Circulaires 93

Louis-Marie

1869-06-04

Dévotion au Sacré-Cœur  - Annonce des Retraites. -Manière de réciter les Litanies. -  Lettre et visite du R. P. Colin, Fondateur de la So­ciété de Marie

093

51.02.01.1869.3

 1869/04/04

J. M. J.

Saint-Genis-Laval, le vendredi, 4 juin 1869,

Fête du Sacré-Cœur de Jésus.

       Mes très chersFrères,

 En vous annonçant nos Retraites prochaines, le jour de la fête du Sacré-Cœur de Jésus, je suis heureux de les confier d'avance àson amour, à sa miséricorde et à son infinie bonté. Le moyen par excellence de nous y bien préparer et d'en retirer de très grands fruits de salut c'est certainement de redoubler tous de piété et de dévotion envers le divin Cœur.

 Aujourd'hui plus que jamais, l'Eglise attend tout du Cœur adorable de Jésus, par le Cœur Immaculé de Marie; c'est là qu'elle place, ses espérances et qu'elle trouve ses consolations.

 Saint Jean I'Evangéliste apprit un jour à sainte Gertrude que s'il n'avait rien écrit sur les mouvements du Cœur de Jésus,sur lequel il avait en le bonheur de reposer pendant la Cène, c'est que Dieu s'était réservé de faire connaître dans les derniers temps, dans la vieillesse du monde, la suavité infinie de ce Cœur adorable, afin de rallumer dans les âmes le feu de la charité, l'amour divin qui, alors, serait notablement refroidi.

 Ne semble-t-il pas que le temps de cette divine manifestation est précisément celui où nous vivons? La bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque, cette grande Amante du Cœur de Jésus, que l'Eglise vient de placer sur ses Autels et d'offrir aux religieux hommages de tous les Fidèles, n'a-t-elle pas eu la mission toute spéciale de faire connaître le Cœur du divin Maître et de répandre son culte et son amour dans tout le monde chrétien? Le Souverain Pontife pouvait-il mieux confirmer, appuyer, exalter la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, qu'en déclarant BIENHEUREUSE celle qui a été chargée de la propager, et qui doit à cette précieuse dévotion les vertus héroïques et toutes les choses extraordinaires qui ont rempli sa vie?

 Oui, on peut le dire, trois grandes dévotions marquent plus explicitement, plus particulièrement, l'époque où nous vivons : la dévotion à I'Immaculée-Conception de Marie, vérité aujourd'hui de foi, la dévotion à saint Joseph et la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. Partout, les pieux Fidèles, les bons Religieux, le Clergé tout, entier, à la suite et à l'exemple du Souverain Pontife PIE IX se tournent vers le Cœur adorable de Jésus par le Cœur Immaculé de Marie et le cœur très pur du glorieux saint Joseph.

 Nous, Mes Très Chers Frères, resterons-nous en dehors, resterons-nous en arrière de ce mouvement universel de foi et de piété ? Oh ! non certainement. Au contraire, nous nous efforcerons d'être des premiers et des plus ardents à honorer, àaimer, à servir et à imiter le Cœur du divin Maître, en nous aidant de la protection de Marie et du crédit de saint Joseph, son très digne Epoux. Nous tâcherons même, comme Religieux et comme Instituteurs, de nous faire les Apôtres du divin Cœur, en l'étudiant sans cesse, et en nous appliquant, dans toute la mesure de nos forces et de nos moyens, à le faire connaître et aimer, à lui gagner les cœurs de tous nos Frères en Religion, les cœurs de tous les Enfants qui nous sont confiés.

 Mais c'est surtout en vue de nos prochaines Retraites et de notre complet renouvellement dans la piété et la ferveur, que nous devons redoubler, en ce moment, de zèle, d'amour et de dévotion pour le Sacré-Cœur de Jésus.

 « Je ne sache pas, dit la B. Marguerite-Marie, qu'il y ait, dans la vie spirituelle, aucun exercice de dévotion plus propre à élever, en peu de temps, une âme à la plus haute sainteté, et à lui faire goûter les douceurs du service de Dieu. Je le dis avec assurance, si l'on savait combien Jésus-Christ a cette dévotion pour agréable, il n'est pas un Chrétien, pas un Religieux surtout, pour peu qu'il aimât cet aimable Sauveur, qui ne la pratiquât d'abord, et qui ne mît ensuite tout son bonheur à la répandre.

 « Les Religieux qui l'embrasseront, en retireront tant et de si grands secours, qu'il ne faudrait point d'autre moyen pour rétablir la première ferveur et la plus exacte régularité dans les Communautés les moins bien réglées, et pour conduire à la perfection celles qui vivent déjà dans la ferveur ».

 Et ce qui donne un très grand poids à ces paroles de la Sainte, c'est qu'elle parle ainsi, non seulement par inspiration d'en Haut, en conséquence des lumières extraordinaires qu'elle recevait de Dieu dans l'Oraison, mais encore par sa propre expérience.

