Circulaires 78

Louis-Marie

1863-06-29

Avis divers. - Rapports avec les Enfants. -Autorisation de l'Institut par le Saint­-Siège. - Prières  et Pratiques en actions de grâces. - Convocation du Chapitre Général

078

51.02.01.1863.2

 1863/06/29

 N.-D. deSaint Genis-Laval  le 29 juin 1863.

Fête des saints Apôtres Pierre et Paul.

     Mes Chers Frères,

 Nous suivrons, cette année, pour nos vacances et nos Retraites, le même ordre que les années précédentes.

 Le mois de septembre sera le mois ordinaire des vacances.

 Les Frères d'Ecosse et d'Irlande feront leur Retraite à Glasgow, du 8 au 15 juillet. Ceux de Londres viendront à la Retraite de Beaucamps.

 Pour la Province de Notre-Dame de Saint-Genis-Laval, la Retraite aura lieu du 23 au 30 août. Les classes, dans cette Province, se termineront le 20 et le 21 août.

 Pour la Province de Notre-Dame de l'Hermitage, la Retraite se fera du 8 au 15 septembre. Les Frères termineront leurs classes le jour qui leur sera indiqué par les règlements académiques.

 Les autres Retraites auront lieu :

 Du 1ierau 8 septembre, pour la Province du Nord ;

 Du 13 au 20 septembre, pour la province de La Bégude ;

 Du 22 an 29 septembre, pour la province de Saint-Paul-trois-Châteaux ;

 Du 27 septembre au 4 octobre, pour la Province d'Hautefort.

 Les Frères de cet Etablissement ne manqueront, pas de se rendre ensemble à la Maison désignée, et d'arriver tous, sans exception, la veille du jour de l'ouverture de la Retraite.

 La Maison-Mère et les Maisons Provinciales remettrons, comme l'année dernière, à chaque Frère, au départ, une chemise, un rabat et un mouchoir de poche neufs.On pourra donc se dispenser d'apporter du linge en venant à la Retraite; mais il faut qu'on ait soin de changer le jour même qu'on s'y rend.

   Les Frères Profès doivent nous transmettre leurs observations sur tous ceux des Aspirants aux Vœux (Vœu d'Obéissance et Profession), avec lesquels ils se sont trouvés ou qu'ils connaissent. Qu'on soit très exact à envoyer ces observations avec la correspondance de juillet. Les Frères Directeurs le rappelleront à leurs Frères Profès, avant d'envoyer les lettres de ce mois.

 Je ne doute pas que vous ne soyez consolés comme nous de ce grand nombre de demandes de Vœux qui continuent à nous venir, chaque année, de toutes les Provinces de l'Institut. Quelle preuve plus sensible de la protection de Jésus et de Marie sur notre Œuvre, que de voir tout ce que nous avons de meilleurs jeunes gens, de novices plus pieux, plus consciencieux, plus capables, de meilleur esprit, s'attacher à la Congrégation, demander à s'y lier,avec nous, par les saints engagements des Vœux ! Oh ! loin de nous, donc, toute pensée inquiète, toute crainte exagérée, pour les sorties, les défections qui viennent nous affliger. Nous les déplorons de toute notre âme, c'est certainement notre plus lourde croix, surtout quand quelque scandale s'y rattache; mais notre confiance n'en est pas un instant ébranlée. Nous savons trop que ce n'est qu'un triage, et, le plus souvent, un triage nécessaire, quoique douloureux, qui s'opère parmi nous. Ne cessons pas de vivre en bons Frères, en bons Religieux, et nous sommes sûrs de rester et de mourir Frères et Religieux.

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 Je vous recommande de nouveau une exacte fidélité aux Statuts capitulaires de 1860 concernant les livres de prix et les fournitures. Les Maisons de Procure se sont mises en mesure de satisfaire à toutes les demandes et à tous les besoins. Les Frères Directeurs ne peuvent pas se pourvoir ailleurs sans une permission expresse de notre part.

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 Les Règlements académiques sur la présentation et la nomination des Frères, soit comme Instituteurs publics ou privés, soit comme Instituteurs adjoints, nous obligent à donner toujours très exactement :

 1°Les nom, prénoms, lieu et date de naissance de chaque Frère.

