Circulaires 94

Louis-Marie

1869-08-05

Voyage à Rome. - Parole du Saint-Père au Révérend Frère Supérieur Général. - Bref du Saint-Père

094

51.02.01.1869.4

 1869/08/05

 V. J. M. J.

Saint-Genis-Laval, le 5 août 1869,

Fête de Notre-Dame des Neiges.

      Mes très chers Frères,

 J'ai la consolation de vous annoncer que notre voyage à Rome a été très heureux sous tous les rapports. Comme vous le savez, nous l'avions confié aux Saints et Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie ; et, tous ensemble, nous avions demandé qu'il plût à Dieu de le bénir, de le rendre agréable au Vicaire de Jésus-Christ, et de le faire servir au plus grand bien de la Congrégation.

 Nous pouvons le dire, nos vœux et nos espérances ont été dépassés. Le Saint-Père nous a accueillis avec une bonté incomparable ; et, aux faveurs nouvelles dont Sa Sainteté a enrichi la Congrégation, Elle a ajouté tous les témoignages de la plus paternelle bienveillance et de la plus tendre affection. Aussi, ai-je hâte de vous en donner le détail, afin de vous faire partager plus tôt, la joie, la reconnaissance et l'amour qui remplissaient notre âme au sortir de l'audience du Saint-Père.

 D'un autre côté, je ne veux pas que les Enfants quittent vos Classes, surtout les Pensionnaires, avant que Vous leur ayez communiqué les grâces et les bénédictions que le Saint-Père leur a accordées à eux-mêmes, et la belle instruction que, dans Sa Bénignité tout apostolique, Il a daigné leur adresser.

 On le sait, dans Pie IX, la douceur et la bonté s'unissent d'une manière admirable à la puissance et à la grandeur, et jamais l'autorité ne se montra plus forte ni plus admirable. Sans rien perdre de sa dignité suprême, dès l'abord, Il met à l'aise tous ceux qui ont le bonheur de L'approcher.

 C'est ce qui nous arriva à nous-mêmes. Dès notre seconde prostration, « HA ! VOILA, VOILA, dit-il, MES PETITS FRÈRES DE MARIE !» Puis, remarquant la haute taille du Frère Assistant, Sa Sainteté ajouta en souriant, de ce ton de douce gaieté qui Lui est si naturel « MAIS CELUI-LA N'EST PAS UN PETIT FRÈRE, C'EST UN GRAND, GRAND FRÈRE. »

 Pendant ce temps, nous arrivions à ses pieds, nous pouvions saisir sa main, la baiser et baiser son anneau ; puis, sur son invitation, nous placer debout devant son bureau.

 Le Saint-Père voulut lire Lui-même notre Adresse, ainsi conçue :

 « Très Saint-Père,

 « Les Petits Frères de Marie, au nombre de 2.400, leurs élèves, au  nombre de 62.000 ; les familles des  Frères, les familles des Elèves et autres pieux Fidèles,

« Humblement prosternés à vos pieds,

« A l'occasion des Noces d'Or de Votre Sainteté,

« Osent déposer, entre Vos mains bénies, la statistique de la Congrégation, et la petite offrande dont ils sont si heureux de l'accompagner.

« Ils y joignent, Très Saint Père, pour Votre Sainteté, le respect et l'amour, l'obéissance et la foi, la piété et le dévouement de tous leurs cœurs.

« Puisse ce pieux hommage être agréable à Votre  Sainteté, apporter quelque consolation à son Cœur de  Pontife et de Roi, et nous mériter à tous sa Bénédiction Apostolique !

« Notre Collecte du Il avril 1869 est de 12,500 fr. : nous Vous l'offrons, Très Saint Père, avec l'espoir et le désir de la doubler au 16 juin 1871 !

« Que Dieu, par la protection de Marie Immaculée, donne à Votre Sainteté de voir les années de Pierre et bien au-delà ! Nous unirons à cette fin, avec le plus de ferveur possible, toutes nos prières et bonnes œuvres de chaque jour.

 « Dominus conservet Eum et vivificet Eum, et beatum faciat eum in terra et non tradat Eum in animam inimicorum Ejus

« Pour tous les Frères et leurs Familles,

« Le Frère Supérieur Général,  Frère Louis-Marie.

Le Frère Supérieur Général démissionnaire : Frère François.

« Les Frères Assistants : F. Jean-Baptiste. F. Théophane. F. Philogone.  F. Eubert. F. Euthyme. F. Félicité.

