Circulaires 73

Louis-Marie

1861-07-16

Circulaire du 16 juillet 1861. - Sur la Dévotion à Marie. - Ordre des Retraites

073

51.02.01.1861

 V. J. M. J.

 N.‑D. de Saint‑Genis‑Laval, le 16 juillet 1861.

Fête de N.‑D. du Mont‑Carmel.

    Mes Très Chers Frères,

 Il est rapporté dans l'Evangile que Notre‑Seigneur envoyait ses Apôtres deux à deux prêcher dans les bourgs et les villages de la Judée, guérir les malades, chasser les esprits impurs et remplir d'autres fonctions du ministère apostolique.

 Leur mission achevée, les Apôtres se rassemblaient auprès de Jésus et lui rendaient compte de ce qu'ils avaient fait et de ce qu'ils avaient enseigné ; et Jésus leur disait : Venez vous retirer à l'écart dans quelque lieu solitaire, et prenez un peu de repos. (Marc, VI.)

 C'est quelque chose de semblable, M. T. C. F., qui s'accomplit parmi nous chaque année.

 Jésus‑Christ, par l'organe des Supérieurs, vous distribue dans différents bourgs et villages pour une mission toute sainte et toute apostolique: instruire et élever les Enfants, les catéchiser, les prémunir contre le vice.

 Pendant de longs mois, vous vous êtes dévoués à ce saint et pénible ministère, et vous l'avez rempli avec tout le zèle et tout le courage que peuvent inspirer la foi et l'obéissance.

 Aujourd'hui, le divin Maître, toujours par la voix des Supérieurs, vous invite à vous réunir auprès de lui, pour lui rendre compte de ce que vous avez fait et de ce que vous avez enseigné ; il vous invite à venir à l'écart, dans la retraite et la solitude, vous reposer des travaux et des fatigues de l'année, et retremper vos forces et votre courage, pour commencer bientôt de nouveaux combats.

 C'est donc à la Retraite, M. T. C. F., que vous êtes tous conviés : au saint repos de la prière, de la méditation et du renouvellement spirituel de vos âmes. Mais pour que cet appel toujours si cher à vos cœurs, vous apporte une consolation plus grande encore, je désire que vous le receviez comme de la bouche même de Marie notre bonne Mère. C'est avec elle et par elle que nous voulons faire toutes nos Retraites de cette année, nous les confions d'avance à son Cœur maternel.

 La première, la plus excellente et la plus fructueuse de toutes les Retraites, on ne peut en douter, a été celle des Apôtres, dans le Cénacle, après l'Ascension de Jésus‑Christ. Retraite si sainte, si parfaite, si efficace, qu'elle les prépara à la plus abondante effusion du Saint Esprit, et qu'ils en sortirent tout changés et, tout renouvelés. Or, qu'avaient fait les Apôtres et les Disciples pendant, ces jours de silence et de recueillement? Saint Luc nous l'apprend dans les Actes . Tous ensemble, animés d'un même esprit, ils avaient persévéré dans la prière avec Marie Mère de Jésus. (Actes, 1, 14.) Marie avait donc prié avec eux et pour eux, et Marie avait obtenu qu'ils lussent tous remplis du Saint‑Esprit et transformés en des hommes tout nouveaux.

 Nous aussi, M. T. C. F., nous ferons une excellente Retraite, une Retraite très sainte et très fructueuse, si nous la faisons avec Marie et par Marie. C'est donc pour réveiller votre piété, votre amour, votre confiance, votre dévotion envers Marie, àl'approche de ces saints exercices, que je veux vous rappeler ici l'esprit de la Règle et de notre pieux Fondateur, sur le culte tout particulier que nous devons à cette bonne Mère, comme ses Petits Frères et ses enfants.

 I.

 Il est certain que la dévotion à Marie est l'une denosRègles et de nos Constitutions, l'âme de toute la Congrégation, comme elle a, été l'âme et le soutien de tout ce qu'a fait notre pieux Fondateur.

    L'esprit du P. Champagnat, la devise de toute sa vie, la règle de toute sa conduite a été d'aller à Jésus par Marie, de se donner, de se dévouer tout pour être plus sûrement, plus parfaitement à Jésus. Formé dès son enfance aux pratiques de la dévotion envers Marie, il ne fit que les multiplier, en grandissant. La pensée et le désir de se consacrer à Dieu dans l'état ecclésiastique s'unirent toujours en lui à la pensée et au désir de se dévouer à Marie et de ne rien faire que sous sa protection. C'est dans des communications intimes avec elle, dans de longues et fréquentes visites à ses autels, qu'il conçut l'idée de sa Congrégation, le plan de son gouvernement et l'esprit particulier dont il voulait qu'elle fût animée. Le nom béni de Petits Frères de Marie, que nous sommes si heureux de porter, nous le devons à l'amour du P. Champagnat pour Marie, à l’attrait irrésistible qu'il eut toute sa vie pour les vertus si simples et si modestes de cette humble Vierge. Toutes les pratiques de dévotion qui sont établies parmi nous, nous les tenons de la piété de notre Fondateur envers Marie : le Chapelet, l'Office, le Jeûne, et nos Communions du Samedi, le Salve Regina tous les matins, l'Ave Maria à toutes les heures du jour, nos Neuvaines, la solennité de nos Fêtes en l'honneur de Marie, et cette continuelle invocation de son nom et de sa protection qui est, la pratique et la consolation de tous les Frères, et qui est devenue l'esprit général de la Congrégation. Tout le but du P. Champagnat, l'objet constant de ses efforts, la fin de toute son œuvre n'a été que l'amour et le service de l'auguste Reine du ciel, la propagation de son culte, afin d'arriver, par la dévotion à Marie,à étendre plus facilement le règne et l'amour de Jésus. Voilà ce qu'il s'est proposé dans toutes ses actions, et ce qu'il a voulu que ses Frères eussent toujours en vue.