 2°Le lieu et la date de chaque brevet

 3° Le nom de toutes les communes où un Frère a résidé, le temps qu'il y a passé et les emplois qu'il y a remplis.

 Tous les Frères Profès et autres, même les Frères Directeurs, auront soin donc de se présenter au Secrétariat de chaque Maison, pour donner ou vérifier ces divers renseignements, et pour déposer leur acte de naissance dûment légalisé avec leur brevet.

 Les aspirants au brevet (brevet élémentaire et brevet complet) s'entendront aussi avec le Frère Secrétaire, pour arrêter leur Inscription et fournir les pièces nécessaires.

 Tous les Frères qui sont nés en 1843 ne manqueront pas non plus de voir le Frère Secrétaire, et de lui donner tous les renseignements dont il a besoin pour leur engagement décennal. L'oubli des moindres formalités pouvant le faire refuser, il faut que chaque Frère y apporte la plus sérieuse attention et qu'il s'en occupe dès son arrivée à la Maison.

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 C'est pour la quatrième fois, et c'est toujours avec les plus vives instances, que je vous recommande le parfait accomplissement de la Règle dans tous vos rapports avec les enfants et avec les personnes du monde.

 N'oubliez pas qu'elle vous interdit à tous de sortir seuls, de donner aucune leçon à domicile, de toucher les enfants de quelque manière que ce soit, de les prendre en particulier, de les recevoir avant les classe, et de les garder après, d'avoir avec eux les moindres familiarités.

 Sur ce point capital, la charité, aussi bien et plus encore que la Règle, vous fait un devoir rigoureux de vous garder et de vous surveiller les uns les autres en Jésus-Christ, n'y manquez jamais. Dès qu'une sympathie trop marquée se manifeste entre certains enfants et quelque Frère que ce soit, si, après avertissement, elle ne cesse pas absolument et sur-le-champ, que les Supérieurs soient prévenus sans retard.

 Il faut vous souvenir surtout que, pour tout ce qui tient à l'angélique vertu, la force et la sûreté d'un Religieux ne se trouvent que dans une vie humble et retirée, dans une vie fervente et régulière, dans la fuite des moindres dangers, des moindres occasions.

 Voyez avec quelles précautions, avec quelle insistance, la Règle prescrit à tous de garder en tout la plus sévère modestie ; d'avoir en horreur toute parole, tout geste tout acte quelconque qui pourrait blesser cette délicate vertu ; d'être toujours graves et retenus avec les enfants ; de ne tolérer jamais de leur part, de ne jamais se permettre avec eux rien qui s'écarte du respect qu'ils doivent à leurs Maîtres, et que les Maîtres doivent au moindre d'entre eux ; de n'avoir de rapport avec le monde que par nécessité, et d'y apporter partout la prudence, la réserve et toute la gravité que demande notre profession; de veiller, enfin, avec un soin extrême, et sur toutes les affections de notre cœur, pour les conserver libres de toute amitié sensuelle, de toute inclination particulière ; et sur tous les sens de notre corps, pour éviter tout ce qui serait pour nous un sujet de tentation et une occasion de chute.

 Oh ! M. T. C. F., quel besoin nous avons ici de la prière, de l'esprit de prière dont je vous parlais dernièrement !… Salomon regardait comme une grande grâce d'avoir compris ce besoin absolu que nous avons du secours de Dieu, pour dominer nos sens et garder la chasteté : Quand je connus, dit-il, que je ne pouvais posséder la continence si Dieu ne la donnait, et cela même était sagesse de savoir que de lui vient ce don, je m'en allai au Seigneur et je le priais du fond de mon cœur (Sap., VIII, 21). Et plût à Dieu qu'il n'eût jamais oublié lui-même cette grande science ! Plût à Dieu qu'il ne se fût pas laissé entraîner à tous les égarements de son cœur ! Mais il a cessé de prier, il a cessé d'aller au Seigneur et de crier vers lui du fond de son cœur; et, malgré toute sa sagesse, malgré ses dons merveilleux, il n'a pas su se défendre du vice et des folles passions !

