ses attitudes qui se résument dans un continuel don de lui-même. Notre croix de profession est, à cet égard, très clairement, emblème de notre consécration, de notre désir de suivre Jésus dans les profondeurs de son mystère pascal. De la même façon, nos Constitutions sont q’emblème de tout ce que nous sommes, de tout ce que nous voulons être et faire, pour répondre à q’amour de Dieu. Elles expriment tout particulièrement le don de nous-mêmes au Seigneur et à son peuple.

On peut dire que la Bible et les Constitutions sont tout un, pour nous : ce sont nos deux livres de vie et d’amour, vie et amour à la fois reçus et donnés. Ces toutes dernières années, nous avons fait le centenaire de l’arrivée des Frères au Canada, en Espagne et aux États-Unis. Nous nous réjouissons avec les Frères de ces Provinces. Nous rendons grâces pour les dons de vie et d’amour reçus par les Frères d’aujourd’hui et par les générations qui les ont précédés.

Tout particulièrement, c’est aux Frères français que nous pensons, eux, les pionniers qui ont fondé ces Provinces.

Nous nous réjouissons aussi de q’amour donné si généreusement par ces générations de Frères, car cet amour a enrichi la vie de centaines de milliers de jeunes qui ont été ainsi aidés à grandir humainement et spirituellement : cet amour a fortifié d’innombrables familles dans la foi intime, et a enrichi leur vie. Nous nous réjouissons de ce que la flamme de q’éducation catholique ait été allumée dans d’autres régions du globe par les Frères de ces Provinces, en Afrique, Asie, Amérique Latine et Amérique Centrale. Oui, c’est une merveilleuse histoire de dévouement et de générosité, avec ses milliers de missionnaires et son grand nombre de martyrs. Les archives des Provinces peuvent vous en donner les détails mais, s’il y a un document imprimé qui est à la source de cette vie, de cet amour et de ce dynamisme, c’est bien nos Constitutions, unies à la Bible.

Ce n’est pas là de l’imagination, mes Frères. Prenez à cœur les Constitutions comme emblème de votre vie, de votre être profond, de votre consécration, de votre amour pour les autres. Qu’elles soient pour nous tous un livre sacré. Que nous puissions les considérer à la fois comme un don reçu qui résume tout ce que nous recevons du Seigneur, et comme un don que nous offrons et qui représente tout ce que nous essayons de donner à ceux que le Seigneur nous envole pendant notre vie.

Ce livre sacré que sont nos Constitutions représente pour nous, de façon particulière, la Bonne Nouvelle de Jésus concernant q’amour du Père, la Bonne Nouvelle que nous recevons dans toutes les paroles qui nous révèlent q’amour de Dieu : la Bonne Nouvelle que nous transmettons, en nous efforçant de partager à d’autres ce que nous avons compris de q’amour du Père.

Lire et prier les Constitutions

1.  Lire les Constitutions

De toute évidence, nous avons besoin de lire et d’étudier le texte des Constitutions pour nous familiariser avec son contenu. Mais l’essentiel va beaucoup plus profond : c’est une affaire de cœur. C’est pourquoi, en vue de votre lecture des Constitutions, je vous fais les suggestions suivantes :

1.1. Que votre attitude, dans cette lecture, reflète la richesse de son contenu et la grande valeur qu’elle a pour votre vie de Frère Mariste. Soyez convaincu qu’il y a là un moyen de nous aider, de nous soutenir dans une conversion permanente, dans nos efforts de fidélité à la volonté du Père.

1.2. Commençons par une prière d’action de grâces pour les Constitutions, pour la vie du bienheureux Marcellin et pour les générations de Frères dont la vie a apporté sa quote-part à ce chef-d’œuvre.

Demandons à Marle de nous aider à nous ouvrir à l’Esprit, d’être généreux pour répondre aux appels que provoque en nous cette lecture.

1.3. Ne lisez pas les Constitutions en observateur détaché, mais à la première personne. Que les paroles de ce texte vous parlent de vous-même et reflètent votre expérience de vie, comme Frère Mariste.