 Là aussi se trouve tout le secret et du bien qu'il fit comme Vicaire à Lavalla, pendant les huit ans qu'il y exerça le saint ministère, et du succès qui couronna plus tard la fondation de l’œuvre des Frères. Il offrait et confiait à la Sainte Vierge tous ses projets, et il ne les mettait à exécution qu'après l'avoir longtemps priée de les bénir. C'est par la décoration de ses autels, par la solennité donnée à ses Fêtes, par les saints exercices du Mois de Marie, par ses pèlerinages au sanctuaire de Notre‑Dame de Pitié, qu'il sut gagner les Fidèles de la paroisse, et réveiller parmi eux la foi et la piété. C'est aussi par la dévotion à Marie, par les pratiques de piété envers Marie, qu'il attira ses premiers Frères, et qu'il se les attacha. Il leur parlait de Marie avec tant d'amour, il savait si bien leur inspirer la dévotion pour cette bonne Mère, que ni les travaux les plus rudes ni les privations les plus extrêmes ne furent capables de les décourager.

 Nous pouvons donc le dire, et c'est une très grande consolation pour nous, nous pouvons dire que nous avons eu pour Fondateur et pour Père un des plus fervents serviteurs de Marie, un saint Prêtre, dont la vie entière n'a été qu'un exercice continuel de zèle, d'amour et de piété envers Marie, un excellent Religieux qui a mis lui‑même son bonheur à se vouer à la sainte Vierge dans la Société qui porte son nom. L'amour de Marie, la dévotion à Marie, le culte de Marie est donc d'héritage parmi nous. Nous ne pouvons être les enfants, les disciples de notre Père et Fondateur qu'à la condition d'aimer Marie, d'honorer et de servir Marie, de vivre de la vie et de l'esprit de Marie, de travailler de toutes nos forces et toute notre vie à répandre le culte et l'amour de Marie.

 C'est, du reste, à ce caractère spécial que le P. Champagnat aimait à reconnaître la vocation des Postulants qui se présentaient à lui. « Pourquoi, demandait‑il à quelqu'un qui sollicitait son admission dans l'Institut, pourquoi venez‑vous dans notre Congrégation qui est si récente et qui est la moindre de toutes ? ‑ Je viens chez vous, répond le jeune homme, parce que votre Communauté porte le nom de Marie, et que je désire le porter moi‑même et vivre sous la protection de cette divine Mère. ‑  Eh bien, dit le Père, s'il en est ainsi,  venez avec courage, Marie vous bénira, et vous ferez  un bon Religieux. »

 Je n'ai que vingt sous et ma bonne volonté à vous offrir, lui disait un autre. ‑ « Voulez‑vous y joindre l'amour de la Sainte Vierge reprit le Père. ‑ Oui, mon Père, et c'est pour servir Marie que je viens ici. ‑ « C'est  bon, mon ami, donnez‑moi vos vingt sous, et soyez  des nôtres; mais n'oubliez jamais que c'est pour aimer et servir Marie que vous êtes venu, et que vous avez été reçu dans la Congrégation. »

 Que dirons‑nous de la confiance du P. Champagnat en Marie? Elle était telle que rien ne lui paraissait impossible avec le secours de cette Vierge puissante. « Quand toute la terre serait contre nous, disait‑il, nous ne devons rien craindre, si la Mère de Dieu est pour  nous. » Dans les circonstances les plus difficiles, après les défections les plus douloureuses, au milieu des événements les plus inquiétants, « Ne vous effrayez pas, répétait‑il à ses Frères, ne craignez rien, les apparences sont contre nous ; mais Marie arrangera tout, elle saura écarter les dangers, aplanir les difficultés, et faire tourner toutes choses à notre avantage. Ne pensons qu'à l'honorer avec plus de soin, à nous montrer plus que jamais ses véritables enfants, et reposons‑nous de tout sur sa puissance et sa bonté. »

 C'est à Marie, après Dieu, qu'il voulait tout devoir, c'est de sa protection qu'il attendait le succès de tout., « Marie, disait‑il, est chargée de nous, parce qu'elle est notre Mère, notre, Patronne, notre Supérieure, et que nous comptons sur elle. Cette Communauté est son œuvre, c'est elle qui nous a tous réunis ; elle ne peut moins faire que de nous assister et de nous défendre. C'est notre grande ressource, notre ressource ordinairenecraignons pas de recourir trop souvent à elle nide trop lui demander. Elle nous donnera abondamment et les vertus qu'elle veut que nous ayons, et les choses temporelles dont nous avons besoin. »

 Mais ce que le P. Champagnat demandait surtout de ses Frères, c'est qu'on se confiant en Marie, en l'honorant et en l'invoquant, ils s'étudiassent tous les jours à lui ressembler, a imiter ses vertus, à prendre son esprit, ; c'est qu'ils fussent pleins de zèle pour répandre sa dévotion parmi les Enfants. La vie pauvre et cachée de Marie, son éloignement du monde, son union avec Jésus‑Christ, sa simplicité, son humilité, sa modestie, voilà les traits de ressemblance qu'il voulait que ses Frères eussent avec leur divine Mère. Travailler dans toutes les Ecoles à la faire connaître et à la faire aimer, voilà l'exercice de zèle qu'il ne cessait de recommander à tous et en toute occasion. Les anciens Frères, tous ceux qui ont eu le bonheur de connaître et d'entendre le pieux Fondateur, attesteront ici que c'était là son esprit, son attrait, sa dévotion. C'est dans cet esprit qu'il nous a réunis, qu'il nous a élevés et formés. C'est donc dans cet esprit que nous devons tous nous conserver et nous fortifier, si nous ne voulons pas dégénérer de nos Frères aînés dans la. Religion, si nous avons a cœur de nous rattacher à notre, souche première, à celui que Jésus et Marie avaient choisi, rempli de, leur esprit et envoyé pour former cette petite Congrégation.

 Heureusement M. T. C. F., cet esprit Mariste du Père Champagnat est aujourd'hui dans toute sa force parmi nous. Il se retrouve partout, dans nos Règles, dans nos Constitutions, dans le Guide des écoles, dans tous nos Livres ; il est l'âme et la vie de nos Etablissements particuliers comme de nos Maisons de Noviciat ; il entre dans tous les avis et les instructions des Supérieurs, dans tout l'enseignement des Frères, dans toutes les habitudes et les pratiques de la Congrégation. C'est notre élément, c'est l'atmosphère dans laquelle nous vivons mais il faut nous en pénétrer de plus en plus, afin qu'il ne s'altère pas parmi nous, et que nous le transmettions dans toute sa vigueur et sa pureté à ceux qui nous suivront. Pour cela, entrons bien dans l'esprit de nos Règles et, de nos Constitutions. En les suivant et en les méditant, nous verrons qu'elles n'ont d'autre but que de faire de chacun de nous de véritables enfants de Marie.