 « Je sens, disait un excellent Prêtre, ancien missionnaire, qui avait usé sa santé et ses forces au service des âmes, je sens que je ne pourrais pas être chaste, si je ne priais continuellement, si je n'avais tous les jours la Messe et le Bréviaire, si, tous les jours, je ne m'acquittais fidèlement de mes pratiques particulières de piété et de dévotion. »

 Comment le seront donc de simples Religieux, de jeunes Frères, si faibles et si harcelés, s'ils se relâchent dans la prière!… Oh! qu'il est difficile d'être chaste, quand on n'est pas fervent !… Qu'il est difficile d'échapper aux flammes impures du vice, quand on ne brûle pas des flammes saintes de l'amour divin ! …

 Mais, je vous le répète à tous, M. T. C. F., et je ne cesserai pas de vous le redire, de vous en presser, de vous en conjurer même, prévenez les moindres dangers, en évitant les moindres et les plus légères occasions ; tenez-vous, inviolablement, constamment renfermés, cachés, abrités dans l'enceinte de vos Règles, gardez-les sans exception, des Règles si sages et si nécessaires, gardez-les en tous lieux, gardez-les toujours, gardez-vous tous dans les entrailles et la charité de Jésus-Christ.

 C'est, je vous l'assure, avec la plus ardente affection. autant que par un pressant et impérieux devoir, que j'insiste si souvent, que j'insiste si fortement sur ce point essentiel.

 Et comment ne le ferais-je pas, quand je sais que l'exclusion immédiate de l'institut est, et doit être la suite inévitable de toute faute ostensible contre la belle vertu !  Quand je sais, quand je sais trop, hélas ! que toutle secret des sorties, des défections qui vous étonnent et vous dépassent, n'est, pour l'ordinaire, que dans l'oubli de ces avis et de ces recommandations !

 Et d'ailleurs, si, malgré ces avertissements, malgré la sévérité des lois, malgré de récents et trop publics châtiments, quelque misérable venait encore à sacrifier à de coupables instincts, sa conscience, son honneur et sa liberté, ne dois-je pas pouvoir protester devant Dieu et devant les hommes que je suis innocent de son crime et de son malheur ?

 Si le vice et l'hypocrisie, déjouant tous nos efforts, trompant toute notre vigilance, parvenaient à compromettre, par quelque monstrueux attentat, l'honneur et l'existence de quelqu'une de nos Maisons, ne dois-je pas dégager ma responsabilité et la responsabilité de tout l'Institut?

 Non, M. T. C. F., n'oubliez, ne négligez aucune des défenses, aucune des précautions, aucun des moyens que nous donnent nos Règles, pour sauvegarder l'honneur et la réputation de l'Institut, en sauvegardant la moralité de ses membres et l'innocence des enfants. Que dans toutes les maisons, dans les pensionnats surtout, la vigilance des Frères Directeurs soit si attentive, si continuelle, qu'elle ne puisse jamais être accusée ni même soupçonnée d'avoir été en défaut.

 Je prie le Seigneur de toute mon âme, je le prie et le conjure, par notre bonne Mère, la Vierge immaculée, de vous donner à tous l'intelligence de ces avis, l'intelligence de ces Règles, de ces défenses, de ces précautions, de ces moyens; de vous les faire observer inviolablement, et de vous fortifier sans cesse, par la prière et par la communion, par la piété et la ferveur, dans sa divine crainte, dans la haine et l'horreur de tout ce qui, de près ou de loin, pourrait blesser la sainteté infinie de ses regards.

 J'allais dire, c'est trop insister sur une telle matière; c'est faire soupçonner des malheurs qui, grâce à Dieu, ne sont pas ; mais non, je n'insisterai jamais assez ; tous ensemble, nous ne nous précautionnerons jamais trop, jamais assez, pour empêcher, pour prévenir ces malheurs épouvantables…

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 Grâce à Dieu et à l'Immaculée Vierge Marie, nous pourrons désormais changer en actions de grâces les prières et les supplications que nous avons ajoutées à nos prières ordinaires, depuis la circulaire du 2 février 1858. Nos vœux sont enfin exaucés, et la faveur insigne que nous sollicitons avec tant d'instances, que nous attendions si ardemment, vient de nous être heureusement accordée.