 Les Frères Directeurs Provinciaux : F. Marie-Jubin. F. Ladislas. F. Malachie. F. Aidant. F. Césaire.

 Pour tous les élèves, leurs familles et autres pieux fidèles,

 Les Frères Visiteurs : F. Avit. F. Placide. F. Andronic. F. Néophyte. F. Juvénal.

 

Après la lecture de cette lettre, le Saint-Père eut la bonté de nous dire aussitôt : « JE VOUS RÉPONDRAI, MES FRÈRES, JE VOUS RÉPONDRAI. J'AI ÉCRIT AU FRÈRE PHILIPPE, JE VOUS ÉCRIRAI AUSSI A VOUS. »

 Mais, ne trouvant pas de nom à la première page : Hé! dit Sa Sainteté, A QUI FAUDRA-T-IL QUE J'ÉCRIVE? IL N'Y A POINT DE NOM.– Très Saint Père, le nom est à la seconde page. Et alors, avec cette admirable condescendance qui lui fait saisir les moindres occasions de dire un mot agréable : « Ho ! Ho ! dit-il, en voyant mon nom, FRÈRE LOUIS-MARIE ! F. LOUIS-MARIE ! MAIS C'EST PLUS QUE FRÈRE PHILIPPE.  VOUS AVEZ, VOUS, LE NOM DE LA SAINTE VIERGE. AH ! JE COMPRENDS, VOUS ÊTES LES PETITS FRÈRES DE MARIE, IL FAUT BIEN QUE VOUS PORTIEZ  LE NOM DE VOTRE MÈRE. »

 Puis, il répéta, toujours avec la même douceur, avec le même laisser-aller : « OUI, OUI, JE VOUS RÉPONDRAI, JE VOUS ÉCRIRAI. »

 Sa Sainteté parcourut ensuite la statistique de la Congrégation.

 C'était un volume de 80 pages, grand format, écrit et disposé avec beaucoup de soin, doré sur tranche, et relié, en maroquin rouge, aux armes du Saint-Père. Cet état de la Congrégation parut Lui plaire beaucoup.

 En lisant le frontispice où nous rappelions les Noces d'Or du Pape : « Oui, oui, dit-il très gracieusement, LES NOCES D'OR DU PAPE ET PUIS, VOILA LES DRAGÉES (montrant notre offrande) BONNES DRAGÉES, MES ENFANTS ! BONNES DRAGÉES! MAIS IL Y EN A TROP, VOUS VOUS GÊNEZ POUR MOI !… – Oh! Très Saint Père, pour Votre Sainteté, que ne pouvons-nous faire mille fois plus!… – VA BENE ! VA BENE ! JE SUIS TRÈS HEUREUX DE VOIR QUE VOUS AIMEZ TANT LE PAPE ! » Deux fois, Sa Sainteté nous adressa ces délicieuses paroles.

 Cependant, Elle continuait à suivre le volume de la statistique. Elle lut en détail la composition du Régime et de la première Administration. Elle jeta un coup d’œil sur les deux sections de la province du Centre, Saint-Genis-Laval et Notre-Dame de l'Hermitage; sur celles de la province du Midi, Saint-Paul-Trois-Châteaux et Aubenas ; sur les différents districts de la province du Nord, Beaucamps, Hautefort et les Iles. Enfin, Elle donna une attention particulière :

 Au Résumé des Etablissements par Diocèses: 416 Maisons d'Ecole, avec un personnel, en moyenne, de quatre Frères par Maison et de cent cinquante Elèves;

 Au Résumé du Personnel de l'Institut : 74 Stables, 1.200 Profès, 660 Obéissants, 292 Novices, 174 Postulants

 Et au Résumé des Offrandes :

 Maison Mère, Maisons provinciales et Maisons d'école.       7.475, 35

Dons personnels des Frères                . .                             3.753, 40

Dons des Elèves                                                                  1.530, 75

Dons de quelques pieux Fidèles                                              528, 00 

   Total[1]               .                                                               13.288, 00 

« VA BENE ! VA BENE ! dit encore le Saint-Père; JE VOIS QUE C'EST COMME LE FRERE PHILIPPE ; TOUT EST BIEN ORGANISÉ. COURAGE ! LE BON DIEU VOUS BÉNIRA. »

 C'est à ce moment que je présentai une Supplique pour des Indulgences. Sa Sainteté eut la bonté de les accorder aussitôt et de signer de sa propre main. Je transcris ici cette pièce, avec le Visa de Son Eminence le Cardinal Archevêque de Lyon, afin que ces faveurs spirituelles soient régulièrement connues de toute la Congrégation, et qu'on puisse en profiter partout. 