 II

 Une des qualités essentielles que les Constitutions exigent des Frères chargés de former les Novices et les Postulants, c'est qu'ils soient animés d'une tendre et solide dévotion pour la Sainte Vierge, qu'ils vivent dans une grande union avec elle, qu'ils aient une confiance sans borne en sa protection, et qu'ils n'attendent que de son assistance le succès dans leur emploi. Le grand travail qui leur est imposé est d'imiter Marie, de la faire servir, et de répandre son esprit parmi les Frères et les Novices. Ils ne doivent pas seulement les former à cette dévotion pour eux‑mêmes ; mais ils doivent encore les remplir de zèle pour la propager à leur tour, et étendre de tout leur pouvoir le culte et l'amour de Marie.

 Tous les Frères Directeurs, et tous ceux qui sont en charge, ont le même devoir. «Membres d'un Institut tout dévoué à Marie, il faut, disent les Constitutions, qu'ils s'appliquent particulièrement à prendre son esprit et à imiter ses vertus ; qu'ils recourent à elle, dans tous leurs besoins, avec une confiance entière ; qu'ils lui consacrent leur Communauté, leurs Ecoles et toutes leurs entreprises, et qu'ils mettent tout en œuvre pour inspirer sa dévotion aux Frères et aux Enfants. »

 Le Guide des Ecoles veut également que les Frères attendent de Marie tout le succès des classes, et surtout des Catéchismes ; qu'ils saisissent avec empressement toutes les occasions qui se présenteront de parler de la Sainte Vierge, et que, chaque Samedi, ils ne manquent pas de faire un Catéchisme spécial sur ce sujet. Former les Enfants aux pratiques de piété reçues dans l'Eglise pour honorer Marie, les faire agréger à quelqu'une de ses Confréries, leur inspirer surtout la dévotion du Chapelet, et leur enseigner à le bien dire, donner au Mois de Marie toute la solennité possible, les préparer avec soin à toutes les Fêtes, apprendre à tous, en toute occasion, à recourir à elle comme à leur Mère, à lui adresser tous les jours quelques prières : voilà, d'après la. Règle, un des premiers devoirs des Frères, et ce qui doit faire leur bonheur et leur consolation.

 C'est par la dévotion à Marie, ajoute le Guide, que chaque Maître doit travailler à former le cœur de ses Enfants. Et la raison qu'il en donne, c'est que cette dévotion leur plaît tout particulièrement, qu'elle les attache à l'Ecole, qu'elle adoucit leur caractère, qu'elle rend leur volonté docile, leur cœur bon et sensible, qu'elle leur inspire le goût de la piété et l'amour de la Religion, et qu'enfin elle leur obtient des grâces abondantes pour corriger leurs défauts et pratiquer les vertus.

 Après l'amour de Jésus‑Christ, nous dit le Manuel de Piété, la qualité essentielle d'un bon Frère, c'est la dévotion à Marie, c'est‑à‑dire un respect profond pour ses grandeurs, une confiance absolue en sa bonté, un amour tendre et filial pour sa divine maternité. Aller toujours à Jésus par Marie, vivre de son esprit et de sa vie, s'acquitter fidèlement des pratiques de piété et des exercices de Règle établis pour l'honorer, être animé d'un grand zèle pour répandre son culte : tel est le caractère spécial et constant de la dévotion d'un Petit Frère de Marie pour cette incomparable Vierge.

 Enfin, disent les Constitutions, cet Institut qui est l’œuvre de Dieu et l'effet de la protection de Marie, ne peut se conserver que par les principes qui lui ont donné l'existence, c'est‑à‑dire, par la grâce de Notre‑Seigneur et l'assistance de notre divine Mère. Le moyen par excellence d'y maintenir la ferveur et toutes les vertus, c'est la dévotion à la Sainte Vierge et le zèle pour l'inspirer aux Enfants. Tant que les Frères seront fidèles à servir leur divine Mère, tant qu'ils s'efforceront d'imiter ses vertus, de vivre de son esprit et de répandre son culte, elle les bénira, elle les défendra, elle se chargera elle-même de les soutenir et de les conserver.

 C'est ainsi, M. T. C. F., que les prescriptions les plus douces et les plus consolantes de piété et d'amour envers Marie, remplissent toutes les pages de nos Règles et de nos Constitutions. Mais vous les trouverez particulièrement, réunies et expliquées dans le Chapitre VI des Règles Communes. Oh ! que ce Chapitre de la Dévotion à Marie doit nous être cher et précieux à tous! qu'il exprime bien les pensées et les sentiments, l'esprit et toutes les dispositions que doit avoir un Petit Frère de, Marie pour sa bonne Mère !

 Pensées à sentiments d'amour : Nousestimer heureux de porter le nom de Marie et d'être agrégés dans sa famille ; la regarder comme notre Mère, notre Patronne, notre première Supérieure ; être tout à elle, biens et personnes ; employer notre vie entière à la servir et a répandre son culte.

 Pensées et sentiments de respect : Vénérerprofondément tout ce qui a rapport à Marie, ses statues, ses images, le Chapelet, les livres qui traitent de ses grandeurs, tout ce qui rappelle son souvenir ; célébrer toutes ses Fêtes comme des fêtes de famille, avec une sainte joie, avec tout le respect, tout l'amour et toute la reconnaissance possibles.

 Pensées et sentiments de confiance : Mettre sous la garde de son Cœur immaculé la pureté de nos âmes et de nos corps ; aller à elle comme des enfants à leur mère ; lui confier toutes nos peines et toutes nos joies, toutes nos craintes et toutes nos espérances ; solliciter et attendre tout de sa bonté : le succès, les grâces, les vertus, le salut et la prédestination.

 Pensées et sentiments d'imitation : Faire de la vie et des exemples de Marie, la règle de toute notre conduite ; voir en elle comme dans un miroir, tout ce que nous, avons à faire et tout ce que nous avons à éviter ; retracer son esprit et ses vertus dans toutes nos paroles et dans toutes nos actions ; nous efforcer surtout de l'imiter dans sa vie pauvre et cachée, dans son humilité, sa pureté, son amour pour Jésus, son éloignement du monde et du péché et cela par esprit d'amour, par esprit d'union avec notre divine Mère,afin de luiressembler et d'être ses véritables enfants.