 Placée à la tête des Novices, dans le Couvent de la Visitation de Paray-le-Monial, au diocèse d'Autun, elle ne fut pas longtemps à reconnaître que, sans se laisser aller à des abus criants, cette Communauté était loin de la ferveur et de la régularité que Dieu demande des personnes qui lui sont consacrées. Chaque jour, la pieuse Maîtresse avait à déplorer de nombreuses négligences dans la pratique de la Règle, des rapports irréguliers avec les gens du monde, des murmures contre l'obéissance, de fâcheuses jalousies, de fréquents manquements à la charité et à l'esprit de mortification ; l'amour de la vanité et de tout ce qui la nourrit, la tiédeur pour l'Oraison et la Communion, l'attachement aux choses temporelles, la curiosité des nouvelles séculières, en un mot, tous les défauts qui n'annoncent que trop, dans une Maison, le relâchement de la discipline et un notable affaiblissement de l'esprit religieux.

 C'est au point que Notre-Seigneur lui dit un jour: « Ma fille, il faut que tu te rendes la victime d'immolation de mon Cœur, afin que, par son entremise, tu détournes les châtiments que la justice  irritée de mon Père veut exercer contre ta Communauté, pour les défauts qui y règnent. »

 La Sainte, en effet, avant de pouvoir corriger les abus dont elle souffrait, eut à les expier par les plus rudes pénitences, par des douleurs extrêmes, par d'abondantes larmes et de terribles satisfactions.

 Mais de tous les moyens qu'elle employa pour ramener ses compagnes à la ferveur, et pour inspirer à ses Novices la piété et l'amour de Notre-Seigneur, le plus efficace fut la dévotion au Sacré-Cœur de ce divin Maître.

 C'est par la pratique de cette dévotion que la Maison de Paray-le-Monial se renouvela entièrement; et qu'après avoir été extrêmement relâchée, elle devint une des plus ferventes de l'Ordre de la Visitation.

 A la vie dissipée et mondaine, à la vie sensuelle et négligente, succédèrent l'esprit d'Oraison, la ferveur et la fidélité dans les Communions, le silence, le recueillement, la modestie, la mortification, toutes les vertus qui font les Communautés modèles.

 Le Vicaire Général du Diocèse, chargé d'en faire la visite, atteste que, par la dévotion au Sacré Cœur de Jésus, la B. Marguerite-Marie avait introduit dans le Couvent un courage pour la pénitence, une ardeur pour les humiliations, un zèle pour la perfection, qu'on trouve à peine dans les Maisons les mieux réglées.

 Ici, M. T. C. F., dans une pensée de sérieux retour sur nous-mêmes, j'invite chaque Frère Directeur à se recueillir devant Dieu, et à examiner sérieusement, ait point de vue de la piété, de la régularité, de l'esprit religieux et de la ferveur, où en est sa Maison, où en est la Communauté particulière dont il est chargé et qu'il a la mission, l'obligation rigoureuse, de diriger, de conserver et de perfectionner.

 L'occasion est bonne, en ces jours où nous célébrons le 29ième anniversaire du décès de notre pieux et vénéré Fondateur.

 Grâce à Dieu, nous avons lieu de le croire, dans l'ensemble de la Congrégation, l'esprit du bon Père se conserve et se fortifie; la piété, et la régularité se soutiennent; les études vont en gagnant et par suite le silence et le recueillement ; on a la paix et la sainte union qu'il a tant recommandées ; on est zélé pour l'étude et l'enseignement du Catéchisme, but essentiel de tout bon Instituteur ; on continue, en un mot, et on accomplit de son mieux l’Œuvre qu'il a fondée avec tant de peine et qui lui était si chère.

 Mais ce bon état de l'Institut, vrai pour l'ensemble, vrai pour la généralité, le retrouve-t-on également partout ? N'y a-t-il pas de regrettables, de douloureuses exceptions? Telles et telles Maisons, telles et telles Communautés particulières, n'ont-elles pas, comme celle dont la B. Marguerite-Marie a si heureusement procuré le complet renouvellement, n'ont-elles pas, elles aussi, bien des manquements à reconnaître, bien des défauts à corriger, plusieurs abus à faire cesser ?

 Je le répète, c'est à chaque Frère Directeur à l'examiner et à répondre. Chacun doit voir et s'assurer si l'on prie bien dans son Etablissement, et si tous les Exercices se font à l'heure et se font convenablement ; si les rapports avec les séculiers et avec les enfants n'ont rien d'irrégulier ni de dangereux ; si l'on s'adonne tout de bon à l'Oraison, à la Communion, aux vertus religieuses et à l'esprit intérieur; si la Pauvreté, la Chasteté, l'Obéissance, la sainte Charité sont aussi bien sauvegardées qu'elles peuvent l'être, par l'exacte observance des Règles ; si tous, en un mot, s'efforcent de retracer la vie etles vertus du pieux Fondateur, de parler et d'agir comme de dignes Enfants du bon Père, de véritables Petits Frères de Marie.

 C'est sur ces points, sur tous ces points que chaque Frère Directeur doit faire un examen très approfondi, porter une attention très sérieuse, Puis, s'il reconnaît que sa Communauté n'est pas ce qu'elle doit être, que la tiédeur et le relâchement la gagnent, il faut qu'il se fasse comme la B. Marguerite-Marie une victime d'immolation du Sacré-Cœur de Jésus; et qu'à force de prières, d'humiliations, d'amour et de sacrifices, il y ramène la piété, la ferveur, le bon esprit qui en doivent être l'ornement et la vie.