Très SAINT-PERE,

 Le Supérieur Général de l'Institut des Petits Frères de Marie des Ecoles se prosternant, avec foi et amour, aux pieds de Votre Sainteté ;

Dans le désir d'exciter de plus en plus dans le cœur des Frères, et des Enfants qu'ils instruisent, des Novices et des Postulants, la piété envers Dieu, la dévotion envers la bienheureuse Vierge Marie, et l'amour envers le Souverain Pontife ;

Demande très humblement qu'il plaise à Votre Bénignité apostolique de lui accorder :

1°  Pour toutes les Maisons et Ecoles de la Congrégation, une INDULGENCE PLÉNIÈRE,qui sera publiée, au jour convenable[2]par le Curé de la Paroisse, par l'Aumônier de la Maison, ou par un autre prêtre, et pourra être gagnée par tous les Frères, par les Elèves et autres Fidèles présents, pourvu que, confessés et communiés, ils prient aux intentions de Votre Sainteté.

2° Pendant cinq années consécutives, du 16 juin 1869 au 16 juin 1874, une Indulgence de sept ans et sept quarantaines, à tous les Frères qui, se confessant chaque semaine, feront dévotement la sainte Communion le samedi, et prieront avec piété aux intentions du Souverain Pontife ; et aux mêmes, une Indulgence plénière le premier samedi de chaque mois.

3° Une Indulgence plénière pour tous les Frères, le jour où ils émettront les vœux perpétuels d'Obéissance, de Pauvreté et de Chasteté ; le vœu de Stabilité ; ou le Vœu temporaire d'Obéissance; et encore, le jour du renouvellement annuel de ces mêmes vœux. Que Dieu, etc.

Ecrit en latin de la main du Saint Père

 Le jour du 6 juillet 1869.

 Nous accordons bénignement les demandes ci-dessus, dans la forme usitée dans l'Eglise.

PIE  IX, PAPE.

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Die 6 julii 1869.

 Benigne concedimus juxta petita, in forma Ecclesioe consueta.

 Plus PP. IX.

Vu : +  L. J. M. Cardinal DE BONALD,  Archevêque de Lyon.

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 Restait une photographie ou portrait du Saint-Père, au bas duquel nous le suppliions de mettre encore sa signature bénie.

 « NOUS VOULONS FAIRE MIEUX, dit Sa Sainteté, par une de ces subites et toutes providentielles illuminations qui arrivent à Pie IX, dès qu'un grand bien est à produire, NOUS VOULONS ENVOYER NOTRE APOSTOLAT A TOUTE VOTRE JEUNESSE. »

 Et prenant le portrait, Sa Sainteté écrivit au bas, en latin, en trois lignes parfaitement droites et d'une main parfaitement sûre, ce magnifique APOSTOLAT.

 « ADOLESCENS JUXTA VIAM SUAM ETIAM CUM SENUERIT NON RECEDET AB EA. ADOLESCENTES ESTOTE ERGO SAPIENTES NUNC, UT POSSITIS USQUE AD MORTEM IN SAPIENTIA J. C. PERMANERE.

 En voici la traduction :

 C'est un proverbe, dit Salomon, que le jeune homme suivra sa voie, la voie qu'il aura prise dans sa jeunesse, et que même dans la vieillesse il ne la quittera pas. (Prov. XXII. 6).

 D'où le Saint-Père tire cette puissante et paternelle exhortation, qu'il appelle son APOSTOLAT :

 JEUNES GENS, SOYEZ DONC SAGES MAINTENANT, AFIN QUE VOUS PUISSIEZ JUSQU'A LA MORT DEMEURER, PERSEVERER DANS LA SAGESSE DE JESUS-CHRIST.

 Une circonstance que nous devons signaler ici, c'est que le Saint-Père, après avoir écrit ces lignes, nous en fit lecture, et qu'arrivé à ces mots: JEUNES GENS, SOYEZ DONC SAGES MAINTENANT, etc. Il porta les yeux vers le Ciel, et fit de la main un mouvement qui paraissait embrasser toute la jeunesse présente et future ; puis, élevant la Voix, principalement sur les mots en grosses capitales, comme s'il eût voulu se faire entendre de tous, Il lut son APOSTOLAT d'un ton d'autorité et d'affection, de commandement et de prière, que la foi vive, le zèle ardent, l'amour et la charité incomparable du Suprême Pasteur peuvent seuls inspirer.