 Enfin, pensées et sentiments de zèle : Ne pas nous contenter d'aimer et d'honorer Marie nous‑mêmes, mais nous regarder tous comme étroitement obligés de la faire aimer, honorer et servir ; y employer tous nos efforts, tous nos moyens, toutes nos industries ; trouver notre bonheur à parler de Marie, à inspirer sa dévotion, à raconter ses bienfaits, à lui gagner tous les cœurs.

 Voilà, M. T. C. F., quels sont les enseignements de la Règle et du Fondateur sur nos devoirs envers Marie, les pratiques et les exemples de dévotion qui nous ont été donnés dès l'origine de la Congrégation. Repassons‑les souvent, méditons‑les avec attention, afin de nous remplir de plus en plus de respect, d'amour ci de confiance pour notre bonne Mère, de zèle pour sa gloire et son honneur, de ferveur et de constance dans l'imitation de ses vertus.

 III

 Mais à quel dessein, M. T. C. F., voulant vous parler de Marie dans cette lettre, me suis‑je appliqué à le faire avec la Vie du Fondateur, avec la Règle et les Constitutions, avec le Guide des Ecoles, avec le Manuel de Piété, au lieu de vous rappeler, comme je me l'étais proposé, les pensées des Pères de l'Eglise et des Saints? Quel fruit propre et particulier devons‑nous retirer de toutes ces réflexionsque nous puisons au cœur même de la. Congrégation dont nous sommes membres ? Ah ! M. T. C. F., ce que j'ai eu en vue et ce que je désire très ardemment,  c'est de vous donner, par cette instruction toute de famille, une parfaite connaissance du véritable esprit de l'Institut ; c'est de vous faire retirer de cette connaissance intime des fruits abondants d'amour et d'estime pour notre saint état, de, confiance et d'espérance dans notre humble vocation de Petits Frères de Marie.

    Dieu est la fin dernière de tous les hommes, leur souveraine perfection et leur si souveraine béatitude. Tous viennent, de lui, tous sont, faits pour lui ; il faut que tous tendent et arrivent à lui,sous peine, de rester éternellement imparfaits, éternellement malheureux. Les simples chrétiens vont à Dieu et arrivent à lui par l'observation de ses Commandements ; les Religieux qui veulent s'unir à Dieu plus étroitement et le posséder un jour plus parfaitement ajoutent la pratique des Conseils à   celle des  Commandements ; c'est la fin générale de tous les Corps religieux : l'union là Dieu par la charité et la pratique des Conseils évangéliques. Si vous voulez entrer dans la vie, est‑il dit à tous, gardez les Commandements… Si vous voulez être parfaits, est‑il ajouté pour les Religieux, venez ce que vous avez, donnez‑le aux pauvres ; après cela, venez et suivez‑moi. (Matth., XIX, 17, 21.)

 Mais, outre cette fin générale, qui est la même pour tous les Religieux, chaque Congrégation a son esprit propre, son moyen  spécial de perfection et de sainteté approprié au but particulier qu'elle se propose. C'est ainsi que les Enfants de saint François sont distingués et se sanctifient par l'esprit de pauvreté ; les Enfants de saint Dominique, par l'esprit de zèle ; les Chartreux, par la sévérité de leur abstinence ; les Trappistes, par la rigueur de leurs jeûnes et de leurs macération. Saint Ignace a voulu que l'obéissance absolue fût le cachet de son Ordre, la marque distinctive de tous les membres de la Compagnie de Jésus. « Je consens, dit‑il, que les autres nous surpassent en jeûnes, en abstinence, dans le chant du chœur; mais je désire que personne ne nous surpasse dans la pratique de l’obéissance, dans le renoncement absolu là notre volonté et à notre jugement propres. » Voilà le moyen particulier de perfection et de sainteté qui est offert à tous les Religieux de la Compagnie de Jésus.

 Nous, M. T. C. F., à qui Jésus a fait la insigne de donner Marie pour Mère, pour Patronne pour Modèle et pour première Supérieure, c'est par la dévotion  Marie quenous devons nous sauver ; c'est l'esprit de Marie, la pratique de l'humilité, de la modestie et des vertus de Marie qui est, notre moyen spécial de perfection et de sainteté. Il faut que la dévotion à Marie, l’esprit de Marie soit partout et toujours le caractère distinctif de notre Congrégation et, de chacun de ses membres, la. marque à laquelle on les reconnaîtra. Plus nous nous pénétrerons des exemples et des leçons de notre pieux Fondateur, plus nous lirons et nous  méditerons nos livres de Règles et de Piété, plus nous interrogerons les traditions et la conduite de nos Frères anciens, plus nous nous convaincrons que la le caractère de l'Institut, son esprit, son but, notre œuvre tout entière: ALLER A JÉSUS PAR MARIE.

 Les autres Religieux vont à Jésus, les uns par l'obéissance, les autres par la pauvreté, d'autres par la pénitence, d'autres par les exercices du zèle et de la charité ; nous, Petits Frères de Marie, nous y allons et nous devons y aller par Marie, par l'amour de Marie, la dévotionde Marie, le service de Marie, l'esprit de Marie. Cet esprit, ce caractère spécial de la Congrégation, ressort de tout ce qui s'est fait jusqu'à présent parmi nous ; il résulte de tout l'ensemble de pensées, de sentiments, de pratiques, d'exercices de zèle et de piété envers Marie que nous tenons du P. Champagnat, qui se retrouvent dans toutes nos Règles, qui entrent dans tous nos usages et dans toutes nos habitudes, qui, en un mot, se partagent toute notre vie. Notre occupation de tous les jours, c'est d'aimer, d'honorer et de servir Marie ; de la faire aimer, honorer et servir. Notre travail de tous les instants, c'est de nous faire humbles, modestes, petits, comme Marie de nous conserver purs, fervents, zélés comme Marie Nous sommes, par état et par vocation, consacrés à Marie, voués à son service et à la propagation de son culte parmi la jeunesse. Par état et par vocation, nous sommes et nous devons être des serviteurs, des dévots dela Sainte Vierge. Par état et par vocation, enfin, nous nous trouvons dans l'heureuse impossibilité de passer un jour, à peine une heure, sans honorer Marie, sans invoquer Marie.

