Les éléments fondateurs de la spiritualité mariste
Le monde de la spiritualité est la raison dêtre de notre vie mariste consacrée. On ne questionne pas cette vérité. Mais je me demande: Quels sont les fondements de la spiritualité? D?où vient-elle? Comment est-elle pour nous, de l?eau vive? Quelle est la perle précieuse que je trouve et qui fait que je laisse tout, tout de suite, pour la posséder?
Dans le monde spirituel de lhumanité, même dans l?Ancien Testament, nous avons toujours trouvé un Dieu qui choisit le plus faible, le plus pauvre. Il a choisi un homme d?un âge très avancé pour former son peuple.
Ce Dieu est né parmi les animaux à Bethléem et il est visité, en tout premier lieu, par les bergers. Nous ne pouvons pas comprendre ceci dans une logique humaine. Comment Dieu peut-il naître ainsi, privé de tout?
Et Jésus a vécu parmi les pauvres et les pécheurs, comme sa Mère, d?ailleurs. Il meurt comme un prisonnier sur la croix. Jésus a vécu pauvrement, sans grandes ressources.
Marcellin est un homme issu de la France rurale. Il prend la décision de fonder un Institut après avoir vu la pauvreté extrême du jeune Montagne. Ses premiers Frères sont de braves campagnards, sans grands titres académiques.
Et nous pourrions continuer sur ce chemin, en analysant lhistoire du Salut. On y trouve un élément constant: loption de Dieu pour les plus pauvres. Pourquoi cette obsession de Dieu pour les plus pauvres? Cest, peut-être, un mystère de la spiritualité. Je nai pas de réponse.
Cependant, nous ne pouvons pas comprendre la spiritualité sans cette option pour le pauvre. Cest la base et le fondement de toute la spiritualité. Cest le point qui ramène à notre terre toute spiritualité. Si, dans le monde mariste, nous mettions de côté les enfants et les jeunes pauvres, notre spiritualité « marcellinienne » tomberait totalement comme un château de cartes.
Loption pour le pauvre dans la vie mariste nest pas, en fait, la même que chez les Franciscains, les Dominicains ou les religieux de la Consolata, pour ne mentionner que quelques-uns. Notre option pour le pauvre est centrée sur les enfants et sur la jeunesse abandonnée. Cest le point qui nous rend différents dautres groupes.
Ce point est très clair dans L?EAU DU ROCHER. Notre spiritualité est-elle centrée sur les enfants et les jeunes pauvres (cf WfR, 9) ? Quont-ils de spécial pour que Dieu devienne présent en eux? Quel est le mystère existant chez les enfants et les jeunes pauvres? Quest-ce quils ont de divin? Pourquoi est-ce que je rencontre Dieu chez les pauvres? Est-ce que je vis avec le Dieu de Jésus? Pourquoi Dieu a-t-il décidé de se révéler parmi les pauvres? Cest un mystère qui dépasse toute connaissance humaine.
Ce que je sais, c?est que pour grandir spirituellement jai besoin de rencontrer les enfants et les jeunes pauvres. Cest un besoin existentiel pour tous les maristes (cf EdR, 148-150). En partant de là, je me comprends moi-même à la suite du Christ ; je peux également comprendre MARIE (le thème le plus présent en EdR), CHAMPAGNAT (cf EdR, 144), la vocation de FRÈRE (cf EdR, 119), les trois violettes, lesprit de travail (cf EdR, 39-40), la Communauté mariste (cf EdR, Chapitre 3), la Mission (cf EdR, Chapitre 4), etc. Cest quelque chose de comparable à ouvrir les yeux et voir de nouveaux cieux. La vie est perçue et comprise d?une façon différente.
Notre spiritualité prend naissance dans la pauvreté matérielle de la vie mariste des origines : notre fondateur Champagnat et les premiers Frères (cf EdR, 12, 15). Leur but unique était de servir les pauvres, les enfants et la jeunesse de la France post-révolutionnaire (les cf EdR, 8-10). Marcellin devient un instrument pour répondre aux besoins des adolescents et des jeunes.
Sengager dans notre vie mariste, c?est comprendre notre spiritualité de cette façon. Nous découvrons alors les défis auxquels nous devons faire face à plusieurs niveaux: de l?Institut, de la Province, de la Communauté et au niveau personnel. Cela nous conduit à prendre des décisions audacieuses pour être fidèles à la spiritualité mariste. Elle trouve sa source en Marcellin Champagnat. Nous devons prendre des décisions qui nous mènent à être plus proches des pauvres en Amérique Latine.
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Fr. Ángel González
Caracas, Décembre de 2008