La beauté, ou j’absence de beauté, des paroles de la traduction peut aider ou gêner, mais l’essentiel est aIlleurs. Si vous êtes hypersensible au choix des mots, ne vous laissez pas distraire pour autant des vérités, des valeurs et de l’inspiration cachée derrière les mots.

1.4. À la fin de la lecture, prenez quelques minutes pour réfléchir et prier, et remerciez-le Seigneur pour le don des Constitutions et pour toutes les lumières que vous avez reçues.

2.  Prier les Constitutions

«Dans notre vie, nous expérimentons j’amour et la fidélité de Dieu» (Const. 163.), l’amour de Dieu qui est présent en nous, en tout temps, et qui nous parle à travers nos expériences de vie.

Nous reconnaissons tous qu’un des moyens de communication, entre Dieu et nous, est la parole vivante des Écritures. Vatican II a dit en parlant des Religieux : «Qu’Ils pulsent chaque jour dans q’Écriture Sainte, afin d’atteindre à la supériorité de la connaissance du Christ Jésus» (Ph 3,8), en lisant et en méditant les textes sacrés. Une des grandes grâces que beaucoup de Frères ont reçu, ces dernières années, est celle de prier avec les Saintes Écritures.

Il y a bien des manières d’y arriver et plus d’un d’entre nous a été aidé par des retraites sur ce thème, ou des conférences, des livres et des articles. Une méthode particulière dont bien des Frères ont tiré un excellent profit est celle qui s’appuie sur la LECTIO DIVINA.

Un moine du XIIième siècle résume bien cette méthode, en en décrivant les quatre étapes : «La lecture apporte la nourriture à la bouche : dans la méditation, on la mâche et on la broie : la prière qui donne de la saveur et c’est la contemplation qui lui donne son véritable goût délicieux et toujours renouvelé».

Ainsi, la Lectio Divina est beaucoup plus qu’une lecture spirituelle. Elle comporte réellement quatre étapes ou, pour mieux dire, quatre éléments imbriqués q’un dans l’autre :

1. Le premier pas consiste à lire et, si possible, à prononcer normalement les mots avec ses lèvres, au moins à voix basse, de sorte que le lecteur entend la phrase autant qu’Il la voit. L’implication des différents sens aide à apporter une attitude parfaitement consciente à cet exercice.

2 . Le second pas est l’étude ou la méditation, grâce à laquelle on arrive à comprendre ce qui a été qu ou entendu. C’est, en fait, une pénétration dans le sens profond du texte. Vous êtes bien conscient que le Seigneur veut vous rencontrer par le moyen de ce texte, et votre attitude doit être très fortement marquée de respect. Qu’est-ce que le Seigneur me dit ? Ce n’est pas tant nos efforts que notre volonté d’être ouverts à l’action de l’Esprit qui rend efficace la Lectio Divina.

3 . Il est normal que ces deux premiers pas dérivent vers la prière, quand le cœur est ouvert face au texte et que la grâce de Dieu peut entrer librement par cette ouverture. Le résultat est prière, c’est-à-dire échange aimant entre Dieu et nous.

4 . Un quatrième pas serait la prière de contemplation, qui est un silence plein d’amour. Les mots du texte nous ont amenés à un point où nous n’avons plus besoin d’eux, un point où Il nous suffit alors de répéter tout doucement un seul mot ou une phrase, dans un esprit de reconnaissance, de louange ou de pénitence.

Cette méthode de prière a été et est toujours employée pour prier l’Écriture. Elle reconnaît dans l’Écriture non pas tant une source de connaissance qu’un moyen de salut. On a pu comparer l’Écriture à une série de lettres que Dieu adresse à chaque homme, et qui apportent, chacune, leur expérience spirituelle à chacun d’entre nous.

Or, le même genre de dynamisme convient admirablement pour prier les Constitutions. Je vous recommande très fort cette méthode, mes Frères et, dans l’espoir que cela puisse aider certains, je voudrais vous faire quelques suggestions très pratiques pour employer la Lectio Divina.