 Du reste, quelque résultat que nous donne notre examen, la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus nous revient à tous comme le moyen le plus sûr, le moyen le plus facile, un moyen infiniment doux de procurer notre plus grand bien spirituel et le plus grand bien de tous nos Frères.

 Les fervents, elle les soutiendra, elle les fortifiera, elle les fera avancer rapidement vers la perfection.

 Les faibles et les chancelants, elle les aidera, elle les arrêtera sur la pente de la tiédeur et du relâchement, elle les ramènera bientôt à la pratique exacte de la piété et de la régularité.

Les relâchés eux-mêmes seront comme entraînés par les lumières divines, par l'onction céleste, par les trésors infinis de grâces qui découlent dit Cœur adorable de Jésus, dès qu'on s'efforce de lui rendre le culte parfait que mérite son amour.

 Oui, M. T. C. F., aux instructions de nos Circulaires, aux exemples du pieux Fondateur et de nos anciens Frères, à tous les Avis et Leçons qui nous sont donnés, au nouvel et excellent ouvrage sur les devoirs des Frères Directeurs, qui va vous être distribué, ajoutons tous, ajoutons partout un tendre amour pour le Cœur adorable de Jésus ; ajoutons le culte et l'imitation journalière du Cœur de Jésus, une application constante à l'étudier et à le méditer : et, sans aucun doute, nous conserverons et nous ramènerons parmi nous l'esprit intérieur, l'esprit religieux ; nous serons ou nous deviendrons des Frères BIEN PIEUX, BIEN RËGULIERS, BIEN UNIS, nous vous le recommandons sans cesse, à l'exemple du vénéré Fondateur, et parce que nous avons devant Dieu la rigoureuse obligation de le faire.

    Nos Retraites aussi réussiront infailliblement par la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. Quels que soient nos besoins, nos misères spirituelles, nos dispositions quelconques, le Cœur de Jésus est le remède souverain qui guérira tout, qui refera et sauvera tout : Venez tous à moi, nous crie Jésus lui-même, vous qui êtes fatigué, vous qui êtes écrasés sous le poids de vos tiédeurs, de vos défauts, de vos pêchés peut-être, et le vous soulagerai, je vous renouvellerai, je vous referai entièrement (Math., XI, 28). C'est encore la B. Marguerite-Marie qui nous donne, ou plutôt qui  nous rappelle, de la part du divin Maître, ce grand secret de la perfection et de la sainteté. Voici en substance ce qu'elle disait elle-même à ses Novices, en les préparant à la Retraite.

 « Le Cœur de Jésus est un abîme de miséricorde et d'amour OÙ vous devez noyer tous vos mauvais penchants, et puiser toutes les richesses dont vous avez besoin, selon vos différents états. »

« Si vous êtes dans un abîme de dissipation et de distraction, vous trouverez dans le Cœur de Jésus un abîme de recueillement et de dévotion qui fixera votre légèreté, qui retiendra vos sens et votre imagination, qui attirera vers Dieu vos pensées et vos affections, en les unissant à lui.

 « Si vous êtes dans un abîme de faiblesse et d'inconstance, d'infidélités et de rechutes, de misères et d'ignorance, allez au Cœur de Jésus ; il est un abîme de force, de science et de lumières. Après avoir dissipé vos ténèbres, il relèvera votre courage, il guérira votre âme en l'éclairant ; il vous donnera sa grâce et ses vertus, et il les défendra lui-même contre toutes vos faiblesses et vos illusions.

 « Si vous êtes, ajoute la Sainte, dans un abîme de sécheresse et de désolation, de tristesse et de crainte, allez vous abîmer dans le Cœur de Jésus : là se trouve un océan de consolation et d'amour, un océan de paix, et de joie célestes, un océan de confiance et de résignation.

 « Fussiez-vous, continue-t-elle, dans un abîme d'orgueil et de vaine estime de vous-mêmes, d'agitation, d'impatience et de colère, d'ingratitudes et de méchancetés, de tentations et de penchants horribles : les anéantissements profonds du Cœur de Jésus, son inépuisable douceur, sa bonté et sa compassion infinies, tous les abîmes de grâces dont il est rempli, suppléeront à tout ce qui vous manque ; vous remettront dans la voie de l'humilité, de la pureté, de la patience, et de la douceur ; vous feront triompher du démon et de vous-mêmes, et vous rendront fidèles à la grâce et aux devoirs de votre Vocation. »

 « Enfin, dit-elle, si vous vous trouvez comme abîmés dans la mort, allez au Cœur de Jésus, vous y trouverez un abîme de vie ; vous vous transformerez, ou plutôt il vous transformera lui-même en lui : de telle sorte que vous ne verrez et ne regarderez plus que par les yeux de Jésus-Christ, vous n'agirez plus que par son mouvement, vous ne parlerez plus que par sa langue, vous n'aimerez plus que par son Cœur. »

 Oh ! M. T. C. F., quel bonheur pour nous si nous entrons dans ces pensées, si nous nous rendons à ces brûlantes exhortations de la bienheureuse Amante du Cœur de Jésus, de cette âme si privilégiée, suscitée et préparée tout exprès pour le faire connaître et le faire aimer ! Quelles magnifiques promesses Jésus-Christ lui-même a daigné lui faire, en faveur de toutes les personnes dévouées à son Sacré-Cœur !