 Je me réserve de vous en parler amplement à la Retraite prochaine, et de vous dire par quelle voie miséricordieuse le bon Dieu nous a fait arriver à ce consolant résultat, qui achève de consolider notre Œuvre et d'en assurer l'avenir.

 En attendant, nous nous unirons tous pour remercier Dieu de cette grande grâce, et nous nous efforcerons d'y répondre de plus en plus, par un redoublement de zèle et de dévouement dans l'éducation chrétienne des enfants, de régularité et de ferveur dans l'accomplissement de tous nos devoirs. C'est ce que l'Eglise et la Société nous demandent également ; c'est le témoignage le plus assuré que nous puissions leur donner de notre attachement et de notre reconnaissance.

 En conséquence, on sera dispensé, à l'avenir, de réciter l'Ave maris Stella, après l'oraison du matin, et le Salve Regina, après la prière du soir ; ainsi que le Souvenez-vous et l'Ave Maria qui se disent, dans les écoles, à la fin de la classe du matin.

 Dans les Noviciats, on suspendra aussi la récitation des Litanies de l'Immaculée Conception, après la messe de communauté, sauf le samedi, comme il est marqué ailleurs. On pourra continuer, mais chacun en particulier, les invocations suivantes qui se récitaient en communauté :

Bénie soit la très sainte et très Immaculée Conception de la glorieuse Vierge Marie, Mère de Dieu ! R. A jamais!

Sainte Marie, R. Priez pour nous.

Saint Joseph, R. Priez pour nous.

Tous les Ordres des Esprits Bienheureux, R. Priez pour nous.

Tous les Saints et Saintes de Dieu, R. Intercédez pour nous.

Bienheureux Labre, R. Priez pour nous.

Que les âmes des fidèles trépassés reposent en paix par la miséricorde de Dieu. R. Ainsi soit-il.

 Je vous dirai, à la Retraite, pourquoi et comment ces invocations ont été proposées aux maisons de Noviciat; comment nous avons été amenés à invoquer, comme un de nos Protecteurs particuliers, le B. Joseph Benoît Labre, illustre serviteur de Dieu, du diocèse d'Arras, récemment béatifié.

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 Voici les pratiques et prières que nous ferons en actions de grâces.

 Pratiques particulières pour les Noviciats.

 Une neuvaine, pendant laquelle

 1° La messe de communauté sera offerte, chaque jour, en actions de grâces.

 2° Tous les jours, le Te Deum après la messe, le Laudate Dominum à la visite, et le Magnificat après la prière du soir.

 3° Le dernier jour de la Neuvaine, Communion générale et Salut solennel. (On devra se faire autoriser par l'Ordinaire pour le Salut.)

 Pratiques générales.

 1° Cent Communions pour chaque Frère (il suffira de les offrir une fois, à cette intention).

 2° Tous les jours, jusqu'au 9 janvier 1868, Mémoire de l'immaculée Conception, à Landes et à Vêpres.

 3° Pendant le même temps, un Ave Maria après le Salve Regina qui précède la prière du matin.

 Ces deux pratiques qui se font déjà, se continueront donc en actions de grâces. On les offrira, en outre, pour arrêter la malice du démon contre nous, et pour obtenir qu'on n'ait jamais à nous reprocher ni sévices ni scandales à l'égard des enfants.

 4° Nous proposerons, au prochain Chapitre Général d'arrêter qu'à l'avenir, dans les Maisons de Noviciat, avec la permission des Ordinaires, on chômera et on solennisera, le 29 juin, la Fête des saints Apôtres Pierre et Paul ; et que, ce jour-là, dans tout l'Institut, il y aura Communion générale à l'intention du Souverain Pontife et pour tous les besoins, de la Sainte Eglise.

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 Notre intention est d'avoir dans le courant du mois de juillet, la seconde Session du Chapitre Général élu en 1862. Il aura à terminer l'affaire pour laquelle il a été convoqué. Nous manderons les Frères Capitulants par une Obédience spéciale qui fixera à chacun le jour de la réunion.

