F. Jose Miguel Caballero, 7 ans comme Maître au Noviciat de Medellín

Le Noviciat de Colombie est une maison de formation internationale, où les jeunes de diverses Provinces, spécialement de la Région de l’Arco Norte, commencent leur démarche dans la vie consacrée; c’est une expression de la Famille Charismatique globale, selon l’appel du dernier Chapitre général.

Nous avons demandé au F. José Miguel Caballero Hierro de nous décrire ce qui lui a été donné de vivre dans cette communauté durant 7 ans comme Maître des Novices.

RAPPEL DU CHEMINEMENT

Quelques points de l’expérience de 7 années au Noviciat Interprovincial La Valla de Medellín

Il est bon de jeter un coup d’œil sur le chemin parcouru et, surtout, et de savourer à nouveau la rencontre de tant de visages, le passage par certains milieux et des expériences inoubliables. Aujourd’hui, je voudrais me remémorer (revivre par le cœur) ce temps au Noviciat de La Valla de Medellín, et le faire en revoyant, précisément, quelques expériences et quelques visages uniques.

Bien que mes racines familiales et mes origines maristes se trouvent en Espagne, où j’ai vécu ma formation initiale jusqu’au Noviciat, suite à ma première profession, en 1986, j’ai été incorporé à la Province du Venezuela. Ce ne fut pas la seule terre où ma vie s’est enracinée et que j’ai commencé à regarder comme la mienne puisque, 17 ans plus tard, je suis passé en Colombie, alors Province de Norandina. Après quatre ans comme accompagnateur des scolastiques à Bogotá, j’ai passé trois ans au Noviciat de Medellín comme administrateur et sous-maître des novices.

Ma présence à Medellín, dans le service de Maître des novices, a commencé en 2014 et s’est terminée le 8 décembre 2020, dans les deux cas à l’invitation des Frères Provinciaux du Mexique Occidental, du Mexique Central, d’Amérique Centrale et de Norandina. Le projet de Noviciat interprovincial cherche à s’ouvrir à un grand nombre de Provinces de notre Région de l’Arco Norte dans le but de cheminer ensemble.

C’est tout un défi puisque les novices arrivent de différents milieux et de différents styles de formation. Ces années ont exigé un dialogue étroit avec les postulats pour saisir les différentes situations qui existent dans chaque milieu et, en même temps, proposer une démarche commune à partir de certains points de référence communs.

Une famille charismatique globale

En parlant de la famille mondiale, j’ai pu faire l’expérience qu’en nous situant au cœur de notre fraternité, nous pouvons passer du multiculturalisme, exprimé dans les cultures de ceux d’entre nous qui font partie de la fraternité, à l’interculturalité, à l’ouverture à l’autre comme une richesse qui est accueillie et appréciée ; la diversité rend possible un visage incarné de notre vocation de frères grâce à la mosaïque de nos nations. Pour cela, il est plus important que jamais de renforcer la communication, la connaissance de l’autre, le pardon et la mise en valeur de la différence comme faisant partie de moi-même.

Personnellement, je suis convaincu de l’internationalité; car, alors qu’on ne parlait pas encore le langage que nous avons aujourd’hui dans l’Institut, j’ai pu le vivre moi-même, surtout durant mon Noviciat qui fut interprovincial. Le sentiment que nous sommes frères, appelés à être une présence compatissante dans les différents milieux où nous vivons m’a ouvert, dès le début, un large horizon de disponibilité. Mais au-delà de tout cela, je puis dire que la proximité du vécu des novices que nous avons accompagnés durant ces années à Medellín et le vécu fraternel au jour le jour m’a également rejoint dans mon vécu et m’a amené à comprendre que je dois mourir et naître dans l’étape de vie dans laquelle je me trouve comme religieux frère.