 Oh! que je serais heureux, M. T. C. F., de bien vous faire sentir et goûter cette pensée, de bien vous éclairer et vous instruire sur ce véritable esprit de la Congrégation! Oh! qu'il nous importe de le comprendre parfaitement, puisque c'est le moyen propre et particulier de perfection et de salut que Dieu nous a donné! Oui, soyons tout à Marie de cœur et d'esprit, de paroles et d'actions à la vie et à la mort. Ne souffrons jamais qu'on nous surpasse en amour et en respect pour notre bonne Mère, en confiance dans sa puissante protection, en zèle pour son honneur et sa gloire, en application et en constance à imiter, à retracer ses vertus, principalement son esprit d'humilité, de simplicité et de modestie. Que ce soit là notre gloire, notre ambition, notre distinction. Que ce soit aussi notre joie et notre consolation, parce que c'est toute notre espérance et toute notre sûreté.

 En effet, M. T. C. F., quel bonheur et quelle, assurance n'est‑ce pas pour nous d'être appelés à nous sauver par cette voie, par la voie de la dévotion à Marie, la plus douce, la plus sûre et la plus consolante, de toutes! A qui Jésus donne‑t‑il sa Mère, si ce n'est à Jean, au disciple bien‑aimé, c'est‑à‑dire, à tous ceux qu'il veut sauver par la voie de l'amour et de la sainte dilection ?

 Etant donc, par état et par vocation, les serviteurs de Marie, vivant de son esprit, nous dévouant à son culte et l'honorant tous les jours de notre vie, nous avons droit de prendre pour nous et de nous appliquer tout ce que les Pères de l'Eglise et les Saints nous disent de la bonté de Marie pour ses serviteurs, de son empressement, à les assister dans tous leurs besoins, de sa fidélité à les protéger et à les défendre pendant la vie et à la mort. Nous avons droit surtout d'attendre d'elle notre salut éternel, et de voir dans notre état et notre vocation de Petits Frères de Marie, un gage certain de prédestination. C'est là, M. T. C. F., ce qui doit nous remplir d'amour et d'estime pour ce saint état, de confiance et d'espérance dans cette humble vocation, malgré toutes les peines et les épreuves qui l'accompagnent. Ecoutons donc, dans toute la joie de nos cœurs, les Pères de l'Eglise les Saints, l'Eglise elle‑même proclamer à l'envi que la dévotion à Marie est un signe de salut, une marque assurée de prédestination.

 « Heureux, s'écrie saint Bonaventure, ceux qui auront la faveur de Marie, les Bienheureux du ciel les regardent déjà comme leurs concitoyens ; et quiconque portera la livrée de Marie, aura son nom inscrit dans le livre de vie.» « Mèrede mon Dieu, lui dit saint Jean‑Damascène, si je me confie en vous, mon salut est assuré ; si je suis sous votre protection, je n'ai rien à craindre : car votre dévouement est une arme puissante que Dieu ne place que dans les mains de ceux qu’il veut sauver. » « Quisert cette Vierge bénie, dit l'abbé Guerric, est aussi sûr du Paradis que s'il y était déjà.» «O confiance précieuse! O refuge assuré! s'écrient à la fois saint Anselme et saint Bonaventure, la Mère de Jésus est aussi la nôtre ! Avec quelle espérance ne devons‑nous pas travailler à notre salut puisqu'il est entre les mains d'un Frère si bon, d'une Mère si tendre ! Non, le procès de notre salut ne peut pas se perdre : car la sentence dépend de Jésus qui est notre Frère, et de qui est notre Mère. Vous connaître ô Mère de Dieu, c'est le chemin de la vie éternelle célébrer vos louanges, c'est la vie et la voie du salut »

    Ainsi que les navigateurs se dirigent vers le port par l’inspection des astres ; ainsi nous assure saint, Thomas, les Chrétiens parviennent à la gloire, en suivant Marie, l'Etoile de la mer. » « Impossible, répète saint Liguori, qu'un vrai serviteur de Marie périsse, un signe éclatant de prédestination brille sur le front de, tous ceux qui la servent. » « Oui, Vierge bienheureuse, lui dit saint  Augustin, comme il n'est, pas possible que l'homme qui vous néglige et que vous dé­laissez se sauve ; ainsiest‑il de toute impossibilité qu'il périsse celui qui se tourne vous vous et que, vous regardez favorablement. Non, ajoute encore cemême Saint, l'homme véritablement dévoué à Marie ne va pas en enfer : car celui pour lequel Marie aura prié seulement une fois ne pourra jamais sentir l'éternel anathème. »

 L’Eglise elle-même, dans ses Offices, applique à Marie ces paroles de la Sainte Ecriture : Heureux l'homme qui entend ma voix, qui devance le jour pour me trouver, et qui veille à la porte de ma miséricorde : car celui qui me trouvera, trouvera la vie et puisera le salut dans le Seigneur  (Prov., VIII). En moi est toute l'espérance de la vie et de la vertu ; en moi toute la grâce de Ici vole et de la vérité. Ceux qui opèrent en moi, ne pécheront pas ; ceux qui me glorifient, auront la vie éternelle (Eccl., XXIV). C'est sur ces paroles que saint Bonaventure et avec lui Richard de Saint‑Laurent s'écrient  vous qui désirez le royaume des Cieux, la Vierge Marie et vous trouverez la vie et le salut éternel. Honorer acquérir la vie éternelle : car elle ne manquera pas d'honorer en l'autre vie ceux qui l'auront honorée en celle‑ci. »

 Disons‑lui donc, avec saint Ephrem, saint Pierre‑Damien et d’autres, et avec toute l'Eglise : « Je vous salue, Ô notre aimable Reine, ô Mère de miséricorde, notre vie, notre douceur, notre espérance! Je vous salue, consolation de mon âme ! Je vous salue, rempart de tous les Chrétiens 1 Je vous salue, recours et refuge des pécheurs! Je vous salue, sauvegarde de tous les Fidèles et salut du monde entier ! Vous êtes la Clef du Paradis, la Porte du Ciel. Vous l'Echelle mystérieuse par laquelle Dieu est venu du Ciel en terre, et par laquelle les hommes montent de là au Ciel. Vous êtes la Maîtresse du Paradis vous y commandez en Reine, et y introduisez qui vous voulez. C'est par vous que le Ciel a été ouvert, que l'enfer a rendu ses victimes, que la Jérusalem céleste a été réédifiée et que la vie éternelle est donnée à tant de malheureux qui n'attendaient que la damnation. 0 notre Avocate toute puissante, tournez sur nous vos yeux  compatissants ; et, après les jours de ce pénible exil, montrez‑nous Jésus, le Fruit béni de vos entrailles, ô douce, ô tendre, ô pieuse Vierge Marie !