Moyens pratiques pour la Lectio Divina

1. Choisissez un lieu tranquille où vous puissiez vous sentir seul avec Dieu. Certains préfèrent la chapelle, d’autres un coin de leur chambre où Ils se sentent moins gênés pour parler et réagir à la présence de Dieu, sans déranger les autres. Certains trouvent qu’un cierge, une image ou une statue peuvent les aider. Voyez vous-même ce qui vous va le mieux.

2. Prenez du temps pour bien vous situer dans la paix. Nous avons un corps ( !) et notre posture est importante pour la prière. Certains se mettent à genoux, en employant un petit tabouret : d’autres préfèrent s’asseoir à un bureau et, à l’occasion, noter une prière qui leur vient. D’autres préfèrent rester debout.

3. Marie a prié l’Écriture et elle a enseigné à Jésus à prier également cette Écriture. Demandez-lui de vous aider dans votre prière, de vous aider à trouver le Seigneur dans votre lecture, votre réflexion et votre contemplation.

4. Commencez alors à lire l’Écriture ou les Constitutions. C’est une bonne idée de choisir quelques passages ou articles préférés pour commencer, au moins pendant les premières semaines. (Notez bien que quelques articles des Constitutions ne conviennent pas à cette forme de prière, à cause de leur nature plutôt technique. Mais Il y en a beaucoup d’autres qui conviennent excellemment.)

5. Ayez bien à j’esprit que votre but est de trouver Dieu dans le texte, de vous ouvrir à son influence et à sa grâce. Pas besoin de vous presser : ce n’est pas une question de nombre de mots à dire. La hâte est même un grand danger pour cette méthode de prière.

6. Lisez, donc, lentement : arrêtez-vous sur une phrase ou un mot : répétez-le, savourez-le, priez-le. Restez là-dessus tranquillement, et quand cesse votre prière, retournez gentiment au texte, trouvant une autre phrase, une autre idée et de nouveau, répétant mots et phrases et vous gardant ouvert à la source de prière qui peut jaillir et couler.

7. S’Il vous semble qu’aucune prière ne jaIllit, répétez tranquIllement j’un ou j’autre mot ou phrase les plus significatifs.

8. Finissez avec une prière d’action de grâces pour le don de l’Écriture ou des Constitutions et le don que Dieu vous fait de Lui-même à travers elles.

9. Certains aiment noter une pensée ou une prière, ou quelques mots du texte qu’ils ont prié et Ils s’en servent comme d’une prière-mémorial pendant la journée.

Je connais beaucoup de Frères qui ont eu des difficultés dans leur prière personnelle, mais qui ont trouvé qu’ils tiraient profit de ce genre de prière. Permettez-moi de finir cette section avec une citation de Dietrich Bonhoeffer :

«Nous méditons le texte choisi, appuyés sur la puissante promesse qu’il a quelque chose de souverainement personnel à nous dire ce jour, et pour notre vie chrétienne, qu’il n’est pas seulement une parole de Dieu pour l’Église, mais aussi une parole de Dieu pour nous individuellement. Nous nous exposons à cette parole spécifique jusqu’à ce que son rayonnement nous atteigne personnellement. Et quand nous faisons cela nous ne faisons rien de plus que ne fait chaque jour le plus simple chrétien, même sans instruction : nous lisons la parole de Dieu comme étant une parole pour nous».

 Partager l’Écriture et les Constitutions

Un peu plus haut dans ma lettre, j’ai fait référence à la décision des Frères nigérians d’avoir des réunions régulières pour des partages de réflexion et de prière sur l’Écriture et sur les Constitutions.

Je suis convaincu que bien de nos communautés ont besoin d’un plus grand esprit de partage, un partage caractérisé par la simplicité mariste. Il est vrai que nous partageons de différentes façons et pas seulement en paroles. Le témoignage de notre vie, notre zèle pour les jeunes, notre compassion pour les pauvres, cela parle plus fort que les paroles.