Les défis de la formation initiale

Je crois que, dans la formation initiale, nous devons aujourd’hui être à l’écoute des nouvelles générations qui sont en formation, les faire participer à la vie mariste à travers la prise de décisions, personnaliser la formation, mettre l’accent sur le vécu de la fraternité comme un écosystème, partager la joie de la rencontre, de la foi, de la vie et de la tendresse, nous stimuler à être des chercheurs de Dieu dans notre propre histoire, à partir de l’expérience de l’amour miséricordieux du Père pour chacun de nous, nous faire frères des plus petits de nos pays devant les nouvelles réalités criantes : les migrations, la violence dans les familles, la pauvreté extrême, le travail des enfants…

Au Noviciat, j’ai découvert la nécessité de la double écoute des grandes intuitions de l’évangile et de nos origines maristes et, d’un autre côté, des visions et des perceptions des novices; ceci m’a permis de transformer la vision du frère en une nouvelle qui peut dialoguer davantage avec le monde d’aujourd’hui et qui fait vivre une expérience de foi qui soutient la vie

En ce sens, je dois beaucoup remercier les novices avec qui j’ai partagé la vie. Le Noviciat a beaucoup changé durant ces sept années, en grande partie grâce à eux, à leurs nouvelles perspectives et à leurs inquiétudes.

Un autre aspect qui a évolué fut de considérer la formation comme un travail d’équipe, de communauté, des frères, nous qui les avons accompagnés dans leur formation. Ce fut, pour moi un motif de joie et de soutien dans le discernement que de partager, durant ces années, avec les frères Rafael (de Norandina), Hugo Pablo et Quillo (du Mexique Occidental), Juan Carlos et Alejandro (d’Amérique Centrale) et Enrique (du Mexique Central).

Une partie de notre mission a été de prévoir les démarches qui se sont déroulées durant le Noviciat, en y impliquant les novices; mais, je souligne surtout la chaleureuse et fraternelle présence, le témoignage d’unité dans notre diversité comme personnes, le partage de la vie avec le reste de la communauté dans les petites choses. Pour nous, l’accompagnement personnel s’est trouvé au cœur de notre action, et je pourrais préciser, être proches de chacun des novices pour qu’ils puissent préciser, discerner, dans certains cas, le chemin qui lui soient propre à ce moment.

Nous avons déjà commencé à expérimenter que les Constitutions et la Règle de Vie deviennent une référence très précieuse dans le travail de formation initiale; il en est de même de la démarche de révision du Guide de la formation qui s’amorce.

Expériences que je garde dans mon cœur

De ce passage au Noviciat La Valla, je souligne cinq expériences qui me tiennent à cœur :

• L’ouverture et la transparence des novices dans leur accompagnement et dans l’accueil des défis de croissance qu’ils sont en train de découvrir. Leur amour pour le charisme et notre vocation de religieux frères.
• La proximité des frères Provinciaux de la Région, de même que celle de nombreux frères, ceux des Provinces impliquées dans le Noviciat et de bien d’autres, qui nous ont appuyés de leur présence, en animant des retraites et des sessions dans notre maison ou en accueillant les novices dans leurs communautés pour des périodes d’expérience apostolique régionale.
• L’occasion de vivre, en 2017 et en première ligne, le Chapitre général de Rionegro, ce qui nous a ouverts, comme communauté, à l’Institut, grâce à la proximité et au contact avec les frères capitulants, les laïcs et laïques participants. L’impact s’est également fait sentir chez les laïcs de Medellín et de Colombie qui l’ont vécu de près; également dans la communauté du Noviciat qui, chaque année, dans le Projet Communautaire, a cherché à dynamiser sa vie à partir de l’un des Appels : être phare d’espérance, être visage et mains de ta tendre miséricorde, constructeurs de ponts…
• Le cours des formateurs auquel j’ai pu participer à Rome, en 2018. En plus d’être un temps de fraternité internationale et de stimuler le travail de formation, ce fut pour moi un authentique temps de Dieu qui m’a permis de relancer mon projet de vie personnel.
• Le cheminement conjoint que nous avons réalisé comme Région de l’Arco Norte dans la formation initiale et permanente des frères.

« En mode de disponibilité »

C’est incroyable, mais, après sept années au Noviciat, on s’y habitue. Certainement, je n’avais jamais été aussi longtemps dans une communauté. Je sens maintenant que je dois me remettre de nouveau « en mode de disponibilité », parce que nous sommes des ‘itinérants’ et que la route continue pour moi vers de nouveaux horizons provinciaux. Certain que le Seigneur et Marie marchent avec nous, je leur demande seulement de partir « le cœur ouvert et nu-pieds ».

F. José Miguel Caballero Hierro (Province de Norandina)