Circulaires 95

Louis-Marie

1869-12-21

Notes et Avis divers. - Redevances annuelles. Vocations. - Acquisitions

095

51.02.01.1869.5

 1869/12/21

 V. J. M. J.

 Saint-Genis-Laval (Rhône) le 21 décembre 1869.

                Mon cher frère Directeur,

 Ne pouvant envoyer encore la Circulaire générale d'usage, parce que je veux y joindre le portrait du Saint-Père, qui ne sera achevé que dans un mois, je vous adresse ici quelques notes et avis qu'il est bon que vous ayez immédiatement.

 Vous savez qu'il fut convenu, aux dernières Retraites dans la réunion des Frères Directeurs, que chaque Maison de l'Institut ferait en sorte, cette année encore, de payer à la Maison provinciale, dans le courant du premier trimestre de 1870, la redevance annuelle d'usage.

 J'espère que vous vous prêterez, dans la mesure de vos ressources, à cette avance de fonds, dont je vous ai fait connaître et l'utilité et le besoin pour le bien général de la Congrégation.

 Je dis dans la mesure de vos ressources, car nous ne voulons pas qu'on recoure à des emprunts, même sans intérêts, pour faire le versement demandé.

 La Procure Générale, seule, en se conformant aux Règles et aux Constitutions, peut faire les emprunts que nécessiteraient ou les besoins généraux de l'Institut, ou les besoins particuliers d'une province, ou ceux d'une Maison.

 Si vous envoyez vos fonds en billets de banque, vous ne manquerez pas de déclarer toute la valeur au bureau de poste (elle ne peut pas dépasser 2.000 francs), et de la marquer sur l'adresse même de la lettre d'envoi. Cette lettre doit être chargée, et, avant de la déposer, vous devez demander un reçu au bureau de poste.

 Il est très important de ne manquer aucune de ces prescriptions. Mieux vaut faire enregistrer toute la somme expédiée, et payer les frais (dix centimes par chaque cent francs), que de s'exposer à tout perdre, ou à subir une amende, en ne faisant pas les déclarations voulues.

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 Vous vous rappelez aussi qu'il fut reconnu de tous que le traitement annuel des Frères, sur le pied de 425 francs par Frère, est devenu tout à fait insuffisant: qu'il faut au moins 500 francs.

 Soit augmentation dans les prix des denrées, soit abondance ou abaissement dans les valeurs, on est plus gêné, aujourd'hui, avec 1.500 francs pour trois Frères, qu'on ne l'était, il y a 20 à 25 ans, avec 1.275 francs.

 Le Gouvernement l'a reconnu lui-même, puisqu'il a augmenté le traitement de presque tous ses employés, et qu'il tend encore à élever celui des instituteurs.

 Vous vous entendrez donc et avec votre Frère Assistant et avec votre Frère Visiteur, pour obtenir que votre traitement soit porté à un chiffre convenable ou au moins suffisant. Nous vous aiderons dans vos démarches ; mais il faut les commencer vous-même, et nous donner ensuite tous les renseignements qui pourront nous mettre à même de les faire réussir.

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 Je remercie tous les Frères du zèle qu'ils ont mis à favoriser les Vocations religieuses pour nos différents  Noviciats, et à envoyer des Elèves à nos divers Pensionnats. Grâce à Dieu, les uns et les autres se sont bien recrutés cette année. Il faut que l'on continue partout cette œuvre de zèle et de dévouement, qui ne peut que fortifier parmi nous l'esprit de famille, et contribuer puissamment au bien de la Congrégation, en lui ménageant des sujets et des ressources.

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 Nous donnerons, dans la Circulaire générale, la liste, des Frères décédés depuis le 5 août dernier; mais déjà ils sont et doivent être compris dans nos prières et suffrages pour les défunts. C'est une intention que nous devons toujours avoir pour les Frères décédés dans l'année. Le bon Dieu les connaît parfaitement ; et, quoique nous n'ayons pas encore leurs noms, il n'en recevra pas moins les prières et satisfactions que nous offrirons pour leur soulagement.

 La divine Providence, qui conduit tout dans la Congrégation, qui fait aboutir à point nos entreprises et nos projets, et nous oblige elle-même, pour ainsi dire, quand le moment est venu, à mettre fin à toutes les hésitations et à tous les délais, s'est prononcée de cette manière encore pour deux nouvelles acquisitions : celle de la propriété Durand à Aubenas, complément indispensable, tout le monde le reconnaît, de l'emplacement que nous avons acquis pour le Noviciat de la Bégude ; et celle de l'ancien château de la Côte-Saint-André (Isère), donnant aussi une position unique pour le Pensionnat établi dans cette ville, en 1831, par notre pieux Fondateur lui-même.