 « Je leur donnerai, dit-il, toutes les grâces nécessaires dans leur état.

 « Je les consolerai dans toutes leurs peines.

 « Je serai leur refuge assuré pendant la vie et surtout à la mort.

 « Je répandrai d'abondantes bénédictions sur toutes leurs entreprises.

 « Les pécheurs trouveront dans mon Cœur la source et l'océan infini de la miséricorde.

 « Les âmes tièdes deviendront ferventes, et les âmes ferventes s'élèveront rapidement à une grande perfection.

 « Je bénirai moi-même les maisons où l'image de mon Cœur sera exposée et honorée, et j'y mettrai la paix et la charité. »

 Et remarquez, M. T. C. F., qu'à de si belles promesses Notre-Seigneur ne met qu'une seule condition, une condition pleine de suavité et de douceur : aimer et honorer son Cœur sacré ; se dévouer à la gloire, à l'amour au culte de ce divin Cœur ! Et même pour nous, Religieux Instituteurs, il daigne ajouter encore que la dévotion à son Sacré-Cœur sera un moyen infaillible de faire beaucoup de bien aux Enfants et à tous ceux dont nous sommes chargés. «Mon divin Sauveur m'a fait entendre dit la Sainte, que ceux qui sont employés au salut des âmes, auront l'art de les toucher et travailleront avec un succès merveilleux, s'ils sont pénétrés eux-mêmes d'une tendre dévotion pour son divin Cœur.»

 Que n'avons-nous donc pour le Cœur adorable de Jésus quelque chose des ardeurs qui dévoraient l'âme sainte de la bienheureuse Marguerite-Marie ! Que ne pouvons-nous dire avec elle et comme elle: «Je ne saurais m'occuper d'autre chose que du Sacré Cœur de Jésus. Je mourrais contente, si J'avais pu lui procurer quelquefois dans mon âme un. désir si ardent de le faire régner dans tous les cœurs, qu'il me semble qu'il n'y a rien que je ne voulusse faire et souffrir pour cela : même les peines de l'enfer sans le péché, me deviendraient douces. Pourvu que j'aime le Cœur de Jésus, que le Cœur de Jésus règne et soit aimé, il nie suffit,  tout le reste ne m'est rien. »

 Et, en effet, jamais trésor n'eût intéressé si vivement le cœur d’un avare ; ou une grande dignité, celui d'un ambitieux, que n'intéressait la Bienheureuse, le seul emblème du Cœur de Jésus, environné de flammes et couronné d'épines. Ah ! c'est que, pendant que je le contemplais avec amour, nous dit-elle, Jésus-Christ m'a fait voir, écrits dans son Cœur, les noms de tous ceux qui aiment à le faire honorer, et il m'a assuré qu'ils n'en seront point effacés, ajoutant toutefois qu'il ne laisserait jamais ses serviteurs et ses amis sans humiliations et sans croix. »

 Pour conclusion, rappelons encore une des divines communications que recevait la Bienheureuse, à propos des Retraites de sa Communauté : « Ma bien-aimée s'est  souillé les pieds en me quittant pour courir après les créatures, lui dit un jour Notre-Seigneur, elle a terni sa beauté en se laissant aller au péché ; mais elle vient d'entrer dans un purgatoire, et je veux que tu me cèdes, pour la laver et la purifier, les larmes et les gémissements que tu viens de répandre devant moi.»

 La Sainte, se préparant à la confession, venait de pleurer et de gémir sur ses propres péchés, avec une extrême confusion et une très vive douleur, près de six heures durant, en présence du Saint Sacrement.

 Or, Notre-Seigneur lui fit connaître que la bien-aimée dont il parlait était la Communauté de la Visitation, et que le purgatoire où elle entrait, était la Retraite même que les Religieuses allaient commencer, puis il ajouta :

 « Ma fille, donne-leur ce dernier avertissement de ma part. Que chacun pense à soi, et à faire profit de la grâce que Je lui présente par l'entremise de ma sainte Mèrecar celles qui n'en profiteront pas, demeureront comme des arbres secs qui ne rapportent plus de fruit. Elles pourront recevoir encore quelque lumière de ma sainteté de justice ; mais cette lumière, en éclairant le pécheur, ne fait souvent que l'endurcir. Il voit le mauvais état où il est ; mais il n'a pas le courage ni la force d'en sortir. De cet état, il tombe ou dans le découragement ou dans l'insensibilité sur son propre malheur. C'est là un des plus rigoureux châtiments dont ma sainteté de justice punit les âmes rebelles à mes grâces. » Terrible pensée, M. T. C. F., redoutable avertissement qui doit bien nous faire réfléchir sur l'extrême danger de l'abus des grâces.

 Puissent cet avertissement et ces menaces, ajoutés aux sentiments de confiance et d'amour que doit nous inspirer le Sacré-Cœur de Jésus, nous déterminer tous à nous préparer de notre mieux à la grande grâce de nos Retraites, afin que nous en retirions tous les fruits de salut que le bon Dieu y a attachés !

 Voici dans quel ordre elles auront lieu cette année

 l°La Retraite du Régime, du 13 an 20 juin.