    C'est en s'appuyant sur ce sentiment si unanime des Pères de l'Eglise, des Saints, de l'Eglise, que notre pieux Fondateur rie, craignait pas d'assurer que tous les Frères qui auront le bonheur de mourir dans la Société, seront sauvés. « Si nous voyons, disait‑il, tant de Chrétiens obtenir le salut, parce qu'ils ont été fidèles à adresser une prière à cette Vierge puissante, ou à faire en son honneur quelque acte de vertu, comment pourrait‑il se perdre le Frère qui lui adresse tous les jours le Chapelet, l'Office et plusieurs autres prières, qui célèbre toutes ses Fêtes avec une dévotion particulière, qui s'emploie toute sa vie à l'honorer et à la faire honorer ? Non, ce n'est pas possible. S'il arrivait que quelqu'un, par une étrange perversité, abusât de tous les moyens de salut que lui offre son saint état,  ne peut‑on pas croire que la bonté de Marie, gagnée par les prières et les bonnes œuvres de ses Confrères, lui obtiendra sa conversion ? Mon avis est qu'il en sera  ainsi, ou qu'il sortira de l'Institut. »

 « Du reste, ajoutait‑il, consultez les Registres mortuaires de la Congrégation, et dites‑moi, s'il y a un seul de nos Défunts dont la fin laisse des inquiétudes sur son sort éternel! Non, grâces à Dieu, il n'y en a point ; tous sont morts dans les dispositions les plus chrétiennes et les plus rassurantes. Nous pouvons même ajouter à la gloire de Marie notre bonne Mère, que la plupart sont sortis de ce monde avec des marques visibles de prédestination. »

 Aussi, M. T. C. F., est‑ce dans le sentiment de cette vérité, et pour assurer le salut éternel de tous ses Frères, que le P. Champagnat a donné à son œuvre le caractère particulier que je me suis efforcé de vous faire comprendre : l'esprit de Marie, la dévotion à Marie, le zèle pour la gloire de Marie. Pourrons‑nous jamais en bénir assez la divine Providence? Le salut étant notre grande, notre unique, notre capitale affaire, pourrons-nous jamais nous féliciter assez de le voir, par le fait même de notre vocation, comme à l'abri de tout danger sous la garde de Marie, notre bonne Mère?

 Après la jouissance intuitive de Dieu, après la certitude de cette jouissance telle que peut la donner une révélation, qu'est‑ce qui peut réjouir aussi intimement, aussi profondément, aussi solidement un cœur chrétien et religieux que les espérances ou plutôt les promesses de salut attachées à la dévotion à Marie : espérances et promesses que tous les Pères de l'Eglise, tous les saints, l'Eglise elle‑même proclament à l'envi ; et, nous pouvons l'ajouter en toute assurance avec notre pieux Fondateur, espérances et promesses qui nous appartiennent à tous les titres, puisque l'esprit de l'Institut, l'ensemble de nos Règles, nos pratiques de tous les jours et de toute la, vie nous consacrent tout entiers au service et au culte de Marie? Oui, chacun de nous peut se dire dans toute la joie de son cœur : Si je suis fidèle à ma vocation, si je suis fidèle à ma Mère, si je meurs Petit Frère de Marie, je suis sûr de mon salut éternel, aussi sûr qu'on peut l'être ici‑bas ; je suis assuré d'être du nombre des Elus, aussi assuré qu'on peut l'être sans une révélation spéciale.

 Avec de telles espérances, qui donc n'aimera pas sa vocation? Qui donc ne s'attachera pas de cœur et d'âme à sa Congrégation ? Oh ! aimons‑la cette vocation, aimons une Société qui nous met dans l'heureuse nécessité d'aimer, d'honorer et de servir Marie, de la faire aimer, honorer et servir, et par conséquent de nous sauver ! Sans doute que la dévotion à Marie est partout et pour tous, un signe de salut, une marque de prédestination ; mais, dans le monde, qu'il est facile de l'oublier ! Qu'il est ordinaire de la négliger ! rien n'y porte, rien n'y oblige. Pour nous, c'est une nécessité, c'est un besoin de tous les jours, de toute la vie. Saint Liguori, citant et s'appropriant les paroles mêmes de sainte Madeleine de Pazzi, dit que la vocation religieuse est la plus grande de toutes les grâces que Dieu puisse accorder à une âme après celle du Baptême. Ailleurs, appliquant à Marie avec l'Eglise (3° Leçon de l'0ffïce de l'Immaculée Conception) ces paroles du livre del'Ecclésiaste : Ceux qui opèrent eu moi ne pécheront pas, ceux qui me glorifient auront la vie éternelle (Ecc., XXIV, 30, 31),ilajoute « Quelles actions de grâces singulières, quels remerciements ne devons‑nouspas au Seigneur, pour avoir été appelés à une Congrégation où  par les Règles et les usages établis, par l’exemple de  tous les Frères nous sommes continuellement avertis et, comme contraints d'invoquer Marie, d'honorer Marie, de publier les, louanges de Marie»

 Puis donc, M. T. C. F., que ce bonheur est le nôtre dans la Congrégation des Petits Frères de Marie, aimons­-la, cet te chère Congrégation, et  bénissons, Dieu de nous y avoir appelés. Aimons son nom  qui est le nom de Marie; Son espritqui estl'esprit de Marie ; ses Règles qui nous appliquent tous au service de Marie ; ses emplois, qui font de nous comme autant de Missionnaires de la dévotion à Marie parmi les Enfants. Aimons notre Chapelet notre Office de tous les jours ; nos Ave Maria de toutes les heures ; nos jeûnes, nos Catéchismes de tous les Samedis ; nos Fêtes, nos Neuvaines en l'honneur de Marie ; aimons notre habit, notre Scapulaire, nos Maisons, tout ce que nous avons, puisque tout nous vient de Marie, tout nous rappelle Marie, tout appartient à Marie. Que nos pensées, nos affections, nos paroles, nos œuvres, notre vie tout entière soient à Jésus par Marie, à Marie pour Jésus. Que ce soit là notre esprit, notre caractère, partout et toujours, et le Ciel sera notre partage . car, dit saint Bernard, IL  EST IMPOSSIBLE QU'UN VÉRITABLE SERVITEUR DE MARIE PÉRISSE !