 Conformément aux Constitutions, notre Circulaire du 1ieravril 1862 a réglé qu'il y aurait treize député pour les deux Provinces du Centre, treize pour les deux Provinces du Midi, trois pour le Nord et un pour l'Ouest.

 Dans l'ordre des suffrages obtenus, les députés sont,

pour le Centre :

 

FF. Avit.                                   FF. Grégoire.

   Louis-Bernardin.                     Placide.

   Euthyme.                                 Marie-Jubin.

   Abrosime.                                Aquilas.

   Cariton.                                    Marie-Lin.

   Callinique.                                Nicet.

   Ignace.                                    Jean-Philomène.

   Epaphras.                                Bonaventure. 

Suppléants F. Marie, F. Cittinus.

 

Pour le Midi :

 

FF. Malachie.                               FF. Abel.

   Jean-Marie.                              Augustus.

   Ladislas.                                  Victor.

   Claude.                                     Louis-Régis.

   Onésiphore.                             Priscillien.

   Bernardin.                                Juvénal.

   Ambroise. 

   Suppléants F. Benoît-Marie, F. Félicité.

 

   Pour le Nord                                                         Pour l'Ouest

FF. Aidant.                                                              F. Césaire.

   Andronic.

   Eubert. 

Suppléant : F. François Michel.                             Suppléant : F. Flavius.

 

Un intérêt tout spécial s'attache à cette septième Réunion Capitulaire (Les six premières ont eu lieu en 1839-1852-1853-1854-1860-1862). Elle est appelée, avons-nous dit, à terminer la grande affaire qui nous occupe tous depuis plusieurs années ; et, la première, elle doit en faire l'application.

 Je ne puis donc que vous exhorter à adresser à Dieu, par les mains de Marie, les plus ferventes prières pour qu'il bénisse les travaux du Chapitre Général, qu'il l'anime de son esprit, qu'il l'éclaire de ses lumières, et que tout se fasse pour sa plus grande gloire et pour le plus grand bien de la Congrégation.

 Il faut le dire, rien n'est plus consolant ni plus rassurant pour tous les Frères que l'excellent esprit qui a toujours animé nos Assemblées Générales. Pour quiconque les a suivies de près, elles sont la preuve la plus évidente que Dieu veille sur notre Œuvre, et qu'il assiste d'un secours tout spécial ceux qu'il charge tout spécialement aussi de lui conserver dans son esprit primitif, dans la ferveur et la régularité.

 J'espère donc que notre prochaine Réunion Capitulaire se fera, comme toutes celles qui l'ont précédée, en Dieu et selon Dieu; que la piété, le bon esprit, le zèle et le dévouement des Frères Capitulants répondront à l'importance de leur Mission et à toutes les bonnes prières qui se feront à leur intention.

 Nous la confierons tout particulièrement à Marie, notre bonne Mère; et, à partir du 16 juillet, fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, jusqu'à la fin du mois, on dira, à l'oraison du matin, à la place du Veni Sancte le Veni Creator et trois Ave Maria : on commencera de même l'Office, du soir.

 Le dimanche, 19 juillet, jour probable de l'ouverture du Chapitre, tous les Frères et même les Postulants, sont invités à faire la Communion à l'intention du Chapitre.

 Ce jour-là et les jours suivants, la messe de Communauté sera offerte pour la même fin.

 Que toutes les prières, Communions, exercices de piété et bonnes œuvres qui se feront dans la Communauté, pendant le mois de juillet, soient spécialement pour recommander à Jésus et à Marie tout ce qui se fera dans le Chapitre Général.

 Nous avons demandé à Son Eminence le Cardinal Archevêque de Lyon et Son Eminence a eu la bonté d'accorder pour la célébration de tous nos Chapitres Généraux :

 1° D'avoir l'exposition et la bénédiction du Saint Sacrement à la messe d'ouverture.

 2° De nous rendre en procession, avec la Communauté, à la salle Capitulaire.

 3° De clore le Chapitre par un Salut solennel avec exposition du Saint Sacrement à la messe de Communauté. La bénédiction est à la suite ou le soir.

 Vous bénirez Dieu avec nous de ces faveurs spirituelles qui ne peuvent que contribuer au bien de la Communauté, en attirant les bénédictions de Dieu sur ces Assemblées qui l'intéressent si vivement.