 2° Une Retraite particulière, à Beaucamps, du 10 au 17 juillet, pour les Frères de Londres, les Frères, Novices et Postulants Anglais de la Maison de Beaucamps, et pour les Frères qui étudient et se préparent pour les Missions.

 3° La Retraite de Glasgow, du 22 au 29 juillet, pour les Frères d'Ecosse et d'Irlande.

 4° La première Retraite de la Maison-Mère, du 1ierau 8 septembre, pour la Province de Notre-Dame de l'Hermitage. Elle sera prêchée par Sa Grandeur Monseigneur de CHARBONNEL, évêque de Toronto.

 5°La deuxième Retraite de la Maison-Mère, du 15 au 22 septembre, pour la Province de Saint-Genis-Laval,

 6°La Retraite de Beaucamps, du 7 au 14 septembre.

 7° La Retraite de la Bégude, du 3 au 12 septembre.

 8° La Retraite de Saint-Paul-Trois-Châteaux, du 21 au 28 septembre.

 9° La Retraite d'Hautefort, du 26 septembre an 3 octobre.

 10° Les Frères du Cap de Bonne-Espérance font, leur Retraite en janvier, et les Frères de Syrie, en septembre, dans,la huitaine qui convient le mieux.

 Tous les Frères doivent être rendus la veille de la Retraite, et tous ceux du même Etablissement doivent arriver ensemble à la Maison-Mère et se présenter ensemble aux Supérieurs.

 Les avis et observations concernant les restes du vestiaire, le linge à changer, les livres de prix et les fournitures classiques, les vocations pour nos différents Noviciats et pour le Juvénat, les brevets, les actes de naissance, les renseignements sur la résidence, l'engagement décennal, etc., sont les mêmes que celles de l'année dernière (Voir la Circulaire du 16 juillet 1868).

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 Voici la liste des Frères, Novices et Postulant, décédés depuis notre Circulaire du 2 février 1869.

 

Frère VALERE décédé à Beaucamps, le 21 février 1869.

Frère DIDYMUS, Novice, décédé à Notre-Dame de l'Hermitage, le 17 mars 1869.

Frère VALÉRYProfès, décédé à Saint-Paul-Trois-Châteaux, le 12 avril 1869.

Frère JOVIN, Profès, décédé à Saint-Martin-de-Fontaine (Rhône), le 18 avril 1869.

Frère BASSIANUS, Obéissant, décédé à Charlieu (Loire), le 20 avril 1869.

Frère THEOPHANES, Obéissant, décédé à Barjac (Gard), le 25 avril 1869.

Frère EVANGÉLISTE, Novice, décédé à la Bégude (Ardèche), le 20 mai 1869.

Frère STANISLAS, Profès, décédé à Saint-Genis-Laval, le 24 mai 1869.

Henri DEQUEKER, Postulant, décédé à Morbecque (Nord), le 6 mai 1869.

 

C'est donc trente Frères défunts, dans le courant de cette année. Je les recommande de nouveau à vos pieux suffrages, et je vous engage à faire exactement les prières et à donner, au temps marqué, les Messes prescrites, pour les Frères défunts, les Parents des Frères et toits nos Bienfaiteurs défunts.

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 Nous avons décidé, au Conseil du Régime, que l'Etablissement de Saint-Agrève (Ardèche), dépendant de la Province de Notre-Dame de l'Hermitage ferait partie de la Province d'Aubenas. Les Frères de cet Etablissement se rendront à la Retraite de la Bégude.

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 Pour la parfaite uniformité dans nos Exercices de piété, on commencera partout les Litanies en cette manière

 1° Deux fois Kyrie,                   

2° Deux fois Christe,    le Récitateur alternant avec la Communauté           

3°Deux fois Kyrie,

 Pour le sujet de Méditation, on lit le premier point à genoux, immédiatement après le Veni Sancte; le second et le troisième point se lisent, l'un à la suite de l'autre, dès qu'on est debout.

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 Le 20 mai dernier, j'ai reçu du Très Révérend Père Colin, fondateur de la Société de Marie, la lettre suivante :

 « Mon Révérend et bien cher Supérieur, ne pouvant écrire moi-même, je me sers de la main peu exercée de nos Frères pour vous écrire cette lettre.

  « Un ecclésiastique honorable et zélé m'écrit des environs de Paris, et me prie instamment de vous faire,  en son nom et au mien, la demande suivante. »

 « Cet ecclésiastique est partout en quête de prières pour la réussite d'une œuvre qui intéresse la gloire de Dieu et la dévotion à la sainte Vierge. Il a une confiance particulière aux prières des Enfants, et il désire que je me joigne à lui, pour vous supplier de faire dire à son intention, dans toutes les classes de votre Institut, au moins une fois par jour, trois Ave Maria. »

 « Voyez, mon bien cher Frère, si vous pouvez, par une courte Circulaire, adressée aux Directeurs de vos Etablissements, lui rendre ce service qu'il désire ardemment. »

 « Veuillez me rappeler au souvenir du cher Frère Jean-Baptiste, et agréez vous-même l'assurance de mon  estime et de ma sincère affection. »

 « Je suis, etc. »

 signé de sa  main : COLIN.