Par aIlleurs, nous reconnaissons que, lorsqu’il s’agit de partager des réflexions, il y a des problèmes qui peuvent être liés à la personnalité ou à un type de formation particulier, sans parler d’autres problèmes de communauté, etc. … Mais si l’on situe bien le partage et si les circonstances le favorisent, je crois que la plupart des communautés peuvent le réussir assez bien, et je vous convie à persévérer dans votre effort. L’Écriture et nos Constitutions ont une puissance d’ordre interne qui nous aide à surmonter ces difficultés. Il m’est arrivé souvent de quitter des communautés avec une impression ambiguë : grande joie d’avoir eu le bonheur de mieux comprendre l’action du Seigneur dans la vie des Frères, mais aussi une certaine tristesse de constater que, souvent, Il y a des forces qui restent inemployées. Un moyen très important pour libérer ces forces prisonnières, pour dégager de plus grandes énergies dans cette mission qui nous veut continuateurs de l’œuvre de Jésus, et pour arriver au maximum du potentiel de chacun de nos Frères, c’est de donner à ce partage une plus nette priorité dans notre vie personnelle et dans le programme de nos communautés. Il est triste de penser que nous avons pu donner notre vie pour continuer la mission de Jésus, pour agir comme ses instruments, et que finalement nous sommes incapables de partager un peu de ce que cela signifie pour nous, un peu de notre manière de concevoir la mission, nos espérances, nos craintes, en somme, notre vision globale du problème.

Nous avons des Frères qui travaillent avec des groupes de laïcs et qui les aident dans des partages d’Écriture. Il y a un Frère que je connais et qui travaillait avec des gens dont j’éducation académique était très rudimentaire mais qui arrivaient très bien à prier et à partager ensemble la Parole de Dieu. Et sa propre communauté n’y arrivait pas, estimant, paraît-Il, que c’était au-dessus de ses moyens. C’étaient des Frères qui avalent donné leur vie pour suivre Jésus, mais Ils ne pouvaient pas se dire l’un à l’autre ce que la Parole de Jésus signifiait pour eux. Oui, Il est très triste que nous ne soyons pas capables de mettre à profit cette source privIlégiée de notre connaissance de Jésus-Christ : vole, vérité et vie. Ceci, à n’en pas douter, enrichirait notre vie et notre mission.

Aussi, mes Frères, je vous invite à faire de plus grands efforts dans le partage de l’Écriture et des Constitutions. Et ce partage, je vous invite à le faire de manière à refléter la simplicité de Marcellin Champagnat. A partir de cet essai, vous pourrez ensuite vérifier le pouvoir de l’Écriture elle-même et des Constitutions.

Dans l’espoir que cela puisse servir à quelques communautés, je vais suggérer, à la suite, une méthode. Je suis bien conscient qu’il y en a beaucoup d’autres, mais celle-ci peut aider à un démarrage là où l’on voudrait se lancer, sans savoir comment s’y prendre.

1.  Une méthode de partage de l’Écriture et des Constitutions

Ce partage doit avoir lieu dans une atmosphère de recueIllement et de prière. Il y a intérêt à placer les sièges de façon que les Frères puissent se faire face. A cet égard, certaines chapelles ne sont pas bien indiquées. Si on se réunit dans la salle de communauté, Il est très utIle d’avoir une statue ou un cierge allumé.

Il faut que le texte soit préparé pendant la semaine. Cela suppose que l’on sache à l’avance quel sera le texte en question. Si possible, que l’on invite les Frères à prier ce texte quelques moments pendant la semaine qui précède le partage.

Au début de la réunion, Il doit y avoir un moment de préparation spirituelle, pendant lequel on se recueIlle et on se met en présence de Dieu. Il y a une foule de moyens pour cela : commencer par un cantique, suivi de quelques minutes de prière personnelle ou commencer par un moment de prière personnelle, suivi d’un cantique, etc. … Je suggérerais volontiers aussi une prière à Notre Dame, pour lui demander de nous aider à comprendre le texte, à être ouverts à l’Esprit, à être ouverts à nos Frères dans un esprit de simplicité.

Ensuite, le texte sera lu par un Frère. Cette lecture doit être faite avec la dignité et le respect qui conviennent.

La lecture doit être normalement suivie d’un moment de réflexion et de prière.