 Ces nouvelles acquisitions étaient d'urgence, pour ne pas compromettre le temporel de ces Maisons, au point de vue de l'avenir. Nous n'avons pas hésité à les faire : car, comme je vous l'ai dit dans la Circulaire du 2 février 1869, dans aucune province, nous ne voulons que l'avenir des Maisons, qui sont la propriété de l'Institut, ait à souffrir de l'état de gêne où nous nous trouvons encore sous le rapport financier.

 Mais aujourd'hui, grâce à Dieu et à la bonne Mère, cet avenir est assuré, une position convenable est acquise à toutes nos Maisons de Noviciat et à nos principaux Pensionnats. Les constructions et les améliorations, réclamées par quelques-uns, ne sont plus qu'une question de temps, une affaire de patience et de courageux efforts, plus ou moins prolongés.

 Et ici, pour vous fixer et vous tranquilliser tous, je ne trouve rien de mieux que de vous donner, comme toujours, notre pensée tout entière, bien qu'elle ne puisse que contrarier beaucoup vos désirs, comme elle contrarie très vivement les nôtres, en ajournant encore des promesses presque faites, et des espérances tant de fois conçues.

 C'est le cas de répéter la maxime : L'homme propose et Dieu dispose. Comme je vous l'ai fait remarquer, d'après une expérience de plus de cinquante années, les desseins de Dieu, dans nos diverses entreprises, se manifestent toujours par une réunion, par un ensemble de faits et de circonstances qui ne permettent plus ni partage ni hésitation. Or, en ce moment, c'est tout le contraire qui a lieu pour nos projets de construction. Nous croyons qu'il y aurait imprudence et témérité, vu l'état présent de l'Institut et des affaires à aller en avant, sans avoir devant nous aucuns fonds.

 Ce sont nos Frères de la Bégude qui souffrent le plus de l'insuffisance et de la mauvaise position de leur Maison; et Dieu veut, néanmoins, que les santés et le bon esprit s'y conservent, malgré tous les inconvénients; et, que, depuis plusieurs années, toute proportion gardée, cette province soit, de toutes, celle qui compte le moins de malades et le moins de décès.

 Cela étant, après y avoir bien réfléchi, après avoir mûrement pesé toutes choses, pour ne rien précipiter, pour faire tout avec prudence et dans l'esprit de l’Institut voici à quoi nous nous sommes déterminés.

 1° Le Nord et le Centre s'occuperont exclusivement de couvrir leurs dettes, et s'abstiendront de toutes nouvelles dépenses, autres que les dépenses indispensables, alimentaires, mobilières et de vestiaire.

 2° La province de Saint-Paul-Trois-Châteaux et celle de Viviers, aujourd'hui affranchies de toutes dettes (il reste 15.000 à 20.000 francs sur les dernières acquisitions, et ils vont être payés), réuniront tous leurs efforts et toutes leurs économies, pour préparer la construction du Noviciat d'Aubenas.

 3° Nous commencerons cette construction la première, et nous la commencerons dès que nous aurons devant nous, en espèces, le tiers environ de la dépense présumée.

 4° Viendront ensuite, ensemble ou successivement, sur et selon les ressources de toutes les provinces, la construction de Saint-Paul-Trois-Châteaux et celle de la Côte-Saint-André, avec les améliorations et réparations que demande la Maison de Notre-Dame de l'Hermitage, et ce qui pourra être fait pour nos chers Frères, de l'Ouest.

 Pour eux aussi, la Providence a commencé, cette année, à manifester de nouveau ses desseins, en leur procurant une Maison provisoire, très convenable et très bien placée. On pourra y faire la Retraite annuelle, et y transporter le Pensionnat ou le Noviciat de la Maison d'Hautefort, devenue trop petite pour les deux.

 Ces explications clairement et positivement données à tous, on n'aura plus qu'à se tenir en paix : au temporel, travaillant, comme nous l'avons dit, à solder le passé et à préparer l'avenir; au spirituel, redoublant partout de confiance dans la prière, de ferveur dans la pratique de la Règle, de zèle pour la bonne éducation des Enfants, de dévouement et d'ardeur pour procurer la plus grande gloire de Dieu. Nous sommes parfaitement assurés que si nous faisons bien ses affaires, il fera très heureusement et très promptement toutes les nôtres.

 Je supplie, de toute mon âme, son infinie bonté, de vous bénir, vous, vos Frères et vos enfants; et, en vous offrant à tous mes vœux anticipés de bonne et sainte année, je vous renouvelle ma plus tendre affection en Jésus, Marie, Joseph.

                      Frère Louis-Marie.

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