 

Le même jour, j'ai répondu au Très Révérend Père que j'étais heureux de recevoir sa bonne lettre à la veille d'envoyer notre Circulaire des Retraites, et que je ne manquerais pas de demander à tous nos Frères les trois Ave Maria qu'il désire.

 On dira donc, une fois par jour, pendant neuf Jours, dans toutes les classes de l'Institut, trois Ave Maria de plus, à l'intention du Très Révérend Père ; et cette même intention sera comprise ensuite dans la récitation ordinaire du Chapelet.

 Je suis sûr que ce sera un bonheur pour vous tous comme pour nous, de pouvoir donner au bon Père cc faible témoignage de notre filial souvenir et de notre tendre et respectueuse affection. Il nous a donné lui-même, à tous, depuis l'origine de la Congrégation, tant de preuves de sa bonté paternelle, et de tout l'intérêt que l’Œuvre des Frères lui a toujours inspiré !

 En répondant à sa dernière lettre, je lui disais – « Permettez-moi, mon Très Révérend Père, de me recommander, avec tous les membres de la Congrégation, à vos bonnes et saintes prières. Le bon Dieu continue à nous bénir et à faire marcher les choses; mais les difficultés ne manquent pas, comme vous le savez : nous avons grand besoin que vous nous confiiez souvent au Sacré Cœur de Jésus et au Cœur Immaculé de Marie. » Puis, exprimant l'assurance que sa bonté toute paternelle ne lui permettrait jamais de nous oublier, je lui ai renouvelé, au nom de tous, l'hommage de mon profond respect et de ma filiale affection.

 Récemment encore[1], le 1ierfévrier dernier, le bon Père nous a bien montré son tendre et inviolable attachement, en nous rendant visite à la Maison-Mère, malgré son grand âge, malgré son état de cécité presque complète, et un vent très fort qu'il faisait ce jour-là. Oh ! qu'il a été bon et affectueux au milieu de nous ! Comme l'émotion le gagnait en nous parlant ! Comme toute la Communauté a été touchée de la vertu, de la sainteté, de l'admirable douceur et simplicité qui éclatent dans toute sa personne ! Aucun de nous ne saurait oublier les paroles cordiales, toutes pleines de foi et de piété, qu'il nous a adressées.

 « Vous me voyez attendri, Mes Chers Frères, et il m'est impossible de ne pas l'être, en voyant combien le bon Dieu vous a multipliés, combien il a béni I'Œuvre du Père Champagnat. »

  « Ah ! J'ai vu les commencements de cette chère Société, j'ai été témoin des travaux des premiers Frères qui ont bâti l'Hermitage ! Ils ont quelquefois éprouvé des accidents, ils sont tombés du haut des murs. Jamais le bon Dieu n'a permis qu'ils se fissent aucun mal. C'est que vous faites son œuvre il a soin de  vous. »

 « Mes Chers Frères, vous avez ici une belle Chapelle, c'est très bien. C'est un Temple élevé à la gloire de Dieu ; mais il n'est que pour le temps, il ne subsistera pas toujours. »

  Chacun de vous a aussi un temple à élever à l'Esprit-Saint, et ce sera un Temple pour l'éternité. C'est à ce Temple spirituel qu'il vous faut travailler chaque jour. Heureux ceux qui seront de bons architectes de l'éternité ! Quand leur Temple sera achevé, la mort viendra, et le bon Dieu les recevra dans son Paradis.

 « Nous lisons de sainte Françoise Romaine qu'elle voyait son bon Ange à côté d'elle, et il peignait chacune de ses actions sur une toile qu'il lui montrait. Mais la Sainte ne lui donnait que de bonnes actions à peindre; et, quand son tableau fut achevé, son bon Ange l'emmena au Ciel avec lui. Ah! faites de même, Mes Chers Frères, ne donnez que de bonnes œuvres à peindre à votre Ange gardien. Que le démon n'en ait point de mauvaises pour lui ; ou, S'il vous en échappe quelquefois, effacez-les vite, vite, par une bonne confession. »

 « Mes chers Frères, soyez courageux dans les travaux de votre vocation. Souvenez-vous que le bon Dieu n'aime pas les lâches; vous serez placés dans des postes pour travailler au salut des enfants; vous rencontrerez parfois bien des difficultés, armez-vous alors de courage pour les surmonter. Dites : Allons ! il faut vaincre cet obstacle; puis, les peines ne dureront pas toujours, et je sais que le bon Dieu me les paiera infiniment, jusqu'àla plus petite. »

 « Mes enfants, je suis vieux (80 ans), je ne vois presque plus ; bientôt je ne serai plus de ce monde, il faudra aller rendre mes comptes. Priez pour que je fasse une sainte mort. »

 Là, l'émotion gagna de nouveau le bon Père, et elle nous gagna tous avec lui ; il dut s'arrêter quelques instants, puis il reprit : « Mes Chers Frères, soyez toujours bien humbles, il faut que chacun se regarde comme le dernier de tous, dans la Communauté. Votre nom de Petits Frères de Marie vous dit que vous devez être toujours bien humbles, toujours bien petits. Soyez aussi très soumis à vos Supérieurs, afin de leur rendre  leur charge moins pénible, l'obéissance est très agréable à Dieu. »

 Après ces touchantes paroles, prononcées d'une voix émue et toute paternelle, les Frères se mirent à genoux et le bon Père nous bénit avec une grande effusion de cœur, ajoutant encore en descendant du siège et en essuyant ses larmes : « Adieu, Mes Enfants, je vous laisse tous dans le saint Cœur de Marie, n'en sortez jamais.»