 Oui, M. T. C. F., nous pouvons le dire, il nous a semblé que le Vicaire de Jésus-Christ recueillait toutes ses forces, rassemblait toute son invincible énergie, pour nous faire entendre à tous ce cri de tendresse et de charité, pour envoyer à toute notre jeunesse ces paroles de salut et de vie. Après les avoir tracées, le Saint-Père, se penchant sur le côté, jeta, à la suite, un paraphe si net, si bien formé, d'un trait si ferme, qu'on dirait la main d'un calligraphe encore dans toute la force de l'âge.

 Puis, se redressant tout radieux : Ecco Io ! dit-il, LE VOILA MON APOSTOLAT ; PORTEZ-LE A VOTRE JEUNESSE, ET QU'ELLE EN PROFITE BIEN.

 Vous pouvez penser, M. T. C. F., avec quels transports je repris des mains du Saint Père son bien-aimé portrait, enrichi de ces lignes, de ce paraphe, de ce précieux APOSTOLAT. Je dis à Sa Sainteté qu'il resterait comme un monument dans la Congrégation et qu'il serait son salut.

 Mon intention est de faire graver, en petit format, ce Portrait de PIE IX,et, au bas, le texte latin et français de son APOSTOLAT, afin que, selon les désirs de Sa Sainteté, il puisse parvenir à toute notre jeunesse. Un jour aussi, si Dieu m'en fait la grâce, je vous dirai comment il résume tout le fond et tout le fruit de la bonne éducation ; tous les devoirs de l'Elève et de l'Instituteur; tous les devoirs des jeunes Frères, des Postulants et de leurs Directeurs.

 Ces incidents si heureux nous avaient valu plus d'un quart d'heure d'audience, pendant lequel nous avions pu contempler à notre aise la belle figure de PIE IX,  entendre ses délicieuses paroles, et recevoir ses paternels encouragements sur toutes les difficultés des Ecoles. LES EMBARRAS ET LES DIFFICULTÉS, nous dit Sa Sainteté, SONT LE CACHET DES OEUVRES DE DIEU ; C'EST PAR LA QUE VOUS ÊTES ASSOCIÉS AUX ÉPREUVES TOUJOURS RENOUVELÉES DE L'EGLISE CATHOLIQUE.

 Après ces dernières et si consolantes paroles, nous baisâmes, une seconde fois, sa main et son anneau ; nous demandâmes de nouveau, pour nous et pour tous, sa Bénédiction Apostolique et nous nous retirâmes enchantés et ravis, renouvelant les trois prostrations d'usage, et recevant encore du Saint-Père des paroles d'adieu toutes pleines de tendresse et de bonté : «ADIEU MON PETIT FRÈRE SUPÉRIEUR GÉNÉRAL ! ADIEU ENFANTS ! »

 Et ce qui met le comble à la bonté du Saint-Père envers nous, c'est l'extrême promptitude avec laquelle Il a daigné nous répondre, comme Il nous l'avait promis Le 6 juillet, nous étions admis à l'audience de Sa Sainteté, et le 10 juillet, quatre jours après, Elle signait de sa main le BREF admirable qui vient si heureusement confirmer ses encouragements, son délicieux APOSTOLAT, et toutes les faveurs et bénédictions qu'Elle nous avait déjà accordées.

 Voici la traduction de ce BREF précieux, et, à la suite, le texte latin.

                     A Nos bien-aimés Fils,

 Le Frère Louis-Marie, Supérieur général, et les Frères de la Congrégation dite des Petits Frères de Marie des Ecoles.

Saint-Genis-Laval, près Lyon.

 PIE IX, PAPE.

 Bien-aimés Fils, salut et bénédiction Apostolique.

 Nous qui voyons que c'est surtout de la mauvaise éducation du peuple que découlent l'oubli de la religion, la licence de l'erreur, la corruption des mœurs, l'impudence de l'impiété, le mépris de l'autorité, et tous les maux qui troublent la société, la divisent et la poussent à sa ruine, Nous ne pouvons ne pas désirer et approuver que les efforts des Congrégations religieuses tendent principalement à cela, qu'elles pénètrent de la doctrine catholique les esprits encore tendres des enfants et des adolescents ; qu'elles les forment à l'intégrité des mœurs et à la piété ; et qu'elles les instruisent de telle manière des connaissances littéraires qu'ils puissent se rendre utiles à l'Eglise, à la famille et à la patrie.