Chacun est alors invité à dire très lentement quelque chose de ce que le passage a pu lui révéler —une réflexion sur le texte, la répétition d’une phrase, une prière toute simple— tout ce qui peut vraiment refléter la réaction de quelqu’un qui a réfléchi et prié le texte. Pour ce qui est de la participation des autres, Il faut écouter tranquillement ce qui est dit et s’efforcer de le comprendre. Ceci est très important. Tâchez de ne pas être préoccupé par ce que vous allez dire quand ce sera votre tour. Il faut, d’ailleurs, qu’Il y ait un peu de sIlence entre chaque intervention. Cela donne le temps de réfléchir et de prier sur ce qui vient d’être dit. Soit dit en passant, les interventions doivent habituellement être brèves. Il n’est pas question d’être exhaustif : avec un peu de bon sens et de sagesse, on voit ce qui convient.

Il ne s’agit pas de discussion : Il ne s’agit pas de contester ou de discuter ce qu’un autre a dit. Ce n’est pas une occasion pour faire passer des «messages» aux autres membres de la communauté !

Quand chacun a eu l’occasion de dire ce qu’Il voulait, Il devrait y avoir quelques moments de prière tranquille, et alors, en toute liberté, on peut inviter, ceux qui veulent, à s’exprimer directement en forme de prière d’intercession, de remerciement, de louange, etc. … Toutes ces prières, bien sûr, doivent s’inspirer du texte qui a été le thème de la réflexion, en esprit de simplicité, de vérité, sans rien qui sente l’exhibition. Il s’agit d’un moyen d’aider nos Frères à grandir ensemble dans j’esprit de Jésus-Christ.

Finalement, Il serait bon de prier soit un cantique, soit un psaume ou bien de le chanter, et puis de conclure la réunion par quelque signe de paix.

2.  Autres méthodes de travail sur les Constitutions

Telle ou telle méthode que j’indique à la suite peut avoir son utIlité. Certaines concernent nettement des partages communautaires.

Ecrire une prière qui résume quelques-unes des idées maîtresses d’un chapitre donné.

Résumer un chapitre avec vos propres mots à vous. Parfois, Il sera mieux de prendre quelques articles plutôt que l’ensemble du chapitre.

Notez ce que vous voyez comme différence entre les Constitutions et la réalité, soit dans votre propre vie, dans la vie de votre Province ou dans la vie de la communauté.

Choisir quelques paroles, quelques phrases qui résonnent profondément en vous, peut-être deux ou trois qui vous interpellent plus fortement dans tel chapitre ou dans telle série d’articles.

Des Frères sentent une invitation à se retrouver particulièrement dans tel texte ou tel article qui leur parle du genre de Frère Mariste qu’Ils veulent être. Dans ce cas, Ils aimeraient peut-être partager cette impression avec un autre Frère ou avec la communauté.

Une autre méthode du même genre consiste à dire combien tel texte fait penser à tel Frère qu’on a connu et puis à en faire le sujet du partage.

Voici, enfin, une autre méthode qu’emploient certains groupes : un Frère lit le texte : cinq ou dix minutes de réflexion et prière suivent : on relit le texte et les Frères sont invités à dire un mot ou une phrase qui semble avoir particulièrement du sens pour eux : puis, une troisième lecture est faite et, enfin, chacun est invité à dire une prière dans le sens du texte.

Il est laissé à chaque Frère et à chaque communauté le soin de décider de la meIlleure manière pour étudier, aimer et vivre les Constitutions. Je vous invite à vous aider les uns les autres en cela, dans un réel esprit de simplicité et d’amour fraternel. Il y a chez beaucoup d’entre vous de grands talents de créativité, de dévouement et d’initiative pour les tâches apostoliques. Je vous demande de réaliser un effort spécial pour faire de même lorsqu’il s’agit de nous aider les uns les autres à intérioriser les Constitutions. Tout ce que vous ferez pour aider les autres à les mieux estimer et à les vivre plus généreusement sera source de bénédiction pour vous et rendra service aux Frères.

Avant de conclure, Il me semble utile pour certains Frères de dire quelques mots sur le Droit Canonique.

 La loi

Dans nos Constitutions, il y a des références au Code de Droit Canonique et à notre Droit propre. Ceci nous amène à faire quelques brèves réflexions sur l’un et l’autre et sur la loi, en général.