 De là, je l'accompagnai dans sa chambre, et il continua à m'entretenir de la joie qu'il éprouvait de voir le bon esprit se conserver parmi nous, du soin que nous devions mettre à le conserver. « Mais ayez confiance, m'ajouta-t-il, je sais que tous vous faites ce que vous pouvez, le bon Dieu ne vous abandonnera pas. Je vous l'avais promis, quand vous commenciez à bâtir Saint-Genis, et que je suis venu y dire la Messe, le jour de l'Assomption, et y donner la première bénédiction du Saint Sacrement. Je vois bien aujourd'hui que je ne me trompais pas. Ayez bon courage. »

 Vous comprendrez, M. T. C. F., combien une tellevisite, de telles paroles et de si paternels encouragements nous ont donné, et doivent encore nous donner à tous, de confiance et de consolation. Ce ne sont pas seulement les paroles et les encouragements d'un Saint, d'un Fondateur plein de sagesse et consommé en expérience ; c'est aussi la pensée et l'autorité de notre Fondateur lui-même, du Révérend Père Champagnat, qui a voulu que son Testament spirituel fût déposé entre les mains du Très Révérend Père Colin ; et qui, en mourant, nous a dit à tous que son esprit est le sien, que sa volonté est la sienne, et que nous devons lui rendre la même obéissance et la même soumission que nous lui avons rendues à lui-même.

 J'ai voulu relater ici, dans tous ses détails, cette bonne visite du Très Révérend Père, afin qu'elle reste au milieu de nous comme un nouveau et puissant encouragement à garder l'esprit primitif de la Congrégation, à nous rattacher toujours de plus en plus à nos Fondateurs, a nos bons Anciens. Ne manquons pas de prier pour ce bon Père ; et, en demandant pour lui la grâce suprême d'une sainte mort, comme il le désire, conjurons aussi le bon Dieu de le conserver le plus longtemps possible à l'amour des Pères et des Frères de la Société de Marie.

 Maintenant, M. T. C. F., je vous redis à tous, avec le bon Père : Oui, entrons dans le Saint Cœur de Marie, entrons-y par la confiance, l'imitation et l'amour, et n'en sortons jamais.

    Mais le Cœur de Marie est lui-même tout entier dans le Sacré-Cœur de Jésus, il : y a été dans le temps, et il y seratoute l'éternité : d'où il suit qu'entrer dans le Cœur de Marie c'est essentiellement entrer dans le divin Cœur de Jésus ; et qu'alors nous pouvons répéter encore, sans contradictionavec le bon Père, cette humble et admirable prière de la Bienheureuse Marguerite-Marie Alacoque, prière qui répond si bien à toutes les pensées de cette lettre.

 « Sur la terre on emprisonne les débiteurs insolvables,  eh bien ! mon divin Maître, je le confesse et je le reconnais devant vous, je suis complètement insolvable à votre égard ; mettez-moi donc aussi en prison. Non seulement j'y consens, mais je vous le demande et vous en conjure, pourvu que ce soit dans votre Cœur  sacré. Et quand j'y serai, tenez-moi là, bien captive, bien liée des chaînes de votre amour, jusqu'à ce que Je vous aie payé dans tout ce que je vous dois ; et comme j e ne le pourrai jamais faire, aussi souhaitai-je de ne jamais sortir de cette bienheureuse prison, de ne jamais briser ces heureuses chaînes. »

 Ainsi, M. T. C. F., c'est dans la délicieuse prison du Sacré-Cœur de Jésus, avec le Cœur Immaculé de Marie, que. nous nous renfermerons tous, pour nous préparer à nos Retraites et les bien faire pour demander et obtenir sûrement le fruit particulier que nous devons en retirer, cette année : UN GRAND AMOUR POUR NOTRE-SEIGNEUR, UNE TENDRE DÉVOTION ENVERS SON SACRÉ COEUR.

 C'est là que nous irons nous affermir, nous fortifier, nous renouveler au besoin, dans l'esprit de notre Vénéré Fondateur, l'esprit de piété, de charité, de modestie et d'humilité qu'il avait reçu lui-même de l'excellent Père Colin.

 Là encore, les Frères Directeurs iront méditer de nouveau les premières Instructions qui leur ont été données sur la formation des Frères ; et, en attendant qu'elles se complètent, étudier le Livre qui les concerne tout particulièrement, Le Bon Supérieur, Livre précieux où se trouvent si clairement énumérées, si solidement établies, si pratiquement développées toutes les qualités d'un bon Frère Directeur.

 Oh ! daigne le Cœur Adorable de Jésus, par les méritesdu Cœur Immaculé de Marie, nous donner, pour chacune de nos Maisons, des Frères Directeurs qui saisissent bien toutes ces Instructions, qui les goûtent et s'y affectionnent ; qui comprennent toute l'étendue de leurs obligations et la meilleure manière de les remplir ; des Directeurs qui, ayant conscience de leurs devoirs, ne reculent devant rien pour y être constamment fidèles.

