Testament spirituel

Marcellin Champagnat

1840-05-18

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Au nom du Père et du fils et du Saint Esprit. Ainsi-soit-il.

[1] Ici, en la présence de Dieu, sous les auspices de la très-sainte Vierge et de St Joseph, voulant faire connaître à tous les Frères de Marie lexpression de mes dernières et de mes plus chères volontés, je recueille toutes mes forces pour rédiger, selon que je le crois le plus conforme à la volonté divine et le plus utile au bien de la Société, mon testament spirituel.

[2] Je désire quune entière et parfaite obéissance règne toujours parmi les Frères de Marie, que les inférieurs, envisageant dans les supérieurs la personne de Jésus-Christ, leur obéissent de c?ur et desprit, renonçant toujours, sil est besoin, à leur volonté et à leur jugement propres. Quils se souviennent que le religieux obéissant remportera des victoires et que cest lobéissance principalement qui est la base et le soutien dune communauté. Dans cet esprit, les Petits Frères de Marie se soumettront aveuglement non seulement aux premiers supérieurs, mais encore à tous ceux qui seront préposés pour les diriger et les conduire. Ils se pénétreront bien de cette vérité de foi, que le supérieur représente Jésus-Christ et quil doit être obéi, quand il commande, comme si cétait Jésus-Christ lui-même qui commandât.

[3] Je vous prie aussi, mes bien chers Frères, de toute laffection de mon âme et par toute celle que vous avez pour moi, de faire en sorte que la sainte charitĂ© se maintienne toujours parmi vous. Aimez-vous les uns les autres comme JĂ©sus-Christ vous a aimes. Quil ny est entre vous quun mĂŞme c?ur et un mĂŞme esprit. Quon puisse dire des Petits Frères de Marie comme des premiers chrĂ©tiens: Voyez comme ils saiment!… Cest le v?u de mon c?ur le plus ardent Ă  ce dernier moment de ma vie. Oui, mes très-chers Frères, Ă©coutez les dernières paroles de votre Père, ce sont celles de notre bien aime Sauveur: aimez-vous les uns les autres.

[4] Je désire, mes bien chers Frères, que cette charité qui doit vous unir tous ensemble comme les membres dun même corps, sétende aussi à toutes les autres congrégations. Ah! je vous en conjure par la charité sans bornes de Jésus-Christ, gardez-vous de jamais porter envie à personne et surtout à ceux que le bon Dieu appelle à travailler comme vous, dans létat religieux, à linstruction de la jeunesse. Soyez des premiers à vous réjouir de leurs succès et à vous affliger de leurs disgrâces. Recommandez-les souvent au bon Dieu et à la divine Marie. Cédez-leur sans peine. Ne prêtez jamais loreille à des discours qui tendraient à leur nuire. Que la seule gloire de Dieu et lhonneur de Marie soient votre unique but et toute votre ambition.

[5] Comme vos volontés doivent se confondre avec celles des Pères de la Société de Marie dans la volonté dun Supérieur unique et général, je désire que vos c?urs et vos sentiments se confondent aussi toujours en Jésus et Marie. Que leurs intérêts soient les vôtres; que votre plaisir soit de voler à leurs secours toutes les fois que vous en serez requis. Quun même esprit, un même amour vous unisse à eux comme les branches à un même tronc et comme les enfants dune même famille à une bonne Mère, la divine Marie. Le Supérieur général des Pères, létant également de la branche des Frères, doit être le centre dunion des uns et des autres. Comme je nai eu quà me louer de la soumission et de lobéissance que mont toujours montrée les Frères de Marie. Je désire et jentends que le Supérieur général trouve toujours la même obéissance et la même soumission. Son esprit est le mien et sa volonté est la mienne. Je regarde cet accord parfait et cette soumission entière comme la base et le soutien de la Société des Frères de Marie.

[6] Je demande encore au bon Dieu et je souhaite de toute laffection de mon âme que vous persévériez fidèlement dans le saint exercice de la présence de Dieu, lâme de la prière, de loraison et de toutes les vertus. Que lhumilité et la simplicité soient toujours le caractère des Petits Frères de Marie. Quune dévotion tendre et filiale vous anime dans toutes les temps et dans toutes les circonstances pour notre bonne Mère. Faites-la aimer partout autant quil vous sera possible. Cest elle qui est la première Supérieure de toute la Société. Joignez à la dévotion à Marie la dévotion au glorieux saint Joseph, son très-digne époux. Vous savez quil est un de vos premiers patrons. Vous faites loffice danges gardiens auprès des enfants qui vous sont confiés: rendez aussi à ces purs esprits un culte particulier damour, de respect et de confiance.

[7] Mes très-chers Frères, soyez fidèles à votre vocation, aimez la et persévérez-y avec courage. Conservez-vous dans un grand esprit de pauvreté et de détachement. Que lobservation journalière de vos saintes règles vous préserve de manquer jamais au v?u sacré qui vous lie à la plus belle et à la plus délicate des vertus. Il y a des peines pour vivre en bon religieux; mais la grâce adoucit tout. Jésus et Marie vous aideront dailleurs, la vie est bien courte et léternité ne finira jamais. Ah! quil est consolant, au moment de paraître devant Dieu, de se rappeler quon a vécu sous les auspices de Marie et dans sa sainte Société. Daigne cette bonne Mère vous conserver, vous multiplier et vous sanctifier. Que la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, lamour de Dieu et la communication du St Esprit soit toujours avec vous. Je vous laisse tous avec confiance dans les saints C?urs de Jésus et de Marie, en attendant que nous puissions nous réunir tous ensemble dans la bienheureuse éternité.

[8] Telle est ma volonté dernière et expresse pour la gloire de Jésus et de Marie.

[9] Le présent testament spirituel sera remis entre les mains de Monsieur Colin, Supérieur général de la Société de Marie.

[10] Fait à Notre Dame de lHermitage, le dix-huit mai mil-huit cent-quarante, en présence des témoins soussignés.

Le Supérieur et Fondateur des Petits Frères de Marie, Joseph Benoît Marcellin Champagnat, prêtre.

11] Je supplie humblement tous ceux que je pourrais avoir offenses ou scandalises en quelque manière, quoique je ne sache pas avoir fait volontairement de la peine à personne, de vouloir bien me pardonner en considération de la charité infinie de Notre Seigneur Jésus Christ, et dunir leurs prières aux miennes pour obtenir du bon Dieu quil daigne oublier les péchés de ma vie passée et recevoir mon âme dans son infinie miséricorde.

[12] Je meurs plein de respect, de reconnaissance et de soumission pour Monsieur le Supérieur général de la Société de Marie et dans les sentiments de la plus parfaite union pour tous les membres qui la composent, spécialement pour les Frères que le bon Dieu avait confiés à ma sollicitude et qui ont toujours été si chers à mon c?ur.

CHAMPAGNAT.
F. François, F. Louis Marie, F. Jean Marie, F. Louis, F. Stanislas, F. Bonaventure.

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fonte: OM 417

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