 Nous Nous réjouissons donc que votre Congrégation se soit imposé cette tâche, et Nous la félicitons de ce qu'elle recueille déjà des fruits considérables de ses efforts.

 Et ce qui les montre, c'est le grand nombre de ses élèves, c'est l'empressement avec lequel, çà et là, beaucoup de villes et de bourgs ont réclamé ses services, ce sont les accroissements qu'elle a pris en peu de temps, et enfin les dons mêmes qu'elle Nous offre.

 Evidemment, toutes ces choses attestent d'une voix éloquente, que l’Œuvre est agréable au peuple et qu'elle en est bien vue ; puisque, non seulement il soutient libéralement la Congrégation, mais encore, volontiers et de grand cœur, il se joint à elle, à ses Frères et aux Elèves dans la collecte qu'elle fait, pour venir en aide au Père Commun des Fidèles.

 Aussi, est-ce avec bonheur et reconnaissance que Nous acceptons vos bons services et vos dons, soit parce qu'ils Nous viennent de fils dévoués, soit parce qu'il Nous est très agréable de les recevoir de votre Institut lui-même, soit, enfin, parce que Nous y voyons le gage assuré de la faveur divine sur votre Œuvre.

 Attachez-vous donc à Dieu, persévérez dans la vocation à laquelle vous avez été appelés, et efforcez-vous, avec toutes sortes de soins, de rechercher et de procurer selon vos forces, la plus grande gloire de Dieu, le salut des âmes, le bien de la religion, la solide utilité de la patrie, par la bonne et très soigneuse éducation de la jeunesse ; étant assurés que vous recevrez une grande récompense de votre zèle et de vos efforts.

 Cette récompense, Nous vous la présageons très ample, et Nous vous souhaitons les secours abondants de la grâce céleste, afin que vous poursuiviez avec joie votre Œuvre si bien commencée.

 Comme assurance de ces faveurs, et comme gage de Notre gratitude et de Notre paternelle bienveillance, Nous vous accordons, avec une très grande affection, à vous, à vos Elèves et à tous ceux qui, avec vous, ont voulu Nous donner cette preuve de leur respect et de leur dévouement, Notre Bénédiction Apostolique.

 Donné à Rome, auprès de Saint-Pierre, le 10 juillet 1869. La XXIV° année de Notre Pontificat.

 PIE IX, PAPE.

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Dilectis Filiis,

Fr. Aloisio-Mariae Moderatori Generali et Fratribus Congregationis quam dicunt des Petits Frères de Marie des Ecoles.

Saint-Genis-Laval, près Lyon.

 Plus. PP. IX.

 Dilecti Filii, salutem et Apostolicam Benedictionem.

 Qui a perversa proesertim populi institutione religionis neglectum, licentiam erroris, corruptionem morum, impudentiam impietatis, auctoritatis contemptum, omniaque mala, quoe humanam familiam perturbant, dissociant, ad exitium impellunt, manare perspicimus ; nequimus non cupere ac probare, quod religiosaruin familiarum cura, in id maxime Intendantur, ut tenellos puerorum et adolescentium animos catholica, imbuant doctrina, fingant ad integritatem et pietatem, litterariisque praeceptionibus ita erudiant, ut Ecclesiae, familiae, patriae se utiles exhibere possint. Gaudemus itaque Congregationem vestram hoc sibi sumpsisse munus, eique gratulamur, quod non contemnendos iam e labore suo fructus percipiat. Hos enirn ostendunt coplosas alumnorum eius numerus, studium quo passim a compluribus urbibus ipsius opera exquisita fuit, incrementa quae brevi sumpsit, ipsa demum munera Nobis oblata ; quippe quae eloquenti voce testantur, operam eius acceptam probatamque esse populo, qui non solum Congregationi liberaliter subvenit, sed ipsi stipem in Communis fidelium Parentis subsidium corroganti, et fratribus eius et alumnis ultra libenterque se adiungit. Officia itaque et dons vestra grato laetoque excipimus animo, tum  quia a filiis exhibita. tum quia iucundiora facta ab ipso iristituto vastes, tum ni quia divini favoris erga coeptum Électrum haud obscura videamus indices. Sequimini ergo Deum, persévérais in vocatione qua vocati estis omnique studio contendite, ut maiori ipsius gloriae animarum saluti, religionis bono, solidae utilitati patriae per sanam sedulamque iuventutis educationem pro viribus prospectâtes; certi, non exiguam vos e zelo vestro as labore mercedem esse percepturos. Malle vobis ominamur amplissimain, et ad coeptum vestrum alacriter prosequendum copiosa graine coelestis auxilia : horiim vero auspicem et grati anime Nostri paternae que benevolentiae pignus Apostolicain Benedictionem vobis, alumnis vestris, et universis qui vobiscum Nobis testatam facere voluerunt observantiam et devotionem suam peramanter impertimus.

