Cette lettre nous pose de sérieux problèmes par manque de données suffisamment précises. Les Annales de létablissement de Saint-Genest-Malifaux nous apprennent que « les préparatifs étant terminés, les Frères Pierre-Marie, Maxime et Jean-Louis arrivèrent, furent reçus les bras ouverts et ouvrirent lécole en novembre 1834... En 1836 les seconds furent les Frères Germain et Hilaire. . . Le 25 avril 1838 le Frère Directeur donna une lettre au Fr. Rémy, son second qui allait à IHermitage. Il y déclarait que les deux classes avaient encore 80 enfants dont 13 caméristes et il suppliait le R. Père de le choisir pour les missions de IOcéanie. Il fut choisi en effet et le Frère Andronic lui succéda ici. Celui-ci resta peu et fut envoyé dans le Nord. Le Frère Avit le remplaça le 16 août 1840 ». (pp. 6-7). Par ailleurs dans le registre des entrées, Frère Pierre-Marie est inscrit le 27 octobre 1832 « âgé de 28 ans, sachant lire et écrire, ayant fait un cours réglé de classe, muni dun brevet de capacité certificat de bonne vie et m?urs... » (p. 43). Il est vrai quen regardant de plus près, après avoir écrit les mots « brevet de capacité » le Père Champagnat manifeste une hésitation, voulant barrer ces mots, mais sans le faire franchement et continue sans liaison: « muni dun... certification de bonne vie et m?urs ». Muni de toutes ces données Ion comprend quon ait pu lui confier dès après son noviciat la direction dune école. Mais on comprend moins pourquoi, surtout après la loi 1833, Ion na pas fait passer le brevet, si de fait il ne lavait pas, à Frère Pierre-Marie? Lécole nétait peut-être pas communale dès le début. Quand elle lest devenue, peut-être en 1836, ce nest pas Frère Pierre-Marie qui aurait fait la déclaration, mais Frère Germain. Nous avançons ce nom pour la seule raison quil mourra le 3l août 1839, mais nous navons aucune preuve quil avait son brevet. Dans cette hypothèse la présente lettre a du sens et montre que Frère Pierre-Marie était bien renommé pour Iannée scolaire 1839-40 à St-Genest comme Iindique la liste des placements de 1839. Est-ce toujours à cause du brevet quil devait être remplacé par Frère Andronic, nous ne le savons pas. Bien que la liste de placements nait pas été rectifiée, nous devons admettre le témoignage direct de Frère Avit qui remplaça lui-même en août 1840 Frère Andronic et non Frère Pierre-Marie à St-Genest.

Monsieur le Curé,

Dans la crainte que le frère Pierre-Marie ne vous ait pas suffisamment expliqué les moyens que nous avons jugés propres à vous tirer démbarras par rapport au brévet, je vais vous faire part encore de mes idées par écrit.

Il faudrait engager Mr. le maire et les conseillers municipaux à adresseer une pétition à Mr. le préfet pour lui exposer:

1èrement, que la mort vient denlever à la commune de St Genest linstituteur breveté qui sy trouvait autorisé;

2dement, que le premier adjoint du dit instituteur ayant mérité sous tous les rapports la bienveillance de lautorité, la confiance des parents et laffection des élevès, on désirerait vivement que Mr. le préfet eût la bonté de lautoriser a enseigner jusquau mois de mars; quà cette époque il se présentarait à lexamen et que, vu sa capacité bien reconnue, on pouvait compter quil obtiendrait son brévet.

Je pense que Mr. le préfet ne se refusera pas a cette demande, dautant plus quil parle de ces autorisations dans sa circulaire. Par ce moyen Frère Pierre-Marie se trouvant autorisé à enseigner, Mr. le percepteur ne fera pas difficulté dacquitter les mendats [mandats]. Du reste, Mr. le curé, nous sommes bien résolus à ne pas laisser tomber votre établissement, et si le frère Pierre-Marie ne réussit pas à lexamen, nous tâcherons de vous trouver un frère breveté. En attendant essayons le moyen que je vous indique.

CHAMPAGNAT]

Édition: Lettres de Marcellin J. B. Champagnat (1789-1840) Fondateur de l?Institut des Frères Maristes, présentés par Frère Paul Sester. Rome, Casa Generalizia dei Fratelli Maristi, 1985.

fonte: Daprès la minute, AFM, RCLA 1, p. 145, nº 186