 Voici la liste des Frères et Postulants décédés depuis notre Circulaire du 2 février 1863 :

 

F. Vénérand, Profès, décédé à Notre-Dame de Saint-Genis-Laval, le 26 février 1863.

F. Paul, Profès, décédé à Notre-Dame de Saint-Genis-Laval, le 21 mars 1863.

F. Servilius, Novice, décédé à Charlieu, le 4 avril 1863.

F. Héliodore, Profès, décédé à Notre-Dame de Saint-Genis-Laval, le 7 mai 1863.

F. Libérius, Profès, décédé à Esquermes (Nord), le 11 mai 1863.

  Noble, Joseph-Louis, Postulant, décédé à Notre-Dame de Saint-Genis-Laval, le 29 mai 1863.

Bruyère, Jean-Antoine, Postulant, décédé à Notre-Daine de Saint-Genis-Laval, le 15 juin 1863.

F. Domingue, V. O. décédé à Dieulefit, le 25 juin 1863.

 

Vous voyez qu'il se trouve parmi ces chers défunts un des premiers Frères du pieux Fondateur, le bon Frère Paul, mort après 41 ans de Communauté. Je n'ai pas besoin de vous rappeler tout ce qu'il y a eu dans ce Frère, avec un caractère toujours gai, toujours ouvert, de vraie piété, de solide vertu, de sincère attachement à sa vocation, à ses Supérieurs et à tout l'Institut. Combien de fois ne l'avons-nous pas vu, dans nos chambres, s'attendrir jusqu'aux larmes, quand il avait ou pensait avoir quelque raison de croire à une bonne nouvelle pour l'Institut, ou d'appréhender quelque événement fâcheux ! Jamais un doute ne s'est élevé dans son âme sur le mérite, l'excellence et tous les avantages de sa vocation, même à travers les épreuves et les difficultés qu'il a pu rencontrer. Aussi, le bon Dieu lui a-t-il fait la grâces d'arriver à l'âge de communauté le plus long que nous trouvions encore parmi nos Frères défunts. Ce qui l'a particulièrement consolé à ses derniers moments, et il l'a exprimé plusieurs fois à son confesseur avec un grand bonheur, c'est que, depuis de longues années, il n'avait pas passé un seul jour sans faire la cession complète de tout lui-même et de toutes ses œuvres à la Sainte Vierge; et que jamais il n'avait fait le catéchisme à ses enfants, sans leur dire quelques mots de Marie, sa bonne Mère. Il s'est connu jusqu'à la fin, et sa mort a été aussi douce qu'édifiante.

 Que vous dirai-je de notre bon Frère Arsène, entré en Communauté à 49 ans, Profès à 51 ans, et décédé, au milieu de nous, à 81 ans, après trente-deux ans de Communauté? Déjà, dans le monde, il était, avec l'excellent Frère Cassien, son compagnon et son ami, un modèle de piété et de régularité. Tous les deux, ils avaient fait la classe à Sorbier, pendant de longues années, avec un zèle et un dévouement admirables, vivant déjà, avant de l'être, en bons et fervents Religieux. Le bon Dieu leur inspire de s'unir aux Petits Frères de Marie et d'entrer dans leur Communauté. Ils ne balancent pas un instant ; ils apportent au pieux Fondateur leurs personnes, leur patrimoine et tout ce qu'ils ont pu réaliser de petites économies ; ils lui remettent leur école, et ils ne veulent plus la continuer que sous sa dépendance, et en se conformant en tout aux Règles et aux usages des Frères. Qui, jamais, depuis, les a vus se démentir un seul instant? se relâcher, j'oserais dire une seule fois, dans l'exacte observance de la Règle? s'oublier même un jour, pour la piété, pour la ferveur, pour le bon esprit? Oh! quelle belle vie ! quelle riche vie ! J'espère qu'on vous la donnera, un jour, avec celles de beaucoup d'autres Frères qui, comme eux, se sont sanctifiés dans la vie humble et pauvre, dans la vie modeste et dévouée de Petit Frère de Marie. Demandons à Dieu qu'il multiplie parmi nous ces saints exemples, ces bons Religieux, qui sont le salut des autres par la sainteté de leur vie et la ferveur de leurs prières.