 Datum Romae apud S. Petrum die 10 Iulii 1869, Pontificatus Nostri anno XXIV.

 Plus Ps.IX.

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 Ici, dans un sentiment profond, tout à la fois de confusion et de reconnaissance, nous nous demandons d'où peut venir que d'humbles Religieux, de pauvres Frères, soient si bien reçus, si bien accueillis par le Saint-Père, par Celui qui est, sur la terre, dit un grand écrivain, la plus haute réalité du pouvoir divin, la première source de toute puissance spirituelle, de toute juridiction.

 Le Vicaire de Jésus-Christ, l'Evêque des Evêques, le Docteur infaillible de toutes les nations, le PAPE, Pontife et Roi, daigne s'entretenir presque familièrement avec nous, nous témoigner le plus vif intérêt, et se faire comme une loi de nous répondre.

 Nous le trouvons tout plein du souvenir des Frères des Ecoles Chrétiennes, du Très Honoré Frère Philippe, leur Supérieur Général, dont Il nous décline trois ou quatre fois le nom dans le cours de notre audience.

 Dans sa haute estime pour cet Institut, le premier et le plus nombreux de tous, Sa Sainteté se montre toute satisfaite de trouver parmi nous une organisation semblable, tout heureuse de nous voir, comme eux, répandus dans une foule de bourgs et de villes: VA BENE ! VA BENE! dit-elle, en parcourant le tableau de nos Maisons, C'EST COMME LE FRÈRE PHILIPPE.

 Oui, nous nous le demandons, d'où peut venir que nous et tous les Frères enseignants soyons si présents à la pensée du Saint-Père? que son cœur s'incline vers nous avec tant de facilité et tant d'affection?

 Ah ! la première partie du BREF que nous venons de transcrire, nous le dit assez : Nous qui voyons clairement que c'est surtout de la mauvaise éducation dit peuple que découlent tous les maux qui désolent l’Eglise, les familles et la société, Nous ne pouvons Nous empêcher d'approuver, d'encourager et de bénir les Congrégations religieuses qui se consacrent à l'éducation chrétienne de la jeunesse, qui mettent leur principal soin à la pénétrer de la doctrine catholique, qui s'efforcent, par tous les moyens possibles, de préparer, en elle, à l’Eglise, des enfants dociles, aux Familles de dignes soutiens, à la Patrie de bons et vertueux citoyens.

 Voilà, M. T. C. F., la grande préoccupation du Vicaire de Jésus-Christ. Voilà pourquoi, comme le grand Apôtre, se faisant tout à tous pour les gagner tous à Jésus-Christ, Il se fait petit avec nous, Il nous montre tant d'affection et tant d'intérêt.

 Le Saint-Père veut exciter notre zèle, ranimer notre ardeur et notre dévouement, nous inspirer une constance inébranlable dans l’Œuvre si belle et si méritoire de l'éducation chrétienne des Enfants.

 Sa Sainteté veut faire comprendre à tous, Clergé et Fidèles, que favoriser les Congrégations de Frères enseignants, leur ménager de bonnes Vocations, leur confier des Ecoles, c'est entrer dans sa pensée, c'est faire une Œuvre éminemment catholique.

 A nous maintenant, M. T. C. F., de remplir les intentions du Très Saint-Père, de justifier et la confiance et l'intérêt qu'Il nous témoigne, en nous attachant plus que jamais à notre saint Etat, malgré toutes les peines, les sacrifices qu'il nous Impose ; en donnant une bonne éducation, une éducation très chrétienne à nos nombreux Enfants, quelques efforts qu'elle demande de notre zèle et de notre foi.