N’importe quel code législatif doit fournir un cadre à l’intérieur duquel le groupe et chaque individu puissent vivre et grandir, en voyant leurs droits respectés. La loi, bien comprise, suit la vie et la favorise. Dans l’idéal, c’est ceux qui seront gouvernés par elle qui doivent la formuler, eux ou leurs représentants. Tel est le cas de nos Constitutions. Nous les avons écrites, à partir de l’idée que nous avons de notre vie de Frères Maristes, tout en respectant, bien sûr, la loi universelle (le Droit Canonique) du peuple de Dieu dont nous sommes membres.

Il est important d’avoir ceci bien en tête car, parfois, des lois sont vues sous un angle plutôt négatif. Certains ont l’impression que le premier but de la loi est de faire marcher les gens à la baguette. A vrai dire, quelques attitudes négatives peuvent bien avoir leur origine dans une application injuste de la loi, mais elles peuvent aussi être dues à des problèmes de personnalités ou même, à des différences de traditions culturelles. Nous avons tous rencontré des jeunes «en colère» dont la révolte contre la société, l’autorité et la loi, avait sa source dans la révolte contre leur père. Et ici à Rome, certains estiment pouvoir dire de quels pays sont les touristes d’après la manière dont Ils respectent les feux de signalisation. Les uns en tiennent compte toujours, d’autres seulement aux heures de pointe. D’autres doivent être aveugles… ou daltoniens.

Mais le but premier d’une bonne loi est de favoriser la vie sous toutes ses formes. Et tout particulièrement, la loi de l’Église vise à promouvoir toutes les dimensions de la vie chrétienne, la santé spirituelle du corps ecclésial tout entier. Une fois ou l’autre, la manière de l’exprimer peut être un peu obscure ou «légaliste», mais Il faut aller au fond pour trouver le sens et le but, au niveau des racines.

1.  Le nouveau Code de Droit Canonique

Le jour même où Jean XXIIp annonçait le Concile Vatican II, le 25 janvier 1959, Il annonçait aussi le réforme du Droit Canonique. Et Il demandait que ceux qui seraient responsables de cette révision «partent des réalités vécues par les gens». Cette même approche pastorale a été partagée par Paul VI. Pour ces deux papes, il était clair que, si on rénovait le Code c’était pour aider l’Église à rénover la vie chrétienne. Ce devait être un processus long et ardu avec beaucoup de consultations, de débats et de dialogues. Le schéma original serait radicalement changé, suite aux consultations, et en 1977, on pouvait aboutir à une nouvelle mouture. Et ce n’est que vingt-quatre ans après l’appel de Jean XXIII que Jean-Paul II a finalement signé le Code révisé.

Dans la Constitution apostolique publiée à l’occasion de la signature du nouveau Code, Jean-Paul II a défini le but de ce Code de la façon suivante : «Il apparaît clairement que le Code n’entend aucunement se substituer à la foi, à la grâce et aux charismes, dans la vie de l’Église ou des fidèles. Au contraire, son but est plutôt de créer dans la société ecclésiale un ordre tel que, mettant à la première place la foi, la grâce et les charismes, Il rende en même temps plus facIle leur épanouissement dans la vie de la société ecclésiale comme dans celle des personnes qui en font partie».

Le nouveau Code de Droit Canonique pulse son esprit et son enseignement dans le travail de Vatican II. Il y a deux éléments-clé dans cet enseignement qui fIltrent à travers tout le code : le concept d’Église comme peuple de Dieu et comme communion : l’acceptation du principe que l’autorité hiérarchique est au service du peuple de Dieu.

2.  Loi pour les Religieux

Outre l’aide qu’Il apporte au renouveau spirituel des Religieux, le Code de Droit Canonique, en ce qui les concerne, a aussi pour but spécifique de préserver un don divin fait à l’Église. Selon le canon 578, «La pensée des fondateurs et leur projet que l’autorité ecclésiastique compétente a reconnu concernant la nature, le but et le caractère de l’Institut ainsi que ses saines traditions, toutes choses constituant le patrimoine de l’Institut, doivent être fidèlement maintenues par tous».