 Ajoutons encore comme fruit particulier de l'Esprit de l'institut, une confiance sans borne en Marie

 Puisque nous sommes sa famille, ses enfants, ses Petits Frères, prenons l'heureuse habitude de la. regarder comme notre bonne Mère, et d'aller à elle, en toute assurance, en toute confiance, comme un enfant va à sa mère. Voilà quarante‑cinq ans que la Congrégation en a fait sa grande, son universelle, SON ORDINAIRE RESSOURCE et jamais elle ne lui a manqué ni à aucun de ses membres.

 Dans les tentations surtout, ne manquons jamais de l'appeler à notre secours. Marie est terrible aux démons comme une armée rangée en bataille (Cant., VI, 3). Son nom seul les met en fuite et les frappe de terreur. Tel est, l'empire que Dieu lui a donné sur les puissances infernales qu'elles abandonnent à l'instant ceux qui l'invoquent, aimant mieux endurer les supplices mille fois redoutés de l'enfer, que d'éprouver le pouvoir de cette divine Vierge,. Comme la cire se fond devant le feu, ainsi les esprits malins se fondent et se dissipent devant la fréquente invocation du nom de Marie. Saint Liguori qui rapporte ces pensées de saint Bernard, de saint Bonaventure, du bienheureux Alain, de sainte Brigitte et autres, nous assure lui‑même que la constante invocation du nom de Marie, dans les tentations, est une des preuves les plus sûres qu'on a combattu victorieusement.

 Enfin, M. T. C. F., dans toutes nos infirmités du corps et de l'âme, dans tous nos besoins, quels qu'ils soient, allons à NOTRE RESSOURCE ORDINAIRE,à Marie :

 « Car, c'est la volonté de Dieu, dit saint Bernard, que nous ayons tout par Marie. » « La plénitude de la grâce, dit saint Jérôme, est dans Jésus‑Christ comme dans la source quila produit, et dans Marie comme le canal qui la transmet. » «Dieu, dit saint Basile, nous a ouvert dans elle unemaison de santé publique, où tous les malades sont reçus, traités et guéris ». « Son nom seul, ajoute saint Jean Damascène, est un médicament qui calme tous les maux, qui corrige tous les défauts, qui détruit tous les vices. » « O Vierge bénie, lui crie saint Bernard, faites connaître aux pécheurs, que vous êtes la médiatrice de leur pardon ; aux faibles, que vous êtes leur soutien ; aux pusillanimes, que vous êtes leur force, aux affligés, que vous êtes leur consolation ; à tous les malheureux humains, que vous êtes leur refuge, et leur salut. Je consens, Ô Marie, que l'on se taise sur votre miséricorde, et que jamais aucune langue ne la célèbre, si, dans le monde, un seul homme peut se présenter et dire que, vous ayant invoquée, vous êtes demeurée sourde à sa prière. » « Le ciel et la terre, conclut saint Liguori, périront plutôt que vous manquiez, ô Marie, de secourir quiconque vous invoque avec humilité. »

 C'est dans cette confiance, M. T. C. F., que nous allons recommander plus que jamais à Marie notre bonne Mère, nos besoins personnels et Louis les besoins de la Congrégation :

 La vertu et la vocation de tous nos Frères;

 L'accroissement de l'amour et de la dévotion à Marie, de l'esprit de Marie, dans l'Institut;

 Nos retraites, que nous nous proposons de faire, cette année, avec une ferveur toute nouvelle, sous la protection et à l'exemple de Marie, notre bonne Mère ;

 L'approbation de la Congrégation par le Saint-Siège que notre intention est de poursuivre de nouveau, dès que les circonstances le permettront.

 Nos Maisons de Noviciat, afin que les bonnes vocations s'y multiplient de plus en plus, et que l'esprit de ferveur y croisse chaque jour

 Nos Ecoles et tous nos Etablissements, afin que la piété, la régularité et l'esprit de charité s'y conservent, et que le bien continue à se faire partout ;

 Nos Maisons d'Angleterre, plus spécialement, afin que Dieu nous donne les moyens de les soutenir et de les développer, selon que sa Providence semble en ce moment le demander et le préparer d'une manière toute particulière ;

 Enfin, tous les besoins temporels de l'Institut, le paiement de nos dettes, la construction de la Chapelle de Notre‑Dame, la construction du Noviciat de Saint‑Paul‑trois‑Châteaux, l'achèvement du Noviciat de Saint‑Genis‑Laval, afin que toutes ces entreprises puissent se continuer selon la volonté de Dieu et pour le plus grand bien de la Congrégation.

 Pour toutes ces fins et pour toutes celles que chacun se proposera, selon son attrait et ses besoins :

 1° Nous nous efforcerons de nous acquitter avec une ferveur toute nouvelle de nos Communions de Règle et de dévotion, de tous nos exercices de piété, surtout de ceux qui se font plus particulièrement en l'honneur de Marie ;

 2° Nous continuerons les prières extraordinaires, ordonnées par la Circulaire du 28 février 1858, à l'occasion du voyage de Rome ;

 3° Nous nous préparerons de notre mieux à notre Fête patronale, la grande fête de l'Assomption de la bienheureuse Vierge Marie.

 On ajoutera à cette intention, matin et soir, pendant les neuf jours avant la Fête, un Ave Maria au Salve Regina.

 Pendant toute l'Octave, on récitera le Veni Creator et un Ave Maria, àla prière du soir, à la place du Veni Sancte, pour demander la grâce d'une bonne Retraite.

 4° Nous avec tout, le soin possible, les moindres fautes commises de propos délibéré. Nous nous proposerons chaque jour, quelque acte de vertu en l'honneur de Marie et nous mettront, tous nos soins à bien remplir notre emploi, à conserver jusqu'à la fin l'esprit de et de piété, de régularité et decharité ; à aimer, honorer et faire aimer honorer et servir notre bonne Mère, la Bienheureuse et Immaculée Vierge Marie.

 Voici la liste des Frères décédés depuis notre Circulaire (lit 27 décembre 1860. Je les recommande tout particulièrement à vos prières.