 Et voyez avec quelle ardeur Sa Sainteté nous y exhorte et nous le recommande : « Attachez-vous à Dieu, dit-Elle, persévérez dans la Vocation que vous avez embrassée, servez de toutes vos forces l’Eglise, la famille et la patrie, en élevant bien les Enfants, soutenez-vous dans ce travail par la vue de la grande récompense qui vous attend, et comptez sur les secours abondants de la grâce, divine.

 Pour arrhes, pour gage de cette récompense et de ces faveurs, Nous vous bénissons, Nous bénissons les Maître, Nous bénissons les Elèves. Nous bénissons vos Fondateurs et vos Protecteurs, Nous vous bénissons tous, de toute l'affection de Notre âme.

 Et c'est de Rome, d'auprès Saint-Pierre, de Pie IX que nous viennent ces encouragements, ces exhortations ces bénédictions ! Ne vous semble-t-il pas, comme à nous, que des grâces si extraordinaires ne peuvent être dues qu'à la bonté toute miséricordieuse du Cœur sacré de Jésus et du Cœur Immaculé de Marie, auxquels nous les avions demandées?

 Il me reste à vous dire, M. T. C. F., que nous avons trouvé le Saint-Père en très bonne santé. Nous pouvons répéter, avec un pieux pèlerin de 1864, que Pie IX est toujours le même, que sa belle et incomparable figure ne semble pas vieillie. Nous avons nous-mêmes, comme je vous l'ai dit, les preuves les plus heureuses de la fermeté de sa main ; sa voix est également bien conservée. Le 29 juin, le jour de la grande fête, nous avons eu le bonheur de l'entendre de nouveau, à Saint-Pierre, remplissant toujours l'immense Basilique de ses sons suaves et puissants.

 Bénissons Dieu, bénissons la Bienheureuse Vierge Marie, d'une protection si visible, si merveilleuse sur le Vicaire de Jésus-Christ, le Pontife de l'Immaculée Conception. Nous ne cesserons pas de prier, avec tous les pieux fidèles, pour qu'il Lui soit donné de vivre longtemps encore, et d'achever les grandes choses qu'il médite pour le bien de l'Eglise et le salut des âmes.

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 Voici la liste des Frères décédés depuis notre Circulaire du 4 juin 1869.

 

Frère CLÉONICUS, Obéissant, décédé à Hautefort (Dordogne), le 22 juin 1869.

Frère TRIVIERT, Obéissant, décédé à Saillans (Drôme), le 4 juillet 1869.

Frère ACYLLINUS, Obéissant, décédé à la Bégude (Ardèche), le 7 juillet 1869

Frère ABROSIME,stable, décédé à Beaucamps (Nord), le 21 Juillet 1869.

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 Je recommande aussi à vos prières, et nous comprendrons dans nos pieux suffrages pour les défunts, le Révérend Père Montagnon, Aumônier de la Maison-Mère et ancien Aumônier de Notre-Dame de l'Hermitage, décédé le 27 juillet, dans la 5le année de son âge, après 23 ans de profession religieuse, et 15 années consacrées, en France, aux travaux des Missions.

 Cet excellent Père n'a passé que quelques mois parmi nous, et déjà il s'était attaché tous les Frères par son zèle et sa charité, par une simplicité et une modestie qui plaisaient d'autant plus qu'elles se joignaient en lui à un raremérite et à une ardente piété.

 On fera trois communions à son intention ; et, dans la province du Centre, on dira une fois l'office des Morts à neuf leçons.

 Continuons, dans les Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, à nous préparer de notre mieux aux Saints Exercices de la Retraite. J'espère que les Bénédictions du Saint-Père, le BREF dont Il nous a favorisés et ses paternelles exhortations nous disposeront tous à les faire avec une très grande ferveur.

 Recevez la nouvelle assurance du tendre et religieux attachement avec lequel je suis, en Jésus et Marie, Mes très chers Frères,   Votre très humble et très affectionné Frère et serviteur,

               Fr. Louis-Marie.

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[1] : Sur cette somme, ou plutôt sur les mille francs donnés par la Maison-Mère, on a pris les frais divers et les prix des médailles et autres objets pieux qu'on a fait bénir par le Saint-Père pour les Frères et les Enfants. On les distribuera à la Retraite et pour la rentrée.

[2] : Elle peut se remettre après la rentrée.

 

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