 Jusqu'à ses derniers moments, l'excellent Frère Arsène a reçu les recommandations de tous les Frères. Il ne se passait pas de jour qu'on ne nous priât de lui confier certains embarras, certaines difficultés, quelques besoins. Demi-heure avant sa mort, j'allai le trouver moi-même sur son fauteuil, où il a expiré. Il ne parlait plus, mais il comprenait parfaitement. Je lui recommandai par deux fois, une affaire très grave et très difficile, qui nous jetait, à ce moment-là, dans d'extrêmes inquiétudes. Il me promit, par un signe de tête, de le faire. J’insistais encore, parce que j'y tenais beaucoup. Il me le promit de nouveau ; et Dieu exauça aussitôt et son obéissance et sa prière. Nous vîmes disparaître nos craintes avec les difficultés.

 C'est ainsi que ce saint Frère a pratiqué l'obéissance par signe, par geste, ne pouvant plus la pratiquer autrement. Déjà, depuis plusieurs mois, il faisait l'admiration de toute la Maison-Mère, en se rendant avec des jambes toutes couvertes de plaies, enflées à l'excès, à une salle de l'infirmerie, afin d'avoir la consolation de demander la permission pour la Communion au Frère Directeur. Quel exemple, quelle leçon pour ceux qui s'affranchissent si aisément de ce point de Règle et de dévotion!

 Entrons bien, pendant le mois d'août, dans l’esprit de la Circulaire du 16 juillet 1862 ; demandons, avec instance, à notre grande Patronne de mourir en prédestinés, comme ces chers confrères ; mais efforçons-nous, comme eux, de vivre en bons religieux, pour mériter cette grâce. Préparons-nous, de notre mieux, à la grande Fête de l'Assomption et à notre Retraite. C'est par la dévotion à Marie, qui conserve dans la ferveur; c'est par une bonne Retraite annuelle, qui renouvelle et affermit dans la grâce de Dieu, la haine du péché et la bonne conscience, qu'on arrive à la bonne mort, à la persévérance finale. Remercions Dieu de nous donner excellemment dans notre état ces deux grands moyens de salut, et mettons tout en œuvre pour en profiter cette année, d'une manière toute particulière.

 A cette double fin, pendant les neuf jours avant l'Assomption, nous ajouterons, le matin, après la Méditation, à midi, après l’Angélus et le soir, après le Miserere, un Ave Maria; et, pendant l'Octave, on dira le Veni Creator à la place du Veni Sancte, à la prière du soir.

 La présente Circulaire sera lue en Communauté à l'heure ordinaire de la lecture spirituelle.

 Recevez la nouvelle assurance du tendre et respectueux attachement avec lequel je suis en Jésus et Marie, Mes Très Chers Frères,

Votre très humble et très obéissant Frère et serviteur,

 F. Louis-Marie.

 

P. S. Je reprends cette lettre pour vous annoncer deux bonnes nouvelles, qui vous feront grand plaisir à tous, je n'en doute pas.

La première, c'est qu'aujourd'hui même, 29 juin, nous commençons les fondations de la chapelle de la Maison-Mère. Nos conventions sont arrêtées avec un excellent entrepreneur ; et l'on est arrivé à un plan bien convenable, qui, sans sortir de la simplicité et de la modestie que nous devons garder en tout, répondra, nous l'espérons, à tous les désirs et à tous nos besoins.

La seconde, c'est que nous pourrons vous remettre à tous, à la Retraite prochaine, un Manuel ou Directoire de la solide piété très complet, un fort volume in-18, de plus de six cents pages. Nous attendons de cet ouvrage, du bon choix et de la variété des pratiques de piété et des formules de prières qu'il contient, des solides Instructions qui précèdent chaque dévotion, et d'une série d'excellentes Méditations sur N.-S. qu'on y a ajoutées ; nous en attendons, dis-je, des fruits abondants de ferveur, de piété et de perfection pour tous les membres de l'Institut. Les pieux fidèles eux-mêmes et vos enfants les plus avancés ne pourront s'en servir qu'avec grand avantage pour le bien de leurs âmes.

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