 F. Claver, Profès, décédé à Saint‑Paul‑trois‑Châteaux, le 20 janvier 1861.

F. Gordien, Profès, décédé à Renaison (Loire), le là février 1861.

F. Erasme, V. 0., décédé à Neuville‑sur‑Saône (Rhône), le 17 février 1861.

F. Eparque, Novice, décédé à Villeréal (Lot‑et‑Garonne) le 29 mars 1861.

F. Acyndinus, Novice, décédé à Notre‑Dame de Saint‑Genis‑Laval, le 3 avril 1861.

F. Réole, Profès, décédé à La Bégude, le 6 avril 1861.

F. Marinon, Novice, décédé à La Bégude, le 10 avril 1861.

F. Lawrens, Novice, décédé à Glasgow (Ecosse), le 30 mars 1861.

F. Fabiani, Novice, décédé à La Bégude, le 6 mai 1861.

F. Ignatius, Profès, décédé à Hautefort le 29 juin 1861.

 Comme les années précédentes, il y aura deux Retraites pour la Province du Centre.

    La première s'ouvrira le dimanche, 25 août ; la seconde le Dimanche, 8 Fête de la Nativité de la Sainte Vierge.

    Tous les Frères employés dans les départements du Rhône, de l'Isère, etde l'Ain et  la Cote d'Or, et pour la Drôme, les Frères du Grand‑Serre et de Beausemblant, se rendront à la première Retraite.

 Les autres Frères dépendants de la, Province dit Centre seront pour la seconde Retraite,.

 Personne, à  moins d'une permission spéciale, ne pourra s'écarter de cet ordre.

 Dans la Province de Viviers, la Retraite commencera le dimanche, 15 septembre, et dans la Province de Saint‑Paul‑trois‑Châteaux, le mardi 24 septembre.

 Pour la Province du Nord, l'ouverture de la Retraite est fixée au dimanche 1ierseptembre, et pour la Province de, l'Ouest, au dimanche, 22 septembre.

 Les classes se termineront du 22 au 24 août, et se rouvriront du 1ierau 4 octobre.

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 Je recommande de nouveau aux Frères Directeurs de se rendre à la Retraite avec tous leurs Frères ; ils doivent y tenir fortement, selon la Règle.

Ils rempliront et signeront eux‑mêmes les nouvelles Obédiences qui leur sont adressées. Elles sont seules reçues sur les lignes de Paris, de la Méditerranée et du Bourbonnais.

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 Pour prévenir le mélange du linge des différentes Maisons, la Maison‑Mère et les Maisons provinciales fourniront à chaque Frère, au départ, une chemise, un rabat et un mouchoir neufs. Les Frères auront soin de changer de linge avant de partir de l'Etablissement, et seront dispensés d'en apporter d'autre.

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 Les observations des Frères Profès concernant les Aspirants aux vœux, doivent être envoyées immédiatement. Personne ne doit se dispenser de donner ses observations sur ceux des Récipiendaires avec lesquels il a été.

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 Il est indispensable que tous les Frères aient leur acte de naissance, visé par le Président du Tribunal de leur arrondissement respectif.

 Cet acte doit être déposé au Secrétariat de la Maison‑Mère ou des Maisons provinciales.

 Chaque Frère, en arrivant, déposera entre les mains du Frère secrétaire une note portant ce qui suit :

 1° Ses nom, prénoms, lieu et date de naissance.

 2° S'il est breveté, le lieu et la date de son brevet.

 3° Les noms de toutes les communes où il a été employé depuis dix ans.

 Ces pièces et ces notes nous sont absolument nécessaires ; il faut que chacun soit très exact à nous les fournir. Les Frères Directeurs y tiendront la main d'une manière particulière.

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 Il nous reste à compléter le Recueil de Problèmes qui doit accompagner la Nouvelle Arithmétique à l'usage de la Congrégation.

 J'engage les Frères qui en auraient dans leurs notes à nous les apporter, en venant à la Retraite.

 A la Maison‑Mère, ils seront recueillis et mis en ordre par le C. F. Placide ; à Saint‑Paul‑trois‑Châteaux  par le C. F. Jean‑Marie ; à la Bégude,  par le C. F. Priscillien ; à Beaucamps,  par le C. F. Didyme ; à Hautefort, par le C. F. Séraphin.

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 Vous éviterez à  l'avenir de mettre très pressé sur l'adresse de vos lettres. Cette note est de nul effet, soit dans le service de la poste, soit auprès des Supérieurs. Toutes les lettres sont vues à leur arrivée à la Maison‑Mère.

 L'absence prolongée des Frères Assistants, chargés de visiter nos Maisons d'Angleterre et les Fondations qui s'y préparent, ne nous permettent pas, cette fois, de répondre aux lettres du mois de juillet. La Circulaire y suppléera.

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 Ceux qui n'auraient pas reçu la note du Frère Procureur, concernant les livres de prix doivent également faire leur demande à la Maison‑Mère, ou à la Maison Provinciale dont ils dépendent. Il suffit, au besoin, qu'ils donnent la somme dont ils peuvent disposer, et le nombre de volumes qu'ils désirent. On s'est mis en mesure de servir tous les Etablissements, et de les servir très convenablement sous tous les rapports.

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 Les Frères Profès, qui n'ont pas pu fournir encore les renseignements relatifs aux livres des Annales, auront soin de les préparer pour la Retraite, et de les remettre au Frère Visiteur en arrivant. Qu'ils relisent avec attention la note de la dernière Circulaire concernant ce travail, et qu'ils s'y conforment exactement.

 Vous connaissez et le désir, et le besoin que nous avons d'une Chapelle convenable à la Maison‑Mère, et je vois avec reconnaissance et avec bonheur que vous vous empressez tous d'en préparer l'exécution. Continuez à vous y prêter de tout votre pouvoir; je recevrai moi-même, dans les différentes Provinces, les dons qui nous seront offerts, et je les réserverai exclusivement pour cette œuvre.

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 Je reconnais de plus en plus qu'il est impossible que la Congrégation l'entreprenne sur ses propres deniers. Toutes les économies qu'elle peut faire seront absorbées, pendant longtemps, soit par les nombreuses dettes qui nous restent encore, soit par le Noviciat de Saint‑Paul-trois‑Châteaux, dont l'agrandissement devient d'une absolue nécessité.

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 La présente Circulaire sera lue en Communauté, à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

 Recevez la nouvelle assurance du tendre et respectueux attachement avec lequel je suis en Jésus et Marie,

  Mes Très Chers Frères,

   Votre très humble et très dévoué Frère et serviteur,

     F. Louis‑Marie.

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