 J'espère cette grâce insigne de la bonté infinie du Cœur de Jésus, si nous le prions bien : car elle est indispensable et à la conservation de l'esprit religieux dans nos Maisons, et à la réforme de celles qui laisseraient àdésirer. Il faut à chaque poste, un Directeur dans toute la force de ce mot, c'est-à-dire, un Directeur éclairé, bon et ferme, qui, donnant l'exemple d'abord, soit et puisse être inébranlable pour le maintien de la Règle, pour le bon emploi du temps parmi ses Frères, pour la bonne  tenue et le recueillement dans tous les exercices de piété ; inébranlable surtout dans sa constance à donner à chacun la direction qu'il lui doit, selon la Règle.

 Si la Bienheureuse Marguerite-Marie a réussi à réformer le couvent de Paray-le-Monial, c'est qu'à sa tendre dévotion pour le Cœur de Jésus, à une charité sans bornes pour toutes ses Compagnes et ses Novices, à sa vie mortifiée et exemplaire, elle a joint une constance et une fermeté qui n'ont cédé à aucun obstacle ni à aucune opposition.

 Ne nous lassons pas de demander de tels Directeurs, de les demander au Cœur miséricordieux de Jésus par le Cœur Immaculé de Marie et le Cœur très pur de saint Joseph. Il les faut, je le répète, il les faut, de toute nécessité, pour la conservation des Vocations, pour la paix et le contentement de tous les Frères dans les Maisons, pour l'édification des Paroisses, pour l'instruction, l'éducation et le salut des Enfants.

 Confions encore à ces Saints et Sacrés Cœurs le voyage que nous allons faire aux Tombeaux des saints Apôtres, pour offrir au Souverain Pontife, à PIE IX, avec la statistique de la Congrégation et la pieuse offrande dont nous sommes si heureux de l'accompagner, l'amour et le respect, l'obéissance et la soumission, la piété et le dévouement de tous les Petits Frères de Marie et de leurs nombreux élèves. Demandons que notre démarche soit agréable au Vicaire de Jésus-Christ, qu'elle apporte quelque consolation à son cœur, et qu'elle nous obtienne, à nous, à nos familles, à nos Enfants, aux familles de nos Enfants, les plus amples bénédictions.

 A ces fins, et pour nous préparer, comme à l'ordinaire, à la grande fête de l'Assomption de la sainte Vierge, nous ferons les pratiques suivantes :

 1° Pendant douze jours, à partir du lundi 21 juin, fête de saint Louis de Gonzague, jusqu'au mardi 2 juillet, fête de la Visitation de la sainte Vierge, nous réciterons les Litanies du Sacré-Cœur de Jésus, après l'Oraison du matin ; et les Litanies du saint Cœur de Marie, après la Prière du soir. (Directoire, page 390 et page 462.)

 2° Pendant le mois de juillet, les sujets de Méditation se prendront dans nos Livres ascétiques, dans le Directoire par exemple, soit les trente Méditations du commencement soit une des Instructions qui précèdent chaque dévotion, selon que le cher Frère Directeur les désignera. Il y aurait d'excellents sujets de Méditation Sur L'ESPRIT SERIEUX,dans la Biographie du C. F. Nivard ; et sur l'ESPRIT INTÉRIEUR, dans celle du C. F. Ribier.

 La Lecture spirituelle se fera ou sur la Vie du P. Champagnat, 2ndvolume, sur les Circulaires, ou sur les Biographies, les deux volumes.

 J'autorise chaque Frère à consacrer, pendant ce mois la seconde demi-heure de l'étude du Catéchisme, à lire et à méditer ces mêmes ouvrages.

 Mon intention et mon désir sont que ces lectures et ces méditations tiennent lieu, pour cette année, de la grande Retraite, à laquelle nous devions appeler un certain nombre de Frères. Que les Frères Directeurs choisissent ce qui conviendra le mieux pour les besoins de leur Communauté. Ceux qui ont déjà fait la grande Retraite, y retrouveront la plupart des Instructions qu'ils ont entendues. Il leur sera facile de les reconnaître et de les faire lire et méditer.

 Mais, pour cela, il faut que tout ce mois de juillet, le plus tranquille peut-être de l'année scolaire, se passe, d'une manière particulière, dans le recueillement et la pratique du silence, dans l'exactitude à la Règle et à tous les Exercices de piété. On fera bien de s'abstenir de toute visite et de tout voyage, môme permis, qui ne seraient pas nécessaires.

 3°Les neuf jours avant l'Assomption, le matin à midi et le soir, après l’Angélus, on ajoutera un Ave Maria, avec ces deux invocations :

 Cœur sacré de Jésus, ayez pitié de nous

Cœur immaculé de Marie, priez pour nous !

 Pendant l'octave, on récitera le Veni Creator et un Ave Maria, à la prière du soir, à la place du Veni Sancte.

 La présente Circulaire sera lue en Communauté à l'heure ordinaire de la Lecture spirituelle.

 je vous renouvelle, dans les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, l'entier dévouement avec lequel je suis et serai toujours,

              Mes Très Chers Frères,

 Votre très humble et très affectionné Frère et serviteur,

                                 Fr. Louis-Marie.

 


[1] : Voir ce récit dans la lettre 4969, du 4 février 1869, dans 51.02.03.1869. NDLR.

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