Il y a des lois qui protègent le charisme de la vie religieuse en général et elles s’appliquent à tous les instituts de quelque type qu’Ils solent. Cela s’appelle «loi universelle du Droit Canonique».

L’autorité de l’Eglise laisse ensuite à chaque institut le droit d’établir sa loi particulière appelée aussi «droit propre». C’est ce que dit le canon 598 :

«Chaque institut, en tenant compte de son caractère et de ses fins propres, définira dans ses Constitutions la manière d’observer les conseils évangéliques de chasteté, pauvreté et obéissance, selon son genre de vie.

De même, tous les membres doivent non seulement observer fidèlement et intégralement les conseils évangéliques, mais aussi régler leur vie suivant le droit propre de l’Institut et tendre ainsi à la perfection de leur état».

Au sein même de l’Institut, Il y a différents niveaux d’autorité reconnus. Alors qu’avant Vatican II, nous avions une Règle Commune qui s’appliquait à toutes les maisons de l’Institut, notre loi actuelle reconnaît, outre le Chapitre général, le Chapitre provincial comme autorité pour légiférer sur certains aspects de la vie des Frères d’une Province ou d’un District donné. On parle de ces décisions comme des Normes de la Province. (Cf. Statuts 151.1 et 151.3.)

Il y a aussi des décisions qui relèvent du niveau communautaire. Ainsi chaque petit groupe reçoit, à un certain degré, la responsabIlité de sauvegarder et de développer les intentions originelles du Fondateur. Il ne s’agit nullement de lois au sens où ces décisions impliqueraient une obligation morale. Si obligation Il y a, elle provient non du Droit Canon ou de la «loi particulière» de l’Institut mais de la loi de Dieu Lui-même. Ces décisions impliquent bien évidemment une obligation, mais qui vient de notre incorporation librement acceptée, au sein de l’Église, dans notre propre Institut.

Ce qui appartient à la loi universelle ne peut être modifié que par l’autorité de l’Église universelle. Ceci vaut aussi pour nos Constitutions qui sont approuvées et interprétées par cette même autorité. Un Chapitre général, avec une majorité des deux tiers, peut demander ce genre de modification.

Quant aux Statuts et aux Normes d’une Province, ils peuvent être modifiés par l’autorité correspondante de l’Institut, en accord avec les règles que cette autorité s’est donnée.

Conclusion

Un ancien membre du ConseIl général, le Frère Clement Murray, qui fut bien connu de beaucoup de Frères, spécialement dans les provinces de langue anglaise et dans la Province de Saint-Genis-Laval, nous demandait souvent de prier pour sa persévérance. Pour les jeunes Frères que nous étions alors, remplis d’une crainte révérencielle envers lui, cela nous semblait une plaisanterie. Personne, même dans ses rêves les plus fous, n’aurait imaginé le Frère Clement quittant l’Institut. Mais nous n’avions pas compris.

Persévérer signifie beaucoup plus que rester chez les Frères. Persévérer signifie un effort continuel pour être de plus en plus fidèle. Cela suppose que nous croyons, avec Saint Paul, que nos vies sont unies aux souffrances, à la mort et à la résurrection de Jésus. Nous savons par le cœur que notre place est avec Marle, au pied de la Croix. Malgré nos faux-pas et nos doutes, nous savons que notre combat pour la fidélité est purifié, et le feu de notre courage ravivé, dans le mystère pascal. C’est aussi dans ce mystère que tous nos efforts, si pauvres soient-Ils, sont recueIllis en Dieu.

Je crois, Frères, que ces nouvelles Constitutions peuvent nous aider puissamment à persévérer avec plus de fidélité et de fécondité. Remercions-en le Seigneur et prions-les, aimons-les, vivons-les.

Je vous bénis ainsi que tous ceux auxquels le Seigneur vous envole comme messagers de son espérance et de son amour.

Fraternellement en Jésus, Marle, Joseph et Marcellin

                   Frère Charles Howard,  Supérieur général.

 

J’ai l’intention d’écrire ma prochaine circulaire sur «Les Vocations». Si vous désiriez m’envoyer quelques idées ou suggestions, soyez très libres de le faire. Mais veuIllez être assez brefs et ne pas tarder à répondre.

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